Je sais qu’elle a un cœur qui bat et que tout est mort en moi. ✻✻✻ Il y a certaines familles qu’il vaut parfois mieux éviter de croiser. Des familles au passé et à la réputation sombre, des gens avec qui l’on ne veut pas avoir d’ennuis. Dans cette catégorie, les champions en titre sont les Lestrange : consanguins et tous atteins de tare psychologiques diverses et variées. Il n’est pas conseiller d’être leur ennemi… Beaucoup ont eu des ennuis suite à une querelle avec cette famille. Dans ce petit village moldu non loin de Manchester, les rumeurs vont bon train sur cette famille et leur imposant manoir : finalement, ces pauvres créatures stupides que sont les moldus ne sont pas si loin de la vérité lorsqu’ils disent que dans le sous-sol de cette cave se déroule des messes noires. Tous plus atteins les uns que les autres, la nouvelle génération ne s’en est pas mieux sortie. Suite à un mariage entre cousins, Eileen et Néron ne sont pas plus stables mentalement que leurs parents. Tous sont grands, bruns, maladivement pâles, plutôt minces voire carrément rachitiques… Quand l’on croise un Lestrange, on le reconnaît directement. Liés aux plus grandes familles sorcières, leur arbre généalogique est on ne peut plus pur : cracmols étouffés dès la naissance, traîtres à leur sang bien souvent assassinés… Dans cette famille l’erreur n’est pas permise.
A seize ans, l’unique fils de la famille ne paye pas de mine. Grand pour son âge et ayant déjà mué, celui-ci bien qu’il ait prématurément terminé sa puberté en l’espace d’un été n’est pas forcément très masculin, au grand damne de ses parents. Vernis à ongles noir, maquillage, cheveux longs… Néron semble cultiver son allure androgyne. Certaines filles le trouvent séduisant, d’autres pensent qu’il est effrayant. Les garçons eux ont tendance à penser qu’il est homosexuel : travelot, pédale et autres insultes font partie de son quotidien. N’étant pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, l’adolescent est souvent ravi d’avoir un prétexte pour se battre.
Dormant à poings fermés dans sa chambre, le voilà qui sursaute en entendant le bruit des volets et en sentant l’air frais du matin pénétrer dans la pièce. Se relevant de manière précipitée dans son lit, le brun aux cheveux ébouriffés tombe nez à nez face à sa mère : « Bonjour mon chéri ! » Mrs Lestrange semble être d’une humeur enjouée. Déposant un baiser sur le front de son fils qui immédiatement se met à grogner d’inconfort, celle-ci referme la fenêtre avant de commencer à ramasser quelques vêtements sales trainant au pied du lit « Il faut te préparer. Nous avons des invités au déjeuner. » Les yeux encore gonflés et rougis par le sommeil, l’adolescent lâche un long bâillement tout en s’étirant « Pourquoi dois-je me lever à huit heures alors mère ? » Visiblement amusée par la remarque de sa progéniture, la femme se met à rire « Pour que tu aies le temps d’être bien réveillé quand nos invités seront là ! Et puis tu passes plus de temps dans la salle de bain que ta sœur lorsqu’elle avait ton âge. » « J’aime prendre mon temps », grommelle l’adolescent.
Un crac sonore se fait entendre dans le jardin de la propriété. Essayant d’entrevoir les visiteurs au travers des rideaux de la cuisine, Néron un verre de jus de citrouille dans une main et une cigarette dans l’autre fronce les sourcils. Il n’entrevoit rapidement qu’une femme visiblement asiatique. Depuis quand ont-ils des contacts avec des familles de sang-pur asiatique ? Peut-être que cette femme travaillait au ministère avec son père ? Ecrasant rapidement son mégot, le brun rejoint l’entrée d’un pas nonchalant suite à l’appel de sa mère. En quoi les relations professionnelles de son père le concernait-il ? Pourquoi sa mère avait-elle absolument tenu à ce qu’il porte une chemise bien repassée ce matin-là et surtout pas de maquillage ni de vernis à ongles ?... C’est en pénétrant dans le couloir que tous ces éléments trouvèrent une certaine logique dans l’esprit du serdaigle. Déglutissant face aux dits invités, il se contenta de leur serrer la main, l’air toujours aussi secoué. « Bonjour Madame. Bonjour Monsieur. Bonjour Penny. » Abbot. Qu’est-ce que cette famille de prolétaires pouvait bien faire ici ? Il n’y avait pas trente-six mille raisons à leur présence : ses parents lui avaient enfin trouvé une fiancée. Ou tout du moins, ils espéraient sans doute que ce serait bientôt le cas.
Suivant donc le mouvement et se rendant au salon, le jeune homme s’installa dans l’un des élégants fauteuils en cuir, entre ses deux parents. Penny ne semblait pas non plus très à l’aise dans cette situation. Après tout même s’ils étaient camarades de classe, ni l’un ni l’autre ne s’étaient jamais vraiment adressé la parole. Ils ne semblaient pas avoir grand-chose en commun. Penny semblait être une fille plutôt calme et discrète, alors que lui était un exubérant colérique et trop sûr de lui. Ses résultats étaient passables, ceux de Néron étaient excellents. Penny était sans doute une gentille fille, du moins c’était l’impression qu’elle donnait. Esquissant quelques sourires maladroits, le brun se contentait de hocher la tête face aux remarques de ses parents « Néron est très bon élève, premier de sa classe en métamorphose. Il fait partie de l’équipe de Quidditch comme batteur. Il est aussi au club de musique, c’est une vraie passion pour lui. Il est très apprécié par ses professeurs en règle générale. » Les éloges à son sujet ne tarissaient pas. Si bien que d’un coup, le doute n’était plus permis : ses parents cherchaient bel et bien à arranger un mariage entre lui et Penny. Regardant la jeune femme de temps en temps pour scruter ses réactions, il constata sans mal qu’elle semblait tout aussi mal à l’aise que lui. Si elle n’était pas laide, elle ne lui plaisait pourtant pas. Il avait tendance à préférer les grandes blondes élancées, elle était petite et brune. Elle semblait de nature timide et réservée, Néron lui préférait les femmes sures d’elles et entreprenantes. Décidément, ils semblaient être deux opposés.
Le repas ne fut guère plus palpitant. Les pères de famille discutaient de leur travail respectif, les mères elles parlaient avec enthousiasme de leurs enfants. L’esprit du jeune Lestrange divaguait. Il repensait à Hannibal, la seule personne qu’il n’ait jamais aimée. Il aurait bien aimé que les mariages arrangés concernent aussi les mariages gays. Hannibal aurait été obligé de l’accepter, et de le supporter toute sa vie. Il aurait été obligé de le pardonner, et de vivre à ses côtés. Au lieu de ça, il allait surement devoir se marier à Penny. Rien qu’en imaginant à quoi pourraient bien ressembler leurs enfants, le Lestrange dû se retenir d’éclater de rire. Des asiatiques aux yeux bleus. C’était plutôt comique d’imaginer un tel mélange d’ethnies. Esquissant un simple sourire, le brun finit par sortir de sa torpeur en entendant la voix de son père « Et si tu faisais visiter à Penny pendant qu’on discute entre adultes, Néron ? » Sursautant légèrement le brun hocha la tête, se levant de table. Esquissant un sourire de politesse à la jeune femme il s’éloigna en sa compagnie sans un mot. Une fois seuls à l’arrière du jardin, le Serdaigle s’empressa de sortir ses cigarettes et d’en allumer une. Il se fichait bien de ce qu’elle pouvait en penser : contrairement à ses parents qui pensaient trouver en Néron le beau-fils idéal, Penny était certainement au courant que celui que l’on voulait la voir épouser était loin d’être le prince charmant. « Désolé de t’imposer ça. C’est pas drôle pour moi non plus. Mais est-ce qu’on a le choix ?... »
Le soleil commençait à se lever sur une journée qui semblait tout aussi normale que les autres. La jeune asiatique s'était endormie non sans mal sur un matelas absolument pas confortable. Sans compter le drap qui ne cessait de lui démanger le cou… Sa chambre était tellement petite qu'un claustrophobe se sentirait presque mal et malgré que la pièce soit entièrement propre et rangée, une odeur de poussière se faisait constamment sentir. Si l'on prenait le temps de regarder l'état de la pièce, on se rendait compte qu'il s'agissait d'une pièce en mauvais état qui avait été rafistolée du mieux possible, cachant les défauts par de la peinture, des meubles ou des tableaux, bien qu'il n'y en avait pas des masses. Le reste de la demeure était dans le même état ; seul l'extérieur la faisait ressembler à une maison ordinaire. La famille Abbot, résidant ici depuis un long moment à présent, avait particulièrement soigné la façade extérieur. Il était très rare que des invités étaient amenés chez eux ; la famille de Sang-pur voulait par-dessus tout que leur image soit la plus soignée possible. Les récentes générations étaient devenues prétentieuses et exigeantes, cherchant à tout prix à se faire une place dans la société.
Ce jour-ci, la jeune Penny fut tirée du lit assez tôt par ses parents, qui la regardaient avec un grand sourire. Ils avaient insisté pour qu'elle porte une robe dont sa mère avait pris soin de laver et repasser la veille, et ils avaient même sacrifié une partie de leur salaire pour lui acheter une paire d'escarpins qui la grandirait de quelques centimètres et la rendrait plus élégantes. La jeune fille s'était habillée comme demandé sans rechigner. Elle ne savait pas ce que manigançaient ses parents, mais elle savait qu'elle le saurait dans pas longtemps, donc elle restait silencieuse et faisait ce qu'on lui demandait de faire. Ce fut le moment où sa mère lui fit porter l'une de ses paires de boucles d'oreilles qui lui étaient si précieuses qu'on voulut bien la renseigner sur la situation. « Ma chérie, nous sommes invités chez la famille Lestrange aujourd'hui. Nous voulons que tu fasses un peu plus connaissance avec leur fils… vous pourriez bien vous entendre. » Sa mère l'embrassa sur le front avant de la laisser seule devant le miroir de la salle de bain. Penny jeta un regard à son reflet et eu soudain une boule dans le ventre.
Le message avait été très clair pour elle : ses parents souhaitaient la marier. Et au vu du prix des escarpins qu'elle portait actuellement, ils en avaient vraiment envie. Elle sentit le poids des responsabilités à nouveau sur ses épaules, comme si l'avenir de sa famille dépendait d'elle. *Bon…* Penny baissa le regard, soupira longuement puis refit face à son reflet dans la glace, cette fois-ci aussi souriant que d'habitude. Elle pris le temps de se maquiller légèrement les yeux et resta un court instant à observer son reflet dans la glace. *Tu peux le faire… non, tu dois le faire !* Elle avait déjà croisé plusieurs fois l'hériter de la famille Lestrange. Il était à Serdaigle, tout comme elle. Mais ils ne s'étaient jamais réellement parlés et Penny ne savait rien de lui. Bien sûr, elle avait entendu beaucoup de choses à leur sujet, mais elle n'était pas du genre à se fier uniquement à ce qu'elle entendait : elle voulait se faire sa propre opinion du jeune homme. Elle était un peu angoissée tout de même ; non pas à cause de l'apparence ou la personnalité du jeune Lestrange, mais parce qu'elle avait peur de ne pas réussir à lui plaire. Mais il était clair que ces fiançailles étaient importantes pour la famille Lestrange. Sinon, pourquoi auraient-ils pris la peine d'accepter une jeune fille venant d'une famille aussi pauvre ? Penny avait donc une chance de réussir ce que ses parents lui avaient demandés de faire.
« Penny ma chérie, tu es prête ? » La jeune fille sortit aussitôt de ses pensées. « Oui, j'arrive ! » Elle s'empressa de les rejoindre dans le salon, où elle eut droit à un regard fière de sa mère. « Tu es magnifique, mon petit cœur. Tout va bien ? » Penny ne pouvait jamais rien cacher à sa mère : elle avait un don pour reconnaître les moments de faiblesse de sa fille. Mais le regard déterminé de son père refréna son envie de se confier à elle. Penny se contenta de hocher la tête en souriant.
Pendant le trajet en voiture, la jeune fille ne put s'empêcher d'essayer d'imaginer le déjeuner qui allait suivre chez la famille Lestrange. Comment allaient-ils être ? Est-ce que tout se passerait bien ? Devait-elle éviter de trop parler ? Qu'est-ce qui pouvait bien plaire à leur fils ? Elle ne fit que se poser des questions dans ce genre. La voiture s'arrêta finalement près de la résidence des Lestrange. Ça n'avait rien à voir avec la leur rien que de l'extérieur. Et quand on leur ouvra la porte pour entrer, Penny regarda autour d'elle avec fascination. La maison semblait tellement plus grande que la sienne ! Elle salua la famille Lestrange de son plus beau sourire. « Bonjour Penny. » La jeune fille croisa son regard et se sentit plus anxieuse encore. « Bonjour, Néron. » Sa famille et elle furent alors conduit jusque dans leur salon, et quel salon ! Elle ne savait pas vraiment où se mettre et ne quittait jamais sa mère de trop près. Les éloges des deux jeunes commencèrent alors, pour leur plus grand plaisir… enfin, façon de parler. Les parents semblaient très enthousiastes à propos de leur enfant, malgré qu'il n'y ait pas grand-chose à dire sur Penny, et elle commençait à trouver ça plutôt ennuyant. « Notre petite Penny est une fille très éduquée, douce et enjouée. Elle a toutes les qualités dont peut faire preuve une excellente jeune mariée et fait la fierté de notre famille. » Penny se mit à sourire discrètement : son père avait bien du mal à faire des éloges à son sujet qui puissent égaler celles du jeune homme. En croisant à nouveau le regard de Néron, elle vit qu'il était tout aussi agacée qu'elle, voir même plus. Bizarrement, elle trouva son expression… un peu mignonne, en fait. Et même plutôt amusante.
Pour le moment, la jeune fille n'avait pas osée parler de son plein grès car elle sentait qu'il valait mieux qu'elle se taise. Mais quand le repas eut lieu, elle eut l'occasion de s'exprimer en étant toujours la plus polie possible, essayant de se faire bien voir auprès de ses parents. Ils avaient l'air plutôt ravis et c'était une bonne chose pour elle. Cependant, elle n'avait pas réussit à nouveau à recroiser le regard de Néron, à son plus grand regret. La jeune fille se serait sentit prête à lui adresser la parole, mais ce n'était visiblement pas le moment pour lui. En tout cas le repas fut délicieux, sans compter qu'elle n'avait pas mangé aussi bien de toute sa vie !
L'occasion qu'attendait Penny pour faire connaissance avec Néron lui fut finalement donné. Le père de ce dernier lui proposait d'emmener la jeune fille visiter la maison. Penny fut toute contente, elle avait tellement envie de voir cette grande et belle maison ! Et elle avait de plus en plus envie de connaître Néron. Il avait l'air si mystérieux ! Et il fallait bien qu'elle apprenne à le connaître un minimum. Après tout, il allait sûrement devenir son mari… et dans tous les cas, Penny était du genre sociable, à toujours vouloir en savoir plus sur les autres. Elle répondit à son sourire et le suivit sans un mot. Derrière son dos, elle se rendit compte à quel point elle était petite par rapport à lui, malgré les beaux escarpins qu'on lui avait offert. Il l'emmenait dans le jardin de la demeure, et Penny était tellement impressionnée qu'elle en oubliait ce pourquoi elle était ici. Mais son excitation retomba quand elle comprit que le jeune homme ne l'avait emmené ici que dans le seul but de se cacher de ses parents pour fumer en paix. Après tout, elle devait s'y attendre : contrairement à elle, il n'avait pas spécialement envie de faire des efforts pour que ce mariage ait lieu. La fumée de la cigarette fit tousser la jeune fille, qui resta tout de même prêt de lui. « Désolé de t’imposer ça. C’est pas drôle pour moi non plus. Mais est-ce qu’on a le choix ?... » Bonne question, effectivement. Est-ce que Penny avait le choix ? Ses parents lui avaient bien fait comprendre à quel point c'était important pour eux. Elle ne voulait pas les décevoir… surtout son père. Et il ne lui pardonnerait sûrement jamais de rater une chance comme celle-ci pour relever leur famille. Donc est-ce qu'elle avait le choix ? Non, sûrement pas. Mais elle ne voulait pas lui donner une mauvaise impression à propos de ce mariage, et sa franchise parla pour elle. « C'est vrai que ce n'est pas amusant. » Elle le regarda dans les yeux en souriant. « Mais je pense que c'est mieux pour nous deux d'accepter ça… » Penny ne connaissait pas exactement les raisons qui poussaient les parents de Néron à accepter ce mariage, mais elle savait qu'elle avait raison. Son sourire resta gravé sur son visage, mais elle avait du mal à soutenir son regard. Elle hésitait à lui demander ces fameuses raisons… Ils ne se connaissaient même pas. Déjà, elle avait peur d'avoir mal parler juste avant ça… comment devait-elle s'adresser à lui ?
« Ton père a l'air de tenir autant à ces fiançailles que le mien. » Dit-elle en riant légèrement. Ce n'était sûrement pas le meilleur sujet de conservation, mais c'était toujours mieux que de lui demander sa couleur préférée ou ses passions. « Je… je ne m'attends pas à ce que tu m'apprécies un jour. Mais en acceptant ces fiançailles, tu n'aurais plus à subir ça à nouveau. Et je ne me mêlerais pas de tes affaires. » Elle lui lançait un regard plein d'espoir, un peu honteuse des propos qu'elle sortait pour le convaincre d'accepter ce mariage. Il avait sûrement compris qu'elle avait besoin de ce mariage, et elle ne se cachait pas de lui montrer : elle préférait être franche avec lui.
Je sais qu’elle a un cœur qui bat et que tout est mort en moi. ✻✻✻ Néron ne semblait pas s'être trompé sur le tempérament de Penny. En l'entendant toussoter à cause de la cigarette, le brun s'éloigna quelque peu de la jeune femme sans pour autant se faire distant. Il ne voulait pas spécialement l’incommoder. Ses parents étaient tout à fait au courant de son addiction à la cigarette. Ceux de Penny par contre... Il valait mieux qu'ils l'ignorent. « Ton père a l'air de tenir autant à ces fiançailles que le mien. » Souriant faiblement, le Lestrange se contenta de hocher la tête à cette remarque. Oh que oui, ils y tenaient. Néron ne savait pas avec certitude pourquoi ses parents souhaitaient le voir épouser une jeune femme issue d'une famille de seconde zone. Selon lui, et il était quasiment certain d'avoir raison, c'était pour éviter une consanguinité encore plus forte. Sa sœur aussi après tout avait été fiancée à un étranger. Un mariage qui pourtant n'avait jamais eu lieu et qui n'auras jamais lieu. Et pour cause, Fabio Vincentelli était mort et enterré. Néron avait aidé Eileen a cacher le corps... un secret plutôt pesant. Fabio ne reviendrait pas.
Les parents du jeune homme étaient cousins. Ses grands parents également. Les Lestrange étant liés à toutes les autres familles de sang-pur du pays, il valait mieux choisir des cousins très éloignés ou même des familles étrangères... Penny à vrai dire avait ces deux critères. Une mère asiatique, et un lien familial très éloigné avec lui. Tous plus ou moins cousins, les sorciers de sang-pur du royaume-uni commençaient à se faire rare. Et pour entretenir la pureté il faut parfois savoir faire des sacrifices. Notamment fiancer le seul héritier mâle d'une grande famille telle que celle des Lestrange à une sorcière venant d'un milieu plus modeste. Tout le monde était gagnant dans ce mariage : les Abbot pourraient regagner en notoriété, les Lestrange pourraient commencer à laver leur sang souillé par des générations de consanguinité. « Effectivement, il a l'air d'y tenir. »
Décevoir son père était hors de question. Ces fiançailles bien qu’incommodantes pourraient lui permettre d'être tranquille. Peut être moins surveillé par sa famille... Néron s'attendait tout de même à ce que ses parents lui choisissent une jeune femme venant d'une famille bien plus prestigieuse. S'ils ne voulaient pas être moqués par les autres familles de sang pur, Penny devrait apprendre à se comporter comme une Lestrange. Elle devrait s'endurcir, apprendre à être crainte et respectée. En la voyant, on pensait tout de suite à une jeune femme très douce, ce qui ne collait pas forcément à l'image véhiculée par la famille du jeune homme. Elle devrait faire un effort sur son apparence physique. Bien qu'elle soit objectivement belle, la petite brune était bien trop discrète. Bijoux hors de prix, tenues raffinées... Il fallait que la future madame Lestrange soit à l'image de son mari : il faut qu'on la remarque. Investir dans un sac à main en peau de dragon allait être inévitable, Néron savait déjà qu'afin de ne pas être moqué, il devrait déjà commencer à entretenir sa future femme.
Observant la jeune femme de son regard azur quelques instants, le joueur de Quidditch reporta son attention sur son visage en l'entendant prendre la parole « Je… je ne m'attends pas à ce que tu m'apprécies un jour. Mais en acceptant ces fiançailles, tu n'aurais plus à subir ça à nouveau. Et je ne me mêlerais pas de tes affaires. » Néron appréciait l'honnêteté et la franchise de la jeune femme. Penny n'était pas dupe. Et c'était un trait de caractère que le brun savait apprécier. Cependant, la notion de famille et d'unité était très importante à ses yeux. Surtout dans un clan comme celui des Lestrange, un clan déchiré par les querelles. En tant qu'unique héritier de cette vieille lignée Néron avait une pression supplémentaire : il devait à tout prix fournir au moins un héritier mâle à la famille Lestrange, pour que le patronyme puisse perdurer. Il devrait aussi protéger Penny des autres, jusqu'à ce qu'elle soit assez forte pour leur tenir tête. Notamment face à sa tante Bellatrix... « La famille c'est important pour moi. Si tu deviens ma femme, je te promet que je ne te laisserais pas tomber. Il faut rester soudés, dans une famille comme la mienne. » La jeune asiatique était sans doute bien loin d'imaginer jusqu'où pouvait aller une dispute lors du repas de Noël dans la famille Lestrange. Bien plus que des insultes, il était déjà arrivé qu'un duel à la baguette survienne entre l'entrée et le plat.
« Il va falloir t'adapter. J'ai une famille de dingues. » Jetant sa cigarette désormais terminée dans le cendrier, le Serdaigle entreprit de retourner dans la demeure et d'effectivement faire visiter à Penny comme son père li avait suggéré. Commençant par la cuisine, le jeune homme tenta de détailler au maximum, pour meubler la conversation. Parlant du service à thé datant du dix huitième siècle, des couverts en argent et autres assiettes en porcelaine. Sans oublier les verre en cristal. Ce fut ensuite au tour du salon, où il présenta à la jeune femme le contenu étrange des vitrines. Vieux artéfact remplis de magie noire... Dans la bibliothèque attenante de nombreux grimoires à l'aspect ancien contenaient des sortilèges si sombres qu'ils dépassaient l'entendement pour les non initiés. Un exemplaire de l'arbre généalogique de sa famille était également présent, encadré fièrement au centre de la pièce. Le nom de Abbot y apparaissait bien entendu. Néanmoins, ce mariage entre Lestrange et Abbot remontait au début du siècle dernier... « Je pense que dans ta famille, la magie noire ne fait pas partie de l'éducation d'un enfant. Ici, c'est obligatoire. Mon père m'as enseigné et j'enseignerais aussi à nos enfants. L'étude de la généalogie et l'importance liée à la conservation de la pureté du sang, c'est très important aussi. Je connait le nom de tous mes ancêtres. Et c'est important, pour se rendre compte de la grandeur d'une famille. »
Esquissant un pâle sourire, le jeune homme entreprit de monter à l'étage. Le reste des pièces de la maison n'était pas forcément très intéressant. Le salon de thé n'avait à ses yeux rien d’exceptionnel. Les chambres relevaient de l'ordre du privé et il était tout à fait hors de question qu'ils entrent dans le bureau de son père sans y avoir été invités. Montant donc un étage supplémentaire, le jeune homme ouvrit la porte à Penny afin qu'elle puisse entrer dans sa chambre. Mais là... « VERMINE ! DEGAGES D'ICI LIZZIE ! » Le pauvre elfe de maison terrorise s'empressa de disparaître du champ de vision du fils Lestrange, qui ne manqua pas de lui envoyer un coup de pied au passage. Cruel ? Peut être que ça l'était, aux yeux innocents de Penny. Mais pour lui c’était normal. L'elfe n'avait rien à faire ici sans sa permission. Et depuis qu'il était enfant, Néron avait pris l'habitude de martyriser cette pauvre créature. Fermant la porte derrière eux, il s’installa sur son lit, regardant la jeune femme en esquissant un sourire poli. « La maison te plaît ? »
La conversation semblait s'être bien commencée, du moins pour le moment pour le moment. Les deux jeunes semblaient d'accord sur le fait que ces fiançailles leur seraient bénéfiques à eux deux. Et comme elle l'avait imaginé, les parents de Néron prenaient très à cœur leur futur mariage, quelle qu'en soit la raison. Penny n'avait pas besoin d'en savoir trop et elle savait restait à sa place. « La famille c'est important pour moi. Si tu deviens ma femme, je te promet que je ne te laisserais pas tomber. Il faut rester soudés, dans une famille comme la mienne. » Ces quelques paroles avaient rassurée la jeune fille d'une certaine façon. Elle trouvait Néron à la fois tellement distant mais tellement prévenant… et amical, peut-être ? Elle n'arrivait pas à se faire une idée exacte de sa personnalité. Il ne ressemblait pas à ce qu'elle avait pu entendre sur lui. Les gens avaient vraiment tendance à ne juger que sur les apparences, chose qui ne plaît guère à la jeune fille. Celle-ci voyait déjà en Néron une figure protectrice. Le fait qu'il parle d'elle comme si elle était sa femme lui faisait comprendre que c'était une chose qu'il envisageait. Il y avait donc de grandes chances que ce mariage ait réellement lieu. Penny serait-elle à la hauteur ?
Elle se surprit à s'imaginer à ses côtés, portant le nom Lestrange. Quelle image plutôt comique en y réfléchissant ! Une si petite chose bridée à côté de Néron. Sans compter qu'elle devrait porter l'un des héritiers de cette famille si connue. C'était comme devenir une princesse du jour au lendemain… mais elle ne savait pas vraiment à quelle vie s'attendre, à vrai dire. Elle ne connaissait pas vraiment le quotidien d'une famille aussi aisée que la leur pour commencer, sans compter tout ce qui était dit sur cette famille. Penny voulait découvrir par elle-même la vie que vivait cette famille et même si c'était un peu effrayant, elle se sentait prête à porter ce nom. Encore une fois, de multiples questions surgirent dans sa tête. Verrait-elle souvent ses parents après son mariage ? Serait-elle appréciée par cette famille ? Et qu'en serait-il de sa relation avec Néron ? Sa personnalité était si distante de celle de la jeune asiatique. Allait-elle être influencée par leur façon de vivre ? Elle sentait que cette famille était vraiment spéciale, et Néron ne fit que confirmer ses pensées. « Il va falloir t'adapter. J'ai une famille de dingues. » Penny sourit, amusée. « Vraiment ? Je ferais en sorte de ne pas vous décevoir. » Mais elle sentait au fond d'elle-même que ce qu'il disait était loin d'être amusant et que ce ne serait pas une partie de plaisir d'être à la hauteur. Avant de suivre Néron à l'intérieur de la maison, Penny jeta un dernier coup d'œil à la façade de la maison, tellement différente de la sienne. *Il va falloir que je m'adapte ? Donc, c'est qu'il m'accepte… ?* Elle pensa à ses parents et ne put que se réjouir de ce qu'elle pensait avoir compris. La jeune fille savait très bien que ce qui l'attendait si elle se mariait serait difficile à surmonter, mais maintenant elle était plus déterminée que jamais à prendre les responsabilités de sa famille.
Néron l'emmena dans la cuisine de la demeure. Penny gobait tout ce qu'il lui disait, totalement émerveillée par toute la vaisselle présente dans cette pièce. Elle n'osait même pas prendre la moindre fourchette en main tellement la vaisselle avait l'air précieuse ! Elle faisait des yeux ronds dignes d'une fille qui n'a jamais connu la richesse, s'émerveillant au moindre petit truc. Son sourire ne pouvait pas être aussi joyeux qu'actuellement. Elle revoyait le tout petit coin cuisine de chez elle, qui n'avait même pas le droit à sa propre pièce, agencé dans le salon. Celui des Lestrange devait bien faire le double au moins du sien… elle avait déjà eu l'occasion de voir leur salon en rentrant tout à l'heure, mais cette fois-ci Néron prit le temps de lui montrer les artefacts que possédait la famille, proprement posés dans une vitrine. Penny ne comprenait pas vraiment ce qu'ils représentaient ; il faut avouer qu'elle n'a pas tant de culture que ça, n'ayant pas les moyens de s'acheter des livres d'histoire et de magie. Mais elle sentait que ces artefacts étaient remplis de tout sauf de magie blanche, et la jeune asiatique se sentit légèrement mal à l'aise en les regardant. Heureusement, Néron l'emmena vite ailleurs, mais la bibliothèque l'a mettait tout autant dans le même état. Elle se risqua à lire certains titres de livres, mais un frisson la traversa entièrement et elle préféra rejoindre Néron au centre de la pièce, où se trouvait également un énorme livre. Penny comprit en lisant le titre qu'il s'agissait de l'arbre généalogique de la famille Lestrange. Bientôt, son prénom y figurerait sûrement…
En quelques pièces à peine, Penny se rendait compte à quel point la vie ici était différente. L'agencement des pièces, la valeur des meubles, tout était totalement opposé à la famille Abbot. La curiosité, ou peut-être l'excitation, faisait que Penny avait envie de connaître cette vie-là. Bien qu'elle n'oserait sûrement jamais aller dans la bibliothèque toute seule au début. « Je pense que dans ta famille, la magie noire ne fait pas partie de l'éducation d'un enfant. Ici, c'est obligatoire. Mon père m'as enseigné et j'enseignerais aussi à nos enfants. » Penny l'écouta avec attention, bien qu'elle ne savait pas comment réagir… plusieurs mots dans son discours l'avaient interpellées et elle n'avait pas assez de temps pour les digérer tellement ils s'enchaînaient rapidement. La magie noire… la jeune asiatique ne s'y était jamais intéressée non plus. Elle aimait beaucoup la magie ceci dit, les cours de pratique de la magie étaient d'ailleurs les seuls auxquels elle excellait réellement. Pour elle, la magie noire était une magie défendue, dans son esprit. À vrai dire, tout ceci est dû à l'influence des professeurs et autres personnels importants. Elle-même n'avait pas d'opinion à son propos ; après tout, elle n'avait jamais étudié ni pratiqué cette magie, donc elle ne pouvait donner aucun avis. Et si elle devenait membre de la famille Lestrange… elle devrait sûrement s'y intéresser un peu plus. Ça avait beau l'effrayer, elle était curieuse… curieuse de posséder plus de savoir sur la question. Mais ce qui la fit frissonner, ce fut également de penser aux enfants qu'ils auraient. Elle n'avait pas vraiment envie d'y penser pour le moment… « L'étude de la généalogie et l'importance liée à la conservation de la pureté du sang, c'est très important aussi. Je connait le nom de tous mes ancêtres. Et c'est important, pour se rendre compte de la grandeur d'une famille. » Penny hocha la tête. « La famille Lestrange est une famille vraiment imposante. J'ai du mal à imaginer que je pourrais en faire partie. » Néron lui sourit et elle lui rendit son sourire. Quand ils quittèrent la bibliothèque, elle ne put s'empêcher de se sentir rassurée. Curieuse ou non, elle se sentait quand même très mal à l'aise en présence de magie noire.
Leur « excursion » continua. Penny suivait Néron de très près et se mit à monter des escaliers après lui. Des escaliers ! Elle n'en avait même pas chez elle. Et ici, il n'y en avait pas qu'un peu. Le premier étage fut ignoré par le jeune homme, sûrement parce qu'il n'y avait rien d'intéressant à lui montrer. Un étage de plus encore ! Ça allait vraiment lui changer. Le seul endroit qu'elle fréquentait souvent possédant beaucoup d'escaliers, c'était Poudlard.
Néron s'arrêta alors devant une porte au second étage et la lui ouvrit. La jeune fille aperçut de loin ce qui devait être une chambre -énorme, au passage- mais elle eût à peine le temps de rentrer que Néron se mit à hurler contre un elfe de maison. Penny avait sursauté, ne s'attendant vraiment pas à ce qu'il hausse la voix aussi fort tout d'un coup. Elle eût à peine le temps de comprendre ce qui venait de se passer que Néron refermait déjà la porte derrière lui, non sans donner un coup de pied à l'elfe qui était partie en courant. Penny ne releva pas l'action mais elle se sentie mal pour cet elfe, bien qu'elle pouvait comprendre que c'était gênant qu'une personne entre dans sa chambre sans son autorisation. Elle aurait sûrement crié elle aussi, mais de là à donner un coup de pieds à l'elfe… ce n'était pas son genre. Se remettant à peine de ses émotions, Néron lui demanda si la maison lui plaisait. Penny esquissa un énorme sourire, restant debout devant lui de peur d'être impolie en s'asseyant quelque part. Et commença alors un vrai monologue passionné… « Cette maison est magnifique ! Et immense ! Je n'en avais jamais visité d'aussi grandes ! J'ai particulièrement aimé la cuisine. La vaisselle était tellement belle ! » Elle avait dit tout ça avec un immense sourire, repensant à tout ce qu'elle venait de voir et se sentant rempli d'admiration envers cet endroit. « Cette chambre est immense ! Et ce matelas a l'air tellement moelleux ! » Ça lui fit repenser à sa nuit un peu courte, d'ailleurs.
Elle n'arrêtait pas de s'émerveiller sur les choses qu'elle venait de voir, ce qui devait bien amuser son interlocuteur. Elle s'arrêta finalement de parler, tenant ses mains devant elle puis s'inclinant légèrement avant de se remettre droite devant lui, geste qui lui avait été enseignée par sa mère. « Merci de m'avoir fait visité, Néron. » Elle prit cette fois-ci le temps de regarder ce qu'il y avait autour d'elle dans la chambre. Elle ne s'était encore jamais retrouvé dans la chambre d'un garçon, et elle pensait que les chambres aussi grandes ne pouvaient se voir que dans les films. « Je me demande de quoi parlent nos parents en ce moment… il ne faudrait peut-être pas trop tarder à redescendre, non ? » En fait, elle disait surtout ça parce qu'elle ne savait pas vraiment quoi dire d'autre, ici, toute seule avec lui. « En tout cas, je te remercie… de bien vouloir accepter ces fiançailles… c'est… important pour moi. Enfin, je ne t'apprends rien je pense. » Elle termina son discours sur un petit sourire amusé, tentant de détendre l'atmosphère qu'elle trouvait un peu pesante. Des centaines de questions lui brûlaient les lèvres : quel genre de personne est Néron ? Elle aimerait en savoir plus sur lui. Mais elle lui laissera le loisir de lui en apprendre plus sur lui-même quand il en aura décidé ainsi.
Je sais qu’elle a un cœur qui bat et que tout est mort en moi. ✻✻✻ Accepter Penny ? Après tout, ce n'est pas comme si ses parents lui laisaient le choix. Sans compter les rumeurs courant à son sujet dans le cercle mondain, Néron devait déjà s'estimer heureux qu'une famille de sang pur bien que ce soit une famille de roturiers, veuillent bien vendre leur fille aux Lestrange. Vendre, c'était tout à fait ça. Vendue à la pureté du sang, vendue pour avoir un nom prestigieux, vendue pour s'élever socialement. Avec la fortune dont il hériterait, Penny ne manquerait jamais de rien. Les coffres de la famille Lestrange étaient particulièrement bien remplis et disposaient du système de sécurité le plus poussé, allant même jusqu'à avoir un dragon devant leur coffre en plus d'autres sortilèges capables de littéralement engloutir dans leur or un voleur trop gourmand.
A la réflexion de la jeune femme sur la demeure et sur son matelas lui semblant si moelleux, le Lestrange ne put s'empêcher d'esquisser un sourire amusé. La situation était plutôt coquasse, si Penny lui avait un peu plus plu physiquement, il l'aurait très certainement tout de suite invitée à le rejoindre dans son lit. Néanmoins il n'était pas certain que la jeune femme soit prête à coucher avec lui. Il faudrait bien qu'elle y passe un jour ou l'autre, tôt ou tard. Néron n'était pas certain qu'elle resterait vierge jusqu'à leur mariage, sans doute à cause de ses envies à lui. Penny semblait si timide qu'il avait du mal à l'imaginer être déjà déflorée et dévergondée. Passant une main dans ses longs cheveux noirs, il secoua la tête quand elle lui demanda s'ils devaient redescendre. Non, son père lui ferait sans doute savoir en lui envoyant leur elfe de maison pour prévenir qu'ils étaient attendus au salon. Les Lestrange et les Abbot avaient sans doute une conversation d'adultes. Le Serdaigle détestait ce terme, conversation d'adultes... Comme s'il n'était pas assez grand pour comprendre les choses. Ses parents devaient sans doute faire leur possible pour garder un sourire hypocrite, pour avoir l'air d'être faussement ravi d'unir leur fils à Penny. Abbot, le nom et le sang était pur. Mais comparé aux Lestrange ?... Ils n'étaient rien. Il se demandait d'ailleurs comment leurs parents avaient bien pu s'entendre sur d'hypothétiques fiançailles entre leurs enfants. Le brun imaginait très mal son père être ami avec celui de Penny. Ultra conservateurs, la famille Lestrange n'utilisait aucun appareil moldu, à l'exception de la radio magique présente depuis peu et d'un tourne disque ensorcelé pour fonctionner sans électricité. Les Abbot étaient visiblement venus à l'aide d'une voiture. Si Néron en avait déjà vu dans le village moldu en contrebas de la colline sur laquelle le Manoir famillial demeurait, il trouvait ces engins plus qu'étranges et n'avait pas confiance en une telle machine. Pourquoi ne pas transplaner, user de la poudre de cheminette ou même à la limite venir en balai ? Si Penny devenait son épouse, elle devrait sans doute changer sa mentalité et accepter de vivre aux côtés d'un homme assez conservateur sur certains points. La pureté du sang était certes la chose la plus importante pour lui. Mais vivre plus ou moins comme les moldus lui était inconcevable. Jamais il ne pourrait se résoudre à monter dans une voiture, ou dans un avion, ou à utiliser l'électricité. Ces choses là avaient l'air bien plus dangereuses que la magie noire à ses yeux.
L'asiatique lui confia que le mariage était important pour elle, mais également pour ses parents. Néron approuva. C'était une chose importante pour sa famille également. Décidant de se confier à la jeune femme, il la détailla un instant « Chez les Lestrange, la consanguinité est très présente, bien plus que dans d'autres familles de sang-pur. Il y a des rumeurs aussi sur ma personne. Certains pensent que je suis gay, à cause de ma dégaine. Il y a aussi mon mauvais caractère qui y joue. A Poudlard tout le monde sait que je pète facilement un plomb quand on m'énerve un peu trop, et que je suis capable d'envoyer un mec deux fois plus balèze que moi à l'infirmerie. Tout ça, ça rassure pas les parents. Je pense pas que les tiens soient vraiment au courant de tout ça... Sinon ils auraient sans doute jamais accepté. On vous voit jamais dans les réunions mondaines, parce que vous êtes pauvres. Parce que vous êtes des sorciers de sang pur certes, mais de seconde zone. » Ses mots pouvaient sembler dur, méprisants. Pourtant c'était bel et bien la vérité, Néron savait tout au fond de lui qu'il avait raison. Que ses parents n'avaient choisit Penny que parce qu'elle et sa famille étaient peut être moins au courant des ragots, ou tout simplement très avides de redorer leur nom. « Vous n'avez pas l'air d'être une famille très conservatrice, loin de là. Nous, on a pas de voiture. On a pas l'électricité. On ne sait pas se servir de la poste moldue. On se tiens aussi loin que possible des moldus et de leur monde, parce qu'ils sont inférieurs et inutiles. La seule chose que j'apprécie chez eux, c'est l'art, la musique et ce genre de choses.» Ces propos on ne peut plus racistes venaient de son éducation. Si à son arrivée à Poudlard son esprit s'était quelque peu ouvert, Néron n'en demeurait pas moins assez sectaire.
Penny devrait vraiment faire des efforts pour être digne de porter son nom, lorsqu'ils seraient tous les deux en âge de se marier, de s'unir pour le meilleur et surtout pour le pire. Il faudra qu'elle survive chez les Lestrange, qu'elle s'endurcisse pour ne pas se faire dévorer par le reste de sa famille. Préférant passer un sujet moins délicat, il entreprit une toute autre conversation : « Il va falloir l’annoncer à Poudlard, si nos parents officialisent. Je te demande pas de jouer au petit couple modèle avec moi. Il faudra juste qu'on se montre ensemble, et que tu fasse... Certains efforts. T'as l'air vraiment très différente des autres filles de sang-pur. T'as l'air plus gentille, plus douce... Une fille comme Nika Black te boufferait en deux secondes et tu chialerais pendant deux semaines à cause de l'humiliation. » Se redressant légèrement en ajustant les coussins dans son dos, le brun marqua une pause, cherchant quelque chose de sympathique à dire pour changer. Il n'avait pas été très tendre avec la jeune femme depuis leur arrivée dans la chambre. « Je vais te protéger. Mais il va falloir apprendre à voler de tes propres ailes ensuite, dans ce monde qu'est le mien et celui des autres grandes familles. »