«Face à la mort celui qui méritera de vivre et celui qui vivra sont deux choses bien différentes.»
Il avait signé ce parchemin comme si il s’agissait d’un document d’une haute instance. D’une plume raffinée, il s’était appliqué dans ses écrits comme il l’aurait fait envers n’importe quel aristocrate d’importance. Chaque mot, chaque phrase était réfléchie, d’une perfection rimant étroitement avec la froideur qu’on lui connaissait bien. La différence était qu’il s’adressait à moi, son fils. Je n’étais pas un de ses collègues, ni même une de ses précieuses connaissances, c’est pourtant de cette façon qu’il m’interpelait. Le respect qu’il tentait de m’inculquer était un obstacle à notre relation. Être abordé avec un ton aussi austère et directif n’était rien pour bâtir des liens familiaux solides. Je n’étais pas un de ses contrats à assumer, mais cette mission qu’il avait de me former aux valeurs que je ne partageais pas entièrement en avait toute les allures. Voilà pourquoi je me retrouvais encore aujourd’hui devant une lettre dépourvu de toute affection paternelle. Un soupire m’avait échappé, car même si je prétendais en avoir fait mon deuil, une part de moi espérait toujours cette précieuse reconnaissance. Les lettres de mon père ne parvenaient jamais sans raison. Mauvaise nouvelles, déceptions scolaires ou réflexion sur mon comportement. Il n’était pas rare que mes rencontres répétés auprès de Mlle Rosebury était suivit d’une lettre de mon géniteur. Rarement tendre dans ses propos, il ne prenait pas de détour pour aborder de front un sujet fâchant, m’écorchant de sa rudesse qu’il évitait d’exposer au grand public. Ce n’était pourtant pas l’issu de cette lettre. Un service, voilà ce qu’il attendait de moi. À l’occasion il testait ma fiabilité et j’avais toujours remplis ses demandes d’intermédiaire. Son horaire chargé le contraignant, il se référait ironiquement à moi pour palier à se problème. Peut-être était-ce sa manière à lui de m’inclure dans son quotidien en dépit de la déception que j’inspirais pour lui. La demande était simple; récupérer un paquet à « la tête de sanglier ». Je m’étais autrefois demandé pourquoi il ne s’organisait pas pour recevoir son courrier directement. Les moyens ne manquaient pas et nos hiboux étaient tout à fait fiables, mais selon lui, certaine chose se devait d’être remises en main propre. S’il s’exaspérait de mon attitude, cette responsabilité témoignait indirectement de la confiance qu’il misait en moi.
J’avais trainé les pieds sur le pavé menant au petit village établit non loin du château. Tard dans l’après-midi, j’avais répondu à la demande de mon père. La température s'était refroidit, annonçant l'approche de l’hiver. J'avais du vêtir un blouson pour contrer la fraicheur de l'air qui allait amplifier une fois que le soleil aurait décliné. Pré-au-lard n’était pas une destination que j’avais pour habitude de fréquenter contrairement à certains élèves qui en faisait un incontournable. Je préférais occuper mes fins de semaine au quidditch ou à une paresse bien assumé. À l’occasion je me laissais tenter par un détour à la populaire confiserie, gaspillant les galions que j’avais en poche, faisant le plein de sucre. Aujourd’hui ne fit pas exception, dévalisant la boutique jusqu’à ce que les moyens me manquent. Deux boites de choco-grenouilles dans les poches et un bâton de réglisse entre les dents j’étais sorti de la boutique en ayant déjà mangé la plupart de mes achats. Dans un tel endroit, la tentation était forte et être raisonnable n’était pas une option envisageable. Gouter n’était pas gratuit et on freinait rapidement mon enthousiasme par une facture qu’on s’empressait de me mettre sous le nez. Il n’y avait que ce moyen pour me limiter dans mon élan de gourmandise. Mon arrêt dans le pub miteux m’enthousiasmait beaucoup moins, mais c’était la raison première de mon passage dans les rues convoitées du petit bourg. J’avais poussé le battant grinçant de l’établissement sinistre, déterminé à accomplir cette tâche simple qui m’avait été confié. Une corvée qui ne prendrais que quelques minutes tout au plus.
L’odeur du houblon m’arracha une moue, témoignant de mon désagrément. Je n’appréciais pas spécialement l’endroit qui me rappelait étroitement le sous-sol crasseux de feu mon oncle. Je ne comprenais pas comment on pouvait apprécier un endroit pareil, tant il n’avait pour moi, rien d’invitant. J’entrerais et ressortirais aussitôt en évitant les regards des habitués qui ne manquerais pas de remarqué la présence d’un nouveau visage. Je passais la porte, alors qu’une femme me bouscula pour sortir avec empressement. Je m’étais reculé pour la laisser passer, avant que la porte ne se referme derrière moi. La salle n’était pas comble et mon air candide faisait tâche dans ce décor désolant à l’air saturé. Je m’étais approché du comptoir, suivant mes propres indication de ne lever les yeux que vers le tenancier. J’avais arraché le bâton de réglisse d’entre mes dents, chiquant le morceau énorme que j’avais en bouche comme il s’agissait de tabac. Un homme d’un certain âge m'accueilli d’un sourire étonnement chaleureux, alors que je m’empressais d’avaler la friandise que j’avais encore en bouche. « Je viens prendre un paquet pour m’sieur Eliaz Harwicks » Trépignant d’impatience à l’idée de retourner au château, je m’étais empressé d’étaler la raison de mon passage. Je n’accordais peu d’intérêt pour le tenancier qui à l’instar de moi-même présentait un calme alarmant. Ce sourire ne quittait pas ses lèvres, alors qu’il rétorqua simplement « Monsieur Harwicks est passé ce matin récupérer son paquet ». Mon visage exprima sans retenu mon scepticisme, fouillant dans ma poche pour récupérer le parchemin. Du bout des doigts j’effleurais le bout de papier coincé sous mes derniers achats, avant de l’extirper. « Il doit s’agir d’autre chose, il ma bien indiqué de me présenter ce soir pour prendre son colis. » Mon regard chercha des yeux le passage de la lettre en question que je m’empressai de présenter à mon interlocuteur. Il leva les yeux brièvement vers la citation écrite noir sur blanc, avant de se reculer en secouant la tête. « Je n’ai rien d’autre. Désolé » Puis il s’éloigna pour servir un client qui réclamait son attention. J’avais posé une dernière fois mon regard sur le document qui m’avait valu un déplacement inutile, avant de le fourrer dans ma poche sans l’épargner.
Il s’était chargé lui-même de cette tâche qu’il considérait comme problématique. Mais à quoi bon insister s’il se chargeait lui-même de cette tâche sans m’en prévenir. Lui qui donnait autant d’importance à la famille était souvent lui-même égoïste. Jamais il n’avait de compte à me rendre et ne pas me prévenir des imprévues n’était pas pour lui une obligation. Il avait droit d’exiger tout de moi, mais je devais accepter ses lacunes. Nous n’étions pas sur un pied d’égalité et c’était ce genre d’évènement anodin qui en témoignait. S’il s’acharnait à souligner la déception que je représentais, je pouvais en dire tout autant de lui ce soir.
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A horrible way to die ǂ Hiatus
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