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 In Sebastiani Veritas

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Message Sujet: In Sebastiani Veritas   In Sebastiani Veritas Icon_minitimeJeu 3 Mar - 23:54





In Sebastiani Veritas




(Un matin d'avril 1981)


C'était un de ces matins-là, de ceux qu'on voit passer comme on en voit cent mille autres, sans y prêter attention, l’œil détourné, l'oreille distraite, bref, tout s'annonçait d'une affligeante et morne banalité. Pourtant, précisément, cette matinée lui réservait une surprise de taille, de belle taille même, encore qu'il lui fut impossible de le prédire, de le prévoir, de le pressentir ; et d'ailleurs au début de notre histoire, ce matin-là avait à peine commencé en tout et pour tout ! Il s'était levé comme à son habitude, et avait trouvé sur son lit des papillons de papiers qui portaient tous des mots d'excuses... et qui voletèrent autour de lui près de quinze minutes, ce qui l'agaça tout autant que cela le réjouit ; Benedict avait une façon bien à lui de chercher le pardon de son vieil ami. Et le chocogrenouille sur le plat du chevet était sans doute une pointe de plus à la flèche des excuses de l'imprudent ! Clarence le vit un peu plus tard, après l'éveil, et tous deux discutèrent, et tous deux s'accordèrent pour qualifier l'événement qui justifiait les excuses de « bon souvenir... enfin, dans quinze ans ! » Il fallait respecter, après tout, les délais normaux ! Après le rituel du matin, après la douche et les préparations ordinaires, il quitta la salle commune des Serdaigles pour gagner la grande salle et y partager un petit-déjeuner en compagnie de ses camarades, ainsi qu'un bout de conversation ou deux avec plusieurs élèves de la maison de l'Aigle. Il put ainsi saluer Rubinia, dont la chevelure avait retrouvé des dimensions à peu près normales, et donner l’œillade au jeune Morguelune, qu'il suspectait à l'affût d'un mauvais coup. Puis, à la faveur de la fin de ce premier repas, il se laissa guider par les couloirs et les escaliers de l'école, jusqu'à trouver la salle où enseignait le professeur Keller.

Ce n'était pas un vieux de la vieille, et même loin de là ! Le professeur d’Étude des Moldus était un homme nouveau dans le paysage du corps enseignant de Poudlard. Il appartenait à la plus jeune génération des professeurs nouvellement arrivés et pour cause, il avait pris ses fonctions au château en cours d'année. Autrement dit, Clarence ne le connaissait pas depuis qu'il était arrivé à Poudlard et n'avait donc pu ajouter sa tête aux autres, qu'il collectionnait dans le filet des « amitiés » utiles que tout bon élève se doit de cultiver auprès des enseignants. Il avait procédé avec sagesse et beaucoup d'astuce, depuis la première année, mais de fait, il ne pouvait jouir auprès du professeur Keller des mêmes avantages, vu que ce dernier n'était ni là depuis longtemps, ni même du genre des professeurs qui se laissent facilement endormir par les caresses toutes juvéniles des élèves intéressés, travailleurs et brillants. Ce Sebastian, quel homme ! Il ne ressemblait à aucun autre des précepteurs de Poudlard, et de mémoire d'homme, vit-on jamais pareil personnage, semblable spécimen ? C'était peu de dire que le professeur d'Etude des Moldus défrayait la chronique, indépendamment même des polémiques que suscitaient occasionnellement la nature même de la discipline qu'il enseignait – nombreux étaient les élèves de la connaissance de Clarence qui affichait un complet mépris pour le monde moldu. Mais le jeune Macmillan ne s'arrêtait point à ces originalités qui brossaient le portrait d'un professeur parmi les plus étranges et les plus intrigants qu'il connut au cours de sa scolarité. Mais ce n'était pas pour lui déplaire, bien au contraire ! Ce vent nouveau qui soufflait sur les cours de Septième année le ragaillardissait et le confirmait dans ses bonnes dispositions de parfait élève de Serdaigle.

C'est donc avec grande attention qu'il suivit le cours de son professeur, du début à la fin de l'heure qu'il consacra à son programme du jour ; écoute attentive, prise de notes zélée, questions multiples et impliquées, ce fut l'attitude que se composa le jeune homme à l'égard de son professeur, tant parce que les propos de celui-ci l'intéressait que parce qu'il ne considérait pas d'autre façon de se conduire en classe. Son zèle fut remarqué et ses camarades ne manquèrent point, à l'occasion, de le chambrer proprement, comme il se doit, en tout bien tout honneur, bref ils se conduisirent comme il faut s'y attendre d'une bande de gamins de près de vingt ans, ni plus ni moins ! Clarence n'en profita pas moins, à la fin de l'heure, du temps dont il disposait – puisqu'il n'avait plus cours de la matinée ensuite – pour aller jusqu'au « bureau » de son professeur pour quémander quelques minutes de son temps libre, ou plus, afin de le questionner. Cette fois, c'était l'intérêt intellectuel qui le poussait vers Sebastian, car Clarence, on le saura, était passionné, depuis longtemps, par les arts et les techniques de l'artisanat moldu, à des degrés divers : il avait un peu de goût pour l'histoire du métier à tisser en Europe et se déclarait lui-même « fan » de la peinture moldue de l'Italie des temps de son rayonnement culturel à partir du Quattrocento. En d'autres termes, si Clarence venait à son professeur, là, tout de suite, c'était pour prolonger un peu la classe, pour lui seul, et bénéficier des connaissances de son aîné, qu'il espérait vastes et profondes. Il s'imposa donc ainsi : « Monsieur, s'il vous plaît, avez-vous une minute ? » Et il poursuivit, sûr de lui : « J'ai des questions à vous poser sur un élément du cours précédent, nous avions parlé des sports moldus et de leur évolution de ces dernières années... » Il ménagea un bref temps de silence et compléta enfin le motif annoncé de son intrusion : « Je n'ai pas très bien compris ce que vous avez expliqué au sujet des liens qui existent entre le sport, la pratique du sport et le progrès des... « sciences », comme vous dites ? Je n'ai rien trouvé à la bibliothèque pour m'éclairer là-dessus, je ne crois pas que le sujet ait encore été très abordé par les auteurs... assermentés... » Il aurait souhaité trouver un mot plus approprié, mais il n'était pas certain du terme le plus adéquat entre le savant, l'érudit et le « têtologue ». Cela n'avait toutefois pas d'importance, il devinait sans peine que le professeur Keller le comprendrait – il n'avait pas son pareil, Sebastian, pour aborder la question moldue, ce qui bien sûr avait de quoi susciter l'admiration. Mais le brave Clarence, tout grand qu'il fût, était loin de se douter des surprises que lui révélerait cet entretien imprévu.
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Message Sujet: Re: In Sebastiani Veritas   In Sebastiani Veritas Icon_minitimeVen 4 Mar - 16:30

Assis à son bureau, les pieds dessus, dans une position révélant une nonchalance absolument atypique et légèrement jenfoutiste, Sebastian bouquinait un ouvrage fort intéressant.
1001 excuses pour ne pas faire le ménage.
Bon, à Poudlard, ça allait. Il y avait des elfes de maison, fort efficaces et dévoués, merci à eux. Jamais une chaussette, depuis son arrivée 5 jours plus tôt, ne s’était retrouvée seule, perdue ou orpheline. Et c’était totalement perturbant pour Sebastian, habitué à passer sa vie à chercher ses fringues. Combien de fois avait-il dû porter des chaussettes dépareillées ? Du coup, il s’interrogeait sur les sortilèges ménagers. Apparemment, il y avait donc un sort qui empêchait des chaussettes d’être éloignées de plus d’un mètre l’une de l’autre.
Sortilège très utilisé dès le Moyen-âge et qui, visiblement, était très très utile car ça rendait l’écartèlement impossible. Au moins pour les jambes. Tiens. Faudrait qu’il en parle au prof d’histoire de la magie s’il – ou elle – savait ça.

Ses yeux bleus se levèrent quand il réalisa qu’il restait un élève. Ben flûte. QUI avait encore des questions ? C’était un concours ?
En fait, honnêtement, il s’était attendu à voir le jeune O’Carley, qui n’avait ni bouton pause, ni bouton silence. Mais non. C’était… C’était…
Bon sang !!!
C’était qui ce dieu vivant ?
Sebastian en lâcha son livre de surprise et se pencha pour le ramasser, s’éclatant au passage le front sur son bureau.


BORDEL DE…

Le reste de ses paroles se perdirent sous le meuble. Il jura pendant un moment interminable, cherchant lamentablement comment s’en sortir avec dignité.
Finalement, Sebastian renonça. Il se redressa et posa avec une brusquerie vexée son livre.
Il releva une fois de plus ses yeux sur l’élève.
Putain. C’était pas légal d’être aussi gaulé. Comme sa vénérable grand-mère lui disait : « porte toujours une culotte propre, on n’est jamais trop prudent ». Ah. Non. Pas celle là. Non. Elle lui disait plutôt : « si c’est trop beau pour être honnête, c’est soit pas si beau, soit pas honnête, soit les deux. Méfiance mon canari bleu ».
Du coup, malgré un certain degré de subjugation, Sebastian se méfia. De ses réactions en fait. Plus que de l’élève.
Comme il était infoutu de foutre un nom sur ce visage d’Apollon, il chercha vaguement la liste des élèves qu’il avait. Il finit par le trouver, en train de lever le nez. La photo bougeait un peu trop et il tapota de sa baguette dessus pour vérifier que c’était bien lui.

Evidemment, Sebastian aurait pu lui demander son nom, mais il était à peu près certain de se mettre à bafouiller comme une pucelle au moment de sa défloraison. L’angoisse.


Monsieur MacMillan ! J'ai bon ? 

Avait-on jamais parlé de la grande passion de Seb pour la machoire et le cou de ces messieurs ? Non ? Parce que là, il aurait pu en écrire un bouquin tout entier.
Il se leva, faisant le tour de son bureau. Il eut un sourire, un petit peu crispé, et décida qu’il était temps d’être beaucoup moins stressé.


J’ai toujours une minute et même plusieurs, pour mes élèves.

D’un coup de baguette magique sur son sac, il fit sortir une tabatière et se roula une clope magique. Ça allait le détendre.

Ah ! Les sports moldus ! Ouiii !!! Très très bien ! C’est génial les sports moldus.
Le foot, le rugby, le biathlon. Ah ! Passionnant, passionnant.
Bon reprenons sur le sport. Nos amis moldus ont cette devine : Mens sana in corpore sano. Un esprit sain dans un corps sain.
Un moldu du nom de Pierre de Coubertin a même dit par la suite : mens fervida in corpore lacertoso. Un esprit ardent dans un corps musclé.  
Comme les non-sorciers ne comprennent pas tout dans la vie, mais qu’ils croient nécessaire d’avoir réponse à tout et bien, ils cherchent et cherchent encore. Et creusent, et creusent toujours plus profond. Comme s’il n’y avait pas de fin. Un peu comme la bêtise de certains si vous voulez mon avis.


Bref. Dès qu’ils trouvent un truc mystérieux : trou noir, ADN, maladie nouvelle ou encore cuisiner de vrais plats en moins de 30 secondes ou éviter les scènes conjugales, pouf. Ils décident d’en faire une science.
Comme si la science était une forme de religion.
Mais honnêtement, ce n’est ABSOLUMENT PAS nouveau. Ils sont juste trop idiots ou aveugles pour voir que d’autres avant eux avaient déjà fait le lien.
Ils croient tout découvrir grâce à la Primer League. Idiots !


Sebastian s’en agaça un peu. Et agita avec une certaine brusquerie sa baguette pour faire venir du fin fond de son sac des livres. Le sac trembla mais rien ne venait.

Visiblement, y a un bouchon. Du calme. Hop hop hop.

Un nouveau coup de baguette. Le sac cessa de s’agiter et les livres sortirent dans l’ordre et le calme, s’empilant correctement.

En Grèce antique, les scuptueurs, les potiers, les artistes de tout poil, nous montraient leurs talents via les sportifs. Ces derniers devaient donc être particulièrement étudiés et analysés. Les Jeux Olympiques – vous savez ce que c’est ? – ont été inventé il y a près de 3000 ans !

Sebastian choisit un ouvrage, et chercha des images de mosaïques dressant le tableau d’un gymnase.

Vous voyez. Sport. Beauté. Art. Esthétique. Science. Des proportions notamment.
Bon, par contre, j’espère juste que les grecs étaient pudiques, sinon je plains leur épouse ou leur mec.


C’est vrai quoi. Franchement, être aussi radins sur les bijoux de famille, c’était inquiétant non ?
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Message Sujet: Re: In Sebastiani Veritas   In Sebastiani Veritas Icon_minitimeVen 4 Mar - 23:44

L'étonnante maladresse de son professeur le surprit un peu ; passe encore qu'il disposât ses pieds sur le bureau, mais qu'il laissât choir un livre de la sorte ? Clarence, perplexe, ne suit quoi penser. Quant à moi, eh bien je songe à la Guilde des Fous, et je me prends à répéter, hilare et forcené : Dico, dico, dico ! Car oui, n'en déplaise aux cuistres, je suis un lecteur de Pratchett, un de ces petits vampires qui longtemps sucèrent la moelle même de cet auteur prolifique et génial, aux talents nombreux et inégaux, aux multiples facettes... bref, attendez-vous donc à trouver ici et là des allusions parfois subtiles et parfois évidentes à la production littéraire de cet anglais qui rachète à lui seul tous les défauts de la perfide Albion ! Mais revenons en la salle de classe où le professeur Keller devait une fois de plus faire la démonstration de ses multiples talents de pédagogue. Encore que... « Bordel de » n'étaient pas tout à fait des mots à employer en présence d'un élève, même si ce dernier avait l'âge d'avoir déjà prononcé ce type d'allocution. Clarence évita de trop s'y attarder, et par chance il demeura sourd aux pensées de Sebastian, qui invoquaient une bisaïeule au phrasé fleuri de bons mots. Le jeune Macmillan toutefois ne put s'empêcher de constater que son professeur peinait à mettre un nom sur son visage... et cela griffa en lui les joues de petit garçon sage qu'il avait conservé par devers ses paupières alanguies. Quelques années plus tôt, Clarence aurait été sans doute profondément vexé, mais là, il prenait le parti de l'indifférence et faisait contre mauvaise fortune bon cœur – et assaut de raison : le professeur Keller ne le connaissait pas depuis sept ans, après tout ! Si tel fut le cas, il aurait très certainement connu Clarence des orteils aux arcades sourcilières.  

Clarence avait hoché la tête, quand le nom du clan claqua les lèvres de Sebastian, qui se leva et fit le tour du bureau, et si le Macmillan avait eu deux doigts de jugeote et de bon sens ou d'une certaine maturité, il aurait certainement remarqué là les prémices d'une danse ornithologique, de ces parades nuptiales que les pingouins et les kiwis ont porté jusqu'à leur plus haut degré d'expression... bref ! Ne digressons point. Les digressions, c'est le mal absolu ! Et par chance, quand le professeur enfin entama ses explications, après avoir roulé ce que Clarence identifia comme... euh... le mot lui échappait, il l'avait pourtant sur le bout de la langue ! Mais trop dévoué à l'écoute de son professeur, il se désintéressa soudain de la clope pour boire les paroles de Sebastian. Il écouta la diatribe et déclara, pensif : « La primer leagues... un peu comme le bal des sorcières débutantes ? » Sebastian identifierait sûrement la tradition du bal des jeunes filles de bonne famille, qui imitait sans le dire ou le savoir la coutume éponyme des moldus de l'aristocratie, de la noblesse et de la grande bourgeoisie des villes ; mais avant de céder à l'impulsion austère d'une critique toute marxiste de ce petit monde en rond, et parce que je n'ai pas ici la place de pondre – ô, douleur ! –  une démonstration de la richesse et de la densité textuelle et pondérale du Capital, ma foi, je vais m'en tenir aux yeux ronds de Clarence, ouverts sur le bout incandescent de la tige de papier pendue aux lèvres de son professeur. Celle-ci dégageait une fumée claire et la vague odeur d'anciennes colonies antillaises.

Clarence opina du chef quand il fut questionné – il connaissait les Jeux Olympiques, qu'ils avaient étudié en cours d'études des moldus de sixième année. Bien sûr,  il pencha les yeux sur l'ouvrage déployé devant lui par Sebastian, et observa avec minutie les photographies des sculptures et céramiques afférentes. Il comprit sans peine le lien très fort entre le sport, l'art et l'esthétisme, mais il demeura de marbre à la remarque sur les épouses et les mecs... il crut d'ailleurs mal entendre, mais se ravisa vite, et dissimula son trouble derrière un de ces sourires machouillards que les enfants déploient lorsqu'ils sont confrontés aux images grotesques de la nudité, de la sexualité. Bien sûr, les propos de son professeur avaient en lui éveillé des évocations précises. Il n'avait plus dix ans. Mais en avait-il tout à fait vingt ? Il s'éclaircit la gorge. Il se rendit compte qu'il maintenant le silence depuis trop longtemps, et qu'il aurait peut-être dû répondre... du tac au tac ? Il s'y essaya. Mais que voulez-vous ? Parler taille de pénis avec un professeur de Poudlard, c'est intimidant. « Oui, c'est vrai, je ne crois pas en avoir jamais vu de si petits... » Bon, pour la subtilité de la remarque, vingt points à la maison de l'Aigle ! Parfois, il vaudrait mieux pour le Macmillan qu'il se tût ou qu'il chantât quelque air d'antan, car à l'entendre débiter pareille idiotie...

Très vite, l'automate Clarence se mit en mode « récitation ». Pour le meilleur et pour le pire ! « Mais je crois avoir lu dans un livre dont vous avez parlé, un livre moldu, que la représentation antique des organes génitaux masculins obéissaient à l'impératif d'exclusion de l'homme de tout rappel à son animalité primordiale. Ainsi la bête est-elle couillue quand l'accent, chez l'homme, est mis ailleurs, voyez... » Et les doigts de Clarence allèrent, sur l'une des photographies, des glaouis d'un bellâtre à la perfection de sa plastique thoracique. L’œil toujours sur l'athlète qu'une sculpture honorait donc, il poursuivait : « Mais du coup, les sportifs, les sportifs Moldus, pour suivre la science et s'améliorer, ils font quoi ? Ils mangent des choses différentes ? Ou boivent des... des plantes particulières ? Je veux dire... nous, on a, je crois, des sorts, par exemple, pour tricher au quidditch ou faire grossir temporairement les muscles, mais eux, qu'ont-ils donc ? Par exemple, j'ai lu une description d'une... d'une salle de sport, c'est le mot, et j'ai cru qu'on me dépeignait une salle de torture ! Qu'en pensez-vous ? »
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Message Sujet: Re: In Sebastiani Veritas   In Sebastiani Veritas Icon_minitimeSam 5 Mar - 11:58

Le quoi ?

Sebastian le regarda d’un air idiot. Avant d’assimiler les mots.
Le : ça ok. Easy.
Bal : Aussi. Ça gigote et ça fait des trucs hyper classiques, laborieux, chiants comme la pluie.
Des : bon. De manière générale, c’est le genre de mot qu’on comprend aisément.
Sorcières : oui. Bonne maitrise du vocabulaire. Des plaies vivantes qui agitent une baguette, parce que ça doit être génial, en plus, de leur filer des pouvoirs supplémentaires. Comme si l’option « bavardage » « potin » et « shopping » n’étaient pas assez dangereux.
Débutantes : Bah. Des filles quoi.
Une fois qu’il assimila l’ensemble, il le définit ainsi : Tu dois toucher une greluche par la main et la taille (argh !) et la faire tourner pour qu’elle fasse un malaise à la fin et te tombe gratos dans les bras. Génial pour les hétéros. La plaie pour les gays !
C’est la seule façon pour ces andouilles de perdre leur virginité de façon assez honorable en dehors des liens du mariage. Du coup, ça vous joue les dindons effarouchés au début, avant de faire tomber la robe au premier clin d’œil.
Sebastian, Merlin merci, avait eu la sagesse de se défiler à chaque fois qu’il avait été convié à ce genre d’ineptie. Sauf UNE fois, où il avait servi de chaperon à une de ses demi-sœurs. Et là, ça avait été la cata. Mais bon. Inutile de parler du traumatisme de se faire poursuivre par un troupeau de Barbie quand on est gay. Merci.


Ouai. Non. Quand même pas. C’plus viril quand même.

Il avait pris un air grincheux. C’est vrai quoi. Quand même. Oui il insiste. Mais au moins, les mecs ne gloussent pas toutes les 12 secondes quand quelqu'un leur plait. Non, ils ne trainent pas en troupeaux pour raconter un monceau de trucs chiants. Non, ils n'ont pas besoin de danser et de présenter un prétendant à leurs parents ni parler mariage avant de concevoir que, peut-être, on pourrait s'embrasser.

Et on y perd rarement sa… sa… sa casquette.

Oui bon il allait pas balancer le mot « virginité » comme ça.
Sebastian étouffa un rire quand Clarence parla de la taille des pénis. Donc monsieur était un habitué ? Ah mais voilà qui devenait soudain intéressant. Il se redressa imperceptiblement, son regard bleu se mettant à pétiller joyeusement dans l’espoir d’avoir reconnu quelqu’un de son cercle. Ah ah ! Voilà qui était tout à fait intéressant.


à vrai dire, on m’a appris que dans l’idéal grec, le pénis se doit d’être petit.
Quand on voit certaines statues de divinités, faut pas être étonné. Et les romains ont repris l’idée à leur compte.
Maintenant…


Pensif, Sebastian se gratta l’arête du nez avec sa baguette, et déclencha une série d’étincelles.

ah ! C’est ça de rêvasser avec une baguette contenant la langue d’un Runespoor. Tssss. Sois sage un peu ! Bref.
Les Grecs s’intéressaient au Beau. Femmes, hommes, peu leur importaient, tant que l’homme plus âgé dominait. Comme quoi on a guère évolué depuis.


Il roula des yeux. Les histoires sur la sexualité des grecs – et les blagues qui en découlaient – l’agaçaient prodigieusement. Associer des concepts modernes sur la sexualité à d’antiques civilisations était bête et prétentieux.

Alors. Nos amis les sportifs que font-ils ?
D’abord oui. L’alimentation. « saine et équilibrée » même si je dois bien avouer des lacunes sur le sujet. Il y a aussi les temps d’exercices et de repos qui sont analysés pour être optimaux.
Ensuite les entrainements à proprement parler. Avant les Moldus avaient tous le même entrainement. Aujourd’hui, tout est à la personnalisation et à l’individualisation. Certains seront invités à manger de la laitue et faire des pompes quand d’autres mangeront des pâtes tout en portant des poids. Tout ça pour le même sport.
Et puis il y a des recherches sur l’optimisation justement. Et sur l’anatomie. Quel muscle fait quoi. Comment on peut le stimuler, etc.


Sebastian regarda Clarence avec un sourire en coin. Visiblement, son élève trouvait ça tout à fait naturel de tricher. C’était une façon de voir. Et, à vrai dire, en sports, il y avait effectivement un intérêt tout particulier pour admirer les techniques déloyales de chacun.

Il y a le « dopage ». Des produits, interdits et bien souvent dangereux pour la santé. Un peu comme une drogue vous voyez ?! Mais là, il faudrait interroger un spécialiste là-dessus.
Encore que… étant à moitié allemand je peux en parler. Nous avions des nageuses, à l’Est, qui étaient taillées comme des mecs. J’vous jure, de dos, j’aurais pu leur pincer les fesses.

Et Sebastian se pinça les lèvres et se maudit intérieurement de sa déclaration maladroite. Un jour, il apprendrait à fermer sa gueule. Un jour, il apprendrait le tac et la subtilité. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui c’était Blitzkrieg.

Donc la salle de sport oui.

Oui. Changement de sujet. Seb se détourna même, un brin honteux (en fait, il avait envie d’aller se morfondre dans son lit, de se rouler en boule sous la couette et d’attendre deux mois que l’année se termine).

Disons que c’est là où on peut s’entrainer.

Sebastian roulait des yeux, marmonnait des choses. Avant de poser la question :

Une sortie pédagogique en terrain moldu pour la classe. Ça serait possible vous croyez ?
Genre : vis ma vie de Moldu. Une journée dans la peau d’un étudiant. Cours le matin, découverte de la gastronomie moldue. Voyage en transport moldu et visite de lieux en lien avec nos leçons. Stade, salles de sport et autres ?
Hummm… Encore que vu la tête de poule devant une fourchette de vos camarades devant un vélo, non. On va éviter. Sinon le ministère va m’envoyer ses oubliators, non pour corriger les fautes mais pour me faire oublier que je suis sorcier. Merci bien.
Voilà ce qu’on va faire. Prochain cours, je vais venir une salle de sport. Je ferai passer une note à vos camarades pour avoir une tenue adéquate. Tout le monde pourra essayer.
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Message Sujet: Re: In Sebastiani Veritas   In Sebastiani Veritas Icon_minitimeMar 8 Mar - 0:18

Clarence ignorait tout de la vision somme toute caricaturale et outrancière que le professeur Keller se faisait de la gente féminine ; aurait-il su, qu'aurait-il fait ? Probablement rien : il se sentait bien trop incertain et bien trop inexpérimenté pour émettre le moindre jugement à l'égard des femmes, en positif comme en négatif ; aussi loin qu'il s'en souvînt, Clarence n'avait jamais été que lui-même, un garçon, et donc la chose qu'il connaissait le mieux, c'était les garçons, qu'il voyait à travers le prisme personnel, intime et narcissique. Il ne pouvait se projeter dans le corps d'une femme, en tout cas intellectuellement, qu'à l'aune de lectures qu'il abhorrait d'ordinaire : la presse féminine sorcière, à l'instar des magazines comme le Courrier de Viviane ou encore Balais et Chaudrons, ne comptait pas parmi ses lectures régulières ; aussi aurait-il été pour lui fort difficile de questionner l'existence même de l'autre sexe au rebours de son propre genre, et si finalement la féminité ne lui était connue qu'à travers la pratique assidue de la grammaire anglaise, qui distingue le masculin et le féminin, il n'est pas sot d'affirmer que Clarence jetait sur ses camarades femelles un regard biaisé par l'impératif d'ignorance : les filles demeuraient pour lui d'intolérables mystères qu'il ne se savait pas en mesure de résoudre et pour cause, il faut avoir croqué la pomme pour en connaître le goût ; et pour ceux qui s'interrogeraient sur l'éventuelle promotion du cannibalisme que votre dévoué serviteur ferait, relisez mieux ces quelques phrases, saisissez le sens des métaphores et comparaisons, enfin revenez à votre lecture le cœur léger et l'esprit libéré de ces suspicions farfelues !

Ainsi donc Clarence écoutait toujours son professeur avec grande attention ; il ne savait pas faire autrement et de plus, l'extrême habileté de Sebastian Keller donnait à chacun de ses mots un parfum si doux qu'il était difficile d'en détourner l'oreille ; notez que je n'ai jamais rencontré d'individus capables de mouvoir ses oreilles à la manière d'un périscope, mais je ne désespère pas, le monde est si vaste, et l'humanité si diverse... Toutefois, il ne comprit point la référence à la casquette. Il voyait très bien ce qu'était ce couvre-chef, mais peut-être... peut-être que chez les Moldus, les casquettes servent un objectif bien supérieur à celui de protéger le regard des rayons trop lumineux du soleil ? Clarence enquêterait. Il hocha la tête avec fermeté, préférant de la sorte afficher sa parfaite connaissance du sujet, et ainsi s'épargner de passer, aux yeux d'un professeur qu'il appréciait, pour un complet demeuré. La conversation s'attaqua, ensuite, à l'idéal pénien chez les Grecs et les Romains de l'Antiquité. Il se produisit alors quelque chose d'étonnant, deux choses en vérité, et je ne sais ce qui le fut le plus aux yeux de Clarence : que son professeur se curât le nez à l'aide de sa baguette, ou qu'il en jaillît des étincelles au même moment !

Laissons à l'avenir le soin d'en décider et revenons à nos affaires ; le professeur Keller distingua alors la question de la domination de l'Ancien sur le Nouveau, du Vieux sur le Jeune, et Clarence, qui n'était pas familier de l'histoire de l'Antiquité Moldue, pas plus que de la sociologie des peuples antiques, se sentit pris en défaut, incapable de participer plus activement à la conversation, confiné dans le seul rôle du spectateur, de l'auditeur, ce qui au reste lui rappela l'élève docile et douceâtre qu'il fût en première et deuxième année. Par chance pour lui, toutefois, Sebastian n'alla pas plus loin qu'une simple remarque, et pour observer le précepte antique, Clarence, docile et dominé – riez, riez – se contenta de se taire et de suivre les mouvements inclinés par son aîné, quoiqu'il le dominât par la taille.

En se gardant de dire un seul mot, Clarence découvrit donc les secrets moldus qui font les bons sportifs. Il se promit d'en parler avec Christopher, dont il connaissait la passion pour le Quidditch, et donc le sport. Il découvrit donc qu'il n'avait pas tout à fait tort en pressentant que les Moldus, comme les Sorciers, étaient capables de tricher pour réussir, et avaient donc développer des techniques en ce sens, y compris dans le domaine de la pratique sportive. Sebastian évoqua d'ailleurs les effets du dopages sur les nageuses de son pays et là où le professeur crut faire ce qu'on appelle communément une gaffe, Clarence y entendit une allusion au folklore germanique.

Il associerait désormais le pincage des fesses à une coutume allemande et si par malheur il venait à visiter ce beau pays, son professeur serait rétrospectivement responsable de la mauvaise conduite qu'adopterait le pauvre Macmillan !  Sans aller jusque-là, Clarence se contenta de regarder en l'air, de froncer les sourcils et d'entrouvrir la bouche à la manière de celui qui ne comprend pas tout à fait le sens immédiat d'une phrase ; en vérité, même si, en la matière, et je parle bien sûr en matière de drague et de sexe, de sensualité et de volupté, Clarence pouvait se montrer aussi obtus qu'une taupe neurasthénique, cette fois, l'objet de leur conversation et le sérieux du jeune homme aidant, cette fois donc il fit mouche et comprit ce qu'il n'aurait peut-être pas dû comprendre.

Bizarrement, dans son émoi, Sebastian usa de la meilleure tactique pour divertir la conversation et l'orienter loin du faux malentendu : en faisant de Clarence un potentiel décideur en matière d'orientation pédagogique des cours d’Études des Moldus, il décomposait le schéma classique qui avait fait la rigueur intellectuelle des constructions psychologiques du jeune homme. En d'autres termes, Sebastian Keller aurait pu, d'une phrase, détruire le monde tel que Clarence se le concevait, si ce dernier n'avait, par chance, pas eu les tripes nécessaires ; et tout surpris qu'il fût, il n'en répondit pas moins avec vigueur : « Oui, je pense aussi qu'une sortie scolaire en territoire moldu, c'est une mauvaise idée... » C'était bien sûr le préfet en lui qui parlait, mais le sorcier Serdaigle avide de savoirs et d'expérimentations aurait tenu un tout autre discours.

« Transformer la salle de classe en salle de sport me paraît plus... sécuritaire, oui, si vous voulez mon avis... » Ce qui l'étonnait un peu. Ce professeur n'était décidément semblable à aucun autre, et voilà qu'il faisait trembler en Clarence des certitudes, des habitudes établies depuis plusieurs années ! « Mais vous êtes sûr que c'est faisable ? Les machines... elles me font un peu peur, je dois dire. Même pour la tenue, on risque d'avoir des problèmes, vu que tout le monde n'a pas le nécessaire sportif du moldu... moi, par exemple, je n'ai qu'un tout petit short, pour ce qui se rapproche le plus de l'accoutrement  obligatoire. » Clarence rangea les livres qu'il tenait encore entre ses bras dans son sac. Il continuait à parler, toutefois, impossible à stopper, comme à chaque fois qu'il se lançait dans de longues diatribes d'explications. « On pourrait faire un cours commun avec le professeur de vol ? »

Et là il se souvint qu'il n'appréciait pas particulièrement la pratique du balai sorcier. Il se reprit aussitôt et piqua un fard, pour tailler en pièces un projet qu'il aurait pu pourtant soutenir... « Enfin, vu l'avancement de l'année et ce qui est arrivé... » Il faisait naturellement référence aux sombres événements de ces derniers temps. « … je doute qu'on puisse se voir permis d'expérimenter ainsi, même pour le bénéfice de l'étude... ce qui est dommage ! Enfin, moi, ça ne me gênerait pas d'étudier ça de plus près, même tout seul dans une salle de sport, mais bon... pour toute la classe, cela me semble hélas compromis... » Quelle douce comédie jouait-il, n'est-ce pas ?
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Message Sujet: Re: In Sebastiani Veritas   In Sebastiani Veritas Icon_minitimeMar 8 Mar - 17:34

Oui, oui. Une mauvaise idée.

Sebastian opina du chef d’un air songeur et commença à faire les cents pas dans la classe, essayant de ne pas reluquer, au passage, Clarence sous toutes les coutures.

Trop compliqué. Trop d’autorisations. Et puis survivre en terrain Moldu dans une armée d’oubliators, ça me parait peut envisageable.

Il entendit les « bons » conseils de Clarence. Enfin ceux de la sagesse et du bon sens. Mais ça lui faisait quand même mal de l’avouer.

Les machines vous font peur ? Outch !

De surprise, Sebastian qui continuait sa marche à travers la classe s’était fracassé le genou sur une chaise. Il s’assit sur une autre en se massant le genou, des larmes perlant aux coins des yeux sous le coup de la douleur.

Ah ! La vache ça fait mal !

Il se racla la gorge dans un mouvement plein de courage. Même s’il avait soudain la furieuse envie de voir sa mère.

Mais faut pas avoir peur. Bon, d’accord. Les Moldus sont doués pour inventer des trucs improbables. Imaginez, pour le cours de la semaine prochaine, je fais venir un navire qui sera sur le lac. Et un avion. Et un hélicoptère. Bon, ils ne décolleront pas parce que le Ministère a refusé qu’un Moldu mette les pieds à Poudlard pour ça. Sans parler du fait qu’on ne sait pas s’ils le pourraient puisque l’école est incartable. Enfin ce sont des détails techniques.

Bref. Un cours ici est bien plus adapté. Voyons, voyons.

Et Sebastian, à haute voix, lista les objets nécessaires. Tapis de course. Vélo d’appartement. Rameur. Haltères et poids. La liste semblait interminable. Dans le même temps, son épais cahier, qui servait de pense bête à Seb, s’ouvrit et une plume commença à griffonner toute seule sur le bureau.

Tutututut ! On note. On n’invente pas.

Le haut de la plume s’abaissa de dépit et continua à gratter le papier, avec beaucoup moins d’enthousiasme.

Une plume à papote. Interdit aux élèves, je préfère vous prévenir. En plus, elles ont tendance à s’emballer.

La plume à papote de Sebastian avait commencé à dessiner des terrains de foot, des cupidons, des maillots, et le flocage de Chris si on la laissait faire. Ça aurait été légèrement gênant – et le légèrement est un euphémisme évidemment.  
Sebastian s’interdit de penser à Clarence en mini short. Et à Chris au passage. Et aussi à … Hého ! ça devrait être interdit aux élèves d’être beaux. Et sexy. Et… Ils faisaient chier. Vraiment. Bref. Bref. Papote s’agita avec fougue et Seb se précipita pour l’arrêter et récupérer son cahier, tournant brusquement la page en voyant ce qu’elle avait griffonné. Plus mal à l’aise tu meurs.


Bon. On va bien trouver un lot de tshirts et de shorts pour les élèves. Ça doit pas être bien sorcier, si ?
Et oui ! Fabuleux. Ezra pourrait nous aider à organiser tout ça. Enfin j’crois. Faut que je lui en parle.


Les yeux de Sebastian se posèrent sur Clarence, soudain troublé.

Quoi ? Comment ça ? Ce qui est arrivé ? Je ne saisis pas.

Arrivant d’Allemagne, il ignorait tout de l’attaque récente. Et comme il ne lisait aucun journal, les trouvant défaitistes, déprimants et d’un parti pris ignorant et crasse, il préférait que les gens l’informent directement. C’était bien plus simple. Du coup, il s’imagina un drame au sein de l’école et se sentit légèrement contrarié qu’aucun collègue n’ait pris soin de lui mentionné un incident.
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Message Sujet: Re: In Sebastiani Veritas   In Sebastiani Veritas Icon_minitimeMar 8 Mar - 23:57

Était-ce seulement possible ? Sebastian ignorait-il donc les derniers et sombres événements du marché nocturne de Pré-au-Lard, quand au soir du 1er avril, un groupe de Mangemorts envahit les lieux pour attaquer les sorciers présents ? La terreur semée dans le village et l'effroi causé par ce coup de force défrayaient encore aujourd'hui la chronique et donnaient du relief et de la houle à maintes conversations dans les murs du château. Le professeur avait sûrement entendu parler de l'événement sinistre, qui faisait écho à l'agression d'une élève lors de l'annuelle soirée d'Halloween... Clarence, un poil sceptique, mais quelque peu attendri par les douces faiblesses de cet homme qu'il avait peut-être injustement associé à l'image séculaire qu'il se faisait du professeur.

Ces voluptueuses incomplétudes creusaient entre eux l'esquisse d'une proximité qui n'était pas déplaisante. « Mais oui, ce qui est arrivé à Pré-au-Lard, lors du marché nocturne... n'en avez-vous pas entendu parler ?  » Pour être tout à fait honnête, Clarence se souciait fort peu tout à la fois du niveau de renseignements dont disposait le professeur Keller, ni même de l'informer dans le détail et par le menu. Il était davantage soucieux de l'état de son genou, qu'il venait de blesser légèrement – eh, oui, il faut bien l'admettre, Clarence a parfois le tempérament du Saint-Bernard, sans en avoir la masse et les poils, bien sûr, les comparaisons ont leurs limites !

Il se rapprocha de l'enseignant, posa son sac sur une table et poursuivit, indifférent : « Les Mangemorts... n'ont pas fait dans la dentelle, donc depuis les exigences de sécurité sont... augmentées et nous autres, préfets, avons été mis au rencard des dernières nécessités en la matière... autant dire que rien n'a véritablement changé, sinon qu'il faut se montrer plus vigilant que jamais pour éviter qu'une agression ne se reproduise comme lors de la soirée d'Halloween. » Clarence ne pensait déjà plus à ce volet-là de leur conversation ; Sebastian s'entêtait à vouloir impliquer le professeur de vol, et déjà le jeune Macmillan se blâmait d'avoir été à l'origine de la suggestion. Quelle sottise insensée ! Que n'avait-il mordu sa langue et cracher là le sang de sa bouche, plutôt que de céder au zèle de ses petites idées stupides de parfait bon élève ! Il fit la moue.

Se résoudrait-il à laisser s'accomplir l'horreur absolue sans combattre, considérant la responsabilité qu'il tiendrait ? Mais que pouvait-il faire ? Ô drame, ô cruauté sans nom ! Il eut soudain une idée des plus farfelues. S'il pouvait faire diversion... peut-être que l'idée mourrait comme elle avait vu le jour ? « Monsieur, vous êtes sûr que ça va ? » La voix de Clarence s'était faite soudain comme inquiète, comme légèrement alerte, comme si quelque parfum dans l'air avait semé en lui troubles et soucis.

Observateur avisé et insistant, Clarence laissait ses yeux traîner partout, et bien sûr il avait remarqué, une fois de plus, un détail particulier concernant son professeur, ou deux, ou trois, et notamment quelque humidité suspecte au coin des yeux de Sebastian. « Vous avez salement cogné la chaise... vous avez peut-être un hématome au genou... vous ne voulez pas vérifier ? » Non que ce fût urgent ou proprement alarmant... il existait une dizaine de sortilèges pour effacer jusqu'au souvenir physique d'un hématome, et probablement tout autant d'onguents ou de potions pour pallier à l'inefficacité de la magie traditionnelle ; mais Clarence, plus entêté qu'un mulet parfois, suivrait son idée avec obstination et opiniâtreté.

Il ajouta, sincère : « Je me sens un peu responsable... c'est de ma faute, je vous occupe avec toutes mes questions sur les sportifs et les appareillages moldus... » Une chose est certaine, chers lecteurs, si le jeune Macmillan ne réussit guère, comme sorcier, il pourra toujours se reconvertir comme acteur à la petite semaine, intégrer une troupe de théâtre ou la bande d'un tournage pour la télévision ou le cinéma, et espérer ainsi faire la carrière qu'il mérite ! Car il faut bien avouer qu'il y mettait du cœur, et de la franchise, et que ses propos passaient sans doute pour crédibles.

« Vous me laissez regarder ? » dit-il en faisant mine de s'agenouiller près du professeur Keller. « Je ne serais pas devenu préfet si je ne connaissais pas quelques sorts de soin pour ce genre d'incidents... » Et pour cause ! Les premières années étaient si maladroits. Il n'y avait pas une semaine sans qu'un ou deux d'entre eux ne vinssent à lui pour de quelque blessure ou contusion minime. Et qui donc assurait le service d'infirmier pour petit garçon ou petite fille en détresse, hein ?

C'était le brave Clarence, que ses camarades n'hésitaient d'ailleurs pas à chambrer proprement, certain allant même jusqu'à le présenter comme Saint Clarence, patron des petits problèmes à résoudre ; en plaisantant un jour, il s'était promis de rédiger le Manuel pratique du parfait préfet ; d'aucuns l'avaient pris au mot et pressé d'écrire l'ouvrage, si bien qu'il avait dû s'y résoudre, et qu'il y consacrait une part de son temps libre.

Selon ce qu'aurait décidé son professeur, ce serait à genoux ou toujours debout que poursuivrait ainsi Clarence, appliqué ou penaud, consciencieux ou timide : « Vous savez, si vous proposez au professeur Scodelario un cours commun, il faudra que je me prépare doublement... j'ai beaucoup d'admiration pour les sorciers habiles sur un balai, mais on ne peut pas dire que je sois de ceux-là... » Sa voix s'évanouit comme la fumée d'un cigarette se dissipe en gagnant les cieux.

Il poursuivit néanmoins du même ton : « Ce n'est pas faute d'avoir essayé... je crois juste manquer d'affinités pour la discipline. Ma condition physique est excellente d'après le professeur, mais bon ! On ne peut pas réussir partout, même quand on est le Serdaigle parfait... » Il se laissa aller à rire. Il était loin d'être parfait, bien loin, mais ne manquait point de l'autodérision nécessaire à ce genre de remarques légères.
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Message Sujet: Re: In Sebastiani Veritas   In Sebastiani Veritas Icon_minitimeMer 9 Mar - 17:07

Sebastian, complètement à l’ouest, écouta Clarence parler. Au fur et à mesure, il se décomposa, pâlissant à chaque détail effroyable. Il se frottait le genou, presque machinalement.

Marché de Pré-Au-Lard. Halloween. Agressions.


En Allemagne, on ne parlait pas de ça du tout. Tout tournait autour de la séparation du pays côté Moldus. Cela faisait des années que ça durait et les conséquences commençaient à se faire sentir même chez les Sorciers. Des familles étaient séparées ou disparaissaient. Les Russes ne semblaient pas apprécier le monde de la magie plus que ça et on voyait des gens arriver de l’Est, affamés et malmenés.
Et puis il y avait eu un nouveau Ministre de la Magie aussi. L’Ancien avait tendu la main au Ministre de la Magie Russe et ça s’était mal passé sans qu’on sache en quoi. En tout cas, deux jours après leur entrevue, il était tombé gravement malade et avait agonisé pendant trois mois. Il s’était éteint en février. Il venait d’être enfin remplacé par un Sorcier à poigne, strict mais qui assurait la protection des sorciers, de chaque côté de la séparation allemande.


La sécurité à Poudlard ?

C’est vrai que ce n’était pas la même qu’à son époque. Mais avec toutes ces nouvelles technologies moldues, tous ces horribles évènements… forcément. En plus, lui, il avait eu son diplôme en 1970. L’année d’avant, ça avait été la plus grosse blague du monde sorcier. S’il se souvenait bien, les ASPIC consistaient à faire des potions d’amour, créer des feux d’artifices magiques en forme de chatons et en métamorphose, transformer une arme en fleur. Alors autant dire que prononcer le terme « sécurité » aurait surement provoqué une émeute. Même ici, au Royaume Uni. Les Sorciers eux-mêmes portaient sous leurs robes des pantalons patte d’eph, des chemises à grosses fleurs et même des lunettes rondes de couleur. Bref, les babas cools avaient pris le pouvoir à l’époque.

Hé bé ! Les choses ont bien changé. Et c’est beaucoup plus grave que je ne l’aurais cru.

Il avait dit ça plus pour lui que pour Clarence. Loin de lui de vouloir inquiéter qui que ce soit.

Hein ? Quoi ? Oui ça va ! Enfin…

Enfin non. Son genou le lançait affreusement. Distraitement, il écouta Clarence parler et à force de repenser à son genou, la douleur revenait avec une violence persistante. Il souleva alors sa robe de sorcier. Dessous, il portait des tongs et un short hawaïen du meilleur effet, qui lui arrivait juste au-dessus du genou.
effectivement, il commençait déjà à prendre la forme d’un œuf d’autruche – il avait un léger sens de l’exagération roumain ! – et il avait une coupure nette.


OOooooHhhh. J’ai horreur du sang ! C'est dégoutant ! Ne me laissez pas me vider de mon sang hein ! 

Bon, c’était exagéré. Même si dans sa voix on sentait la note sincère d'une panique profonde. Il n’avait aucun problème à manipuler du sang. A condition qu’il soit déjà en fiole. Que quand c’était sur une personne, il trouvait ça absolument affreux, répugnant et à la limite du traumatisant.

Regardez ! Oui, oui, vous avez raison. Faites, faites ! Montrez moi vos talents de préfet.

Sebastian posa sa jambe sur la table et détourna la tête vers le plafond en s’imposant des exercices de respiration. C’était affreux. Maintenant il sentait le liquide couler sur lui. Il allait surement en faire des cauchemars.

Vous connaissez des sortilèges de Contre-Hémorragie ? Ou celui de Retour au Corps ?

Oui, toujours dans l’exagération. Il saignait à peine mais il se voyait déjà se vider de son sang.

Sinon dans mon sac sur le bureau, il y a une petite trousse à secours. Attention, c’est haïtien donc vaudou. La boite à très mauvais caractère et il faut être ferme dans les ordres. Et il y a même des pansements avec des petits kelpy dessinés dessus. 

Sebastian ferma les yeux, s’en remettant aux bons soins de Clarence, acceptant enfin de se taire même si le stress le faisait un peu trop parler.
Il se concentra sur ce que l’élève lui disait pour s’empêcher de tomber dans les pommes ou de vomir. Voire les deux. Non. Il serait brave et courageux jusqu’au bout de l’épreuve. Absolument.


Je… Mais… non !

Seb se redressa à moitié, regardant l’élève avec une surprise non feinte.

Ah mais non. Ne vous inquiétez pas. Nous étudierons uniquement les sports moldus. Et aucun n’a pour base le balai volant. Il ferait beau voir un Moldu sur un balai.

Il parvint même à rire à cette idée. Il voyait déjà le ministère britannique complètement affolé, paniqué, hurlant dans les couloirs en lançant des papiers en apprenant que les Moldus utilisaient un artéfact magique. Les anglais pouvaient perdre leur calme pour des broutilles parfois. La seule façon de les calmer, on les savait, était de leur coller une tasse de thé et un sandwich au concombre sous le nez.

Mais Ezra sera surement curieux d’apprendre aussi et d’aider.

Un Serdaigle parfait. Sebastian tiqua légèrement, offrant un sourire en coin. P’tit con prétentieux. C’était trop mignon. On aurait dit lui dix ans plus tôt. Et en plus il était drôlement bien foutu. Est-ce qu’il le savait au moins ? Non. Il n’en avait pas l’air. Trop sage, trop Serdaigle et un côté tête d’Ampoule.
Finalement, il se mit à rire de bon cœur, main sur la poitrine et air choqué théâtral.


Comment ? Le jeune MacMillan, ce brillantissime Serdaigle, a une faille ? Comment diable est-ce possible ?
Allons, allons ? Quel est donc le problème ? Sens de l’équilibre ? Vertige ? Ou bien manque flagrant de pratique ? Dans tous les cas, ça se guérit très bien. Encore que selon la carrière que vous envisagez, ma foi, ça ne sera guère utile.


Lui-même ne volait que par pur plaisir. Il transplanait en règle générale pour les distances les plus courtes ou connues, sinon la poudre de cheminette était tout à fait adaptée. Et puis lui n’avait pas peur d’utiliser les transports moldus.
Cherchant à détourner sa propre attention de sa gravissime blessure de guerre, il interrogea son élève :


Et comment s’annoncent ces ASPIC ? Vous visez combien d’Optimal en tout ?
Et dites moi, chez les Serdaigles, y a-t-il un élève apte à décrocher un Troll ? Il y en a eu deux dans ma promotion. Un vrai drame. On les a méchamment bizuté ensuite.
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Message Sujet: Re: In Sebastiani Veritas   In Sebastiani Veritas Icon_minitimeMer 9 Mar - 21:41

Le brave sorcier souleva sa robe. Arrêtons nous un instant sur l'inanité d'une réplique à la fois burlesque et ridicule ; le choix des mots s'impose à nous, et le sens évocatoire de chacun d'eux fait-il penser à autre chose qu'une scène absconse autant qu'inélégantes. Je ne sais qui décida pour les sorciers, un beau jour, qu'un robe leur conviendrait mieux qu'une paire de pantalons, mais ce parfait imbécile se fit la cause de nombreux maux ! Encore que, dans la salle de classe, on fût bien loin d'un champ de bataille, où le confort et l'agilité du vêtement sont essentiels à la conduite des opérations ; par chance donc, Clarence put tout à loisir observer les chaussures étranges et le short de son professeur. Il m'est difficile de vous dire, lecteurs enflammés, ce qui suscita le plus de surprise chez un jeune Macmillan peu habitué à ce genre d'accoutrements. Il avait déjà vu des shorts, mais des tongs ? C'était une grande première. Cela ne ressemblait à aucune des chaussures qu'il connaissait ; mais l'urgence était ailleurs, loin des questions de style et d'habitude vestimentaire !

Sebastian était blessé, Sebastian était souffrant ! Clarence ne s'alarma guère... en dépit de la réaction inattendue et spontanée du professeur Keller. Qu'était-ce donc que ce tohu-bohu ? Il disait avoir horreur du sang et émit une supplique des plus... inattendues. Certes, l'adulte n'allait pas se vider de son sang du fait de sa blessure, mais ça, il ne fallait pas être grand clerc pour le savoir et pour le deviner. S'il exagérait tant, c'était donc moins le fruit d'une anticipation que le résultat d'une trop grande sensibilité. Était-il donc un homme douillet ? Il accepta de s'en remettre aux bons soins de Clarence et ce dernier ne fut pas peu fier de pouvoir faire la démonstration de ses capacités... « de préfet ». Pour être tout à fait honnête, ce qu'il s'apprêtait à faire était à la portée du premier venu. Clarence d'ailleurs n'aurait qu'un seul mérite, celui de la mémoire, puisqu'il avait appris ces sortilèges par le passé et que leur mise en œuvre n'était point malaisée.

Clarence hocha la tête. « Je connais les sortilèges nécessaires, ne vous inquiétez pas ! Je vous ai bien en main. » Et ce disant, il s'appliqua à faire ce qu'il savait faire de mieux, impressionner les professeurs, en l'occurrence en donnant à voir sa parfaite maîtrise des sorts de soins élémentaires, ces mêmes-soins qui eurent tôt fait de redonner au genou de Sebastian son allure et sa santé d'antan. Une torsion du poignet, un mouvement leste de la main, une formule incantée adroitement, quelques mots de latin de plus et voilà le jeune Macmillan au sommet de son art, concentré comme jamais, l’œil fixé sur la jambe de Sebastian, et la baguette assurée dans sa main.

Il se laissa néanmoins aller et sourit : « Vous n'êtes pas sur le point de mourir, professeur Keller... soyez tranquille, je m'occupe de vous... ne bougez pas. » Sebastian suggéra l'usage du contenu d'une petite trousse de secours, que son élève trouverait dans son sac sur le bureau. Clarence n'était pas très à l'aise à l'idée de fouiller dans le sac de son professeur, même si ce dernier venait de lui donner l'autorisation tacite d'en brasser le contenu. Ni voleur, ni fouineur, le jeune Macmillan préférait s'en tenir à sa connaissance des sorts curatifs basiques, qui seraient pleinement suffisants pour venir à bout de l'entaille et de l'hématome de Sebastian.

Puis, la conversation suivit son cours – comme une rivière dont Clarence aurait défini les deux rives – et le blessé reprit en quelque sorte l'initiative de la discussion. Mais dès lors que le jeune homme était assuré qu'il n'aurait pas à monter sur un balai en dehors des cours de vol auprès du professeur Scodelario... la pression semblait levée de ses épaules, et déjà les petites ailettes de la liberté avaient retrouvé leur place aux côtés de ses chevilles. Il se sentait plus léger, et voilà qu'il faisait apparaître un bandage autour du genou de  Sebastian. Il s'appliqua à le nouer lui-même, à mains nues. « Eh, que voulez-vous... je ne peux pas être un Monsieur Je-Sais-Tout à temps plein... en fait, il y a des tas de choses que j'ignore, et par exemple, me tenir bien sur un balai... on dit que c'est comme la baguette, qu'il faut un lien spécial... une sorte de loyauté réciproque... je n'ai jamais su développer ça... je n'ai pas le vertige, j'aime bien grimper dans les hauteurs... »

Il se souvenait fort bien de certaines escapades dans le parc, à grimper dans les arbres pour aller observer le ciel. Clarence s'était lui-même agenouillé devant Sebastian, donc, et relevait vers lui des yeux dont la surface paraissait se partager entre les feux de la malice et les éclairs du sérieux. Il ne voulait pas échouer à bien saisir le genou de Sebastian dans les bandages. « Mais ce n'est pas ma seule... « faille », vous savez... » Un court instant, un noir nuage assombrit son visage, tandis qu'il songeait aux drames familiaux qu'il vivait à rebours du temps qui passe. Très vite il se reprit et trouva dans ce qu'il crut être une plaisanterie un secours à la violente bourrasque du chagrin qu'il sentait poindre à son front.

« Les autres se moquent de moi parce que je suis l'élève modèle, et c'est vrai, je suis toujours poli et toujours très obéissant. Mais ce qui fait de moi un Serdaigle, c'est moins les facilités que j'ai pour apprendre que le goût que j'ai pour les travaux de l'esprit, non ? On est toujours le médiocre de quelqu'un... Oh, désolé, je crois que j'ai serré trop fort, non ? » Il fit mine de rougir,  mais ajouta aussitôt : « Voyez, je suis maladroit, moi aussi ! » Soyons honnête ! Il s'amusait un peu, le brave Clarence, et une fois n'est pas coutume, il en profitait ; ce n'était pas tous les jours qu'il avait l'occasion d'ironiser sur ce rôle qu'il s'était construit au fil du temps à Poudlard et qui l'avait conduit jusqu'à devenir préfet. Il ne se prenait guère au sérieux.

« Et puis, il m'arrive parfois de perdre mon sérieux... Benedict m'entraîne souvent dans des histoires... abracadabrantesques, oui... enfin je ne peux pas tout vous dire, vous auriez sans doute meilleure opinion de moi, en dépit de l'obligation que vous auriez de me punir... encore que la plupart des faits soient prescrits. » Il étira un peu plus le bandage au-dessus du genou de Sebastian, sa main traînant le tissu un peu plus haut sur la cuisse.

« Mais mes ASPIC s'annoncent bien. Je ne ferai pas de pronostics, même si bien sûr j'espère les meilleures notes partout... j'ai travaillé dur après tout ! Et c'est le cas de tout le monde, je crois, chez les Serdaigle... quand on bosse en groupe, j'aide mes camarades, et je fais attention à ce que personne ne soit mis sur le côté. » Ah, la la ! Le parfait boy-scout. Allons ternir un peu l'éclat de cet autoportrait. « Mais plus je parle et plus je me dis que vous devez me prendre pour Saint Clarence de Parfait-Ville... non, soyons honnête, pas plus tard que mardi, j'ai raté un sortilège en cours et le professeur Avery a été... euh, très critique. Essentiellement parce que j'ai couvert accidentellement les cheveux d'une camarade de mélasse concentrée, alors que je devais faire apparaître un filet d'eau claire... Je peux vous confier un secret ? Ce n'était pas tout à fait un accident... »
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Message Sujet: Re: In Sebastiani Veritas   In Sebastiani Veritas Icon_minitimeJeu 10 Mar - 19:32

Sebastian se montra d’un héroïsme rare ! Vraiment. Il souffrit en silence, se contentant de grimaces, de « ouille » et « aïe » quand ça piquait. Un vrai surhomme.
Bon, non, d’accord, il était horriblement douillet. C’était un vrai drame, surtout quand on avait fait le tour du monde et vécu parmi les sorciers, comme parmi les Moldus, pendant dix ans, en baroudeur. Mais voilà, une pauvre petite écharde ou une simple coupure avaient raison de lui, de ses nerfs et de son calme.
Au moins, quand il se cassait quelque chose, il gueulait un bon coup et ensuite, trouvait l’hôpital le plus proche, de préférence sorcier. Sauf bien sûr quand on se trouvait à des centaines de kilomètres de toute agglomération regroupant assez de sorciers pour fonder un hôpital évidemment.


Je vous laisse faire.

Le nez toujours au plafond, il préféra avouer sa faiblesse. Histoire qu’il ne se paye pas complètement la honte.


Je suis désolé. Je déteste le sang. Enfin MON sang.  
Heureusement qu’on n’avait pas besoin de ça pour être préfet à mon époque. Ou chef.
C’est ridicule je sais bien. J’ai fait du quidditch, des sports Moldus comme le rugby mais voilà. Une goutte de sang et je suis prêt à tomber dans les pommes.
Oui, si vous vous posez la question, c’est assez gênant dans la vie quotidienne.


Sebastian laissa faire Clarence, coulant quand même de temps à autre un vague coup d’œil. Bon. Effectivement, il avait l’air de savoir ce qu’il faisait. Encore heureux. Ça aurait été stupide de finir à l’infirmerie ou pire, à Ste Mangouste, juste pour une coupure au genou. Bon, en même temps, il avait quand même bien mal et l’œuf qui lui servait de rotule en était la preuve.

En entendant parler Clarence, il se redressa brusquement, retirant involontairement sa jambe, qu’il reposa sagement sur la table.

Par la barbe de Dumbledore – et on sait combien elle est généreuse – vous êtes comme O’Carley ou quoi ? Toujours le nez dans les livres, à apprendre, apprendre et apprendre.
Oh ! Je ne vais pas critiquer. J’ai été à Serdaigle. Je ne comprends que trop bien. Mais un bon apprentissage passe par la pratique. Encore et toujours. Sans arrêt. Vous avez raté un sortilège ? Je suis désolé de vous apprendre que ce ne sera pas le dernier. Le principal est de persévérer.
C’est pareil pour le balai. Et non, ça n’a rien à voir avec les baguettes enfin !


Enfin de son avis personnel. Les baguettes étaient presque des entités vivantes. La sienne, il l’avait eu en Haïti, après un accident très fâcheux pour la précédente. Ça lui avait quasiment brisé le cœur. Bon, dans les faits, il avait eu le cœur brisé en réalité. En tout cas, la baguette était quelque chose de sacré pour un sorcier. Le prolongement de sa main. Qu’un balai était prêtable, interchangeable et remplaçable à volonté. Il n’avait aucun souci avec ça.

Vous avez déjà pensé à faire ajusté le sortilège de coussinage ? En général, il est installé de façon normée. Aux 2/3 du balai si je ne me trompe. Mais peut être que vous seriez plus à l’aise, vu votre taille, s’il était déplacé à la base du balai. Ça change la gravité mais ça pourrait vous permettre de vous sentir plus à l’aise.
Vous avez votre permis de transplanage à défaut ?


Oui, le Transplanage était LA solution selon Sebastian. Quand il avait passé son permis, il n’arrêtait plus de s’amuser. Jusqu’à un désartibulage, évidemment. Pour le coup, il avait vu beauuuucoup de sang et il était tombé dans les pommes à chaque fois qu’il avait repris connaissance, jusqu’à ce qu’ils lui remettent en place son pied et un bout de fesse. Après ça, il s’était montré étonnamment beaucoup plus sage et raisonnable. D’autant plus que sa chère maman, friande de Molduseries, avait acheté un polaroïd et trouvait hilarant de lui remémorer cette affreuse mésaventure.  


Et puis vous pouvez m’en raconter. Je doute que vous fassiez plus humiliant que moi, pris en flag par la concierge de l’époque, avec mon ami de l’époque – et là, Sebastian se félicita du fait qu’ami, au féminin comme au masculin, se disait strictement de la même chose – dans la salle de bain des préfets, à faire des bulles avec le savon tout en… bon, j’vais pas vous faire un schéma, mais la concierge nous a renvoyé au dortoir dans notre tenue, accompagnés seulement des bulles qui éclataient à chaque pas. A la moitié du chemin, on était entièrement nus. Et ça, c’est la version light et je vous passe sur les punitions.
Ah ! La 4è année. C’était le bon temps.

Sebastian poussa un soupir rêveur.

Vous croyez que les profs ont encore accès à la salle de bain des préfets ? J’y ferais bien un pèlerinage.

Il eut un sourire coquin, et décrocha, comme à chaque fois qu’il était d’humeur folâtre, un clin d’œil à Clarence.

Et puis je ne peux pas punir pour quelque chose que je n’ai pas vu de mes yeux voyons.

Et de son aveu propre, mais qu’il se garderait bien de dire à un élève, c’est qu’il ne croyait absolument pas aux punitions. C’était trop ridicule pour lui. Il fallait laisser les élèves s’épanouir, faire des essais, se planter à l’occasion. Généralement, les gens finissaient par tirer une leçon de leurs aventures ou mésaventures. En tout cas, lui avait toujours été puni et ça n’avait jamais servi à rien. Et ça ne l’avait pas empêché d’être préfet en chef. Il s’était simplement montré plus discret, voilà tout.

Oh mais… Clarence le facétieux ? Vraiment ? J’approuve !
On ne dirait pas comme ça. Mais vous devriez profiter de vos derniers mois ici. Ce seront les meilleures années de votre vie pendant longtemps et il faut que vous les graviez dans votre mémoire.
Vous êtes Serdaigle, vous survolez vos classes, prenez des risques, vivez, testez, explorez !


Sebastian prit un air de conspirateur, avec une moue de renard rusé.

Et cette élève ? Elle vous avait fait quoi ? Une Griffondor ?

Oui, il avait une dent contre eux, il l’avait déjà fait sentir.

Une ex un peu pénible ? Une concurrente pour le titre de Major d’une matière ?
Bah de toute façon, c’est une fille. Argument aaaaaamplement suffisant à mon humble avis.
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Message Sujet: Re: In Sebastiani Veritas   In Sebastiani Veritas Icon_minitimeLun 14 Mar - 0:42

Le rugby ? Mais qu'était-ce que le rugby ? Le visage de Clarence afficha la plus complète incompréhension, mais rapidement de premières rougeurs prirent place au creux de ses joues. Ce mot éveillait quelques souvenirs et avec eux parut à sa mémoire une cohorte d'images fragiles comme les ailes d'un papillon de nuit. Il vit donc sous ses yeux défiler d'illustres sportifs qui marquèrent leur temps et leur époque, et notamment, technologie oblige, les membres des différentes équipes nationales du Royaume-Uni ; et tous ces hommes musculeux et vêtus pour l'occasion de leurs maillots sportifs éveillèrent en lui des rougeurs qui ne devaient rien à quelque émoi intime, mais tout plutôt à la frustration de n'être lui-même une bête de foire dont les muscles seraient durs comme la roche et fiables comme le bois. Il trouva néanmoins en lui les ressources nécessaires pour répondre à son professeur. Il n'eut pas à chercher bien loin : « Ne vous en faites pas, ça ne coulera pas. »

Il comprenait volontiers en quoi la crainte de la vue du sang pouvait se révéler pénible au quotidien. Clarence lui-même n'était pas particulièrement enclin à se blesser ; ses maladresses personnelles étaient depuis longtemps résorbées. Mais il n'aurait guère apprécié de voir son sang se répandre un peu partout, merci bien ! Il n'était pas de ces névrosés qui goûtaient la pratique étrange du vampirisme amical et bonhomme... il avait d'ailleurs, quelques mois plus tôt, interrompu ainsi les ébats de deux de ses camarades de la maison Serdaigle qu'un livre de la bibliothèque avait à la fois inspiré et excité... bien sûr, le livre avait été depuis retiré des rayonnages, pour finir dans le bureau d'un professeur chargé de l'étudier.

Il écouta les remarques – et réprimandes – de son professeur avec un sourire affable et volontaire, soucieux surtout de le bien soigner ; il y mettait beaucoup de cœur et beaucoup d'efficacité. Clarence s'amusa d'être comparé à Benedict et s'il avait eu deux doigts d'audace de plus, il aurait volontiers éclaté de rire à la figure de son professeur, tant les différences entre son camarade et lui étaient plus explicites que leurs ressemblances ; toutes ces différences du reste faisaient la force et la pérennité de leur amitié. Quand vint sur le tapis la question du transplanage, Clarence hocha la tête avec vigueur.

Un peu après, il se laissa aller à rire quand il découvrit que Sebastian, dans sa jeunesse, avait connu une situation fort humiliante, impliquant une amie, une salle de bain et un concierge... replacez donc ceci dans l'ordre que vous voulez, lecteurs chéris ! Détournant le regard quand un clin d’œil trop évident vint lui chauffer la face, Clarence répliqua avec empressement : « Je ne crois pas qu'aucune salle soit fermée aux professeurs... en tout cas je pourrais vous donner le mot de passe, si vous le désirez... » Même si bien sûr Clarence ne doutât point que dans ses appartements de Poudlard, tout professeur disposât d'une salle de bain au moins aussi confortable que celle des préfets. Hélas, il n'avait jamais été convié par aucun professeur dans le cadre privé pour vérifier cette supposition...

Enfin, hélas... ce n'était pas comme si Clarence éprouvait véritablement un besoin formel et crucial d'en savoir davantage sur ce que ses professeurs faisaient de leur temps libre, et pendant qu'ils... enfin... enfin bref ! Encouragé par les compliments soudains et inattendus de son professeur, Clarence se rasséréna. Et comme il percevait l'enthousiasme de Sebastian pour la petite anecdote qu'il venait tout juste de lui confier... il pesa un instant le pour et le contre et se décida pour le récit détaillé de l'événement.

Il s'était redressé et avait laissé le professeur Keller sur sa chaise. Son genou ne craignait plus rien à présent, les soins de Clarence y avait mis bon ordre. Après un court silence, il reprit donc. « Je suppose que je peux parler franchement ? Cette fille est une Serpentard très gentille, probablement une excellente amie pour ses camarades, et probablement la brave fille de ses parents. Mais elle est mauvaise et quand on s'attaque à mes amis... j'ai du mal à rester de marbre. » Curieusement, sa voix se fit moins amusée et bien plus sombre, mais cela ne dura qu'un bref instant, le temps d'une phrase.

« Il y a peu de choses qui m'agacent en ce monde... il paraît que je suis trop naïf, et trop volontaire et optimiste... mais il faut croire que ce n'est pas toujours vrai. » Un sourire, contraint mais rapidement naturel, l'aida à reprendre un ton plus guilleret. Encore que ce qu'il s'apprêtait à dire revêtît pour lui-même une gravité particulière. « Elle a eu une aventure... bon je ne vous fais pas un dessin... avec un de mes plus vieux amis à Poudlard. Ils se sont retrouvés un soir quelque part, j'ai fermé les yeux, j'ai même aidé à leurs retrouvailles... mais il ne faut pas le dire, hein ? Bref... ils ont profité l'un de l'autre et de fil en aiguille... »

Là, Clarence demeura un instant silencieux. Il n'était pas sot ni à ce point naïf. Mais... le sexe était pour lui une chose si distante et étrangère qu'en parler susciter toujours un peu de gêne en lui. « … bref, voilà quoi... mais ça ne s'est pas bien passé... elle était partante, peut-être un peu trop, et lui aussi, mais au moment d'y aller... bah... il n'a pas pu y aller... là aussi, pas besoin de dessin, hein ? » Tous les hommes redoutaient sûrement ce genre de petit incident après tout... et trop sans doute en faisaient un drame horrible. « Il m'a confié cela le soir même à son retour... et le lendemain matin, je vous le donne en mille, qui s'est amusé à répandre partout de bien sales rumeurs sur lui ?  » Clarence fronça les sourcils. Penser à elle lui causait grand déplaisir.

«  Et quand je parle de sales rumeurs, je dis bien sales rumeurs pour rester poli. Car ce qui a suivi, c'est le florilèges d'insultes et de méchancetés, de « l'asticot » à « sale pédé », voyez... pas vraiment des mots qui font plaisir à entendre. Donc j'ai joué mon rôle de préfet je suppose, en réclamant de chacun le retour à la normal, et la dignité pour mon ami... mais enfin, moi, ça ne me suffisait pas, je ne sais pas trop, il fallait que je me venge... je n'aime pas quand la meute s'attaque à la proie esseulée. Et puis, je ne sais pas trop... ces insultes là, elles me dégoûtent. Elles désignent quelque chose qui ne devraient pas être humiliant, enfin je ne sais pas trop comment le formuler... »

Il eut un geste de la main, comme s'il voulait chasser de vilaines pensées. Dans le fond, il ne pouvait lui-même encore avouer combien cette affaire le touchait au plus intime. Il tourna à nouveau un regard souriant et presque implorant vers son professeur. « Enfin bref ! J'espère que ça ne vous choque pas trop... et je vous assure, vos cheveux ne risquent rien avec moi... c'est qu'il serait dommage de les abîmer, ils sont plutôt sympathiques... enfin ce n'est pas ce que je voulais dire... » Il se sentait soudain très bête. Voilà ce qui arrive quand on a vingt ans, qu'on n'est pas sérieux, et qu'on se laisse aller à vouloir faire trop longtemps la conversation...
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Message Sujet: Re: In Sebastiani Veritas   In Sebastiani Veritas Icon_minitimeMar 15 Mar - 19:18

Sebastian réfléchit à au briefing qu’on lui avait fait en arrivant. Il lui semblait bien que si quand même. Il y avait des endroits où il n’était pas censé aller. Genre la forêt interdite. Bon ça… évidemment. Du coup, d’ailleurs, faudrait qu’il aille y faire un petit tour, comme ça, un week end, pour s’amuser. Bref.
Non mais ils lui avaient parlé aussi de vie privée, autonomie et d’autres trucs super chiants qui lui interdisaient d’aller offrir des bouteilles d’alcool aux élèves dans leur salle commune. Dommage quoi.


Nan mais j’crois que je peux pas. Y a bien un truc genre mot de passe d’urgence mais ça porte bien son nom quoi.

Il lança un coup d’œil à Clarence. Oh ! Mais il lui filerait le mot de passe ?!
un petit passage par la salle de bain des préfets avec Chris ?! ça serait super mignon. Il aurait l’impression que la boucle serait bouclée comme ça. Et puis ça lui ferait une expérience des plus enrichissantes au jeune Carmichael. Oui, évidemment, Sebastian pensait aussi à lui et à ses intérêts. Bien sûr. Huhuhu.


Pas que ma salle de bain ne soit pas bien.

Qu’il ne s’imagine pas les profs maltraités quand même. Fallait pas pousser.

J’ai même une jolie vue sur le terrain de quidditch. Pas mal je trouve. Mais c’est pas pareil. C’est mes appartements quoi. C’est nettement moins… Comment on dit déjà ?

Il bafouilla dans plusieurs langues, visiblement avec beaucoup de mal pour trouver le mot en anglais.

Transgressif. Voilà. Je l’ai.
Les règles ont été crées pour qu’on les regarde, qu’on les méprise, qu’on les piétine, qu’on les foule au pied, qu’on leur marche dessus, qu’on les écrase, qu’on les ignore et qu’on y aille quand même.
Non bon. D’accord. J’exagère un peu.

Beaucoup même. Il dépassait les bornes, mais c’était plus fort que lui.

J’ai toujours détesté les règles. Quand on m’interdit quelque chose, je fonce droit dessus. Bien sûr, ça m’a valu mon lot d’ennuis, de punitions diverses et variées. Croyez bien que dégnomer le terrain de quidditch est un véritable enfer. Et ça m’a permis d’en tirer les leçons. Par… l’expérience.

Ah ce mot. Il l’avait prononcé avec une sorte d’émerveillement enfantin. Oui, il adorait ça. Expérience. Test. Défi. C’était un appel pour lui. Et il espérait bien transmettre ce goût du risque, à défaut du gout pour les transgressions parce que là, on lui avait gentiment rappelé son dossier scolaire à coup de gros yeux et de grondements parfaitement menaçants, à ses élèves.


Sebastian écouta Clarence lui parler de la jeune fille. Il plissa les yeux au fur et à mesure de l’histoire. A vrai dire, il avait l’air de moins en moins cool et sympa. Lentement, un masque glacial figea son visage, avant qu’une espèce d’aura de colère ne commence à rayonner autour de lui.
Il avait vécu la même histoire lui aussi.


Je vois.

Sa voix aurait congelé n’importe qui. Vraiment. De même que son regard. Il était tellement scandalisé qu'il en tremblait.

Je vous prierai de ne jamais nommer cette jeune femme devant moi. Je crains de faire bien pire que de lui coller de la mélasse dessus.

Il poussa un soupir, comme pour évacuer la fureur qui le prenait à la poitrine. Il avait envie de crier.

Je comprends parfaitement que vous ayez fait ça. C’est ce que font les amis je pense.

Sebastian se leva et recommença à faire les cents pas, cherchant par d’autres moyens à faire sortir la rage qui lui vrillait les côtes.

J’ai vécu une chose presque similaire. Il y a longtemps. Ici même.
à la fin des années 60… oui je sais, ça fait loin… La grande mode aux examens, c’était les filtres d’amour, de faire apparaitre des fleurs et des papillons. Enfin bon. Peace and Love quoi.
Sauf que du coup, Poudlard s’est trouvé avec une énoooorme quantité de filtres d’amour de diverse qualité sur les bras. Ils ont vendu les plus réussies, évidemment. Mais bon, quand on fait faire 30 litres de filtre d’amour en une année, difficile de faire un inventaire complet.
Du coup, ça tournait pas mal dans la cour.
Et une jeune Griffondor – et vous comprendrez mon désamour pour cette maison, en plus de leur ego surdimensionné sans aucune raison valable – s’est mise en tête de m’attirer dans ses filets.
Je vous passe les étapes des yeux papillonnants, des gloussements et du fait que je la croisais à peu près n’importe où et tout le temps dans les couloirs. Je lui ai dit que je n’étais pas intéressé du tout, qu’elle n’était vraiment, mais alors vraiment pas mon type.
Grand mal m’en a pris puisqu’elle a réussi à me duper à coup de jus de citrouille. Je n’en bois d’ailleurs plus depuis.
Sauf qu’amour ne signifie pas désir. Et la pauvre n’a absolument pas obtenu ce qu’elle voulait.
Je lui avais pourtant dit qu’elle n’était pas mon genre.


Sebastian eut un rictus de mépris.

Dès le lendemain, toutes les rumeurs ont circulé. De la plus simple à la pire. Avec les insultes également. Et pourtant, c’était les années 60. On était très libres sur ce genre de question. Mais quand les gens ne savent pas, ils ont peur.
Moi je me terrais dans la salle commune. Et…


Sebastian inspira un grand coup avant de se lancer. Si Clarence lui avait raconté ça, ce n’était peut être pas pour rien. Il pouvait bien se confier sur son expérience. Il était tout à fait possible que son ami ait besoin d’un peu d’encouragement pour sortir du placard ? Non ?


Mon petit copain de l’époque à piquer une colère noire et a raconté comment elle avait tenté… Bah… D’abuser de moi quoi.
ça s’est retourné contre elle. Et elle a été réellement punie, croyez-le.
Quant à moi j'ai vécu une sortie du placard sur les chapeaux de roue. Et je n'ai jamais été plus populaire que par la suite.


Il en eut un petit rire. Après, il avait commencé à sortir avec plusieurs mecs à la fois. Quelques hétéros curieux dans le lot au passage.
Mais bon. C'était du passé.
Après cette petite révélation fracassante, Sebastian n’allait pas relancer la conversation sur ses cheveux hein. Ça aurait pu passer pour ce que ça n’était pas. Bon. Il était tout à fait séduisant ce Clarence n’empêche. Mais… Il avait un rencard, un vrai, le premier depuis des lustres après demain. Il n’allait pas tout foutre en l’air.


Du coup, j’espère que moi je ne vous ai pas choqué. Je sais combien les britaniques sont… Conservateurs.

Il roula des yeux en pensant à ses grands-parents. Quand il leur avait annoncé la « nouvelle », ils lui avaient présenté toutes les jeunes filles du comté, même les Moldues, dans l’espoir de le voir revenir dans le droit chemin. Peine perdue évidemment. Bon, aujourd’hui il ne les voyait qu’occasionnellement mais ils insistaient les bougres. Sebastian les laissait faire. Il avait abandonné l’espoir de leur faire comprendre. Et puis ils étaient vieux maintenant. Il ne les changerait pas hein.

Tout ça pour dire que, parfois, il vaut mieux être honnête, même avec soi-même. Et cette jeune fille mériterait qu’on lui coupe sa sale langue de vipère.
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Message Sujet: Re: In Sebastiani Veritas   In Sebastiani Veritas Icon_minitimeJeu 31 Mar - 19:31

Conservateurs ? Les Britanniques l'étaient assurément. Mais certains d'entre eux étaient d'une naïveté confondante et Clarence appartenait à ce groupe de bienheureux débiles, de jeunes gens encore épargnés par la veule moisson de l'essaim des hormones. Mais le professeur Keller n'avait pas choqué Clarence. Le mot semblait impropre à définir la forte impression que lui fit la révélation de cet adulte qu'il connaissait si peu et qu'il voyait se dévoiler à lui en des proportions étonnantes.

Il ne sut d'abord quoi répondre. C'est que Clarence n'avait pas la perspicacité d'une de ces femmes de légende... Connaissez-vous l'exemple de la légende d'Ebarès, légende qui, par une curieuse mysoginie de l'histoire, a non pas retenu le nom des femmes qu'elle met à l'honneur, mais le nom du héros qu'elle ridiculise ? C'était l'époque Antique. Les Perses livraient bataille aux Mèdes – peuple voisin des Perses, dont la capitale était Ecbatane ; c'est au VIe siècle avant Jésus-Christ que Cyrus le Grand défait le roi mède Astyage, conquiert la Médie et fonde l'Empire perse achéménide ; par la suite les Mèdes ne seront plus qu'un peuple parmi les nombreux qui composeront la nébuleuse du vaste Empire perse ; notons que par une curieuse habitude, les Grecs de l'Antiquité nommeront souvent Mèdes tous les Perses, indifféremment... mais fi de la digression dans la digression !

Ebarès, donc, l'un des satrapes du souverain Perse, commença le premier à battre en retraite, et tout le monde le suivit dans sa fuite. Les femmes perses vinrent à la rencontre des fuyards et, relevant leurs robes, leur dirent : “ Où fuyez-vous ? Avez-vous hâte de vous cacher dans le lieu-même d'où vous êtes sortis ? ” Ce discours des femmes fit honte aux hommes qui retournèrent se battre et mirent à leur tour les Mèdes en fuite. Quelle fougue, quel panache, et quelle ruse de la part de ces femmes dont le nom s'est perdu ! Le jeune sorcier n'avait pas la répartie nécessaire, ni le recul de l'expérience ou de la sagesse. Clarence toutefois concéda un commentaire qu'il espérait... approprié, ne sachant trop ce que Sebastian attendrait de lui après pareille... révélation.

« Je suis presque sûr qu'on m'obligerait à quitter l'école si je tranchais la langue de cette idiote pendant son sommeil... » Près d'une cinquantaine d'articles du règlement intérieur de l'école, qu'il connaissait bien, puisqu'il était préfet, l'indiquait très clairement. Lui-même n'était pas sûr d'avoir l'âme assez noire pour céder à la pulsion... meurtrière ? Il ne s'agissait pas à proprement parler d'un meurtre, mais d'une mutilation... parlons donc de pulsion violence ! Encore qu'un psychologue irait sans doute nous expliquer qu'il y a sous la pulsion la fulgurance du désir de mort qui est en fait la pulsion de mort originelle et qui s'oppose à la pulsion créatrice, à la pulsion de vie... mais au diable ces débats psycho-ésotériques !

Mais Clarence se doutait bien que son professeur attendait une réaction au contenu de la révélation et le jeune homme hésitait... que devait-il faire ou dire ? Il n'allait quand même pas oser insinuer quoi que ce fût... ni même émettre ce qui aurait pu être perçu comme un jugement, positif ou négatif... il y avait là un professeur et un élève, pas deux amis... « Vous ne m'avez pas choqué, en tout cas ! Je suis plutôt surpris. Agréablement, je veux dire! Beaucoup de filles vont être déçues et il y a de quoi les comprendre. Enfin, dans l'absolu, un professeur et une élève, c'est toujours un peu délicat, mais bon... enfin vous vous doutez bien que je ne vais pas ébruiter ce détail de votre vie, ce serait incorrect et irrespectueux. » Voilà qu'il s'emmêlait les pinceaux. Voilà qu'il rougissait. Voilà qu'il perdait pied.

Désarmé par l'aplomb de Sebastian, dont il enviait l'aisance, Clarence peinait à soigner les apparences, alors même qu'il savait la question essentielle. Souvenons-nous, cher lecteur, de l'exemple des filles de Milet, cité d'Asie mineure, située dans l'actuelle Turquie, d'où était originaire le philosophe présocratique et mathématicien Thalès, qui furent saisies d'une espèce de fureur mélancolique, qui les poussait à se pendre, sans aucun sujet de chagrin apparent... une femme de la cité préconisa alors d'exposer sur l'agora les corps de celles qui se seraient ainsi suicidées : on rédigea un décret en ce sens et il fut publié ; cette simple annonce put suffire à guérir ces jeunes femmes qui ne purent supporter d'être montrées en public dans un état honteux et qui donc cessèrent de s'étouffer elles-mêmes, car la bienséance voulait que les femmes grecques ne se montrassent point dévoilées, ainsi que le racontait Plutarque, et car le mort devait recevoir une sépulture rituelle et sa dépouille devait être traitée avec respect.

Clarence regrettait un peu de ne point avoir semblable objet de diversion, encore qu'il n'eût pas en tête cet exemple antique, et qu'il fût loin d'avoir la quiétude d'esprit nécessaire.

« Moi je pense que les gens sont libres d'aimer qui ils veulent qu'ils font bien ce qu'il veut de leur vie personnelle. Tant que personne ne contraint personne, tant qu'on respecte l'intimité d'autrui... à quoi bon chercher des poux dans la tête de son voisin ? » Mais soudain, une drôle de curiosité vint lui creuser l'esprit, s'installer dans sa tête et concentrer toute son attention sur une question très précise : et si Sebastian avait pour compagnon... un autre professeur ? Son visage blanchit. Il devait se retenir de poser la question. Il devait se taire. Il ne fallait pas qu'il interrogeât... mais c'était trop tard. Il était trop Serdaigle ; son désir de savoir était trop grand – et couvrait une question fort peu élevée, certes, mais que voulez-vous ! Il n'était qu'un gamin de vingt ans après tout... Mais Clarence savait devoir faire preuve de prudence : tout ouvert qu'était Sebastian, peut-être ce dernier n'apprécierait-il que très peu l'intrusion...

Il jugea donc nécessaire d'oeuvrer avec beaucoup de doigté, car il marchait sur les oeufs d'un professeur... « Mais si vous vivez librement et ouvertement, c'est chouette, ça fait de vous un professeur épanoui et donc source d'épanouissement pour les élèves. L'école a de la chance de vous avoir. Je regrette presque de la quitter bientôt. Après, si je puis me permettre et si vous me dites que votre petit copain de l'époque est encore aujourd'hui votre compagnon... je crois que je n'aurais jamais vu en vrai un tel conte de fée... Non pas que vous soyez un vieillard, mais quand même ! Ce serait franchement admirable... »
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