La porte s’ouvrit brusquement et Michael, Jason et Zachary déboulèrent dans la chambre en hurlant « On a gagné ! On a gagné ! » Ils se mirent à sauter, chanter, rapidement suivis par Devon qui comme à son habitude restait toujours en retrait. Caleb leva les yeux de son livre d’histoire et lâcha un long soupir. « Vous ne pouvez pas aller fêter votre victoire ailleurs ? Je bosse moi ! » « Mais on a gagné petit frère ! » Continua d’hurler Jason en sautillant partout. Caleb quitta son bureau et se rendit auprès de son père qui était assis dans son fauteuil lisant le journal. « Papa, tu peux dire aux garçons que je suis en train de réviser et d’aller crier ailleurs. » Comme d’habitude, Caleb demandait et Caleb obtenait. Son père lâcha son journal et ordonna à ses fils aînés d’aller jouer dehors. Ces derniers s’exécutèrent en lançant un regard noir à leur cadet. Satisfait Caleb retourna dans sa chambre à sa lecture. Assise sur son lit, il sentit le regard de Jamie-Hope se poser sur lui. « Qu’est qui a Jamie ? » « Comment fais-tu ? » « Comment je fais quoi ? » « Pour qu’il t’adore à ce point. » Caleb haussa les épaules. « Laisses tomber Jamie. » Elle resta silencieuse, pensive. Caleb savait à quoi elle pensait. Elle ne cessait de se demander pourquoi leur père ne l’aimait pas. Pour Caleb la réponse était simple, leur père n’était rien d’autre qu’un débile. Il avait beau être son préféré et réussir à obtenir toutes ses faveurs, il ne l’aimait pas pour autant. Et voir sa sœur dans un tel état à cause d’une personne si insignifiante le mettait hors de lui. Il posa son livre et s’assit à côté de sa jumelle. « Jamie, arrêtes de te tracasser pour lui. C’est un con et il est encore plus con de ne pas t’aimer. Et tu sais pourquoi ? » Elle répondit négativement d’un signe de tête. « Parce que tu es géniale, mais il est bien trop bête pour s’en rendre compte. » Sur ces mots il enlaça tendrement sa sœur. Elle était tout pour lui. Sa meilleure amie, sa confidente, sa protégée et il ne laisserait rien ni personne lui faire du mal. Jamais.

L’appartement des Delaney était incroyablement sinistre ce jour-là. D’habitude si bruyant, il n’y avait aujourd’hui aucun bruit. Pas un rire, pas un cri, pas même un mot. Rassemblés dans le petit salon les membres de la famille était silencieux. Leur père Ray, assis dans son fauteuil regardait fixement la tapisserie à moitié décollée, un verre de whisky dans la main. Les enfants assis sur le canapé ou à même le sol, se tenant par la main. Caleb et Jamie-Hope ne se lâchaient pas. Il restait calme, impassible et ne laissait rien paraitre, contrairement à sa sœur qui ne cessait de sangloter et dont le visage était baigné de larmes. Il ne disait rien, mais ne souffrait pas pour autant. C’était la première fois d’ailleurs qu’il se sentait triste. Il était surtout en colère. Comme tous les Delaney ce jour-là. Il en voulait à la terre entière, à l’hôpital, aux médecins, à la banque qui n’avait pas accepté de leur faire un prêt, à son père qui n’a rien fait pour leur donner une vie meilleure, à la vie tout simplement. Comment allait-il faire sans leur mère à présent ? Elle était la seule qui arrivait à les faire rester hors de l’eau et elle était partie. Il sauta sur ses jambes se tourna vers ses frères et sa sœur. « Dans le petit parc, maintenant. » Il sortit le premier de l’appartement, descendit les escaliers sales de l’immeuble et prit le chemin qui conduisait au petit parc abandonné dans lequel ils avaient l’habitude de jouer lorsqu’ils étaient enfant. Michael, Jason, Devon, Zachary et Jamie ne tardèrent pas à arriver. « Pourquoi tu nous as fait venir ici Caleb ? » Demanda Zachary. « Parce qu’il faut qu’on s’organise. Maman n’est plus là et on ne peut pas compter sur Papa. Qu’est qu’on fait maintenant ? » « Vous, vous ne faites rien du tout. Jason et moi on s’occupe de ça. » « Et comment ? » Demanda la voix féminine de Jamie. « On a des contacts et un petit buisness à faire tourner … Ne vous inquiétez pas on trouvera. » Jamie et Caleb échangèrent un regard. Ils savaient tout deux que leurs frères allaient commettre une terrible erreur. « Vous embarquez pas dans ce genre de conneries, si c’est pour vous faire descendre ou… »Commença Jamie. « La ferme Jamie, fais ce qu’on te dit. Je suis majeur, Jason le sera bientôt. Vous restez à la maison, vous allez à l’école et vous agissez comme d’habitude d’accord ? Tout ira bien. » Caleb savait qu’il mentait mais il n’avait rien osé dire à sa sœur dont les yeux brillaient d’espoir.

Les années passèrent et rien n’allait bien. Tout allait mal au contraire. Les jumeaux avaient quatorze ans et entraient dans l’adolescence. Caleb était toujours fidèle à lui-même, calme, discipliné et studieux. Jamie elle, n’était plus l’enfant naïve et fragile qu’elle était. Le décès de leur mère l’avait fait grandir bien trop vite. Responsable, débrouillarde, elle avait pris le rôle de leur mère pendant que Michael, Jason et Zachary s’étaient tous embarqués dans leurs trafics. La seule chose qu’ils arrivaient à faire c’était s’attirer des ennuis mais ils ne ramenaient pas beaucoup d’argent à la maison. Quant à leur père … Caleb le trouvait de plus en plus pitoyable, bourré du matin jusqu’au soir il était devenue une vrai loque. Au final, Jamie et Caleb ne pouvait plus que compter sur eux même.

Des cris résonnèrent du salon sortant Caleb de sa musique. Il reconnut immédiatement la voix de sa sœur. Il se précipita dans le salon et vit la gifle s’abattre sur la joue de sa sœur. Son sang ne fit qu’un tour et il repoussa violemment le bras de son père qui s’apprêtait à refrapper Jamie. Une phrase le fit déguerpir il était toujours aussi soumis. Son père avait osé frapper Jamie pour une histoire de lettres ?! Il fallait vraiment que quelqu’un enferme ce taré. Le regard de Caleb se posa sur les lettres, il n’avait jamais vu d’insigne comme ça auparavent. Poudlard ? Qu’est ce que c’était que ça ? « J’crois que c’est des conneries Caleb… » Fit Jamie tandis qu’il lisait avec attention le contenu de la lettre. Une école de sorcellerie qui leur ouvrait ses portes… c’était incroyable. Et pourquoi eux ? Leurs frères n’avaient jamais reçu ce genre de lettres. Caleb l’avait toujours su au fond de lui que Jamie et lui étaient différents du reste de leur famille. Rien que physiquement, Jamie et lui avaient la peau métissée et les yeux clairs alors que les Delaney se caractérisaient principalement par leurs yeux foncés et leur peau noire ébène. On leur avait dit que ça arrivait, et qu’ils avaient surement pris les traits physiques d’un de leur ancêtre. Mais tout paraissait de plus en plus étrange dans la tête de Caleb… « Jamie…et si c’était vrai ? » Elle lui répondit que ce n’était pas possible, jeta les lettres à la poubelle et lui demanda de l’aide pour le repas. Mais Caleb ne l’écoutait déjà plus. Derrière la fenêtre venaient de se poser une dizaine de chouettes qui tenaient entre leurs griffes une lettre de Poudlard.

Caleb voyait la vie différemment depuis la découverte de leurs pouvoirs. Il n’avait qu’une hâte, arriver à Poudlard, connaitre le monde qui était le sien et être une nouvelle personne. Il ne voulait plus n’être que le petit dernier Delaney. Il refusait d’être vu comme il avait toujours été vu à Bristol, un gamin miséreux qui finirait voyou. Il voulait prouver à tout le monde, son père, ses frères, son quartier qu’il était bien plus que ça et qu’il valait bien mieux qu’eux tous. Pour cela il fut jurer à sa sœur de ne jamais réveler une fois à Poudlard qu’ils n’étaient pas de sang sorcier. Caleb refusait d’être à nouveau vu comme un moins que rien. Avant même d’être rentrée à Poudlard Caleb s’était renseigné sur Poudlard et le monde magique, il passait ses nuits à lire ses nouveaux manuels scolaires avide de savoir. Et enfin le jour tant attendu arriva : la rentrée scolaire. La sensation d’être si loin de chez lui, de voir des visages nouveaux, de fouler le sol de la grande salle l’excitait au plus haut point. Il avait l’impression de revivre. La répartition était le moment qu’il redoutait le plus. Alors que Jamie n’avait aucune idée de la maison dans laquelle elle serait envoyée, Caleb, lui savait. Serpentard. Il avait lu l’histoire du fondateur de la maison Salazard Serpentard et cet homme lui apparaissait comme un héros. Lorsqu’il fut appelé Caleb ne s’était jamais senti aussi impatient et à son grand bonheur il fut envoyé dans la maison des Verts. Il fut néanmoins terriblement déçu de voir sa jumelle finir chez les Gryffondor ne comprenant pas pourquoi elle n’avait pas rejoint elle aussi Serpentard.
Cinquième année que les jumeaux Delaney font leur rentrée à Poudlard. Jamie est une jeune femme à présent, radieuse, populaire et incroyablement jolie. Caleb a réussi tout ce qu’il désirait. Excellent élève, joueur de Quidditch dans l’équipe de sa maison, populaire, respecté, charismatique il n’est plus le même. Sa sœur le lui reproche d’ailleurs souvent, surtout lorsqu’il a manifesté aucun intérêt pour l’arrestation de Michael. Caleb se fiche de ses frères, il est un sorcier et il ne s’intéresse plus à la vie de ses moldus qui n’ont fait que le freiner. Il désire être le meilleur, terminer ses études et avoir un haut poste dans le monde magique. Mais ce qui l’intéresse le plus c’est la magie noire et cet homme fascinant qu’on appelle Voldemort….