Ils ont trouvé des leviers pour soulever le monde
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« Le pouvoir n’est rien sans le savoir. » ? Je soupirais. Ce cours était d’un ennui mortel. Magie Théorique d’Adalbert Lasornette était l’un des premiers ouvrages que j’avais lu. Je le connaissais sur le bout des doigts. Je n’avais aucune envie de passer un an à étudier un livre si basique. Oh il était essentiel, bien entendu, simplement, il était à la portée du premier imbécile, et imbécile, je ne l’étais pas.
« Personne ? » Je soupirais de nouveau, bien plus bruyamment que la première fois. Vraiment ? Aucun de ceux présents dans cette salle n’était des êtres intelligents ; en dehors de moi et d’Ezekiel bien entendu. Et dire que j’étais venu à Poudlard pensant trouver des êtres aussi futés que nous… Je m’étais trompé. Pourtant Cassiopeïa ma grande soeur m’avait prévenu, mais je n’avais pas pu la croire. Je ne pouvais pas être le seul à être, ne serait-ce qu’un peu curieux tout de même.
« Monsieur Carrow peut-être ? Vu que mon cours semble vous ennuyez… » Je relevais la tête pour regarder le professeur. Je dus me mordre la langue pour ne pas soupirer et lui souligner que cela était une évidence que je connaissais la réponse, tout comme le fait que je n’avais nullement envie de participer à ce simulacre de cours pour imbéciles ou attardés au choix. Ezekiel me donna un coup de coude discret pour m’inciter à ne pas dire des choses qui me venaient en tête. J’avais tendance à trop facilement l’ouvrir et donner mon opinion, sans me soucier de la manière dont il serait pris. Je me fichais bien de préserver des égos. Aucun intérêt. J’hésitais un instant, foudroyant du regard le Serdaigle à côté de moi qui venait de m’écraser le pied pour m’inciter une nouvelle fois à bien me tenir. Il me le payera, mais plus tard. Le prof était en train de s’impatienter, les bras croisés sur sa poitrine et ses yeux derrière ses lunettes rondes et épaisses ne me quittaient pas. Je me décidais donc à lui répondre sur ce ton neutre qui me caractérisait tant
« Le pouvoir n’est rien sans le savoir et le savoir n’est rien sans la théorie. La théorie est le fondement même de notre société magique, car sans elle aucune pratique ne serait possible. Vous trouverez dans cet ouvrage Blablabla. A Lasornette, préface de Magie théorie, page 6, 1920. » « C’est exact. Cinq points pour Serdaigle. Ouvrez vos ouvrages page 6. Mosieur Carrow vous viendrez me voir à la fin du cours. Bien commençons. Miss Smith, si vous voulez bien nous faire le plaisir de lire… » Je décrochais de nouveau de son cours. Pas question que j’écoute une sale sang de bourbe lire un ouvrage qu’elle n’aurait jamais dû avoir entre les mains. Au lieu de cela, je saisis discrètement ma baguette magique dans ma main. Je la tapotais sur l’un des livres hors programme que j’avais emprunté à la bibliothèque, changeant son aspect. Il ressemblait à s’y méprendre au l’ouvrage que lisait celle qui n’avait pas sa place ici. Je l’échangeais avec celui posé sur ma table et me plongeais dans une vraie lecture, bien plus avancée que ce cours de première année.
Et grâce à eux, la Terre a voulu jouer à la ronde
« Allez debout ! C’est ton anniversaire ! » « Hmgroppfrénq » répondis-je à Ezekiel qui s’amusait à sauter sur mon lit, mon lit, dans lequel j’essayais de dormir… J’ouvrais vaguement un œil et grognais de plus belle. Par Merlin, ça ne faisait que deux heures que je dormais. On était dimanche, et j’avais eu l’intention de faire l’impasse sur le petit déjeuner histoire de me reposer. J’étais tombé sur un livre très passionnant sur des sorts expérimentaux, et je n’avais pas pu décrocher avant de l’avoir fini. J’avais trainé jusqu’au petit matin dans la salle commune à dévorer l’ouvrage, jusqu’à ce que mes yeux se ferment d’eux même. J’avais dus m’avouer vaincu et rejoindre cette chambre que je partageais avec cinq autres serdaigles de ma promo depuis maintenant trois ans. Ezekiel n’avait d’ailleurs rien à faire là. Sa chambre se trouvait à l’opposé de la mienne. En dehors de notre lieu de couchage, nous étions toujours l’un avec l’autre. Nous nous connaissions depuis toujours, nos familles étant proches et nos pères s’entendant à merveille. Lorsque mon père se rendait chez les Selwyn, il m’amenait toujours avec lui. Je m’étais lié d’amitié à Ezekiel à mesure de ses visites, même si nos débuts furent chaotiques. Je le trouvais bête et lui me trouvait bizarre et méchant. Et puis, un jour il avait manifesté un grand intérêt pour tous ses bouquins que je lisais et depuis, nous étions inséparables. Il est mon acolyte, et l’un de mes seuls amis. Disons que je n’aime pas côtoyer des gens stupides et que Poudlard en regorge. D’après Ezekiel je n’ai, je cite « aucun filtre social », et c’est pour ça qu’il est difficile de s’entendre avec moi. Je n’essayais jamais de préserver les susceptibilités de mes camarades, qui soit s’en allaient vexés sans un mot, soit sortaient leurs baguettes pour me « faire regretter ce que je venais de dire ». Plus d’une fois j’avais dû me battre avec les autres, - principalement avec des gryffondors, maison hautaine au possible qui ne supporte pas les critiques constructives – ce qui m’avait forcé à m’apprendre à me défendre, chose que j’avais toujours trouvé inutile comme savoir avant de venir à Poudlard.
« Tiens commence par mon cadeau ». J’avais rabattu un oreiller sur mon visage, mais Ezekiel était aussi têtu que je l’étais et ne l’entendait pas de cette oreille. Il acheva de me réveiller avec un aquamentis. Je soupirais avant de me relever, trempé jusqu’aux os. Sans prendre son cadeau ni jeter le moindre coup d’œil aux autres présents que je savais posés sur le coffre fermé au pied de mon lit, je quittais mon lit pour le sécher en quelques coups de baguette et faire de même avec mon pyjama.
« Allez fait pas ton rabat-joie. Ouvres-le ! ». Ezekiel était d’un enthousiasme… déconcertant. Pourtant il n’y avait aucune raison d’être dans un tel état de joie. Les anniversaires ne servaient franchement à rien et je me fichais bien d’avoir aujourd’hui dix-sept ans. Je ne comprenais vraiment pas l’intérêt de fêter le jour de notre naissance, mais il semblait bien que j’étais le seul à être dans cet état d’esprit. Le seul avantage que je voyais c’était que, désormais, j’allais pouvoir apprendre à transplanner. Je soupirais, et pris le paquet que mon meilleur ami me tendait, uniquement pour lui faire plaisir. Dès que je l’eu en main, il se jeta sur les autres pour les déballer lui-même. Il savait très bien que je ne le ferais pas et qu’ils resteraient là, au pied de mon lit, jusqu’à ce que je les balance, sans les ouvrir, dans ma valise, pour les entasser dans un coin de ma chambre chez mes parents. Depuis qu’il s’en était rendu compte, il s’occupait donc de les ouvrir à ma place, car, selon lui, ce n’était pas très poli de les laisser dans un coin et que si je ne voulais pas en profiter, lui le ferait à ma place. Le présent que j’avais dans les mains n’était pas très épais, ni même très grand. J’étais en train de l’examiner à travers l’emballage quand Ezekiel exigea que je l’ouvre plutôt que de deviner. Je soupirais, avant d’obéir. En dehors de mes parents et de ma grande sœur, le serdaigle était le seul à pouvoir obtenir ce qu’il voulait de moi. Je le considérais comme le frère que je n’avais jamais eu, comme un membre de ma famille. Et rien n’était plus important à mes yeux que ma famille. En ôtant le papier kraft, je découvrais un petit cadre simple et sans fioriture. Il protégeait une photo montrant le jeune homme et moi nous riant aux éclats. Décidément Ezekiel – qui se gavait de bonbons sur mon lit découvert dans l’un des paquets qu’il avait déballé – me connaissait bien. Ma famille étant riche, je n’avais besoin d’aucun bien matériel. Je possédais déjà tout ce que je désirais. Je posais délicatement le cadre sur ma table de chevet, un sourire aux lèvres. J’adorais son cadeau.
Pour que progresse, dans la sagesse, notre vieille Terre
« Nolan ? » Je levais la main pour interrompre la petite fille qui était de me parler. Je devais cueillir cette plante au bon moment, et si je voulais qu’elle préserve toutes les propriétés que je recherchais je ne devais pas me louper. Je ne m’étais pas retourné sur Wynessa, dont j’avais reconnu la voix. Elle était la petite sœur d’Ezekiel et donc je la connaissais… Enfin vaguement. Elle faisait partie de ces imbéciles de Poudlard qui n’avaient pas grand-chose dans la tête. Elle était du genre à agir avant de penser, le genre d’attitude que je ne supportais pas. Au moins avait t’elle eu la présence d’esprit d’attendre. Je coupais la tige et l’englobais aussitôt dans un dôme de givre que je fis apparaitre avec ma baguette pour qu’elle conserve ses propriétés. Je me relevais et me tournais vers l’enfant, ma boule dans la main et ma baguette dans l’autre.
« Oui ? » Elle me sourit, mais son sourire était crispée. Elle était mal à l’aise, cela sautait aux yeux. J’arquais un sourcil. La deuxième année était vraiment… Etrange. D’après Ezekiel, c’était parce qu’elle en pinçait pour moi, une amourette de gamine quoi. Elle avait eu quinze ans en novembre dernier, elle était bien trop jeune pour penser aux hommes. De toute manière, ce n’était pas à elle de décider qui est-ce qu’elle viendrait épouser, mais son père. Et entre nous, je n’étais vraiment pas intéressé. Oui, elle était de bonne famille, mais cela s’arrêtait là. Je ne recherchais de toute façon pas des gosses mais des femmes, du genre… Elisabeth, tout aussi belle qu’elle était brillante. Elle avait été un très bon choix d’amante, et j’avais fait d’elle une femme il y a peu comme elle avait fait de moi un homme également. Les joues écarlates, la cadette me bafouilla dans un chuchotement
Merci t'étais pas obligé de faire ça… Je pensais pas que tu viendrais m'aider en fait... » Je la coupais une nouvelle fois et ne pus m’empêcher de secouer la tête de droite à gauche puis de lever les yeux au ciel.
« Stop. Je me contrefiche de tes remerciements. Tu devrais avoir honte Wynessa, et tout faire pour que cela ne se reproduise pas au lieu d’être ici. Quant vas-tu donc grandir ? Tu as quinze ans, il est temps que tu te prennes un peu en main. J’ai franchement autre chose à faire que défendre une gamine qui n’est pas capable de réfléchir aux conséquences de ses actes. Il t’a battu au quidditch et il t’a nargué et alors ? Au lieu de te jeter sur lui comme un dragon, tu aurais dû réfléchir à une manière de le battre la prochaine fois, comme en optimisant ta position sur ton balai pour avoir un meilleur équilibre et gagner plus de vitesse. Ou encore en l’humiliant à ton tour d’une autre manière. Ou en prévenant ton frère qui se serait fait un malin plaisir de glisser dans sa coupe une potion qui l’aurait rendu malade, ni vu ni connu. Mais non. Tu n’as pas réfléchi et tu n’as rien trouvé de mieux que de lancer un sort à un quatrième année et qui plus est, à un gryffondor. Tu t’attendais à quoi au juste ? A gagner alors que tu n’es qu’en deuxième année ? Et si je n’avais pas été là ? Tu y as pensé ? Bien sûr que non. Tu étais trop occupée à te pavaner devant lui, comme étant la petite protégée d’élèves de cinquième année. Si je n’avais pas arrêté son sort cuisant pour lui renvoyer, avant de le désarmer, tu serais en train de geindre à l’infirmerie, et je n’aurais pas obligé de cirer à la main toutes les récompenses de la salle des trophées pour avoir attaqué un élève alors que la violence est interdite à Poudlard. Et je n’aurais pas reçu un hibou salé de mes parents pour mon manque de discernement. Maintenant si tu le permets j’ai du boulot.» Je lui avais dit cela sur un ton neutre au plus neutre. Je ne m’énervais jamais, et j’étais toujours d’un calme olympien. Wynessa était stupide, cela ne faisait aucun doute, mais ce n’était pas en lui criant dessus qu’elle allait s’arranger. Ezekiel refusait de faire le moindre reproche à sa petite sœur chérie, pour ne pas la blesser. Moi je me fichais bien de son sentimentalisme de petite fille. Elle avait été stupide et à cause d’elle j’avais perdu une soirée de travail. Elle ne s’était même pas excusée, surement ignorante de la punition que j’avais écopée par sa faute. Alors oui, j’avais aussi une part de responsabilité. J’aurais pu ne pas intervenir et la laisser se débrouiller. Je ne l’avais pas fait, par loyauté envers Ezekiel et parce qu’elle était une femme faible qui avait besoin d’un homme pour la défendre. Je n’avais pas hésité à me placer entre elle et le sort et le retourner contre son lanceur. Et si cela était à refaire, je le referais. Malheureusement elle m’avait sans doute vu comme un héros, ou je ne sais pas quoi, un truc que je n’étais pas. Et au lieu de penser aux conséquences de ses actes, elle avait laissé tout le château savoir qu’elle était intouchable, protégée par les deux plus brillants élèves de Poudlard. Elle m’inspirerait presque de la pitié, presque. N’attendant pas de réponse ni d’excuse de sa part n’étant plus de rigueur – il était bien trop tard pour cela – je la dépassais sans un regard pour elle, regagnant la tour des aigles. J’avais du travail et pas question de la laisser me faire perdre une nouvelle fois mon temps.
Qui se suivent en file et défilent, puis vite filent
« Nolan ? Que… Qu’est-ce que tu fais là ? » Je m’arrêtais sur le palier de la maison que je m’apprêtais à quitter. Discrètement je cachais la fiole que je tenais dans la main dans la poche de la cape de sorcier. Je n’avais rien à faire là, et la surprise de ma sœur Cassiopeïa n’était pas étonnante. Cela faisait quelques années maintenant que nous n’habitions plus sous le même toit. Elle avait naturellement déménagé juste après son mariage avec un sorcier de bonne famille. Très proche de ma sœur – avec Ezekiel, et nos parents, elle était l’une des seuls à ne pas s’offusquer de ma manière d’exposer les faits sans mettre les formes en le faisant – j’avais assez mal vécu son départ. Elle me manquait affreusement, et je ne manquais jamais une occasion de la voir… Des occasions qui s’étaient faites de plus en plus rares. Son époux était un sacré connard, un connard qui levait la main sur elle. Mes parents faisaient mine de ne pas le voir et ma sœur avait nié en bloc lorsque je l’avais surprise en train de soigner un bleu à l’épaule qu’elle cachait sous ses robes amples. Elle m’avait dit qu’elle était tombée dans les escaliers, me prenant pour ce que je n’étais pas : un idiot. Je pensais que cela n’était qu’une erreur. Cassiopeïa n’était pas la femme la plus facile à vivre après tout. Seulement voilà, il y a de cela deux semaines, elle avait perdu l’enfant qu’elle portait, cette fois ci, en glissant sur le sol mouillé dans sa salle de bain. Je m’étais emporté contre elle, chose que je ne faisais jamais, et j’avais menacé son époux avec ma baguette. Si Ezekiel et mes parents n’avaient pas été là, je l’aurais tué sur place… Et je croupirais à Azkaban pour cela. Je n’aurais pas tenu deux jours en fuite, il ne fallait pas se mentir. Je n’étais pas fait pour vivre loin du luxe que m’offrait ma vie. Même si je venais de quitter Poudlard mes aspics en poche décrochés haut la main et que j’avais obtenu le boulot d’expérimentateur, je vivais encore chez mes parents, et grâce à leur fortune. C’était le prix à payer pour faire ce que je désirais. Et puis la maison devait me revenir à leur mort, alors il était naturel que j’y reste.
« Nolan ? » Ma sœur me ramena à la réalité, me sortant de mes songes. J’hésitais un instant avant de prendre ma baguette et de lui lancer un sort d’effacement de la mémoire, très léger, pour qu’elle n’oublie que sa soirée, une journée voir deux tout au plus. Je me détestais de devoir agir ainsi, mais je n’avais pas le choix. J’empêchais avec un autre sort son corps de s’écrouler brutalement sur le sol. Elle était frêle, si frêle. Je la pris délicatement dans mes bras et la portais jusqu’au lit qu’elle partageait avec son époux, parti je ne sais où. Je déposais un léger baiser sur le front, avant de lui chuchoter que désormais, tout irait bien pour elle. J’aurais mis au point avec Ezekiel un plan infaillible. Il faudrait plusieurs semaines avant qu’il ne porte ses fruits, mais c’était là un prix à payer. Il n’était plus question que Cassiopeïa reste liée à un homme brutal incapable de prendre soin d’elle. Alors nous avions concocté une potion, composée principalement de poisons. A petite dose, ce n’était pas mortel, mais une prise quotidienne finirait par tuer la personne l’ingérant. Le plus difficile avait été de la rendre incolore, sans aucune saveur et indétectable. J’en avais ingurgité plusieurs lampées, jusqu’à arriver aux résultats escomptés, m’en tirant souvent avec des maux de ventre atroces dans les meilleurs des cas ou dans le pire des cas avec des convulsions. Sans les soins d’Ezekiel, j’aurais succombé à ma propre potion de mort. En boire plusieurs fois par jour n’était pas sage, mais je n’avais pas de temps à perdre, et la santé de ma sœur m’importait trop pour que je prenne plus mon temps. Si j’étais venu ce soir, c’était donc pour verser notre décoction dans cette bouteille d’alcool dont s’enivrait chaque soir l’homme, une bouteille qu’il ne partageait avec personne, car elle était trop précieuse à ses yeux. Son plaisir avide le mènerait à sa perte. Un sourire se dessina sur mon visage, un sourire mauvais, qui reflétait parfaitement mon état d’esprit. Je rabattais la couverture sur le corps de ma sœur, avant de quitter sa demeure. Courage Soeurette… Dans un mois tout au plus, ton pire cauchemar ne sera plus de son monde et tu seras de nouveau libre et heureuse.
Ces hommes ont changé notre planète
Je renversais tout ce qui se trouvait sur la table, les balayant d’un revers de main. Mon poing s’écrasa sur la table, avec violence, y laissant une marque sanguinolente. Je criais de rage, mais rien n’y faisait, je n’arrivais pas à me calmer. Comment avais-je pu laisser faire ça ? Comment avais-je pu être aussi bête ? Car oui, il s’agissait de bêtise et uniquement de cela. Oh il m’avait bien eu, je devais bien le reconnaitre. Dommage, il n’en savourerait pas très longtemps les honneurs. Mon sort… Il avait osé présenter MON sort comme étant le sien. Et bien entendu, le ministère l’avait appuyé. Après tout, n’est-ce pas là une révolution pour eux ? Les portoloins n’étaient que très peu utilisés, jugés trop dangereux comme moyen de transport. Ca faisait six foutu mois que je bossais à les rendre plus stable et je venais de toucher le bon bout… Mais on m’avait volé MON sort de stabilité, et on se l’était approprié. Je ne referais pas deux fois la même erreur, oh non. Non seulement ce soir, j’allais mettre fin aux jours de ce sale voleur de sang de bourbe, mais j’allais également trouver mon père pour lui demander de faire jouer ses relations mangemoresques. A partir de demain, je vais m’atteler à fermer mon esprit à tous. A partir de demain, je compte bien prendre la voie de l’Occulmancie. J’ai été un imbécile de ne pas le faire plus tôt, de n’avoir pas pensé à fermer mon esprit. Mais on ne m’y reprendra pas à deux fois, oh non. Par Morgane, je ne me laisserais plus avoir. Plusieurs coups furent portés à ma porte avant qu’elle ne s’ouvre sur Ezekiel. Il balaya du regard mon bureau, avant de soupirer. En un mouvement de baguette, il remit tout en ordre, avant de venir soigner ma main comme si je n’étais qu’un enfant incapable de le faire moi-même. Je me repoussais légèrement. Je n’avais pas besoin de son aide. Je n’avais besoin de l’aide de personne. Mon geste le hérissa au plus haut point, mais par Merlin, pour l’instant, je m’en fichais complètement. Son regard s’attarda légèrement sur la marque qui ornait depuis quelques temps maintenant mon avant-bras. Sans attendre, il remua de nouveau sa baguette et la transforma comme je lui avais appris à le faire pour la sienne. Là aussi c’était un sort de mon invention, un sort qui, je le savais, il s’était permis de transmettre à Wynessa sans même me demander mon autorisation avant. Qu’avaient-ils tous à vouloir s’approprier ce qui était mien ? Je l’avais partagé avec lui et uniquement avec lui. A croire que je ne pouvais pas non plus lui faire confiance. Je me fichais bien que ce soit sa sœur ma fiancée. Il n’était pas question que je fasse des efforts comme il me l’avait demandé, parce qu’il était fou d’elle. Elle n’avait qu’à s’améliorer un peu au lieu de passer son temps à rechercher la célébrité sur un balai. Rapidement mon bras cessa de me picoter, signe que la marque était totalement changée. A sa place, on pouvait voir un petit sablier, d’où s’écoulait, non pas des grains de sable, mais du sang, illustrant ainsi combien le temps était quelque chose de vitale. Je lui grognais un vague merci, avant de m’aller récupérer ma propre baguette, de nouveau à sa place sur la table. Il était temps que mon voleur meurt, et mon petit doigt me soufflait qu’Ezekiel serait de la partie. Notre amitié n’était plus au beau fixe, mais il m’accompagnerait quand même, sans que je n’ai besoin de lui dire où nous devions nous rendre. A croire qu’il avait une sorte de sixième sens me concernant. Je n’avais jamais besoin de parler ou de lui exposer mes plans ou mes intentions pour qu’il en ait conscience. C’était quelque chose à la limite du dérangeant. Il y avait entre nous une sorte de connexion que je n’arrivais pas à expliquer. Elle était palpable, et si évidente et pourtant, tellement mystérieuse… Et par Merlin, que j’ai toujours détesté les mystères.