Tell me what's wrong

C’était un cours tout ce qu’il y a de plus normal. Eden, professeur de botanique avait fait celui-ci sur les filets du diable. Si ses élèves en avaient tous déjà entendu parler pour les propriétés, ils n’avaient jamais eu à les planter. Il savait que l’on arrivait sur la fin d’année, mais cela faisait partie du programme et surtout, c’était l’époque idéale pour les planter. Cela se fit d’ailleurs presque sans encombre. Comme d’habitude, les élèves les plus turbulents, eh oui, il y en avait encore en sixième année, étaient plus qu’actifs. Eden ne leur en voulait pas. Il savait que le fait qu’il y ait beaucoup de pratique dans son cours leur permettait de se défouler un peu. Du moment qu’ils restaient sages pendant la théorie, cela ne le gênait pas plus que ça qu’ils soient un peu bruyants pendant la plantation et la pratique.
 
Les minis filets semblaient en pleine forme à la fin du cours. Le fils Grey aimait particulièrement les cours avec les sixièmes années. En effet, en plus d’être toutes spécialités confondues ce qui lui permettait de tester toutes sortes de binôme improbable, ces élèves là n’étaient pas obligés de continuer la botanique si ça ne leur plaisaient pas. Il restait donc les intéressés et souvent ceux qui étaient particulièrement passionnés et bons dans la matière ce qui rendait les cours bien plus intéressants qu’avec des premières ou deuxièmes années.
 
« Bravo pour vos plantations, à vue d’œil, elles paraissent biens. Il faudra néanmoins continuer de s’en occuper pour voir ce que ça va donner. » Il se tut quelques instants. Il aimait bien féliciter ses élèves. Il savait que lorsqu’il était élève, c’était ce qui le faisait avancer et il se doutait donc que ce devait être la même chose pour certains d’entre eux. Peut-être pas tous bien entendus. « Vous pouvez y aller. Bonne fin de journée. » Des brouhahas et bruits de livres et sacs se refermant suivirent ses paroles. Puis ce fut le bruit de chaussures marchant et se bousculant dans les allées de la serre. La serre, son petit paradis à lui. Au moins, personne ne s’y rendait jamais, ou presque. Les élèves avaient pour certains trop peur de se faire attraper par une plante de nuit pour s’y rendre. Et en journée, ils savaient tous très bien qu’il s’y trouvait régulièrement et avaient trop peur de se retrouver nez-à-nez avec lui alors qu’ils n’auraient rien à y faire.
 
Le bruit de bousculade alors que tous sortaient à grand cri était en train de diminuer au fur et à mesure que la classe passait la porte d’entrée. Eden commençait à déplacer les plantes dans un autre endroit de ce qui était ni plus ni moins que sa salle de classe. En effet, il avait un autre cours l’après-midi, il fallait donc de la place pour accueillir tous les deuxièmes années gryffondor. Il revenait pour chercher le pot suivant lorsque son regard tomba sur Kayleen. Il s’agissait d’une sympathique poufsouffle et au passage de la meilleure amie de sa petite sœur Seila. Ce n’était pas dans son habitude de ne pas quitter la salle dans les premiers et encore moins d’avoir les yeux brillants comme c’était le cas ce jour-là. Elle semblait sur le point de pleurer. Etrange… N’étant pas particulièrement proche d’elle mais certainement un peu plus que certains professeur, il se dirigea vers elle. Elle était quelques mètres derrière le dernier élève, il fut donc facile pour lui de l’arrêter avant qu’elle ne franchisse à son tour la porte d’entrée et tout ça de façon discrète sans alerter l’ensemble des élèves. Ce n’était pas leurs problèmes si elle était triste. Il n’avait pas non plus particulièrement envie que tous sachent qu’il allait lui parler de ses problèmes pour tenter de comprendre ce qu’il n’allait pas.
 

« Kayleen, ça va pas ? Qu’est-ce qu’il t’arrive ? » Ok c’était basique, mais au moins, si elle voulait parler, elle pourrait le faire. C’était la première fois qu’il la voyait dans cet état là. « J’espère que ça n’a rien à voir avec ma matière et l’examen prévu la semaine prochaine ? » Il avait dit ça sur le ton de la blague tentant de lui redonner le sourire. Il savait très bien qu’il n’y avait aucun risque que ce soit le cas. En effet, sans être tête de classe, la poufsouffle avait de bonnes notes en botanique, rendait toujours de bons parchemins lorsqu’il en demandait. Elle n’avait donc aucun soucis à se faire sur le contrôle prévu la semaine d’après. Il aurait néanmoins bien aimé savoir ce qu’il se passait. Parce que selon les cas, il faudrait peut-être mettre le reste des enseignants au courant, après tout, si ça concernait un problème dans le château, tous se devaient de faire attention. « C’est familial ? Il y a un problème avec un professeur ? Des élèves ? » Ah s’il savait, il n’était pas loin de la vérité, mais comment pourrait-il se douter du chantage dont elle était la victime.

Spoiler:

Tell me what's wrong

Savez-vous que les filets du diable sont des plantes passionnantes ? Si ce n’est pas votre cas, c’est désormais celui des élèves de sixième année de Poudlard qui viennent de suivre le cours qu’Eden vient de leur faire à ce sujet. Et oui, ces plantes bien que fort connues ont des secrets que bien des gens ignorent. Mais si vous voulez les connaitre, vous n’aurez qu’à vous renseignez auprès du spécialiste, ce n’est pas l’objet du débat actuel. Le cours étant terminé, le sujet est plutôt celui d’une de ses élèves. Une sympathique petite poufsouffle qui mit bien plus de temps que les autres à quitter la serre à la fin de ce merveilleux cours. Mais n’étaient-ils pas tous merveilleux ? Ca dépend du point de vue !
 
Il avait sauté aux yeux d’Eden que Kayleen n’allait pas bien. Elle avait pris plus de temps pour sortir et il n’avait pu s’empêcher de voir ses yeux qui brillaient comme si elle avait ou allait pleurer. Il était donc de son devoir de dire quelque chose. Dans le pire des cas, elle lui répondrait que ce n’étaient ses oignons et la conversation se terminerait. Il avait donc arrêté la jeune blondinette avant qu’elle ne passe la sortie de ce qui était l’équivalent d’une salle de classe pour le fils Grey. La proximité entre Kayleen et sa propre sœur Seila qui était sa meilleure amie ne pouvait que jouer dans cette affaire. Il ne se sentait pas particulièrement proche d’elle mais il savait que sa sœur serait contente de savoir qu’il faisait quelque chose pour sa camarade de chambrée. De plus, cela lui permettrait peut-être de connaitre un peu mieux ceux qui étaient les plus proches de sa cadette. Il aurait continué de vivre chez lui, il aurait très bien pu les rencontrer dans un autre contexte.
 
« Si si ça va ne vous inquiétez pas... c'est juste que je dors pas beaucoup en ce moment... » Comment aurait-elle pu penser qu’il allait gober un truc pareil ? Ce n’était pas de la fatigue qu’il lisait sur son visage mais bel et bien de la tristesse. Due à quoi, c’était une autre question mais certainement pas à un manque de sommeil. Il préféra jouer sur l’humour plutôt que de rentrer dans le jeu de la jeune femme. Il n’avait pas envie de la contredire mais il n’allait pas laisser passer. Et cette touche d’humour allait peut-être un peu la dérider…
 
Bien entendu, comme il s’en doutait avant même de lui poser la question, ce n’était pas à cause de sa matière et du contrôle prévu la semaine suivante qu’elle était dans un tel état. Parce que le stress chez certains de ses étudiants pouvait avoir de pareil effet. Mais il ne les retrouvait généralement pas en sixième année, ou alors plus que rarement… Il orienta donc la question sur des problèmes familiaux ou au sein même de Poudlard avec des professeurs ou des élèves. Le professeur savait très bien qu’il pouvait se tramer des choses louches dans les couloirs pour avoir lui aussi vécu à Poudlard et il n’y a pas si longtemps de cela. «Euh.. c'est compliqué, je sais pas si je peux vous dire... Je ne veux pas déranger surtout que vous avez cours dans pas longtemps... » La voix de Kayleen tremblait, à moitié secouée de sanglots et le jeune homme ne savait pas trop quoi faire. Il n’avait jamais su quoi faire dans un tel cas. Ce fut encore pire lorsqu’il vit les larmes commencer à couler le long des joues de son élève. Il était évident qu’elle allait mal. D’un autre coté, elle ne semblait pas vouloir de son aide. Il ne savait plus trop quoi faire entre lui laisser sa liberté de mouvements et de choix et aller vraiment tenter de l’aider.
 
Il choisit de sortir de la serre et de la suivre. Elle ne pouvait visiblement pas rester dans cet état. « Kayleen. Regardes-moi ! » Il avait doucement attrapé le bras de la jeune femme pour la retourner dans sa direction. Il voulait qu’elle comprenne qu’il s’en moquait qu’elle pleure, ce n’était pas un problème. Il n’y avait pas de honte à le montrer lorsque l’on allait mal. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » ‘Vraiment’ était le mot qu’il sous-entendait. Elle n’était pas idiote, il savait qu’elle le comprendrait. « Je vois bien que ça va pas. Tu peux pas rester comme ça. » Il l’emmena un peu plus loin au niveau d’un banc placé à l’arrière de sa serre et la fit assoir. « Tu ne me déranges absolument pas. Mon prochain cours et cette après-midi et je n’ai que quelques pots à déplacer. Tu sais, c’est aussi notre rôle d’être là pour vous quand vous avez un problème. Il y a vos amis et vos professeurs. » Il marqua une très légère pause, le temps de rassembler ses esprits. « Ce n’est pas parce qu’on est plus vieux qu’on ne peut pas nous parler. On est un peu comme vos parents pendant l’année. » Pour certains, c’était même plus que ça. Eden avait un professeur qui était véritablement comme un membre de sa famille. Il l’avait toujours été et le serait toujours. Il avait d’abord était un référent, puis un père et enfin un frère pour le professeur. Des années à passer ses vacances en sa compagnie l’avaient transformé en quelque chose de bien différent d’un professeur. « Et si c’est que j’en parle qui te fait peur, ne t’inquiètes pas, les ragots, c’est pas notre truc. » Ca dépendait pour qui, mais vous avez compris le principe ? Il voulait la rassurer, et personnellement lui était le genre de personne qui n’aurait jamais répété ce qu’un élève lui aurait confié, sauf évidemment dans un cas extrême. Et ça ne serait certainement pas le cas ce jour-là. Il attendait désormais, espérant que ses paroles auraient un effet sur la jeune femme. Il ne fallait pas qu’elle reste ainsi, et il se doutait que pour pleurer en cours, c’était qu’elle ne devait pas avoir grand monde auprès de qui se confier sur ce sujet-là. Sinon, ce ne se serait jamais produit, d’autant plus qu’il n’avait entendu aucune remarque au cours des heures qu’ils avaient pu passer dans la serre. Il ne put s’empêcher de penser que c’était étrange étant donné qu’elle était quelqu’un qui avait des amis, mais peut-être que c’était trop gros pour qu’elle puisse leur en parler, ça arrivait aussi…

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