Ce que ça pouvait m'agacer ! Quoi c'est vrai ! J'avais seulement lancé un Bloquejambe sur un garçon trop ennuyant. Rectification : agacée par ces remarques narquoises sur le fait que j'étais une Sang-Pur et que je n'étais toujours pas fiancée, je lui avais peut-être, sans faire exprès, lancé un sort lorsque le professeur lui avait demandé de venir au bureau récupérer ses ingrédients. En tout cas, sa chute avait fait rire bon nombre d'élèves, dont moi. Malheureusement, ça n'avait pas été au goût du professeur qui avait du faire accompagné le garçon en question à l'infirmerie puisqu'il avait le nez cassé et qui m'avait alors mis en retenue pendant un mois. Enervée, puisqu'il refusait de m'écouter ou de me laisser m'expliquer, je m'étais levée et ramassais mes affaires. Evidemment, le professeur était de plus en plus en colère mais je ne lui avais pas laissé le temps de finir sa phrase que déjà j'avais quitté son cours.
A présent, j'étais assise sur un banc de la cour, à tenter de me calmer. Je savais que je n'étais pas en tort. Je n'étais PAS en tort. C'était sa faute à ce gars ! J'étais une Sang-Pur, peut-être, mais je refusais de vivre comme eux. Je ne voulais pas de toutes ces bonnes manières, je ne voulais pas me fiancer et je ne voyais pas pourquoi je devais haïr les Nés-Moldus ! Alaric était convaincu que rejoindre l'Alliance serait bien pour moi, me rapprocherait de notre mère. Mais je ne voulais pas adhérer à ce parti et je souhaitais plus que tout m'éloigner de cette femme qui prétendait être ma mère. On n'avait jamais eu une vraie relation mère/fille. Elle me détestait. Et depuis que j'étais à Poudlard, je le lui rendais bien et je faisais tout pour la couvrir de honte. Une Eisenberg à Gryffondor ? Une jeune fille Sang-Pur sur un balai et dans une équipe de Quidditch ? Une Eisenberg qui sympathise avec des Nés-Moldus ? Une Eisenberg qui refuse d'adhérer aux principes de l'Alliance ? De quoi couvrir de honte la famille pour les siècles à venir. J'étais fière de ma différence, je ne souhaitais pas ressembler à mère ou Alaric. Mais des fois, je me disais que je m'étais peut-être trompée de famille. Pourquoi je n'étais pas comme tous les autres ? J'aurai du partager leur mentalité. Et pourquoi mère me détestait autant ? Sans arrêt les mêmes questions qui revenaient. Mais je me devais d'aller de l'avant et de lever fièrement la tête. Pourtant, pour le moment, je n'avais pas le moral, et tant que les autres élèves étaient en cours, je pouvais peut-être me laisser aller un petit moment.
Le ciel était toujours aussi gris depuis l'attaque à Pré-au-Lard. J'y étais allée en tout début mais étais vite rentrée, guère intéressée par les marchés. Si j'étais restée quelques minutes de plus, j'aurais pu assister à toute la scène. Je ne savais qu'en penser. Alors, quand on en parlait avec les autres, je ne disais rien. Je baissais la tête, balançant mes jambes et mettant mes mains sous mes cuisses, mes longs cheveux blonds tombant devant moi. Je soupirais en pensant au prochain cours qui m'attendait. Les cours avaient été suspendus pendant deux semaines suite à l'attaque. J'aurais aimé que ça dure plus longtemps !
« Et tu fais attention, tu n’es pas encore entièrement remis. » « Oui Madame » Répondais-je d’un ton je m’en foutiste. C’est bon, je ne suis plus un gamin. J’ai vingt ans, non d’un scrout en pétard ! Alors pourquoi être toujours derrière moi. Je fais un signe de la main à l’infirmière tout en sortant de son antre. Alias l’infirmerie oui. J’ai envie de prendre l’air malgré le temps grisâtre qui règne à l’extérieur depuis cette foutue attaque. Je m’en souviens comme si c’était hier malgré le fait que cela se soit passé il y a deux semaines et que je suis encore obligé de me rendre à l’infirmerie pour des visites régulières. Dans les escaliers, je voie mon reflet dans un miroir. Etonné, je m’arrête et me regarde une seconde. La tête entourée d’un bandage et le bras plaqué contre mon corps pour éviter que mon épaule ne bouge, je fais une moue. Mon état est encore pitoyable, même après deux semaines de repos forcées. Je souffle doucement. Je me sens mieux. Mais je sais que je ne dois pas trop forcer. Ce serait jouer avec ma santé. De ma main droite, encore libre de mouvement, je triture ma chevelure près du bandage. La plaie se referme, doucement, mais sûrement. J’espère pouvoir bientôt me passer de ce truc et de ces maux de crâne intenables. Allez, j’arrête de me mater et je vais prendre l’air. Alors je descends le reste des escaliers pour me diriger vers la porte du château. J’ai besoin de sortir, de me changer les idées, de ne plus voir l’intérieur de ces murs quelques instants, voir quelques heures si possibles.
Ah ! De l’air frais ! Je m’arrête devant la porte du château, humant un instant l’oxygène si pur que la nature peut nous offrir. Non, je ne suis pas le genre de mec peace and love je kife l’herbe moi. Mais là, pour le coup, je suis bien content de pouvoir respirer cet air l’air plutôt que celui tout moisi par les vieux murs de Poudlard. Désolé château, mais tu n’es plus si jeune. Si l’air pue, ben, il pue. Ne te vexe pas. Alors je marche, fermant presque les yeux et profitant de ce moment de calme. Il me faut cinq minutes pour revenir sur terre et arrêter de planer. Bon, et sinon, il y a qui dans le coin que je pourrais emmerder un peu ? Il faut bien reprendre les bonnes habitudes. Là bas, dis donc, ne serait-ce pas la petite sœur ? Yeah ! Parfait ! On dirait presque qu’elle m’attend.
« BOUAHHHHHHHHHHHH ! » Je crie dans son dos en posant ma main sur l’épaule de Kathy, mort de rire et surtout très fier de ma blague. Hilare, je m’assois sur le banc à côté d’elle. « Espèce de flipette ! » Je la charrie en la prenant dans mes bras. Enfin en l’attirant vers moi de mon seul bras libre pour déposer un baiser sur son front. Je suis content de la voir. Une tête que je connais, surtout celle-ci, ça fait du bien quand on sort d’une telle hibernation. « Tu fais quoi toute seule ? Tu m’attendais ? » Je rigole, le sourire étiré. Ce n’est pas parce que j’ai un bandage autour de la tête qui me fait limite passer pour un zombie et un bras hors d’utilisation que je ne peux plus embêter les autres, ni parler, et encore moins rire. Je ne changerai pas, même en agonisant. Je serais chiant jusqu’au bout moi !
Plongée toujours dans mes pensées, je n'entendis pas arriver le Gryffondor derrière moi et sursautais en entendant sa voix me crier dans les oreilles. Evidemment : Lorenzo ! Lorenzo Varetti, Gryffondor de 7ème année, était un peu comme un grand frère pour moi. Ce n'était pas "un peu" d'ailleurs, c'ETAIT mon grand frère. Celui que j'aurai du avoir. Même s'il avait été des plus insupportables à une époque, il était à présent une personne sur qui je pouvais compter en toutes circonstances et était toujours à l'écoute lorsque j'avais un problème. J'étais contente de le voir, et, instantanément un sourire revint sur mon visage. Le fait de le voir me rappeler les bons moments que je vivais ici et que surtout je n'étais pas seule. Le regardant un peu plus en détails, je remarquais qu'il avait un énorme bandage sur la tête, tout comme son bras, calé contre lui. Apparemment, il avait encore fait des siennes alors un autre garçon. Ou bien ? L'attaque à Pré-au-Lard ?! Le Gryffondor me serra contre lui, enfin il essaya et déposa un petit bisou sur le front. J'étais heureuse de cette relation avec lui, alors qu'au début on n'était pas du tout comme ça et surtout pas en aussi bons termes. Je le poussais un peu et, le taquinant à mon tour :
- Beeeeurk ! J'espère que tu n'embrasses pas les filles comme ça, sinon elles doivent vite s'enfuir... Ah mais attends... C'est peut-être pour ça que tu es toujours célibataire !
J'éclatais de rire. Avec lui, on pouvait rire de tout et on se taquinait tout le temps. Nos conversations sérieuses étaient rares mais quand on en avait, c'était très important pour nous deux. Mais ces moments où l'on pouvait rire, s'amuser, se taquiner sur nos vies de tous les jours me faisaient oublier les vrais problèmes. Je remis une mèche derrière mon oreille et lui répondis :
- Bah... Je me suis faite virée de cours ! Mais, oui, je t'attendais...
Je lui fis un clin d'œil, puis, prenant un air plus inquiet et plus concentrée, je touchais son bras en écharpe sans trop appuyer pour ne pas lui faire mal, et dis :
- Ne me dis pas que tu as récolté ça à...
Je laissais ma phrase en suspens en me disant qu'il finirait ce que j'allais dire et qu'ainsi il me révélerait comment il s'était fait ça. Je n'avais jamais bien réfléchi à cette guerre qui opposait les Nés-Moldus aux Sang-Pur et au fait qu'elles se concrétisent. Bien sûr, Alaric essayait de me recruter dans l'Alliance mais avec cette attaque, je comprenais que c'était vraiment réel. Et Lorenzo qui était Né-Moldu... Même si je n'y avais jamais vraiment pensé pour le moment, le perdre m'était impensable. On était devenu si proche ! C'était un de mes seuls amis. Qui savait me comprendre. Qui savait qui j'étais réellement au fond. Il ne me jugeait pas comme il pouvait juger les autres Sang-Pur. Au plus grand déplaisir évidemment d'Alaric qui le haïssait et qui haïssait de toute manière tous les Gryffondors et donc tous mes amis.
« Haha, très drôle. » Répondis-je ironique en tirant la langue à Kathy. Elle sait que j’ai un sacré succès auprès des filles de cette école, elle ne veut juste pas l’assumer c’est tout, trop peur de succomber. Je déconne. Katherine, jamais je ne lui ferais d’avances. C’est ma petite sœur. Et on ne couche pas au sein de sa propre famille, enfin j’ai récemment après que si, certains le pratiquaient. Et bien, pas moi, merci l’éducation moldue. Je trouve ça tellement infâme. Vous imaginez vous, coucher avec votre propre sœur. Juste. Avoir une relation sexuelle avec, mais c’est si … Dégoutant. Je garde ça pour d’autres personnes. Je préfère ne plus y penser, cette image est répugnante. Je repose mon attention sur la Gryffondor à mes côtés. Alors là ! Je ne vais pas me gêner pour lui faire une petite morale. Elle sait faite virer de cours … Je vous jure, les jeunes d’aujourd’hui. « Bravo … Qu’est-ce que t’as fais pour te faire virer ? J’espère que tu n’as frappé personne quand même. On approche de la fin d’année, arrête de te faire virer, histoire que Gryffondor est un espoir de gagner la coupe, ce serait sympa pour les copains. » Je rigole un peu. Non, mais, vous avez vraiment cru que j’étais capable de faire une leçon ou une morale en restant sérieux à tout moment ? Moi ? Bande de fous, cela est totalement impossible pour moi voyons ! Au début oui et puis après, il fallait que je fasse un peu d’humour en citant les copains. Un minimum quoi. Je n’aime pas jouer sur les scènes trop dramatiques. Tout ce que je retiens, c’est qu’elle m’attendait finalement. « Ah je m’en doutais ! Je suis ta raison de vivre, c’est tout. Tu m’aimes trop. » Je rie avec plaisir à ma propre connerie.
La main posée sur mon bras me donne un frisson. Pas que j’ai eu mal. Mais que le contact est inhabituel ces derniers temps, mon corps se met donc à réagir à cette chaleur à travers le tissu. La question qui reste suspendue me fait comprendre que je dois la terminer. Elle n’arrive donc pas à finir sa phrase ? A-t-elle peur de ses propres paroles ? « Ah je me suis fais ça en me cassant la gueule dans les escaliers, Dumbledore était sur le chemin, je l’ai percuté, on est tombé tout en bas ensemble et crac de partout je n’étais pas bien. » Dis-je en étant le plus sérieux possible avant d’éclater de rire comme un clown qui est fier de sa blague. « Je déconne bien sûr ! » Même si franchement, j’aurai mille fois plus apprécié que cette version soit la vraie, car la vérité, elle fait mal à attendre, à vivre, à se souvenir, à revivre en soi. Je soupire, abaisse les épaules avant de me lancer dans la révélation, la vraie, ce pourquoi je suis dans cet état. « Tu sais, il y a eu l’attaque … Et … Ben voilà dans quel état je suis maintenant. J’ai reçu une poutre sur la tête et le bras je t’avouerai que je ne me souviens même pas. » Je marque un temps de pause, avant de rajouter pour terminer. « Ce n’était pas beau à voir, mais tu n’as pas à t’inquiéter, je suis en un seul morceau. » Et oui, tu voies. Et pour lui prouver, je me lève face à elle et écarte les bras, enfin le seul bras qui peut bouger, pour me mettre en avant et prouver que je vais bien. C’est tout ce qu’il y a à retenir.
Lorenzo répondit par son fameux "je te tire la langue" et ça m'amusait à chaque fois. Il respirait la joie de vivre et ça faisait toujours plaisir de le voir. S'il tirait la tête, ou qu'il ne rigolait pas au moins une fois en 30 secondes, c'était forcément qu'il était malade, qu'il avait mal à quelque part ou autre chose. On pouvait le croiser à n'importe quelle heure, n'importe où, il présentait l'image d'un mec heureux de sa vie et heureux de vivre. Et, je l'avoue, sa bonne humeur était contagieuse. Mais quand je lui annonçais que je m'étais faite virée de cours, le 7ème année prit un ton plus grave et commença à me faire la morale. Je regardais droit devant moi, l'ignorant totalement. S'il croyait pouvoir me donner des conseils. Et puis, généralement, son sérieux ne durait que quelques secondes, à moins que le sujet ne soit plus grave. Et en effet, il me servit sa petite blague sur les copains et la coupe. Je croisais les bras et me tournais vers lui, rentrant dans son jeu.
- Je perds peut-être des points en me faisant virer de cours, mais au moins je n'en perds pas parce que je traîne tard le soir avec des filles... Et puis, MOI, je ramène des bonnes notes et je suis beaucoup plus intelligente que toi...
Je ne pus m'empêcher de sourire sur ma dernière phrase. On aimait se chamailler sur tout et sur rien, c'était notre façon à nous de nous amuser et de se montrer qu'on s'aimait. Bien sûr,, j'ignorais totalement ce qu'il faisait le soir et ce qu'il faisait avec les filles. C'était simplement pour le taquiner un peu, ce petit "lover". Quand il enchaîna sur le fait que je l'attendais, il se prit à nouveau pour le seul au monde capable de m'intéresser. J'y avais réfléchi déjà à plusieurs reprises mais oui, être amoureuse de Lorenzo : jamais ! Il était mon frère c'est tout, et imaginer rien qu'un bisou déplacé ou autre chose... Brrr non merci. Certaines filles me trouvaient bizarres et pensaient que si j'étais si proche de lui, c'était uniquement pour espérer qu'il me mette dans son lit. Dans ces moments-là, je ne pouvais retenir plus longtemps mon rire. C'était carrément impensable pour moi. Mais il restait une personne que j'aimais énormément. Alors, comme pour lui répondre, je lui mis un petit coup de coude. Quand je l'interrogeais ensuite sur ses blessures, il trouva à nouveau normal de plaisanter et ajouta notre directeur, le professeur Dumbledore à son histoire, pour que ce soit plus marrant je suis sûre. Même s'il m'arrivait de me faire virer de cours et qu'ainsi je détestais le professeur, ce n'était jamais pour longtemps. Je respectais chaque professeur de cette école et je ne tardais pas à aller présenter mes excuses. Ce château représentait ma liberté et je ne voulais jamais le quitter. Qu'Est-ce que je ferai après ? Je n'en savais rien. Sûrement fiancée, puis mariée à un de mes nombreux cousins. Pourtant je ne voulais pas de cette vie, et j'espérais n'être plus à la maison d'ici là. La voix de Lorenzo me ramena au moment présent et je l'écoutais me parler de l'attaque à Pré-au-Lard. Oui, il était en un seul morceau. Mais peut-être s'en était-il fallu de peu ? Je souris, un peu tristement et dis :
- Tu n'as pas pu t'empêcher de jouer les héros ou bien tu t'es bêtement assommé ?
Je fais l’offusqué, ouvre grand la bouche pour montrer que je suis choqué, qu’elle est méchante ! « Ben moi aussi je ramène de bonnes notes ! » Commençais-je, beaucoup moins convainquant que Kathy juste avant. « Elles sont juste moins visibles que les tiennes sur le papier … » Juste. Les lettres sont quelque peu différentes, rien de bien extraordinaire. Encore à se chamailler, pour ne pas changer à vrai dire. Je la regarde de haut en bas, l’air le plus dédaigneux possible. Soit dit en passant, je ne sais pas la tête que j’ai en essayant de faire cette tronche car en vérité, je ne sais absolument pas le faire. Les petites p*tasses de Serpentard s’y prennent très bien, mais moi, pas du tout. Donc, disons que je fais une grimace qui tente de ressembler à quelque chose de dédaigneux, du genre « d’où tu me prends de haut comme ça ? » avant d’ajouter en croisant les bras. « Plus intelligente toi ? » Commençais-je en haussant les sourcils. « Peut être oui … » Finis-je finalement en éclatant de rire, je n’avais aucuns arguments et rester davantage sérieux à ce moment là devenait vraiment trop compliqué pour moi. Surtout quand on parle de mes notes scolaires, merci, mais ce n’est pas ma plus grande fierté, malgré le fait que je bosse, j’essaye, je le jure. Mais c’est dur pour moi qui ne suis pas quelqu’un fait pour ça. Les cours pratiques j’y arrive pas trop mal, mais les trucs théoriques là, trop peu pour moi merci.
Je sourie, tente de rire un peu avant de faire une grimace en relevant ma tête pour faire face au visage de ma petite sœur de cœur. « Tu veux la version officielle ou celle que je me suis inventée pour avoir la classe auprès des nanas ? » Je sourie franchement, bien content de mon invention avant de reprendre sans lui laisser le choix au final. « Je commence par ce que je dis aux filles. Alors en fait, on était quatre élèves, seuls, en train de boire un verre dans un bar, on rigolait bien et puis là tout est devenu tout noir. » Je marque une pause, devenant plus mystérieux et plus sombre à chacune de mes paroles afin de donner plus d’ampleur à mon histoire. « Et là, quand on ne voyait plus grand-chose, même nos mains étaient à peine visibles. » Debout, je lève ma main devant moi et fait mine de ne pas la voir, je joue la scène presque. Et reprend le cours de mon histoire. « Des formes sont apparues, des sorts ont fusés, on ne comprenait rien. Les accès étaient tous bouchés, aucune possibilité pour nous de nous enfuir, des flammes ont embrassés tout le bar, on était en-cer-clés. » Mieux qu’un film moldu je vous le dis ! « On s’est battus comme nous le pouvions, on a tenu bon, on s’est vraiment battus, mais ils étaient trop nombreux, plus forts que nous, plus expérimentés et plus sombres en eux, notre résistance a cédée au dernier moment. Et j’ai été blessé, gravement. » Terminais-je en faisant la moue et en m’écrasant sur le banc où j’été assis précédemment. « Alors t’en penses quoi ? C’est top comme histoire hein ! » Je souris, ris à moitié avant d’ajouter le plus rapidement possible, me disant que le fait de le glisser comme si de rien n’était passerait incognito. « Ça c’est passé comme ça, sauf que c’était une grosse poutre qui m’est tombé dessus. » Voilà, c’est dit, maintenant on change de sujet pour éviter qu’elle ne se rende compte de ma nullité au combat. « Tu croies que ça marchera auprès des filles ? » Je rie et tiens mon bras blessé d’une main qui me fait souffrir quand je rigole trop.
Ce pauvre petit Lorenzo ! Il arriverait à faire sourire un Scroutt à Pétard si je lui donnais ce défi. Lui ? Ramener des bonnes notes ? C'était comme dire que le professeur Dumbledore portait des strings : hilarant ! C'est pour ça, qu'au fur et à mesure qu'il parlait, un petit sourire venait se glisser sur mes lèvres. Et alors qu'il tentait de me faire un regard de "Tu t'es pas regardé toi", je croisais mes bras devant moi et l'observais, mon sourire ne quittant pas mes lèvres. Mais je ne disais rien, attendant le moment où il craquerait, n'en pouvant plus de son sérieux. Lorenzo était connu pour sa bonne humeur et sa joie de vivre. N'essayez jamais de parler sérieusement avec lui, c'est assez difficile à vrai dire. En tout cas, ce que je prédisais ne tarda pas à arriver et le grand gaillard d'un grand rire reconnaissant que j'étais plus intelligente que lui. Je lui tirais la langue et lançais d'un air supérieur :
D'habitude, je ne me vantais que très rarement. Mais avec lui, c'était tellement facile, tellement drôle, que je ne pouvais m'en empêcher. Il était vrai que le Gryffondor était plus connu pour ses techniques de drague que pour ses capacités en cours. Puis je lui posais la question sur son accident, et son sourire fit place à une grimace et son air sérieux revint... Pas pour bien longtemps.
- Tu veux la version officielle ou celle que je me suis inventée pour avoir la classe auprès des nanas ?
Je lui fis un regard de "Tu te fous de moi ou bien ?". Mais le Gryffondor ne me laissa pas choisir et me servit son histoire à la noix. Je soupirais mais l'écoutais quand même. Il me joua presque toutes les scènes et je fus tenter d'applaudir à la fin, mais à la place, je lui sortis :
- Tu as déjà postulé pour faire du théâtre ? Tu es un très bon comédien. Surtout le moment où tu ne voyais plus ta main, je m'y croyais vraiment, j'étais à fond !
Je riais presque, lorsque mon grand frère se décida à m'avouer ce qu'il s'était réellement passé. A cet instant, je ne pus me contrôler et mon rire partit tout seul. Je sais que je n'aurais pas du, il risquait de le prendre mal même si Lorenzo restait Lorenzo, mais je pense qu'il devait se sentir coupable d'avoir été si peu utile au combat. Mais.. le ridicule de la scène et le fait de me l'imaginer m'acheva. Pliée en deux sur mon banc, j'essayais tant bien que mal de reprendre mon sérieux.
- Oh oui... Si tu parles de cette magnifique poutre qui t'a assommé ça devrait toutes les faire craquer ! dis-je en essuyant une larme au coin de mon œil.
Kathy se fou de moi, littéralement ! Non d’un scrout à pétard, elle se marre bien la petite ! Surtout en me balançant à la tête que je devrais faire du théâtre. Moi qui pensais que mon histoire était crédible, voilà qu’elle casse toute ma mise en scène. Mais je ne suis pas le mec à prendre les choses mal alors je souris et me penche en avant tel une révérence pour mon public. « Oui je songe à me reconvertir, le théâtre, c’est une carrière certaine. » Je souris en la voyant rire et se moquer ouvertement de moi. Je ne lui en veux pas. Au contraire. J’en ferais de même à sa place, j’en suis certain. Et puis, faut bien l’avouer, j’ai tenté une histoire moins sérieuse que la réalité pour détendre l’atmosphère et ne pas avoir le droit à ce regard de pitié. Vous savez, celui qu’on vous jette « oh que je suis désolée ». Celui-là, je ne l’aime pas. Comme si le fait de me regarder ainsi pouvait effacer les faits déroulés, la violence qui s’est jouée, la souffrance ressentie. Bien sûr que non. Alors ce regard, je l’évite le plus possible. Alors je m’invente une autre histoire. Pour impressionner les filles, leur donner des étoiles dans les yeux, leur montrer que je suis le genre de mecs prêt à tout pour les protéger … Ou pour se les procurer. Mais surtout, pour ne pas voir ce regard horrible dans leurs yeux. Tout, sauf ça.
Elle rit. « Ouais ouais, vas-y, fous toi de moi ! » Je râle. Murmure presque ces mots et regarde d’un air coupable Katherine. « Ce n’est pas drôle. » Finis-je par glisser. C’est vrai quoi, il n’y a absolument rien de drôle dans cette histoire. Une poutre quoi ! Elle aurait très bien pût me tuer, en finir avec moi. Alors pourquoi elle rigole comme ça ? Je croise les bras, ou du moins comme je le peux avec mon bras encore douloureux, et fais la moue de gamin vexé. « Je les fais craquer déjà sans cette poutre d’abord ! » Je précise, avant qu’elle oublie tout le pouvoir de séduction que je détiens déjà. Et quoi que je dise, elle rit. Elle en pleure même ! Je la voie essuyer une larme. Une larme de pleures. Dans le genre, je me fous vraiment de toi, c’est la reine. « Tu pourrais être compatissante avec moi quand même, j’ai faillis crever ! » M’exclamais-je en haussant un peu la voix comme pour me faire entendre par-dessus ses rires. Mais j’ai bien l’impression que c’est peine perdue et je reste là, à faire mon gamin mal aimé. Pourquoi est-ce qu’on ne se soucie pas un peu plus de moi franchement ? Non, parce que, à part rire de mes aventures de guerrier, concrètement, personne ne m’a demandé si je me sentais bien ? Tout le monde rie en entendant cette histoire de poutre. Mais si elle m’avait frappé plus forte. Si elle m’avait ouvert le crâne. Je ne serai plus là, quelqu’un y a pensé à ça ? Non. « Je te fais la boude. » Voilà. Oui. Comme un gamin je l’ai dit.
Il est si difficile de partir, jusqu'à ce qu'on parte
Avec Lorenzo
- Oui je songe à me reconvertir, le théâtre, c’est une carrière certaine.
Je souris et essayais d'imaginer Lorenzo faire du théâtre. Il y a 4 ans encore je ne connaissais rien de tout ça. Le théâtre, les films,... Tous ces trucs moldus m'étaient encore inconnus, mes parents ne m'enseignant que ce qui concernait le monde sorcier. Mais dès que j'étais arrivée à Poudlard, et après à Gryffondor, de nombreux élèves venaient de familles moldus et c'était ainsi que j'avais appris toutes ces choses. Mais pas seulement. J'avais aussi pris l'Etude des Moldus et le professeur Phisbiz nous enseignait des choses très intéressantes. Du moins, pour moi. Ainsi, le théâtre était une discipline qui m'avait attirée et en voyant Lorenzo agir de la sorte, j'y avais instantanément repensé. Je lui dis :
- A coup sûr !
Lorsque le rouge et or me raconta son histoire, je ne pus contenir plus longtemps mon rire. C'est fou, quand Lorenzo était dans les parages, je ne pouvais me retenir de rire la minute suivante. Il avait le don de me faire rire et de me faire voir la vie autrement. Plus lumineuse. En revanche, lui se mit à bouder et mon rire se calma quelque peu. Bien que je savais qu'il plaisantait, je voulais rentrer dans son jeu. Gardant un petit sourire amusé aux lèvres, je l'entendis me dire :
- Je les fais craquer déjà sans cette poutre d’abord !
- Oh mais je n'en doute pas ! enchaînais-je.
Mais le rouge et or se renfrogna un peu plus et déclara qu'il me boudait. Il aimait faire le gamin et je l'avais presque toujours connu comme ça. Bien qu'il soit plus vieux plus moi, j'étais beaucoup plus mature que lui. Même s'il fallait toujours le prendre au second degré, il gardait une petite part de gaminerie en lui et je l'avouais, il était attachant. Je ne pouvais enlever mon petit sourire, cependant je tentais un petit rapprochement :
- Vu comment tu annonces ton aventure, on a dû mal à croire que tu aurais pu y rester, mais en effet, tu aurais pu "crever", dis-je d'un ton plus doux. Mais tu n'aurais jamais pu laisser ta petite soeur chérie quand même, si ?
Je lui fis les yeux doux et pris une moue triste. N'empêche, je ne pouvais m'imaginer vivre sans Lorenzo. L'attaque de Pré-au-Lard n'avait pas connu de morts que je connaissais. Du moins, beaucoup de mes amis avaient été blessés et si l'un d'entre eux était... Je ne pouvais vivre sans eux et je n'aurais encore moins pu vivre avec ma famille, sachant qu'ils acclamaient les actes de ce genre.
HRPG : Désolée moi aussi Des idées pour la suite ? On peut peut-être clore là ou faire intervenir quelqu'un ?