« Tu ferais bien de fermer ta bouche de petit con arrogant sale fils de troll. » Mon regard est assassin, ma voix siffle entre mes dents serrées comme une menace de mort funeste, lugubre et douloureuse. Un sourire narquois étire les lèvres de l'élève qui se tient là en face de moi, à moins de quelques mètres, je rêve de lui envoyer mon poing dans la figure. Petit con. Je l'ai vu l'autre jour se moquer de Samaël et il me semble avoir toujours été très claire à ce sujet, moi et moi seule est autorisée à me moquer de mon frangin. Certainement pas ce pauvre abruti de fils de troll de Gauthier avec son sourire carnassier. Clac, clac, clac. Mon binôme pose un regard horrifié sur les racines de gingembre que je réduis en charpie à l'aide de mon couteau. Mon regard est rivé sur ce fils de troll de Gauthier. Pourquoi ne suis-je pas experte en lancer du couteau ? Je pousse un long soupire avant de croiser le regard du Poufsouffle. Sa gentillesse légendaire à mon égard semble s'être soudainement envolée, on pourrait presque croire que lui aussi il rêve de me planter le couteau que j'ai à la main entre les deux yeux. Exaspérée je lâche brusquement le couteau et hausse les épaules en marmonnant quelques mots dans ma barbe. « Tire pas cette tête d'enterrement mon Léo, la potion était déjà ratée de toute manière, et puis ce ne sont que quelques racines de gingembre, pourquoi en faire un drame ? » De mauvaise humeur ? Oui et alors ? Exaspéré par mon comportement, le Poufsouffle ramasse avec dépit ce qui reste des racines et les mets avec délicatesse dans le chaudron. Étonnamment la couleur de la fumée vire au rouge vif au lieu de s'élever en petits panache de fumée argentée comme elle devrait le faire normalement, d'après le livre qui est posé devant moi. Léo pince les lèvres et touille avec suspicion la mixture qui se met à épaissir de manière douteuse, il ne fait pourtant aucun commentaire et je lui en suis grandement reconnaissante. Les potions que nous rendons au professeur Harvenheit sont généralement correctes voir plutôt bonne, jamais je n'ai été aussi misérable en potion. A nouveau je mets ça sans trop réfléchir sur le compte de cette nuit désastreuse que j'ai passée, de ce petit déjeuner froid et Gauthier-les-dents-blanches - et son fichu rictus qui semble être un sourire narquois à mon égard- qui ont le dont de me refiler des boutons. Je le hais tellement à l'instant précis, s'il savait comme je le hais. D'infliger ça à mon frère, de se moquer de lui et de sa timidité maladive. Je ne prétends pas être douce avec Samaël, loin de là en réalité je suis une vraie brute épaisse. Le brusquer, l'embêter et lui lancer des piques et habituel chez moi, jamais lui et moi n'avons été de parfaits petits jumeaux collés aux chaussures de l'autre, à s'habiller pareillement la preuve, partager notre chambre est une expérience traumatisante et insupportable. Il reste pourtant mon frère et bien que ses bavboules me fatiguent, je le protégerai coute que coute. Ce furoncle de Gauthier est un nuisible et je n'hésiterai pas à l'écraser pour que mon frère vive sa vie tranquillement -en restant discrète bien sûr, je ne souhaite de loin pas que Samaël apprenne que je joue à la justicière avec lui-. Alors que je ravale avec difficulté la rage qui me brûle la gorge, le jeune homme plonge son regard dans le mien. « Tes parents ne sont franchement pas gâtés, Dolohov. Un petit fils à sa maman comme garçon et une folle furieuse qui déshonore pitoyablement sa famille comme fille... Comment font-ils pour tenir le co... » Le rouge me monte aux joues, la colère me retourne littéralement l'estomac. Sans réfléchir une seule seconde j'empoigne le livre qui se trouve devant moi et le lui jette le plus fort possible à la figure. Manque de bol, il frôle son visage d'un millimètre et atterri violemment contre chaudron qui se renverse, peu importe il me reste mes mains. La fatigue, la lettre que de père que j'ai reçue il y a de ça deux jours, le rire gras de Gauthier, la colère et mon impulsivité légendaire ont raison de moi, sans hésiter une seule seconde je m'élance vers le garçon prête à lui faire payer le prix fort pour les paroles qu'il vient de me cracher au visage. Un petit cri, une main qui serre fermement mon bras m'empêchant d'atteindre ce scroutt à pétard de Gauthier, de l'agitation, un chaudron qui se renverse. J'entends quelqu'un me murmurer des paroles apaisantes au creux de l'oreille alors que je me débats comme une lionne.
Je me tiens bien droite, le menton relevé, mon sac pendant à l'épaule, le regard fixé sur un point imaginaire quelques centimètres au-dessus de son épaule. Cloîtrée dans un mutisme quasi identique à celui de Samaël lorsque je lui parle de sexe féminin, de baisers, de courage et de cheveux ébouriffés, j'ai les bras croisés sur ma poitrine et m'attends à la pluie de remarques habituelles qui va s'abattre sur moi. Dans ce genre de situation, j'ai l'étrange sensation de n'être rien que la gamine de sept ans que ce faisait déjà durement réprimander par un paternel absent pour avoir parlé au voisin moldu, pour avoir tâchés ses habits ou pour avoir cassé un jouet à sa petite sœur. Durant une fraction de secondes la peur me noue l'estomac et puis je me rappelle que ce n'est qu'un professeur qui fait son boulot, me punir pour avoir perturbé son cours avec mon comportement bestial. Doucement, mes yeux se plongent dans les seins. « Navrée pour votre cours vraiment... » A en croire le ton de ma voix, je suis plutôt navrée de n'avoir pas crevé un oeil à Gauthier mais je préfère passer ça sous silence pour éviter de m'attire trop d'ennuis, une heure de colle tomberait vraiment mal alors que l'année vient de débuter. « Je tenais simplement à vous dire, si vous attendez de moi que je m'excuse auprès de Collins c'est inutile, ça n'arrivera pas... Monsieur.» Je me mords la langue. Mes proches m'avaient toujours conseillé de tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de prendre la parole, voilà un conseil que j'aurai peut-être dû écouter.
Dernière édition par Gus Diggory le Lun 30 Juin - 10:34, édité 1 fois
L'année scolaire avait débuté. Déjà deux semaines déjà qu'il avait vu les murs du château accueillir les anciens élèves comme des nouveaux. Et bien sûr, il y avait des élèves qu’on n’oubliait pas et des guerres qui continuaient d'avoir lieu. Pas souvent dangereuses, les élèves avaient néanmoins compris le principe de se faire mal. Mal avec des paroles, mal avec des gestes, des petits allers-retours à l'infirmerie et on recommence. Le professeur de Potions ne savait vraiment pas comment gérer cela. Ce n'est pas avec un discours pacifiste qu'il allait charmer les serpents, alors il n'avait rien dit sur ces guerres d'adolescents. Il n'avait rien dit si ce n'est de rappeler les valeurs de Serpentards, leur rappelait que dans leur maison on s'entraidait, et qu'il ne voulait pas entendre parler des Serpentards dès le début de l'année s’ils voulaient que ce cher Sezru reste quelqu'un de compréhensible. Mais il n'était pas dupe. Ces petites guerres de jeunes en cachaient d'autres, d'autres beaucoup dangereuses. Cette guerre sur le sang. A qui sera le meilleur, à qui sera le plus pur. Il trouvait ça tellement indécent de juger les gens sur leur généalogie. C'était à peine si la guerre n'était pas plus forte entre les murs de Poudlard qu'à l'extérieur. Poudlard havre de paix. Ca c'était il y a longtemps, trop longtemps même. Alors il n'avait rien dit sur les guerres et avait juste tenu le même discours à toutes ses classes. Que la salle de Potions n'était pas un terrain de jeu, que les seules baguettes qu'il acceptait était celles en verre, celles faites pour remuer rigoureusement les potions, qu'ils pouvaient admettre certains bavardages si le travail était rigoureux, mais surtout qu'il n'hésiterait jamais à enlever des points ou à distribuer des punitions à tout va, si l'ambiance ne lui allait pas, les Serpentards n'y étant pas exclus. Tout le monde avait alors compris que Sezru Harvenheit ne voulait pas entendre parler de cette guerre.
Aujourd'hui par contre, durant les trois dernières heures avant le midi, il avait sa classe de sixième année. Il avait était heureux de voir que nombreux avaient eu un "effort exceptionnel" aussi bien en pratique qu'en théorie à leurs B.U.S.E, certains avait même eu des "optimal", ce qui montrait leur intérêt. Il avait même était largement surpris par les résultats de certains comme mademoiselle Dolohov, le diable au cœur mais pas méchante pour un sou. Elle avait juste une attention qui ne semblait pas faîte pour les potions, et pourtant elle avait eu ses examens de potions avec des résultats corrects et une potion qui se rapprochait énormément de ce qu'on avait attendu d'elle. En relisant les notes de l'examinateur, il en avait juste conclu qu'elle avait ajouté l'un des ingrédients un peu trop tôt, ce qui rendait juste le somnifère un peu moins puissant, rien de catastrophique, pas comme aujourd'hui. Non aujourd'hui était un jour spécial, il ne pouvait le nier. Dès le début du cours il avait senti des tensions dans le milieu de la classe, et sans insister avait commencé la leçon en leur expliquant les principes de la potion de sublimation. Bien qu'au nom étrange cette potion était une potion médicale souvent nécessaire notamment pour supprimer les cicatrices dues à des sorts ou a des blessures magiques. Une fois son topo sur la potion fini, les livres ouverts à la bonne page de même que les armoires ouvertes au fond de la classe pour les élèves qui n'auraient pas tous les ingrédients en stock, il avait déboutonné sa robe de sorcier avant de l'attacher au porte manteau à l'entrée, remonté les manches de sa chemise, attrapé une robe plus adapté avant d'arpenter la pièce distribuant conseils comme critique. Si certains avaient été choqués au début de le voir changer de robe à chacun de ses cours, il avait vite expliqué qu'en dehors de sa classe, il portait des robes classiques, troquant celle-ci avec des robes de potionnistes aux nombreux sorts apposés dessus.
« Tu ferais bien de fermer ta bouche de petit con arrogant sale fils de troll. » Le professeur Harvenheit releva la tête à l'insulte sifflé entre les dents d'une demoiselle au troisième rang. Forcément c'était Dolohov, si il la trouvait tendu au début du cours ce n'était rien à côté de maintenant et de l'état des racines de gingembre qu'elle détruisait en petits morceaux, et encore une bouillie aurait été un descriptif plus réaliste, alors qu'elle aurait du les couper en longueur afin que la sève puisse s'en extraire sous l'effet de la chaleur durant la préparation de la potion. Bien sûr son partenaire de potion la regarda dépitée avant de mettre les racines dans le chaudron. Mauvaise idée, dépassant les tables sur lesquelles il se penchait pour le moment, il arriva bien vite au niveau du duo de Dolohov remarquant que la potion durcissait à vu d'œil et que la fumée d'un rouge électrique n'était absolument pas ce à quoi il s'attendait. Se plaçant derrière eux, il sortit de sa poche de la poudre de crin de licorne avant d'en jeter deux pincés dans la potion, tournant la baguette de verre dans le sens inverse des aiguilles d'une montre tout en lançant à la cantonade en guise d'explications :
« Lorsque votre potion devient instable à un stade aussi avancé, le meilleur moyen de la stabiliser à nouveau et d'éviter les catastrophes consiste en l'utilisation de la poudre de crin de licorne. Les effets apaisant de cet ingrédient sont immédiats. Malheureusement c'est assez cher, donc j'aimerais bien ne pas devoir en utiliser dans vingt chaudrons à chaque cours. » Sur la fin de cette explication, il rangea le flacon dans sa poche avant de reprendre ses observations non sans avoir lancé un : « Dolohov cinq points en moins pour avoir massacré ces racines de gingembres et manqué d'asphyxier toute la classe. »
Ce n'était pas cher payé mais n'ayant pas eu de gros accident, il ne voyait pas l'intérêt de devenir un bourreau pour la jeune fille dont la colère n'était plus à présenter. Mais Harvenheit se devait d'être juste, il ne pouvait pas se montrer condescend juste parce qu'une jeune fille faisait une crise de nerfs en plein milieu de sa classe. D’un côté heureusement qu'elle se retenait sinon, elle aurait fini depuis longtemps dans le couloir à nettoyer les deux armures qui faisaient face à la porte de la salle de Potions. Il aurait pensé que la perte de point pour sa maison de même qu'une réprimande aurait suffit, mais il fallu que Gauthier Collins s'en mêle bien sûr. Forcément c'était le genre de gamin insouciant, non plutôt, inconscient qui ne voyait pas quand il était bon de se taire, là prestement par exemple, et qui avait décidé de continuer à chercher des noises à Dolohov. Connaissant la demoiselle, il trouverait plutôt des gallions, et surtout une bonne crise d'hystérie. Si seulement cela pouvait ne pas se passer dans sa classe. Mais ça c'était une utopie, le temps qu'il sorte sa baguette, la demoiselle lui avait lancé son livre de potions à la tête, qui avait fini dans le chaudron, le chaudron au sol, et la potion se déversant sur le dallage. D'un geste précis, il marmonna un « Evanesco », avant d'annoncer que le cours était fini non sans avoir gelé toutes les potions sur le feu. Après avoir demandé à deux garçons débrouillard de déplacer les divers chaudrons dans la salle d'à côté, un mouvement de baguettes gravant le noms des propriétaires sur le récipient, il se tourna vers le fameux fauteur de trouble avant de l'assigner à quatre heures de colle avec lui samedi matin, tout en lui expliquant clairement qu'il ne voulait pas le voir d'ici là, et qu'il rattraperait ses cours de potions à la bibliothécaire, vu qu'il vérifierait sa présence au près du responsable de celle-ci.
Venait ensuite le cas de la Gryffondor. Annonçant à ses amis qu'ils pouvaient la laisser, il la laissa reprendre ses esprits, se rasseyant à son bureau, et l'observant derrière ses mains croisées. Si la punition pour Gauthier Collins lui avait paru des plus adéquates et sensées, il ne savait pas tellement comment gérer le cas de la demoiselle en face de lui. « Navrée pour votre cours vraiment... » Il haussa un sourcil quant aux premières paroles de la jeune fille, ce n'était pas ce qu'il y avait de plus crédible mais ça passerait pour le moment. Ce n'est pas comme s'il pouvait en attendre plus vu ce qu'il s'était passé et l'état de la jeune fille devant lui. « Je tenais simplement à vous dire, si vous attendez de moi que je m'excuse auprès de Collins c'est inutile, ça n'arrivera pas... Monsieur.» Là par contre il eut comme une moue contrariée. Ce n'était pas vraiment ce qu'il attendait en soi. Pas ce genre d'excuses ou de phrases légèrement arrogantes. Non pas vraiment.
« Mademoiselle Dolohov, je ne sais pas si vous vous souvenez mais en début d'année j'ai émis le souhait que les guerres estudiantines restent à la porte de ce laboratoire de Potions. Or même si Collins était en tort, vous n'aviez en aucun cas le droit de réagir comme vous l'avez fait. » Sezru soupira après ces quelques paroles, avant de faire apparaitre un siège de l'autre côté de son bureau, et de sortir un service à thé de l'armoire derrière lui. « Asseyez-vous. Du thé ? Où préféreriez-vous que nous parlions de votre cas dans mon bureau dans la pièce d'à côté ? » Demanda-t-il poliment. Car quitte à traiter le cas de la demoiselle autant le faire dans des conditions optimisées. De plus il s'attendait plutôt à avoir des remarques de la part de la jeune fille celle-ci ayant cette fameuse tendance à vouloir parler plus vite que son ombre.