Phèdre avait eu une longue journée, pleines de rebondissements comme qui dirait. Rien que dans la matinée, pendant le cours de potions. L’ingrédient du jour avait été des grosses chenilles qui sécrétaient un liquide vert fluo et malodorant. La Serdaigle avait eu envie à plusieurs reprises faire gober ces immondes petites créatures à Lorelei, qui n’arrêtait pas de faire n’importe quoi, sous prétexte qu’elle savait mieux qu’elle ! Résultat, les deux jeunes filles ont passées la plupart du cours à se beugler dessus comme des poissonnières, oubliant de faire leur potion correctement. Heureusement, grâce au talent et à l’intelligence de Phèdre (et ce en toute objectivité), elles parvinrent à terminer leur philtre sans soucis. La blonde avait ensuite sauté l’heure du déjeuner pour commencer son devoir pour le cours d’étude des moldus. Phèdre était assez partagée pour ce cours. Certes, il était très intéressant et la blonde n’arrêtait pas de sautiller sur sa chaise durant toute l’heure mais d’un autre côté, la vision des sorciers étaient parfois totalement tordue et éloignée de la réalité. La Serdaigle n’hésitait donc jamais à donner son opinion sur à peu près tous les sujets possibles, parfois avec un peu trop d’entrain. C’est peut-être pour ça que le professeur détournait la tête de temps à autre lorsque Phèdre levait la main.

Le pire de tout, c’était en début d’après-midi, lorsque Phèdre faillit arriver en retard à un cours, parce qu’elle pourchassait des 4ème année dans les couloirs. Ces petits trolls sans cervelle avaient réussis à se procurer de la mousse de fée et de la poudre de foufoufungus, aux particularités particulièrement hallucinogènes. Bien entendu, lorsque la préfète-en-chef les avait surpris dans un coin de couloir en train de ricaner bêtement, ils avaient détalés comme des lapins sachant que Phèdre ne pouvait pas leur lancer de sortilèges, parce que c’était contre le règlement. La Serdaigle avait donc dû leur courir après, perdant un poumon dans l’affaire. Lorsqu’elle sortit de son dernier cour, passablement sur les nerfs, elle éprouva la fine joie d’aller prendre un bon bain moussant. Tout en déambulant dans les couloirs, elle sortit son agenda de son sac et regarda si elle n’avait pas omis de faire une recherche ou quelque chose du genre. Elle s’étrangla quand elle vit inscrit en grand, gros et rouge « RDV professeur Berry 20h ». Il n’était certes que 17h, elle avait encore le temps mais elle allait certainement devoir engloutir son repas en deux coups de cuillère à pot et elle ne pourrait pas demander à sa petite sœur si elle avait bien mangé 5 fruits et légumes aujourd’hui !

Fermant son petit carnet, elle fila vers la tour des Serdaigle tout en se prenant en chemin son lot d’angle de couloir et d’armure qui trainait vraiment n’importe où dans ce château. Une fille passa à côté d’elle en lui disant bonjour, et Phèdre lui répondit avec un grand sourire, pouvant à peine distinguer les traits de son visage. Dans la salle commune, elle reconnut la silhouette particulière de Néron Lestrange mais elle ne put voir le regard noir que celui-ci lui lança avant qu’il ne se prenne le coin de la table basse dans le tibia, là où ça fait bien mal. La blonde ne remarqua rien du tout et fila droit vers son dortoir pour prendre des affaires de rechanges avant de filer vers la salle de bains des préfets. Dès qu’elle le pouvait, la 7ème année troquait son uniforme scolaire contre des habits moldus, généralement un jean et un long pull aux grosses mailles, au col légèrement échancré. Comme il faisait particulièrement froid ces derniers temps, elle agrémentait sa tenue d’une grosse écharpe en laine d’alpaga.

Vers 19h50, elle sortit de la Grande Salle pour se rendre au deuxième étage. Elle avait rendez-vous dans le bureau du professeur de métamorphose, qui lui avait demandé de lui parler un peu des élèves. Le professeur Berry n’enseignait la métamorphose que depuis le début de l’année scolaire. Phèdre lui avait tout de suite voué une admiration sans borne. Le professeur était une ancienne Serdaigle, ce qui était un très bon point pour elle. Et puis elle était blonde ET intelligente, il n’en fallait pas plus à la jeune fille pour tout de suite apprécier son professeur. Phèdre se rendait donc la tête haute chez son professeur et ce avant de faire sa petite ronde d’après couvre-feu. Elle n’avait pas pris la peine de vérifier son apparence dans un miroir, puisque de toute façon, elle n’aurait vu qu’une tâche floue dans la glace. Elle passa néanmoins ses doigts dans ses cheveux pour leur donner une forme à peu près respectable avant de pénétrer dans la salle de classe et se diriger vers la porte qui menait au bureau de Rose Berry. Elle frappa trois coups contre la porte et attendit poliment que la jeune femme l’autorise à entrer, ce qui ne tarda pas.

Phèdre poussa la porte délicatement et entra dans le bureau. Celui-ci était assez spacieux, bien rangé et d’un goût certain. Contre les murs, les étagères des bibliothèques débordaient de livres et Phèdre se sentit tout de suite dans son élément. Refermant la porte derrière elle, elle s’approcha du bureau professoral, se tenant droite comme un i juste à côté du fauteuil réservé pour les interlocuteurs.

- Bonsoir professeur, j’espère ne pas être en retard !

Les battements de son cœur s’étaient légèrement accélérés, bien que la situation n’ait rien de stressant. Phèdre était toujours impressionnée par ses professeurs, pour peu que la matière l’intéresse assez. Elle avait toujours peur de faire une gaffe ou d’utiliser un langage inapproprié. Certes, elle était bien loin d’être comme tous ces jeunes ignorants qui parlaient le verlan à tout bout de champ à grand renfort de « cimer » et de « je vais pisser vite taif ! ». Un sourire aux lèvres, Phèdre attendait que le professeur l’autorise à s’asseoir. Le professeur de métamorphose avait une expression bienveillante, ce qui aida la jeune Serdaigle à se détendre. De toute façon, il ne s’agissait pas d’une retenue, sa réputation ne serait pas entachée !