Une fois de plus, Cassiopée était victime d’insomnie. Impossible pour elle de trouver le sommeil, encore aurait-il fallu qu’elle ait seulement l’envie de le chercher. Le château était méconnaissable une fois la tombée de la nuit et la verte et argent appréciait l’atmosphère calme et paisible qui y régnait après le couvre-feu. Tout était alors propice à la réflexion en solitaire. Cass’ s’était faufilée rapidement hors de son dortoir ce soir là. Il n’avait fallu que quelques minutes à la jeune sorcière pour se rendre à l’évidence, elle aurait beau se tourner et se retourner dans son lit, elle ne pourrait une fois encore pas retrouver Morphée avant le petit matin. Elle avait tout de même pris bien soin d’attendre que tout le monde s’endorme dans la chambre avant de rejoindre la salle commune car elle savait que ses balades nocturnes n’étaient guerre appréciées par ses camarades. Il est vrai qu’elle avait déjà fait perdre un bon nombre de points à sa maison à cause de ses différentes frasques mais elle était persuadée que c’était tout à fait rattrapable. De toute façon il était impossible pour elle de tenir des nuits entières sans bouger, bien sagement dans son lit à attendre que le sommeil la gagne enfin. Aujourd’hui cependant, elle allait peut-être s’en tenir à la salle commune. Le temps était trop instable, tout comme la situation, pour que Cassie’ se risque à aller dans le parc, la forêt et encore moins à Pré-au-lard aujourd’hui. Elle prévoyait en revanche de faire un petit tour dans la salle de bain des préfets après avoir lu quelques articles sur la famille Avery. C’était un des rares endroits du chatêau dans lesquels elle ne s’était jamais rendue, sans doute pour ne pas avoir de mauvaise surprise. Oui les préfets ne faisaient à coup sur pas partie des personnes dont Cassiopée aurait aimé connaître l’anatomie. Cass les voyait comme des fils à papa coincés, en plus ils étaient représentatifs de tout ce que la jeune sorcière détestait, l’ordre, les règles, l’autorité… Ca les rendait d’autant plus inintéressants à ses yeux mais au vu de l’heure tardive, il y avait très peu de risques d’en croiser. Un bon bain lui ferait certainement du bien et l’aiderait à y voir plus clair. Vêtue d’une robe de chambre en satin noir aux armoireries de Serpentard, Cassiopée s’allongea sur le grand canapé noir qui trônait devant la cheminée. Elle sortit de son sac les différents articles et entreprit de les éplucher tout en prenant note des détails qui pourraient faire avancer son enquête. La verte et argent leva les yeux lorsque des bruits de pas vinrent se mêler au son de crépitement du feu. Elle fourra rapidement tous les documents dans son sac avant de fixer la grande porte en bois qui s’ouvrit en grinçant. Une silhouette d’homme se faufila sans bruit dans la salle commune et s’approcha lentement. Lorsque la lueur du feu éclaira enfin le visage du jeune homme, Cassiopée ne put s’empêcher de lui lancer un regard noir. Alaric Eisenberg, il avait fallu que sur tous les serpentards, ce soit lui qui se trouve face à elle. Ce n’était un secret pour personne, entre eux c’était loin d’être l’amour fou. Pourtant fut un temps ils s’entendaient bien et pour cause ils ont toujours eu un certain nombre de points en commun. Ils ont bénéficié tout deux d’une certaine éducation et souhaitaient rendre fiers leurs parents. Leur ambition, leur intelligence ainsi que leur sens de la répartie ont certainement participé à leur bonne entente de l’époque. Désormais, leur différence avait pris le dessus. Ils avaient grandi et s’étaient éloignés presque aussi naturellement qu’ils s’étaient rapprochés, au vu de l’évolution de leur caractère et de leurs objectifs respectifs. Alaric n’avait pas foncièrement changé, en revanche la petite fille sage, studieuse, polie et avide d’amour, obnubilée par le but de rendre fier sa famille était bien loin aujourd’hui. Cassi’ était devenue une jeune femme téméraire, cynique, beaucoup trop rebelle, qui n’avait foi qu’en elle-même. Cependant malgré l’exaspération flagrante qu’ils éprouvaient l’un envers l’autre, ils ne pouvaient s’empêcher de se parler. Il ne s’agissait pas de discussions de bonne courtoisie évidemment, les deux verts et argent se lançaient constamment des piques,c’était physique, ils s’agaçaient tellement qu’il était inenvisageable pour eux de s’ignorer.
- Alaric...
Cassiopée se redressa et se dirigea lentement vers son camarade tout en continuant de le fixer avec son sourire le plus hypocrite.
-Que me vaut cet honneur?
C'était ironique bien évidemment, Cassiopée se serait bien passée de sa présence. Elle aurait pu ainsi continuer ses recherches, mais c'était une trop belle occasion de faire enrager son ancien acolyte. Qu'est-ce que Sir Eisenberg pouvait-il bien faire hors de son dortoir à une heure pareille?