illawn était toujours cette boule d’énergie, constamment agitée, tout le temps souriante. Elle respirait la joie de vivre, elle donnait l’image d’une jeune fille tout simplement heureuse d’être. Pourtant, elle avait aussi, par moment, ses moments, non pas de déprime, mais… plus bas, plus tristes en quelque sorte. Pas qu’elle soit triste, évidemment. Mais elle avait, elle aussi, besoin de calme et réconfort. Cependant, elle refusait toujours de le montrer ouvertement, d’afficher ses faiblesses et ses peurs. Elle se contentait alors d’aller simplement retrouver ses amis, de passer un bon moment avec eux, de rigoler, de se détendre et de ses changer les idées. Il n’y avait pas meilleur remède à ses yeux, même si le chocolat était pratiquement au même niveau. Et elle avait bien besoin d’un remontant à l’instant même. Il s’avérait que sa mère avait attrapé une maladie sorcière tropicale aux Caraïbes, où son père et elle résidaient ces temps-ci, et qu’elle n’était pas au mieux de sa forme, bien au contraire. Dillawn savait qu’elle s’en sortirait, ce n’était pas une maladie grave ou mortelle, mais elle était assez violente, et actuellement sa mère était couchée sans pouvoir bouger. Quant à elle, elle se retrouvait à des kilomètres de cela en Ecosse. Elle se doutait que c’était sûrement mieux pour elle de ne pas la voir, l’image de sa mère aussi faible aurait rendu la situation encore plus dure pour elle, mais elle ne pouvait s’empêcher de s’en vouloir d’être ainsi absente auprès de la femme la plus importante de sa vie quand celle-ci était au plus mal. Ainsi, les nouvelles n’avaient pas de quoi la réjouir, et si elle tentait de garder un sourire, c’était surtout pour ne pas inquiéter les autres.

C’était pour cela qu’en l’instant même, elle arpentait les couloirs de Poudlard dans l’espoir de trouver un de ses amis, ou même un groupe, afin de pouvoir se changer les idées. De préférence, Ethan ou Calixte, voire les deux ensemble, les meilleurs amis étant en général le meilleur remède qu’elle ait trouvé. Et, de toute évidence, le sort en avait décidé ainsi, car elle sentit soudainement des mains se poser sur sa taille et une voix murmurer à son oreille. Reconnaissant sans mal Ethan, elle se laissa entraîner vers l’endroit où il tenait à aller, sachant qu’il n’y avait pas meilleur réconfort que son plus vieil ami. D’aussi loin qu’elle se souvenait, elle avait toujours connu Ethan, depuis son Irlande natale jusqu’à ce que les Yeats l’emmènent même avec eux en voyages. Il était son ami, son confident, mais avait également été plus que cela, un soir d’une nuit d’été. Ils en jouaient parfois, toujours, s’en amusaient, et n’en voyaient aucun inconvénient. Ils étaient jeunes, n’avaient qu’une vie, et n’allaient pas la passer à agir comme la société l’exigeait. Et elle se doutait qu’Ethan pensait la même chose, alors qu’il les enfermait tous les deux dans l’un des placards du troisième étage. Le baiser fut soudain, mais attendu, et Dillawn ferma les yeux, profitant, y répondant. Elle n’aimait pas Ethan, pas au sens de l’amour romantique, mais l’adorait comme ami. Et elle appréciait particulièrement leurs petits jeux, toujours taquins l’un envers l’autre. Rouvrant les yeux, souriant de manière amusée, elle passa ses bras autour du coup d’Ethan, ne rompant ainsi pas le contact. « Hello beau brun ~ »

Dillawn éclata de rire face à ce que son ami disait. Oui, évidemment, il la connaissait, et elle aimait le contact comme il le savait. Parfois, on la traitait de trainée. Pas en face, évidemment, les gens étaient lâches. Mais dans son dos, quand on pensait qu’elle ne regardait pas. Seulement, elle n’était pas bête et savait que son comportement libertin ne plaisait en rien à ceux coincés par les normes de la société. Elle s’en moquait. Elle n’avait pas de temps à perdre avec un concept aussi stupide que l’amour, elle qui avait vécu parmi toutes ces cultures différentes. Elle était comme un sort libre, impossible à arrêter. Elle n’avait aucune honte, et ne changerait pas pour plaire aux imbéciles. Elle voulait profiter de sa vie, agir comme elle voulait. Elle n’en avait qu’une, autant l’utiliser à bon escient, et non pas à ruminer des normes inutiles. « Hey, je n’aime pas le rapprochement avec tout le monde ~ Et heureusement, cette fois tu as trouvé un placard avec un minimum de place, pas comme celui du cinquième étage où on as cru qu’on allait étouffer ! Tu t’améliores Ethan ~ » Ah, le fameux placard du cinquième étage. Une autre journée, il y avait quelques mois de cela, un autre moment de leurs fameuses envies de « jouer ». Ethan l’avait aussi entraînée vers un placard, sauf que celui-ci était plus que minuscule. Pourtant, ils n’avaient pas pu en sortir, car des premières années avaient eu la merveilleuse idée de se perdre juste devant et donc de chercher leur chemin. Difficile de sortir et de tenter d’expliquer pourquoi une sixième année et un septième année sortaient d’un placard, complètement échevelés, sans traumatiser irrémédiablement les petits adolescents de quatorze ans.

Un nouvel éclat de rire à la remarque du plan à trois, un sourire taquin aux lèvres cette fois-ci, alors qu’elle passait une main dans les cheveux d’Ethan, et se rapprochait doucement, son souffle chaud effleurant les lèvres de son ami. « C’est marrant comme avec une deuxième fille, ça passe tout de suite mieux avec vous les mecs ~ Si je me rappelle bien, je t’ai déjà proposé un plan à trois Ethan... mais Calixte n’était pas trop à ton goût je crois. » Pour sa défense, elle avait trop bu ce soir-là. Alors en couple avec Calixte, elle avait la « merveilleuse » idée de proposer un plan à trois avec les deux hommes. Situation absolument pas délicate, quand on savait que Calixte était son copain et le meilleur ami d’Ethan, celui-ci ayant été sa première fois (et de nombreuses autres). Ethan avait levé les yeux au ciel, Calixte s’était étranglé, et les deux l’avaient ramené au dortoir pour qu’elle se couche. Pas de gêne le lendemain, ils s’étaient surtout moqué d’elle comme ils savaient le faire. Souvent, des gens s’étaient posé la question, à savoir comment ils faisaient pour toujours s’entendre avec leurs relations entrecroisées. La réponse était simple, ils s’en fichaient. Tout de suite, ça facilitait beaucoup la vie. « Pour en revenir à ta question, je vais… bien. Une journée typique à Poudlard quoi, tu me sauves d’ailleurs de l’ennui. Et toi ? » Comme si elle allait révéler qu’elle était au plus bas à cause de la situation de sa mère, comme si elle allait montrer ses faiblesses. « Quant à la question de me caser… dans tes rêves ! Un couple, c’est bien pour quelques mois, après ça pose juste des ennuis et des problèmes. Je suis trop jeune pour me prendre la tête. Mais toi par contre ~ Comment ça avance avec Lumen-la-féroce ? J’aimerais savoir quand je pourrais fonder mon fanclub de votre couple ! »