Leslie ne se laissait pas souvent approcher. Il fallait, pour cela, la connaître depuis longtemps, l'avoir apprivoisée. Il fallait que la rouquine vous donne sa confiance. Sans cela, il était compliqué de venir la voir, de lui parler, d'entamer ce qui pouvait s'approcher le plus d'une conversation avec elle. Peu de personnes y parvenaient, et Leslie ne tenait pas à ce que cela change. La demoiselle aimait par dessus tout sa solitude, qu'elle trouvait apaisante et rassurante. Raison pour la-quelle elle s'isolait souvent, par envie, par plaisir, mais aussi pour travailler sans être dérangée.

Il n'y avait rien de pire qu'entendre ses camarades parler alors qu'elle souhaitait se concentrer … sur son devoir de botanique, par exemple ! Le professeur le leur avait donné voilà déjà quelques jours. Rien de bien méchant, mais le bruit sourd de la salle commune ne lui convenait pas du tout. Leslie savait qu'il serait difficile d'obtenir un réel silence. Même depuis le dortoir, il lui semblait qu'un brouhaha continuerait de résonner, venant tout droit de la salle commune. Et c'était sans parler de la bibliothèque. L'endroit était calme, bien sur, mais il y avait toujours quelques étudiants qui chuchotaient à voix plus ou moins basses. Leslie soupira. Travailler, en fin d'après midi, le vendredi, semblait être compliqué. Était-ce l'annonce du week end qui excitait ses camarades ? Leslie ne voyait pas ce que cela pouvait bien avoir de particulier – mais la jeune fille ne réfléchissait pas tout à fait comme les autres étudiants, elle le savait bien.

Toujours était-il qu'elle allait vraiment devoir faire quelque chose. Leslie soupira. Rapidement, elle ferma avec une grande précaution les deux ouvrages qu'elle avait empruntés à la bibliothèque durant la pause du midi, roula ses parchemins et nettoya avec soin l'extrémité de sa plume. Il lui suffisait de tout ranger dans son sac et de se trouver un endroit calme. Ce devrait être possible, non ? Elle ferma les yeux, se concentra. Un endroit que tout le monde fuirait, en ce moment … Le parc, bien sur. Elle soupira, et un petit sourire naquit sur ses lèvres. Elle aurait froid, certes, mais si c'était le prix à payer … La cour pavée du château devrait être à peu près tranquille. Elle monta à toute vitesse dans le dortoir, s'enveloppa dans une cape bien chaude, enfonça un bonnet bleu sur la cascade rousse que formaient ses cheveux et enroula une longue écharpe, bleu également, autour de son cou. Elle était prête.


Elle y songea en mettant les pieds dans la cour intérieur du château. Quel endroit serait tout à fait calme en ce moment et pourrait, par la même occasion, lui fournir les meilleures illustrations de l'aconit, plante sur la-quelle portait le devoir ? La réponse était tellement évidente que Leslie resta un instant choquée. Comment avait-elle fait pour ne pas y songer plus tôt ? Les serres, bien sur … C'était dangereux, forcément. Leslie devrait faire attention à elle. Mais la jeune Serdaigle possédait un bon niveau en botanique et était de nature calme. Elle n'embêterait aucune plante et ne se ferait pas manger, c'était sur … n'est-ce pas ? Rien n'était moins sur, mais qu'importe.

Leslie avait déjà poussé la porte de la serre numéro quatre dans la-quelle elle trouverait, elle le savait, un superbe aconit. Son devoir n'avait plus qu'à bien se tenir.

Et, tout à ses cours, Leslie ne s'était pas une seule seconde rendue compte qu'une ombre l'avait discrètement suivit jusque là …