« Tu peux dormir avec moi si tu veux, mais rien que pour cette fois. » Sans un mot, le petit garçon se glisse sous les couvertures et pousse un petit soupire en se collant contre toi. Tes yeux se ferment. « Bonne nuit Noélyse. » « Bonne n... ». Tu n'as pas le temps de répondre. Ta voix s'étouffe dans ta gorge avant de se transformer en un cri déchirant, lacérant, larmoyant. La douleur est vive, transcendante. Elle traverse ton corps qui se tord dans l'espoir d'y échapper. Tu ne peux pas y échapper, prise au piège. Alors que les cris redoublent d'intensité tu sens doucement la vie s'échapper de toi. Tes paupières se font lourdes et dans un dernier souffle tu te laisses aller, les yeux rivés sur la petite silhouette enroulée dans les couvertures qui se contente de te regarde. Un sourire fleurit sur son visage de parfait poupon révélant des dents aiguisées. « Défends-toi un peu, qu'on rigole. » Incapable de te mouvoir, tu plonges tes pupilles dans les siennes avant de lâcher les armes et de te donner toute entière aux ténèbres. Le froid s'abat sur la pièce, le noir engloutit tout sur son passage.
Dans un sursaut tu ouvres les yeux. La clarté rayonnante te fait pousser un faible cri alors que tu te pelotonnes un peu plus sur le fauteuil inconfortable, sous cette couverture blanche qui pique désagréablement ton épiderme blanchâtre parsemé de quelques ecchymoses. Doucement, lentement tu t'obliges à inspirer et expirer calmement en t'accrochant tant bien que mal à la réalité. L'angoisse ne te quitte toujours pas, la réalité se fond à l'imaginaire te faisait hoqueté de terreur. La douleur peut te frapper à n'importe quel instant, tu ne peux baisser ta garde. Ton corps s'agite, prêt à se laisser une nouvelle fois engloutir par la terreur, tes yeux se posent sur un bleu plus gros que les autres s'étendant sur la totalité de ton bras droit, tes sourcils se froncent et tes mains s'agrippent avec force aux accoudoirs. « Il faut penser à des choses réels pour ne pas retomber dans la folie, Noélyse. Ce sont des réalités simples et concrètes, les souvenirs de ceux que tu aimes qui parviendront à te guider.». La voix de la jeune Psychomage semble pourtant si lointaine. Tu fermes les yeux en tentant tant bien que mal de t'accrocher à la réalité qui t'entoure. Murs blancs, draps blancs, paysage blanc au-delà de la fenêtre, seule les fleurs posées sur la petite commode à ta droite casse la monotonie de ce décor. Les tremblements ne cessent pas, ils s'intensifient. Noélyse Dolohov. Alix Dolohov. Filius l'elfe de maison. Les bavboules de Samaël et le rire de Beverly. Un flot d'images défilent devant tes yeux ternes et vides pour chasser les souvenirs obscurs qui t'envahissent bien trop souvent. Tes ongles tentent en vain de t'accrocher au bois vernis des accoudoirs. Tu glisses, tu tombes, tu te noies, tu suffoques. Tes muscles se bandent, réanimant par la même occasion la douleur dans tout ton corps qui s'agite faiblement, sur ce fauteuil dans cet hôpital. Un rire, des cheveux blonds, des cris, le visage de Samaël réapparaît. Samaël. Où est-il ? Tu as besoin de Samaël. Il te faut Samaël. Ce mot tu les réptès encore et encore, un murmure, une supplication, un appel à l'aide. Samaël. Samaël. Samaël. Stop! Tes yeux s'ouvrent, lentement, tu te relèves abandonnant la couverture sur le fauteuil. Ingorant les cris déchirants que poussent tes muscles à chaque mouvement, tu t'approches gentiment du petit lavabo. Tes mains s'enroulent avec determination autour de la porcelaine alors que ton regard se plonge dans deux yeux bleus acier. Et c'est soudain, tout ton monde qui s'écroule autour de toi. La personne qui te fait face dans la glace t'es étrangère, pire, elle t'effraie. Sa peau aussi pâle que meurtrie, ses cheveux blonds ternes, ses yeux bleus vides et inexpressisfs. Morts. Ton coeur s'emballe dans ta poitrine alors que tu recules d'un pas, puis de deux, horrifiée par cette femme qui semble être revenue de chez les morts. A nouveau, un spasme agite ton corps alors que la seule pensée claire qui s'impose dans ton esprit est de fuir. Cours. Cours. Fuis. Sans plus réfléchir tu te rues sur la porte, laissant derrière toi cet enfer blanc avant de t'engouffrer dans un couloir presque identique à la chambre que tu viens de quitter. Ton regard s'arrête sur un jeune homme à quelques mètres. Une larme roule sur ta joue, alors que ton coeur lui, semble sur le point d'imploser dans ta poitrine. « Que... » Ses sourcils se froncent. Sans attendre la moindre réaction de la part de l'homme tout de blanc vêtu tu te remets à courir, ignorant son cri. Vite. Tes jambes par un heureux miracle arrivent à te porter jusqu'au croisement de deux couloirs lorsque tu t'effondres en larmes sur le sol froid, la tête entre les mains, le dos appuyé contre la paroi. Ta tête vient frapper avec force le béton blanc. Une deuxième fois, puis une troisième. Vainement tu tentes de ne pas laisser la peur t'envahir, de te battre en t'accrochant à la voix de la gentille médicomage, de chasser les images qui te rongent l'esprit. Tu sembles pourtant une nouvelle fois avoir échoué. Tu sembles pourtant une nouvelle fois en danger.
Elle s’avança, essayant d'analyser la situation. Noah avait déjà perdu tout contrôle. Il savait ce qui allait se passer, et il n'allait rien faire pour l'en empêcher. Il ne pouvait rien y faire, il n'était pas en état et il ne pouvait pas prendre le risque de s'en prendre à ses alliés. Pire, il savait qu'il allait y participer. Et pire encore, il savait qu'il allait aimer ça. Un sourire mauvais se dessina sur son visage. La face cachée et sombre de Noah Carlyle commençait à se révéler. (référence - décembre 1980.)
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Sa main tremblait sur sa baguette si bien qu'il dû baisser son bras et renoncer à exécuter le sortilège - pourtant simple - qu'il avait prévu de lancer. Depuis quelque temps déjà son corps lui faisait défaut à quelques occasions. Noah en connaissait suffisamment sur la psychologie de base à force de fréquenter des psychomages pour savoir que ses faiblesses physiques résultaient d'un problème psychologique. Il En cours
† seven devils all around you -
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