S’il y avait une chose à savoir avec Aiden Buckley, c’était qu’il ne fallait pas s’attaquer à sa famille et surtout pas à son frère Daemon. Tous deux n’étaient peut-être pas très proches, et il avait même l’impression que son cadet était un étranger pour lui, mais à vrai dire la seule évocation de son nom de façon désagréable suffisait à le faire sortir de ses gonds. Il avait vu ce garçon grandir, il l’avait vu changer, sourire, pleurer, il s’était amusé de son habitude à lire tous les livres qui lui passaient sous la main quand Aiden n’aspirait qu’à faire du Quidditch ou voir des gens. Quand ils rentraient chez eux pendant les vacances de noël, Daemon ne parlait que très peu à leurs parents, alors que lui racontait tout ce qu’il avait fait avec animation. Tous deux étaient le jour et la nuit, le yin et le yang. Rien ne les rapprochait, absolument rien. S’ils avaient voulu faire exprès d’être aussi différents, ils n’auraient pas réussi. Mais une chose les liait irrémédiablement l’un à l’autre : l’amour qu’ils se portaient malgré l’abîme qui les séparait. Aiden ne supporta donc pas d’entendre ces garçons de Serpentard le critiquer. Ils avaient visiblement eu un cours en commun avec les Serdaigle durant la journée. « Non mais t’as vu Buckley, comme il fait son malin ? » Les autres approuvèrent. « Ouais, il se la pète en faisant croire qu’il sait tout ! » Aiden fronça les sourcils et s’approcha en attendant le nom de Buckley, avant de se racler la gorge. Les deux garçons se tournèrent vers lui et il demanda, comme si de rien n’était : « Vous parlez de Daemon Buckley ? » Fort heureusement, l’intelligence n’était pas la caractéristique principale de la plupart des élèves de sa propre maison et ils n’y virent que du feu. Ils hochèrent vigoureusement la tête et l’un d’eux répondit en rigolant : « Ouais ! Un vrai je-sais-tout ! Ça te dit de le bousculer un peu avec nous, histoire qu’il arrête de se prendre pour le centre du monde ? » Aiden réfléchit un instant et croisa les bras. « Tu sais ce qu’on risque en s’attaquant à un Sang-Pur ? » L’autre haussa les épaules, mais Aiden comprit qu’il avait déjà ébranlé ses certitudes. « Allez viens on s’en moque ! » Le jeune homme éclata de rire à son tour et les deux autres s’arrêtèrent brusquement. Il sortit sa baguette qu’il pointa dans leur direction : « Attaquez-vous à mon frère et je vous tue tous les deux, vous avez compris ? »
Tous deux finirent l’un sur l’autre, sur le sol de la cour pavée à l’entrée du château, dans un enchevêtrement de capes, de jambes et de bras. Fous de rage, ils se relevèrent et foncèrent vers les portes du Château en insultant Aiden qui était pris d’un fou rire. Il se retourna alors et les vit s’arrêter brusquement. Daemon était là, sur les marches. Les Serpentard le contournèrent prudemment et entrèrent dans l’immense bâtisse qu’était leur seconde maison. Quelque chose lui disait qu’ils ne s’en prendraient plus au Serdaigle pendant un moment, et si ça devait recommencer Aiden serait là pour les arrêter de nouveau, dans la joie et la bonne humeur. Si il était un excellent élève, son côté belliqueux lui portait préjudice. « Salut Daemon. » déclara-t-il tandis que ce dernier s’approchait de lui. Aiden espéra un instant qu’il n’était pas là quand il avait pris sa défense, car il n’était pas très à l’aise avec les sentiments. Du moins, il ne montrait pas réellement les siens à son frère qui lui ne lui montrait jamais ce qu’il ressentait. « Ça fait un moment que je ne t’ai pas vu. Tu vas bien ? » C’était triste d’en arriver à ce point-là avec son propre frère, au point de ne plus avoir à lui dire que des banalités. La présence de ce dernier mettait Aiden mal à l’aise presque autant qu’elle le réjouissait. Il aborda alors un sujet plus fâcheux : « Tes recherches, ça avance ? T’as du nouveau ? » Daemon comprendrait très bien qu’il parlait de leur demi-sœur. Il n’osait pas le dire clairement, pour ne pas le brusquer. Mais il désirait que cette histoire soit réglée au plus vite car elle rendait Daemon complètement fou. Et Aiden aussi. Il se moquait pas mal de son existence, mais voir son frère ne penser à rien d’autre que ça le rendait dingue. Il passa sa main sur sa nuque et jeta un coup d’œil autour d’eux. Le soleil brillait, un léger vent rafraichissait l’air qui se radoucissait peu à peu. Il n’y avait personne d’autres qu’eux ici et, à moins que Daemon n’ait quelque chose d’important à faire, c’était une excellente opportunité pour eux d’avoir enfin une vraie discussion. « Est-ce que … Ces garçons de Serpentard qui viennent de rentrer s’en prennent à toi souvent, ou c’était exceptionnel ? » tenta-t-il.
Daemon regarda son lit, son sac était posé dessus et des livres à ses côtés. Il fit un mouvement de tête, il voulait prendre l'air, les devoirs... Il en avait trop fait, il y en avait plus maintenant à faire, comme d'habitude, il se retrouvait en avance. Il vida son sac dans sa malle et y mit un livre en guise de remplacement de ses parchemins et autres. Il tint le haut du sac avec violence et se dirigea vers la salle commune de sa maison, il descendit les marches et sortit de la tour des serdaigles sans se préoccuper des autres. Oh non, il s'en fichait un peu en réalité. Il descendit les étages sans trop de difficulté pour une fois les escaliers ne faisaient pas trop des leurs. Il se traina jusqu'au hall d'entrée, le soleil ne brillait pas vraiment pour tout dire. Il fit une grimace et se figea un instant. Il entendit quelques murmures, mais sérieux qu'est ce qu'ils avaient à faire avec ça ? Il n'aimait pas vraiment ce qui se passait en ce moment à Poudlard, il était vrai, cela ne l'atteignait pas directement, après tout il était de sang pur et qui oserait lui faire du mal ? A part quelques abrutis... Il sortit enfin du château, se demandant bien s'il allait croiser quelqu'un ou pas. Il fit volte face en entendant des voix qui insinuaient qu'il était le centre du monde. Il fronça les sourcils, alors là, ces garçons étaient soit incroyablement stupides, soit ils n'avaient pas les yeux en face des trous. Daemon était en réalité juste plus intelligent que les autres et quand il connaissait les réponses et bien il répondait simplement. Comme n'importe quel élève qui voudrait monter les points de sa maison. Il s'installa sur les marches et posa son sac à côté de lui. Impatient de savoir qui l'insultait de la sorte, il montra une curiosité indéniable. Il prit un air intéressé puis après quelques minutes, il se retrouva face à deux garçons de serpentard. Qui étaient-ils déjà ? Ah oui, les verts et argents incapable de transformer une plume en stylo. Un sortilège extrêmement simple. Ils le contournèrent alors que Daemon dit quelque chose de méprisant. « On aura vraiment tout vu. » Il les vit s'en aller et bin, il n'avait pas à se vexer pour ça alors, venant de garçons comme eux, il n'y avait aucune raison d'ailleurs. Daemon ne se prenait pas pour le centre du monde, sinon il se pavanerait dans les couloirs mais lui il se refermait sur lui-même.
Il porta son attention sur son frère, étrangement il ne s'attendait pas à le voir ici. Plus par politesse que par pure envie, il se leva. Ces deux-là n'était pas forcément proches, au contraire, ils étaient presque comme des étrangers. La situation ne semblait pas déranger Daemon, ni même Aiden mais, ce n'était qu'en apparence bien sûr. Il approcha lentement, comme il en avait l'habitude. Il fronça les sourcils toujours curieux, curieux de savoir ce qu'il pouvait bien lui dire, tenant toujours son sac à la main droite, il se stoppa alors quand ce dernier lui dit salut. Le serdaigle l'écoute jusqu'au bout, il voulait tout entendre, il se refusait d'ouvrir la bouche sans même savoir où il allait. « Salut Daemon. Ça fait un moment que je ne t’ai pas vu. Tu vas bien ? Tes recherches, ça avance ? T’as du nouveau ? Est-ce que … Ces garçons de Serpentard qui viennent de rentrer s’en prennent à toi souvent, ou c’était exceptionnel ? » Il fut déstabiliser par tant de question, tant... d'attention d'un coup. Il supportait mal ce genre de choses. « Salut. Et bien, ça va, comme d'habitude. Et toi ? T'as l'air en forme ? » Il avait réellement l'impression de parler à quelqu'un qu'il ne connaissait pas bien, Daemon avait grandit pendant 12 ans à ses côtés et encore aujourd'hui, il le voyait pendant les vacances mais il ne lui parlait pas. Daemon n'aimait pas beaucoup sa famille, en particulier sa mère, déjà, elle était horrible et en plus elle croyait intéressante. A part martyriser le cadet, elle ne lui servait pas à grand chose. Il laissa en suspens quelques unes de ses questions, il ne voulait pas vraiment y répondre mais il ne pouvait pas les fuir, il n'avait tout simplement pas le droit. Il se l'interdisait. « Mes recherches ? J'avance mais il faudrait plus d'infos... Genre, non laisse tomber, en fait, c'est pas important. » Et puis de toute façon tu t'en fiche, aurait t-il pu ajouter, mais il se retint, il n'avait pas besoin d'une dispute. Encore moins avec lui, pas avec Aiden, enfin de toute façon ce serait une première, on disait qu'il y avait une première à tout mais il voulait pas en voir plus. « Quant à ces deux garçons, c'est la première fois que je les remarque. C'est la première fois que je les vois ayant un minimum de bon sens. Et je n’exagère pas. » Précisa t-il. Il fit un faible sourire avant d'ajouter complétement choqué.« Leur problème est sans doute le fait qu'un troll serait plus intelligent qu'eux deux réunis, c'est pas vraiment moi. Des fois quand je regarde des mecs comme ça, je me demande ce que tu fais chez Serpentard sérieux ! » Là, il allait trop loin pour lui, c'était vraiment pas son genre, il s'ouvrit presque là, miracle moi je dis.
Dernière édition par Daemon F. Buckley le Mer 27 Fév - 19:10, édité 1 fois
Aiden sourit brièvement et hocha la tête. « Tant mieux si ça va. Moi aussi, je suis un peu fatigué mais je m’en sors. » Pathétique. Même avec un pur étranger, il aurait su trouver quelque chose de plus intéressant ou amusant à dire. Pourquoi se sentait-il aussi mal à l’aise avec Daemon ? La colère et la tristesse l’envahirent : Aiden détestait se sentir désemparé. Daemon fut à peine plus loquace quand ils en virent à parler de ses recherches à propos de leur demi-sœur. Le jeune homme soupira et passa sa main sur sa nuque. La situation l’agaçait de plus en plus. Il fronça les sourcils, un air de reproche dans le regard. « Ce n’est pas important ? » Contrairement à Daemon qui était d’un calme et d’une retenue terrifiants, Aiden était impulsif et beaucoup plus démonstratif que lui. Il continua, décidé à ne pas laisser de mal entendu planer : « Toute ta vie tourne autour de ça en ce moment, Daemon. Comment peux-tu dire que ce n’est pas important ? » Peut-être ne comprenait-il pas où il voulait en venir : il voulait dire par là que ce qui était important pour lui était également important pour Aiden. Certes il lui avait menti, oui il était au courant … Mais si son frère était malheureux pour ça, alors il l’était aussi. « Je ne veux pas que ça t’obsède, que ça te rende malheureux. Peut-être que tu ne le vois pas, ou que tu ne veux pas le comprendre, mais je suis ton frère et je m’inquiète pour toi. » continua-t-il, bien moins gentiment qu’il ne l’aurait voulu. Mais sa colère trahissait sa propre souffrance et son cadet n’était pas idiot, il comprendrait qu’Aiden ne le disputait pas uniquement pour le plaisir de jouer les aînés influents. A moins qu’il ne le comprenne pas. Non en fait, Daemon ne comprenait rien. Et c’était bien ce qui rendait Aiden complètement dingue. Il se détendit un peu quand il expliqua qu’il n’avait jamais remarqué les Serpentards avant et sourit. Mais son sourire ressembla davantage à un rictus qu’un véritable sourire. « Tant mieux alors, mais au moins ça les dissuadera de s’en prendre à toi. » conclue-t-il.
Sa remarque suivante le désarçonna. Aiden écarquilla les yeux et éclata de rire. Daemon n’avait pas tort, l’intelligence ne suintait pas par tous les pores de leur peau. Il mit sa main devant sa bouche et se reprit, car la fin de ses paroles le touchèrent. Il lui lança un regard plus tendre et affectueux, avant d’expliquer doucement : « Tous les Serpentard ne sont pas des abrutis, même si j’en fais sûrement partie. Le problème c’est que la plupart des abrutis y vont. Mais les principales caractéristiques sont l’ambition, la ruse et la malice non ? Les garçons comme eux ne sont pas assez courageux pour Gryffondor, pas assez loyaux pour Poufsouffle et pas assez intelligents pour Serdaigle. » Il sourit encore, aurait adoré serrer son frère dans ses bras. Aiden ne se souvenait pas l’avoir fait un jour. « Merci. » déclara-t-il, conscient que Daemon lui avait fait un compliment. Il jeta un coup d’œil autour de lui et s’enquit alors : « Je te retiens, mais tu as peut-être des choses à faire non ? Tu allais quelque part ? » Aiden, bien qu’horriblement gêné, avait toujours fait des efforts monumentaux pour alimenter la conversation avec lui. Mais Daemon était loin d’être loquace et ce n’était pas tâche aisée. Il se contentait de lui répondre par des phrases simples, ne lui retournait pas toujours ses questions. Pourtant, là, il venait lui-même de faire un véritable effort. Jamais il ne lui avait fait un compliment, aussi caché soit-il parmi ses propos. Peu à peu, des élèves sortirent du château en riant, se poussant, hilares. Ils allaient tous à Pré-au-Lard ou au terrain de Quidditch, profitant du soleil et du temps qui s’adoucissait. Il regrettait parfois que son frère ne joue pas au Quidditch, il aurait adoré jouer avec lui. C’était des choses comme ça qui lui manquaient, des choses simples qu’il aurait voulu partager avec lui. « Tu sais quoi Daemon ? » lança-t-il, taquin, en voyant une gamine basser avec un nimbus dans les mains. « Je rêve de te voir sur un balais ! » Aiden était attrapeur dans l’équipe de Serdaigle et aurait aimé devenir professionnel. Peut-être que si il ne réussissait pas à devenir Auror, il suivrait son rêve.
Daemon cligna alors des yeux pendant un bref instant. Et voilà que ce qu'il ne cherchait absolument pas se produisait. Aiden beuglait comme un veau des paroles qui n'avaient ni queue ni tête pour le serdaigle. Ou du moins, il ne voulait pas les entendre. Quelque chose lui disait de rien n'écouter, chercher à partir mais il ne pouvait pas, il n'était pas comme ça. Si le courage n'était pas de ses qualités, on ne pouvait pas le qualifier de froussard. Par contre quelque chose retint son attention, un mot "malheureux". Son visage se décomposa pile à ce moment, d'où osait-il l'insulter de la sorte ? Comment... « Non, tu te trompes, je crois même que t'es à côté de la plaque. » Lâcha t-il alors que ce dernier venait de retrouver une sorte de calme quelque peu effrayant. Il laissa planer un silence lourd. Il avait vraiment dit ça comme ça sans se rendre compte des conséquences mais Aiden ne savait pas dans quoi il s'était lancé. Si Daemon ne disait rien à ce sujet, c'est qu'il y avait bien une raison, il ne voulait tout simplement pas déraillé sur un sujet bien plus mauvais. « Cette obsession comme tu le dis n'est pas ce qui peux me rendre malheureux. Le problème, le réel problème, c'est pas moi, pas toi... Pas elle. C'est celle qui nous a mis au monde, si tu savais comme je la hais. Tu saurais pourquoi je ferais ça. Elle aurait pu faire quelque chose au lieu d'accepter de l'abandonner. Elle aurait pu. » Dit-il alors d'un ton qui descendait petit à petit. Alors là, soit il en avait trop dit, soit il en avait pas dit assez mais il ne pouvait pas rebrousser chemin, c'était trop tard. Alors il se résigna à s'expliquer, s'il ne pouvait pas le dire à son frère alors c'est que personne ne le comprendrait. « Et si j'ai envie de savoir où elle est, c'est juste pour savoir si quelqu'un a besoin de rattraper les conneries que notre horrible mère a bien pu faire. » Termina t-il en serrant davantage son sac dans sa main. Les Buckley étaient carrément maudis, voués à une souffrance ineffaçable, incompréhensible qu'aucun soin ne pourrait soulager. C'était ainsi et Daemon ne voulait pas souffrir davantage. Autant vivre dans l'indifférence, le mensonge et l'éloignement s'il le fallait, de toute façon dans à peine à un an ils allaient être séparés. Néanmoins, il se retint de dire quelque chose de plus à ce sujet, la phrase fatidique, elle ne voulait pas sortir, les paroles ne se formaient tout bonnement pas, ça faisait trop mal. « Ne t'inquiète dont pas pour moi et plus pour toi. » Ça par contre, il n'avait pas pu s’empêcher de le dire et ce n'était pas forcément quelque chose de provocateur. Il l'avait dit sur un ton serein et presque sympathique.
Cependant, il fut presque ravi que Aiden change de sujet, enfin presque, le rictus qu'il vit le rendit mal à l'aise, presque sans voix. Il se demanda où il avait bien pu apprendre à faire une telle grimace, ce n'était pas à la maison qu'il avait vu ça en tout cas. Enfin quoique... Mais ses oreilles furent surprises plus que ses yeux. Un rire, tout simplement, c'était surement la première fois qu'il l'entendait. Et il arrivait avec une explication de fou là. Alors déjà il n'était pas tout à fait d'accord avec la plupart des choses qu'il disait. En réalité, c'était Poufsouffle la juste qui prenait ceux qui restait pas Salazar. Il ne comptait plus le nombre de fois où il avait bien pu ce livre nommé "Histoire de Poudlard" mais Daemon se voyait très mal sortir sa science comme ça. Il n'était pas comme ça, non, il était bien loin de ça et puis de toute façon, ce n'était pas réellement le genre de choses qui pouvaient plaire à Aiden, en fait il ne le savait pas. « Ou alors, ils ont choisi Serpentard par obligation. » Tenta t-il néanmoins. Il y avait parfois des parents comme ça qui obligeaient leurs enfants à suivre leur voix ou alors envoyaient mille et une beuglantes pour la simple raison que la maison ne plaisait pas. Heureusement, ce n'était pas comme ça chez les Buckley, leur mère ne connaissait pas Poudlard et l'importance des maisons alors que leur père était relativement neutre sur ce sujet-là. Selon lui, il n'y avait pas de tare tant que les deux garçons suivaient les traditions et obéissaient suffisamment. « Pas de quoi. » Il fronça les sourcils en entendant ces deux questions. S'il seulement il savait ce qu'il faisait là. Il reprit un air neutre et secoua la tête. « J'ai rien à faire de particulier. » Assura t-il en se demandant encore une fois ce qu'il pouvait bien faire ici. Trop d'émotions d'un coup, ça devait être ça.
Alors que le silence planait une nouvelle fois entre les deux frangins, il parut surpris. Plus surpris que ça, il ne l'avait jamais été. Cette question n'avait pas vraiment lieu d'être, enfin... Il ne comprenait pas vraiment le sens de cela. Ce fut son tour d'écarquiller les yeux. Rêve... Balais... Daemon sur un balais ? Alors là jamais. I fallait le foutre sur un impero pour qu'il monte une fois de plus sur un balais. Autant vous dire que le serdaigle n'aimait pas les hauteurs, il préférait avoir les pieds sur terre, là au moins il s'y sentait bien. Pourtant, le symbole de sa maison n'était-il pas un aigle ? Un animal libre qui volait, un animal royal. Quand il retrouva ses esprits, il secoua la tête totalement incapable de concevoir l'idée de remonter sur un balais. « Aiden... Rassure moi, t'as rien fumé ? Tu n'es pas tombé sur la tête ? » Dit-il sur un ton amusé. C'était tellement ridicule pour lui, même impossible, il ne le prenait pas mal, oh non, au contraire même, il trouvait ça étrange. Il était cependant toujours sous le choc, lui sur un balais... C'est comme un rat entrain de faire fuir un chat quoi... « T'es sérieux ? » Demanda t-il. Sa voix trahissait sa surprise et son idée d'être dans l'incapacité de répondre à sa demande. « Tu peux me demander de faire une nuit blanche, d'aller dans les cuisines de sécher les cours ou encore je ne sais quoi d'autre mais là c'est trop. C'est comme si tu demandais... Enfin là, j'ai pas d'exemple. » Se tortura t-il à lui faire comprendre les choses de son point de vue. « Je suis désolé mais là non.... Je ne suis pas polyvalent. » Acheva t-il plus sérieux en essayant d'arrêter de délirer. Il voulait complétement oublier ça, il voulait revenir à autre chose. Faire comme si il n'avait rien entendu. En réalité, il ne savait pas quel impact son refus pouvait avoir comme effet sur Aiden. Ils n'avaient pas le même esprit et puis c'était tout.
Aiden se mordit la lèvre et acquiesça, un peu gêné. En effet, il avait été complètement à côté de la plaque. Il soupira et se gratta la nuque, avant de répondre : « Je vois. Je suis désolé, je n’avais rien compris. » Il sourit brièvement et détourna le regard. « Tu sais, je suis persuadé que cette fille est heureuse. Qu’elle est heureuse d’être à Poudlard, et heureuse de rentrer chez elle. » Aiden était un peu gêné que Daemon parle de leur mère ainsi, sachant que lui-même n’avait aucun problème avec elle. Il se mordit la lèvre pour ne pas lui faire remarquer, bien qu’il en meure d’envie. Le jeune homme savait pertinemment qu’Astrid avait décidé de s’en prendre à Daemon et elle ne se montrait pas tendre avec lui. Aussi les paroles de son frère étaient justifiées. « Daemon, c’est de notre mère dont tu parles, finit-il pourtant par dire, ce n’est pas juste une horrible femme. On n’a qu’une mère. Elle nous a offert la vie, nous a permis de mener l’existence que l’on voulait. » Ou presque, se garda-t-il de préciser. Parce qu’il avait été fiancé à Isalyne contre sa volonté, par exemple. Quand Daemon lui dit de s’inquiéter davantage pour lui, Aiden hocha la tête. « Je suis assez arrogant et égoïste comme ça. Si je continue de faire uniquement attention à moi, je risque de finir par tomber amoureux et ce serait gênant. » dit-il sur le ton de la plaisanterie. Mais au fond, Daemon avait raison. Il fallait qu’il fasse attention, qu’il se ménage. A force d’accumuler trop de pression, Aiden finirait par fatiguer ou tomber malade. « Je vais bien, reprit-il plus sérieusement, je suis fiancé, j’ai des bonnes notes et je serai certainement accepté dans une formation pour devenir Auror, j’ai déjà bien organisé ma vie future et je me débrouille bien au Quidditch, j’ai de bons amis … Que demander de plus ? Je préfère m’intéresser davantage à toi qu’à ma petite vie bien rangée. » Les marques d’affection à l’égard de Daemon étaient rares, et quelque peu embarrassantes.
Sa réaction vis-à-vis de son désir d le voir sur un balais amusa beaucoup Aiden qui fouilla un instant dans sa poche, avant d’en sortir une fiole qu’il tendit en direction de Daemon. « En cours de potion ce matin, j’ai préparé un élixir d’euphorie. J’ai dû sniffer trop de vapeurs. » se justifia-t-il avec un sourire. Il prit la main de son frère et posa la fiole dedans, avant de la refermer dessus. « Tient, tu essaieras. Tu verras, c’est amusant. La moindre chose que l’on te dit te paraît amusante, même si l’on t’annonce que ton botruc de compagnie est mort. » Il hésita un instant, se demandant si il était possible d’avoir un botruc de compagnie. Mais peu importait, là n’était par la question. Aiden retrouva une fois encore son sérieux et fit quelques pas pour se dégourdir les jambes. « Je sais que tu n’aimes pas le Quidditch, c’est dommage. » répondit-il simplement, cachant sa déception. Mais Aiden n’était pas très bon comédien et Daemon comprendrait forcément qu’il était triste. Cela ne concernait pas que le Quidditch, mais les bases fondamentales de la relation qu’ils entretenaient. Ils n’avaient rien en commun, et ne se trouvaient pas de goûts similaires. Il s’arrêta de tourner en rond et releva le visage vers Daemon. « On aurait volontairement voulu être plus différents qu’on aurait pas réussi. C’est amusant, non ? » Amusant n’était pas le mot. Il recommença à tourner, perdu dans ses pensées. Aiden souffrait vraiment de cette situation et avait toujours refoulé ça au fond de son cœur. Or en cet instant, tout ce qu’il essayait d’enfouir le submergeait, lui sautait aux yeux comme une évidence. Il aurait pu lui balancer ses quatre vérités, mais Aiden avait peur de brusquer Daemon, de lui faire peur, de l’obliger à s’enfuir. Il ne voulait pas, et ne pouvait pas se fâcher avec son cadet. La famille était une valeur importante pour Aiden, qui s’efforçait de ne pas laisser les membres de la sienne se haïr. Mais les Buckley n’étaient pas faits pour forme une famille heureuse, et ils ne le seraient jamais.
Aiden avait sept ans et Daemon cinq la première fois qu’ils avaient vu la mer. Les deux petits garçons marchaient sur la plage, profitaient de la douceur du sable sur leurs pieds. Visage tourné vers l’étendue bleutée, ils approchaient l’eau avec un mélange de fascination et de terreur, se sentant tout petits. C’était le plus beau souvenir commun qu’il avait avec lui. Ils avaient posé les pieds dans l’eau en même temps et Daemon avait pris sa main naturellement, qu’Aiden avait serré en se demandant à quoi pouvait penser son frère. « C’est beau nan ? » lui avait-il demandé. « Oui. » avait seulement répondu Daemon, sans sourire, sans le regarder. Aiden avait cessé de sourire et avait soupiré, avant de relâcher sa main. Daemon avait baissé les yeux vers celle d’Aiden et n’avait plus jamais essayé de la reprendre dans la sienne. Parfois, Aiden venait encore à se demander si cette erreur qu’il avait commise était la cause de la distance qui s’était formée entre eux. Mais alors Aiden se rassurait en se disant qu’il ne s’en souvenait certainement pas, de cet épisode-là. « Au fait, on ne t’a pas encore parlé de mariage ? » demanda-t-il. La plupart des Sang-Pur étaient fiancés pendant leur scolarité à Poudlard, et rares étaient ceux qui y échappaient. Même la jeune Mérida venait d’être fiancée. Daemon n’y échapperait pas, Aiden en était certain. Cela l’étonnait même que ce ne soit pas encore fait. Il enviait Daemon d’être aussi libre. Lui-même aurait préféré ne pas avoir ces fiançailles sur les épaules, surtout avec Isalyne. Mais depuis quelques temps, ses sentiments à son égard se précisaient et Aiden voyait l’avenir avec plus de sérénité. Ou du moins, avec moins d’appréhension. Il grandissait lentement, apprenait à voir sa jolie fiancée comme une femme plutôt que comme un bébé, répondait beaucoup moins à ses provocations. Grandir faisait peur à Aiden, qui sentait déjà qu’il ne pensait plus comme un enfant mais comme un adulte, qui ne pensait plus à jouer et être heureux, mais être organisé et méthodique. Il ne voulait plus grandir, il ne voulait pas quitter Poudlard. L’inquiétude se dessina sur son visage et il soupira, enfonçant ses mains dans ses poches.
Il garda un certain calme quand il entendit l’hypothèse que leur demi-soeur pouvait être heureuse. Peut être mais il ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'être abandonné, ça faisait vraiment très mal. « Peut être... Mais je n'arrive pas à penser comme ça. Je pars du principe que je n'aurais pas aimé être à sa place. » S'il s'entêtait, il devait bien y avoir aussi quelque chose derrière ça. Il n'y avait pas qu'une envie de savoir si elle souffrait, dans le fond, il voulait tellement la connaitre, avoir une image d'elle. Il ne pouvait pas se résoudre à l'idée d'abandonner ses recherches en si peu de temps. Elle était à Poudlard, il pouvait y arriver et puis de toute façon il avait encore deux ans devant lui. Il cligna des yeux un moment. Comment pouvait-il oser ? Astrid Buckley n'était pas une mère, oh non, à part, jouer la poule elle ne lui avait rien donné. « Une mère ? Sérieux... Elle n'est rien de cela. Qu'a t-elle fait pour toi ? A t-elle fait une seule chose de bien ? A t-elle dit une seule fois qu'elle nous aimait ? Ose me dire le contraire, ose ! » S'exclamma t-il. Limite, il ne contrôlait plus et il ne réalisait pas à quel point le ton montait. Il recula d'un pas et haussa les épaules. Il prit un air totalement blessé. Il était hors de lui. Cette haine cachait une souffrance extrêmement profonde. « Dis-le moi. Vas-y, je t'écoute. » Insista t-il à peine quelques secondes après. Il cligna encore des yeux et tenta de retrouver son calme. Il leva son doigt un air menaçant avant de secouer la tête. Les mots ne sortirent pas tout de suite. Il baissa alors son bras et se résigna à se calmer. Il roula des yeux, il savait que ce qu'il venait de dire était malsain, mauvais et ça ce n'était pas lui. « Je suis désolé mais pour moi, elle n'est rien de tout ça. » Dit-il avec une froideur qui ne lui ressemblait absolument pas. Même il était calme d'habitude, là, on ne pouvait pas le reconnaitre. Ses lèvres tremblèrent un moment mais il serra les dents, c'était vraiment très dur. Il refoulait ça depuis un bon moment déjà mais il avouait à moitié que sa haine pour cette femme de glace qu'il était obligé d'appeler "maman" était bien plus réelle qu'il ne le croyait. S'il y avait quelque chose à éviter, c'était ça, une conversation sur elle, la femme qu'il déteste le plus au monde. Même la conversation suivante ne le rendit pas plus serein. Oh non, il avait encore du mal à avaler le fait qu'il ait perdu ses moyens aussi facilement. Il n'avait pas le droit, pourtant, il devait être celui qui gardait son calme. « Égoïste ? J'en sais rien mais je crois pas que tu sois vraiment sur le chemin de te transformer en Narcisse. » Répondit-il. Il faisait là référence au mythe de Narcisse dans la mythologie grecque. Daemon était vraiment le genre de garçons à lire tout et n'importe quoi tout simplement pour assouvir sa curiosité. Et des fois, ce côté-là remontait à la surface quand il n'allait pas vraiment bien ou quand il ne se contrôlait plus vraiment. « C'est gentil de t’inquiéter pour moi mais ça me gène un peu. Je n'ai pas l'habitude. » Avoua t-il en évitant son regard un bref instant. « Tu sais, je crois qu'il ne faudrait pas que tu organise la vie comme ça. C'est plutôt intelligent mais même si tu as un poids à ton bras que tu vas retrouver en robe blanche, il faudrait peut être laisser un peu d’imprévus dans ta vie. » Tenta t-il. Et voilà que la cadet conseillait l'ainé, on aura tout vu. Il sentit qu'en fait ce n'était pas vraiment le meilleur moyen pour se retrouver ses esprits. « Je suis désolé » Dit-il sérieusement.
Mais alors qu'il voulait une discussion plus posée, Aiden parla de potion, un élixir d'euphorie. Daemon haussa un sourcil surpris. Qu'est ce que ça venait là dedans. Le serpentard fourra une fiole dans la main du serdaigle. Il parut d'autant plus surpris. On aurait dit qu'il lui parlait des effets d'une drogue quelque chose chez les moldus. On lui avait parlé de quelque chose comme ça mais il ne se rappelait plus vraiment ce que c'était. Daemon regarda la fiole un instant et ne sut pas quoi en faire. Il se voyait mal lui refiler, ou pire encore l'utiliser. Alors quel intérêt de la garder. Ah, il pouvait toujours la rendre au professeur de potions tiens. Enfin non. Il allait tout simplement la garder pour le principe que cela venait de son frère et puis voilà. « Concrètement, je n'ai rien contre le quidditch, j'adore regarder les matches d'ailleurs. C'est juste le fait de monter sur un balais. » Assura t-il alors que sa voix descendait encore une fois. Là n'était pas le problème. En réalité, cela dérangeait réellement Aiden mais comment pouvait-il le comprendre ? Même si Aiden n'était pas vraiment un bon comédien, Daemon n'était pas du genre à rassurer les gens. Il n'était pas comme ça, non, il ne savait pas faire ça. Et puis de toute façon, il se voyait mal serrer fort Aiden dans ses bras. Cela n'était plus ou pas naturel pour eux. « Non, je ne crois pas Aiden. Il y a forcément quelque chose qu'on aime bien tout les deux. On l'a juste pas encore trouvé, c'est tout. » Fit-il un peu ennuyé face à cette situation à laquelle il n'était pas préparé. « Et puis de toute façon, il n'y a pas besoin de se ressemble pour s'entendre, on n'a pas été habitué à se parler beaucoup. Ca peut encore changer... » Ajouta t-il. Il avait une sorte de culpabilité qui le déchirait de l'intérieur. Et il n'aimait vraiment pas ça et puis de toute façon, il ne pouvait pas l'ignorer en ce moment précis. C'était comme s'il se retrouvait face à des calculs et qu'ils disaient tous l'inverse de ce qu'il voulait faire parraitre. Il ne pouvait nier l'évidence mais il n'était pas non censé le dire clairement. Au moins, il avait la chance d'avoir un frère intelligent. Il leva les yeux quand il entendit sa dernière question. Oh punaise, il oubliait carrément ça. Les fiançailles. Et à dire vrai, il ne savait pas comment ça se faisait qu'il n'était pas encore passé par là. « Non. Mais de toute façon, il n'y aurait aucun intérêt à me fiancer. » Dit-il en réfléchissant à la question. Non il n'avait pas encore entendu son nom associé à celui d'une demoiselle de sang pur dans la bouche de son père. Il aurait peut être cette liberté de choisir lui-même ou alors il ne représentait aucun intérêt aux yeux de son père et voilà tout. Et puis il n'allait pas s'en plaindre de toute façon. Il voulait avoir cette liberté de choisir lui-même et peu lui importait qu'elle soit de sang pur, née-moldu ou sang mêlé. Il l'imposerait et ses sentiments auraient le dessus. Après la meilleure façon de résister à la tentation était d'y céder. Alors s'il fallait choisir entre une demoiselle et ses obligations de se marier avec telle fille, il n'hésiterait pas longtemps.
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Dim 24 Fév - 22:21
