We are the warriors that built this world Cassie & Dillawn
L
a vie à Poudlard était palpitante. Forcément, pas autant que la vie autour du monde, les passages parmi les peuples nomades, les découvertes de temples mystérieux, et bien souvent très dangereux, les nuits à la belle étoile en plein désert… Rien n’équivalait cette vie que Dillawn espérait retrouver un jour. Après tout, passer deux mois dans un pays différent, c’était réellement excitant, mais ça ne valait pas ces années passées loin de l’Irlande. Il ne fallait pas croire qu’elle n’aimait pas son pays d’origine, au contraire celui-ci lui manquait énormément depuis que toute la famille Yeats avait déménagé à Londres, mais elle avait pris goût à ces voyages sans cesse, à cette aventure sans fin. Si elle ne finissait pas par s’engager dans la politique – au train où allait des choses, elle savait qu’elle finirait par craquer et prendre les choses en main elle-même – elle deviendrait briseuse de sorts, comme son père. Ce métier était réellement fascinant, elle avait appris tant de choses aux côtés de son père et de ses collègues, sans parler de toutes ces activités hétéroclites, comme escalader toute sorte de parois, ou sauter de falaises aux dimensions vertigineuses. L’aventure, il n’y avait que ça de vrai.
Mais Poudlard était tout aussi intéressant, bien que différent. Ce que ce vieux château magique possédait, en-dehors d’une histoire passionnante, c’était sa population. Vivre tous les jours, et toutes heures, avec les mêmes personnes, c’était une toute nouvelle expérience pour la jeune Dillawn de quatorze ans qui était arrivée au château. Et elle avait adoré cela. Elle adorait les relations humaines, malgré la stupidité certaine de nombre d’entre eux. Elle adorait ses amis, même si son ton cynique pouvait parfois faire penser le contraire. Et elle adorait aider les gens, bien qu’à sa manière. Après tout, on ne la referait pas, pas à dix-neuf ans. Et en parlant d’elles, c’était l’une de ses fameuses personnes qu’elle fréquentait, qui l’intéressait aujourd’hui. Dillawn pensait souvent à toutes les personnes qu’elle fréquentait, ceci étant – entre autre – une bonne technique pour éviter de penser au temps qu’elle devait passer sur ses devoirs. Bonne élève, mais qui détestait se concentrer, c’était désormais bien connu de beaucoup de monde. Tout le contraire de Caelan qui adorait passer son temps au « temple sacré qu’est la bibliothèque », dixit ses propres mots, comme si elle allait elle-même les prononcer.
Pour en revenir aux fameuses personnes qui la concernaient, sa proie du jour, enfin… sa personne du jour était Cassie. Dillawn avait entendu parler des exploits qu’avaient menés la jeune femme lors de l’attaque du marché nocturne, et elle tenait à aborder ce sujet avec elle. Après tout, elle-même avait été retenue de force dans l’arrière-boutique de Gaichiffon, allant même jusqu’à être stupéfixiée, alors qu’elle voulait sortir et aller se battre pour protéger les siens. Dillawn grinça des dents en y repensant, foutue Cleora. Secouant la tête, elle décida de se concentrer plutôt sur Cassie. La jeune femme avait encore du mal à croire qu’elle était une Gryffondor qui en valait la peine, courage, force, toussa toussa. Alors depuis le début de leurs études, la rousse s’était mise en tête de l’en convaincre, de lui montrer que si, elle avait tout d’une rouge et or. Et rien de mieux pour cela qu’évoquer un geste héroïque ! Un sourire sadique se dessina alors sur son visage, sourire qu’elle avait d’ailleurs en commun en Caelan et qu’on comparait souvent à celui du chat de Cheshire.
D’un pas décidé, elle parcouru les quelques mètres la séparant à la salle commune des Gryffondors, et sachant déjà que Cassie y était, elle y pénétra avec son sourire encore plus prononcé. La repérant assise sur un canapé, comme le lui avait fait remarquer l’innocente Erin qui ne se doutait pas que Cassie avait essayé de l’éviter, Dillawn alla aussitôt s’assoir sur un pouf en face d’elle, plaçant ses longues jambes des deux côtés de son corps, la coinçant ainsi avec elle. « Helloooo Cassie ! » Posant sa tête sur l’une de ses mains, elle observa la brune d’un œil amusé. Elle ne lui voulait absolument aucun mal, mais elle aimait s’amuser, et embêter les autres en faisait partie. « J’avais comme l’impression que tu essayais de m’éviter… mais cela ne peut être qu’une impression, n’est-ce pas Cass’ ? Tu n’essaierais pas d’éviter ta chère Dillawn, c’est évident. » Elle riait intérieurement, mais gardait son air légèrement – beaucoup – sadique sur le visage. Ce n’était plus que drôle. Les yeux pétillant, elle s’avança vers Cassie, comme pour lui murmurer un secret. « J’ai entendu dire que tu t’étais pas mal débrouillée lors de l’attaque du marché nocturne… – merci ses petits griffons pour jouer aux commères – c’est vraiment excellent ! Quand je te disais que tu avais ça en toi ! Il faut toujours croire en maman Di’. »
WILDBIRD
Dernière édition par Dillawn Yeats le Lun 28 Sep - 16:13, édité 1 fois
Cassie D. Standford
LE PETIT CHAPERON ROUGE
+ SORCIER DEPUIS LE : 06/10/2014 + PARCHEMINS : 303 + LOCALISATION : Poudlard will always be my home
Dillawn & Cassie We are the warriors that built this world
C
assie avait toujours été une personne raisonnable. Cela faisait partie intégrante de son caractère, et même de son existence. Issue d'une famille nombreuse et sujette à un grand nombre de problèmes d'ordre financiers, elle avait rapidement appris à ne jamais trop en demander. Elle s'était toujours contentée du peu que sa famille avait, sans jamais jalouser les autres pour tout ce qu'ils possédaient de plus qu'elle. A sa place, d'autres enfants n'auraient certainement pas compris pourquoi tous leurs jouets étaient cassés et pourquoi leurs vêtements étaient déjà défraichis alors qu'ils les avaient dans les mains pour la première fois. Pourquoi leur paternel perdait emploi sur emploi, mais trouvait toujours le moyen de se procurer des bouteilles d'alcool alors que ses enfants s'entassaient à quatre dans une chambre minuscule d'un appartement miteux dont les loyers étaient toujours payés en retard. Mais pas la jeune Standford, elle avait rapidement appris que, dans l'atmosphère oppressante de son propre foyer, pointer du doigts les inégalités n'aurait pour seul résultat qu'empirer un peu plus la situation empoisonnée dans laquelle se trouvait sa famille. Leur niveau de vie était au plus bas, il l'avait toujours été. Les Standford étaient pauvres, ils en étaient conscients, ce n'était pas la peine qu'ils se fassent du mal en le soulignant d'avantage. Alors Cassie se montrait rationnelle, même résignée. A quoi bon se torturer à désirer des choses qu'elle ne pourrait jamais avoir ? Sa situation était assez difficile et malgré son jeune âge elle était assez lucide pour savoir que sa vie ne risquait pas de s'améliorer de si tôt. Ses parents n'étaient pas assez forts, sa famille était trop nombreuse, trop dysfonctionnelle. Elle s'était fait une raison, avait accepté, s'était montré raisonnable. Mais maintenant, pour la première fois depuis longtemps, elle aurait voulu demander quelque chose qu'elle savait qu'elle ne pourrait pas avoir. Quelque chose d'impossible mais qui lui semblait nécessaire à sa survie, aussi bien physique, que psychique. Elle aurait voulu remonter le temps, ou tout oublier, tout simplement. Juste effacer les dernières semaines qu'elle venait de vivre, en supprimer les souvenirs de sa mémoire. Définitivement. Elle savait que c'était incroyablement égoïste de sa part, face à tous ses camarades qui avaient vécu la nuit de l'attaque avec elle, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. Mais vivre avec toutes les images et les horreurs qui tournoyaient dans sa tête lui semblait bien trop difficile pour elle. Comme si elle n'en avait pas déjà assez comme ça. Les cauchemars créés par cette sombre nuit ne faisaient que s'ajouter à ceux qui peuplaient déjà son sommeil et les angoisses qui la traversaient parfois n'en étaient que plus vives et douloureuses. Elle ignorait comment ses camarades parvenaient à paraître si calme et sûrs que tout allait bien désormais alors que la tempête créée par l'inquiétude et l'angoisse ne cessait de se déchainer en elle.
Elle aurait voulu tout effacer. A l'aide d'une potion ou d'un simple sort d'oubliettes. Comme cela aurait été facile. Mais bien sûr, une petite voix lui disait que ce n'était jamais si aisé et que ces souvenirs faisaient maintenant partie d'elle. Elle devait apprendre à vivre avec, à les accepter, et même à en faire une force. Mais, elle avait beau avoir été placée chez les Gryffondors elle n'en avait pas le courage. Les regards encourageants ou amicaux de ses camarades n'y changeaient rien, bien au contraire. Depuis sa sortie de l'infirmerie, elle avait tenté de s'isoler des autres, pour se laisser le temps de digérer tous les évènements mais aussi de soigner ses blessures tranquillement. Les cours étant toujours suspendus, elle avait pris l'habitude d'aller se réfugier dans la bibliothèque lorsqu'elle ne se trouvait pas en compagnie d'Erin ou d'Ethan. Là-bas, elle se plongeait dans les grimoires les plus épais qu'elle pouvait trouver. Les livres l'aidaient à se changer les idées et le calme de la bibliothèque était reposant. Mais une fois le lieu de prédilection des Serdaigles fermé, la rouge et or devait de nouveau se mêler à la population de Poudlard. Elle avait fait beaucoup d'efforts ces dernières années pour s'ouvrir aux autres, elle ne devait pas revenir ne arrière et se laisser enfermer de nouveau dans sa bulle de solitude. Alors, quand la bibliothèque avait fermé ses portes ce soir là, au lieu d'aller se réfugier dans un endroit désert, la Gryffondor avait choisi de s'installer dans sa salle commune. Un livre sur la faune magique dans les mains, elle avait trouvé une place dans le premier canapé qui avait croisé son chemin. Les nombreux passages de ses camarades de maison faisaient qu'elle n'était jamais réellement seule. De toute manière, la salle commune était rarement vide depuis que les cours étaient suspendus. Alors, quand une silhouette apparue à ses côtés pour s'asseoir sur le pouf en face d'elle, elle n'y prêta pas réellement attention. Ce ne fut que lorsque deux pieds se posèrent de chaque côté, lui interdisant tout mouvement, qu'elle releva le nez de son grimoire. « Helloooo Cassie ! » Dillawn, bien sûr. Qui d'autre. Cassie lui adressa un petit sourire, légèrement mal à l'aise. Les lèvres de la Gryffondor s'étirèrent en un sourire si grand qu'il ressemblait presque à une grimace, lui conférant un air vaguement inquiétant. Quelque chose disait à Cassie qu'elle avait du souci à se faire. « J’avais comme l’impression que tu essayais de m’éviter… mais cela ne peut être qu’une impression, n’est-ce pas Cass’ ? Tu n’essaierais pas d’éviter ta chère Dillawn, c’est évident. » La rouge et or tenta d'éviter le regard de sa camarade, mais elle la piégeait littéralement. En d'autres circonstance elle aurait tout fait pour la fuir, mais là ce n'était plus une option. Cassie n'avait jamais été très douée pour mentir alors, elle s'appliqua à lui adresser le sourire le plus innocent possible en espérant que Dillawn ne s'attarde pas d'avantage sur le sujet. Car elle avait entièrement raison, depuis sa sortie de l'infirmerie, la jeune Standford faisait son possible pour l'éviter. Elle quittait la salle commune lorsque la rousse s'y trouvait et faisait toujours en sorte de laisser quelques élèves entre elles pendant les repas. Elle n'avait rien contre la jeune sorcière, mais elles avaient des caractères si différents que Cassie avait l'impression de ne pas faire le poids face à elle. Dillawn était si exubérante, si fière, si sûre d'elle. Des qualités que la rouge et or ne pouvait se targuer d'avoir, et qui, au fond, ne faisait que renforcer son mal être. « J’ai entendu dire que tu t’étais pas mal débrouillée lors de l’attaque du marché nocturne… C’est vraiment excellent ! Quand je te disais que tu avais ça en toi ! Il faut toujours croire en maman Di’. » Un soupir s'échappa des lèvres de la sorcière. Et voilà. Comme toujours lorsqu'elle se trouvait en sa compagnie, Dillawn avait repris ce qui semblait être son sujet de conversation préféré. Les valeurs des Gryffondors, qu'elle était persuadée de retrouver en Cassie. Mais que, de toute évidence, elle était la seule à voir aussi clairement. Parce que Cassie ne se sentait ni brave, ni forte, et encore moins courageuse. Elle devait bien se l'avouer, elle ne se sentait pas l'âme d'une Gryffondor, elle était cruellement consciente des différences qu'il existait entre ses camarades de maison et elle, ce qui n'était pas pour lui prouver qu'elle avait sa place parmi eux. Quelque part, elle avait toujours eu le sentiment que le choixpeau magique s'était trompé lors de sa répartition, qu'elle n'avait pas sa place dans cette maison. Son cœur se serra douloureusement alors que ces pensées envahissaient son esprit, mais elle tenta de se composer un masque neutre, pour faire bonne figure. « Tu devrais surtout savoir que les Gryffondors exagèrent toujours. » Elle fit un vague geste de la main avant de la passer dans ses cheveux pour se donner une contenance. Elle aurait voulu noyer Dillawn sous des paroles futiles et amusantes. Des phrases toutes faites et parfaitement adaptées à la situation qui lui aurait permis de détourner l'attention de la jeune femme, de l'amener sur un terrain plus accueillant, plus facile à gérer pour Cassie. Mais elle n'avait jamais été douée pour mentir et encore moins pour jouer des rôles. Elle perdit son sourire de surface en croisant le regard de sa camarade. « Écoutes Dillawn... » Commença-t-elle doucement. Elle chercha ses mots un instant, elle n'avait aucune envie d'aborder le sujet de l'attaque de Pré-au-Lard, ni avec elle, ni avec les autres. Mais surtout pas avec elle, à vrai dire, car Dillawn avait la fâcheuse manie de vouloir la placer sur un piédestal. Cela partait d'un bon sentiment, Cassie en était persuadée, mais elle ne le méritait pas. « Ce qu'il s'est passé ce soir là n'avait rien de pas mal... » Tenta-t-elle avant de s'arrêter de nouveau. Elle grimaça. Comment Dillawn pouvait-elle parler de cette nuit là aussi facilement ? Avec autant d'enthousiasme ? Parlaient-elles bien de la même chose ? Par Merlin, ça lui était toujours aussi difficile de parler de l'attaque. Les sentiments qu'elle tentait d'enterrer au fond d'elle depuis sa sortie de l'infirmerie refaisaient lentement surface, menaçant de l'engloutir. La peur, la douleur, l'angoisse. Des émotions si puissantes, si néfastes, qu'elles lui coupèrent la respiration l'espace de quelques secondes. « Tu ne devrais pas croire tout ce qu'on raconte. » Non, ce qu'elle avait fait, n'avait rien de pas mal. Rien de louable ou de courageux. Elle avait juste tenté de garder la tête hors de l'eau. Elle même ne parvenait pas à comprendre comment elle avait pu conserver son sang froid, et ça lui faisait même peur. Elle frissonna, mal à l'aise. « Est-ce qu'on ne pourrait pas, juste... Passer à autre chose ? Oublier tout ça ? » Est-ce que c'était trop demandé ?
We are the warriors that built this world Cassie & Dillawn
A
vant même de savoir marcher, Dillawn avait traversé le monde, calée dans les bras de ses parents, couchée auprès de l’être qui la comprenait le mieux au monde. Avec un père briseur de sorts, impossible de rester en un seul endroit. A six ans, elle courait au milieu des temples incas, cherchant à attraper Caelan pour l’embêter, évitant les malédictions posées en ces lieux de son petit corps agile ; à neuf ans, elle se glissait au milieu des pyramides de la Vallée des Rois, elle-même poursuivie cette fois-ci, non par son jumeau, mais par une momie ensorcelée pour garder les lieux ; à douze ans, elle descendait en rappel au milieu du Grand Canyon afin d’accéder à une tombe cachée dans les cavités rocheuses. Pas un jour de sa vie, de sa naissance à ses quatorze ans, ne s’était déroulé sans qu’elle ne doive faire face à un danger presque mortel, à une situation exceptionnelle. Des évènements originaux et uniques, qu’un enfant normal n’aurait jamais vécus. Et que Dillawn n’échangerait pour rien au monde. Elle avait adoré cette vie de nomade, passer d’un palace en Arabie Saoudite à une tente de bédouin en plein milieu du Sahara. Cette vie, c’était sa vie. Son mode de pensée, sa manière de percevoir le monde. C’était exactement pour cela qu’elle voulait aussi devenir briseuse de sorts. Cette histoire, ces mystères… tout cela allait bien au-delà de la fascination. C’était sa passion. Beaucoup lui diraient que risquer sa vie continuellement, y prendre plaisir, vouloir recommencer continuellement, pouvait amener à se poser des questions... mais elle s'en moquait comme de sa première tunique, et cela voulait dire beaucoup vu le nombre qu’elle avait possédé. Ces aventures, ces dangers, c’était son adrénaline et son oxygène. Elle était téméraire – suicidaire dirait-on – et fonçait sans réfléchir, voulant toujours découvrir de nouvelles choses.
Pourtant, contrairement à ce que l’on pourrait croire, sa route n’avait pas été toute tracée pour Gryffondor. Non seulement était-elle courageuse et forte, mais également déterminée et ambitieuse, avec cette manière de penser propre aux reptiles vert et argent. Cependant le Choixpeau avait estimé qu’elle provoquerait bien trop de dégâts en étant envoyé parmi les froids reptiles, et aujourd’hui, Dillawn ne pouvait qu’approuver ce qu’il avait alors pensé. Elle appréciait Serpentard, admirait cette maison – comme chaque maison de Poudlard à vrai dire – mais présente dans la maison émeraude, les guerres auraient été trop violentes et destructrices. Elle avait depuis longtemps accepté qu’elle était une lionne, une rouge et or de pure souche. Comme la lionne, elle avait trouvé sa famille parmi ces êtres peuplant eux aussi la maison pourpre. Elle y avait trouvé des amis, des frères et des sœurs, des lionceaux, des créatures dont elle devait prendre soin. Et Dillawn s’était toujours occupée des siens. Se plaçant rapidement comme une épaule sur laquelle pleurer, une oreille dans laquelle parler, une amie toujours présente pour les siens, une figure maternelle rassurante et aimante. Peu avait été étonné de la voir devenir Préfète, pas parce qu’elle était une parfaite image du règlement – loin de là, pouvait-on même dire, quand on la connaissait bien – mais parce qu’il semblait logique qu’elle soit celle désignée pour veiller sur les siens, tout en les surveillant. Elle avait obtenu cette autorité naturelle par son caractère fort et incisif, par sa franchise déroutante et cette force s’exprimant dans son regard. Elle était la mère lionne par excellence, au caractère de panthère sauvage. Elle savait que, parfois, elle en inquiétait certain, mais elle savait que ceux à qui elle tenait n’en faisait pas partie.
Sauf quelques exceptions actuellement. Et malheureusement, Casise Stanford faisait partie de ces exceptions. La demoiselle était persuadée que Gryffondor n’était pas la maison faite pour elle, qu’elle ne possédait rien du courage des fiers félins de Poudlard. Et Dillawn n’avait jamais été aussi peu d’accord avec quelqu’un… ou en tout cas, avec l’un des siens. Elle avait vu cette flamme brûler dans le regard de Cassie ; elle savait que si elle était parmi les rouges & ors, c’était pour une excellente raison. Et elle était déterminée à le lui prouver. Cependant, Cassie semblait ne pas apprécier ses intrusions soudaines et puissantes. Pour tout dire, la brune était mal à l’aise avec elle, parfois, elle le sentait bien. Et elle en était désolée. Contrairement à tout ce qui pouvait se penser, Dillawn n’était en rien irréfléchie. On ne réussissait pas aussi bien dans la magie, ainsi que scolairement parlant, en passant si peu de temps plongée dans les manuscrits, si on était irréfléchi. Hell, on ne survivait pas à la vie qu’elle avait mené si on était irréfléchi. Chacun de ses actes était pensé et calculé, pas prévu des jours à l’avance, mais toujours précis et incisif. Instinctivement, elle savait désormais comment agir, quelle attitude adopter et quel ton employer. C’était cette faculté que le Choixpeau avait remarqué, notamment, en elle, et qui avait failli l’envoyer chez les reptiles. Elle ne s’en plaignait pas, elle savait qu’elle était très verte et argent en agissant ainsi. Et elle en était fière. Elle était toujours fière de toute manière. Ce fut pourquoi, en voyant l’hésitation de Cassie, son malaise et son regard fuyant, que Dillawn décida qu’elle n’allait finalement pas employer la méthode « brutale » prévue au départ, à savoir tirer toutes les informations possibles de la brune, sans lui laisser le temps de respirer. Si elle agissait ainsi, nul doute qu’elle allait lui claquer entre les mains, ou simplement craquer et la tuer tout simplement.
Dillawn tenait à sa vie, plus qu’un minimum. Ce fut pourquoi elle détendit ses jambes recouvertes de son jean slim, merveilleuse invention moldue, tout en remettant son large t-shirt noir en place. Attrapant ses cheveux roux, elle écouta Cassie parler, sachant qu’elle devait la laisser s’exprimer sans la couper, car elle en avait cruellement besoin. Oui, les Gryffondors avaient une importante tendance à exagérer, Dillawn en était le premier témoin, par habitude de reprendre des élèves de sa maison alors qu’il ne respectait pas le règlement (ô hypocrisie). Ou alors, lorsque cela la concernait directement. On lui prêtait, par exemple, une relation avec chaque homme et femme de plus de dix-sept ans présente à Poudlard. Si un jour elle trouvait la source de cette rumeur stupide… Elle lui ferait passer l’envie de parler sur les autres, notamment sur elle. Oui, elle aimait se faire plaisir, elle aimait vivre, elle aimait profiter. Tout plutôt que de sombrer dans le noir univers de l’amour. Tout. Mais elle n’était pas une putain non plus, et conservait sa fierté. Si à leur âge, ils ne pouvaient accepter qu’une femme puisse, elle aussi, s’offrir de nombreux plaisirs… c’était pour eux que cela en devenait triste. Mais ce n’était pas le sujet. Finissant la tresse improvisée qu’elle venait de réaliser en écoutant Cassie parler, lâcher – un minimum tout du moins – ce qu’elle avait sur le cœur, elle l’accrocha de manière lâche en chignon. Elle aimait être à l’aise quand elle voulait discuter de manière sérieuse, et elle sentait bien venir l’une de ces discussions où elle tentait (d’entrer une idée dans une caboche plus solide que du diamant) de venir en aide à l’un des siens.
« Tu as raison, oublions ces évènements, pour le moment. » Se relevant, elle repoussa le pouf sur lequel elle était assise ; avant de s’assoir en tailleur tout simplement sur la table basse, qu’elle avait rapproché face au canapé de Cassie, pour pouvoir discuter de manière plus « intime » sans être par chaque âme prenant encore place dans la salle commune. « Cependant, je tiens à te signaler que tu n’oublieras pas Cassie. Et que ce n’est pas en repoussant une conversation qui pourrait t’aider, qui te permettrait de discuter de ce que tu as vu et qui t’a tant marquée, que tu vas aller mieux. Je parle par expérience. On n’oublie jamais, on enterre simplement avant que cela n’explose pour se libérer. Mais soit. » Difficile pour Dillawn de comprendre cette volonté d’oublier les évènements qui s’étaient déroulés. Elle-même se serait jetée dans le feu de l’action si seulement elle avait pu, se battre violemment pour protéger les siens et faire un rempart face à ce nouveau monde sombre et puant. La mort ne l’effrayait pas, la violence non plus. C’était deux notions qu’elle fréquentait depuis bien longtemps, et la faux de la Faucheuse n’était plus qu’une vision bien trop souvent admirée. Cependant, elle tenait à respecter la volonté de Cassie, pour le moment en tout cas. Glissant ses mains dans le creux entre ses jambes, elle se pencha doucement en avant, la malice au regard, l’amusement aux lèvres. « C’est Erin qui m’a indiquée où tu étais, si tu veux savoir qui t’a vendue. » Elle souhaitait glisser une petite touche d’humour au milieu, un petit passage pour détendre l’atmosphère qui les entourait, afin que Cassie se détende elle-même. Que cette espèce de malaise ne soit plus inscrit dans son regard, vision bien sombre aux yeux de Dillawn.
« Et au cas où tu te poserais la question, oui, c’est bien Lumen qui m’a laissée cette magnifique griffure sur le bras. Je crois qu’elle n’a pas aimé que je fasse croire à une Poufsouffle de troisième année qu’elle était amoureuse d’elle et qu’elle voulait qu’elle lui déclare sa flamme au milieu du Hall… Lumen n’a pas d’humour. » Dillawn grimaça légèrement en y repensant, tout en se mordant les lèvres pour se retenir d’éclater de rire. Ô la tête de Lumen, elle avait valu toutes les griffures au monde. La Poufsouffle n’avait pas compris pourquoi la rouge & or avait perdu toutes ses couleurs, pendant que Dillawn se retenait d’éclater de rire le plus silencieusement possible. Elle pourrait recommencer tous les jours, si cela voulait dire revoir cette expression indéfiniment. Oui, elle était maso pour de petits plaisirs. Lumen avait tenté de la poursuivre, mais n’avait pas pu qu’appliquer ses ongles – vraiment, vraiment, très longs – sur le bras de la rousse flamboyante. Dillawn avait fui jusqu’à Erin qui lui avait indiqué où se trouvait Cassie. Il était possible que Lumen débarque comme une furie dans la Salle Commune, après avoir fait le tour du château – après pourquoi Dillawn serait-elle aller se sauver dans la salle commune, c’était bien trop basique comme choix – mais elle comptait sur Cassie pour la protéger. Ce qu’elle lui formula immédiatement. « Mais évidemment ma chère Cass’, tu sauveras la Dillawn que tu aimes tant si Lumen essaye de me tuer… n’est-ce pas ? » Estimant qu’elle avait réussi à alléger l’ambiance, ou en tout cas l’espérant grandement, ayant voulu apaiser la brune tendue, prête à se sauver au moindre signe. « Et toi, ma brunette favorite ? (On pourrait lui rétorquer qu’elle avait beaucoup de « brunette favorite », mas elle s’en moquait. Comme toujours) Comment tu vas ? Et je te pose la question sincèrement, j’en attends une réponse toute aussi sincère. Tu sais très bien que je ne juge pas. Puisque tu ne veux pas parler de ce qu’il s’est passé, parlons donc de toi. Le moindre rêve, ou cauchemar, étrange ? Les abrutis de « puristes » continuent de t’embêter parce que tu es née-moldue ? Tu sais que je peux aller leur démonter la tête si tu me le demandes. »
WILDBIRD
Dernière édition par Dillawn Yeats le Ven 2 Oct - 20:01, édité 1 fois
Cassie D. Standford
LE PETIT CHAPERON ROUGE
+ SORCIER DEPUIS LE : 06/10/2014 + PARCHEMINS : 303 + LOCALISATION : Poudlard will always be my home
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C
assie ne comprenait pas qu’elle puisse faire l’objet de tant d’attention et de tant de bienveillance. C’était une situation à laquelle elle n’avait jamais été habituée et dont elle doutait de se faire un jour. Avant son entrée à Poudlard, elle n’avait jamais senti les yeux des autres se poser de cette manière sur elle. Tout était bien différent chez elle, au sein du minuscule appartement des Standford. Bien sûr, en tant qu’ainée de sa famille elle était l’objet de toute l’attention de ses frères et de sa sœur. De tout leur amour, mais aussi de leurs nécessités. Plus jeunes qu’elle mais tout aussi perdus dans ce foyer qui s’étiolait peu à peu, ils avaient eu besoin d’un guide, de pouvoir se reposer sur elle pour apprendre à naviguer dans les eaux sombres dans lesquelles leur famille se noyait petit à petit. Elle ne s’était jamais fait d’illusion, cela n’était qu’une question de temps avant que sa famille n’implose, son départ avait été une étincelle de plus, les rapprochant davantage de l’explosion. Elle avait toujours sentie qu’elle aussi était sur le point de se laisser submerger par les ténèbres qui envahissaient leur foyer et empoisonnaient leur famille. Sans s’en rendre compte, ses cadets avaient fait reposer un lourd poids sur ses épaules, un qu’elle n’était pas sûre de pouvoir porter. Elle n’avait jamais réussi à accepter pleinement son statut d’ainée et toutes les responsabilités qui l’accompagnaient. Dans une autre famille, cela aurait pu être facile, elle aurait même pu s’épanouir dans ce rôle. Elle était suffisamment affectueuse et attentionnée pour ça. Mais face à la violence et la douleur qui s’étaient installés chez eux, elle n’avait jamais pu s’épanouir chez elle. Ces attentions bienveillantes dont ses camarades faisaient preuve envers elle, son père ne les lui avait jamais adressées. Trop amer et malmené par la vie pour faire preuve d’affection envers ses enfants, il avait laissé l’alcool guider ses actes, enfermant sa famille dans une spirale infernale. Sa génitrice lui avait déjà adressé des gestes emplis d’amour, mais trop rares et légers, Cassie n’avait jamais pu en profiter. Alors, quand elle voyait ses camarades Gryffondors lui témoigner autant d’affection sans y être obligés, parfois sans même la connaître, ça la laissait totalement désemparée et elle s’en sentait même parfois coupable. Elle n’était habituée à des gestes si désintéressés, si naturels, animés seulement par le fait qu’ils faisaient partie de la même maison et que pour les rouges et or ça voulait tout dire. Même lorsqu’elle avait passé sa première année seule dans le château, elle avait pu sentir l’unité qui existait au sein de sa maison. Maintenant qu’elle s’était ouverte aux autres elle sentait qu’elle faisait partie d’un ensemble. Parce qu’ils étaient comme ça les rouges et ors, toujours prêts à se soutenir les uns les autres, à se protéger mutuellement et à se réjouir des succès des leurs. Ils n’étaient pas individualistes ou égoïstes, comme l’animal de leur emblème ils vivaient en groupe, et ça voulait dire qu’il n’y avait pas d’exclus.
Aux yeux de Cassie, Dillawn était l’exemple parfait des valeurs des Gryffondors. En plus de son caractère de feu et de sa bravoure, elle veillait sur les rouges comme une lionne veille sur ses petits. Sans le moindre jugement, avec une bienveillance infinie et une ténacité impressionnante lorsque les jeunes premières années refusaient d’écouter ses conseils. Elle agissait sans rien attendre en retour, convaincue du bien fondé de ses actions. Elle méritait amplement son titre de préfète. Cassie avait toujours pensé que le rôle des préfets devait plus s’apparenter à un soutient et une aide disponible pour les élèves d’une maison. Vérifier que le règlement était respecté était une bonne chose, mais les préfets devaient être plus que des simples surveillants prêts à punir leurs camarades aux moindre faux pas. Ils devaient être un rempart, une oreille attentive et une présence amicale qui s’assurait du bien-être et de l’unité de leur maison. Et c’était exactement ce que Dillawn faisait. Elle était assez sociale pour n’éprouver aucun mal à aller vers ses camarades et assez exubérante pour que tous les élèves la connaissent. Cassie avait vite compris qu’elle prenait son rôle à cœur et c’était parfaitement louable. Seulement la jeune Standford ne savait pas vraiment comment elle devait réagir à tant d’attention. Dillawn souhaitait l’aider, elle en était consciente, et elle appréciait son geste. Mais la Gryffondor ne semblait pas se rendre compte qu’elle contribuait surtout à son malaise. Cassie n’avait pas envie qu’on lui attribue une bravoure sans faille suite à ses actions lors de l’attaque de Pré-au-Lard. Elle savait que ses camarades étaient fier d’elle, mais elle ne comprenait pas pourquoi. Pire, être l’objet de tant d’attention et d’éloges du jour au lendemain ne parvenaient qu’à réveiller ses angoisses. Elle ne savait pas quoi penser de ses actes lors du marché nocturne, elle n’avait pas réfléchi avant d’agir, elle s’était laissée guidé par un instinct qu’elle ignorait posséder. Et désormais ça la terrifiait. Elle ignorait comment elle avait pour garder la maîtrise d’elle-même alors que maintenant les souvenirs de cette nuit la rendaient malade de peur. Rien de ce qu’elle avait fait ce soir-là ne méritait de louanges. Le bras de Lumen avait été brûlé par sa faute et alors qu’elle avait failli faciliter la tâche aux mangemorts en ouvrant un passage vers l’extérieur elle s’était retrouvée ensevelie sous des décombres. Elle avait souffert de nombreuses blessures, mais elle aurait surtout pu y laisser la vie. Et ces pensées la paralysaient. Pour Cassie, nul doute que si ses camarades avaient vent de ça, ils cesseraient bien vite leurs compliments. De toute manière, elle estimait ne pas les mériter, elle n’était pas la jeune sorcière courageuse qu’ils s’imaginaient, elle n’avait pas bravé les flammes et les mages noirs pour sauver ses camarades. D’ailleurs, elle ne savait pas comment elle avait réussi à survivre à l’attaque. Alors Dillawn avait beau la couvrir de paroles réconfortantes et encourageante et la regarder un air empreint de fierté sur le visage, Cassie n’y croyait pas et au lieu de l’aider à prendre confiance en elle-même, ses paroles avaient l’effet inverse. Elle avait l’impression de tromper ses camarades, d’être un imposteur. « Tu as raison, oublions ces évènements, pour le moment. » Cassie fut soulagée d’entendre Dillawn accepter d’éviter le sujet, elle savait que ce n’était que temporaire, la Gryffondor était têtue, mais elle se détendit un peu. Elle observa d’un air distrait sa camarade s’installer le plus naturellement du monde sur la table basse face à elle. Cassie était toujours fascinée par l’aisance dont semblait faire preuve la jeune sorcière, peu importait la situation ou la personne face à elle, elle paraissait être capable de s’adapter à tout. C’était un trait de comportement qui fascinait la rouge et or, elle qui était si calme et discrète, toujours un peu mal à l’aise en public malgré l’aide d’Erin. Elle aurait aimé être comme la plupart de ses camarades rouges, vive et explosive, toujours en train d’agir ou de rire, de profiter à fond, peu importe les conséquences. Mais elle n’était tout simplement pas comme ça, la vie difficile qu’elle avait vécue avant d’entrer à Poudlard avait laissé des traces, conditionné son comportement. Même si elle tentait de s’en défaire, ce n’était pas aussi simple. « Cependant, je tiens à te signaler que tu n’oublieras pas Cassie. Et que ce n’est pas en repoussant une conversation qui pourrait t’aider, qui te permettrait de discuter de ce que tu as vu et qui t’a tant marquée, que tu vas aller mieux. Je parle par expérience. On n’oublie jamais, on enterre simplement avant que cela n’explose pour se libérer. Mais soit. » Elles se fixèrent un instant en silence. Il était rare de voir Dillawn aussi sérieuse. Mais elle semblait prête à aider ses camarades, peu importe l’investissement que cela lui demanderait. Malgré ses manières parfois un peu brusques, c’était pour cette facette de sa personnalité que Cassie l’appréciait. Aussi la jeune Standford se contenta d’un léger hochement de tête. « Je sais bien Dillawn. Ne t'en fais pas. Tu peux me croire. » Si seulement elle savait. Les paroles de Dillawn avaient beau être pleines de sens et de sagesse, elle ne possédait pas toutes les informations. Les traumatismes et les souvenirs douloureux étaient des choses qu’elle connaissait bien et que Dillawn ne pouvait qu’ignorer. Elle ignorait dans quelle situation familiale Cassie se trouvait, ni toutes les difficultés qui avaient déjà jalonnées sa vie. Et c’était mieux ainsi, la Gryffondor ne souhaitait pas que les détails sordides de son existence soient exposés aux yeux de tous.
« C’est Erin qui m’a indiquée où tu étais, si tu veux savoir qui t’a vendue. » Cassie haussa un sourcil et laissa flotter un petit sourire sur ses lèvres. Elle n’était pas vraiment surprise, Erin semblait avoir le don de toujours savoir où elle se cachait, même quand elle n’avait pas envie d’être trouvée. C’était assez déconcertant et parfois un peu exaspérant mais au final ça la faisait plus rire qu’autre chose. Ça lui donnait l’impression qu’elles partageaient un lien spécial. « Je ne sais pas comment elle fait, mais elle sait toujours où je me trouve. » Lança-t-elle avec un petit rire. Elle n’en voulait pas à Erin d’avoir dit à la rouge et or où elle se trouvait. Cette fois-ci elle ne cherchait pas à éviter ses camarades et si elle avait déjà confié à Erin que la ferveur de Dillawn à son égard provoquait souvent un sentiment de malaise en elle, elle ne pouvait pas se douter du sujet de leur conversation. « Et au cas où tu te poserais la question, oui, c’est bien Lumen qui m’a laissée cette magnifique griffure sur le bras. Je crois qu’elle n’a pas aimé que je fasse croire à une Poufsouffle de troisième année qu’elle était amoureuse d’elle et qu’elle voulait qu’elle lui déclare sa flamme au milieu du Hall… Lumen n’a pas d’humour. » Cette fois-ci, Cassie laissa échapper un éclat de rire franc. Dillawn avait toujours des idées extravagantes et surtout aucuns scrupules à les mettre en œuvre. Elle pouvait facilement s’imaginer l’expression de Lumen face à cette scène et surtout sa réaction, qui à en croire la trace sur le bras de la lionne, avait été particulièrement explosive. « T'en as sûrement un peu trop pour elle. » Lança-t-elle en secouant la tête. Les deux sorcières étaient effectivement assez différentes, au final la maison des lions possédait des sorciers aux caractères divers. Il suffisait de comparer Dillawn, Lumen et Cassie pour s’apercevoir de sa diversité, mais aussi de sa richesse. « Mais évidemment ma chère Cass’, tu sauveras la Dillawn que tu aimes tant si Lumen essaye de me tuer… n’est-ce pas ? » La rouge et or lui lança un coup d’œil. Sa question paraissait innocente au premier abord, mais Cassie n’était pas dupe, elle savait où Dillawn voulait en venir, ce qu’elle voulait l’entendre dire. Et quelle part d’elle, elle pensait pouvoir révéler. Puisque la méthode force n’avait pas fonctionné, elle essayait la douce. Avec un petit sourire en coin, Cassie décida de feindre l’ignorance. « Face à une Lumen déchainée ? Je doute de nos chances de survie. Tu l'as déjà vu essayer de m'entraîner au quidditch ? » Demanda-t-elle le plus naturellement du monde en ouvrant de grands yeux. Depuis que Lumen avait compris que Cassie savait utiliser un balai et possédait un certain talent pour le quidditch elle s’était mis en tête de le lui prouver. « Je me demande toujours comment j'en sors en un seul morceau. » Ajouta-t-elle avec humour. Après avoir passé quelques semaines à lui lancer des souaffles par surprise lorsqu’elles se retrouvaient sur le terrain, Lumen s’était décidé à lui dédiées de véritables séances d’entraînement dans l’espoir que Cassie accepte de se présenter aux prochaines sélections. Et autant dire qu’elle n’y allait pas de main morte. La gryffondor appréciait le temps qu’elle passait ensemble mais elle en ressortait souvent courbaturée et contusionnée. « Mais je tenterai le coup, bien sûr. » Finit-elle par répondre avec un sourire. Cassie se plaisait à se dire que pour protéger ses amis elle serait capable de se mettre en travers de tout danger, qu’elle pourrait tout faire pour les aider. Mais elle savait aussi que la réalité n’était pas aussi simple. Elle avait peut-être trouvé la force d’agir le soir de l’attaque, mais elle ignorait d’où cette force était venue et surtout elle ignorait si elle pourrait en faire de nouveau preuve un jour. Vu les sentiments de peur et d’angoisse qui l’étreignaient lorsqu’elle repensait à cette nuit, elle en doutait. Mais ce n’était pas le genre de détail qu’elle souhaitait révéler à Dillawn. Elle savait que la Gryffondor ne partagerait pas ses doutes et qu’elle chercherait à lui prouver le contraire encore et inconsciente du poids qu’elle faisait peser sur l’estomac de la jeune sorcière. Cassie posa son grimoire sur la table basse, à côté de sa camarade, et entreprit de s’installer plus confortablement dans le canapé. « Et toi, ma brunette favorite ? Comment tu vas ? Et je te pose la question sincèrement, j’en attends une réponse toute aussi sincère. Tu sais très bien que je ne juge pas. Puisque tu ne veux pas parler de ce qu’il s’est passé, parlons donc de toi. Le moindre rêve, ou cauchemar, étrange ? Les abrutis de « purites » continuent de t’embêter parce que tu es née-moldue ? Tu sais que je peux aller leur démonter la tête si tu me le demandes. »
« Ça va, je n'irais pas jusqu'à dire que mes rêves sont remplis de bébés licornes, mais ça va. » Elle était sincère. Physiquement, elle allait bien, Miss Lancaster avait fait des miracles et après un séjour à l’infirmerie, ses blessures avaient toutes disparues. Elle devait encore prendre une ou deux potions par jour, mais ce n’était qu’un détail et elle ne conserverait pas de séquelles physiques de cette nuit. Psychologiquement, c’était une autre histoire, les souvenirs la hantaient toujours et la peur venait étreindre son cœur lorsqu’elle s’y attendait le moins, mais elle faisait face. C’était difficile, mais elle ne pouvait pas s’enfermer dans l’angoisse continuelle. Les temps étaient durs, surtout pour les sorciers comme elle, elle en était consciente. L’inquiétude faisait désormais partie de son quotidien, mais elle faisait de son mieux pour la maîtriser. Simplement, certains jours elle y arrivait mieux que d’autres. « Tu sais, je pense que ces abrutis de puristes ne changerons jamais. Nos origines sont différentes, ça ne devrait pas avoir d'importance, mais ils se sentent menacés. Je ne sais pas exactement de quoi mais il n'empêche qu'ils nous blâment de tout. » Expliqua-t-elle en haussant les épaules. Sa voix était calme et posée, comme si elle avait répété ces paroles de nombreuses fois. Elle s’était simplement résignée en réalité. Le monde sorcier s’empoisonnait lentement et elle n’était qu’une simple spectatrice. Une future victime. Et elle doutait que la situation s’arrange rapidement. Surtout vu les derniers évènements qui avaient ébranlés le monde magique. « Ce n'est pas comme si ça n'avait pas déjà dégénéré. » Souffla-t-elle en repoussant les souvenirs que ces paroles réveillaient en elle. Elle adressa un doux sourire à son amie, touchée par sa proposition et sa ferveur. Elle avait la bravoure des lions, la hargne, l’envie de se battre pour ce qui était juste. Comme Cassie l’enviait. « Ton offre est très généreuse, mais je doute que tu puisses démonter la tête de tous les sang-purs qui en veulent aux nés-moldus. Ce château est infesté de plus d'abrutis qu'on ne le pense si tu veux mon avis. » Elle tentait d’avoir un ton léger mais elle savait que c’était un échec. Elle aurait voulu être optimiste, ou même ne pas se sentir concerné par cette situation. Mais c’était impossible, elle avait eu une vie déjà trop compliquée pour ne pas se sentir plombée par l’état de la société sorcière. Elle avait vécu trop de moments difficiles pour se faire des illusions. Elle ne voulait pas se voiler la face, c’était inutile. Alors, elle avait les yeux ouverts, sûrement trop. Mais c’était mieux que de foncer dans un mur, au moins elle savait à quoi s’attendre. A pire.
We are the warriors that built this world Cassie & Dillawn
« Je sais bien Dillawn. Ne t'en fais pas. Tu peux me croire. » Dillawn acquiesça aux mots de Cassie, mais elle n’était pas stupide et savait que Cassie préférait faire comme si tout allait, préférait oublier ce qu’il s’était passé, et surtout, surtout, ne pas s’en vanter. C’était admirable, oui, de ne pas vouloir se mettre en avant, de ne pas vouloir dire qu’on était une héroïne. Surtout dans la maison des rouges et ors, connus pour leur fierté. Il y avait ceux qui aimaient se vanter, qui aimaient montrer leurs exploits – comme Ethan dans ses pires moments, à comprendre ceux où il s’amusait avec Calixte, et risquait donc de faire exploser Poudlard ; mais également ceux qui préféraient se taire, qui préféraient que leurs exploits ne soient pas étalés à chaque coin du château millénaire – comme Cassie et son attachante, bien qu’inquiétante, pudeur. Et puis il y avait ceux comme Dillawn, qui s’en moquaient totalement, et balançaient entre narcissisme aigu et silence absolu. Même si Dillawn et le silence, ce n’était pas tout le temps ça. Mais ça arrivait, ça arrivait. Pour en revenir à Cassie, Dillawn avait beau admiré cette capacité à la modestie, elle avait réellement peur que cela ne dévore sa camarade de tout garder en elle. Mais elle se savait mal placée pour forcer la situation, elles n’étaient pas totalement amies, Cassie bien trop réservée avec elle, elle-même bien trop folle. Elle mit donc le sujet de côté, préférant passer à autre chose, pour le moment en tout cas.
Elle éclata de rire sur la remarque à propos d’Erin. Oui, leur amie rousse avait un don pour toujours trouver tout le monde, sûrement car elle était très observatrice et faisait attention à tous les détails entourant ses amis et camarades. Dillawn était du même genre également, sauf quand elle n’avait pas la patience et se contentait de foncer jusqu’à obtenir le résultat escompté. A savoir, les trois-quarts du temps. Mais on l’aimait comme ça… en général. Même si elle savait qu’elle pouvait être énervante et agaçante – Lumen le lui faisait bien comprendre, il faudrait qu’elles en discutent d’ailleurs – et qu’elle tentait de faire des efforts. D’où le fait qu’elle n’harcelait pas Cassie actuellement, mais tentait de changer de sujet pour mettre son amie… sa camarade-future-amie en confiance. Elle ne voulait pas qu’elle fuit à toutes jambes devant elle. Satisfaite de voir qu’elle avait réussi à faire rire Cassie, Dillawn la suivit dans son éclat de rire, et secoua la tête, amusée par elles deux. Elle aimait cette ambiance chaleureuse de leur salle commune, quelque chose d’appuyé et renforcé par les couleurs rouge et or. Pour elle, les lions étaient comme une grande famille, après tout ils s’entendaient tous bien… ou presque. Lumen était un cas particulier, puisqu’elle avait son propre caractère compliqué, tout comme Dillawn. Et si la rousse savait qu’elle en faisait trop, elle ne pouvait s’en empêcher. Elle s’inquiétait sincèrement pour Lumen. Mais elle n’allait pas partir en mélodrame devant Cassie, celle-ci avait besoin de tout autre chose à l’instant même. Riant toujours, elle acquiesça à la remarque de son amie sur l’entraînement de Quidditch. Oh que oui, Lumen pouvait être réellement violente quand elle le voulait, même pour simplement entraîner ses amis et camarades. « Oh que oui, j’ai déjà assisté à ces entraînements que vous pratiquez toutes les deux ! Et je compatis fortement. Lumen est un tyran quand elle s’y met… et même quand elle ne s’y met pas, il faut avouer. Pourquoi tu crois que je ne lui ai jamais dit que je sais voler et jouer au Quidditch ? Je tiens bien trop à ma vie. » Depuis son enfance, Dillawn adorait voler, passer des heures dans le ciel, filer à toute allure, jouer au Quidditch. C’était un vrai plaisir pour elle. Mais arrivée à Poudlard, l’équipe était déjà pleine, et par la suite elle ne s’était jamais proposée, par simple manque de temps à chaque fois. C’était encore bien pire depuis qu’elle était devenue Préfète. Et puis, au final, l’équipe aujourd’hui formée de leur maison était excellente, et Dillawn ne regrettait en rien de n’avoir jamais postulé. Elle jouait toujours, pendant ses vacances, et s’en allait parfois voler quand elle avait du temps libre. Cela lui permettait de vider son esprit, de ne penser en rien, et de se calmer. Une solution antistress presque aussi efficace que ses cigarettes, mais bien plus saine. Se penchant vers Cassie, comme pour lui confier un secret réellement important, son petit sourire taquin signifiant cependant le contraire. « Et puis entre nous, je crois que si je volais avec Lumen, elle serait capable de me pousser du balai pour avoir la paix… je tiens bien trop à ma vie pour ça ! »
Se recalant confortablement sur la table basse, Dillawn déplia ses jambes pour laisser les quelques doxys, qui commençaient à se faire sentir, partir et son sang circuler de nouveau dans ses membres. Elle avait l’habitude cette sensation, étant plutôt du genre à s’assoir, ou simplement se poser, dans n’importe quelle position. Elle s’était bloqué le dos une fois, comme ça, alors qu’elle était en vacances en Chine. Une des amies qu’elle s’était faite, cet été-là, était une acrobate, plus précisément une contorsionniste. Elle avait un corps complètement souple, d’une manière presque non humaine, tout en n’étant pas sorcière. Fascinée par ses capacités, Dillawn lui avait demandé de l’entraîner. Elle lui avait ainsi appris plusieurs techniques d’assouplissement, que la jeune Dillawn de douze ans avait suivi avec application. Ces techniques lui étaient d’ailleurs toujours utiles, et lui avaient prodigué un corps bien plus pratique à manier… et oui, elle parlait toujours de son corps. Mais agitée comme elle était, elle aimait pouvoir maîtriser son corps complètement et en faire ce qu’elle voulait. A la suite de ces fameux exercices de souplesse, Dillawn s’était dit qu’elle pouvait désormais imiter son amie, et ses propres amies, d’autres contorsionnistes, qui avaient souvent l’habitude de « s’assoir » d’une manière particulière. A savoir allongée à plat sur le ventre, les jambes ramenées en arrière, faisant un cercle au-dessus du dos, les pieds des deux côtés de la tête. Oui, c’était étrange. Donc, oui, forcément, Dillawn avait absolument eu envie d’essayer. Sauf que ce n’était pas tout le monde qui pouvait réaliser cette position, encore moins une personne avec un seul mois d’entraînement. Résultat, elle s’était bloquée le dos, avait dû hurler à l’aide… et Caelan ne s’était pas tu pendant des mois. Depuis, elle n’avait jamais réessayé, et parfois elle avait presque l’impression de toujours sentir cette douleur.
Reportant son attention sur Cassie, elle hocha la tête à ses mots, lui offrant un doux sourire, presque rassurant. Oui, Dillawn était fonceuse. Mais elle n’était pas connue comme la « maman lionne » des Gryffondors pour rien. Elle était également attentionnée et maternelle, et savait reconnaître les moments où il fallait un peu plus de calme, et d’attention envers la personne. Cassie était « perturbée », elle avait du mal à se confier, du mal à croire en elle, et rien n’était jamais simple avec elle, car elle ne se voyait absolument pas comme les autres la voyaient. C’était pour bien ça qu’elle avait du mal à accepter l’idée qu’elle pouvait être digne du courage des Gryffondors, se percevant bien moins qu’elle n’était en réalité. Elle était angoissée, anxieuse et nerveuse. Et Dillawn connaissait bien cet état d’esprit pour l’avoir elle-même ressenti plusieurs fois. « Pour me calmer les nerfs, pour le moment je n’ai rien trouvé de mieux que les méthodes moldues. Bon, évidemment, il y a les balades en balai, mais elles ne sont pas toujours possible, tu en conviendras. Alors que des moldus, j’ai adopté deux de leurs tendances : la tisane tranquillisante, on en rigole, mais ça fait vraiment effet, ainsi que les cigarettes. Ces trucs sont magiques, pas au sens propre du terme évidemment, mais tu me comprends. Et comme en plus, nous sommes des sorciers et que nous sommes mille fois plus résistants physiquement qu’eux – sans vouloir paraître méprisante, car ce n’est pas le cas – ces cigarettes n’ont pas le même effet sur nous que sur eux. Ce qui est très positif. » Elle avait commencé à fumer peu avant sa première année à Poudlard, alors en déplacement à New York avec ses parents. Elle avait toujours l’habitude de se mêler aux jeunes moldus, souvent entraînée par d’autres jeunes sorciers adolescents comme elle, et avait découvert de nombreuses choses ainsi. Dont la cigarette, initiée par de jeunes moldues un peu plus vieilles qu’elle à l’époque. Elle ne se séparait plus de ses paquets depuis, faisant toujours le plein avant de retourner à Poudlard. Elle n’en fumait pas tous les jours, n’étant jamais devenue addict au tabac, mais une de temps en temps lui faisait vraiment du bien.
Et alors qu’elles revenaient au sujet de ces énervements récents, à savoir les abrutis de Sang-Purs aux idées toutes aussi abruties qu’eux, Dillawn se dit qu’elle en aurait bien pris une, de cigarette. Car cette question la mettait toujours dans une colère folle, une rage presque destructrice. Comment des êtres humains pouvaient-ils penser qu’ils valaient mieux que d’autres ? De quelle manière pouvait-on en arriver à penser qu’il fallait soumettre une partie de la population, les éliminer, sous prétexte qu’ils étaient… quoi ? Moins forts, moins bons, moins nécessaires… impurs ? Ces pensées étaient ridicules, et même monstrueuses. Dillawn avaient fréquenté les moldus parmi tous ses voyages, elle connaissait leur histoire. Elle avait entendu parler de cet homme, de ce tyran, en Allemagne, qui avait exterminé des millions de personnes sous prétexte qu’ils n’étaient pas de la bonne « race ». Ici, cela ne concernait pas une race, peut-être, mais un sang. C’était exactement la même chose au final. Des thèses ridicules, des théories stupides. Tous ces puristes n’étaient que des abrutis bercés trop près du mur, guidés par un mégalomane qui ne connaissait définitivement pas son histoire. Car l’Allemand, cet Hitler, il avait perdu. S’était même suicidé. Et jamais Dillawn ne laisserait un autre schéma se produire dans le monde sorcier, et elle savait qu’elle n’était pas la seule. Mais pour le moment, c’était le chemin de la terreur qui commençait, le chemin des attaques et des morts. Elle ne pouvait plus le supporter. « Pourtant Cassie, il va bien falloir qu’on fasse quelque chose. Qu’on agisse, au lieu de se dire qu’ils sont trop nombreux et qu’il vaut mieux garder profil bas. Je suis fatiguée de garder profil bas. Je ne peux pas rester sans rien dire, faire comme si je ne les voyais pas. Je ne peux pas passer mon chemin quand je vois ces abrutis s’en prendre à d’autres personnes, dans les couloirs même de Poudlard. Ce n’est pas dans ma nature. Le harcèlement est monstrueux, la persécution est monstrueuse. Alors que dire de ces personnes qui se pensent supérieures aux autres à cause d’une question de sang ? Que dire ces personnes qui pensent qu’ils doivent en soumettre d’autres, sous prétexte qu’ils se pensent plus puissants ? Je ne veux pas vivre dans une société régie ainsi, je ne peux pas ne rien faire en sachant qu’on laisse ces psychopathes en liberté. Je me dois de réagir. Dumbledore ne m’a pas confiée ce badge de préfète simplement pour décorer mon uniforme. Je ne peux pas, en tant que préfète, ignorer ce harcèlement constant que certains des plus jeunes subissent. Je ne peux pas, en tant qu’humaine, fermer les yeux et faire comme si je ne voyais rien. Je ne serais plus rien alors, je ne vaudrais plus rien. Il m’est impossible de concevoir que notre société sera un jour dirigée par des monstres pareils. Par Merlin, ce serait comme dire à notre humanité d’aller se faire voir ! »
Dillawn inspira un grand coup, refermant les poings sur ses mains tremblantes. Elle s’était laissée emporter, elle avait laissé éclater cet agacement grandissant. Plus que de l’agacement, cette colère, cette rage qui régnait en elle. Et elle détestait cela. Elle n’était pas du genre à montrer cette facette d’elle au grand jour. Elle était peut-être fonceuse et agitée, mais c’était toujours ses côtés heureux, attentionné, embêtant, gentil, persistant, qu’elle dévoilait. Jamais elle ne montrait sa facette « plus sombre », comme elle l’appelait elle-même. Jamais elle ne s’était mise en colère, réellement en colère face à ses camarades de Gryffondor. Jamais elle ne s’était laissée aller à pleurer, à abandonner, devant les rouges et ors. Elle ne voulait pas se le permettre. Elle contrôlait aussi bien ses émotions, son image, qu’elle contrôlait son corps. C’était l’une des tendances qui avaient fait que le Choixpeau avait hésité avec Serpentard. Elle était franche, mais ne voulait pas dépendre des autres et cachait donc ce qu’elle considérait comme ses faiblesses. Mais les abrutis de puristes atteignaient de plus en plus ses nerfs, la peur la rongeait peu à peu. Et il était logique qu’à un moment ou un autre, elle éclate. Cependant, elle s’en sentait mal, malgré tout, d’autant plus qu’elle s’était laissée aller devant Cassie. Elle ne voulait pas rajouter un poids supplémentaire sur ses épaules, en se laissant divaguer. « Désolée. Je n’aurais pas dû m’emporter ainsi. C’était ridicule de ma part. » Elle s’était aussi peu contrôlée qu’une enfant de six ans, et elle en avait honte. Elle était la préfète joyeuse, la mère trop envahissante, pas la jeune femme colérique, la sorcière révoltée. Elle ne pouvait pas se permettre de montrer ainsi ses faiblesses, elle en était persuadée. Cela donnerait l’impression qu’elle n’était plus un pilier stable. C’était assez ironique en y pensant, elle était la première à inciter les autres à se laisser aller, à pleurer, à hurler. Mais pas elle. Elle, elle était celle sur qui les autres comptaient, elle ne pouvait pas agir ainsi. « Je devrais sûrement te laisser, j’en ai trop fait pour ce soir. » Dillawn Yeats n’abandonnait jamais… sauf quand elle se sentait elle-même sur le bord vacillant de son propre gouffre.
WILDBIRD
Cassie D. Standford
LE PETIT CHAPERON ROUGE
+ SORCIER DEPUIS LE : 06/10/2014 + PARCHEMINS : 303 + LOCALISATION : Poudlard will always be my home
Dillawn & Cassie We are the warriors that built this world
L
a perspective d'une vie remplie d'aventures et de moment haletants n'avait jamais particulièrement séduit Cassie. Elle possédait une certaine curiosité, c'était un fait, et elle avait vraiment envie de découvrir le monde, mais pour le moment elle avait surtout besoin de se poser. De pouvoir souffler un peu et profiter simplement des petites choses de la vie, de ces petits moments de légèretés qui pouvaient rendre son existence plus douce. Plus supportable. Car jusqu'à présent la vie n'avait pas été tendre avec Cassie. Elle n'avait jamais aspiré qu'à un peu de bonheur, cette notion si simple et si complexe, qui paraissait à la fois à portée de main et une illusion irréalisable. Après avoir vécu dans le tumulte, la douleur et la peur au sein de son propre foyer, elle avait cru trouver en Poudlard un havre de paix. Une parenthèse bienvenue dans son existence, si courte mais déjà si difficile. Apprendre sa nature de sorcière lui avait ouvert les yeux, elle avait réalisé qu’un nouveau monde s’ouvrait à elle et, si elle le désirait, une nouvelle vie. La nouvelle avait été un choc pour elle et lui avait provoqué de nombreuses nuits angoissées –comment faire autrement quand elle était consciente qu’elle devait abandonner sa fratrie aux mains de leur paternel ?- mais elle lui avait également montré qu’un avenir différent, moins sombre, était désormais possible pour elle. Enfin en phase avec sa nature profonde, elle avait intégrée l’école, espérant y vivre des jours plus doux. Si Poudlard avait été la hauteur de ses espérances, elle avait vite déchanté en côtoyant certains élèves issus de grandes familles sorcières. Avec une amertume grandissante elle avait compris que ceux qui portaient des noms prestigieux ne cesseraient jamais de la juger à cause de ses origines, à cause de son sang. Elle avait espéré trouver la paix en Poudlard, en réalité elle avait simplement échangé un tortionnaire contre de nombreux autres. Certes, ils ne l’emplissaient pas d’effrois comme son père pouvait le faire lors de ses pires crises de colère, mais elle savait l’effet que pouvait avoir un mouvement de masse et à quel point les idées qu’ils prônaient étaient dangereuses. Elle n’était plus confrontée à la violence physique et à la peur constante, mais elle avait dû apprendre à vivre sous les quolibets et les tentatives d’humiliations, s’habituer à être jugée à cause de son sang et à ne pas s’insurger devant l’injustice dont elle pouvait être victime. Sa vie avait définitivement pris un tournant meilleur lorsqu’elle avait rejoint l’école de magie, mais elle était toujours ponctuée d’épreuves. Cassie était consciente qu’elle n’était pas la seule à devoir faire face à cette situation, elle songeait souvent à cette jeune Serdaigle qui avait été agressée lors du bal d’Halloween. A cause des persécutions des sang-purs elle avait tenté de cacher ses origines et payait maintenant le prix de ses mensonges. La rouge et or comprenait ce qu’elle avait essayé de faire, ce à quoi elle avait voulu échapper, mais elle se disait surtout qu’il ne fallait pas donner aux autres élèves des raisons de penser qu’être né-moldu pouvait être source de honte. Ce n’était pas ainsi qu’ils réussiraient à trouver leur place dans la société sorcière. Mais la lionne admettait bien volontiers qu’il n’était pas aisé de venir d’une famille de moldu quand la discrimination était aussi forte. Alors elle ne la jugeait pas, surtout que la bleue restait jeune. Quelque part, cette situation ne devait pas être facile pour les élèves de sang-mêlé non plus, d’être pris entre deux feux, forcé de choisir sous peine d’être relégué au rang de traître. Ou alors, comme Dillawn, à se dresser contre les sang-purs pour soutenir leurs camarades, embrigadés dans des affrontements qui n’avaient pas lieu d’être. Pour tous c’était usant, Cassie vivait avec, parfois elle n’y pensait même plus et parvenait à oublier l’amertume et la colère que tout cela lui inspirait, mais elle pouvait voir ces mêmes sentiments dans les prunelles de sa camarade. « Pour me calmer les nerfs, pour le moment je n’ai rien trouvé de mieux que les méthodes moldues. Bon, évidemment, il y a les balades en balai, mais elles ne sont pas toujours possible, tu en conviendras. Alors que des moldus, j’ai adopté deux de leurs tendances : la tisane tranquillisante, on en rigole, mais ça fait vraiment effet, ainsi que les cigarettes. Ces trucs sont magiques, pas au sens propre du terme évidemment, mais tu me comprends. Et comme en plus, nous sommes des sorciers et que nous sommes mille fois plus résistants physiquement qu’eux – sans vouloir paraître méprisante, car ce n’est pas le cas – ces cigarettes n’ont pas le même effet sur nous que sur eux. Ce qui est très positif. » Un fin sourire se dessina sur les lèvres de Cassie. Son statut de sorcière, elle avait appris à le comprendre et à l’accepter, aujourd’hui il faisait entièrement partie d’elle et elle en était fière. Mais elle restait tout de même une sorcière d’origine moldue et elle ne souhaitait pas renier cette part d’elle, aussi compliquée soit-elle. Alors ça lui faisait toujours plaisir d’entendre ses camarades parler du monde moldu, l’interroger à ce sujet ou donner leurs avis sur les différences entre leurs deux mondes. Si elle adorait la magie et cette nouvelle société qui était la sienne, elle restait tout de même attachée à son ancienne vie moldue. « Même sans magie les moldus se débrouillent plutôt bien, on peut leur accorder ça. » Elle hocha pensivement la tête, laissant son sourire s’épanouir sur son visage. Ce n’était un secret pour personne que Dillawn avait beaucoup voyagé dans le monde, aussi bien moldu que sorcier, et ça lui faisait du bien de voir quelqu’un parler de la société non-magique et lui accorder de la considération. Trop de sorciers méprisaient les moldus pour de mauvaises raisons, mais ils devaient bien admettre que les moyens que les moldus avaient inventés pour remplacer ce que les sorciers faisaient grâce à la magie étaient ingénieux. Plus longs et compliqués qu’un simple coup de baguette, mais justement ça ne les rendaient que plus méritant. Là où les sorciers n’avaient pas besoin de fournir d’efforts, eux le faisait. Si les sorciers se retrouvaient brutalement privés de magie, ils seraient bien heureux de trouver des moldus pour les aider dans leurs quotidiens. Malheureusement, Cassie savait que peu partageaient cette vision des choses. Mais au moins Dillawn en faisait partie.
La rouge et or était heureuse d’avoir des élèves comme la jumelle Yeats dans sa maison. Des camarades qui ne jugeaient pas les autres sociétés, qui ne les méprisaient pas jusqu’à souhaiter leur destruction. Parfois, elle se disait que la vie devait être bien triste dans la salle commune des Serpentard, là où les élèves les plus virulents se trouvaient, là où il était difficile –voire impossible- d’afficher un avis divergent sans risquer de graves représailles. Ou dans ces familles où les idéaux étaient imposés dès la naissance et les héritiers n’avaient pas d’autre choix que d’y adhérer sous peine de tout perdre. Tout aurait été tellement plus simple si ces histoires de pureté du sang n’avaient jamais existées. Mais c’était là une vision bien naïve des choses, et Cassie avait cessé d’être naïve depuis longtemps. Dillawn aussi apparemment. « Pourtant Cassie, il va bien falloir qu’on fasse quelque chose. Qu’on agisse, au lieu de se dire qu’ils sont trop nombreux et qu’il vaut mieux garder profil bas. Je suis fatiguée de garder profil bas. Je ne peux pas rester sans rien dire, faire comme si je ne les voyais pas. Je ne peux pas passer mon chemin quand je vois ces abrutis s’en prendre à d’autres personnes, dans les couloirs même de Poudlard. Ce n’est pas dans ma nature. Le harcèlement est monstrueux, la persécution est monstrueuse. Alors que dire de ces personnes qui se pensent supérieures aux autres à cause d’une question de sang ? Que dire ces personnes qui pensent qu’ils doivent en soumettre d’autres, sous prétexte qu’ils se pensent plus puissants ? Je ne veux pas vivre dans une société régie ainsi, je ne peux pas ne rien faire en sachant qu’on laisse ces psychopathes en liberté. Je me dois de réagir. Dumbledore ne m’a pas confiée ce badge de préfète simplement pour décorer mon uniforme. Je ne peux pas, en tant que préfète, ignorer ce harcèlement constant que certains des plus jeunes subissent. Je ne peux pas, en tant qu’humaine, fermer les yeux et faire comme si je ne voyais rien. Je ne serais plus rien alors, je ne vaudrais plus rien. Il m’est impossible de concevoir que notre société sera un jour dirigée par des monstres pareils. Par Merlin, ce serait comme dire à notre humanité d’aller se faire voir ! » Un léger soupir s’échappa des lèvres de Cassie, doucement elle laissa sa tête retomber en arrière jusqu’à ce qu’elle repose sur le dossier du canapé sur lequel elle était assise. Elle ferma les paupières un instant. Dillawn avait raison, bien sûr qu’elle avait raison. Cassie partageait entièrement son avis, surtout en tant que fille de moldus. Ce qu’il se passait au sein de la communauté sorcière était inadmissible. Les discriminations étaient de plus en plus évidentes et maintenant un groupe de mages noirs n’hésitait pas à s’en prendre à ceux qu’ils jugeaient indignes de fouler le sol du monde magique. Dillawn avait raison, ils devaient réagir, avant qu’ils ne soient trop tard et que les idéaux empoisonnés d’une poignée de sorciers n’imprègnent toute leur société et qu’une marche arrière soit impossible. Ca paraissait si simple dit comme ça, presque à portée de main. Mais la rouge et or savait que la réalité était bien plus complexe. « J'ai l'impression que c'est un combat perdu d'avance Dillawn. Tu vois bien comment ça se passe dans les couloirs de l'école, comment on est traités juste à cause de quelques gouttes de sang. Les sang-pur ont le pouvoir et ils ne sont pas prêts à le partager. » Un nouveau soupir. Elle paraissait terriblement défaitiste, elle le savait, mais elle avait du mal à rester optimiste quand les regards qui se posaient sur elle dans les couloirs se faisaient de plus en plus méprisants. Elle rouvrit les yeux et se redressa, reportant son regard sur sa camarade face à elle. « Ça fait un moment que je ne me fais plus d'illusions. Ils nous mettent de côté, notre présence les dérange, eux et leurs pouvoirs préétablis. On est une menace à leurs yeux et ce ne sont pas quelques discours de paix et de tolérance qui leur feront ouvrir les yeux. Ce serait quoi la seule solution ? Se battre ? S'engouffrer dans une guerre et finir dans la même cruauté qu'eux ? » Elle frissonna en prononçant ces derniers mots, mais elle ne voyait pas comment les choses pouvaient se passer autrement. Dillawn elle-même le disait, il fallait réagir, cesser de se laisser marcher sur les pieds. Ne plus accepter ce rôle de victime que les puristes voulaient leur voir endosser. Jamais ils n’accepteraient de quitter les hautes sphères de leur société ou de partager leur pouvoir avec des sorciers qu’ils considéraient comme impurs. Les discussions ne serviraient à rien et à cause de ça, Cassie ne se faisait aucun espoir. « Tu vas peut-être me trouver lâche, mais moi tout ça, ça me fait peur. » Souffla-t-elle en baissant les yeux sur ses mains. Elle ignorait si Dillawn la jugerait sur ces mots ou non mais elle ne voyait pas de raison de jouer les braves face à sa camarade. Elle savait qu’elle ne possédait pas le courage des lions de sa maison -ou ne pensait pas le posséder- alors autant le lui avouer à voix haute. Lui montrer pourquoi les encouragements de ses camarades lui semblaient si difficiles à accepter. Parce qu’elle avait peur. De ce qu’elle avait vécu le soir de l’attaque et de ce qui se tramait dans leur société. Et que cette peur la bouffait.
Ses prunelles se posèrent un instant sur les poings serrés de Dillawn. De toute évidence le discours de la lionne avait allumé une flamme en elle. Un sourire indulgent se dessina sur les lèvres de Cassie, elle commençait à s’habituer au caractère impétueux de son amie rouge, à ses frasques et sa présence qui illuminait la pièce. Elle avait été moins souvent témoin de sa colère mais, là, elle ne pouvait que la comprendre. Sûrement aurait-elle ressentit la même si elle avait été plus impulsive et prompte à céder à la révolte. Mais ce n’était pas le cas et quelque part elle était soulagée de voir que d’autres étaient prêt à le faire à sa place. Dillawn aurait pu choisir la solution de facilité, avec ses parents sorciers elle avait moins de soucis à se faire, surtout qu’elle avait assez de caractère pour ne pas être prise comme cible par les puristes. Mais elle n’avait pas choisie la voie la plus simple, elle avait choisi la plus juste, ce qui réchauffait le cœur de Cassie. Si ses camarades se dressaient aux côtés des nés-moldus pour réclamer la fin de ces discriminations inutiles, alors peut être que tout n’était pas déjà perdu. Perdue dans ses pensée, la rouge et or ne vit pas tout de suite que son amie affichait un air contrit. « Désolée. Je n’aurais pas dû m’emporter ainsi. C’était ridicule de ma part. » Cassie secoua la tête. Elle voulut lui dire qu’elle avait tort, que son indignation et son soutient ne serait jamais de trop, mais déjà Dillawn se relevait, prête à partir. « Je devrais sûrement te laisser, j’en ai trop fait pour ce soir. » Les sourcils de la jeune Standford se froncèrent l’espace d’une seconde. La flamme qu’elle avait pu apercevoir en Dillawn s’était éteinte bien vite et ça l’inquiéta brutalement. Elle était habituée à côtoyer une lionne pleine de vie, quelqu’un qui ne mâchait pas ses mots et n’avait pas peur de rire trop fort. Mais elle n’était pas habituée à la voir si posée, presque découragée. Son cœur se serra et elle eut l’impression que quelque chose n’allait pas. Avant que Dillawn ne puisse s’éloigner, elle se redressa à son tour et quitta le confort de son canapé pour attraper doucement le poignet de la jeune femme avant qu’elle ne soit hors de sa portée. « Dillawn, attends. » Elle la regarda un instant en silence. Elle se sentait bête tout d’un coup et elle ne savait plus vraiment quoi dire, mais la préfète avait toujours été là pour ses camarades, elle l’avait soutenue et encouragée de nombreuses fois même si elle ignorait qu’elle déclenchait toujours un certain malaise chez Cassie à force de lui parler de sa place chez les Gryffondors. Il était temps qu’elle lui retourne la pareille. « Tu es toujours en train de t'occuper de nous, mais toi... Qui s'occupe de toi ? » Souffla-t-elle doucement. Elle savait que Dillawna avait un frère jumeau chez les Serdaigle, mais elle savait à quel point il pouvait être difficile de montrer ses fissures aux membres de sa famille. Elle porta sur son ami un regard légèrement inquiet, consciente que les rôles venaient de s’échanger. D’habitude c’était Dillawn qui se faisait du souci pour les autres et qui se chargeait de leur remonter le moral. Mais si c’était son rôle auprès des autres, qui le faisait pour elle. Elle ne pouvait pas être tout le temps joyeuse, surtout avec les épreuves qu’ils venaient de vivre et les ombres qui se profilaient à l’horizon. « Tu vas bien ? Tu peux me parler tu sais.» Lui lança-t-elle d’une voix qu’elle voulut sûre et rassurante. Cassie se sentit brusquement toute petite aux côtés de son amie, elle n’avait que peu endossé ce rôle de soutien et elle ignorait si elle serait à la hauteur, mais pour Dillawn elle était prête à essayer.