NOM: Rackharrow. Synonyme d'aristocratie, de pouvoir, de rigueur et par-dessus tout de pureté. La tradition veut que chaque héritier épouse une femme ou un homme de lignée noble et de sang pur, avec qui il ou elle aura autant d'enfants qu'il le faudra pour que naisse un garçon. Rares furent les pièces rapportées de cette famille qui survirent longtemps après avoir donné naissance à un héritier de sexe masculin. Salem est fier de son nom et de ce qu'il signifie même s'il ne peut s'empêcher, parfois, de se dire que sa vie aurait été plus simple s'il était de naissance plus humble. Il ne dévie toutefois pas du chemin et suit les enseignements de son père avec application. PRÉNOMS: Salem Hindley. Le premier est un choix de son père en hommage à leurs hypothétiques ancêtres de la célèbre chasse aux sorcières. Il a souvent répété à son fils qu'il ne lui faudrait jamais oublier ce qui s'est passé à cette époque, car c'est ce qui le dissuadera d'avoir de la compassion pour les Moldus et les Sorciers de sang impur. L'adolescent porte ce prénom fièrement. Nathanaël a daigné laisser le choix du second prénom à son épouse ; elle a opté pour une référence à un livre aussi célèbre chez les Sorciers que chez les Moldus, Les Hauts de Hurlevent. Nathanaël a longtemps protesté mais il a finalement accepté quand sa femme lui opposa une théorie selon laquelle les sœurs Brontë seraient des Sorcières ayant choisi d'étendre leur public au-delà de celui qu'elles connaissaient déjà. Comme pour tout ce qui se rapporte à sa mère, le jeune héritier ne trouve aucun intérêt à ce prénom qu'il juge disgracieux. AGE: Dix-huit ans. Majeur depuis un an, il n'a jamais eu envie de profiter comme les autres des privilèges que cet âge apporte à ceux de sa génération. En effet, quand ces derniers s'amusent à agiter leur baguette dans tous les sens pour voir ce qui va se passer, lui préfère s'adonner à des expériences plus poussées, à des rituels qu'il a découvert au cours de ses lectures et qui sont pour la plupart peu recommandables. ANNÉE: Cinquième. L'année des BUSES, une étape obligatoire dans la vie de tout jeune Sorcier scolarisé en Grande-Bretagne. Il n'est pas plus nerveux que cela à propos de ces examens, sachant pertinemment qu'il les aura facilement. Il met cependant toutes les chances de son côté en passant encore plus de temps que les années précédentes à la bibliothèque, bien que ses lectures dévient souvent du corpus imposé par ses professeurs. STATUT: Promis. Depuis ses dix ans, il sait qu'il n'aura pas le choix de celle qui partagera un jour sa couche. Bien que cela l'ait un peu dérangé quand il était plus jeune, aujourd'hui il fait avec et ne se gêne pas pour profiter de sa jeunesse pendant qu'il le peut encore. Au fil des ans, il en est même venu à préférer savoir avec qui il finira ses jours, d'autant qu'il est assuré de ne pas se retrouver en mauvaise compagnie contrairement à ses camarades de classe. De plus, il considère l'expérimentation sentiment amoureux comme une futilité et une faiblesse plutôt qu'une chance, et est donc satisfait de se savoir épargné. PURETÉ DU SANG: Pur. Jusqu'au bout des ongles. Il se sent – se sait – supérieur à ceux qui ne sont pas dans le même cas que lui, mais a assez de jugeote pour le cacher. Bien qu'il méprise profondément ceux dont l'ascendance n'est pas aussi immaculée de sang moldu que la sienne, il ne s'abaisse pas à les insulter ou les humilier publiquement. De plus, selon les enseignements de son paternel, il ne sous-estime pas cette race d'usurpateurs et préfère attaquer dans l'ombre plutôt que de s'exposer à une quelconque vengeance de leur part, même s'il ne doute pas de ses capacités à se défendre le moment venu. MAISON SOUHAITÉE: Serpentard. La décision du Choixpeaux ne fut pas une surprise. A vrai dire, le jeune homme ne s'est jamais vraiment posé la question des autres Maisons. Il sait qu'il aurait préféré mourir que finir à Poufsouffle, et qu'il aurait certainement grimacé si on l'avait envoyé à Gryffondor. Être à Serdaigle l'aurait probablement laissé de glace. PARTICULARITÉ: Aucune. En tout cas pas d'ordre magique.
✎ Votre personnage trouve par hasard dans un couloir les réponses du prochain devoir de potions, que fait-il ? Il jette un œil au parchemin, s'aperçoit bien vite de quoi il s'agit et le range dans sa poche. Pas besoin de le lire, il est bien assez intelligent pour s'en sortir seul. Il ne sait pas encore ce qu'il va en faire, mais cela peut toujours servir... Dans le pire des cas, il le donnera au professeur concerné – on ne crache pas sur une bonne réputation... ✎ Votre personnage tombe sur une première année malmenée par des septième année au détour d'un couloir, que fait-il ? Il jette sur le groupe un regard méprisant, sans faire de différence entre la victime et les autres, puis passe son chemin en silence. A ses yeux, c'est chacun pour soi dans la grande jungle qu'est le monde, et si cette première année doit l'apprendre à la dure, et bien tant pis pour elle. Lui ne s'abaissera certainement pas à venir en aide à quelqu'un d'aussi faible ; c'est à elle de s'en sortir toute seule, et la différence d'âge n'est pas une excuse. Il l'estime toute aussi méprisable que ses agresseurs.
✎ Le professeur de métamorphose a injustement punit votre personnage à la place d'un autre élève qui se moque de lui, comment réagit votre personnage ? Il reste silencieux sur le moment ; il sait quand il vaut mieux se taire. Il préfère laisser couler sur le moment car son ambition lui interdit le moindre faux pas au niveau scolaire, mais la chose ne restera pas impunie très longtemps ; alors qu'ils se dirigent vers les cachots pour passer le devoir de Potions, il glisse discrètement dans le sac du fautif le parchemin qu'il a ramassé plus tôt dans un couloir et où sont inscrites les réponses audit devoir. Il s'arrangera bien entendu pour que le professeur les voit, et alors rira bien qui rira le dernier. ✎ Amour, richesse, célébrité ou sagesse : qu'est ce qui intéresse le plus votre personnage ? L'amour, à ses yeux, est une faiblesse, un fardeau dont il se passe volontiers. Des richesses, il en a déjà bien assez ; nul besoin pour lui d'en désirer plus que de raison. La célébrité ne l'intéresse pas, car il trouve bien plus excitant de sévir dans l'ombre. Par élimination, ce sera donc la sagesse ; et il est vrai qu'il aime à s'enfermer des heures durant dans une bibliothèque – que ce soit celle de Poudlard ou celle du domicile familial – afin de combler ses lacunes sur tel ou tel sujet. A vrai dire, ce serait plus la connaissance que la sagesse qui le motive à apprendre toujours davantage.
DAILY PROPHET'S REDACTOR
AVATAR: Evan Peters. AGE: 18 ans. PRÉSENCE SUR LE FORUM: 5/7 ? Je sais pas trop ça dépendra des jours j'imagine. COMMENT AS TU DÉCOUVERT LE FORUM: J'ai vu votre demande de partenariat sur Fairview's Tales. TES IMPRESSIONS: Il n'y a pas de mot ! Un grand bravo à toute l'équipe. ▻ UN PETIT MOT POUR LA FIN: Merci mille fois aux administratrices d'avoir pris le temps de répondre à mes questions, et encore désolé d'avoir insisté au sujet de vous-savez-quoi Je vous promets de faire de mon mieux pour satisfaire vos attentes !
Dernière édition par Salem H. Rackharrow le Ven 18 Jan - 17:30, édité 6 fois
14 OCTOBRE 1962. La jeune femme donne le sein à son premier né, confortablement installée face à la cheminée, dans un fauteuil du petit salon. Elle a toujours préféré cet endroit au grand salon, qu'elle trouve froid et formel. C'est ici qu'elle est chez elle. Le fait que son mari ne passe que rarement par cette pièce du manoir joue sûrement dans l'affection qu'elle lui porte. Athénaïs, contre toute attente, aime son époux, mais elle ne peut s'empêcher de se sentir en danger lorsqu'il est à ses côtés. Ses illusions de jeune fille ont depuis longtemps été dissipées, et elle sait qu'il ne l'aime pas. Qu'il ne l'aimera sans doute jamais. Elle devine aussi que le temps où il lui faisait l'amour est révolu. Elle ne lui en veut pas. Les quelques amies qu'il lui reste ainsi que sa sœur cadette – surtout sa sœur cadette – n'ont de cesse de lui demander comment elle peut supporter la compagnie de cet homme froid aux idées effrayantes. On lui a même proposé une fois ou deux de l'aider à fuir avec son fils, mais elle résiste. Malgré tout. Elle sait qu'il ne la laissera pas aller très loin, surtout si elle lui ôte son unique héritier. Elle n'a pas envie de fuir d'ailleurs ; pourquoi fuir quand on a tout accompli ? A trente ans à peine, le manoir d'Aughnanure lui apporte tout le luxe immobilier dont elle peut rêver, elle est mariée à un homme influent, des domestiques font toutes les tâches ménagères à sa place et par dessus tout, elle vient de mettre au monde le plus bel enfant sur lequel il lui ait été donné de poser les yeux. Cela fait déjà six mois que ce petit être est sorti de son corps, et elle ne se lasse toujours pas de le tenir dans ses bras. Un sourire empli de tendresse se dessine sur les lèvres de la jeune femme alors que son fils tète avidement entre ses bras. Elle est consciente que sa situation n'est pas aussi enviable qu'elle voudrait le faire croire, mais rien ne peut l'atteindre quand les petites mains de Salem s'agrippent à sa peau comme s'il faisait toujours partie intégrante d'elle. Elle n'a pas peur concernant l'avenir de son fils. Salem sera grand, Salem sera beau, Salem sera fort et Salem ne cessera jamais d'aimer sa mère plus que tout au monde. Elle a beaucoup trop d'amour à lui donner pour qu'il en soit autrement.
24 DECEMBRE 1967. La neige se dépose avec douceur autour du manoir d'Aughnanure. On dirait un de ces noëls de conte de fées, où tout va pour le mieux car les héros sont plus forts que toutes les épreuves qu'on peut déposer sur leur chemin. Il est près de vingt-trois heures, et Salem est heureux. Il sait que dans quelques secondes, sa mère va pousser la porte de la chambre pour venir le border. Son père est déjà retourné dans son bureau ; il ne reste jamais très longtemps après le dîner, juste quelques minutes pendant lesquelles il ne parle pas. Le petit garçon a observé tant de fois ce rituel qu'il pourrait énoncer, les yeux fermés, chaque mouvement que fait son père à l'instant précis où il le fait. L'homme parle peu, et n'offre jamais plus de gentillesse que nécessaire à sa descendance, mais Salem peut voir dans le fond de ses yeux une lueur de fierté qui le pousse à vouloir toujours faire mieux. Ce soir, il est content de lui car en quittant la table, une étape inédite s'est ajoutée au rituel de son père : avant de sortir de la salle à manger, il a laissé sa main caresser furtivement les boucles blondes de son fils. Pas un sourire, pas un mot, pas même un regard, mais Salem s'en fiche. Il connaît la valeur de ce seul geste dans le langage de l'homme sévère qu'est son paternel, et il ne peut imaginer recevoir un jour plus beau cadeau de noël. Maintenant, il est sagement allongé dans son lit, les yeux grands ouverts dans la pénombre de la nuit d'hiver, guettant sans ciller l'instant où la poignée s'abaissera pour laisser entrer la personne la plus importante dans sa courte vie. Un grand sourire s'étale sur son visage quand un trait de lumière se trace dans le noir, s'élargissant peu à peu pour dessiner la silhouette élancée d'une femme. Pour tout le monde elle est Athénaïs. Mais pour le garçonnet, et pour lui seul, l'élégante bourgeoise devient Maman. Salem sait qu'il est le seul à avoir le privilège de l'appeler ainsi. Il en est fier, et en use plus que de raison. De tous les mots qu'il connaisse, « maman » est celui qu'il préfère. Pourtant il en apprend de nouveaux chaque jour dans les beaux livres de la bibliothèque, même s'il ne comprend pas encore le sens de chacun d'entre eux. Mais, surpassant même « étagère » et « baleine » qui sont ses favoris du moment, « maman » est à son sens le plus beau. Elle s'est assise sur le lit maintenant, et remonte avec douceur la couverture jusqu'au menton de son fils. Lui a fermé les yeux depuis qu'elle est entrée, s'amusant à faire semblant de dormir. Il ne peut pas voir le sourire plein d'amour et la larme qui coule lentement sur sa joue. Sa naïveté d'enfant lui permet de croire dur comme fer qu'elle ne sait pas qu'il est éveillé. Entrant dans son jeu, elle se tait et dépose un simple baiser sur son front avec l'infinie douceur dont elle seule connaît le secret. Après quelques secondes de silence contemplatif, elle se met à chanter à voix basse la comptine préférée de Salem. « And who are you, the proud Lord said, that I must bow so low ? Only a cat of a different coat, that's all the truth I know... » Innocent, le petit garçon ne voit pas que sa mère se met à verser une cascade de larmes, s'appliquant à les effacer une par une de peur que l'enfant ne s'aperçoive de quelque chose. Il sombre vite dans un sommeil sans rêve, ne se doutant pas le moins du monde du désespoir d'Athénaïs.
09 JUILLET 1969. Un soleil de plomb s'est abattu sur la Grande-Bretagne, et pour une fois l'Ecosse n'est pas épargnée. On entend les cris joyeux des enfants du village percer dans le silence étouffant de cette après-midi d'été. Mais il y a un gamin, à Aughnanure, qui n'a pas envie de jouer. Salem a toujours préféré la pluie au soleil, le froid à la chaleur. Rien ne l'agace plus que d'entendre les enfants s'amuser derrière les murs qui entourent l'immense jardin du manoir. Sans doute est-ce parce que lui n'a personne avec qui jouer. Il a longtemps espéré avoir un petit frère, ou même rien qu'une petite sœur, mais il sait aujourd'hui que cela n'arrivera pas. La raison est simple : pour avoir un petit frère, il faut avant tout un papa et une maman. Or Salem a un papa, il a aussi une maman mais il n'a pas un papa ET une maman. Même s'ils vivent sous le même toit et partagent le même lit, Nathanaël et Athénaïs ne peuvent pas vraiment être considérés comme un couple, et encore moins comme un couple qui penserait à concevoir. Lui passe sa journée dans son bureau tandis qu'elle erre dans le manoir, telle un fantôme. Elle est vivante, mais elle est morte à l'intérieur. Même Salem, du haut de ses huit ans, a remarqué que sa maman est en train de faner. Parfois, il se prend à la détester de se laisser aller ainsi. Il n'a pas d'amis, mais il a ses livres, et tous ses livres se mettent d'accord sur les quelques devoirs que doit observer une maman. Athénaïs était une maman parfaite, il n'y a pas si longtemps. Mais un rictus a pris la place de son doux sourire. Un chignon trop serré a pris la place de ses doux cheveux blonds. De lourdes poches bleues ont pris la place de son regard d'un bleu lumineux. Une odeur acide a pris la place de son parfum frais, enivrant – la même que celles des bouteilles en verre que Nathanaël cache dans son bureau, et que Salem n'a pas encore le droit d'ouvrir. La compassion a pris la place de la tendresse sur son visage fatigué. Maman est devenue faible, et Salem n'aime pas ça. Incapable de supporter ce soleil de plomb plus longtemps, il va se réfugier dans l'ombre fraîche du manoir. Il monte l'escalier de marbre qui mène à la bibliothèque, désireux de s'évader dans le seul monde qui ne lui fera pas défaut : celui des livres. Cette perspective le fait déjà se sentir un peu mieux jusqu'à ce qu'il remarque une fissure sur une marche de l'escalier. Il ne peut s'empêcher de faire la comparaison avec sa mère. Ebréchée. Cassée. Alors il pose le pied sur la fissure, et appuie de toutes ses forces. Un morceau de marbre se détache sous son petit pied. Il se dit qu'il faudra remplacer cette marche. Peut-être faudrait-il aussi que l'on remplace Athénaïs.
13 AOÛT 1970. Cela fait déjà longtemps que leur couple bat de l'aile. Pourtant Athénaïs a su rester digne, au moins pour le bien de son enfant. Elle ne relève pas quand son époux la traite avec autant de respect que ses domestiques. Elle se tait quand il lui reproche d'être trop tendre avec leur fils, dernière chose qui l'empêche de perdre son sang froid. Elle prend sur elle quand il s'allonge à côté d'elle en lui tournant le dos sans même lui accorder un regard, alors qu'elle met tout en œuvre pour regagner ne serait-ce que son désir. Elle ne fait plus que ça, se taire et prendre sur elle. C'est ce qu'elle fait de mieux, depuis toujours. Alors autant que ça serve. Et quand il devient trop ardu de garder son calme, elle sait qu'elle pourra trouver réconfort auprès des nombreuses bouteilles de Whisky Pur Feu que Nathanaël entrepose dans le bar du petit salon, plus par envie d'étaler son argent que par réel goût pour cette boisson salvatrice. Mais la patience dans le cœur d'Athénaïs commence à se faire rare, tout comme l'alcool dans les placards d'ailleurs. Elle se sert quand même un verre. Elle ne peut plus s'en passer. Elle va pour ranger la bouteille dans le bar, pour finalement se raviser et la poser simplement dessus. A quoi bon se leurrer ; c'est loin d'être le premier et elle sait que ce ne sera pas le dernier de la soirée. Elle se retourne et trempe ses lèvres dans le liquide ambré. Un tout petit peu, juste pour en imprégner ses lèvres. Elle n'est pas de celles qui boivent au goulot. Elle garde sa classe même quand c'est pour se saouler la gueule. La glace au dessus du bar lui renvoie l'image d'une femme fausse. Oui, elle est fausse avec sa coiffure chic, ses boucles d'oreilles en diamant et sa robe de haute couture. Elle est fausse avec son maquillage dissimulant les rides, ses sourires exagérés dissimulant l'ennui mortel et sa gestuelle dissimulant la lassitude. Des pieds à la tête, chaque élément qui la compose est criant d'imposture. Plus jeune, elle rêvait d'être comédienne. Avec un rictus, elle se félicite d'avoir au moins accompli ça. Sa vie entière ressemble à une mauvaise adaptation d'Hedda Gabler. Elle rejette la tête en arrière et vide son verre d'une traite. Quand elle se retrouve à nouveau face au miroir, son expression change du tout au tout. La bourgeoise moderne est fatiguée de jouer son propre rôle. Dans un élan de rage, elle envoie son verre se briser en mille morceaux contre le miroir. Son reflet lui donne l'impression que c'est elle-même qui a reçu les éclats tranchants en plein visage. Sa respiration est saccadée, bruyante. L'espace d'un instant, elle laisse aller toute sa souffrance. C'est le moment que choisit Nathanaël pour faire son entrée. En moins d'une seconde elle s'est reprise, comme s'il ne manquait plus que l'acteur principal pour que la mascarade puisse enfin commencer. Elle se sert un autre verre, fébrile, et se retourne pour faire face à son mari. « Tu comptes me laisser profiter de ta compagnie ce soir ? C'est un vrai miracle, ça mérite un toast ! » Il ne répond pas. Bouillonnant de haine, elle vide son deuxième verre aussi vite que le premier, pour mieux le jeter de toutes ses forces en direction du nouveau venu. Puis elle laisse échapper un petit rire nerveux. « A ta santé, mon amour. » Troisième verre, comme un algorithme qui se répète de façon infernale. Cette fois, elle ne le boit pas d'une traite. Elle prend juste une gorgée. Elle se sent un peu plus détendue. Comme frappée d'une soudaine illumination, elle se dirige vers le phonographe qui trône à côté du bar, et donne un petit coup de baguette sur le support. Une valse lancinante se fait entendre. Athénaïs ferme les yeux un instant, se laisse bercer par les notes. Elle boit une seconde gorgée de son Whisky Pur Feu et pose son verre sur la petite table en bois, à côté du phonographe. Puis elle se dirige vers son mari et le force à se lever. « Danse avec moi. » A l'instant exact où il se dresse devant elle, elle sait qu'elle est allée trop loin. Mais elle ne cède pas. Elle soutient son regard avec dans ses yeux toute la haine et tout le dégoût qu'elle est capable d'y mettre, et l'entraîne avec elle sur le rythme imposé par la musique. Un silence de glace s'installe entre les deux époux dansant au milieu de la pièce. Après quelques secondes, le regard d'Athénaïs s'adoucit. Ses pieds s'immobilisent sur le tapis précieux. Elle veut l'embrasser. Il tourne la tête avec un soupir excédé et la repousse. « Tu es ridicule. » Elle reste un instant interdite. Trop de choses se mélangent en elle pour qu'elle puisse faire un choix immédiatement. Haine. Trahison. Tristesse. Amour. Désir. Colère. Haine, de nouveau. Haine de cet homme qu'elle a épousé malgré les recommandations de ses proches, mais surtout haine d'elle-même de s'être laissée prendre au piège. Un piège, oui, c'est le mot. Elle est piégée. « OUI, JE SUIS RIDICULE ! » Elle s'est mise à hurler, comme ça, comme si ces trois petits mots la soulageaient enfin de tout ce qu'elle se retient de dire depuis huit ans. Elle fond sur lui, l'embrasse avec fougue, puis se recule et lui crache au visage. « Je suis une pauvre conne et toi, mon cher Nathanaël, toi, tu es la pire ordure que cette terre ait jamais portée. » Elle sait qu'à présent, elle va être punie. Peut-être même va-t-il la frapper. Nathanaël l'a traitée avec moins d'estime qu'il n'en aurait accordé à une souillon, mais il ne l'a jamais frappée. Jusqu'à aujourd'hui. Il s'essuie le visage, lentement. Il se contient mais Athénaïs sait que ce n'est qu'un masque. Elle n'a pas peur. Elle ne regrette même pas. En réalité, cela fait huit ans qu'elle ne s'est pas sentie aussi bien. Elle ferme les yeux, force ses paupières à rester closes quoi qu'il arrive. Elle ne veut pas voir son visage déformé par la colère. Elle sait qu'il va lui faire peur. Elle ne veut pas lui donner ce plaisir. Tout à coup, une douleur cuisante la prend à la tempe. Elle ne sait pas avec quoi il l'a giflée, mais elle n'a jamais eu aussi mal de toute sa vie. Elle ouvre les yeux, plaque sa main contre son visage. Elle ne s'est même pas rendue compte que le coup qu'elle a reçu l'a fait tomber par terre. Elle regarde ses doigts. Ils sont pleins de sang. Un regard vers son mari lui suffit pour comprendre ce qui l'a heurtée. Il l'a giflée du revers de la main, sans ôter sa chevalière. Elle croise son regard, et le mépris qu'elle y trouve finit de la détruire. Il tourne les talons en appelant la bonne. Celle-ci accourt et ne peut retenir un cri d'effroi. « Il y a un verre cassé sur le bar, et un autre près de mon fauteuil. Veuillez vous assurer que Salem ne courra aucun danger s'il vient dans cette pièce demain. Et, Judith... Si vous aidez ma femme à se relever, vous êtes renvoyée. Bonne nuit. » La bonne est effarée, ne sait pas ce qu'elle doit faire. Elle jette un regard derrière elle pour s'assurer que le maître de maison est parti, puis court s'agenouiller près de sa maîtresse. « Est-ce que Madame va bien ? » Athénaïs l'interrompt dans son élan, glaciale. « Si vous me touchez, c'est moi qui vous renvoie. Et je m'assurerai personnellement que vous ne retrouviez pas de travail même si vous faisiez le tour de tous les châteaux d'Ecosse. » Elle tourne un regard noir vers la concernée, qui semble profondément choquée. Etre ainsi humiliée devant sa bonne est insupportable pour Athénaïs. « Est-ce que vous êtes devenue sourde ou juste idiote ? Ramassez-moi ces bouts de verre, Judith ! » Au bord des larmes, la bonne s'exécute et part en courant chercher de quoi faire le ménage sans se couper. Athénaïs en profite pour se relever et aller, en titubant, chercher la bouteille de Whisky Pur Feu puis le verre qui est toujours posé à côté du phonographe. Ce dernier continue de jouer toujours le même morceau, comme une boucle infernale. Elle ne peut s'empêcher de comparer ce cercle vicieux à sa propre vie. Prise au piège dans une cage dorée. Elle finit son verre, s'en sert un nouveau, le vide. Elle reste un instant penchée au dessus du phonographe, la nuque courbée, sa main dangereusement crispée autour de son verre. Elle le remplit puis le vide une énième fois. C'est presque devenu un réflexe. Elle prend une grande inspiration, se redresse, et expire lentement, avant de l'écraser violemment contre le phonographe, s'entaillant profondément la main déjà maculée de son propre sang. Quand elle se retourne, elle est méconnaissable. Un sourire dérangeant est fixé sur ses lèvres. Elle n'a pas versé une seule larme. Judith la regarde avec des yeux ronds, indécise. D'un geste imprécis, elle désigne le phonographe. « Vous ramasserez également ceux-là. Et jetez-moi cette vieillerie, ça me donne des migraines. » Son regard se pose sur la balayette et la pelle dans les mains de sa bonne. Elle éclate d'un rire condescendant. « Oh, non non non, Judith ! Vous allez rayer le parquet avec vos instruments barbares... Vous ramasserez tout ça avec vos mains. » Souriant à la pauvre femme, elle se dirige vers la porte. L'ivresse lui confère une démarche étrange, presque effrayante. Elle se retourne une dernière fois. « Et de grâce, ôtez-moi ces gants ! Ca ne vous va pas du tout et ça laisse des traces, c'est répugnant. » Elle laisse derrière elle une Judith effarée, pensant déjà à ce qu'elle va pouvoir inventer pour quitter cette maison de fous. Quand Athénaïs s'engage dans les escaliers, elle est tellement absorbée par ce qu'elle s'apprête à faire qu'elle ne remarque même pas la petite silhouette qui se découpe contre le mur séparant le couloir du petit salon. C'est en allant se coucher ce soir là que Salem, encore sous le choc de la scène à laquelle il vient d'assister, décide que jamais il ne tombera amoureux.
14 AOÛT 1970. Le jour se lève lentement sur le manoir d'Aughnanure. Après les émotions de la veille, les domestiques redoutent l'instant où les maîtres de maison sortiront de leur lit. Judith est rentrée bouleversée dans l'aile du manoir où ses collègues et elle-même résident, et les rumeurs ont vite circulé. Le mot « divorce » est encore présent sur toutes les lèvres. Pourtant, c'est une belle journée qui s'annonce ; le ciel est exempt de nuages, et un bleu limpide s'y devine déjà malgré l'heure matinale. Nathanaël est toujours dans la chambre conjugale. Il a ouvert les yeux il a quelques minutes, mais pour une fois il n'est pas tout de suite descendu dans son bureau. Lui qui d'ordinaire déteste traînasser savoure le plaisir simple que lui procure une cigarette avant de se lever. Il se sent étrangement détendu, comme si un poids invisible avait été délogé de ses épaules durant la nuit. Athénaïs n'est pas venue le rejoindre hier soir, mais il n'est pas surpris. Après la correction qu'il lui a infligé, il aurait trouvé étonnant qu'elle vienne gentiment se glisser sous les draps à ses côtés. Elle doit toujours être en train de se remettre de sa cuite, quelque part dans le domaine. Il ne regrette pas un seul instant les évènements du soir passé. Au contraire. Il était temps que cette gourde apprenne à se tenir. Au moins, à présent, elle ne l'agacera plus avec ses jérémiades et ses provocations puériles. A ce moment précis, Nathanaël ne se doute pas d'à quel point il a raison. Salem, lui, sait avec certitude que sa mère n'embêtera plus jamais le maître de maison. Il se tient debout dans le parc familial, sur la pelouse encore humide de la rosée du matin. Sur son visage, aucune expression ne filtre. Il ne ressent rien. Ou peut-être simplement du vide. A ses pieds gît le corps sans vie de celle qui était sa mère.
II. Nathanaël
17 AOÛT 1970. Elle qui se plaignait des espaces trop grands d'Aughnanure. Dommage qu'elle ne puisse pas profiter du confinement que lui offre aujourd'hui son cercueil luxueux. Nathanaël voudrait rire de ce qu'il considère comme un trait d'humour, mais il se retient. Ce genre d'attitude n'est pas recommandée lorsque l'on assiste à l'enterrement de sa femme. La mort d'Athénaïs l'agace plus qu'elle ne l'attriste. Se jeter d'une tour comme une vulgaire Moldue... Même dans son suicide, elle n'a pas su faire honneur au prestigieux nom de famille dont il lui a fait cadeau. Il n'a jamais su aimer cette femme trop sentimentale, trop faible. L'innocence qu'il avait apprécié lors de leur rencontre n'a pas résisté longtemps aux coutumes de la noblesse sorcière. Si cela n'avait tenu qu'à lui, elle ne recevrait même pas la cérémonie fastueuse qui est en train de se dérouler. Il a d'ailleurs refusé de faire un discours. Il laisse cette corvée à Jadele. Il est persuadé que la jeune sœur de sa défunte épouse se fera un plaisir de pleurer pour eux deux. Alors qu'elle se donne en spectacle en face de lui, serrant contre elle son rejeton comme s'il allait s'amuser à sauter dans la fosse creusée pour le corps de sa tante, Nathanaël affiche un visage neutre, totalement dénué d'expression. Il commence à perdre patience. La vision de sa belle-soeur s'agenouillant à terre, comme pour mieux montrer à tous à quel point elle est à plaindre, l'insupporte. Il lève le regard pour tomber sur celui d'Orpheo, paniqué, ne sachant que faire pour calmer sa femme qui semble se prendre pour une pleureuse antique, et cela renforce encore son mépris pour cette belle-famille qu'il trouvait déjà ridicule. Alors il se rabat sur la seule personne qu'il est fier de compter dans son entourage. Son fils. Comme lui, ce dernier est parfaitement digne. Pas une larme, pas même un léger soubresaut. Il se tient debout à côté de Nathanaël, digne. Salem ne comprend pas bien le but de la scène qui est en train de se dérouler devant lui. Pour le moment, personne ne semble se réjouir de la tournure des événements. Les onéreuses funérailles n'ont pour résultat que les plaintes bruyantes de sa tante. Il observe avec plus ou moins d'attention le maître de cérémonie faire descendre lentement la bière sous la ligne horizontale de la pelouse. Tout ce qu'il désire, c'est de sortir de cette robe noire qui lui donne l'impression de cuire sous le soleil étincelant d'août, et de retourner s'abriter dans la fraîcheur apaisante de sa chambre. Il ne ressent aucune tristesse. La femme que l'on enterre aujourd'hui n'est pas celle que tous ces gens pleurent. Au contraire, elle a essayé de la tuer en prenant progressivement sa place. Mais sa mère n'a jamais vraiment disparu. C'est juste qu'elle se cachait. Elle attendait le bon moment pour se venger. Elle a été plus forte qu'elle puisqu'elle l'a poussée du sommet de la plus haute tour du manoir. Salem n'a donc aucune raison d'être triste. Il est même heureux. Il ne comprend pas pourquoi sa tante, son oncle et son cousin ont l'air si tristes quand ils devraient se réjouir. A son sens, on ne devrait pas pleurer mais célébrer le décès d'Athénaïs.
05 MAI 1971. Les choses ont bien changées dans le manoir d'Aughnanure. Pour les domestiques, l'atmosphère est devenue tendue. Électrique. Plusieurs licenciements ont eu lieu depuis le départ sanglant de la maîtresse de maison. Le moindre de leur faux-pas est sanctionné sévèrement, plus encore par le jeune héritier que par son père. L'enfant jadis si attendrissant est devenu leur pire cauchemar. Il traque sans relâche chacune de leurs erreurs, n'hésitant pas parfois à en inventer quand il s'ennuie. C'est devenu un jeu pour lui, et son géniteur ne fait rien pour l'en empêcher. Il l'encourage même. Les domestiques ont l'impression que rien ne pouvait lui faire plus plaisir que le suicide de son épouse. Ils ont raison. Nathanaël regrette seulement qu'elle ne l'ait pas fait avec davantage de style. Cette femme a toujours manqué d'imagination à son goût, ce qui n'est pas le cas de son fils dont les trouvailles l'impressionnent chaque jour un peu plus. Elles le ravissent. Beaucoup le prennent pour un homme sans aucun goût pour l'amusement, mais ils se trompent ; Nathanaël aime rire, il adore ça même. C'est la façon qu'ont la plupart des gens de s'amuser qui le consterne. Salem, lui, ne déçoit jamais son père. Il y a quelques jours, il a joué aux devinettes avec Judith. Elle était en équilibre sur une échelle, époussetant les livres de la bibliothèque. Chaque fois qu'elle répondait mal, le garçon donnait un petit coup de pied dans le bas de l'échelle. Quand elle est allée s'offusquer auprès de son employeur, celui-ci lui a ri au nez et a tendrement ébouriffé les cheveux du fautif. « Cet enfant m'étonnera toujours... – Monsieur, j'aurai pu me briser la nuque ! – Ça ne serait pas arrivé si vous n'étiez pas aussi facilement distraite. Estimez-vous heureuse que je ne vous jette pas dehors, Judith. Si vous avez un problème de concentration, faites-vous soigner. – Mais, monsieur... – Je ne vous paye pas à jouer aux devinettes, je vous paye à faire le ménage. Retournez à votre plumeau, et que je ne vous y reprenne plus. » Impuissante, Judith doit regarder le père et son fils s'éloigner. Elle manque de fondre en larmes quand elle voit l'enfant se retourner avec un sourire angélique qui lui donne des frissons. Oui, Salem est très heureux de la vie qu'il vit à présent au manoir d'Aughnanure. Il est véritablement le roi de son petit monde. Bien sûr, il ne se montre pas aussi espiègle quand il est en seule compagnie de son père. Nathanaël, certes, est fier de son fils, mais il n'en est pas devenu tendre pour autant. C'est à présent lui seul qui s'occupe de l'éducation de son fils, estimant qu'il est assez grand pour comprendre les bases de l'Histoire de la Magie qui est à ses yeux la matière théorique la plus importante de toutes. « On n'est rien sans l'héritage de nos ancêtres, Salem. » répète-t-il souvent quand celui-ci rechigne à travailler. « N'oublie jamais ça. » Au fur et à mesure, l'intéressé se plie plus facilement aux exigences de son professeur particulier. Il y prend goût. L'Histoire de la Magie sera d'ailleurs sa matière favorite à Poudlard. Il pense souvent à cette fameuse école de sorcellerie. Plusieurs livres y sont consacrés dans la bibliothèque du manoir, et ce sont de loin ses préférés. Il lit et relit ces ouvrages décrivant l'endroit qu'il pourra enfin rejoindre dans cinq ans. Il a l'impression de déjà y être tant il s'est intéressés aux nombreux secrets que renferment le château. La question de sa future maison ne s'est que très brièvement posée : il a pris le temps de lire tout ce qu'il pouvait sur chacune d'entre elles, mais son choix est resté le même depuis qu'il en a lu le nom. Depuis toujours, Salem est fasciné par les serpents. Leur souplesse, leur rapidité. Leur venin, sournois et féroce. Suivre les pas de son père lui est apparu comme une évidence. La loyauté de Poufsouffle, la curiosité de Serdaigle ou le courage de Gryffondor n'arrivent pas à la cheville de la ruse et de l'ambition de Serpentard. Car Salem refuse de grandir pour suivre le troupeau. Il ne souhaite pas non plus être le berger. Le rôle qui plaît à l'enfant, c'est celui du loup. Bien sûr, c'est une métaphore. Le projet professionnel de Salem n'est pas de devenir un tueur en série. Mais, du haut de ses neuf ans, il ne pense pas vraiment à cela. Il sait juste qu'il veut avoir un avantage sur la masse. Être toujours au dessus. Supérieur et puissant, mais anonyme. Car il pense surtout trouver son plaisir dans l'impuissance de ses victimes. Leur panique aveugle. Les voir se débattre sans pouvoir se libérer, comme une araignée observe sa proie s'empêtrer elle-même dans son piège de soie avant de la torturer jusqu'à ce que son faible petit corps ne le supporte plus, et lâche de lui-même.
10 AVRIL 1973. La fumée de sa cigarette disparaît progressivement devant lui. Nathanaël se tient debout dans son bureau. Il regarde son fils jouer seul dans le jardin. Dans ses mains, il tient l'enveloppe qui scellera l'avenir matrimonial de ce dernier. Il reste là quelques minutes, à observer ce qu'il a réussi de mieux dans la vie. Chaque jour, son fils lui ressemble un peu plus. Il n'a pas de doutes sur les grandes choses que Salem accomplira plus tard. Il a toute confiance en lui. Il écrase son mégot dans le cendrier posé sur le rebord de la fenêtre et se dirige vers la cage qui abrite un Hibou Grand Duc prêt à porter sa missive jusqu'en Irlande, où réside celle qu'il a choisie pour partager la vie future du fruit de ses entrailles. Elle vient d'une famille réputée chez les Sang-Purs, respectée bien que souvent crainte par ceux-ci. On les appelle les Empoisonneurs. La femme avec qui il correspond depuis quelques mois déjà, mère de celle qui rejoindra dans quelques années son arbre généalogique, est tout le contraire de la défunte épouse de Nathanaël. Elle est farouche, orgueilleuse. Elle n'a pas peur de se dresser face aux hommes qui composent la noblesse de l'époque. Elle n'a pas eu de mal à prouver qu'elle valait au moins autant qu'eux, si ce n'est plus. C'est cette force d'esprit, cette impétuosité qui a plu au maître de maison. Il espère qu'elle sera encline à unir leur deux familles pour en fonder une nouvelle branche qui écrasera toutes les autres, il n'a aucun doute là-dessus. Après avoir attaché l'enveloppe à la patte droite du Grand Duc, il le laisse s'échapper par la fenêtre ouverte. Il n'a pas besoin de lui souffler l'adresse, l'oiseau la connaît déjà bien car ce n'est pas la première fois qu'il part délivrer un message à la meneuse des Empoisonneurs. Nathanaël regarde l'oiseau s'éloigner dans le ciel nuageux, un sourire satisfait sur les lèvres. Son fils aura plus de chance que lui sur ce point là, et il sait que Salem saura apprécier ce cadeau.
III. Selen
17 AVRIL 1973. « Salem, je te présente Zelda et Selen. Elles vont passer une semaine ici, j'ai quelques affaires à régler avec Zelda. Selen a le même âge que toi, je suis sûr que vous vous entendrez très bien. Pourquoi tu ne lui ferais pas visiter le manoir pendant que nous discutons entre adultes ? » Salem ne sait pas trop quoi penser. Il se doute que les « affaires » dont son père vient de parler le concernent aussi, mais il n'a pas encore deviné en quoi exactement. La femme qui est devant lui l'intrigue. Elle contraste beaucoup avec son père : plus souriante, un peu plus grande que lui et à la peau très foncée. Salem se demande si c'est une maladie, mais il ne pose pas la question de peur de paraître impoli. Va-t-elle remplacer Athénaïs au poste de mère ? Le petit garçon n'arrive pas à décider si cela lui ferait plaisir ou pas. Son avis penche plus vers le non, même si la dénommée Zelda l'attire, sans qu'il sache vraiment pourquoi. A côté, il y a une petite fille qui doit avoir le même âge que lui. Elle s'agrippe à la robe de la femme comme si elle avait peur de partir sans elle, mais une lueur de défi plane dans son regard. Salem devine que c'est d'elle que son père parle quand il dit « Selen ». Il la salue d'un hochement de tête, et tout de suite un sourire se dessine sur le visage de la petite. Elle jette un regard à sa mère comme si elle lui demandait la permission de suivre l'héritier. Celle-ci la pousse avec douceur vers le garçon, qui tourne les talons et quitte le bureau sous le regard amusé de Zelda, suivi de près par la petite fille. Pendant un long moment, ils parcourent les couloirs côte à côte sans s'adresser la parole. Salem ne lui indique même pas le nom des nombreuses pièces par lesquelles ils passent, estimant qu'elle est assez intelligente pour deviner par elle-même. Pendant toute la durée de la visite, il est fasciné par la tignasse brune, désordonnée, qui sert de cheveux à Selen. On dirait qu'elle a éternué au dessus d'un pot de Poudre de Cheminette. Quand ils débouchent dans le parc qui fait office de jardin au manoir d'Aughnanure, ils n'ont toujours pas échangé un seul mot. Selen n'a pas l'air le moins du monde impressionnée par l'immensité du domaine. Ils sont côte à côte face à la grande étendue de pelouse. Ils ne se regardent pas, et pourtant le silence n'a rien de désagréable. C'est la petite fille qui le brise, par la question à laquelle Salem se serait attendu le moins. « Elle est où ta maman ? » Surpris, il darde son regard sur elle, la parcourant des pieds à la tête comme s'il jaugeait sa valeur pour décider s'il va oui ou non lui répondre. Au bout de quelques secondes, il attrape son poignet et l'entraîne vers la tour d'où Athénaïs a pris son envol salvateur. Elle ne bronche pas et le suit, sagement. Arrivé au pied du mur, il pointe du doigt le sommet du manoir et répond simplement, sans émotion aucune. « Elle a sauté de là-haut. » C'est la première fois qu'il parle de sa mère depuis qu'elle a décidé de quitter ce monde. Avec qui aborderait-il le sujet ? Il ne souhaite pas en parler aux domestiques et il ne ressent pas le besoin de questionner son père à ce propos. Son regard ne se détourne pas du ciel, il ne voit donc pas celui de Selen posé sur son visage. « Pourquoi ? – Elle était faible. » Le petit poing noir s'abat sur son visage avec une telle force qu'il doit faire deux pas pour ne pas perdre l'équilibre. Il est tellement sur son surpris que l'idée de s'énerver ou d'aller se plaindre à son père ne lui effleure même pas l'esprit. Il se frotte la joue rougie par l'impact. Il a mal. Il avait presque oublié ce que cela fait de se voir reprocher quelque chose.
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IV. Elijah
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V. Zéphyr
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VI. Salem
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Dernière édition par Salem H. Rackharrow le Jeu 10 Jan - 10:55, édité 18 fois
Bienvenue ! Pas de soucis pour les questions, c'est à ça qu'on sert J'ai hâte de voir ce que va donner ta fiche du coup ! Et si tu as des questions, n'hésites pas
OMG EVAN FUCKING HOT PETERS Merveilleux choix d'avatar ! Ton personnage à l'air très intéressant et je te souhaite bonne chance pour tes partiels et ta fiche !
Welcooooome Comme les autres j'aime beaucoup le prénom de ton perso et j'ai hâte de voir ce qu'il va donner! *o* Bon courage pour ta fiche en attendant et bon courage aussi pour les partiels!
Très très joli pseudo ! Et je dois dire que je suis très très curieuse, je me réjouis de voir ce que ta fiche et ton personnage nous réservent En tout cas soit le bienvenue parmi nous