Ce furent des rires et des bavardages qui sortirent Caleb de son sommeil ce samedi-là. Il poussa un grognement sonore et enfouit la tête dans son oreiller maudissant les élèves de son dortoir qui se permettaient de rire bruyamment aussi tôt. Il referma les yeux, ils allaient bien finir par sortir du dortoir et il pourrait se rendormir tranquillement. Il attendit quelques minutes qui lui semblèrent durer une éternité, en vain. Caleb finit par se redresser dans son lit et lança au groupe de Serpentard qui riaient « Bon sang, mais vous savez l’heure qu’il est ?! Allez rire ailleurs ! » Un silence pesant s’installant dans le dortoir, satisfait de voir ses camarades se taire enfin, Caleb se laissa tomber sur son matelas prêt à continuer sa nuit. « Mais… il est déjà 13h Caleb… » Fit remarquer l’un des garçons. Cette information fit sursauter Caleb, ce n’était pas dans ses habitudes de se lever aussi tard, bien au contraire, il était souvent déjà debout à huit heures et ce, même quand il n’y avait pas cours. Pour lui, se lever en début d’après-midi était une perte de temps, il n’aimait pas rester inactif, pour lui il y avait toujours quelque chose à faire. Cela pouvait être ses devoirs, réviser, se rendre aux entrainements de Quidditch ou tout simplement passer du temps avec ses amis. S’il s’était levé aussi tard c’est car il s’était couché également tard. Avant la rentrée à Poudlard, Caleb s’était rendu chez Barjow & Beurk et y avait acheté une demi dizaine de livres, tous portant sur la magie noire. Sachant parfaitement que ce genre d’ouvrage était interdit à Poudlard, Caleb prenait soin de les lires dans son lit, tard dans la nuit quand tous ses camarades dormaient. Il avait commencé sa lecture vers les alentours d’une heure du matin hier soir et s’était couché à l’aube… Il n’y avait rien d’étonnant qu’il se réveille à quatorze heures finalement.

Sans perdre une minute de plus, Caleb sortit de son lit en caleçon qui lui faisait office de pyjama, attrapa des vêtements propres dans sa malle avant de se rendre aux sanitaires. Il prit une rapide douche, se brossa les dents et remonta dans le dortoir des cinquièmes années pour récupérer sa baguette qu’il cachait toujours sous son oreiller. En passant par la salle commune, il chercha du regard si son meilleur ami Théodore était là, mais ce n’était pas le cas, il avait dû sans doute se réveiller avant lui. La faim se faisant sortir Caleb se dépêcha de se rendre dans la grande Salle pour déjeuner. Quand il y arriva cette dernière était pratiquement vide, il s’installa à la table des Serpentard aux côtés de trois sixièmes années qu’il connaissait. Ces types n’étaient pas vraiment ses amis mais il ne les détestait pas non plus, c’était de simples connaissances. Il se servit des cuisses de poulet et commença à manger en silence réfléchissant à comment il pourrait occuper sa journée. Il lança un rapide coup d’œil vers le ciel magique de la grande salle, le ciel était sombre, il allait surement pleuvoir dans la journée. Ce n’était pas le temps idéal pour aller jouer au Quidditch malheureusement. Il irait surement retrouver Théodore qui devait être quelque part dans le château. « Hey Caleb t’as vu avec qui sort ta sœur ? » Demanda l’un des sixièmes années assis à côté de lui. Caleb fronça les sourcils, sa sœur ? Depuis quand avait-elle un petit ami ? Il savait qu’elle attirait souvent l’attention des garçons mais elle ne lui avait pas dit qu’elle avait un petit ami ou bien même que quelqu’un lui plaisait et Jamie-Hope ne lui cachait rien. « Non…Avec qui ? » « Harwicks, le Poufsouffle. » Le sang de Caleb ne fit qu’un tour. Marshall Harwicks. Elle avait osé. Harwicks était un cinquième année de Poufousffle, un sang mêlé purifié qui aurait pu être son ami, s’il avait été moins coincé et flemmard. Et surtout s’il ne lui avait pas envoyé un cognard en pleine tête lors d’un match entre leurs deux maisons. Humilié de s’être fait cassé le nez devant toute l’école par un insignifiant Poufsouffle, Caleb n’a jamais pardonné à Marshall son geste. Et encore moins quand sa propre sœur a été félicitée Marshall de lui avoir foutu un coup. Même si leur relation n’était pas toujours au beau fixe, ce geste avait profondément énervé Caleb et depuis il ne peut plus voir Harwicks en peinture et le fait que ce dernier sorte avec sa sœur ne fera en rien arrangé les choses. Il aurait dû s’en douter, il les avait vus plusieurs fois trainant ensemble et surtout Jamie lui avait formellement interdit de s’en prendre à Harwicks que ce soit verbalement ou physiquement. Voyant que sa sœur était sérieuse et par respect pour elle il l’avait écouté mais là, il n’allait pas se gêner pour lui dire clairement sa façon de penser. Il finit son assiette et se leva brusquement de table sous le regard des sixièmes années. Il ne savait pas où se trouvait Jamie à cet instant, mais il lui parlerait ce soir après le diner. Si extérieurement Caleb avait l’air totalement serein, intérieurement il fulminait de rage. Pourquoi Harwicks ? Pourquoi lui ? Il y avait de tas de garçon plus digne d’elle… Au fond de lui il se demandait si ce n’était pas pour l’énervé car Jamie le connaissait mieux que n’importe qui, elle savait qu’il n’approuverait pas cette relation.

Profitant qu’il ne pleuve pas encore, Caleb se dirigea vers le parc, il avait besoin d’air. Autour de lui, des élèves de quatrièmes années gloussaient, des premières années révisaient leurs cours et Jamie était là, avec des amis. Finalement il n’aurait pas à entendre le diner.
Caleb et Jamie-Hope échangèrent un regard et elle comprit immédiatement qu’il voulait lui parler. Il l’a vit prendre congé de ses amis et s’approcher de lui. Il prit appui contre un arbre et croisa les bras contre son torse. Jamie arriva à sa hauteur, souriante comme à son habitude. Il l’a trouva radieuse dans son débardeur rouge et son short en jean. Elle était parfaitement coiffée et légèrement maquillée, il trouvait ça toujours drôle de voir à quel point sa jumelle qui avait longtemps été un véritable garçon manqué s’était à présent transformée en une sublime jeune femme. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue mais Caleb tourna rapidement la joue. Devant son air surpris il lâcha « Ne viens pas m’embrasser alors que tu me caches des choses Jamie. » Il s’empressa d’ajouter d’un ton sarcastique « Alors, comment vas ton petit ami ? »

Se retrouver un samedi matin enfermée deux heures dans une salle de cours était réellement de la torture. En plus c’était totalement injuste que ce soit moi qui se retrouve en colle, je n’avais rien fais ! Bon ok, j’avais peut être insultée une Serpentarde mais c’était elle qui avait commencé, bien évidemment il avait fallu que le prof de botanique arrive à ce moment précis et c’est bien sur moi qu’il a vu en train d’hurler comme un putois dans le couloir. La Serpentarde s’en ai tirée sans rien tandis que je me suis retrouvée colle deux heures. Génial ! Rien de tel pour commencer le week-end. Je lançai un regard vers l’horloge cette dernière indiquait dix heures vingt. Je lâchai un long soupir, cela faisait à peine vingt minutes que j’étais là ?! J’avais l’impression que cela faisait une éternité. Le professeur assis à son bureau leva les yeux de ses papiers « Miss Delaney, si j’étais vous je commencerai à me mettre au travail. » Je ne répondis rien et pris connaissance de mon fameux travail. Une rédaction de trois pages minimum où je devais classer une vingtaine de plantes, expliquer leur vertus et leurs usages. Le sort s’acharnait sur moi. Comment allais-je expliquer en trois pages que je ne connaissais rien aux plantes, que c’était bien le dernier sujet qui m’intéressait et que depuis cinq ans je n’avais rien retenu de ses cours. J’esquissai une grimace, ne rien rendre ou expliquer pourquoi je ne pouvais pas rendre ma rédaction ? Une idée bien plus intéressante me traversa l’esprit. Puisque le professeur ne voulait rien en entendre lorsque je lui disais que ce n’était pas ma faute, et que je ne devais pas être –ou du moins pas la seule – punie je lui écrirais. Satisfaite de mon idée, j’attrapai ma plume et mis à écrire les faits qui s’étaient déroulés il y a deux jours.

Ma main était endolorie à force d’écrire mais au moins j’avais parfaitement résumé l’évènement qui m’avait fait atterrir en colle. Je pris quelques minutes pour me relire vérifiant que je n’avais rien oublié, une fois que ce fut le cas je rassemblai mes affaires, me leva et posa mon devoir sur la table du professeur. « Combien de copies avez-vous remplie Miss Delaney ? » « 6. » Je vis dans son regard la surprise, le pauvre, s’il savait ce qui l’attendait. Sans plus attendre je quittai la salle de classe direction la grande salle, car mon ventre criait famine. Lorsque j’entrai, la plupart des élèves étaient déjà en train de déjeuner. Je rejoignis la table des Gryffondors en souriant, je pris place entre mes camarades les saluant au passage avant de commencer à manger. Nous discutions de tout et de rien, en déjeunant et j’étais ravie de me retrouver en compagnie des autres Rouges après cette matinée barbante.
Une fois le repas terminé la grande salle se vidait et je ne pouvais m’empêcher de chercher Marshall du regard. Je le repérai au loin, quittant la table, je n’hésitai pas une seule seconde et me levai pour aller le saluer chaleureusement. J’aurais voulu passer l’après-midi mais il déclina mon invitation poliment m’expliquant qu’il avait un entrainement de Quidditch. Ah les mecs et le Quidditch !

Quelque peu dépité, je retournais m’asseoir auprès d’un groupe de sixième année, ces derniers me proposèrent d’aller faire un tour dans le parc. J’acceptai sans hésitation, et nous quittèrent tous ensemble la grande salle. Le ciel était grisâtre et un vent frais se lever en ce début d’automne. Je frissonnai légèrement regrettant de ne pas avoir pris une veste. Les conversations allaient bon train, les filles s’interrogeant sur qui sortait avec qui, les garçons sur qui allait gagner le prochain match de Quidditch. Je pris part à la conversation de ces derniers afin d’éviter des questions sur ma vie sentimentale. « Hey, Jamie, y a ton frère. » Me fit remarquer l’une des filles Katie. Je me retournai et vis effectivement Caleb. Il était seul, ce qui était étonnant de sa part, appuyé contre un arbre. « Je reviens, je vais le voir. » Déclarai-je à mes amis. Je m’approchai de mon frère, lui décrochant un grand sourire, comme toujours j’étais heureuse de le voir, et puis nous étions en bon termes ces derniers temps, pas trop de prise de tête, du moins pas depuis que nous avions parlés de l’arrestation de notre frère ainé, Michael. Je me penchai vers lui pour l’embrasser mais il m’esquiva brusquement. Qu’est qu’il avait encore ? Je redoutais déjà le pire. « Ne viens pas m’embrasser alors que tu me caches des choses Jamie. » Je lui lançai un regard sceptique, je n’avais aucun secret pour mon frère et il le savait très bien s’il y avait bien une personne à laquelle je n’arrivais pas à mentir c’était bien lui. « De quoi tu parles ? » Il me regarda de son air hautain, cet air que je ne supportai pas et qui me donnait envie de lui mettre des claques. « Alors, comment vas ton petit ami ? » « Mon quoi ? » J’éclatai de rire bruyamment. « Je n’ai pas de petit ami, je pense que tu le saurais sinon. » Décidemment cette journée avait mal commencé, et cela ne risquait pas de s’améliorer.