Il y avait des jours comme ça, où il valait mieux éviter d’embêter Aiden. Et ce jour-là en faisait partie. Il avait décidé d’aller s’entraîner au Quidditch mais avait fait demi-tour suite à un problème d’organisation : les Gryffondor avaient déjà le terrain. Alors il avait voulu aller étudier à la bibliothèque mais il y avait trop de bruit. Quand il s’était énervé et leur avait crié dessus, la bibliothécaire l’avait fait sortir à coup de pied aux fesses. Aiden, agacé, avait erré dans les couloirs du château sans but précis, espérant croisant une connaissance qui aurait le calmer. Mais il avait d’abord croisé Isalyne et ensuite le professeur de Métamorphose qui lui avait reproché de ne plus être assez attentif en cours. Alors ça avait été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase. Aiden décida de retourner dans la salle commune et de dormir jusqu’au lendemain, afin d’être sûr qu’il ne lui arriverait pas une autre catastrophe dans la journée. Il emprunta les escaliers et, comme il fallait s’y attendre, ces derniers l’emmenèrent partout sauf à l’endroit où il voulait aller. Il jura. « C’est pas vrai, cria-t-il, quelle journée pourrie ! » Ce n’était pas réellement digne d’un Sang-Pur de s’énerver comme ça, mais c’était plus fort que lui. Il aurait aimé qu’à cet instant on le prenne par la main, le mette au lit et le borde bien gentiment. En fait, le stress et la fatigue emmagasinés ces derniers temps commençaient à le rattraper, l’envahir, le posséder totalement. La dernière année d’étude à Poudlard était loin d’être la plus simple, toute sa vie était en jeu. Et dans moins d’un an il aurait sa propre maison, suivrait ses études pour devenir Auror, préparerait la vie qu’il mènerait avec Isalyne. En plus de cela, il devait gérer les entraînements de Quidditch, le mensonge qui le rongeait quant à sa demi-sœur et l’obsession de Daemon pour cette dernière … Oui vraiment, c’était épuisant. Alors, quand le garçon de Gryffondor qui avait osé poser ses mains sur sa fiancée croisa son chemin et l’aborda de façon détestable, Aiden trouva l’opportunité parfaite de se défouler. « Qu’est-ce que tu veux ? » demanda-t-il dans un soupir. S’en suivit une suite d’insultes et remarques désobligeantes à son propos. Il traita également Isalyne de fille de petite vertu pour rester poli et Aiden sortit sa baguette avec une vitesse de serpent qui se jette sur sa proie, avant de projeter le garçon en arrière. Ce dernier tomba sur une armure dans un bruit fracassant qui fit trembler les murs du château. « Manque lui encore de respect et je te tuerai. » Il le laissa en suspend dans l’air, tête à l’envers, et entra dans la salle la plus proche en attendant des pas précipités arriver dans leur direction.
Aiden jeta un coup d’œil autour de lui : les toilettes de Mimi Geignarde. Il n’aurait pas plus mal tomber. Ses couinements eurent le don de lui donner mal à la tête. La porte s’ouvrit de nouveau et le jeune homme se retourna vivement. Mais au lieu de s’énerver plus encore, un sourire amusé se dessina sur son visage : cette fille, il l’aurait reconnue entre mille. Prudence Turner, la préfète des Serdaigle qui prenait la mouche pour un rien. Aiden avait déjà eu à faire à elle par le passé et il ne se souvenait que trop bien de la façon qu’elle avait de brandir les parchemins remplis de l’écriture des lois du château et de tenter de les faire appliquer. Il croisa les bras et s’appuya contre les lavabos, avant de planter ses yeux dans les siens. « Alors miss Turner, on vient prêcher la bonne parole ? » plaisanta-t-il. Il plaignait sincèrement les Serdaigle d’avoir une telle préfète, d’autant que ces derniers étaient généralement calmes et posés et qu’elle était tout le contraire. D’ailleurs, que faisait-elle dans cette maison ? Aiden voulait le savoir, aussi il n’hésita pas à le lui demander : « Au fait, je me pose beaucoup de questions à ton sujet, tu sais. Je me demandais … Enfin, tu … » Il laissa sa question durer quelques secondes, faussement gêné. Il savait que c’était une fille prude qui semblait détester les garçons, et la taquiner avait un effet jouissif sur sa personne. Il se gratta la nuque pour en rajouter à son embarras théâtral, avant de terminer : « Pourquoi est-ce que t’es à Serdaigle alors que t’es un peu hystérique comme nana ? » Aiden se mordit la lèvre pour ne pas éclater de rire, fier de sa question. Il s’approcha alors d’elle et lui tourna autour comme un tigre autour de sa proie et, une fois dans son dos, il approcha ses lèvres de son oreille lentement, avant de souffler : « Je suis un homme, tu es une femme, nous sommes seuls dans les toilettes. Ça ne te donne pas des idées ? » Aiden avait hâte de voir comment elle réagirait, amusé à l’avance. Mimi Geignarde qui passait par là poussa un nouveau soupir désespéré et alla plonger dans la cuvette la plus proche pour ne plus les entendre. Il y avait trop d’animation pour elle, dans cette pièce.
Prudence était comme d’habitude en train de travailler à la bibliothèque. Où aurait-elle pu aller sinon dans ce temple du savoir et de la sagesse @.@ Elle y était parfaitement à sa place, elle qui était parfaitement préfète. Ou préfètrement parfaite ! Préfètement préfète ! Parfaitement parfaite ! Il était évident que Prudy était incroyablement sûre d’elle et ne doutait pas une seule seconde d’être la meilleure. Elle travaillait très dur pour ça, il aurait été tout simplement im-pen-sa-ble qu’il puisse en être autrement !
Prudy avait donc une pile monstrueuse de gros livres pour bien montrer au monde entier qu’elle travaillait même si elle n’en utilisait pas la moitié. Elle se tenait bien droite sur sa chaise, la poitrine bombée en avant pour faire briller son insigne de préfète au moins mouvement, ses cheveux roux parfaitement bouclés tombant parfaitement sur ses deux épaules. Droite, fière et préfète, elle travaillait avec un sérieux implacable. Elle fichait tous ses cours, ajoutait les fruits de ses recherches complémentaires et tout ce qui lui semblait nécessaire. Résultat ses « fiches » étaient souvent bien plus longues que ses prises de notes, mais ça n’était pas très important. L’essentiel était de faire travailler son cerveau.
Cependant à force de travailler pendant des heures, vint un moment où la nature reprit ses droits. Elle avait envie de faire pipi depuis un bon moment, mais à présent sa vessie hurlait au trop plein. Elle essaya de l’ignorer mais au bout d’une demie-heure passée à se tortiller sur sa chaise, elle se décida ENFIN à aller aux toilettes. Elle ramassa toutes ses affaires d’un sortilège préfètement im-pe-ca-ble dans son sac ensorcelé pour contenir touuuutes ses affaires et s’en alla vite, vite, vite hors de la bibliothèque. Elle se dépêcha de gagner les toilettes des filles au deuxième étage et ouvrit la porte à la volée.
Glups. Que faisait un GARÇON dans les toilettes des FILLES ?! C’était IN-TER-DIT ! Au viol ! Au meurtre ! À L’ASSASSIN ! Prudy était partagée entre l’envie furieuse de s’enfermer dans une cabine pour soulager sa vessie qui menaçait de la lâcher à tout moment et celle de commencer un sermon. Elle choisit de faire plus ou moins les deux.
- Monsieur Buckley ! Vous êtes dans les toilettes des filles ! Article 15 du règlement de Poudlard, alinéa 4 : il est interdit aux garçons de pénétrer dans les toilettes des filles et vice et versa ! Veuillez sortir immédiatement ou je serais dans l’obligation de vous donner une retenue ! piailla-t-elle en continuant de sautiller sur place.
Qu’est-ce qu’il lui faisait là ? Elle n’était pas hystérique par Rowena ! Elle était une jeune fille tout à fait convenable qui translatait discrètement jusqu’aux cabines.
- Je ne suis PAS hystérique ! Je suis tout simplement indignée devant si peu de respect de la part de mes camarades. Et descendez de ce lavabo, il est interdit d’abîmer le matériel !
Que voulait-il dire exactement ? Il était un homme, ça restait à prouver... Il était un gamin plutôt, incapable de respecter le règlement ! Et elle une... femme ? Prudy se sentit rougir jusqu’aux oreilles.
Là, elle allait craquer et se faire PIPI dessus si elle n’allait pas aux toilettes. Prudence s’enferma dans une cabine... mais hésita un instant. Est-ce qu’il était parti ? Est-ce qu’il allait regarder par-dessus ou par-dessous ? Faire pipi, ne pas faire pipi... Là était la question. Mais si elle ne le faisait pas dans les trente secondes, tout finirait dans sa culotte. Vaille que vaille, Prudy baissa son collant et sa culotte en coton avec un licorne en prenant bieeeen soin de se cacher avec sa jupe (on ne savait jamais) et s’assit sur son trône.
Décidément, comment cette fille pouvait-elle être aussi amusante ? Il n’avait jamais compris comment il était possible d’atteindre un tel degré d’absurdité, et Prudence ne semblait même pas le faire exprès. Quand elle entra dans les toilettes il se pinça les lèvres pour ne pas rire et passa ses mains sur son visage, retenant un fou rire qui menaçait de trahir le coup qu’il allait faire. Il ouvrit la porte de la pièce et la claqua pour faire semblant de partir, puis s’approcha à pas de loup des toilettes à côté de celles qu’avait investi Prudence, avant de monter sur la cuvette et s’appuyer par-dessus, sans pour autant regarder Prudence. S’il s’amusait à la taquiner et ne la respectait pas vraiment, Aiden n’en était pas un harceleur sexuel. D’une voix amusée et solennelle à la fois, il déclara : « Ma chère Prudence, il faut quand même que je te dise que les toilettes de Mimi Geignarde ne sont plus alimentées en eau depuis des années, elles ne sont plus fonctionnelles. » Se posait alors la question de la façon dont elle tirerait la chasse. Il tapota pensivement son doigt sur ses lèvres et descendit de son perchoir pour retourner s’asseoir sur les lavabos, comme elle le lui avait interdit. « Y a-t-il une loi contre les dégradations publiques, sur tes parchemins ? Il faudrait peut-être que tu te retires des points ! » plaisanta-t-il alors qu’elle sortait des toilettes. Il descendit de nouveau de l’endroit où il était assis et se mit à faire les cent pas, adoptant une attitude hystérique semblable à la sienne. « Mademoiselle Turner, ça ne va pas du tout, je suis outré par le manque de considération de mes camarades vis-à-vis de ces toilettes d’une propreté exemplaire que sont celles de Mimi Geignarde, vraiment si j’en avais le pouvoir j’enlèverais tous les points de votre maison suite au décret 376.A alinéa 65,2 ! Et après, je vous les ferais frotter comme une moldue jusqu’à ce qu’il ne reste pas une trace de poussière ! » Aïe. Il savait que ça promettait de nouveaux cris et de nouveaux fous-rire. Il jouait avec le feu, mais au fond, à part faire perdre dix points à sa maison, Aiden ne craignait rien. Si la situation devenait dangereuse, il avait la méthode : se transformer en chat et prendre la fuite. Être animagus, c’était réellement pratique.
Qui aime bien châtie bien. Au fond, s’il ne la respectait pas beaucoup, ça n’empêchait pas Aiden de l’apprécier. Jusqu’à présent, ceux qu’il avait détesté ou dont il se fichait royalement finissaient avec un sort paralysant ou étaient tout simplement ignorés. De nature joueuse, le jeune homme appréciait les défis et rendre cette fille dingue en faisait partie. Cependant, il savait qu’il y avait des limites à ne pas franchir et un jour il se détournerait d’elle totalement comme d’autres avant Prudence, pour que ça ne tourne pas au drame. Aiden avait conscience que ce n’était qu’un jeu pour l’instant, et que même si elle piquait des véritables colères en sa présence elle ne le prenait pas trop à cœur, pas entièrement. Pourtant, viendrait peut-être un jour où elle aurait même peur de le croiser, ne supportant plus sa façon de jouer avec ses nerfs. Et Aiden arrêterait avant que ça n’arrive. Il s’approcha de Prudence et prit une mèche de ses cheveux dans sa main, l’observant avec attention. Il se risqua à dire, amusé : « J’adore les rousses, elles sont sublimes, d’un grâce singulière. » Il relaissa tomber la mèche de cheveu de la préfète et l’observa des pieds à la tête, attendant une réaction de sa part. Il croisa les bras et sourit, avant de continuer : « Tu sais Prudence, je me souviens de la première fois que je t’ai vu comme si c’était hier. C’était … Incroyable. » Quelle connerie pouvait-il bien lui sortir ? Il réfléchit un instant à une chute mémorable et déclara : « Tu sais, toi et moi … Enfin est-ce que tu crois qu’on … Je … Non, je ne sais pas comment le dire, ça me gêne. » Il ne trouvait pas s’embrouillait, rougissait … Parfait ! Il passa une main dans ses cheveux, légèrement agacé toutefois de ne pas avoir de bonne grosse boutade à lui lancer. Selon sa réaction, il trouverait. Sans le soutien de Prudence, Aiden n’était rien. Cette pensée l’amusa énormément.
Ouf, il était parti... Prudence fut profondément soulagée d’entendre la porte claquer derrière son camarade masculin. Elle put enfin relâcher son périnée et faire son gros pipi silencieux. Parce qu’une fille fait toujours pipi silencieusement, c’est bien connu ! Elle poussa un petit soupir de soulagement en baissant la tête. Elle tripota une de ses boucles rousses distraitement lorsqu’elle entendit une voix au-dessus d’elle. Une voix masculine. Encore. Le sang de Prudy ne fit qu’un tour et elle... Elle paniqua. Complètement.
- HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!!!!ESPECE DE PERVERS!!! VA-T-EEEEEEEEEEEEEEEEN !! T’ES COMPLETEMENT MALADE ! OBSEDE ! PERVERS ! NE ME REGARDE PAS !
Les cris stridents de Prudence résonnèrent dans les toilettes. Elle n’avait même pas écouté ce que racontait le jeune homme, bien trop occupée à hurler au viol et à se cacher avec sa jupe. Elle en avait même perdu son vouvoiement ! Heureusement le garçon partit très vite et elle put se rhabiller à la hâte sans oublier de s’essuyer quand même, fallait pas abuser. Une fois son petit minou bien dissimulé derrière sa culotte, son collant noir et sa jupe, la jeune fille put respirer. Elle avait encore le cœur qui battait à 3 milliards à l’heure et les mains tremblantes. Est-ce que Buckley l’avait vue ? Rien que d’y penser, elle se sentait défaillir. Elle tira la chasse distraitement et sortit de la cabine d’un air méfiant. Évidemment, le garçon était toujours là.
- Espèce de pervers... Je suis obligée de vous donner une retenue ! J’en ferais part à un professeur, votre attitude est IN-TO-LE-RA-BLE ! Et n’essayez pas de me rappeler le règlement ou pire, d’inventer des articles ! Je le connais par cœur. Et je ne comprends pas ce que vous voulez dire, je... - QU’EST-CE QUE C’EST QUE CE BAZAAAAAAR ! VOUS VOUS CROYEZ OU POUR HURLER COMME CA ! SORTEZ DE CHEZ MOI !
Ah oui. Les toilettes de Mimi. Elles n’étaient pas inutilisables parce qu’elles étaient cassées. Mais bel et bien parce qu’elles étaient hantées par un fantôme. Le fantôme de Mimi qui hurlait à présent, flottant à un mètre au-dessus du sol, profondément outrée par une telle agitation dans ses toilettes.
- Laissez-nous, Mimi ! Tout ça ne vous regarde pas ! - Cela ne me regarde pas ? Moi ? J’habite ICI ! Mais qui s’occupe de la pauvre, la malheureuse Mimi qui broie toujours du noir.... Gnuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu !
Et voilà, elle s’était mise à pleurer. Vexée, Mimi disparut dans un mur des toilettes. Prudence soupira une énième fois et se tourna vers son camarade laissé un peu en reste de la conversation. Fière comme jamais, elle avança calmement jusqu’à lui pour se laver les mains. Elle allait l’ignorer et aller chercher un professeur pour signaler la retenue. Mais le garçon ne semblait pas décidé à en rester là. Qu’est-ce qu’il lui prenait à lui attraper les cheveux comme ça ?! Prudence fusilla Aiden du regard avant de se sentir soudainement gênée par l’observation critique que fit le jeune homme. Qu’est-ce que... Quoi ?
- Arrêtez de dire n’importe quoi ! V-v-v-v-vous m’énervez !
Comprenant soudainement où son camarade voulait en venir, Prudence se sentit rougir jusqu’aux oreilles. Et sur une rousse, ce n’était guère flatteur. Ses joues la brûlaient, elle ne savait plus ou se mettre. Elle baissa les yeux et commença à triturer le bas de son pull. Elle avait chaud, que se passait-il ? Est-ce que Buckley était vraiment... ? Enfin la trouvait-il jolie ? Pour... Pour de vrai ?
« C’est malin, t’as fait pleurer Mimi. J’espère que t’es fière de toi ! J’espère que la culpabilité t’envahit, te ronge, prend possession de ton cœur et de ton âme, que tu t’en voudras tellement que tu ne sauras plus où te mettre. » lança-t-il en se pinçant les lèvres, bras croisés. En fait, il se moquait totalement que Mimi pleure, ce fantôme était particulièrement agaçant. Une fois il avait réussi à avoir une conversation à peu près normale avec elle, mais elle s’était mise à se lamenter pour une raison tout à fait idiote et avait hurlé si fort qu’Aiden avait dû aller à l’infirmerie pour s’assurer qu’il n’était pas sourd. Sa réaction eut l’effet escompté et le jeune homme sourit. « Je sais que je te trouble Prudence, je le perçois dans ta voix tremblante. » Aiden n’était vraiment pas gentil avec elle, il le savait. Mais il ne pouvait s’empêcher de la tester, de s’imprégner de chacun de ses réactions excessives. Prudence avait un don certain pour lui faire oublier ses problèmes et chaque seconde passée près d’elle était un véritable bonheur. Il la regarde tirer timidement sur son pull, se demandant ce qui pouvait bien se passer dans sa tête rousse. Il fit quelques pas, adoptant une attitude théâtrale. « Je sais que je me suis très mal comporté avec toi. Mais tu sais, au fond, je suis quelqu’un de … Malheureux. Oui c’est ça, malheureux. J’embête les autres pour attirer l’attention, parce que je me sens seul. » Avant de la laisser en plan, Aiden allait essayer de l’amadouer pour l’empêcher de lui enlever des points ou de le coller en retenue. Connaissant Prudence, elle courrait voir un professeur dès qu’elle aurait franchi cette porte et c’était très mauvais signe pour lui. C’était mérité, mais mauvais. Aiden voulait absolument devenir Auror, et ce genre de choses entacherait sa réputation. « Tu sais, je rêve de devenir Auror et d’avoir une belle maison avec la femme que j’aime. Et les problèmes que je cause m’empêcheront certainement d’aller au bout de mes rêves. Je m’en veux tellement ! » Si il avait été possible d'être amoureux de soi-même, Aiden aurait le béguin pour lui.
« Au fait, dit-il avec un sourire, tu peux me tutoyer. Je ne suis pas tellement plus âgé que toi. Et on commence … A se connaître, maintenant, miss culotte à la licorne ! » Aiden ne pouvait pas rester sérieux trop longtemps, en compagnie de Prudence. Il se tenait les côtes, s’efforçant de ne pas rire alors que tout son corps était secoué de tremblements. Il avait un excellent moyen de pression sur elle : si jamais elle parlait, il raconterait à tout le monde qu’il avait vu sa culotte, et pas forcément par accident. Aiden savait que Prudence savait qu’elle était coincée. Si elle l’humiliait, il l’humilierait aussi. Auprès des Serpentard, ce genre d’histoire dégénérait vite et bientôt Prudence serait lynchée par la moitié de l’école. Le jeune homme savait qu’il se comportait parfois comme un monstre. Mais il n’était pas chez les vert et argent pour rien : ambition, ruse, malice … Tout était bon pour parvenir à ses fins. Les Serpentard obtenaient toujours ce qu’ils voulaient, d’une façon ou d’une autre. Et Aiden avait la chance de ne pas être dépourvu d’intelligence, ce qui lui permettait toujours de s’en sortir. Il se demanda alors si tout le monde se comportait comme lui avec Prudence, ou s’ils étaient quelques rares personnes à le faire. La vie de la demoiselle lui parut alors bien triste. « Dis-moi, tout le monde est aussi méchant que moi avec toi, ou pas ? » Aiden ne savait pas bien pourquoi il avait envie de le savoir, au fond ça ne le regardait pas. Mais dans le cas où il n’était pas le seul, il ferait plus attention. Hystérique comme elle était, Prudence risquerait de piquer une crise et menacer de sauter de la tour d’astronomie. Aiden était sûr qu’elle en était capable. Or il n’avait que moyennement envie d’avoir sa mort sur la conscience. Et si elle revenait le hanter sous forme de fantôme ? Le jeune homme ne supporterait pas d’avoir une Mimi Geignarde personnelle, surtout si elle brandissait le texte de lois sous son nez dès qu’il faisait un pas de travers. Quelle plaisir pouvait-elle trouver à se comporter ainsi ? Pourquoi cherchait-elle à être parfaite ? « Prudence, pourquoi tu tiens absolument à être parfaite ? » s’enquit-il sérieusement, sans animosité, sans moquerie.