Magnolia, écoutes moi … je sais que ça peut te paraître insensé, mais … il faut que tu arrêtes de côtoyer Vesper. Elle a posé le mauvais oeil sur toi, on ne peut pas combattre ces choses là … Les mots s’entrechoquent dans ma tête, s’entremêle, me noyant dans un flot ininterrompu de sentiments furieux. Mon regard s’assombrit, dévisageant le visage inquiet de ma génitrice, elle se rendrait presque compte que je me fous de ses conseils. … Magnolia, ne m’obliges pas … tu sais très bien. Toutes ces “coïncidences” ne sont pas le fruit du hasard. Hier c’était ce mal de crâne accompagnée de sueur froide et de vision d’outre-tombe. Aujourd’hui ceux sont ces plaques, ces brûlures qui recouvrent ta cuisse. Et Demain ? A chaque fois que tu la vois, c’est la même rengaine. Déjà sa mère ne semait que misère et désolation. Elle peut bien avoir le faciès d’un ange, elle n’en cache pas moins un démon. Une sensation amère me tord l’estomac, une boule se loge au fond de ma gorge, je tente de cacher une larme, puis deux qui roulent le long de ma joue. Mon regard s’abaisse soudain piteusement sur mes chaussures. De vieilles godasses toutes rapiécées que j’avais décortiqué dans le grenier de grand-mère Gretta. Au fond, je m’en doutais, autant que je redoutais ce moment. Ma mère en juge parfait, m’assommant de son verdict. J’en serais presque ravie, de constater que je ne suis pas folle. Que tout ce tatouin, ces mystères autour de vesper ne sont pas que fumées imaginées par mon esprit. j’entends ma mère me raconter mille et un vice accoler au caractère de Vesper. Oui, elle est bien jalouse de moi. Moi ? Qu’ai-je donc de plus qu’elle qui vaille la peine de remuer ciel et terre pour me voir autant souffrir ? Des milliers de questions affluent, Pourquoi ? Je sens mon corps partir à la dérive, déjà mes jambes ne sont plus qu’un socle illusoire, mon esprit tourbillonnant dans les airs, je vois ma mère s’accroupir sur mon corps, le remuant vainement. En un fraction de seconde, me voilà plongée dans le noir le plus complet.
Un vague bruissement de feuille me sort de mes songes. Le visage, toujours inquiet de ma mère se précipite à mon chevet, j’entends au loin le son de la voix monotone de mon père. Je réalise soudain que je suis étendue dans mon lit, trempée de sueur. Des souvenirs de cauchemars, d’esprit damnés me pourchassant dans des bois sombres refont surface. Le regard apeuré je sens des larmes se déverser sur mes mains collées à mon visage. Sorts de ma tête ! Rengaine que je me chantonne à tue-tête, comme si Vesper pouvait m’entendre. Entendait-elle mes cries lorsqu’elle hantait mes nuits ? Un brouillard confus de phrases sort de ma bouche. Maman me sourit, s'efforçant de paraître la plus sereine possible et pourtant, je sais qu’elle cache elle aussi une peur profonde.


Vesper me toise, ses grands yeux sages m’apaisent. Agenouillées l’une en face de l’autre, nous nous tenons la barbichette, nos nattes rebondissant sur nos épaules à chacun de nos rires saccadés. Des papillons dansent autour de nous, nous transportant dans un monde quasi-féérique. Le jardin est agréablement parfumé en ce mois de mai, papa est occuper à soigner les roses Magyar. Insouciant, il ne se donne même pas la peine de nous surveiller du coin de l’oeil. Vesper est là, gamine sage, trop peut-être pour son âge. Mais rien ne semble pouvoir m’arriver à ses côtés. Gamines. Nous étions des amies d’enfance. Nos chemins respectifs semblaient être tracés de la même craie, empruntant les mêmes allées calmes. Jusqu’à ce jour d’octobre, une sale journée brumeuse, un léger crachin tenace mouillant les pelouses, les herbes folles. Et puis ses pleures, cette voix inquiète appelant à l’aide dans tout le village, tout Godric's Hollow qui accoure vers cette vieille bâtisse d’où sort les flammes de l’Enfer.Un brasier à prit ses quartiers. Parmi les épaisses fumées, Vesper est debout, immobile, le regard fixé sur sa maison. Elle ne bronche même pas à mes appels. Hors d’elle. Le regard vide et noir, aussi noir que l’ébène de sa baguette. Quelques adultes se précipitent dans le brasier, espérant peut-être y sortir les parents, mais rien. Aucune trace. Il ne resta que de la poussière, des souvenirs envolés et Vesper qui disparaît avec sa tante au fin fond de l’Ecosse.
Déjà deux ans que ce drame marqua à tout jamais les âmes de cette bourgades, que cet évènement nous séparât. Le regard lointain, elle m’évitait, comme une pestiférée, et les rares fois qu’elle me laissa approcher, des malheurs s’ensuivaient. Qu’es-tu devenue Vesper ? J’ai si peur de toi, nous qui étions amies, des inséparables qui croquions la vie à pleine dents. J’ai si peur de toi, nous qui étions amies, des inséparables qui croquions la vie à pleine dents. Moi qui n’avait peur de rien jusqu’à présent, je perd tous mes moyens lorsque j’aperçois ton ombre dans les couloirs. Moi qui me réjouissait d’avoir une sœur, cet être que je connaissais par cœur, qui me connaissait sur le bout des doigts et en qui je plaçais toute ma confiance. Mon monde s’effrite, s’écroule au fil des jours. Je perds pied, je suffoque. Et mes rires ne pourront le cacher indéfiniment.


Lia .. Lia ! T’es avec nous ? Narciss agite sa main droite devant mes yeux, me sortant des rêveries. Je lui souris timidement, j’oublie parfois que ce grand gringalet à la peau encrée est mon frère. Je baffouille quelques mots, me rendant compte que Pourdlard Express se met en marche, j’arrache un dernier baiser à chaque membre de ma famille avant de m’engouffrer dans la Bête de fer, bousculant quelques premières années perdue. Je leur indique d’un geste vague la direction de wagons avant de disparaître à mon tour. Je me faufila, tel un chat, tel un courant d’air entre les élèves, lançant quelques saluts aux visages familiers qui s’exclament à ma vue. des phrases de politesses échangées sur des sujets bateaux, l’ennuie et la routine me guette, certains en pâtissent malgré eux. Je devrais apprendre à canaliser ma mauvaise humeur, les autres n’’ont pas forcément à en pâtir. Quoique, s’ils pouvaient arrêter avec leur gnangnan tout plat, insipide, morne. J’arrive enfin dans le wagon tant recherché, la meute y est déjà installée, paisiblement il semble absorber dans une conversation, des journaux volent à l’intérieure de la voiture. Des exclamations m’accueillent, des rires aussi. Ma colère disparaît, comme par magie. Magnolia l'acariâtre fait place à Lia la joyeuse. J’en oublie même Vesper. Bon les P’tits Loup, cette année, plus de rigolade. Place aux BUSES ! … J’esquisse un sourire, le glaçon à fondu. Je croise le regard de la Môme remplit de doute. Son anxiété chronique va la faire encore souffrir, davantage que les années précédentes. Mis à part lorsque le cas Vesper fait irruption dans le coin, je suis toujours accompagnée d’une sérénité presque proverbiale. Me fichant de tout, désinvolte, ne connaissant pas d’échec. Ça en devient presque un handicap lorsque l’on sait que je suis casse-cou, sans limite et bornée. Quasi-suicidaire la Smethwyck. Folle. Une furie cachée sous ses montagnes de neige. Une avalanche. Je souris à nouveau, j’aime Poudlard, je l’ai aimé à la seconde même où j’ai reçu ma lettre.