Please break my heartMuscle to muscle and toe to toe, The fear has gripped me but here I go. My heart sinks as I jump up Your hand grips hand as my eyes shut ( alt-J (∆) →Breezeblocks ) La sagesse des Serdaigle est connue de tous. Cependant, certains font exception à la règle, comme cet étrange jeune homme que tout le monde connait au moins de vue. Néron Lestrange, qui déambule dans les couloirs la tête haute, avec une telle assurance qu'elle en devient presque arrogante. Fièrement, le jeune Serdaigle porte les couleurs de sa maison. Sa robe de sorcier est restée dans son dortoir, il semble vouloir profiter du beau temps en cet après midi inhabituellement ensoleillé. Du haut de ses seize ans, Néron semble bien plus âgé qu'il ne l'est en réalité. La faute à une puberté précoce lui ayant déjà donné la voir d'un homme, l’obligeant déjà à se raser consciencieusement alors que certains de ses camarades de classe soupirent encore face à leur duvet. La faute aussi à cette encre sur son corps, canevas relatant sa vie. Néron à l'image de l’empereur Romain du même nom aime attirer l'attention sur lui. On remarque sans mal un trait d'eyeliner discret mais pourtant bel et bien présent, ainsi que ces cheveux d'ébène ébouriffés. Sa grande taille lui permet de dépasser la foule d'une bonne tête, lui permet de dominer cette vermine.
Cette arrogance ne plait pas à tout le monde. Nombreux sont ceux qui derrière son dos rigolent à son passage dans les couloirs. Regardes moi cette tarlouze. Non mais t'y crois toi ? Il a honte de rien ce type. Plus rares sont ceux osant lui dire les choses en face. On ne connait que trop bien son tempérament emporté et tout le monde se souvient de cette fameuse bagarre ayant eu lieu au mois de Novembre. En plein milieu de la grande salle lors du repas du midi, le Lestrange s'est battu avec un né moldu de septième année. Un gaillard faisant facilement deux fois son poids. Pourtant, ce frêle adolescent l'as envoyé à l'infirmerie. Cette tarlouze comme on aime tant l’appeler semble perdre totalement le contrôle lors de ses crises de colère. Frappant sa victime inconsciente et au sol encore et encore, ignorant la douleur des coups. Trois garçons et un professeur ont du intervenir pour le faire lâcher. Un sortilège a du lui être lancé pour qu'il se tienne enfin tranquille. Les poings en sang, tremblant de rage le brun ne cessait de répéter que ce petit enculé de sang de bourbe l'avait bien cherché. Depuis cet incident, aucune bagarre notable n'avait eu lieu. Depuis ce jour, on évitait surtout de froisser le Lestrange, de peur de finir dans le même étant que Nolan Goodman qui en plus d'y perdre sa dignité en se faisant botter le cul par un gamin de seize ans avait eu deux côtes cassées et trois dents en moins.
Assis calmement au premier rang comme à son habitude, Néron lors du cours d'arithmancie se montre tout aussi appliqué que dans les autres matières. Aux yeux de ses professeurs, le jeune Serdaigle est un très bon élève. Un élève appliqué, un élève qui contrairement à d'autres semble réellement travailler et réviser ses cours. Ses notes prises sur du parchemin sont toujours organisées. Les pages sont numérotées, les titres des leçons écrits en rouge et soulignés avec soin. Quand l'on a manqué un cours, il vaut mieux demander ses notes au Lestrange si l'on veut être sur de rattraper la leçon correctement. Le pâle adolescent a relevé ses manches, laissant entrevoir ses tatouages. Sans un mot, il garde la tête baissée sur son parchemin lorsque MacNair décide d'interroger un élève au hasard. L'adolescent sait bien qu'il ne lui demandera rien. Tous les deux se contente de s'ignorer la plus part du temps. Comme si rien de tout ça n'était jamais arrivé. Comme s'il n'y avait jamais rien eu entre eux. Néron avait assez pleuré pour Hannibal. Désormais, il se contentait de prendre sur lui deux heures par semaine pour ne pas craquer. Deux heures enfermé dans cette petite salle de cours avec son ex amant. S'il avait su que le MacNair deviendrait son professeur, il n'aurait sans doute jamais couché avec. Seulement, il est impossible de remonter le temps. Impossible d'effacer de telles erreurs. Parfois avoir un retourneur de temps serait une chose bien commode. Passant une main dans sa tignasse ébouriffée, il esquisse un sourire moqueur en entendant la réponse de sa camarade. Complètement à côté de la plaque. Incapable de calculer correctement. Se sentant d'humeur chevaleresque voilà que le Serdaigle prends la parole sans réfléchir, ne daignant même pas regarder son professeur, préférant observer l'herbe verte du parc à travers la fenêtre située à sa gauche : « Faux, c'est 1452. »
Il n'écoute pas la réflexion d'Hannibal sur sa participation intempestive au cours. Voilà que le MacNair explique le calcul à cette classe d'abrutis. Néron profite qu'il ait le dos tourné pour l'observer. Il n'a pas énormément changé, bien que ses vêtements trop larges laissent deviner qu'il ait perdu quelques kilos depuis l'été dernier. Un autre élève semble profiter que le professeur soit occupé à écrire une formule mathématique au tableau pour envoyer une boulette de papier sur le bureau du brun. Il l'entends pouffer avec ses copains à l'arrière. Une bande de mecs de Poufsouffles ayant décidé de le faire chier jusqu'à ce qu'il craque. Dépliant le parchemin un long frisson d'effroi parcours sa colonne vertébrale. Un dessin très vulgaire est accompagné d'un petit mot tout aussi sympathique Suce boules. Si Hannibal avait été un professeur comme un autre, l'aiglon n'aurait sans doute même pas relevé se contentant de lever les yeux au ciel et de se calmer pour ne pas craquer. Il savait qu'il risquait gros si il recommençait. Que son père cette fois-ci serait sans doute moins indulgent à son égard. Mais le problème avec ce dessin, c'était que la scène semblait réaliste. Elle s'était déjà produite. Peut être pas sur un bureau comme le suggérait l’infâme gribouillis, mais sur une table de salle à manger. Se relevant d'un bond faisant face aux trois abrutis, l'adolescent attire de nouveau l'attention sur lui. Sa baguette est sortie, et il ne lui faut pas réfléchir bien longtemps avant d'envoyer les trois crétins s'encastrer dans le mur. Une magie puissante, encore mal maîtrisée, dictée par les émotions trop vives de ce jeune garçon impulsif.
Son amant le tire en arrière, pour l'empêcher de s'approcher plus des trois Poufsouffle se relevant avec difficulté, poussant leurs bureaux et leurs chaises pour se remettre debout. La sentence tombe. Collé. Voilà que pour se défendre, le brun fronçant les sourcils ouvre la bouche. Peine perdue, il comprends au regard d'Hannibal que c'est peine perdue. Le cours prends fin une demi heure plus tôt à cause de cet incident, les trois idiots devant être amenés à l'infirmerie.
XxX
Lors du diner, contrairement à son habitude le Lestrange n'est pas devant une assiette bien remplie, mais isolé en haut de la volière, assis sur les marches, une cigarette au coin des lèvres. Ses jointures sont en sang, ses mains tremblent encore. Il a du passer ses nerfs sur un mur pour ne pas risquer de frapper la première personne croisant son chemin. Les larmes ont coulé également. Colère, tristesse, amertume, rancœur. Envie de vomir et de crever, que seule la nicotine semble pouvoir calmer en cet instant. Oublier Hannibal n'avait pas été une chose facile. Deux heures en sa compagnie étaient déjà bien suffisantes. Pas besoin d'en rajouter quatre. A cette idée, il serait bien tenté de ne pas y aller. De lui dire d'aller se faire voir à Mykonos. Mais ça ne ferait qu'empirer l'état actuel des choses. Écrasant son mégot, l'adolescent essuie les traînées de maquillage noir sur ses joues pâles et récupère son sac de cours. Comme un condamné qui se rends à l’échafaud, le voilà marchant d'un pas lourd vers le sixième étage, vers la salle de classe d'arithmancie. L'adolescent se demande bien ce que son ancien partenaire de sauterie va lui faire faire. Sans doute des lignes, comme tous les autres, ou peut être un devoir supplémentaire. A vrai dire, c'est plutôt ce que va lui dire Hannibal qui effraie le bleu et bronze. Depuis leur rupture, les deux anciens amants ne se sont pas vraiment adresser la parole, autrement que dans le cadre très formel du cours d'arithmancie. S'ignorant bien souvent, l'un et l'autre semble se contenter de faire comme si l'autre n'était pas là, comme si l'autre n'existait pas.
The romance of our assassination If you're Bonnie, I'll be your Clyde But the grass is greener here And I can see all of your snakes You wear your ruins well Please run away with me to hell Δ MANSON
Couloirs sans fins aux souvenirs incertains. Ombres furtives dans les tableaux, rires lointains de fantômes. Les adolescents qui se pressent dans les escaliers, vêtus de leurs uniformes, verts, bleu, rouge ou jaune. Rien ne change. Il les voit parfois, l’orage dans les yeux, les disputes qui éclatent, les sortilèges qui volent. Il s’en amuse, le fourbe, toujours à attendre un peu trop longtemps que la bagarre se déroule. Le dernier moment avant d’intervenir, un faux air colérique sur les lèvres, les points qui s’envolent des sabliers. Hannibal use, Hannibal abuse de ses pouvoirs. C’est étrange de revenir ici, après des années passées ailleurs. L’oiseau envolé de son nid qui vient de nouveau s’y lover. Il ne pensait pas qu’il reviendrait. Il ne pensait pas qu’on le laisserait devenir professeur, lui entre tous les autres. Le fouteur de merde au nom douteux. Les rumeurs qui vont bon train sur la famille, la moitié des gens qu’il croise suspecte qu’il porte une sale marque sur son bras. Et pourtant, envers et contre tous, MacNair est revenu, armé de son sourire arrogant, de son éternel mépris et son bras vierge de tout tatouage suspect. On lui confie même des gamins, pauvres têtes vides à instruire. Assis à sa chaise, la mine patibulaire comme à son habitude, il attend que lesdits imbéciles rentrent dans la salle, il se surprend à se demander pourquoi il a bien pu accepter cet ingrat métier. Certes, c’est temporaire, certes ça paye un peu mieux. Mais le voilà à vivre reclus avec des centaines de gamins, loin de tout ce qu’il aime de la capitale. Et surtout, le voilà, lui. Hannibal réprime une brusque envie de bouger. Surtout ne pas montrer qu’il est affecté. Néron vient d’entrer dans la salle, trainant son habituelle pâleur et son maquillage sombre, pour aller s’installer à son habituel premier rang. Quelle bande de lèches bottes ces putains de bleus. Lui, se rappelait toujours se coller au fond de la salle avec sa bande de langues fourchues. Dans un sens, il était plus proche de lui qu’il ne le voudrait, de l’autre, cela lui permettait de fixer le fond de la classe et éviter de l’avoir dans son champs de vision. Ça rendait leur jeu plus facile. Le spectacle de l’ignorance, des masques qu’il a appris à porter depuis l’enfance. Prétendre ne pas voir sa mère qui n’a jamais voulu daigner le regarder. Il a l’habitude, il est entrainé. Oublier son existence en entier. Oublier l’erreur passée. C’est de sa faute, la rancœur acide dans sa gorge. Néron aurait dû donner son âge, lui dire qu’il n’était même pas majeur, il aurait lui dire avant, pas attendre le dernier moment. Juste quelque temps avant la rentrée, lui aurait-il dit s’il n’allait pas devenir professeur ? Responsabilité rejetée, il ne devrait pas avoir à demander, il ne l’aurait pas touché s’il avait su. Les phrases qu’il se répète sans fin, les souvenirs qu’il enfouit au fond de son esprit. Il les enferme dans des petites boites, qu’il doit tenter oublier, les bons comme les mauvais. Il construit des murs autour, des chaines cadenassés, petit à petit et Néron vient les détruire trop vite. Pourquoi a-t-il fallu qu’il soit dans son putain de cours ? Hannibal avait bien nourrit l’espoir de pouvoir lui coller des notes de merde, ce qui à terme l’empêcherait de suivre la matière. Seulement voilà, il n’aime pas l’admettre mais le petit con est doué. Il avait beau cherché l’erreur, elle n’y était que trop rarement. Toute la beauté de l’arithmancie réside dans sa faible marge d’erreur qu’elle autorisait. Si seulement il enseignait une matière autrement plus chiante où l’interprétation pouvait varier grandement. Divination, astronomie ou autre connerie. Soupir intérieur alors qu’il toise la bande d’idiots devant lui. Le cours qui commence, une partie n’écoute même plus, Hannibal s’en fiche, tant qu’ils ne font pas trop de bruits, ils se colleront des sales notes au final. Les questions qu’ils posent de temps en temps, l’humiliation de l’incompétent. Il prétend interroger aléatoirement, mais c’est faux, évidemment. Jamais, il ne se risque vers l’ancien amant. Il répondrait correctement, ce ne serait pas amusant. Il se dit qu’à force de se le répéter, il finirait par y croire réellement. Pimbêche choisie au hasard, question facile en plus, poison aiguë de la honte. Les bras croisés, léger sourire suffisant, le professeur attend. La bêtise finit par sortir de la bouche, il ouvre la sienne pour la corriger, servir son habituel commentaire pernicieux sur un ton nonchalant. Mais le voilà qu’il est interrompu par l’oublié de sa classe qui s’est empressé de corriger sa camarade moins doué que lui. Hannibal déteste être interrompu de la sorte, surtout par lui. « Comme c’est adorable de votre part de nous rappeler votre présence dans ce cours, Monsieur Lestrange, mais il ne me semble pas vous avoir appelé. » Le ton est aussi froid qu’à l’habitude, mais le cœur n’y est pas. Monsieur Lestrange. Ça se déforme dans sa gorge, la fausseté qui résonne encore dans son esprit. L’homme chasse les pensées indiscrètes et retourne à son cours. Les formules qui se tracent sur le tableau, il se noie dans sa matière. Il est tiré de son monde magique pleins de chiffres par quelques ricanements dans son dos, il a à peine le temps de se retourner qu’un jet de lumière file devant ses yeux et percutent quelques abrutis qui vont s’encastrer dans le mur. Absolument hilarant, il aurait bien félicité l’auteur s’il avait pu. Seulement voilà, c’était encore Lestrange. Comme s’il n’avait pas assez foutu de la merde dans sa putain de vie, il faut toujours qu’il en rajoute. Quelques regards se sont posés sur sa personne, attendent qu’il intervienne, qu’il répare les dégâts, pourquoi toujours lui. Il s’approche du garçon fautif, l’empêche d’aller casser d’avantage la gueule des petits cons qui peinent encore à se relever. Mécaniquement les mots qui se lâchent. Retenue. Ce soir, même salle. Il est déjà trop tard lorsqu’Hannibal se rend compte de l’erreur qui vient d’être faite. La sentence est déjà tombée et il ne peut plus la retirer. Des heures de plus avec le Lestrange, seul dans une classe isolée. Vite, le regard cherche l’échappatoire, les blaireaux en train d’être portés dans l’infirmerie, collés aussi. Mais non, pas de preuves, encore moins l’envie de les supporter. Tant pis, il devrait y réfléchir un peu plus avant d’agir la prochaine fois. Regard noir qui se perd vers les élèves qui sortent, maintenant que le cours a pris fin plus tôt. Hannibal retourne à sa chaise, soupirs enfin relâchés, repos bien mérité. Il essaie de ne pas penser au calvaire qui va arriver. Et pourtant, les horloges tournent trop vite, les sourires se fanent. Reclus dans sa salle au sixième étage, il tente de corriger quelques copies sans vraiment de succès, l’œil distrait qui se ramène sans cesse à la porte. Quelqu’un toque, c’est lui. Hannibal fait semblant de se replonger dans son immense travail, tout en l’invitant à entrer. Lestrange entre, trainant la même carcasse trop maigre qu’il a tant voulu brisé. Hannibal ne relève pas les yeux tout de suite, prétend être encore un peu absorbé. Lorsque sa tête se lève enfin, Néron est déjà assis, parchemin et encre sortis, tout armé de son arrogance. Hannibal ne répond pas sur le coup, prend son temps pour le toiser. Ni l’un ni l’autre n’est confortable dans cette situation. Chacun aimerait retourner dans leur coin, le cocon rassurant l’ignorance mutuelle, effacer les erreurs qui les ronge. Durant toute l’histoire, Hannibal n’avait même pas prévu ce qu’il allait vraiment lui faire faire, trop préoccupé à tenter de se rappeler quel autre professeur aurait pu présider cette retenue à sa place, sans trop de succès, puisqu’il se retrouvait là. « Pourquoi n’as-tu pas attendu la fin de mon cours pour te venger ? Tu n’aurais pas eu à atterrir ici. Il restait trente minutes de cours. » L’homme se lève de sa chaise, approche de l’agneau gêné sur sa chaise. Attirance malsaine, il ne devrait pas s’approcher autant, il ne devrait pas le regardé de la sorte, il ne devrait pas poser ses questions inappropriées. « T’essayai d’attirer mon attention ? Je te manque peut-être ? » Une rage qui monte dans les entrailles. Le gamin arrive toujours à le faire sortir des limites qu’il tente vainement de se fixer. Des milliers de choses sales envahissent son esprit, barrage défoncé, l’inondation arrive. Il ferme les yeux, tente de reprendre ses esprits. « Tu me fais perdre mon temps, Néron. » Le prénom qui ressort, vieille habitude douteuse. Beaucoup plus personnel que ses habituels Lestrange froids. Pourtant, c’est faux. Hannibal s’ennuie un peu trop à Poudlard, bien plus qu’il ne l’admettrait à quiconque et cette retenue s’avère déjà plus intéressante que son train train quotidien qui ronge son esprit. « Mais je t’en prie, tu as d’autres idées de punitions intéressantes que tu pourrais faire encore ? » Hannibal retrouve son habituel sourire mauvais, tandis qu’il se tient juste devant le bureau de son élève, bafouant l’accord tacite qui s’était glissé entre eux sur le respect d’un certain espace personnel.
Please break my heartMuscle to muscle and toe to toe, The fear has gripped me but here I go. My heart sinks as I jump up Your hand grips hand as my eyes shut ( alt-J (∆) →Breezeblocks ) Si la personne face à lui n'avait pas été son ex amant, Néron aurait sans doute déjà perdu son sang-froid. Le visage pâle et émacié du Lestrange s'efforçait de rester de marbre face aux réflexions de l'homme face à lui. Bordel de merde, bien entendu qu'il lui manquait. Tous les jours ou presque, il avait une pensée pour lui et son cœur d'adolescent encore amoureux se serrait de manière amère dans sa poitrine. Il avait d'ailleurs gardé une photo de l'été dernier, tous les deux bras dessus bras dessous sur un banc dans un parc moldu de Londres, là où personne ne pouvait les reconnaître. Un parc moldu, loin des sorciers, loin des préjugés, loin des ragots et des rumeurs. Tous les deux sont là à sourire comme deux idiots et à rire. Un joli petit couple en apparence. Il n'avait pas non plus réussi à se résoudre à jeter un gilet qu'Hannibal lui avait un soir prêté, afin qu'il puisse rentrer sous la pluie battante sans risquer d'attraper un mauvais rhume. Ces deux ultimes souvenirs de leur relation passée étaient cachés au fond de sa malle sous une couche de vêtements quelconques.
Levant les yeux au ciel face à ses réflexions, l'adolescent évite pourtant de regarder directement son ancien amant, préférant laisser son regard divaguer çà et là comme si cette salle vide avait un quelconque intérêt. Des réflexions acerbes lui brûlent les lèvres. Pourtant, plutôt que de vider son sac et de l'injurier, le Serdaigle se contente de se mordiller nerveusement la lippe pour ne pas craquer. Oui, il ne restait qu'une demi-heure de cours. Oui, il aurait pu aller botter le cul de cette bande d'enfoirés dans un couloir plutôt qu'en plein cours. Pourtant... D'un geste désinvolte, voilà que le brun se met à fouiller dans sa poche d'uniforme pour en sortir un bout de parchemin froissé. L'infâme et obscène gribouillis des trois Poufsouffle. Avant de le tendre à Hannibal, l'érudit l'observe un instant, cherchant quelques paroles insolentes à glisser en même temps. « Ils n'ont aucun talent artistique. Mais ils ont quand même pris soin d'ensorceler le parchemin pour qu'on comprenne bien que tu m'encules sur ton bureau. »
Les rumeurs sur la sexualité du Lestrange vont bon train au château. Trop féminin pour être purement hétérosexuel. Peu de gens connaissent sa véritable nature, son vilain petit secret. Jusqu'à l'été dernier, Néron se pensait homosexuel. Hannibal avait été son premier amant, son premier amour. Il avait ensuite tout naturellement tenté les femmes, se rendant compte que finalement, c'était loin d'être désagréable. Sa sœur Eileen était au courant de sa déviance, et connaissait l'identité de son amant. Son meilleur ami était également au courant. Il fallait ensuite ajouter Nathan O'Sullivan, barman au chaudron baveur les ayant aperçu ensemble l'été dernier. Une quatrième et ultime personne était au courant de sa sexualité, sans en savoir les détails. Shawn, un camarade qu'il avait embrassé lors d'une soirée alcoolisée chez les érudits lors du jeu de la bouteille. Le Lestrange avait feint le dégoût, avait blâmé l'alcool devant tout le monde. Seulement, il s'était ensuite confié à Shawn qui étrangement était dans la même situation que lui. Cacher ses penchants ? C'est compréhensible, surtout lorsqu'on est l'héritier d'une grande famille de sang-purs comme les Lestrange. Si ses parents l'apprenaient, il y a fort à parier qu'il n'en sortirait pas vivant. « Je pouvais pas laisser passer ça. Il fallait que je me venge, que je leur fasse comprendre que cette blague n'est pas drôle. » Si certaines personnes mal intentionnées apprenaient la nature de leur relation passée, il y a fort à parier qu'ils se retrouveraient tous les deux dans la bouse de dragon jusqu'aux oreilles. Relation homosexuelle, un professeur et son élève, un adulte et un mineur. Deux hommes de sang pur qui plus est, un scandale dont on entendrait parler pendant encore longtemps si tout ça était publiquement affiché. Sans se soucier d'une réprimande, l'arrogant Néron s'empresse de sortir une cigarette de son paquet et de l'allumer à l'aide de sa baguette. À quoi bon le cacher ? Tout le monde le savait. S'il faisait attention de ne pas fumer devant ses professeurs pour ne pas faire perdre de points à sa maison, il se fichait bien de ce qu'Hannibal pouvait penser. Après tout, c'était avec lui qu'il avait commencé à fumer de manière régulière. Aux paroles de son ancien amant, l'érudit esquisse un sourire amer. Sentir la poigne du MacNair s'emmêler dans sa longue tignasse brune lui manquait. Sentir ses dents et ses ongles marquer sa peau d'albâtre lui manquait. Son souffle éreinté contre sa nuque. Oui, il y pensait parfois lorsqu'il était seul le soir dans son lit, se rappelant avec une certaine envie à quel point leurs ébats bien que brutaux avaient été plaisants. Néron l'arrogant, Néron l'androgyne, Néron le provocateur. Voilà qu'il daigne enfin lever les yeux pour faire face au visage de son professeur. Une cigarette à la main, voilà qu'il dénoue sa cravate, ouvrant les premiers boutons de sa chemise d'uniforme pour laisser apparaître une partie de son torse malingre. « T'en as envie ? »
The romance of our assassination If you're Bonnie, I'll be your Clyde But the grass is greener here And I can see all of your snakes You wear your ruins well Please run away with me to hell Δ MANSON
Un gouffre qui s’ouvre à ses pieds. Il y contemple la grande profondeur de sa mauvaise idée. Les barrières qui tombent, écrasés sans difficulté. Les crans d’arrêt qui cèdent. Le barrage branlant des pulsions incertaines. Le masque d’indifférence fracassée, les éclats éparpillés sur la pierre froide du château, fragments irréparables. Des années perdues à s’entrainer, envoyés valsés sans état d’âme. Un putain de gamin. Ce n’est qu’un foutu gosse. Les mots qui se répètent, inlassablement. Le poing qui se serre, mais les mots qui ne suivent pas, la langue est vipère. Le poison est craché, tout le monde est contaminé. Les yeux qui cherchent l’échappatoire, mais ne trouve que le visage du jeune homme, un regard qu’il ne lui accorde pas. Il évite encore, un dernier rempart qui se dresse, mais plus pour longtemps. Alors, faute de mieux, Hannibal scrute, les mouvements, les petits changements dans ses expressions, au gré de sa voix, il tourne autour des flammes, à deux doigts de se brûler. Il voit bien, les petits mouvements de sa lèvre, les dents qui viennent s’y planter. Il se doute bien que Néron ne l’a pas oublié, fièvre de la jeunesse. Mais Hannibal l’avait marqué, des traces sur sa peau blanche, ses débordements violents, ça ne s’oublie pas facilement. Et puis, il a bien vu les quelques traces de sentiments dans ses yeux. Il aurait dû s’en débarrasser à ce moment et pourtant, ça ne s’est pas arrêté, il a commencé à s’enliser. Et parfois, il se surprend à demander ce qui serait arrivé si Néron n’avait pas eu que quinze ans. Appréhension incongrue. Ça ne pouvait pas durer. Les écueils sont trop nombreux, trop grands, inévitables. Leurs différents statuts qui s’accumulent, homme, sang pur, professeur, élève, la liste est longue. Le Serdaigle se met à fouiller dans la poche de sa robe, en retire un morceau de parchemin qu’il tend à Hannibal, accompagné de son insolence et quelques senteurs vulgaires. L’homme baisse les yeux vers le gribouillis ensorcelé aux allures obscènes des deux hommes en plein ébat sur son bureau. Blague de mauvais goût certain, des souvenirs trop réels qui reviennent, enivre ses sens. Le corps pâle entre ses doigts, à sa merci, son souffle rauque sur la nuque du garçon. Les pensées qui divaguent. Ça lui manque, à lui aussi, plus qu’il ne voudra jamais l’admettre, surtout pas à lui. Tiré de ses pensées par la voix du garçon, il se force à revenir à la réalité, à se rappeler aussi pourquoi il l’a viré. Il saisit un peu plus les motivations du garçon. Si Hannibal lui-même a finalement accepté ses déviances, il est loin de le crier sous tous les toits. Il a bien pris garde à attendre l’âge adulte, une certaine distraction de son père à la mort de son ancienne épouse quand il a pu épouser sa maitresse. Et puis on en attend certainement moins d’un MacNair que d’un Lestrange. On les craint assez pour ne pas trop les remettre en question, de peur d’y perdre d’avantage que quelques cheveux. « Tu n’as pas peur qu’ils prennent ta réaction violente pour un quelconque aveu de culpabilité ? » Les vieux dictons sont formels, il n’y que la vérité pour atteindre suffisamment la plupart pour en tirer une réaction à sa hauteur. Le ton a le don d’être un peu plus sérieux. Toujours pas lassé de son petit jeu provocateur, le jeune homme sort une de ses habituelles cigarettes avec lesquelles il avait enfumé Hannibal durant l’été. C’était toujours ce petit goût âcre à ses lèvres, une odeur particulière sur ses draps. Il se souvient lui en piquer une de temps en temps, tousser un peu parfois, en riant que c’était de la merde sa connerie. De nouveau, les barrières qui tombent, le contrôle qui échappent. Évidemment, c’est à ce moment que les yeux de Néron choisissent de cesser de fuir les siens. La cravate qu’il desserre, les premiers boutons qui sautent, la peau blanche et lisse qui se dévoile lentement. Les mots qui coulent de ses lèvres, pernicieux, le double sens évident. L’envie qui monte, se fait pressante. Hannibal ne dit rien, préfère serrer son poing, grappiller un semblant de contrôle. Putain, il n’était pas né de la dernière pluie, il était capable de ne pas sauter sur un gosse juste pour quelques provocations indécentes. Seulement voilà, son nouveau métier ne donnait pas beaucoup d’occasions pour froisser ses draps. Déjà, l’esprit se cherche des excuses. Au point où il en est, une fois de plus n’y changerait rien, n’est ce pas. Néron ne se gêne pas pour en jouer, il en a envie autant que lui. Il s’est approché maintenant, enveloppé de son nuage de fumée. L’homme déglutit, contemple la limite, la dernière qu’il n’a pas encore franchie. Elle attend à ses pieds, folle tentatrice, elle se fait impatiente, le nargue sournoisement. Rageur, l’homme saute le pas, saisit la cravate bleu et argent, anéantit le peu d’espace qui restait encore entre eux. Hannibal écrase ses lèvres sur celles de Néron, se force un passage à travers la barrière des dents. Violence assumée. L’autre main qui s’agrippe à la longue chevelure sombre, le corps qui se presse contre le sien, le pousse vers la petite table de son bureau. Baiser interrompu, son souffle qui s’est un peu perdu. « Petit con. » Grincement des dents, une certaine colère qui gronde dans le ventre, des envies malsaines qui le rongent. Ses doigts se referment autour du cou pâle, les ongles qui s’enfoncent dans la peau. « T’attendais que ça depuis le début, hein ? » Les mots sont durs, étincelle malfaisante dans les yeux sombres. Il observe sa proie se vider de l’oxygène vital, la bouche qui s’ouvre et se ferme aspire en vain. Délicieuse sensation du pouvoir ultime, sourire mauvais qui fleurit de nouveau sur ses lèvres. Et puis la main relâche sa blanche victime, le laisse respirer à nouveau. Le monstre et ses petits jeux sadiques. « Tu veux quelque chose, dis moi ? » Oublié l’âge pas assez mûr du partenaire, les circonstances parfaitement inappropriés du lieu dans lequel ils se trouvent. Hannibal se penche vers lui, chuchotement dans son oreille. « Supplies moi. » Derrière lui, les vestiges des enceintes tombées, les ruines des limites franchies.
Please break my heartMuscle to muscle and toe to toe, The fear has gripped me but here I go. My heart sinks as I jump up Your hand grips hand as my eyes shut ( alt-J (∆) →Breezeblocks ) Provoquer MacNair jusqu'à l'énerver ? Peu de choses amusaient autant Néron. Horrible gamin qui a sans doute été trop gâté, enfant roi à qui l'on a toujours tout cédé. Sous seul prétexte qu'il était un garçon et donc l'héritier de la vieille et noble famille Lestrange, on lui avait dit dès son plus jeune âge que le monde lui appartiendrait quand il serait plus grand. Et du haut de ses seize ans, le Lestrange voudrait bien voir le monde brûler à ses pieds, tout comme son homologue de l'antiquité. Mais c'est sans compter Hannibal, ayant rasé la ville. Plus question de régner seul sur le monde plongeant dans le chaos et l'anarchie, désormais l’empereur veut régner aux côtés de cet homologue. Le contant le fait frissonner, la poigne d'Hannibal dans ses longs cheveux bruns lui procure de délicieux frissons tout comme ces prémices de retrouvailles s’annonçant tout aussi brutales que leurs nuits d'amour de l'été dernier. N’importe qui d'autre aurait sans doute dit à l'érudit de fuir très vite cet homme. Que le fréquenter ne lui apporterait rien de bon et que ce genre de relation est tout sauf saine. Seulement, qui sont ils pour juger d'amour ? Lâchant un faible grognement en sentant le bois du bureau contre ses reins, l'adolescent lève les yeux vers l'adulte. Élève et Professeur. Il y a fort à parier que si quelqu'un était au courant tous les deux auraient de gros ennuis.
Esquissant un sourire torve en entendant la voix rauque du sang-pur lui ordonner de supplier, l'androgyne ne fait que s'allonger un peu plus contre le vieux bois. « Si je te dis que je t'aime toujours, tu vas encore me tabasser ? » Il avait bien essayé de l'oublier, en se jetant dans les bras de la première godiche de passage. Quand on est joueur de Quidditch, ce ne sont généralement pas les prétendantes qui manquent. Des filles très différentes les unes des autres, de simples adolescentes voulant avoir un garçon populaire à leur bras. Pourtant, il n'a pas pu se résoudre à l'oublier. Gardant jalousement un portait où tous les deux affichent un sourire radieux, caché au milieu des pages d'un vieux livre inintéressant, tout au fond de sa malle sous une pile de vieilles chaussettes. Il n'a pas non plus pu se résoudre à jeter un gilet de son ancien amant, emprunté un soir où la pluie avait surpris tout le monde à Londres. Si quelqu'un d'aussi terre à terre que l'aiglon avait gardé ces reliques d'une relation passée, c'était bel et bien qu'il espérait encore. Ils ne seraient jamais rien de plus que deux amants se retrouvant en secret. Parce que deux hommes ensemble, ce n'est pas toléré. Sans même parler de leur différence d'âge ni même de leur statut social.
The romance of our assassination If you're Bonnie, I'll be your Clyde But the grass is greener here And I can see all of your snakes You wear your ruins well Please run away with me to hell Δ MANSON
Il a le goût de l’interdit. L’odeur enivrante des erreurs passées. Le beau fruit rouge et juteux dans lequel il n’aurait jamais dû croquer. Pas même l’excuse du serpent tentateur, le vil animal qui aurait forcé la main. Il s’est empêtré tout seul dans la toile d’araignée, prisonnier parmi les fils comme le dernier des insectes abruti. Malgré les tentatives, l’esprit qui se débat, il ne fait que s’embourber encore un peu au milieu des sables mouvants, l’appréhension de suffoquer, la tête empêtrée dans les marécages. Le gamin qui n’arrange pas les choses. Il se sent pris à son propre piège, il sent les mailles du filet se resserrer, la panique grimper le long de sa gorge. Des griffes invisibles qui le retiennent au Lestrange, celles qui se plantent dans sa chair à chaque pas qu’il fait pour s’éloigner, fil invisible qui ne cesse de les rapprocher. Il ne comprend pas, ne veut pas comprendre pourquoi il ne sait s’en séparer. Pourquoi il ne peut pas oublier toutes leurs nuits volées, les baisers arrachés, les sourires échangées. Pourquoi il ne peut pas passer à autre chose, comme il l’a toujours fait, sans un regard derrière l’épaule, sans une pensée, sans un regret. C’est le temps sans doute, tout un été envolé. Ce n’est pas très long un été, surtout pour lui, pour toutes les années laissées derrière lui, mais c’est comme s’il était resté coincée au milieu de l’âge ingrat où deux mois, trois mois de relation paraissent comme une éternité. Quelque chose qui manque, un engrenage qu’a sauté, la machine qui a appris à continuer sans s’en soucier, la place qui s’est peu à peu comblée, relations éphémères, nuits sans lendemain, avant que le gamin n’arrive pour tout chambouler. Pourtant le même attrait pour ce qui fonce droit dans le mur, leur histoire qui ne mène à rien, jamais acceptée par leurs pairs sorciers, pas de fins heureuse pour les attendre, pas de lumière au fond du couloir sans fin. Condamnés à se cacher, jusque parmi les moldus, au sein de la vermine, ils n’auraient jamais tenu, trop habitués au luxe dans les manoirs respectifs qui les ont vu grandir, rongés par le dégoût inculqué envers les créatures dépourvus de magie qui les entourent. Ironie du sort. Cruel tour du destin. Voués à l’échec, la rupture moche, la fin laide auxquelles ils ne peuvent pas remédier. Hannibal serait plus acceptée en s’affichant avec sa propre sœur. Pratique presque courante au sein des grandes familles nobles, dont la pureté sanguine ne rime qu’avec leur consanguinité. Alors pourquoi, il reste planté là, dangereusement attiré, ses lèvres contre les siennes, ses doigts autour du cou, incapable de se défaire de Néron, au lieu de tourner les talons. Claquer la porte et s’enfuir, loin très loin d’ici et ne plus jamais revenir. Il n’arrive pas à mettre les doigts sur les raisons de sa chute, son doux grain de folie, la dernière barrière interdite. Le désir qui grimpe dans les entrailles, le monstre aux murmures indécents à ses oreilles, l’envie de s’approprier le gamin entre ses cuisses, l’envie de l’abîmer, le détruire encore un peu, le marquer comme sien à tout jamais, comme pour lui couper l’envie d’aller voir ailleurs. Il est jeune pourtant, si jeune, si corruptible, malléable entre ses doigts, façonné par leurs ébats. Hannibal n’imagine même pas quel influence néfaste, il a pu avoir sur sa conception des relation charnelles. Comme si le Lestrange n’était pas encore assez taré comme ça, il a fallut qu’il en rajoute une couche, il a fallut qu’il lui ajoute des vices. Fourvoyeur de jeunes âmes innocentes, monstre qu’on veut pointer du doigt. Le scandale tout chaud, prêt à éclater. Leurs réputations en ruines, à trainer dans la boue, le déshéritement assuré. La chute dont ils ne pourront se remettre. Seulement, c’est comme si sa raison s’était fait la malle, au profit de ses désirs malsains. Il trouve des airs obscènes à l’adolescent qui s’étale un peu plus sur le bureau, dévorant des yeux chaque centimètre de peau qu’il continue de dévoiler. Pourtant, il y a ses mots qui le bloque quelques instants, des mots qui tournoient un peu trop dans son esprit. Il l’aime encore. Conneries. Foutaises. Les sourcils qui se froncent, l’air qui s’assombrit, il retient le coup, pourtant, qu’il aurait voulu faire partir. Trop prévisible. Il ne veut pas lui céder une nouvelle satisfaction, celle d’avoir raison. « Cesse tes conneries, Néron. T’es qu’un gamin, tu ne connais rien à l’amour. » Lui non plus. Malgré la décennie qu’il a sur l’autre, il n’en sait rien de plus, peut-être même moins. Pourtant, il garde le silence sur son ignorance. Ses lèvres qui se collent de nouveaux aux siennes. Comme un Ta Gueule à sa manière. Un halte aux réflexions à la con, au cerveau qui s’emballe toujours pour un oui ou pour un nom. C’est bon putain, le goûts de ses lèvres, sa peau contre la sienne, ses doigts qui s’enfoncent, toujours ses gestes brusques qui le connaissent bien. Le souffle qu’il reprend, l’espace qui se crée de nouveau, sa propre robe qu’il défait et jette un peu plus loin, un simple pantalon sombre encore autour de ses hanches. Le regard qui s’attarde sur les tatouages, les anciens qu’il connaît un peu trop bien, mais surtout les nouveaux qu’il n’a pas encore eu le temps de vraiment regarder. Tandis que le projet loufoque de l’élève se faufile à ses oreilles. C’est certainement une mauvaise blague. La rage qui bouillonne pourtant, juste au cas où ce n’était pas une vaste connerie. Il connaît l’obsession pour l’encre de son amant, mais ils ont besoin de toute la discrétion qu’ils pourront grappiller. C’est comme s’il lui tendait le bâton pour ses faire battre, et au final, Hannibal, il ne sait pas résister longtemps. Drogué à la violence, y’a ce coup qui se fige dans la mâchoire, sa nouvelle ligne de poudre dans le nez. « Tu devrais peut-être songer à "Suceur de queues" entre les clavicules aussi, ça devrait faire le même effet. » L’acidité plein la bouche, même ton sec qui ne le quitte plus, la tendresse qui semble comme une inconnue. Et le gamin qui ne cesse jamais de parler, les litanies de mots qui se déversent sans fin. Pour une fois qu’il essaie d’oublier tous ces nombre, les chasser de ses pensées, enfermer ses problèmes dans une petite boite, en priant très fort pour qu’ils disparaissent de leur plein gré. « Putain, mais ferme là un peu, tu veux ? J’suis sûr que tu peux trouver mieux à faire avec ta bouche, non ? » Sourire obscène, tandis que son pouce effleure doucement la lèvre inférieure, avant de figer au milieu afin d’en forcer l’ouverture en prenant appui sur le menton. Jolie forme viciée qui lui est un peu familière. Tandis que l’autre main crochète le haut du pantalon, tirant le garçon un peu plus vers lui, hors de son piédestal en bois, pour lui préférer ses genoux sur la pierre.