Le carnage avait été total. Les cris des sangs de bourbe se fondaient dans les filées d'hémoglobine qui coulaient sur les fenêtres. On pouvait encore voir sur les volets de certaines boutiques les inscriptions carbonisées « Mudblood ». Les hurlements résonnaient comme les chants de l'opéra dans la tête de Jig qui avançait dans les rues vides de Pré au Lard. C'était quelques semaines après le coup d'éclat des mangemorts qu'il avait pris l'initiative de se diluer dans le conglomérat sorciers pour voir ce qu'était devenu ce petit village. La plaie était encore ouverte et elle vomissait toujours un mélange de boue et de pue dégageant une odeur de cadavre en décomposition. Cette visite de courtoisie que faisait notre mélomane était à double tranchant, d'abord elle permettait de constater les effets de cette soirée agitée mais elle permettait aussi à Jig de tester sa couverture de sorcier de pacotille. Il n'était pas là pour porter le discours ô combien énergique et magnifique des mangemorts, il était plutôt là pour verser ses larmes de crocodile sur les parasites qui s'apitoyaient sur leur sort. Cette nuit d'avril fut le coup de marteau, l'annonce du glas futur, Jig portait maintenant le masque du deuil hypocrite et avançait la tête basse vers les Trois Balais. Quelques semaines auparavant c'était à Honeydukes qu'il avait semé la terreur. Il avait réussi à attraper ce bon vieux vendeur de sucrerie pour le pendre par les pieds au plafond de la boutique pendant que sa femme moldue criait de douleur sous le sortilège Doloris un peu plus bas. Un spectacle renversant pour cette homme, qui a pu assister, certes à l'envers, au cris de joie de Jig qui couvrait la peine de sa douce femme moldue. Cette soirée à Pré au Lard avait ravivé les idées et fait disparaître les doutes de Jig. Tant cette nuit fut la symphonie parfaite, il était bien déterminé à savoir ce qu'était devenu cette enfer qu'il avait créé avec ses amis. Pas de sucrerie pour aujourd'hui, la boutique était inopinément fermée. C'était en fin d'après-midi que Jig entra dans le pub. Quelques sorciers étaient disséminés dans la salle. Un jeune couple bécotait à l'ombre, un sorcier s'était endormi sur un banc, sa tête reposait sur la table et ses ronflements faisaient vibrer les verres vides qui s'étaient entassés à côté. A la grande joie de Jig, aucun étudiant de Poudlard était dans les parages, surement que les cours avaient été interrompus par la longue barbe de l'ancêtre qui devait trouver ces événements, quelque peu, traumatisants. Les voix raisonnaient dans le bar et la foule n'était pas au rendez-vous, seul le calme et la froideur régnaient dans le lieu. Jig ne pu s'empêcher de marquer sa déception, lui qui aimait tant l'agitation et la pagaille, du s'assoir sagement dans un coin près de la fenêtre. Il sortit ses parchemins de musique et commença à gribouiller quelques notes qui viendraient remplir son crâne d'une musique qui pourra combler l'ambiance glaciale qui habitait la salle.
Les notes sortaient de sa plume et ondulaient dans les airs pour ensuite atterrir sur le parchemin. Jig avait beau être habitué à ce genre de farces sorcières, il les trouvait toujours aussi fascinantes à regarder. Son regard plongea dans ses feuilles et ses oreilles restèrent à la surface pour écouter les rares discussions qui fusaient dans le pub. Jig avait anticipait que le poison d'avril sauce mangemort allait chambouler les habitudes des riverains de Pré au lard, mais il n'avait pas imaginer une seule seconde que les conséquences seraient si dévastatrices. Il ne put s'empêcher de constater que les regards suspicieux se croisaient dans les Trois Balais, bien que sa dégaine ne laissaient rien transparaître, le climat de tension portait avec lui une humeur qui s'annonçait paranoïaque et apeurée. La gorge sèche, Jig décida finalement de passer commande, la serveuse devait bien s'ennuyer après tout... « Une bière au beurre, de préférence froide s'il vous plait, mademoiselle ».
Frissonnante, je pressais ma veste contre moi. Malgré le mois de mai bien entamé, un vent glacial soufflait encore sur Pré-Au-Lard et trouvait toujours le moyen de s'infiltrer dans chaque recoin de chaque bâtisse. Je jetais un énième coup d'oeil au foyer de la cheminée et décidais enfin d'aller m'asseoir à côté. Au diable ma conscience professionnelle et l'obligation de rester derrière le bar une fois mes tâches accomplies. De toutes façons, vu le peu de clients présents dans la salle, je ne risquais pas d'être inquiétée. Après l'attaque du marché de Noël, le Trois Balais était resté désert pendant plusieurs semaines. Pour y remédier, tous les employés de la taverne s'étaient donné un mal fou à nettoyer l'endroit, remettre la devanture en état et rendre au lieu sa prestance d'avant. Une soirée de réouverture avait été organisée suite à cela mais il n'y eut pas plus de monde qu'une infime poignée de téméraires. Finalement, seul le temps fut capable de nous rendre nos habitués. D'abord quelques-uns, puis quasiment tous. Ils venaient moins souvent, restaient moins longtemps mais au moins, l'auberge était toujours peuplée. Ca faisait du bien au commerce, et puis ça me faisait du bien à moi aussi. J'étais la seule à avoir refusée les quelques jours de repos payés offert par les propriétaires. Je ne supportais plus la solitude. Chaque seconde en tête-à-tête avec moi-même me rappelait mon impuissance. Si j'avais accepté ma condition de cracmol, mes vieux complexes, eux, m'étaient revenus aussi violemment qu'un boomerang. J'avais assistée, déconcertée, à la violence, la cruauté et la mort sans pouvoir n'y changer quoi que ce soit. Des sorciers s'étaient battus, avaient sauvés des vies et perdu la-leur tandis que je me contentais de regarder la scène. Tout ce que j'avais pu faire était de ramasser quelques gamins de Poudlard et les cacher dans la réserve avec moi. Cette même réserve où je ne supportais plus de mettre les pieds, comme si cette simple pièce représentait tout ce qui n'allait pas chez moi ; mon impuissante, ma lâcheté et ma peur.
Le son familier de la porte qui s'ouvre me tira hors de mes songes, suivi de la voix d'une des têtes réduites située à l'entrée. Un homme d'une cinquantaine d'année s'engouffra à l'intérieur. Aussitôt, je quittais ma chaise auprès du feu et le saluais pour manifester que j'étais bien serveuse ici.
« Bienvenue aux Trois balais !»
L'homme se contenta de se diriger vers une table, près d'une fenêtre, et ne semblait aucunement décidé à prendre la moindre commande. L'aura qui se dégageait de lui me convint de ne pas insister. Il marchait droit, les yeux rivés droit devant lui. Il n'avait pas l'air dédaigneux, ni prétentieux ... En fait, c'était ça le plus troublant. Le qualifier n'était pas possible. Il avait l'air dans un monde différent, qui n'appartient qu'à lui. Je me rasseyais en silence. Quelque part, il m'intriguait.
Je commençais à peine à me réchauffer quand sa voix m'atteignis pour passer commander. Un sourire commercial aux lèvres, j'acquiesçais et fonçais au bar pour préparer sa bierraubeure. Moins d'une minute plus tard, je revenais vers lui et le servait, toujours avec le sourire mais sans un mot. Comme si le moindre bruit de ma part troublerait cet homme qui ne semblait aspirer qu'au calme. Pourtant, ma curiosité pour lui l'emporta. D'une main, je désignais la place du banc qui lui faisait face.
« Je peux ?»
Dans la foulée, je m'asseyais. Mon regard avait déjà été attiré par ses notes et je remarquais qu'il s'agissait d'une partition. Mes maigres connaissance en la matière ne me permettaient pas de la comprendre.
" Excusez-moi, je ne voulais pas paraître impolie. » Je marquais une pause avant de continuer, un demi-sourire aux lèvres. « Je suppose qu'il y a matière à composer depuis quelques temps, je me trompe ? » "
Spoiler:
Ceci était un très peu concluant test d'écriture à le première personne Je reprendrais la troisième dès le prochain post, en espérant que ça t'ai plu quand même EDIT ; Désolée aussi pour ce problème de codage, j'essaye de régler ça au plus vite eê
La jeune serveuse n'avait pas trainé, la peinte pleine arriva rapidement dans l'ombre du vieux sorcier. Toujours les yeux rivés dans ses parchemins musicaux codés, c'est avec un bref coup d'oeil que Jig remercia la sorcière. Ces quelques secondes qu'avait accordées Jig pour la jeune dame lui avait suffi pour qu'il s'aperçoive qu'il l'intéressait. Était-ce la vue d'un vieux débris dégénéré qui l'avait marquée ? Non, impossible. D'abord, Jig se tenait convenablement sur sa chaise, son excentricité n'était pas sortie de ses gonds, et puis Jig était en forme pour son âge, disons-le ! Rien, absolument aucun indice ne l'avait trahis aujourd'hui. Il en était certain, mais quelque chose l'avait déstabilisé ! Pourquoi restait-elle, là, debout à quelques centimètres de Fawks. Il avait à peine marmonné quelques syllabes pour avoir son carburant. Il s'était assuré que sa langue n'avait pas fourché dans un élan de convivialité, il avait adopté la complaisance et la fausse empathie. Jig bouillait, ces secondes (oui la serveuse n'était là que depuis quelques instants) s'éternisaient, une idée inquiétante germait maintenant. Peut-être qu'il était démasqué ! Jig aurait donc laisser transparaître un tic de langage, une bavure dans une sonorité de ses vocaliques extrêmes ? Un postillon sur un cadavre calciné aurait été analysé par les plus grands chimistes du ministère, ce qui aurait conduit à un avis de recherche distribué à toutes les serveuse d'Angleterre et de leurs environs ? La nuit d'Avril dernier avait été torride, c'était possible ! Le dérapage, cela le connaît, cela lui ait déjà arrivé à mainte reprises ! Jig mourrait d'envie de s'exclamer « Mais enfin mademoiselle ne restait pas là à me dévisager, allez plutôt réveiller ce porc vautrait sur la table ! » Mais, il n'y avait pas de quoi s'inquiéter et un tel esclandre ne ferait qu'attiser la haine de ses semblables ! Il bu une gorgée de la bière au beurre, en préférant se concentrer sur sa paranoïa qu'il devait calmer. Il en profita pour scruter rapidement la sorcière avec un sourire gêné, il ne se rappelait pas d'elle, il ne l'avait surement jamais rencontrée auparavant. Il n'y avait donc pas de quoi s'exciter, la panique n'avait pas lieu d'être. Reste calme Jig, cette demoiselle souffre peut-être d'une maladie qui l'intrigue dès qu'elle croise un nouveau client qui réclame une bierre au beurre fraiche. C'était tellement évident, il ne fallait pas s'alarmer, tous ça n'est qu'un défaut de cette charmante jeune femme qui déraille un peu, cela ne peut être Jig, il est paisiblement assis et ne dérange personne pour le moment ! « Calme toi Jig ! » s'hurlait t-il à tue tête dans son Palais intérieur. Trop tard ! Il était pris au piège, cette créature féminine avait décidé de s'approcher d'avantage ! « Je peux ? » demanda-t-elle. Elle s'essaya. « Je ne voulais pas paraître impolie. » La tension s'évapora, cette charmante demoiselle ne voulait que converser ! Pas de quoi paniquer. En plus, une fois assise, Jig la trouvait bien moins menaçante, il se trouvait dans une posture bien plus agréable. « Je suppose qu'il y a matière à composer depuis quelques temps je me trompe ? » Jig jubilait intérieurement. Son attitude avachi et son occupation devait faire croire qu'il était en train de porter un lourd deuil. Jig décida de continuer son numéro sur cette voie qui s'avérait fructueuse. Déterminé à en savoir un peu plus il se lamenta : « Je ne suis pas du coin mademoiselle, je ne viens que très rarement par ici... » Il fit mime de chercher ses mots. « Mais ce qui s'est passé me marque énormément, des amis à moi y était, vous comprenez… Ces quelques notes permettent d'exprimer mes sentiments. » Un sentiment mélangé de joie et de victoire. Un spectacle fantastique avait été mené, il y avait de quoi composer des belles symphonies ! « J'imagine que vous devez être boulversée vous aussi ? » interrogea Jig. Il l'écoutait avec cette fausse tendresse, et sorti une cigarette. Il entoura la table d'un nuage de fumée qui s'agitait autour des deux personnages. Il poussa de la main le paquet sur la table pour le mettre à disposition de la serveuse. « N'hésitez pas, servez-vous ! » balbutia Jig dans un hoquet enfumé. « J'étais professeur à Poudlard il y a quelques années, les temps ont bien changé… bien plus obscures... » Jig continuait son interrogatoire, son gosier se remplissant toujours du breuvage de la taverne. « Vous êtes arrivée depuis longtemps ? Je ne vous avais jamais vu auparavant. »
***
Dans ce climat de méfiance et de doute, les habitants de Pré au lard se morfondaient dans les larmes ou espionnaient les discussions inconnues. D'autres préfèrent rester chez eux à contempler le spectacle de loin en titubant sur la corde de leur non-existence. Et dans cette salle qui continuait de se vider, on pouvait entendre un gémissement du fond à l'opposé d'où se déroulait la conversation des deux protagonistes. Ce devait être ce déchet humain bavant qu'avait vu Jig en entrant. Un mauvais rêve venait surement de le faire sursauter, son haleine alcoolisé ne faisait qu'accentuait son désir fou qui l'envahissait, et dans un cri de détresse avoué il hurla à la mort : « JAZZ ! A BOIRE ! ».
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Jeu 27 Aoû - 20:36
