Je suis née un dix-huit juillet, il me semble avoir déjà entendu mon père dire qu’il pleuvait ce jour-là et que ça allait très bien avec mon âme. Pour lui j’étais une erreur de la nature il voulait un héritier, quelqu’un pour prolonger la grande lignée des Buckley. Des conneries oui. Mon père n’était dans aucun camp bien précis, comme toute ma lignée, il suivait juste la ligne de conduite des sang-pur. Pas plus, pas moins. Et même après plusieurs insulte à son égard il ne fait rien, ne bouge pas. Il reste neutre quoi qu’il arrive. Ce qui est clairement énervant car comment vivre sa vie sans savoir avec qui être sympa et avec qui ne pas l’être sans se faire engueuler. J’ai grandi dans la solitude est la douleur. Ma mère étant morte en me mettant au monde c’est mon père qui m’a élevé. Il m’a élevé à coup de sorts plus ou moins divers selon son inspiration et son humeur. Tout le temps enfermée dans ma chambre je n’ai jamais vraiment eu de rapport avec l’extérieur, seulement ma fenêtre. Tout ça parce que je n’étais pas l’enfant qu’il aurait souhaité avoir mais pourtant je ressemblais à mon père en tout point, tout le monde me le disais, nous le disais, mais mon père lui, s’en foutait totalement, il n’écoutait que lui, que sa soif de vengeance envers moi, envers le fait que j’ai décidé de naître en héritière et non en héritier. En fait je crois qu’il me hait aussi car pour lui sa femme et morte par ma faute, c’est moi qui l’ai tué lorsqu’elle m’a mis au monde. Je regrette d’être né mais maintenant je n’ai pas le choix. Au fil du temps j’ai appris à me battre, à rester forte. Au fil des ans je m’endurcissais et au fil des coups je commençais à rester debout de plus en plus malgré la force des sorts. Plus les séances de tortures passaient plus mon père devenait violent, aggravant ses effets.
Au printemps de mes treize ans j’ai reçu ma lettre pour Poudlard et je me suis dit : enfin. Pendant mes dix années de séquestration j’ai eu le temps de lire tous les bouquins de la grande bibliothèque du manoir dont beaucoup sur l’école de sorcellerie. Tout naturellement mon père était fier de moi. C’était bien la seule fois d’ailleurs. Alors je suis rentré à Poudlard, avec ordre d’être la meilleure de tous. Mes trois premières années sont passées, banales à mourir, voulant défier mon père je n’étais pas la meilleure, juste dans la moyenne. C’était les grandes vacances et je rentrais chez moi. Je sentais qu’il allait se passer quelque chose. Je rentre chez moi et pose mes valises alors que mon père arrive dans l’entrée et me montrer les cachots. Je soupirais et baissais la tête en m’exécutant et en descendant aux cachots. Que je sois à Poudlard ou non ça avait continué, à chaque vacances c’était ça, aucun répits ni pour Noël et encore moins mon anniversaire. Je laissais ma baguette à l’entrée, j’avais l’habitude et je m’étais endurcie. Il commença à lancé des sorts. Je les connaissais par cœur, toujours les même pour commencer puis après ça augmentait en puissance. Je résistais quelques minutes avant de tomber à genoux en grimaçant et en gémissant de douleur. Plus les minutes passent plus je sens mes forces me quitter et plus rien, le trou noir.
Je me réveille dans un lit blanc, une chambre blanche, quelque chose qui n’est pas à moi ni à mon père d’ailleurs. Une infirmière arrive et me raconte ce qu’il se passe. Je sors de cinq mois de comas dû à un fort choc à la tête apparemment. Je vois mon père apparaitre à la porte et fronce les sourcils. Il me traite comme si rien ne s’était passé, comme si il m’aimait du plus profond de son coeur. Alors c’était donc ça ? Même après avoir découvert de nombreux bleus, hématomes et autres blessures, mon père est toujours là ? C’était donc ça le ministère à présent ? A ma sortie de l’hôpital mon père stoppa ses séances de torture… Du moins tant que je me remette de mon coma et puis il a repris. J’ai toujours des séquelles mais elles sont invisibles, toujours cachées derrière des capes trop grandes, des tee-shirts à manche longue. Aujourd’hui je n’arrive pas à m’empêcher de me conduire à l’inverse des vœux de mon père, je fais la fête dès que je peux, je suis libertine, couchant à droite à gauche et puis je ne bosse pas. Tout ce que je fais c’est compter les jours jusqu’à ma majorité. Plus que 1095 jours. Oui aujourd’hui, je fête mes seize ans, bien décidée à ne pas changer. A ne rien changer. Rien.