Cassandre était une princesse, et dont le prince tout désigné était son frère jumeau, Tristan. Il y a toujours eu de la complicité entre eux. C'était ce lien indéfinissable qui les liaient. Cependant, tout fut perturbé par l'arrivée d'Isibeal. La petite dernière. La pleurnicheuse de service. Tout cela parce qu'elle ressemblait à Mère.
Cassandre était le portrait craché de son père. Elle était sa plus belle fierté. Elle avait tout. L'amour, une vie aisée, un père aimant. Et pourtant, il y avait toujours ce problème récurrent : sa petite-soeur. Parce que oui, Isibeal était d'une beauté à couper le souffle. La grande demoiselle à la crinière de feu ne pouvait supporter de voir la benjamine, si douce, si élégante. Elle avait peur qu'elle lui vole la vedette, toute l'attention que Cassandre méritait.
Et quand Isibeal, devait se rendre dans le bureau de Père, c'était pour une bonne raison. Cassandre faisait en sorte qu'elle tombe dans ses pièges, de l'accuser de quelque chose. Pour qu'elle soit punie. Pire, Isibeal, dans le secret familial des Eisenbreg, était battue. Les Eisenberg était une famille de sang pur, de rang élevé. Et c'est dans cette ambiance tirée à quatre épingles, que les enfants furent élevés. Les insultes étaient prohibées, les bonnes manières étaient de mises, l'exercice de la magie était fortement encouragé. Et tous les Eisenberg finissaient Serpentards.
Lors de la cérémonie d'arrivée des premières années, elle avait rejoint sa table, et attendait le choix de sa soeur. Elle jetait des petits soupirs hypocrites à son frère, qui n'espérait qu'une chose, que la cadette Eisenberg soit des Serpentards. Mais pour Cassandre, ce serait beaucoup plus simple si la benjamine se révélait être une de ces cravates rouges. Elle pivota la tête vers le Choixpeau, qu'on posait sur la tête d'Isibeal.
▬ SERPENTARD.Elle jura intérieurement pendant que Tristan applaudissait et se levait. Elle jeta un regard glacé à la benjamine, retrouvant presque instantanément son sourire artificiel lorsqu'une de ses amies s'adressa à elle. La suite de la soirée était gâchée, et elle rejoignit son dortoir, un rictus sur son visage de poupée de porcelaine.
* * *
Il l'obsède. Je ne vous dirai pas son prénom, ni son nom. Car vous ne devez pas le savoir. Cassandre, cette élève modèle, exemple même de la fille à papa, pouvant presque porter le symbole des Serpentards, s'est faite trahir. Oui, elle s'est faite assassiner. Par elle-même.
▬ Oh, mais qui voilà. Le sang de bourbe. Un rictus malsain apparut à la commissure de sa bouche. Père lui avait dit. Ces nés-moldus ne valaient rien. Ils étaient des erreurs de la nature et rien de plus, et ne méritaient nullement leur place dans le monde magique. Et elle appliquait avec joie ce que Père lui avait enseigné. La persécution.
▬ Cassandre, trancha-t-il.
Elle s'avança, telle une couleuvre, vers le jeune homme. Elle s'approcha, et regarda les documents qu'il tenait dans ses mains. Ahah. Qu'ils portent une cravate rouge, jaune ou bleue, ils étaient tous pareils. Les suppôts d'un vieil homme sénile, aka Dumbledore. Elle fit voler les papiers, qui s'éparpillèrent sur le sol, comme des feuilles mortes. Un sourire malsain traversa son visage, pendant qu'elle quittait le couloir, laissant le jeune homme ramasser ses affaires.
Elle faisait en sorte de le croiser. Elle le traquait. Elle savait qu'il changerait souvent d'itinéraire, pour éviter d'avoir à passer devant elle. Mais elle s'arrangeait toujours pour au moins lui parler une fois par jour.
▬ Qu'est ce que ça fait d'être une erreur de la nature ? Elle regardait sa baguette magique, adossée à un mur, ses boucles rousses sur ses épaules, et ses yeux verts perforant sa victime.
▬ Dégage. ▬ Comment OSES-tu me parler ainsi, insecte répugnant ?! Et contre toute attente, dans un élan de haine, le jeune homme l'attrapa par le poignet et la jeta par terre. Elle crût bien qu'il allait la frapper et se protégea le visage. Mais rien. Il lui fit juste face, avec son regard haineux. Elle l'avait poussé à bout. Elle comprit qu'il n'oserait pas lui faire du mal, et se mit à pouffer de rire. Elle passa une de ses mèches rousses derrière son oreille, et se releva.
▬ Tu fais les choses à moitié. Tu es vraiment répugnant. lui cracha-t-elle à la figure, en récupérant sa baguette et en tournant les talons.
Et ainsi, jour en jour, elle faisait en sorte de le croiser, juste pour lui dire bonjour. Ou pour l'effrayer, lui rappeler à quel point il était indésirable. Et de fil en aiguille, elle se mit à développer des sentiments qu'on compare souvent à la haine. Des sentiments amoureux.
Dans son plaisir de donner de la souffrance, elle avait aussi éprouvé de la joie, de le voir chaque jour, un peu comme un ami. C'était devenu habituel, un rituel qui s'était installé, auquel elle avait pris goût. Même persécuter sa petite sœur n'était pas aussi amusant que harceler ce jeune homme. Au détour d'un couloir, ils se croisèrent. Pour une fois, ce fut elle qui fut prise au dépourvu. Il n'y avait personne, en plus. D'habitude, c'était elle qui provoquait les occasions, cette fois, elle n'avait rien prévu. Il s'arrêta. Elle s'arrêta.
Elle fit deux grands pas jusqu'à lui avant de poser sauvagement ses lèvres sur les siennes. Elle le désirait tellement. Il la propulsa, littéralement à plusieurs mètres, passant sa main sur sa bouche comme s'il allait vomir.
▬ T'es vraiment complètement tarée, Cassandre. Elle était secouée. Elle ne savait pas quoi faire, pas quoi dire. Il ne l'aimerait jamais. Elle avait envie de pleurer. Comment avait-elle pu être assez bête pour tomber amoureuse de celui qu'elle détestait le plus au monde ? Si Père l'apprenait, elle se ferait battre. Tout comme Isibeal. Et cette dernière deviendrait la protégée de la famille. Elle ne pouvait pas permettre cette éventualité. Elle se releva, avec ce même sourire malsain qu'elle utilisait toujours. Elle embrassa le bout de ses doigts, et souffla dessus, lui envoyant un baiser imaginaire, puis elle s'écarta. Au coin du couloir, elle s'affaissa et pleura toutes les larmes de son corps.
* * *
Ce qu'elle ne savait pas. C'était qu'Isibeal projetait, de lui briser le coeur, une fois de plus. Avec une proie de choix. Jaymes.
Un geste un souffle et je vacille
Regarde autour de nous, tout scintille
Une phrase me blesse, indélébile
Sur un fil, sur un fil