« Le temps perdu se rattrape toujours. Mais peut-on rattraper celui qu'on n'a pas perdu ? »
Je m'étais levée tôt ce matin. Vers six heures, si je me souviens bien. Je n'avais pas passé une très bonne nuit, c'était sûrement pour ça que je m'étais levée si tôt. Surtout un dimanche. Je m'étais couchée tard hier soir parce qu'avec Marcus, on a finalisé un article que je dois aller transmettre à l'édition demain matin - très tôt, encore une fois. Après ça, on est resté un moment à discuter au salon, parce que je dois avouer que je n'étais pas très bien hier soir. Et il y avait bien une raison à cela..
Cela faisait un an aujourd'hui que Maman m'avait quitté.. Et que mon "frère" était né.
Après avoir clôturé l'article, je m'étais rendue compte, en regardant une photo de Maman, souriante, ses cheveux ondulés dans le vent, posée sur l'étagère. Un an déjà.. Je m'étais effondrée dans les bras de Marcus, mon meilleur ami. Heureusement qu'il était là.. Je savais que lui aussi était fatigué ces derniers temps, et il est pourtant rester à mes côtés toute la soirée. Il m'avait même proposé de dormir avec lui - en tout bien tout honneur. Et j'avoue que je n'avais pas envie de passer la nuit seule dans ma petite chambre, sachant que j'allais encore faire des cauchemars. J'avais alors dormis dans ses bras, comme une petite fille, comme Maman me serrait quand je faisais des cauchemars pour me calmer.
J'avais fait très attention à ne pas faire de bruit ce matin, en sortant du lit de Marcus. Il devait se reposer, je n'avais pas le droit de l'embêter plus longtemps. Il avait ce visage doux quand il dormait, c'était agréable d'avoir quelqu'un comme lui pour ami, de pouvoir s'en sortir grâce à son courage, sa patience et sa force.
je ne le remercierai jamais assez pour tout ce qu'il faisait pour moi..
Alors j'avais engloutis un petit déjeuner léger, n'ayant pas tellement faim et je posais un petit mot pour Marcus sur la table du salon, lui disant que je me rendais à Pré-au-Lard. J'avais besoin de m'occuper l'esprit aujourd'hui et puis je pourrais acheter une petite surprise à Marcus, pour le remercier pour hier soir.
Quand j'arrivais à Pré-au-Lard, je m'arrêtais devant un bar que Maman aimait beaucoup, Trois Balais. Elle m'avait dit qu'elle avait eu son premier rendez-vous avec mon père ici - quand il était encore un brave et loyal homme. Marcus et moi aimions cet endroit aussi. Je poussais la porte sans vraiment me rendre compte que cette journée allait être mouvementée.
Et je n'étais pas au bout de mes surprises, aujourd'hui..
Après avoir parlé avec Nathan dans un froid mordant, Leslie n'avait pas vraiment réfléchi. Elle avait froid et, bizarrement, pas la moindre envie de rentrer au château. Rencontrer quelqu'un, échanger avec une personne qu'elle ne voyait d'ordinaire jamais lui avait fait plus de bien que la jeune fille ne l'aurai cru possible. Elle décida ni plus ni moins de s'engouffrer aux Trois Balais.
Comme on peut s'en douter, Leslie n'était pas habituée à se rendre dans de tels lieux. La plupart du temps, elle y allait avec Calypso, éventuellement avec des amis de Calypso également. Jamais seule - et les quelques venues de Leslie au pub étaient extrêmement rares. C'était l'un de ces endroits gênants : elle devait parler pour commander sa boisson mais, ne s'adressant jamais à des inconnus, Leslie en était incapable. Sans parler de tous les clients qui, croyait-elle, la voyait et l'entendait ... Bref, la Serdaigle avait la foule en horreur et se serait bien passée de commander sa bierraubeurre. Pourquoi ne pouvait-on pas entrer pour simplement être au chaud ? Leslie soupira. Sur le pas de la porte, la demoiselle prépara ses quelques mornilles avant de pousser la porte.
Il régnait dans le pub une douce chaleur qui soulagea immédiatement Leslie. Entrer était une bonne idée : déjà elle sentait ses mains se réchauffer et très vite, elle eu besoin d’ôter son bonnet. Quelques flocon de neige s'éparpillèrent sur le sol, lui arrachant un demi sourire. Elle avait toujours aimé la neige. Doucement, Leslie s'approcha du comptoir. La patronne avait toujours cet air sympathique que la demoiselle avait gardé en mémoire mais ce fut plus fort qu'elle : Leslie rougit. La tenancière lui demanda ce qu'elle voulait - la rouquine se contenta de lui désigner du bout du doigt l'écriteau sur le quel était noté « Bierraubeuurre », suivit du prix de la boisson. Elle posa ses pièces sur le comptoir e bois et quelques minutes plus tard, la Serdaigle s'était attablée dans un coin reculé, le nez plongé dans son ouvrage de potions.
Avec les explications de Nathan, peut être allait-elle arriver à quelque chose. Qui sait.
Son devoir devait faire deux longueur de parchemin. Le professeur avait été très clair : devaient figurer sur le devoir plusieurs éléments indispensables. La liste des ingrédients, Leslie l'avait. Elle n'était cependant pas sure et certaine de bien comprendre le rôle de tous les composants. Un tour à la bibliothèque devrait suffire à éclairer ce point. L'histoire de la potion, son passé … C'était une recherche facile, mais qui allait sûrement l'occuper un bon bout de temps. Leslie aimait les résumés qui n'en étaient pas vraiment, les résumées à rallonge. Les deux longueur de parchemin seraient facile à atteindre, surtout qu'elle devait par la suite détailler toutes les étapes de la préparation de cette potion.
Et grâce à Nathan, Leslie commençait à y voir plus clair.
Leslie se surprit à sourire. Finalement, ce samedi n'était pas aussi détestable qu'elle ne l'avait tout d'abord craint. Et être allée à Pré au Lard s'avérait être une bonne chose. Peut être même qu'elle renouvellerait l'expérience.
Ce fut un courant d'air frais qui la fit lever les yeux. Naturellement, la demoiselle tourna son regard vers l'entrée du pub … avant de plisser les yeux. Elle connaissait la rouquine qui venait d'entrer. Leslie l'avait déjà vu, dans le passé. A de nombreuses reprises. De qui s'agissait-il, par contre … Elle ferma les yeux, se concentra. Il lui fallu plusieurs minutes pour retrouver l'identité de la jeune personne qui, menue de sa boisson, était maintenant en train de s'avancer dans sa direction. Une journaliste qui avait, durant quelques temps, travaillée avec Emily, sa mère. Quoi faire, quoi faire …
Dans le doute, Leslie se fit toute petite. Parler avec Nathan, oui, mais avec une seconde personne qu'elle connaissait peu dans la même journée … Voilà qui commençait à faire beaucoup.
« Le temps perdu se rattrape toujours. Mais peut-on rattraper celui qu'on n'a pas perdu ? »
J'hésitais à entrer dans le pub. J'avais peur de m'effondrer à nouveau, en me remémorant tous les moments que Maman avait pu passé ici, que ce soit avec mon père, ou moi, ou alors ses amis. Je me souviens qu'elle aimait m'accompagner ici, les jours où mon sale père n'était pas là pour nous surveiller - ses affaires passant avant tout - quand je venais voir Nathan. Maman était la seule au courant - sans compter mes amis de Poudlard - de ma relation avec Nathan, à l'époque. Je n'en ai jamais parlé à mon père, il m'aurait tué et puis je n'avais pas eu envie de lui confier cette belle période de ma vie. Il ne le méritait pas.
Et Dieu sait ce qu'il aurait pu faire à Nathan et je n'aurai jamais pris ce risque de le perdre à cause d'un père bizarre et violent..
Alors oui, Maman m'accompagnait quand elle le pouvait. Elle aimait beaucoup Nathan, elle me le disait tout le temps. Et Nathan s'entendait bien avec elle aussi. Je me souviens qu'on allait boire une beurraubière tous les trois, justement au Trois Balais.
Maman était si heureuse dans ces moments là. Je n'oublierai jamais tout ces instants où je la voyais enfin sourire, avec sincérité.
Je tournais la tête vers la porte, m'approchant doucement. J'essayais une larme qui coulait sur ma joue afin de me ressaisir et j'entrais dans le pub, chamboulée par tous ces souvenirs qui me revenait de Maman.
Il commençait à faire froid dehors et la neige recommençait à tomber. La chaleur du pub me redonna un peu de force pour affronter cette journée difficile. Je souris à la serveuse et quand elle me demanda ce que je voulais, je lui dis "Comme d'habitude". J'étais un peu une habituée depuis mon cursus scolaire à Poudlard. Non seulement j'y allais avec Nathan et les autres mais aussi avec ma mère et ça, ça faisait de cet endroit une pièce importante mon existence. Et comme Nathan travaillait ici, je venais plus d'une fois par semaine le voir, si ce n'est pas une fois par jour.
Je lui souris quand elle me donna ma beurraubière et je me retournais pour trouver un coin tranquille et travailler sur mon futur nouvel article. Et c'est là que je l'ai vu..
Leslie. Je me souvenais bien d'elle. Elle était toujours aussi jolie et timide. J'avais travaillé avec sa mère, à la Gazette - encore une période très dur pour moi. C'était Emily, si je me souviens bien. Et dire que j'avais rêvé de travailler à vie à la Gazette. Mais ce n'était que du passé maintenant et ma vie actuelle me convenait vraiment bien.
J'allais en sa direction, ne sachant pas si elle allait se souvenir de moi mais tanpis. Je n'avais pas vraiment envie d'être seule aujourd'hui et j'avais oublié que Nathan ne travaillait pas aujourd'hui. Et puis, en tant que journaliste, j'étais très curieuse. J'avais envie de savoir ce qu'elle devenait maintenant.
" Leslie? Tu te souviens de moi? Je peux m’asseoir là avec toi? "
Leslie le voyait bien : l'ancienne collègue de sa maman approchait. Et plus les pas de la journaliste se rapprochaient de la table de la jeune fille, plus la rouquine se faisait toute petite, plus elle se tassait dans son siège.
C'était une situation délicate : Leslie n'avait plus son prénom en tête et en plus, elle ne savait pas le moins du monde de quelle façon aborder une journaliste ! Elle ignorait si elle pouvait se permettre de lui ... de lui parler, non. Clairement, la jeune fille ne l'oserait jamais. Elle ne connaissait pas suffisamment la journaliste pour cela, et en plus dans un milieu où tout un tas d'autres personnes seraient à même d'entendre sa voix rauque et abîmée ... Nathan l'avait entendu : ça suffirait très bien comme cela, du moins pour aujourd'hui.
Mais déjà, elle arrivait. La saluait, l'appelait par son prénom. Lui demandait si elle pouvait s'asseoir à sa table - Leslie rougit aussitôt, devenant aussi rouge qu'une cravate de Gryffondor. KEUWAAAA ?! Respirer ! C'était la clef. Elle s'appliqua, tâcha de ne pas paniquer, de ne pas regarder que la table de bois - elle était sympa, cette table, certes, mais bon ... - et se força à relever les yeux. Doucement, elle hocha la tête, désigna d'un geste tremblotant du menton la chaise qui lui faisait face. Si la journaliste se souvenait d'elle, peut être qu'elle saurait aussi que Leslie ne parlait pas ? Se remémorerait-elle un tel détail ? La Serdaigle était bien incapable de le dire. Dans le doute, elle décida de coller un sourire aimable, quoique pas très assuré, sur ses lèvres. Et de hocher la tête une nouvelle fois.
Deux questions de la journaliste, deux hochements de tête. C'était clair, non ? Oui, et oui. Par contre, pour cette affaire de prénom ... Rapidement, Leslie farfouilla dans sa mémoire, tout en fronçant les sourcils. Elle détaillait tant qu'elle le pouvait ces boucles rousses, cet air avenant, il fallait bien le reconnaître : avoir peur d'une femme qui semblait si gentille avait quelque chose de stupide. Elle se rappelait d'elle, des nombreuses heures de travail passées avec Emily.
Mais alors son prénom ! C'était une autre histoire. Leslie aurait voulu entamer la conversation autrement : lui demander si elle allait bien, savoir si elle travaillait toujours à la Gazette, ce genre de chose. En tant normal, son autisme ne la dérangeait pas plus que cela. Elle finissait toujours pas trouver quelque chose, un signe, un geste de la main, quelque chose à mimer pour ce faire comprendre. Mais là ... Rien.
Aussi Leslie resta plantée là, à fixer Alisson droit dans les yeux sans parvenir à se remémorer son prénom.
« Le temps perdu se rattrape toujours. Mais peut-on rattraper celui qu'on n'a pas perdu ? »
La jeune fille avait hochait la tête, pour me répondre, comme si je l'avais légèrement dérangé dans son petit moment de solitude à sa table. Je m'étais donc alors assise, son geste me prouvait qu'elle me donnait l'autorisation d'être en sa compagnie. Je me sentais un peu bête sur le coup, parce que ce n'était absolument pas dans mon attention de la déranger. En fait, je détestais m'imposer ainsi, surtout avec des personnes dont je n'ai pas vu la couleur des yeux depuis plusieurs années. Et puis, je me sentais toujours gênée parce que, étant journaliste, les gens n'aimaient pas me parler « normalementé, si je puis dire ça comme ça. Et ça, ça m'attristait parce que j'étais pourtant toujours très naturelle et je respectais constamment les choix de chacun alors je ne comprennais pas pourquoi certaines personnes avaient encore cette haine envers moi, tout simplement parce que je suis journaliste..
Oh non, je ne pensais pas que c'était le cas de Leslie. Je la connaissais depuis si longtemps, même si je ne l'avais pas revu depuis ma rupture avec ma collaboration à la Gazette avec sa mère, Emily. J'aimais beaucoup Emily aussi. Elle avait toujours été gentille avec moi, même si elle ne m'avait pas aidé quand tout avait dérapé. Mais avec du recul, je ne lui en voulais absolument pas parce qu'à sa place, j'aurai réagit de la même façon : avoir une place haute dans le secteur du journalisme à la Gazette, ce n'était pas donné à tout le monde alors elle avait eu raison de se protéger.
Alors oui, Leslie était gênée et je l'étais aussi, pour être franche. Je ne lui avais pas beaucoup parlé à l'époque, même si je travaillais avec sa mère. Elle me parlait souvent de sa fille alors c'était comme ci je la connaissais, au fond. J'appréciais autant Leslie qu'Emily et pour moi, elles étaient très agréables toutes les deux. Et puis, j'étais un peu idiote de parler ainsi à Leslie, surtout qu'elle ne parlait pas. Oui, je m'en souvenais et ça m'avait beaucoup touché quand Emily m'avait raconté tout ça sur sa petite fille qu'elle aimait tant. C'était une histoire touchante et les deux femmes étaient vraiment si gentilles..
Avant que je reprennes à nouveau la parole, c'était Nathan qui arriva pour m'apporter ma commande alors je m'étais levée à nouveau pour le saluer et il me laissa en compagnie de la jolie Leslie.
« Merci. J'espère que je ne te dérange pas, Leslie. Je suis contente de te revoir, après toutes ces années, c'est impressionnant, je suis assez gênée pour ne rien te cacher. »
Je savais qu'elle ne parlait pas mais cela ne m'empêchait pas de discuter avec elle. Pour moi, il était même important de lui parler.
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Sam 20 Sep - 19:48