ON S'AIMERA TOUJOURS, ON S'AIMERA SI FORT, ET PUIS, DOUCEMENT, SANS LE VOULOIR, ON PASSE DU CŒUR A LA MÉMOIRE.
Minuit...l'heure du crime... tout le monde dort profondément. Plongé dans les ténèbres de l'école, aucun bruit ne se fait entendre. Dehors, la pluie tombe incessante dans une mélancolie apaisante... les gouttes d'eau viennent se fracasser sur les vitres des dortoirs, coulant le long des gouttières et écrivant une symphonie sur les tuiles du toit. Il était agréable de constater que cet environnement habituellement étrange et animé, devenait subitement apaisant et serein la nuit. Allongée sur le dos sur ton lit, réveillée, tu observe la pluie battante créer des ondulations sur la fenêtre vitrée. Tu est calme. Tu n'as pas peur de l'obscurité tant qu'il y a de la lumière. Tu as allumé ta petite lampe de chevet qui éclaire faiblement la pièce, mais cela te suffit. T'as pas toujours eu peur du noir non, d'ailleurs tu n'as pas peur du noir. C'est la solitude qui te terrifie. Autrefois tu ne dormais jamais seule, y'avait toujours Magnus allongé à tes côtés, sa présence aujourd'hui a fait place à son fantôme. Sans lui tout paraît vide, terne, silencieux.
Tu inspire profondément avant d'expirer doucement. Fermant les yeux, tu tente de trouver le sommeil, en vain. Tu as du mal à t'endormir ces derniers temps. Cauchemars, angoisses, crises de panique, terreur nocturnes... Tu les enchaîne ces temps-ci. Tu ne sais pas pourquoi. Laissant échapper un soupir las, retournée et recroquevillée sur toi-même, tu essaye de penser à autre chose. Tu te sens cruellement seule dans cette chambre, encore plus que d'ordinaire. Pas de joie, ni de vie. Que des remords, des regrets, de la tristesse et de la colère. Cela fait déjà plusieurs mois que t'as quitté Ste Mangouste et pourtant tu as toujours cette angoisse qui te tiraille les entrailles. Celle d'y retourner. Celle qu'on te laisse moisir là-bas. C'est pour ton bien qu'on t'avais dis, il fallait purger tes démons, t'empêcher de te blesser toi ou ton entourage. Quel doux paradoxe, ton plus grand démon il dort à quelques mètres de toi, là dans le dortoir d'en face. Ta douce sœur cadette. Aussi douce qu'une plante carnivore, qui attire et dévore. C'est elle qui t'a fait replonger. Ces temps-ci, rien ne tourne bien rond dans ton esprit. Quelques fois, tu as des moments de lucidité, t'apercevant fâcheusement que tu ne te souviens de presque rien de ta journée. Seulement quelques bribes de souvenirs, des flashs. Comme si tu avais été dans un état second. Spectatrice de ta propre vie... tu le ressens ainsi, sentant la frustration et la culpabilité te pointer du doigt. Pourquoi serais-tu rongée par la culpabilité? C'est parce que tu t'en veux de ne te souvenir de rien, de ne pas pouvoir contrôler ta propre vie. Ta mère a sans doute raison... tu es un cas désespéré, une folle... « Et depuis quand être folle est une tare ? » La revoilà qui ronchonne dans ta tête, Echo... Ton poison quotidien, celui qu'a fait resurgir Majka et qui lentement dévore ta raison et ton âme, ta Némésis, ton bourreau et ton ange gardien. La seule chose dont tu ne peux te guérir – toi-même- « Je n'ai nulle envie d'être folle. » Chuchote-tu à son intention, prenant garde de ne pas réveiller tes camarades Serpentard « Ô mais tu ne saurais faire autrement. » Te répond-t-elle avec dédain « Je suis folle, tu es folle. » « Comment sais-tu que je suis folle ? » Demande-tu en te redressant dans ton lit réellement curieuse de connaître sa réponse « Tu dois l'être... Sinon tu ne serais pas en train de converser toute seule ! Hahahaha ! » Son rire en cascade explose dans ta tête et t'oblige à plaquer tes mains sur tes tempes, tentant ridiculement de la faire taire, elle te flanque une sacrée migraine et tu la maudis intérieurement « Arrête de rire ! » Tu lui cris, mais l'effet est lamentable, elle ne s'arrête pas mais l'une de tes camarades se retourne dans son lit en grognant, visiblement tu t'agite trop à leur goût. Rapidement t'attrape baguette, gilet et bottes et file dans la salle commune des verts. « Tu vas te taire ?! » Tu exige avec l'espoir fou qu'elle va t'écouter. Seulement Echo n'écoute que le son de sa propre voix. Elle finit par se calmer, tu pense avoir un peu de répit mais il n'est que de courte durée, elle reprend déjà en sifflotant « Allons jouer ! » « Je n'ai pas envie de jouer Echo. » Soupire-tu d'un ton las alors que machinalement tu enfile déjà ton gilet par dessus ta nuisette blanche et te dirige vers la porte « De toute manière tu ne parviens pas à dormir. » « Les élèves ont interdiction de se promener la nuit dans l'école, tu le sais très bien. » « Les élèves ont interdiction de se promener la nuit dans l'école nia-nia-nia » Répète-t-elle moqueuse derrière toi « Fais ce que je te dis. Sors d'ici, j'ai envie de me promener. » Elle grommelle et se fait bien plus autoritaire, tu sais que tu ne peux t'opposer à elle très longtemps, quand Echo veut quelque chose elle parvient toujours à l'obtenir, tu préfère le faire à ta manière. C'est bien moins risqué. La laisser sortir serait désastreux « D'accord, d'accord... » Concèdes-tu en t'engouffrant à l'extérieur, tu fais quelques pas sur les pavés glacés des cachots en t'éclairant de ta baguette « Où veux-tu aller ? » T'es méfiante, aux aguets, tu scrute le moindre recoins de peur d'y voir apparaître l'un de tes professeurs. S'ils ont l'habitude de tes excentricités tu sais également que tu ne pourras pas tester leur patience indéfiniment certains ne te voyant guère d'un très bon œil depuis que ton séjour à l'hôpital fut porté à leur connaissance. T'avance lentement, à pas de loup dans un voile de coton, le vent s'engouffrant sous le tissu de ta chemise de nuit te faisant spectre dans la pénombre. Tu compte prendre la direction de la grande salle quand Echo stoppe ton avancée « Hmm... Allons sur le terrain de Quidditch ! » « Dehors ? A cette heure-ci ? Bon sang tu vas finir par m'attirer des ennuis. Il en est hors de question. » « LE TERRAIN DE QUIDDICTH J'AI DIS ! » Elle beugle si fort que tu te retrouve recroquevillée sur le sol, agressée par le timbre aigu de sa voix « Ne me hurle pas dessus Echo ! » « Si je hurle c'est parce que tu me gave ok ! Arrête de me contredire. » Tu baisse les bras, inutile de te battre avec la colère de ton propre esprit délabré, c'est un combat dont tu ressortirais forcément perdante et épuisée.
Lorsqu'enfin t'arrive à bon port tu prends place devant les gradins, croisant les bras sur ta poitrine un air boudeur au visage tu soupire bruyamment « On peut rentrer maintenant ? Je suis morte de froid. » « Non pas maintenant... » Te lance-elle en chantonnant légèrement. Echo sait pertinemment ce qui se passe, mais en aucun cas elle ne te le dira. Ainsi donc, tu prends le temps d'observer les environs avant de t'apercevoir qu'il y a un bruit suspect qui résonne dans les alentours « Echo... dis-moi que je n'hallucine pas, mais que toi aussi tu entends quelque chose ? » T’as bien conscience de parler seule à voix haute sur un terrain vide, ouais, t’as l’air complètement barge, fin… Ma foi pas plus que d'habitude en tout cas. « Je l’entends aussi... et ce n’est pas dans ta tête ma chère ! » lance-elle ironiquement avant de reprendre « Regardes à ta gauche imbécile » Ni une, ni deux tu t’exécute et alors que tu ne pensais rien remarquer d’inhabituel t’aperçois un jeune homme à l'autre bout. Il ne semble pas avoir remarqué ta présence bien trop occupé à faire tu ne sais quoi. Tu plisse un peu les yeux et remarque qu'il frappe avec énergie et vigueur dans des... Des cognards sans l'ombre d'un doute. Il faut croire que tu n'es pas la seule à avoir des activités nocturnes inhabituelles « Oh, il y a quelqu’un ! » lâche-tu surprise et ingénue comme pour informer Echo qui répond d’une voix exaspérée et exaspérante « Oui merci j’avais remarqué. » « Moi non. Comment l’as-tu su ? » « Je sais tout, tu ne te rappelle pas ? » « Arrête de la ramener un peu… » Tu déteste quand elle te parle comme si elle avait la science infuse, en plus comment peut-elle connaître des choses que toi-même tu ignore c’est complètement insensé ? Echo doit surement piocher des infos dans ton subconscient mais cela fait un moment que tu ne cherche plus à t’expliquer les affres de ton cerveau biscornu « Je fais ce que je veux. » rétorque-t-elle d’un ton méprisant « Et bah qu'est-ce que t'attends ? Rejoins le ! » Après quelques secondes d'inertie totale tu suis son conseil et cours en direction de l'inconnu. Inconnu pas si étranger que ça. Avant de lui faire totalement face tu t'arrête dans ta course, surprise et interdite. Tu reste dans un mutisme parfait contemplant cette silhouette presque trop familière. « Oh mais… » le voir ici te désarçonne complètement sachant que votre dernière rencontre s’est fort mal terminée, par ta faute ? La sienne ? Tu ne te souviens plus très bien. « Enfin tu percutes ! » Ricane Echo dans ta tête, t’es prête à parier qu’elle le savait depuis le début cette peste ! Tu la maudis d’ailleurs tu ne prends même pas la peine de cacher ta colère et ton embarras « Et bien bravo ! T’aurais pu me prévenir petite sotte ! » « Ne me parle pas sur ce ton ! » Tu croise les bras sur ta poitrine boudeuse, c’est sa faute si t’es en colère. T’adresse un regard à Magnus, t’as complètement oublié ton état, oublié que tu es la seule à entendre Echo s’amuser dans ta boîte crânienne. « Je suis contente de te voir. » Finis tu par avouer en attrapant sa main dans la tienne, ton geste n’est pas réfléchi, il est instinctif, tu lui souris comme une enfant. T'es à mille années lumière de faire attention aux détails pourtant essentiels qui devraient te sauter aux yeux. Que fait-il ici par cette heure tardive ? Pourquoi s'acharne-t-il à battre ces cognards ? Pourquoi semble-t-il crispé ? Furieux ? Haineux ? Autrefois t'aurais saisi, compris en un seul regard les raisons de sa contrariété, t'auras apaisé son mal d'une caresse, chassé la déception avec de la tendresse. Aujourd'hui tu le regarde et tu ne vois qu'une énigme. Le plus dur finalement n'est pas de perdre quelqu'un à cause de la distance, à cause des chemins qui se séparent et qui font qu'il devient de plus en plus difficile de se voir, de se construire des souvenirs en commun, d'avoir une vie proche et similaire. Le plus dur, c'est perdre quelqu'un juste à côté de soi. Le plus dur, c'est quand ce n'est pas le fait que la vie change qui fait que quelqu'un s'éloigne, mais le fait que les gens changent, et pas toujours pour une raison apparente. Le plus dur c'est quand on perd quelqu'un alors que cette personne est juste à quelques centimètres de soi, et qu'on ne peut rien faire pour la retenir. T'as pas pu retenir Magnus. Même lui. Ton jumeau, ta moitié. Non. Ton tout. Où-est-il ? A quoi pense-t-il ? A qui pense-t-il. « T'es où Magnus ? T'es où... » Tes paroles ne sont que murmures, les inepties d'une jeune femme égarée, perdue dans les méandres du manque. Echo a disparu, elle veut te laisser souffrir seule. Affrontant ce reflet, celui du vide que dis-tu ? Du gouffre qui vous sépare désormais. Tu finis par lâcher sa main, tes doigts se séparent, tu recule d'un pas marquant la distance. T'es plus à lui, il n'est plus à toi. La raison revient. La réalité aussi. « Je suis désolé pour le poste... T'aurais été formidable en batteur. » Oui parce que tu te souviens désormais. Aujourd'hui y'avait le résultat des sélections de Quiddich, tu sais combien ça compte pour ton frère et combien il est déçu du résultat. C'est pour ça qu'Echo t'a conduit jusqu'à lui. Si toi tu ne le connais plus une part profonde de ce que tu es pense toujours comme lui. T'as toujours su. T'as toujours su où le trouver, où le chercher. Magnus il est une énigme que toi seule peut résoudre même si désormais tu crois avoir perdu les clefs. T'habite cette perte ou ce manque, quelque chose en creux que t'as fini par apprivoiser.
Traversant le parc de Poudlard d’un pas rageur, le suédois se fichait pas mal d’entraver une nouvelle le règlement concernant le couvre-feu comme il se fichait de se faire pincer par un préfet ou pire, un professeur. Ouais, qu’est-ce qu’il pouvait bien en avoir à faire de récolter une ou deux heures de retenue ? Ce n’était pas comme s’il était à une colle près et puis, il était un peu tard pour lui pour jouer à l’élève modèle. Non, voilà trop longtemps qu’il négligeait ses études et pire, qu’il refusait d’admettre son statut de sorcier et ce malgré la pureté du sang de son père, cette vieille lignée perdue au fin fond de la Suède, cette lignée inconnue des sorciers Britanniques et finalement, brisée par quelques mariages moldus. Malgré cette origine pour le moins liée à la magie, Magnus ne parvint jamais à se sentir comme un sorcier à part entière et ce sentiment de rejet ne fit que s’accentuer à son entrée à Poudlard. Il se souvenait encore parfaitement de ses premiers jours dans la plus célèbre école de magie et son malaise grandissant alors qu’il évoluait parmi ces élèves qu’il ne comprenait pas. Si la langue fut un fossé entre lui et les autres élèves, le jeune suédois se rendit vite compte que ce fossé là n’avait rien à voir avec le canyon qui le séparait du monde des sorciers. Voilà donc quel était le cœur de son problème : après toutes ces années passées auprès des moldus de l’île à cacher ses capacité magique, il en avait presque fait un tabou, une tare humiliante dont il devait absolument cacher l’existence. Ouais c’était triste mais pour Magnus, user de la magie était presque aussi gênant que pisser au lit. Une honte, une anomalie, une tare. Et du jour au lendemain, on lui demandait de travailler la magie ? Et pourquoi pas se mettre à l’énurésie tant qu’on y est ? Ce sentiment de malaise s’était fait de plus en plus grand pour Magnus et il se souvenait parfaitement de ses premières vacances à Noël, il avait alors expressément demandé à rentrer à Välon et si sa mère s’y était fermement opposée, son père consentit pourtant à venir le voir à Pré-au-Lard. Probablement leur premier tête à tête depuis de nombreuses années. Magnus avait alors tout tenté pour le persuader de le laisser rentrer, il avait argumenté tout ce qu’il pouvait pour lui faire comprendre à quel point l’anglais était compliqué pour lui et surtout, que la magie l’ennuyait comme la mort et que tout cela était inutile puisqu’il était supposé prendre sa place à la gérance de la raffinerie lorsqu’il en aurait l’âge. Oui, il fit tout son possible pour sortir de Poudlard et rejoindre une école moldue pour ensuite intégrer une université d’économie ou de gestion. Peut-importe quoi pourvu que ce soit moldu et non pas magique. Sa demande fut pourtant refusée par son père et aujourd’hui encore Magnus se demandait s’il s’agissait là d’une décision toute réfléchie ou plutôt une question d’égo liée à leur nom. Faire perpétuer l’héritage magique des Ljungström. Des conneries.
Il y avait pourtant une chose dont Magnus était devenu fou à son arrivée à Poudlard : le Quidditch. Pour un amoureux des sensations fortes comme lui, l’idée de voler dans les airs ne pouvait que le séduire et très vite, celui qui se révélait être un élève désastreux sauvait ses moyennes grâce aux cours de vol durant lesquels il s’appliquait tout particulièrement. A vrai dire, il ne pouvait réellement expliquer cet attrait pour ce sport mais il n’était non pas sans rappeler ces moments de solitude lorsqu’il montait en haut de son phare fétiche, avant que sa conne de sœur ne vienne tout gâcher. Avant qu’il n’ait eu l’espace de quelques instants sa vie entre ses doigts. Il n’y était plus remonté après qu’elle eut violé sa tanière et d’une certaine manière, lorsqu’il prenait son envol, il avait l’assurance de ne jamais être dérangé s’il ne le voulait pas. Majka pouvait bien être sur le même terrain, s’il ne voulait pas la voir il lui suffisait de monter plus haut ou voler plus vite. La première option était la meilleure, bien qu’elle reprenait peu à peu confiance en elle-même, elle ne montait jamais aussi haut que lui, elle n’allait jamais défier la pression atmosphérique jusqu’à en perdre son souffle, jusqu’à en manquer d’air. Elle craignait bien trop la chute alors que lui, la provoquait, il l’attendait peut-être même. Repenser au Quidditch était pourtant douloureux pour le suédois qui se souvenait encore parfaitement de son cœur battant la chamade alors qu’il s’était approché du panneau d’affichage pour voir la liste des sélectionnés. Oh son nom y figurait bel et bien mais en tant que poursuiveur, pas batteur putain. De frustration, il avait tapé dans le mur avant de bousculer un élève sur son passage. Bordel, Lysander avait été prit à sa place ! Mais merde étaient-ils tous cons où quoi ? Furieux, voilà ce qu’il avait rugi à l’adresse d’Andrea sur ses talons avec son habituelle nonchalance, le suivant jusqu’aux toilettes s’il le faudrait. Son ami le connaissait suffisamment bien pour savoir que le suédois aurait probablement besoin de gueuler ou de cogner sur quelqu’un et à choisir, il préférait que ce soit sur lui plutôt que sur un première année. Il se sentait parfois pousser une âme de chevalier valeureux des fois comme ça. Malgré le soutien de son ami qui, il faut bien l’avouer, prit assez cher pour avoir traîné dans ses pieds, Magnus ne parvint à trouver la paix ce soir là et c’est toujours en véritable boule de nerfs qu’il regardait le feu dansant dans la cheminée. Il était déjà tard mais il se connaissait suffisamment bien pour savoir qu’il ne trouverait le sommeil avant de nombreuses heures et qu’il avait besoin de se libérer de sa frustration et tel un volcan en voie d’éruption, il se releva de son fauteuil, la mâchoire crispée, avant de filer dans sa chambre attraper un pull, une vieille veste de cuir havane et son balai. Si Andrea fut quelque peu étonné, il ne fit cependant aucun commentaire. Le brun n’avait décidément aucune envie de discuter et c’est tel un fauve qu’il rejoignit le terrain de Quidditch peu avant minuit. A vrai dire il ne savait même pas exactement ce qu’il comptait faire mais il ne supportait plus la chaleur étouffante du château et c’est en entrant dans le vestiaire que son regard se porta sur les battes d’entrainement et le coffre des cognards. Il savait parfaitement que s’entêter de la sorte ne lui ramènerait rien de bon mais il avait envie de cogner, envie de battre aussi fort qu’il le pouvait ces fichus cognards jusqu’à en perdre l’haleine à défaut de sa raison. Et c’est ce qu’il fit, debout au beau milieu du terrain à la merci des cognards qui ne se firent pas prier pour le charger avec toute leur hargne mais c’est non sans rare qu’il cogna, toujours et encore comme s’il tentait de les fendre en deux, comme s’il essayait de réduire en confettis ses os. Complètement aveuglé par ses mouvements presque désespérés, il ne remarqua pas Seraphina qui s’approcha de lui et ce n’est qu’une fois sa main emprisonnée dans la sienne qu’il prit conscience de sa présence, du moins d’une présence. Surpris, il fit un mouvement d’écart et manqua de lui abattre la batte en pleine tête mais il retint le mouvement alors que Seraphina lui disait être contente de le voir. « Quoi ? » aboya-t-il, n’ayant rien compris à la situation, ne l’ayant ni vue venir ni reconnue dans l’obscurité. Après tout, il était à mille lieues de se rendre compte de ce qui pouvait l’entourer en ce instant. Reprenant pourtant peu à peu ses esprits, la colère le reprit aussitôt comme la gangrène grignotait les chairs. « Qu’est-ce que tu fous là j’aurais pu te blesser ! T’es conne ou quoi ? » rugit-il à la manière d’un lion, le regard enflammé d’une lueur presque désespérée. Après tout, pouvait on s’attendre à ce que l’aîné des Ljungström soit totalement sain d’esprit ? Ils avaient chacun leurs tares et si Seraphina s’étaient complètement repliée sur elle-même, Magnus au contraire explosait littéralement, animé d’une fureur folle à l’image exact d’un animal enragé prêt à tout détruire sur son passage. Lorsqu’elle lui lâcha la main en lui rappelant une nouvelle fois son échec aux sélections, il fit un écart pour s’éloigner d’elle et comme pour se débarrasser de ce poison qui le dévorait, il jeta de toutes ses forces au loin sa batte qui disparut quelque part dans l’obscurité. Quand il fut mains vides, il resta longuement immobile, tournant le dos à sa jumelle. Cette sœur avec qui il avait tout vécu, cette sœur qu’il aimait sincèrement et qu’il perdait peu à peu. C’était certains, Majkalena aurait profité de la situation pour lui rappeler à quel point Lysander était meilleur que lui, qu’il ne valait rien et que c’était bien fait pour lui, mais Seraphina n’était pas Majka. Seraphina était sincère. Se mordant la langue, il se retourna vers elle et effaça la distance entre eux d’un pas avant de la prendre dans ses bras, serrant son corps fragile contre le sien tout en posant son front sur son épaule. « Excuse-moi Sere, je ne voulais pas. » Il était sincère, il n’avait pas le droit d’agir de la sorte avec elle, il n’avait pas le droit de la blesser. La serrant un peu davantage contre lui, il masqua ses mains encore tremblantes en les enfouissant dans ses cheveux d’ébène.
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Doucement, sans le vouloir, on passe du cœur à la mémoire ۞ MAG