Une feuille virevoltante, peinant à entraver cette course indistincte. Cette sensation dévorante de n'être plus que ça, dépendante de la volonté du vent, de la caresse licencieuse du gredin à la peau de manigances et de mensonges. La marbrure rougeoyante qui nervurait la cigarette qu'elle portait de temps à autre à ses lèvres venait jouer le rôle de preuve de la nervosité de la vert et argent. Elle n'était pas accro, elle ne l'avait jamais été, commençant à laisser la nicotine endormir son caractère nerveux et trop impulsif. Elle laissait ses pieds froisser cette herbe, interlude entre les cours et le repas, instant de liberté parce qu'elle n'avait pas besoin de franchement travailler plus qu'elle ne le faisait déjà. Mais surtout elle avait ressenti le besoin de s'aérer l'esprit suite à la dernière lettre de son père, que, comme à son habitude, elle n'avait pas ouverte devant tout le monde, la conservant précieusement toute la journée dans l'une de ses poches. C'était une vieille habitude, ce désir capricieux de ne pas s'offrir en spectacle selon les nouvelles paroles instables de son père. Elle l'avait saisi que le vieux chêne s'était transformé en saule cogneur instable et fou. Elle l'avait compris du haut de six misérables printemps où les doigts de ce père avaient harponné de leur poigne le bras fragile d'une gamine qui n'était pour rien dans le départ de sa mère, ou dans cette ressemblance obsédante qu'elle n'avait jamais cherché à cultiver, et ce pour une excellente raison : elle craignait qu'un jour il perde totalement pieds et confondent les deux âmes. Elle préférait ne pas penser aux conséquences d'une telle réalité... mais certaines s'étaient déjà tissées, traitresses rampantes qui s'étaient entrelacées à la relation qu'elle entretenait avec son père. Dès que ses prunelles acérées s'attardaient sur les courbes de sa fille, sur cette blondeur captivante et ces traits délicatement tracés par le sculpteur qu'il avait pu être en poussant un soupir d'extase entre les cuisses de sa femme, c'était une douce folie qui venait le saisir et le noyer pour mieux l'étouffer de sa haine envers tous ceux qui n'étaient pas de sang pur. Il sentait la brûlure de cette colère le dévorant pour mieux avoir envie d'enfermer sa propre fille pour la vendre à quelqu'un capable de l'empêcher de céder au même genre de déviance malsaine que sa mère.
Elle l'avait toujours perçue, devinée, ressentie telle la lame d'un couteau prêt à lacérer sa chair, collée contre sa peau à la manière d'une fourbe menace désastreuse. Et il ne perdait jamais un instant pour déverser sa folie dans la vie de sa fille, qu'il jugeait trop instable, ironie frelatée, pour ne pas se laisser contaminer par la même maladie qui avait fait de sa mère une chienne. Il lui avait redit, que si l'envie de ressembler à sa mère lui prenait elle implorerait la mort et sa clémence, qu'il la surveillait de leur demeure, et que bientôt, tout comme son frère était en train de le faire en se laissant porter par le destin d'une union, elle vanterait les valeurs que lui-même avait décidé de prôner depuis des années... cette supériorité malade des sangs purs qu'Augustine ne faisait que vomir. Elle n'était pas assez malléable pour se laisser manipuler par le discours dérangé de son paternel, mais son frère... si. Et c'était bien ce qui l'ennuyait... alors qu'elle continuait à tourner sur le sol, sans réellement regarder où elle se trouvait, où elle se rendait, et comment la course du temps refusait de s'interrompre pour la laisser ruminer ces faits. L'histoire de devoir se marier à un autre sang pur était devenue presque banale entre eux, mais il semblait peiner à trouver l'être parfait pour la mater, comme il le disait si bien. Mais la jument n'était pas prête à courber l'échine et laisser un cavalier la tenir fermement par les reines et la monter à sa guise.
"Tu comptes venir manger, ou tu préfères continuer à creuser une tranchée ?" la fit sursauter une voix trop familière, celle de cet ami dans les bras duquel elle aimait se lover quotidiennement, comme si, ainsi, elle retrouvait ce cocon brisé depuis des années. "J'ai pas faim." déclara-t-elle en continuant sa marche. "Déjà que t'es maigre, tu vas finir par ressembler à un squelette. Et les autres vont comprendre qu'il se passe quelque chose." "Parfait, comme ça il arrêtera de me seriner avec ses histoires de mariage, de moldus pire que la maladie..." "C'est pas un peu ce que tu penses déjà ?" Cessant sa marche intempestive, deux billes d'azur se portèrent dans sa direction, assombries par une tempête glaciale. Inspirant une dernière gorgée de fumée tellement moldue... la contradiction personnifiée qu'était Auggie en vint à mettre le feu à la lettre, la laissant retomber dans l'herbe à l'état de cendre, avant d’écraser la pyromane improvisée d'un geste indifférent. "Rentrons." déversa-t-elle en s'emparant du bras de son ami, rebroussant chemin jusqu'au château. Il était encore temps de prendre un repas, mais lorsque dans le hall, son regard croisa la silhouette d'Olivier, elle rejeta l'idée de capituler pour quelques bouchées salvatrices, délaissant le bras pour le rejoindre, saisir sa main et l'entraîner un peu plus loin d'une attitude ferme et catégorique. Il n'avait pas vraiment son mot à dire, même s'il l'aurait eu à tout instant, connaissant la silhouette chétive de la donzelle. Mais ils avaient un point commun, sans être amis, on pouvait au moins les qualifier de complices. "Comment va Zek ?" laissa-t-elle filer, une moue agacée narguant ses lèvres cramoisies.
Les secrets de famille avaient le don de faire travailler de manière très sérieusement son imagination. Cela dit, la plupart du temps, en s'imaginant ce qu'il y avait derrière l'un de ces secrets, le cerveau, l'esprit, pour une raison assez logique, avait tendance à imaginer quelque chose de glorieux. Oui, l'esprit préférait écarter toute les histoires sordides et noires qui pourraient entacher à la belle image que l'on avait de sa famille. Enfin, ça dépendait des personnes, car dans certaines familles, pourries jusqu'à la moelle, c'est justement ce genre d'histoires qui font la gloire de la famille. Il arrivait que l'on craigne que le secret en question renferme justement quelque chose de sombre, et dans ce cas là on préférait de loin ne pas savoir. La famille Leblanc ne dérogeait pas à la règle, des secrets de famille, elle en avait, mais son secret le mieux gardé, celui que bon nombre d'historiens de la magie ont essayés en vain de théoriser, c'est la raison qui avait décidé cette vieille famille à renoncer au pouvoir. Car oui, autrefois, les Leblanc étaient très influents en France, après avoir grandement contribué à la Révolution des Sorciers en 1789, pendant près de 60 ans derrière le pouvoir en place, il y avait leur signature. Jouant de leur influence comme ils savaient si bien le faire, ils touchaient eux-même au pouvoir sans être directement affecté par ses inconvénients. Pourquoi alors les Leblanc qui avaient une position plus que privilégiée, se sont-ils décidés à renoncer à leur influence, à leur pouvoir? Bien des gens en France se sont posés la question, théorisant des hypothèses sans cesse démenties et de toute manière trop peu crédible pour en affecter la solide réputation de la famille. Seuls certains du cercle familial étaient au courant de cette raison, et depuis des années, cette question trottait dans la tête d'Olivier. Quel pouvait donc bien être cette raison? Ce secret que sa famille voulait à tout prix garder? La seule chose qu'il savait, c'était qu'il s'agissait d'une division familiale, c'était la seule chose qu'on avait accepté de lui dire, la seule information qui avait été divulgué par la famille. Du coup Olivier s'imaginait bien des choses, et il se doutait que ce secret devait être bien sombre pour que la famille souhaite le conserver. En même temps, l'unité familiale passait avant tout, et si ce secret pouvait empiéter sur cette unité, il était normal qu'il reste...secret. Pendant un court moment aujourd'hui, Olivier c'était de nouveau posé la question, s'imaginant toute sorte de choses, mais sachant pertinemment qu'il était loin de la vérité. C'était parce qu'il avait eu un devoir en histoire de la magie qu'il avait repensé à tout cela. Le rapport avec le devoir? Aucun. Cela dit, ça lui avait simplement fait penser à l'histoire de sa famille.
Il avait du passer une petite heure sur son devoir, en cherchant dans les livres les informations dont il avait besoin, il trouvait tout assez facilement, et puis l'histoire ça l'intéressait, alors au final il ne vit pas trop le temps passer. D'ailleurs, Olivier considérait que c'est en apprenant du passé que l'on évitait de faire les mêmes erreurs, enfin...faut-il encore retenir et comprendre la leçon. C'était peut-être aussi pour cela que ce secret familial l'intriguait tant...car après tout...comment pouvait-on être sûr que ce qu'il c'était passé il y a plus d'un siècle n'allait pas se reproduire si la grande majorité des Leblanc l'ignoraient? Il ne comprenait pas toujours cette décision des plus anciens de ne pas en parler, ou de n'en parler qu'à ceux qu'ils jugeaient "bons". C'était relativement insultant d'ailleurs pour les autres...qu'es-ce que cela voulait signifier? Et quels étaient ces critères qui définissaient le "bon" membre de la famille? Certes Olivier acceptait ce fait, il le respectait, mais il ne pouvait s'empêcher de toujours se demander pourquoi tant de mystères, pourquoi une telle tradition, pourquoi toutes ces sécurités. Le secret était-il si terrible que cela? Ou bien cela touchait-il aussi à un héritage familial? En tout cas, en attendant, il espérait tout de même être assez "bon" pour sa grand-mère et ceux qui partageaient le secret. Parce qu'il aimerait bien le connaître ce secret, un secret qui sans l'ombre d'un doute, serait également gardé par lui même, vu qu'il était plutôt muet comme une tombe lorsqu'on lui confiait un secret...d'ailleurs peut-être n'aurait-il de toute façon pas le choix...il ne connaissait pas les dispositions prises pour forcer les personnes ayant connaissance de ce secret familial à le garder. Bref, tout ceci avait quand même pas mal déconcentré Olivier dans son devoir, même si il lui semblait qu'il l'avait bien fait. Au pire, il le reliera plus tard et corrigera ses potentielles bêtises ou rajoutera des choses. Mais pour le moment...l'heure du dîner avait sonné. Et qu'es-ce qu'il avait faim! Il en salivait d'avance...et puis en plus il en profiterait pour retrouver ses amis autour d'une bonne assiette de...de quelque chose...mais qui serait sans doute très bon! Il prit juste le temps d'aller ranger ses affaires correctement - et surtout d'aller bien les ranger - avant de quitter la salle commune pour descendre ces immenses et intriguant escaliers.
Ceci dit à peine en route pour la Grande Salle, un jeune Gryffondor qui était en 1ère année visiblement désemparé lui demanda un coup de main pour l'aider à retrouver un médaillon qu'il avait perdu. Ah mais c'est qu'il avait faim l'Olivier, une faim de loup, et il pourrait dévorer un buffle entier si il en avait l'occasion. Cela étant dit, il ne pu résister à l'envie d'aider son cadet à retrouver le médaillon. Essayant de comprendre où il avait bien pu le perdre, il refirent une bonne partie du trajet que le jeune Gryffondor avait fait...sauf que l'on ne pouvait pas dire qu'Olivier était très observateur pour ce genre de choses, même si il essayait d'y mettre du sien. Finalement, leur petite balade les ramenèrent vers la salle commune...sauf qu'Olivier remarqua que son cadet avait également une mémoire de poisson rouge...ou alors était trop fatigué pour avoir réussi à se souvenir du mot de passe. Heureusement pour ce petit, Olivier était là et lui rappela le précieux mot de passe en le prononçant. Continuant de chercher avec lui tout en regardant l'heure sur la vieille montre qu'il avait hérité de son grand-père, se demandant si il arriverait un jour à aller manger...les deux Gryffondors finirent par retrouver ce qu'ils cherchaient. Du coup le 1ère année sautant de joie remercia avec une grande vigueur Olivier pour l'avoir aider...Olivier ne souhaitant pas tellement s'attarder sur les remerciements se contenta de lui dire que c'était normal avant de filer direction la Grande Salle. Ouf, malgré le temps qu'il avait perdu, il était toujours à l'heure pour le dîner, de quoi le rassurer...enfin surtout son estomac qui ne cessait de gronder dans son ventre, réclamant ce qu'il demandait depuis un petit moment déjà: un bon repas. Olivier n'en fut que plus content d'atteindre la Grande Salle, surtout qu'il se disait qu'il avait bien mérité de bien se remplir le ventre après avoir aidé ce 1ère année...sauf qu'au moment où il salivait en imaginant ce qui allait remplir son estomac...il fut drôlement surpris de se voir embarquer sans trop savoir où. C'était Augustine, la grande sœur d'Ezekiel qui venait de l'amener il ne savait où, sans lui demander son avis, et surtout de manière énergique. Non mais non...mais pas encore! Olivier était en train de désespérer en voyant les deux immenses portes de la Grande Salle s'éloigner de lui, à mesure qu'Augustine le traînait plus loin...et avec elle son repas aussi risquait de partir. Olivier avait presque envie de crier "nooooooooooooon" et de faire son cirque pour faire comprendre à Augustine qu'il avait faim. Mais, il n'en fit rien...sauf dans sa tête. Il se laissa tirer sans trop savoir pourquoi il la laissait faire...même si il se disait qu'elle devait avoir une bonne raison. Cette dernière lui demanda alors comme allait son frère...hein? Il l'éloignait de son dîner pour lui demander comment allait Ezekiel? Olivier se demandait si c'était une blague? Qu'es-ce qu'ils avaient dans les autres familles à ne pas s'adresser la parole entre frères et soeurs? Soupirant intérieurement, Olivier décida de montrer à quel point il était légèrement exaspéré par ce genre d'attitude.
"Bonjour, je vais bien et toi?"
Oui bon, il disait ça de manière ironique vu qu'Augustine n'avait pas prit la peine de lui adresser "les formalités", ceci dit il était tout de même tard, et il aimerait bien ne pas dormir le ventre vide.
"Non mais plus sérieusement, c'est une manie entre frère et sœur de ne pas se parler...DIRECTEMENT ou bien?"
Enfin, Olivier décida néanmoins de répondre à la question.
"Et oui il va très bien si tu veux tout savoir, il est toujours aussi plein d'énergie."
Ses doigts avaient délaissé les siens dès qu'ils étaient parvenus à ce lieu plus à l'écart du reste, de cette salle et des oreilles indiscrètes. La créature fluette était indifférente à l'idée de peut-être rater l'heure du repas, n'ayant pas vraiment faim face à ses préoccupations, tandis que son ami avait finalement décidé d'aller manger, qu'elle le rejoigne ou non. Il s'emparerait de quelques morceaux de pains au pire, histoire qu'elle ne se plaigne pas plus tard si elle se découvrait une envie de manger quelque chose si elle ne paraissait pas d'ici la fin des horaires. Mais l'aînée des Rosendale se moquait de ces errances alimentaires à cette seconde, tant elle s'inquiétait des dérives de son frère. Et les mots s'évadèrent d'ailleurs, frauduleux témoins de ce qui obsédait son âme et son esprit, sa silhouette gracile, si fragile en comparaison de celle de l'adolescent lui faisant face, ne démordant pas de cette assurance qu'elle possédait pourtant, de ce caractère parfois détestable qui était le sien, divaguant telle une lave brûlante, dévorant la douceur obsédante dont elle était pourtant capable de faire preuve.
Mais aux premières paroles du gryffondor, les prunelles de la silhouette à la blondeur virginale vrillèrent en direction du plafond, comme pour le crever de leur agacement pour ce bonjour qui n'avait pas de véritable sens à cet instant, alors qu'elle s'inquiétait. Mais bien évidemment, cela faisait parti de la bienséance que de saluer l'autre, et dans toute autre circonstance sûrement se serait-elle montrée plus charmante histoire d'obtenir ce qu'elle désirait. Mais l'inquiétude avait pris le pas sur le reste, dévoilant l'impulsivité frondeuse de la jeune femme qui revint le fixer, un sourire étirant ses lèvres délicates, cet ourlet rosé rappelant ces boutons de rose d'un début de printemps embaumant de son parfum entêtant. "Bonsoir prince charmant de mon cœur, me pardonneras-tu cette irrespectueuse impolitesse de ne pas m'être inquiétée à ton sujet ?" laissa-t-elle son timbre virevolter sous un cynisme lui brûlant les lèvres, dérivant sur les écueils étourdis de sa langue acérée. A l'entendre, elle lui reprochait de ne pas avoir un ordre différent des priorités dans une conversation, en l’occurrence à cet instant précis. "Faudrait-il que je t'accorde un baiser pour me faire pardonner ?" ajouta-t-elle de ce même timbre qui se farda de l'exaspération qu'elle ressentait, sous l'impatience de savoir ce qu'il en était, ces révélations douceâtres sur ces divagations perfides et cette venelle haïssable qu'elle ne cessait de voir son frère emprunter.
Déjà il reprenait le fait que les frères et sœurs ne se parlaient pas... Mais ce n'était pas exact concernant les Rosendale, la situation s'était juste légèrement compliquée ces derniers temps, mais ils leur arrivaient de parler, d'échanger leurs opinions, de parler de leur père. Mais les désaccords étaient monnaies courantes sur ce dernier point, tant Ezekiel désirait lui plaire, tandis qu'elle-même souhaitait par-dessus tout qu'il finisse par l'oublier et qu'il ne fasse jamais de rapprochement trop probant dans l'insanité de sa folie, dans cette arène où elle ne serait plus qu'une vile traitresse. Aussi se garda-t-elle de faire la moindre réflexion à ce sujet, expiant simplement un soupir, alors qu'elle attendait que les lèvres du rouge et or ne déversent ce qu'elle désirait entendre... mais ce ne fut définitivement pas le cas. Plein d'énergie ? Plein d'énergie ! Mais qu'est-ce qu'elle en avait à faire qu'il soit plein d'énergie, il lui suffisait d'observer son frère, même de loin pour en être certaine, et elle commençait à douter de l'intelligence du garçon se tenant face à elle, pourtant il n'était pas être dépourvu d'imagination, ou tellement cancre qu'il serait incapable de comprendre le sens de la vie elle-même, ou ne serait-ce que l'intérêt de la pierre philosophale s'il la tenait au creux de sa main, dans l'incurvation de sa paume moite et suintante.
Son cœur s'agitait dans sa poitrine, venant presque s'égarer dans sa gorge sous l'envie de lui coller une gifle pour le ramener sur terre, la tête la première et les deux pieds suivants. Mais ce ne serait définitivement pas une bonne manière d'entamer une conversation... "Tu as décidé de jouer les idiots ou tant que tu n'as pas encore mangé ton cerveau se la joue crétin ?" Celle-ci non plus à vrai dire. "Je te parle du reste Olivier." ajouta-t-elle finalement, faisant rouler ce prénom si français entre ses lèvres, sur sa langue, comme un effort concédé à ses origines françaises, l'accent délicat de l'anglaise pure souche s'attardant sur les rives françaises de l'atlantique, sur cette Bretagne autrefois rattachée à l'Angleterre. Mais elle laissa surtout volontairement filer l'inquiétude dans ses dernières paroles, soufflant le fait que son frère ne finisse par s'égarer quelque part à des milliers de kilomètres de ses propres choix et réflexions. "De l'attitude de mon frère, de ce... mariage." poursuivait-elle, vomissant presque ce dernier mot, sous toute la considération qu'elle vouait à ces vies liées par la décision d'autres personnes. A la possibilité que celle si rancunière vis-à-vis des moldus, tremblante et chétive face à la menaçante réalité qu'elle puisse être comme sa mère, finisse également liée. Gamine ébranlée et terrifiée par de telles possibilités, mais qui laissait paraître tout autre chose, une apparence, celle d'une sang-pur que certains ne se gênaient pas pour dire qu'elle était comme les autres, prônant la suprématie des sangs purs. Non, la vérité, cette chienne écarlate, la face s'abreuvant du ciel et de ses rêves, plaçait ce doigt invisible sur ses lèvres purpurines, un sourire acerbe et cruel, car elle savait que révélée, la comédie de la rose n'aurait plus de tangible réalité. Et rares étaient les êtres à le savoir, à connaître l'opposition, cette position, cette vérité, ce qui noyait son corps, étouffait ses poumons, gouvernait son monde et son regard. Elle qui observait l'ami de son frère, celui qui en savait sans doute plus que certaines personnes parce qu'il était proche d'Ezekiel et que les murmures lui avaient sans doute fait comprendre qu'il n'y avait dans l'attitude de l'aînée qu'une vieille rancune, à défaut de cette peur impalpable qui parcourait pourtant inlassablement sa chair. "Je voulais savoir comment il allait vraiment." ponctua-t-elle avec une franchise désarmante, abandonnant le cynisme à son profit, l'une de ses mains venant chasser distraitement une mèche de cette chevelure qu'elle nouait si rarement.