La nuit viens de tomber, enveloppant Poudlard de son voile noir parsemé d’étoiles. Accoudé au rebord de la fenêtre de son dortoir, Néron observe les astres. Les étoiles brillent si fort, alors qu’elles sont si loin. Certaines d’entre elles sont même déjà mortes, cependant, leur lumière si lointaine parvient encore jusqu’à la terre. Elles sont à des années-lumière. Pourtant, on pourrait croire qu’en tendant un peu le bras, il serait possible d’en attraper une poignée. Si les Serdaigle sont connus pour être des intellectuels assoiffés de connaissance, ça ne les empêche pas de rêver de temps à autre. De se perdre dans leurs propres pensés, tout comme lui à cet instant. Ce n’est que la voix éraillée d’adolescent de l’un de ses camarades qui ramena Néron à la réalité. «
T’as besoin de la salle de bain ou pas ? » Sursautant légèrement et faisant volte-face subitement, dévisageant l’autre il haussa les épaules pour signifier qu’il s’en fichait bien. Il irait prendre une douche plus tard. Pour l’instant, il devait descendre ouvrir une lettre reçue plus tôt dans la matinée.
Descendant les escaliers jusqu’à la salle commune quatre à quatre il adressa un regard désolé à Bluenn étudiant au coin du feu. Depuis le baiser qu’ils avaient échangé en haut de la tour d’astronomie, le bleu et bronze était un peu perdu et ne savait plus très bien s’ils étaient simplement amis… Ou bien un peu plus. Une née moldue… A croire qu’il le faisait exprès. Après avoir aimé un homme ayant le double de son âge, il risquait encore une fois de se mettre dans une situation délicate s’il venait à fréquenter Carter de manière plus intime. Cet homme d’ailleurs, c’est de lui que venait cette lettre. Marlowe et lui s’étaient séparés peu de temps avant la rentrée scolaire. A cause de vilains mensonges du Lestrange, la séparation avait été plutôt difficile, violente. Ou avait-il la tête ce jour-là ? Au fond d’un verre de Whisky. Tout comme avec Bluenn. Il avait affirmé être âgé de dix-neuf ans, alors qu’il n’en avait en réalité que quinze. Drôle de situation, un adolescent de quinze ans et un homme de trente-deux ans. L’écart était considérable, et la relation interdite. Pourtant durant tout l’été, il s’était épris de lui. Il était devenu accro, alors qu’il s’était juré de ne jamais réellement tomber amoureux de quelqu’un, pour ne pas souffrir. Marlowe MacNair avait eu raison de lui, et de son bon sens.
Néron désireux de se repentir avait envoyé un hibou pour s’excuser, et demander si une entrevue était possible. Pour que tous les deux puissent mettre les choses au clair, pour que le Serdaigle soit fixé une bonne fois pour toutes. On ne se débarrasse pas aussi facilement d’un Lestrange ! Il essayerait, jusqu’au bout de convaincre Marlowe de le reprendre. Quitte à devoir se mettre à genoux. Il se dégoutait lui-même d’être si faible et prêt à tout même à renoncer à sa fierté pour un homme. Le brun n’avait pas voulu ouvrir la lettre, préférant la garder pour le soir. Pour la lire à l’abri des regards indiscrets. Il ne pouvait décemment pas prendre le risque de mettre quelqu’un au courant. Personne ne devait jamais savoir, les répercutions seraient terrible, autant pour les Lestrange que pour les MacNair. Deux familles de sang-pur bafouées en une pierre deux coups.
Ses pas le menèrent à la cour pavée. Un endroit habituellement désert à une heure si avancée. Il aimait le calme régnant dans le château la nuit. Poudlard le jour et Poudlard la nuit étaient deux mondes radicalement différents. S’installant sur un banc pour allumer une cigarette il fixa longuement l’enveloppe, sans oser l’ouvrir. Des bruits de pas lui firent lever la tête. A quelques mètres de lui se tenait une jeune femme qu’il avait déjà croisée par le passé. Il ignorait son nom, mais la reconnaissait. Une asiatique chez les jaunes et noirs, sans doute un peu plus âgée que lui. Il l’avait défendue un jour, pour se défouler sur quelque chose, sur ses agresseurs. Le brun lui adressa un faible sourire, avant de précipitamment ranger cette lettre si dangereuse dans la poche de sa veste en cuir. «
Salut. Tu viens promener aussi ? » La question était tout à fait rhétorique. Bien entendu, elle n'était pas venue ici pour jouer aux échecs sorcier avec lui. C'était un moyen comme un autre d'engager la conversation, pour se vider la tête. Pour penser enfin à autre chose qu'à cette foutue lettre reçue ce matin.
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