Lysander & Alienor Հ silent tears full of pride.

Le bal de la Saint Valentin avait entrainé une multitude de changements dans la vie de la jeune Alienor. L’héritière déchue de la famille Avery avait été plongée dans les tourments de la vie sans qu’elle ne comprenne et surtout sans qu’elle ne sache réellement comment réagir. Son oncle, récemment promu à un poste de professeur au sein de l’établissement scolaire, lui avait proposé d’emménager chez lui. Si la fragile blonde avait émit le souhait d’aller dans sa demeure durant les vacances, pour une durée plus ou moins longue, elle n’était pas certaine d’être prête à vivre pour de bon là-bas et surtout apte à affronter ses parents pour annoncer une telle nouvelle. Ses parents n’avaient pas d’amour pour elle, certes, mais son père était loin de souhaiter laisser s’échapper sa poupée de chiffon. Poupée malléable qu’il modelait à sa guise pour mieux la détruire et l’élimer par la suite.

Lasse de tout ce tumulte dans sa tête, elle ne pouvait en parler à personne. Personne ne pouvait comprendre ce qu’elle ressentait et, de toute façon, personne n’avait envie de l’écouter. Pour la moitié de ses congénères, elle n’était qu’une traitre à son sang qui faisait honte à leur élite, tandis que pour l’autre moitié, elle était une Avery et son nom de famille enterrait sa réputation. Personne ne lui parlait. Personne ne faisait attention à elle. Dans le meilleur des cas, elle recevait une insulte ou un sortilège mais c’était le seul peu d’intérêt qu’elle soulevait. Toutefois, la poufsouffle ne s’en plaignait pas. De nature solitaire depuis sa plus tendre enfance, elle avait su s’habituer au fait de toujours être seule et rejetée. Si bien que, à présent, lorsqu’on s’attardait sur elle, elle ne savait pas comment réagir. Prise de panique et d’incertitudes, elle avait besoin de son verre de whisky bon marché pour provoquer la disjonction émotionnelle qui lui faisait tout oublier. La cloche sonna la fin du cours. Encore une fois, elle n’avait rien écouté et elle aurait encore une note médiocre au prochain devoir. Assise au fond de la classe, elle rangea ses affaires en toute hâte pour quitter son pupitre et trouver un endroit où elle pourrait être tranquille et attendre que l’heure du dîner arrive. En ce temps hivernal, peu d’élèves s’aventuraient dans les extérieurs de Poudlard ce qui en avaient fait les lieux préférés de la septième année. Assise sous cet arbre ou abrité dans un alcôve de la cour pavée, elle se laissait allé à rêver à l’après juin, lorsqu’enfin elle aurait terminé ses études et qu’elle serait libérée de ce monde. Plus ses réflexions se propageaient dans son esprit, moins elle était sûre de vouloir restée dans le monde magique par la suite. Le monde moldu avait quelque chose d’attrayant et de merveilleux car, là-bas, personne ne la connaissait et elle aurait alors, peut-être, une chance de reconstruire sa vie et de se reconstruire elle-même loin de tous les fléaux qui la détruisent à petit feu depuis sa venue au monde.

Une fois dehors, comme une mécanique incontrôlable du corps, la jeune femme mis une cigarette à son bec et l’alluma d’un coup de baguette magique. Tendre habitude qui donne un peu de réconfort quand tout fou le camp. La soirée de la Saint Valentin avait scellé le basculement de l’innocente élève. Celle qui n’avait jamais embrassé personne avait offert son corps dans un placard à balai en raison d’un trop plein d’alcool et de la disjonction émotionnelle la plus forte qui lui ait sûrement été donné de vivre. Ce souvenir hantait ses nuits et ses jours et l’avait un peu plus plongé dans ses vices et ses excès les plus noirs. Elle ne souhaitait pas revoir le serveur qui avait fait d’elle une femme. Elle se sentait impure, dégoutante et avait peine à se regarder dans le miroir. Encore une fois, ce n’était que des raisons de plus pour croire en la théorie avancée par ses parents selon laquelle elle n’était que déception et misère qui s’abattait sur leur belle et honorable lignée. Cherchant un endroit tranquille où elle pourrait sortir sa petite flasque, elle aperçu au loin un autre élève dans la solitude et le froid. Elle reconnu le visage de Lysander. Ce gryffondor avait, en quelque sorte, été son rayon de soleil au bal de la Saint Valentin. Périmètre de sécurité respecté et quelques mots échangés, il restait, néanmoins, sa meilleure rencontre et le meilleur souvenir de ce terrible soir. Un instant de doute. Que devait-elle faire ? Elle n’était pas du genre à s’imposer ou même à aller vers les autres mais quelque chose dans le lion attirait la poufsouffle. S’avançant doucement de quelques pas, elle resta à quelques mètres de lui. Il était toujours préférable de garder une certaine distance pour éviter un sort ou pour détaler comme un lapin durant la période de la chasse. « As-tu compris pourquoi il était mal vu d’être vu en ma compagnie ? » Alienor faisait directement référence à la brève conversation qu’elle avait eu avec le jeune homme durant le bal avant que la cavalière de celui-ci n’arrive et ne les interrompe. Elle n’était pas la crème de Poudlard et le savait. Elle n’attirait que des problèmes, de la déception, de la haine et du dégoût pour ne faire qu’une courte liste. Elle ne savait rien du jeune homme mais, dans son esprit, il était certain que ce dernier avait un meilleur pédigrée que le sien.

Tirant une dernière fois que sa cigarette, elle laissa tombée celle-ci sur le sol avant de l’écraser du bout de son pied dans un geste lent et las. Passant une main dans ses cheveux courts, elle posa son regard d’un bleu océan sur l’élève. Quelque chose d’inexpliqué lui donnait envie de lui parler. C’était très étrange parce qu’elle n’avait jamais eu cette envie jusqu’auparavant mais une petite voix dans sa tête lui disait qu’ils avaient de nombreuses choses en commun. Peut-être était-ce simplement parce qu’il avait l’air aussi solitaire qu’elle. C’était probablement cela. Ca ne pouvait être que ça puisque, ratée comme elle l’était, Alienor Avery n’avait certainement pas des dons de voyance ou un sixième sens. Affichant un léger sourire crispé sur son visage, elle ne voulait pas s’imposer. « Je vais te laisser. Tu as juste le même endroit de prédilection que moi pour te retrouver seul. » Posant une dernière fois ses yeux sur le visage bourru de son interlocuteur, elle attendait que la sentence tombe. Si jamais il lui demandait de partir, elle le ferait sans opposer d’objection et plus jamais il n’entendrait parler d’elle et de son infamie. Mettant ses mains dans les poches de sa cape d’hiver, elle gardait ses doigts crispés sur sa flasque d’alcool sentant que dans très peu de temps, elle aurait besoin d’un remontant.