“I think that hate is a feeling that can only exist where there is no understanding.”
Nathan & Zephir
Une fois encore, les fêtes de fin d'année chez les Yaxley s'étaient terminées dans les larmes et les cris. À deux doigts de partager le destin d'une de ces héroïnes de tragédies grecque, Zephir naviguait en eaux troubles entre menaces de mort et mariage arrangé. Chaque manœuvre devait être effectuée avec une précision chirurgicale. Un acte inconsidéré, une parole mal pesée et c'était la fin. Qu'importe le dénouement de ces entrevues douloureuses, la jeune héritière savait qu'il lui en cuirait quoi qu'elle fasse. Cette fois-ci n'avait pas dérogé à la règle. Avec un goût prononcé pour les sorties fracassantes comme on pouvait en voir dans ces films que les moldus aimaient tant et pour lesquels elle nourrissait une obsession croissante, Zeph' avait quitté la demeure familiale dans un fracas tonitruent. Toutes ses forces avaient été engagées dans cet acte mutin. Il était hors de question de céder. Laisser à son père cette victoire ne ferait qu'alimenter le brasier de sa haine. Traîtresse à son sang, monstre répugnant, elle avait attendu de franchir les gargantuesques grilles en fer forgé délimitant le domaine pour transplaner.
Le craquement si singulier de la neige sous ses pieds illumina son visage d'une rare douceur. Sans vraiment qu'elle ne sache pourquoi, l'hiver avait toujours été sa saison préférée. Rappel inconscient d'une présence, d'un amour inconditionnel et d'une chaleur ô combien réconfortante. Une période également emprunte de nostalgie. Douloureuse évocation des années où son oncle était encore de ce monde. Phénomène éphémère voué à s'éteindre, l'extase que réveillait en elle le tapis cristallin rencontra une fin inexorable. Tandis que son regard bleu azur vint s'accrocher à la sinistre façade de l'établissement, un long soupir de résignation agita sa carcasse mordue par l'air glacial. La jeune sorcière passa donc les derniers jours qui lui restaient de vacances dans ce refuge pour sorciers qu'était Le Chaudron Baveur. Rien de plus qu'une vulgaire gargote pour l'odorat sensible de la louve. Chacune de ses visites étaient précédées d'un rituel devenu vital. Les volutes dorées formées par sa chevelure seraient rassemblées sous un capuchon tandis qu'une écharpe préalablement aspergée d'une fragrance enivrante viendrait couvrir une partie de son visage, la préservant ainsi des incommodantes effluves régnant dans l'établissement.
Si ses nuits dans les chambres de l'auberge se multipliaient avec les années, Zephir avait appris à apprécier celles-ci. Synonymes de calme et de repli sur elle-même, l'aînée des Yaxley pouvait déguster un modeste ragoût dans une salle quasiment vide. L'ambiance lugubre que prenait les lieux en aurait intimidé plus d'un, pour elle en revanche c'était un répit inespéré. Ses nombreuses sorties la menaient bien souvent en des lieux peu recommandables, se laissant porter par un instinct infaillible mais suicidaire. Alliance saugrenue et insolente, sa propension à l'adrénaline était compensée par une chance insolente. Zephir avait toujours aimé se promener dans les rues sorcières de Londres. Les nombreux mystères dont elles recelaient la fascinait, faisant systématiquement naître des envies brûlantes d'en apprendre un peu plus. Inévitablement, son attrait se portait sur les boutiques ayant trait aux potions, à la botanique ou bien aux créatures magiques. Cependant, plus récemment, une nouvelle obsession venait de prendre racine en son être. L'enchantement d'objets. Discipline complexe et obscure dont on n'enseignait que les rudiments à Poudlard. La jeune femme voyait ainsi son temps comme suspendu dans la tristement célèbre boutique de Barjow & Burk.
Ce fut lors d'une sombre fin d'après-midi, alors que les flocons tombaient en une pluie lente et gracieuse que l'incident se produisit. Ses sens canins ne laissaient pas la place au doute : on la suivait. Trois, ou peut-être quatre hommes. En prenant en compte le crissement de leurs pas sur la poudreuse Zephir put jauger de la distance la séparant de ses assaillants. Ils étaient à tout juste quelques mètres. Transportée par une soudaine montée d'adrénaline, la jeune femme pressa le pas, feintant la panique d'une frêle demoiselle en détresse avant de bifurquer dans une petite ruelle adjacente. Obnubilée par le sort qu'elle allait leur réserver, elle ne prêta aucune attention à l'homme qu'elle venait de croiser et se retourna brusquement, baguette en main, prête pour la confrontation. La scène se déroulant sous ses pâles iris teintés d'incompréhension la laissa pantoise. Quel diable avait bien pu posséder l'illustre inconnu pour que ce dernier se dresse entre la louve et les agneaux ? Le choc était tel que plus aucun son ne parvenait à se frayer un chemin jusqu'à elle, laissant Zephir dans un état proche de la léthargie. C'est avec une lenteur morbide que le sentiment de déjà-vu annexa jusqu'à la moindre parcelle de sa carcasse prête à expectorer tout son fiel.
Quand dans une dernière insulte teintée de mépris le dernier sang-pur quitta la ruelle pour rejoindre ses camarades d'infortune, Zephir sauta sur l'occasion. Telles des griffes acérées, ses phalanges vinrent s'enfoncer entre deux côtes de l'inconscient, assez fort pour le faire souffrir plusieurs jours mais pas assez pour lui casser les os. Le tout était dans la retenue. Il pouvait s'estimer heureux qu'elle arrive à un tel exploit compte tenu du courroux qui l'assaillait. Ne laissant nullement le temps à cet ersatz d'héros le temps de réagir ou encore de se retourner, l'instrument de mort entre ses doigts oblongs, elle siffla d'une voix hostile. « Pour qui tu te prends ?! On ne peut même plus se faire tranquillement agresser dans les rues de Londres maintenant... » Douce ironie suivie d'un soupir las. Tout en le contournant, sa baguette plantée dans sa chaire au touché si tendre, elle continua son accusation. « Tu m'as privé de ma distraction. Pourtant dieu seul sait combien j'avais besoin de corriger ces demeurés. Malheureusement pour toi, je ne suis pas très regardante sur la pureté du sang pour foutre une bonne raclée aux prétendus chevaliers servants. » Sur ces dernières paroles, Zephir fit enfin face à son « sauveur ». Ce visage, ces traits bien particulier et cet air de doux demeuré qu'importe la situation. Il n'y avait pas de doute possible. « Super-man. » souffla-t-elle tandis que le loup sommeillant en son sein s'éveillait dangereusement au souvenir de l'importun.
Amers lambeaux du passé laissant un goût âpre en bouche, synonymes de faiblesse et d'aigreur. La louve avait déjà eu l'occasion de le croiser depuis et sa réaction était toujours aussi violente. Le masque du dégoût prit lentement ses marques, malmenant à souhait les traits séraphins de l'héritière Yaxley. Ses iris accusateurs foudroyaient son aîné tandis qu'elle gardait sa baguette levée, ayant reculé d'un pas comme pour le toiser. Sa voix rauque vint briser le silence qui s'était abattu comme une chape de plomb sur la scène suspendue entre les flacons virevoltant au gré de la brise hivernale. « Ta faculté d'apprentissage est plus réduite que ce que j'avais imaginé. Faut-il que cette fois-ci je te châtie sur la place publique pour que tu abandonnes l'apparat du grotesque super-héros que tu sembles tant apprécier ? ». Suintante d'un mépris affiché, cette menace s'accompagna d'un sourire satisfait, étirant sa lippe dans un rictus presque malsain.
Sa revanche lui était servie sur un plateau d'argent.
Quand Nathan ouvrit les yeux, il se rendit compte qu’il faisait déjà presque nuit. Ou alors était-ce le temps du dehors qui obscurcissait déjà cette fin de journée. Il n’était pourtant que 17h30. Se retournant dans le lit, il soupira et posa son regard sur la silhouette qui lui tournait le dos. De longs cheveux bruns épars sur l’oreiller et le bruit d’une respiration lente, celle du sommeil, lui donnait encore l’envie de dormir. Il avait passé une sacrée soirée. Qui avait durée bien plus que la nuit d’ailleurs. Des bribes de souvenirs lui revenaient, lui et une grande brune sur un canapé, picolant encore du mauvais whisky alors qu’il était déjà 13h de l’après-midi. Toutes ces conneries n’étaient plus de son âge ! D’autres souvenirs bien plus agréables envahirent son esprit et il décida qu’il était temps de se tirer en douce. Bah ouais, qu’est-ce vous croyez, Nathan n’est pas du genre à préparer le café et aller chercher les croissants pour son coup d’un soir. Non mais, faut pas pousser mémé dans les orties. S’extirpant du lit, l’esprit brumeux, il ramassa ses affaires disséminées dans la pièce en essayant de faire le moins de bruit possible. La jeune femme dans le lit remua légèrement et le brun se figea, retenant sa respiration. Quand il fut certain qu’elle dormait toujours, il piocha une pomme dans la corbeille de fruits de l’entrée et s’enfuit discrètement. Il descendit les escaliers crasseux de l’immeuble du Londres sorcier et poussa un soupir d’aise, le froid du dehors achevant de la réveiller. Tout en croquant dans sa pomme, il resserra son manteau autour de ses épaules et commença à marcher au hasard des rues. Il aurait pu transplaner jusqu’au Chaudron Baveur mais il préférait profiter du calme qui régnait dans les rues de Londres pour s’aérer l’esprit.
La neige tombait doucement sur la ville, s’échouant sur les cheveux du brun qui commençaient à s’humidifier. Le crissement de la neige sous ses pas provoquait un bruit lancinant qui lui donnait un début de migraine, une sensation de froid légèrement désagréable se répandait le long de son dos et il frissonna. Il jeta son trognon de pomme dans un coin et enfonça ses mains dans les poches de son manteau, le regard rivé devant lui, sans vraiment voir ce qu’il se passait autour. L’épaisse couche de nuage gris avait quelque chose de déprimant. Nathan n’avait jamais été un grand fan de l’hiver. Parce que en hiver il fait froid et il fait nuit au beau milieu de l’après-midi. Monde cruel. Se passant une main dans les cheveux, il tourna à l’angle, dans une petite ruelle où il croisa une jeune femme blonde qui semblait pressée. Il se retourna brusquement, semblant la reconnaître. Planquée sous son capuchon, il était certain qu’elle logeait au Chaudron. Cependant, il n’eut pas le temps de se poser plus de questions qu’il tomba nez à nez avec trois hommes à l’air farouche, qui semblaient vouloir en découdre avec la jeune blonde qu’il venait de dépasser. Nathan a toujours été d’une nature impulsive et même s’il faisait cela sans vraiment réfléchir, il était toujours près, tel Zorro, à défendre la veuve et l’orphelin ! Son petit côté Captain America sans doute. Se redressant pour dominer ses adversaires de sa haute taille, il sortit sa baguette magique, sans avoir l’intention de s’en servir. Même s’ils étaient numériquement supérieurs, le brun les prenait de trois têtes et sans être une armoire à glace, il était assez fort physiquement pour leur refaire le portrait.
- Allons messieurs, n’avez-vous pas honte ? Vous attaquez à trois contre un et une demoiselle en plus.
Le gallois en profita pour mettre en évidence sa baguette magique, espérant décourager ses adversaires. Ceux-ci se renfrognèrent et les insultes fusèrent. Nathan fronça les sourcils et leur jeta un regard noir. Ce n’était pas dans sa nature d’être mauvais mais il ne fallait pas trop le faire suer non plus. Sans bouger d’un pouce, il lança un léger Incendio qui enflamma la manche d’une des hommes. Paniqué, l’agresseur tapa vigoureusement sur son bras pour éteindre la flamme, avant de relever la tête, la bouche tordue par la fureur. Tous les hommes de la ruelle brandirent leur baguette en même temps, mais aucun sortilège ne fusa. Les regards de haine s’entrechoquaient et Nathan plongea une main dans sa poche pour en sortir une fiole remplit d’un liquide verdâtre. Les trois hommes face à lui resserrèrent leur poigne sur leur baguette, mais ils semblaient hésitants. Nathan s’autorisa un sourire en coin.
- Je ne vous préviendrais pas deux fois. Ceci,dit-il en agitant la petite fiole,est une potion d’Enflure. Outre le fait que cela vous définisse parfaitement, une goutte de cette potion serait suffisante pour que votre tête fasse la taille d’une montgolfière. Alors imaginez si je vous jette tout le contenu au visage…
Bon d’accord, Nathan bluffait un peu, la potion qu’il avait réalisé n’était pas aussi puissante. Mais suffisamment pour transformer quelqu’un en tonneau. Ecumant de rage, les trois hommes abaissèrent leur baguette et tout en insultant Nathan, s’enfuirent de la ruelle. Le brun, satisfait, rangea la fiole dans la poche intérieure de son manteau alors qu’une vive douleur le prenait au niveau des côtés. Il poussa un grognement rageur et n’eut pas le temps de se retourner, que la demoiselle à qui il venait d’épargner une agression des plus virulentes, le menaçait de sa baguette, dont il sentait la pointe dure et froide contre sa gorge.
Les battements de son cœur s’accélérèrent tandis qu’il se raidissait, tentant de garder son calme. La voix froide et claquant de la blonde lui arracha un sourire crispé. Super-man hein. Il aurait dû s’en abstenir pour une fois et tracer sa route. Il plongea ses yeux marron dans le bleu pâle de la jeune femme.
- Zéphir, comment vas-tu ? Je suis presque content de te revoir. Un peu de gratitude, ça t’écorcherait la bouche n’est-ce pas ?
Il retint un soupir de soulagement lorsque les doigts acérés de la blonde quittèrent son flanc mais la douleur le piquait affreusement. Il était foutrement étonné qu’elle ne lui ait pas broyé une ou deux côtes au passage. La blonde continua de déverser son venin sans sourciller. Le gallois s’amusait presque de l’attitude de la jeune femme, toujours sur la défensive. Elle ne faisait pas tant d’histoire quand il la défendait lorsqu’elle était en première année et qu’elle se faisait malmener par les autres élèves. Il ne pensait pas qu’elle serait à ce point remplie de rancœur à son égard. Il faut dire que depuis Poudlard, les deux jeunes gens s’étaient croisés quelque fois et ce n’était pas toujours très cordial. Voire jamais, en fait. Pourtant, Nathan ne pouvait s’empêcher de ressentir de la sympathie pour la blonde. Il se souvient de la jeune fille de 14 ans, mignonne et fragile. Si depuis, elle avait bien grandit et était devenue une belle jeune femme, fragile n’était plus d’actualité.
- Voyons Yaxley, tu veux que notre petite rencontre inopinée se termine dans un bain de sang ? Je te pensais plus subtile que ça. Enfin, ça m’apprendra à être serviable, peut être que j’aurais dû laisser ces trois gars se faire démolir la tronche par ta charmante personne.
Sur la défensive, Nathan évitait de faire des mouvements trop brusques. Il ne savait pas de quoi la blonde était capable, mais il savait qu’elle était une adversaire redoutable. Si jamais ils venaient à se confronter, l’un comme l’autre en ressortirait un peu amoché. Nathan n’hésiterait pas à tabasser une fille si c’était pour sauver sa peau. Egalité des sexes oblige, non ? Il était sûr que la blonde savait à qui elle avait à faire, après tout, Nathan avait l’expérience du monde et il s’était battu plusieurs fois, avec sorcier ou moldu. Peut-être le sous estimait-elle un peu. Retrouvant un air plus doux, pour amadouer la jeune femme, il agrippait néanmoins fermement sa baguette magique. Après tout, il était encore menacé, même si la jeune femme venait de reculer d’un pas.
- Veux-tu bien baisser ta baguette ma chère, ce serait fort généreux. Un sourire railleur passa sur ses lèvres. Il aimait bien se moquer du beau parler de la sang-pure. Nous sommes des êtres civilisés, n’est-il pas ? Et puis, tu étais moins regardante lorsque je prenais ta défense du temps de Poudlard. cela semblait faire ton affaire, en fait Tes petits camarades te maltraitent encore ?
Peut-être était-il suicidaire mais la blonde ne semblait pas franchement apprécier la remarque. Nathan soutenait son regard plein d’amertume et il se surprit à se sentir blessé. Mais il n’allait certainement pas se laisser impressionner. Tout en se tenant droit comme un i pour dominer la jeune femme de sa taille, il essayait de lui montrer qu’il n’était pas une menace pour elle. Certes, il voyait bien qu’elle n’appréciait guère être défendue comme si elle une petite fille fragile. Nathan savait pertinemment qu’elle était assez grande pour se débrouiller seule.
- J’ai l’impression que tu ne comprends rien à rien, dit-il en soupirant tout en rangeant sa baguette dans sa poche, la laissant dépasser pour s’en saisir rapidement en cas de besoin. Toi ou une autre, c’est dans ma nature de m’interposer, avoua-t-il en haussant les épaules. Tu comptes t’en prendre à un homme désarmé ?
Il savait que la Yaxley avait bien trop d’honneur pour l’attaquer alors qu’il n’était pas en position de se défendre. Cela passerait pour de la lâcheté, bien pire que la fuite, aussi théâtrale pourrait-elle être. Et c’était sûrement là l’avantage du gallois. Il espérait ne pas se tromper.
“I think that hate is a feeling that can only exist where there is no understanding.”
Nathan & Zephir
La scène qui venait de se dérouler devant ses yeux ébahis relevait presque de la science-fiction. Comment un grand benêt comme lui avait pu réussir à faire fuir une bande de sang-pur aux motivations douteuses ? À croire que ces idiots n'étaient pas si déterminés que ça à lui donner une bonne leçon. Il ne faisait à présent plus aucun doute qu'elle aurait pu en deux coups de baguette s'en débarrasser tout en s'assurant l'humiliation sur leur noms. Cependant, il avait fallu qu'il la prive de cette joie. Lui et sa fâcheuse manie à vouloir s'interposer dès qu'une demoiselle était impliquée. Excès de zèle ou bien stupidité profonde. Zephir hésitait encore quand aux motivations de l'ancien gryffondor. Il faut dire que ce n'était pas la première fois qu'il osait prendre sa défense. Le sang-mêlé s'était auto-proclamé comme son sauveur, celui qui prendrait sa défense contre les sang-purs et autre petits malins rapportant les rumeurs les plus folles au sujet de l'héritière Yaxley. Si à cette époque la blonde ne pouvait que se laisser faire, enrageant en silence, aujourd'hui la donne avait changé. Il faudrait que Nathan le comprenne d'une façon ou d'une autre.
En pleine campagne pour clamer son droit à l'auto-défense, elle laissait sa marque sur le corps de Nathan, s'assurant qu'elle soit aussi douloureuse que possible. Un domaine dans lequel la jeune louve excellait à en croire les bougres qui avaient tenté de la molester, ou bien de la secourir, par le passé. Ses ongles tels des griffes acérées s'extirpèrent de sa chair tendre avec un tic d'agacement aux paroles de cet ersatz de super-héros. Il ne la connaissait pas pour oser espérer qu'elle lui serait reconnaissante. Nathan avait seulement connu la jeune et innocente petite serpentard craignant de se faire remarquer. Celle-là même qui fuyait à peine s'était-il retourné d'un de ses nombreux « sauvetages ». Même de ce temps là pas un seul « merci » n'avait franchi ses lèvres alors pourquoi se lancerait-elle dans cette hasardeuse entreprise. En cela elle rejoignait les idéaux de son paternel. Un Yaxley ne remercie jamais quiconque, il ne peut qu'être reconnaissant envers lui-même.
« Voyons Yaxley, tu veux que notre petite rencontre inopinée se termine dans un bain de sang ? Je te pensais plus subtile que ça. Enfin, ça m’apprendra à être serviable, peut être que j’aurais dû laisser ces trois gars se faire démolir la tronche par ta charmante personne. » Ce fut dans un haussement de sourcil qu'elle accueillit sa remarque. S'il était au courant des rumeurs circulant à son sujet il aurait pu en déduire que la jeune blonde au physique gracile possédait une force cachée. Celle de la bête grondant en son sein. Celle-là même qu'il venait de contrarier pour ne pas l'avoir laissé exprimer toute cette agressivité latente qui la rongeait. La pleine lune n'était que dans une semaine mais elle pouvait déjà sentir l'effet dévastateur de l'astre lunaire sur son maigre self-control. Grognement perclus, ricochant dans sa trachée, elle le laissa mourir à la frontière de ses dents serrées avant d'articuler un bref. « Tu aurais dû, oui... » Si Nathan semblait vouloir faire la paix, passer sur son acte « héroïque » qui l'avait privé d'une occasion en or de se défouler, Zephir, elle, n'était pas prête à passer l'éponge. La blonde impétueuse voulait en découdre. L'opportunité de régler ses comptes était trop belle pour qu'elle ose la laisser passer.
Ainsi, les paroles que rajouta le sorcier la firent immédiatement réagir. Sans lui laisser le temps de faire le moindre geste, elle se rapprocha de lui. L'instrument de mort à l'aspect anodin et si fragile à peine enfoncé sous sa mâchoire, elle lui souffla, se plaçant sur la pointe des pieds pour atteindre son oreille. « Parle pour toi O'Sullivan. Tu n'as donc jamais prêté attention aux rumeurs ? On raconte que je pourrais t'arracher la jugulaire en un coup de canine. Je me délecterais de ta carcasse encore fumante alors que ton sang bouillant ferait fondre la neige. » Un maigre râle inquiétant, présage sinistre de son amusement s'extirpa de sa lippe étirée en un sourire malsain. « Oh oui... Rien que l'idée m'affame ! Et quelle belle façon pour moi de me venger des humiliations à répétition que tu me faisais subir. » Sur ce dernier murmure elle se recula, le laissant méditer la question. Si pour le sorcier cette bravoure de bas étage était une façon de se faire remarquer, si c'était vraiment dans sa nature comme il le prétendait, alors Zephir n'hésiterait pas une seule seconde à le faire changer, du moins avec elle.
Tout en le défiant du regard, elle rangea sa baguette dans la manche de son blouson, unique moyen pour elle de s'assurer que l'instrument serait toujours à sa portée en cas de besoin. Sourire narquois habitant l'extrémité de sa lippe, elle le targua de ses pâles iris avant de siffler. « Un monstre de mon espèce est plus à l'aise sans baguette... » La provocation avait toujours été un jeu qui la ravissait. Depuis qu'elle s'était plus ou moins libérée de l'emprise du patriarche sur sa conscience, Zephir expérimentait jusqu'aux plus sombres aspects de l'être humain. Si elle se plaisait dans le rôle du garçon manqué sympathique mais fauteur de troubles, dans ces moments de flottement où sa vie semblait vaciller dangereusement, la jeune Yaxley se plaisait à endosser le masque de la sauvageonne. La pointe d'amusement qui avait jusque là fait scintiller l'eau cristalline de ses iris s'éteignit avant qu'elle ne souffle une dernière menace. « Que cela soit dans ta nature ou non, je te conseille de te débarrasser de cette mauvaise habitude en ma présence. J'ignore ce que tu attends de moi. Si tu espères que je vienne te lécher les amygdales pour m'avoir humiliée mais une chose est sûre : j'hésiterais pas à te démolir la prochaine fois que tu me prives de ma distraction. J'espère avoir été assez claire. » Sur ces dernières paroles elle lui tourna le dos et avança d'un pas avant qu'une idée machiavélique ne vienne traverser son esprit. Dans un mouvement d'une grâce incontrôlée elle fit volte face et d'un air faussement innocent ajouta. « Mais j'y pense... Tu as un petit frère non ? À serdaigle si je ne m'abuse. Peut-être saura-t-il mieux faire passer le message que moi... Qui sait ?! » Zephir jouait avec le feu en mêlant le benjamin de la famille O'Sullivan, elle en avait bien conscience mais s'il fallait jouer de la sorte pour obtenir son attention alors qu'il en soit ainsi.
Le temps maussade renforçait la mauvaise humeur de Nathan. Cette fille ne se prenait pas pour n’importe qui. La jeune Yaxley avait bien changée, en 5 ans. Le gallois avait bien compris qu’il ne devait pas agir n’importe comment avec la Serpentard, mais la réciproque était tout autant valable. Mais la blonde était bien trop aveuglée par la rancœur pour s’en rendre compte. Nathan n’attendait pas de la gratitude venant de sa part, il n’y en avait jamais eu et il n’y en aurait jamais. Il s’en était accommodé. Du temps de Poudlard, il avait interprété les disparitions de Zephir comme de la timidité, lorsqu’il prenait sa défense. Il était loin de se douter que la demoiselle lui en voulant pourtant, plus qu’il ne se l’imaginait. Mais son comportement, là, dans cette ruelle, ne laissait plus de doute sur les ressentiments de la blonde. Nathan ne comprenait pas pourquoi elle le prenait aussi mal. Une question de fierté, certainement. Une fierté déplacée selon lui, mais la Serpentard était si différente de lui sur bien des points, qu’il était inutile de chercher une explication.
Il sentait la baguette de Zephir frôler sa gorge et il serra les poings, gardant une expression impassible. Le côté où la blonde l’avait lacéré envoyait des pics de douleurs aigue jusqu’à son cerveau, mais il ne dit rien. Montrer une quelconque faiblesse à cette fille relèverait du suicide. Il ne savait pas quelles étaient ses intentions, si elle voulait vraiment en découdre ici et maintenant ou bien simplement le menacer en évoquant sa nature de lycanthrope. Au début, il n’avait prêté aucun sérieux à ces rumeurs, après tout c’est bien connu, les adolescents sont cruels entre eux. Et puis le brun se rendait compte que la Yaxley disparaissait une fois par mois, sans que personne ne sache où. Elle paraissait toujours plus fatiguée durant cette période, et Nathan pensait avec amusement qu’elle avait juste des règles douloureuses. Ce que la jeune fille subissait était sans doute bien moins marrant que les règles et cela avait touché quelque chose en elle et l’avait rendu acariâtre, mesquine et sauvage. Humiliation ? Le gallois fronça les sourcils, mais ne dit rien. Elle parait loin dans son délire, celle-là. C’était donc cette impression qu’elle avait toujours eu ? Quand bien même, au bout de 5 ans, il y avait prescription ! Ce n’était pas la peine de le menacer de le vider de son sang et de bouffer ses entrailles. Cette vision lui donna un sentiment de répulsion et dans sa poche, il serra du poing sa baguette, tandis que Zephir rangeait la sienne. Un monstre hein ? Il aurait plutôt dit une pétasse sans cœur, mais mieux valait qu’il garde cette réflexion pour lui. De toute manière, tant que la pleine lune était loin, la blonde ne pouvait pas décemment exécuter sa menace. Elle n’était pas Animagus, elle ne pouvait que subir sa transformation et non la contrôler. Même si elle possédait une force de brute épaisse, ce qui n’était pas négligeable.
- J’avais oublié à quel point c’était agréable d’avoir une conversation avec toi. Je vois que ton statut de monstre – le brun insista sur ce mot – t’amuse, c’est bien. Si je ne te voyais pas aussi satisfaite de toi-même, je pourrais presque avoir pitié.
Une fois de plus, Zephir se fit menaçante. C’est bien beau tout ça, mais pour le moment, ce n’était que des mots. Nathan ne les prenait certes pas à la légère, il n’était pas totalement stupide, mais si Yaxley pensait l’impressionner, elle était loin du compte.
- T’en fais pas, les gamines aigries, c’est pas mon genre. Et si tu penses que je vais me jeter à tes pieds pour implorer clémence et pardon, tu te mets le doigt dans l’œil ton altesse.
Il se surprenait à espérer qu’un jour, cette fille croise plus fort qu’elle et essuierait une bonne correction. Il n’avait certes aucune idée de ce qu’elle avait vécu mais cette insolente confiance en elle avait le don d’agacer profondément Nathan. Elle ne devait pas avoir une ribambelle d’amis à Poudlard, en admettant qu’elle se comporte ainsi avec tout le monde. Le gallois fit demi-tour lorsque la Serpentard commença à s’éloigner. Il bouillonnait intérieurement et son flanc n’était que douleur. Cette rencontre fortuite l’avait mis en rogne comme il ne l’est presque jamais. En entendant de nouveau la voix de Zephir qui se retournait, Nathan poussa un long soupir de lassitude, avant de se figer. Venait-elle de faire une menace à peine voilée sur son frère. La blonde ne savait pas dans quoi elle se lançait. La famille était quelque chose de sacrée pour Nathan, en particulier son petit frère, le petit bébé de la fratrie. En ses qualités d’aîné des trois garçons, il se faisait toujours un point d’honneur à veiller sur les autres.
Saisissant sa baguette dans sa poche, il se retourna d’un geste vif, oubliant la douleur et attrapa violemment Zephir par le col de sa veste, pointant sa baguette entre ses deux yeux. Le gallois faisait une bonne tête de plus que la blonde, mais il prenait soin de la regarder droit dans les yeux, ses yeux froids et distants qui lui donnait envie de lui coller une gifle.
- Ecoute-moi bien, tu n’as aucune idée de ce dont je suis capable, alors tu laisses mon frère en dehors de cette histoire pigé ?
Nathan relâcha la jeune fille d’un geste rageur, la baguette toujours tendue au cas où elle riposterait. Il serrait sa baguette tellement fort que le bois vibrait et quelques étincelles rouges en sortirent. Il n’avait jamais imaginé que les choses prendraient cette tournure. Il regardait Zephir intensément, ses yeux plongés directement dans les siens. Sans doute voulait-elle qu’il réagisse de cette manière, pour avoir une bonne raison de l’attaquer. Elle avait savamment réussie, et Nathan en avait ras le bol de jouer les diplomates. Sa colère se traduisait par une respiration forte et il avait le visage brûlant. Cette fille en face de lui avait beau être jolie de l’extérieur, la rancœur qu’elle gardait en elle avait finie par la ronger intérieurement et la rendre pourrie. Il ne voulait pas s’en faire une ennemie, mais tout ce qu’il éprouvait envers elle à ce moment, c’était du dédain et du mépris.
- Tu te crois forte Yaxley, et sans doute l’es-tu. Mais ne fais pas l’erreur de sous-estimer les autres. Tu m’en veux à mort, j’ai compris. Mais je trouve lamentable que l’idée de menacer mon frère de la sorte t’ait traversé l’esprit. Tu me dégoûtes.
Nathan doutait que la blonde soit réellement le monstre qu’elle voulait bien se proclamer être. Sans doute pouvait-elle se montrer sans pitié à l’égard de ses ennemis, mais le gallois pensait naïvement qu’elle ne pouvait pas s’en prendre à son frère, qui était totalement innocent. La colère de Zephir à son égard était-elle sans doute plus importante qu’il ne le pensait. Nathan restait là, en silence, la baguette pointée sur Zephir, lui jetant des regards noirs.
“I think that hate is a feeling that can only exist where there is no understanding.”
Nathan & Zephir
Si certains croyaient en des choses comme le destin ou bien les coïncidences, Zephir, par la force des choses, était bien loin d'y adhérer. Plutôt que de se laisser endormir par des discours de la sorte, elle préférait penser dur comme fer que tout arrivait dans un but bien précis. Cette rencontre n'était donc pas le fruit du hasard ou même un signe du destin. La jeune louve préférait y voir une opportunité pour prendre sa revanche. Le gallois allait subir le courroux que cette année d'humiliations avait fait naître en elle. Par la même occasion, Zephir en profiterait pour expulser la colère accumulée face à tout ce qui ne tournait pas rond dans sa vie ces derniers temps. Une injustice évidente mais bien loin des préoccupations de la jeune héritière. Si elle pouvait agir selon une éthique stricte, Nathan était l'exception qui confirme la règle. Plus rien ne l'empêchait d'avoir recours aux plus infâmes bassesses en sa compagnie. Ainsi, n'avait-elle nullement hésité à mêler le petit frère de l'ancien gryffondor à leur contentieux. Acte mesquin parfaitement assumé qui avait l'avantage de faire enfin réagir O'Sullivan. Car oui, jusque là, Zephir estimait avoir utilisé la méthode douce. Les menaces de mort et autres réjouissances de ce style n'avaient rien de bien méchant à ses yeux. Un ou deux grognements par-ci par-là histoire de lui faire vaguement comprendre qu'elle n'appréciait guère ses commentaires, ses phalanges enfoncées dans sa chair juste assez pour laisser sa marque, une vague menace de sa baguette : rien de bien extraordinaire en somme. Alors, quand ce petit détail lui revint à l'esprit, quand l'air hébété du jeune serdaigle, marque de famille il faut croire, était revenu, tel un flash à sa mémoire, le plan en avait jaillit par la même occasion. C'était ignoble, bas, mesquin, vil et tous les synonymes que vous pourrez trouver mais c'était exactement ce qu'il lui fallait pour oser espérer obtenir une réaction de ce grand benêt d'O'Sullivan.
En voyant l'homme fondre sur elle, Zephir n’esquissa pas un seul mouvement. Il lui aurait suffi d'un simple pas sur le côté en l'espace d'un millième de seconde pour qu'il se retrouve à menacer du vide. Mais pourquoi éviter la confrontation et l'humilier par la même occasion quand elle obtenait ce qu'elle attendait avec impatience : une réaction de sa part. Réussir à lui faire perdre son sang-froid était comme le saint-graal pour la jeune Yaxley. Une opportunité en or pour qu'il n'ait plus aucun moyen de tourner le dos à toute la haine qu'elle lui vouait. Ainsi, telle une poupée de chiffon, Zeph' se laissa « malmener », semblant comme absente tant son immobilité pouvait être perturbante. Si Nathan se croyait menaçant de part sa grande taille, sa carrure imposante, sa poigne ferme et sa baguette pointée entre ses yeux, il était bien loin d'impressionner l'intrépide jeune louve. De l'inconscience ? Non, tout simplement une confiance en elle démesurée. Toutefois, afin de ne pas compromettre son ébauche de plan, elle garda un calme olympien, n'arborant aucune réaction qui pourrait déformer son masque d'indifférence.
Paradoxalement, quand durant des années, porter le masque de l'impassible se révélait d'une facilité déconcertante, à présent c'était une véritable torture. Zephir devait luter bec et ongles contre la bête grondant en elle et les réactions qui la submergeaient par vagues violentes. Ne pas laisser une lueur d'amusement éclairer le bleu pâle de ses iris, brider ce sourire naissant qui se faisait si pressant ou bien encore réprimer un rire moqueur. Autant de contraintes si difficiles à appliquer pour la jeune femme pleine de vie qu'elle était devenue, se libérant partiellement de l'emprise empoisonnée de son père. Ce fut seulement quand Nathan la relâcha que le spectacle pu commencer. Après ses derniers mots, la jeune femme baissa la tête, lui laissant entrevoir sa mine peinée comme-ci, quelque part, sans prévenir, elle regagnait un peu d'humanité. Ainsi contrite, elle eut un léger hoquet, venant frotter timidement le bout de son nez de la manche de son blouson. D'une voix frêle, tremblante des sanglots qui emplissaient sa gorge et des larmes débordantes dans ses grands yeux couleur océan, la jeune femme releva son petit minois vers celui qui était dans la position de l'agresseur et souffla. « Je te dégoûte ? » Telle une supplication, elle le fixait de ses iris larmoyant, prête à fondre en larmes à la moindre de ses paroles. Cependant, avant même qu'il n'ait le temps de prononcer le moindre son, probablement trop choqué par ce revirement de situation, Zephir craqua.
Les apparences laissaient croire au remord. Cela-dit, un tel revirement de situation n'avait rien de bien naturel, surtout venant d'elle. Quiconque la connaît un minimum vous dirait, sans l'ombre d'un doute, que ça ne pouvait être que mauvais signe. Et il aurait raison. Il lui fallut seulement quelques minutes avant qu'un sourire ne vienne lentement étirer sa lippe jusqu'à dévoiler ses dents blanches. Son rire rauque, déformé par la moquerie et la noirceur dont était revêtu son âme depuis quelques temps vint emplir la ruelle d'une mélodie sinistre. Si Zephir n'était pas un exemple de vertu on pouvait s'accorder à dire qu'elle était bonne comédienne, pour quiconque ignorait la bête qui sommeillait en son sein. Il lui fallut bien quelques minutes pour se remettre de son fou-rire avant de reposer les yeux sur le gallois et vint jusqu'à retrousser sa lèvre inférieure, prenant une mine boudeuse qu'elle accompagna d'un « Moh ! » boudeur. Ultime provocation. Si durant son enfance elle n'avait pas pu jouer les sales gosses, c'était avec des hommes comme Nathan qu'elle prenait plaisir à se rattraper. Toujours souriante, cette lueur de moquerie faisant briller ses yeux, la Yaxley s'exclama. « Hé bien ! Ça faisait longtemps que j'avais pas autant ri. » elle s'accorda une légère pause, se tenant encore les côtes, histoire de bien insister. « Tu me dégoutes. » répéta-t-elle en l'imitant grossièrement. « Non mais à quoi tu t'attendais ?! Comme si ça allait me faire quelque chose. Je n'ai aucune estime pour toi, au cas où tu l'aurais pas remarqué. Alors que tu me traites de trainée ou n'importe quel autre nom d'oiseau je m'en tamponne le coquillard mon vieux ! Cela dit, on peut en tirer du positif : au moins, maintenant tu sais comment je te vois. » Elle accompagna cette dernière remarque des plus désagréable d'un sourire forcé, tirant presque vers le dégoût avant de reculer de quelques pas et plaça ses mains dans ses poches, venant caresser le bois fin de sa baguette. « Je pense donc qu'à l'avenir il serait judicieux que tu t'épargnes la lourde tâche de vouloir me sauver une énième fois. J'ignore comment tu en es arrivé à penser que j'avais une éthique ou bien encore une once de morale donc, histoire de bien faire passer le message, si tu oses encore jouer les héros ou même essayer de me faire la conversation la prochaine fois que j'ai le malheur de te croiser, je doute que le dénouement te plaira... » Toute trace de sourire ou bien encore de moquerie avait disparue, laissant toute la place à ce sentiment de répulsion qu'il lui inspirait. Elle termina son discours par un simple. « Je pense avoir été assez claire cette fois-ci. » espérant de la sorte clôturer cette douloureuse entrevue.
Nathan se demandait bien où il avait trouvé la patience de supporter une telle vipère pendant plus de 10 minutes. Il fulminait intérieurement, il était passé du stade « pas content » au stade « méga vénère de la life ». S’il avait été un gros malade mental, il se serait certainement jeté sur Zephir pour lui arracher les cheveux et les lui faire manger en poussant des cris de guerre. Mais comme il était encore un être civilisé, le gallois resta immobile, la respiration sifflante, le visage rouge. Ce qui l’énervait le plus, c’était que la jeune Serpentard ne semblait pas le moins du monde affectée par leur petite discussion. Non, elle était là, tranquille, à le toiser d’un air narquois. En mode ranafoutre. Cette fille n’était qu’une coquille vide et cela l’énervait et l’attristait en même temps. Il ne la connaissait pas du tout après tout et peut-être avait-elle raison : il ne servait à rien de jouer les chevaliers servants avec elle. Avec son égo gros comme un Magyar à pointes, Zephir se persuadait elle-même qu’elle n’avait besoin de personne. Nathan pensa alors qu’elle finirait vieille et seule, entourée de chats ou bien elle finirait par se transformer définitivement en loup-garou et irait vivre dans les bois. La blonde était si difficile à cerner.
Le brun essaya de garder une expression impassible lorsque Zephir lui fit le coup de la petite fille blessée. On la lui faisait pas hein, il en avait marre de passer pour un blaireau aux yeux de la verte et argent. Il se sentait suffisamment humilié pour au moins 10 ans. La petite comédie de la blonde dura quelques minutes, si bien que Nathan failli amorcer un mouvement vers elle en signe de réconciliation. Mais soudain, elle partit dans un grand éclat de rire qui refila presque la nausée au gallois. La demoiselle était dérangée en plus d’être sans cœur. Cette réaction de sa part eu la particularité de l’énerver encore plus. Il resserra sa prise sur sa baguette si fort que les jointures de ses doigts blanchirent. Zephir enchaînait les provocations, lui offrant même une petite imitation de lui-même (trop nulle d’ailleurs, aucun talent cette donzelle !). Il la laissa déverser sa bile sans prendre la peine de lui couper la parole. Nathan en profita même pour soupirer et lever la tête pour admirer les toits environnants couverts d’une neige à moitié fondue. Lui aussi savait être provocateur, d’abord ! Lorsque Zephir termina de parler, il reposa son regard sur elle tout en restant silencieux. En réalité, il réfléchissait à ce qu’il allait bien pouvoir lui balancer à la face. Mais il était tellement dégouté et las de cette situation qu’il avait juste envie de tourner les talons, de rentrer chez lui et de pleurer dans son oreiller comme un bébé. Il ne savait plus ce qu’il ressentait face à Zephir : tristesse, colère, pitié ? Il espérait naïvement qu’au fond d’elle se trouvait encore une Zephir qui pouvait faire preuve d’une quelconque humanité. C’était comme si la bête qui sommeillait en elle avait tout absorbée. Peut-être avait-elle subie des épreuves difficiles, mais Nathan l’ignorait. Et présentement, là, à cette seconde précisément, tout de suite maintenant (oui on a compris) : il s’en fichait ! Il avait vraiment envie de lui dire, de lui crier à la figure : « mais ma petite, j’ai compris et je M’EN BATS LES STEAKS ! ».
- C’est bon, tu as fini ta diatribe ? Mot intelligent casé ! Tu as gagné, je te laisserai tranquille à l’avenir. Même si tu étais en train de mourir dans un caniveau, lâcha-t-il avec un haussement d’épaule et un soupir.
Etrangement, toute sa colère était en train de retomber au fur et à mesure qu’il parlait. Même s’il savait l’entreprise perdue d’avance, il avait envie d’une petite vengeance mesquine, de blesser la Serpentard. Il rangea sa baguette dans la poche de son manteau, prenant un air insouciant.
- Je suppose que je peux rentrer chez moi à présent, n’est-ce pas votre Altesse ? Tu devrais faire pareil, retrouver ta famille douce et aimante. Oups, non attends, c’est vrai : ta famille n’est pas douce et aimante. Au plaisir Yaxley, et si jamais tu as besoin d’une potion Tue-Loup efficace, adresse-toi à moi, dit-il en lui adressant un sourire aussi faux que possible.
Il fit un pas sur le côté pour continuer sa route vers le Chemin de Traverse, sa destination initiale avant sa confrontation avec la Yaxley. Son côté douloureux se rappela à son bon souvenir et il grimaça, faisant grincer ses dents. Heureusement qu’il avait quelques potions de soin dans ses placards. Il savait que c’était inutile de dire à Zephir « tu me le paierais ! », parce qu’elle s’en foutait royalement et que certainement, elle s’en délecterait. Et il ne voulait pas lui donner un tel plaisir. Sans même un dernier regard ou même une remarque acerbe envers la blonde, il passa à côté d’elle, l’effleurant à cause de l’étroitesse de la ruelle, en espérant qu’elle aussi s’en irait de son côté sans rien ajouter de plus.
“I think that hate is a feeling that can only exist where there is no understanding.”
Nathan & Zephir
Cette pénible entrevue devait en finir, et au plus vite. Ne serrais-ce que pour la santé mentale de Zephir. Laisser la bête prendre complètement le dessus, comme à chaque fois qu'elle croisait O'Sullivan, n'était jamais très bon, surtout aux vues de sa fragilité actuelle. Cependant, en dépit des dégâts subis, la jeune femme capitulait avec joie. Si elle partageait bien une chose en commun avec le loup c'était bien ce désir de vengeance sur l'ancien lion. Une seule et unique personne était autorisée à lui sauver la mise sans même lui demander son avis et Nathan n'avait certainement pas cette place. Ainsi, afin d'accélérer le processus de libération, l'animal régnant en maître absolu sur sa carcasse, opta pour la mesquinerie dans sa forme la plus primaire. Rien de mieux pour bafouer l'égo visiblement démesuré d'un crétin comme lui. Qu'importe s'il voyait clair à travers son jeu, le but visé n'étant pas vraiment de l'humilier mais plus de le mettre face à la réalité une bonne fois pour toute : elle le méprisait. Chaque once de son être se vouait à cette entreprise histoire de clôturer définitivement toute forme de « relation » pouvant les lier. Une fois cela fait, Zeph' pourrait se vanter d'avoir expulsé l'aîné O'Sullivan de sa vie. Cette simple pensée avait quelque chose de jubilatoire, ne l'aidant guère à garder son sérieux pendant ce petit manège, qu'elle devait bien avouer, avait quelque chose de grotesque.
Pour une fois, Nathan la laissa s'exprimer sans grossièrement lui couper la parole même si son attitude laissait à désirer. Afin de ne pas complètement perdre le contrôle, la blonde préféra ne pas relever cela et poursuivi que tout ceci mettrait fin à leur rencontre. La résignation semblant animer le gallois accompagnée de ses paroles eurent le don de mettre en joie Zephir. « C’est bon, tu as fini ta diatribe ? Tu as gagné, je te laisserai tranquille à l’avenir. Même si tu étais en train de mourir dans un caniveau. » Il avait fallu en arriver là pour qu'il comprenne. C'était presque navrant mais ne vous emballez pas, ce n'était pas pour si peu que la louve allait le prendre en pitié, bien au contraire. Elle jugea bon d'ajouter, ce sourire mesquin déformant ses traits séraphins. « Hé bien. Il ne t'a fallu que six ans pour comprendre. Je suppose que pour toi c'est ce qu'on pourrait appeler un... Exploit. Non ? » Les insultes habillement déguisées avaient toujours été son petit plaisir. Une façon de plus de lui témoigner le manque total d'estime qu'elle avait pour lui. Un fait de notoriété publique mais comme l'ancien gryffondor semblait mettre un certain temps pour comprendre les choses, Zephir préférait bien enfoncer le clou histoire de s'assurer qu'il ait bien le message. Après tout, dans son esprit, cela serait la dernière fois qu'elle devrait subir sa présence. À quoi bon renouveler cette pénible expérience ? De toute manière, son avis sur Nathan n'était pas prêt d'évoluer, pourquoi le serait-il ?!
Cependant, et la jeune Yaxley aurait dû s'en douter, le barman n'avait pas complètement fini. Coupée dans son élan de fuite libératrice, elle se stoppa sans vraiment savoir pourquoi d'ailleurs. Vieille habitude de respect futile de l'autre ? Allez savoir. Quoi qu'il en soit, Zeph' subit sans broncher l'ersatz de vengeance du lion « Je suppose que je peux rentrer chez moi à présent, n’est-ce pas votre Altesse ? Tu devrais faire pareil, retrouver ta famille douce et aimante. Oups, non attends, c’est vrai : ta famille n’est pas douce et aimante. Au plaisir Yaxley, et si jamais tu as besoin d’une potion Tue-Loup efficace, adresse-toi à moi. » Pitoyable. Nathan voulait jouer dans la cour des grands mais l'évidence était là : il n'en avait pas l'étoffe. Oh bien sûr elle avait menacé son jeune frère mais c'était deux choses différentes. Citer une évidence aux yeux de tous, un élément sur lequel elle-même jouait parfois n'avait rien de bien blessant. Il aurait fallu que Zephir ne soit encore une très jeune enfant pour être choquée par ses propos. Un luxe qu'elle n'avait pu s'offrir bien longtemps d'ailleurs. Toutefois, passé ce grotesque simulacre d'insulte, la louve ne put s'empêcher de pouffer de rire. Lui ? Être capable de fournir une « vraie » potion Tue-Loup ? C'était une blague ? Ou alors était-il assez fou pour se croire capable d'une telle prouesse ? Quoi qu'il en soit, elle ne pouvait laisser passer une telle énormité. Ce fut quand il l'eut dépassé que Zephir se permit de lâcher avec clarté. « Amusant. Tu te crois vraiment capable de faire une potion décente. Comme on dit : « Heureux les simples d'esprit car le royaume des cieux leur appartient ». Mais c'est bien, continue de te croire doué si ça peut éclairer ton existence. » Sur ces dernières paroles, elle reprit à son tour son chemin, s'amusant encore quelques instants de la naïveté d'O'Sullivan.