Donner des retenues n’était pas une partie de plaisir, quand bien même Finnigan semblait y trouver une satisfaction indéniable. Les cachots étaient un lieu insalubre qui nécessitait un entretien constant. Quoi de plus jouissif que de regarder les élèves un peu trop rebelles frotter le sol et les chaudrons, sans user de la magie ? Ca les dissuadait généralement de hausser le ton au cours suivant, mais certains n’y échappaient pas. Comme cette fille, Evangeline Atkins, qui prenaient un malin plaisir à passer ses vendredis soir en retenue. A croire qu’elle aimait ça. Mains dans les poches, Finnigan traversa les couloirs silencieux vaguement illuminés par les reflets de la lune filtrant à travers les vitraux et s’enfonça au sous-sol, en direction de la salle de potion. Il ne comptait pas passer son temps à regarder ces pauvres élèves frotter à s’en faire saigner les doigts, ça l’ennuyait. De toute façon, il était certain du résultat en les laissant seuls et enfermés dans cette pièce, puisqu’il disposait toujours de leur baguette magique. Il poussa la porte préalablement déverrouillée et jeta un coup d’œil autour de lui. Evangeline était là, plantée en plein milieu. Il se perdit quelques instants dans la contemplation de ses superbes yeux bleus et esquissa un sourire moqueur. « Hé bien, ça n’avance pas très vite. Peut-être devrais-je vous donner des retenues plus souvent, pour être certain que cette salle finisse par être entièrement propre. » Il lâcha un ricanement amusé et la contourna pour aller s’asseoir à son bureau, plus loin. « Dépêchez-vous, Atkins, ni vous ni moi n’avons envie d’être ici. » cingla Finnigan en croisant les bras sur son torse. Il l’observa en silence, amusé. Le silence et la froideur des cachots avait quelque chose de terriblement malsain, et de magnifiquement apaisant. C’était comme se retrouver au manoir Avery. Si lui s’y plaisait, ce n’était pas le cas de tout le monde. Depuis tout temps, les cachots de Poudlard provoquaient la crainte dans l’esprit de la plupart des élèves, notamment la nuit. Mais cette fille-là semblait habituée. C’en était d’autant plus comique qu’il mourrait d’envie de la provoquer. « Vous savez ce qu’on va faire ? Si vous arrivez à vous tenir tranquille pendant un mois complet, la prochaine fois que vous serez en retenue, je vous laisserai peut-être votre baguette. » dit-il en faisant glisser la baguette magique d’Evangeline entre ses doigts avec intérêt. Il avait tout le loisir d’observer les baguettes des élèves qu’il retenait ici. Elles en disaient long sur leur propriétaire pour qui savait décrypter les bois et les composants : c’était réellement fascinant. Il la déposa sur le bureau devant lui et croisa de nouveau les bras, sans lâcher Evangeline des yeux. Finnigan était fatigué, et mourrait d’envie de s’oublier entre ses draps blancs, jusqu’au lendemain. Le week-end. Il l’attendait certainement autant que les élèves, pour des raisons différentes. C’était le seul moment où il pouvait s’échapper totalement de Poudlard pour retrouver ses proches. S’éloigner d’elle, cette fille qui lui rappelait sans cesse qu’il allait être marié de force à une gamine, s’éloigner de son ex dont la présence ravivait des souvenirs douloureux. « Je préfère vous voir frotter que vous entendre parler, c’est beaucoup plus intéressant. » lâcha Finn avant de bailler.