La riposte avait été immédiate et si prévisible ! S’en était décevant d’ailleurs, de voir avec quelle véhémence certains membre de l’élite, des nobles sorciers au rang et à la puissance incontestable, s’évertuaient à protéger la pire engeance qui soit. Il n’y en avait qu’un qui avait tout compris. Ce grand Lord lui-même qui faisait tant parler de lui ! Il était en quelque sorte un modèle, une voie à suivre pour qu’ici aussi, à Poudlard, l’école soit purifiée de tous ces sangs-de-bourbes ainsi que de tous les traitres à leur sang qui les protégeaient. Même si ce n’était pas lui qui m’avait inceptionné l’idée. Cela faisait longtemps que ma haine envers les impurs me rongeait et sans le soutien d’Amadeus, je n’aurais sans doute jamais osé me jeter à corps perdu dans ce projet d’Alliance. Au final, j’étais plutôt fier de notre réussite qui commençait enfin à nous permettre de remettre un peu d’ordre ici bas. Dumbledore était un directeur aux qualités indéniables, mais il était beaucoup trop laxiste. C’était donc de mon devoir de remettre un peu d’ordre à Poudlard, au nom de toutes les grandes familles sorcières, au nom des Rosier et des Nott ! Regardez père et vous serez fier de moi ! C’était une voie noble, j’en étais persuadé et j’étais un précurseur. Notre petite mascarade du troisième étage nous avait permis d’identifier les forces en présence et les esprits les plus faibles. Je m’en étais beaucoup amusé d’ailleurs. Mais pas autant qu’Amadeus qui, comme à son habitude, avait endossé son rôle de préfet à la perfection en minaudant avec cette insupportable gamine impure. Je donnerais n’importe quoi pour savoir qui avait osé lever la main sur elle et lui proposer une place dans l’Alliance. J’avais moi aussi, pensé à ce benêt d’O’Carley, dans un premier temps. Mais ses fréquentations prouvaient qu’il n’était pas prêt de rallier notre cause. En revanche, j’avais jubilé intérieurement de le voir de nouveau se faire accuser pour notre « show ». Le clou du spectacle ! Je n’aurais pas rêvé mieux. Amadeus avait raison, il faisait un parfait bouc émissaire et pendant que ce crétin attirait l’attention, il nous permettait d’agir en coulisse.
Bref, vous l’aurez compris, j’étais sans doute l’un des seuls à me réjouir du climat de tension qui régnait dans l’école. J’avais été l’instrument presque docile et le porte parole de Dumbledore pour annoncer à ma maison les nouvelles mesures restrictives qu’il avait imposées dans le but de sécuriser l’école. J’avais dit cela sur un ton égal, aussi imperturbable que d’habitude et je m’étais délecté des rictus amusés de mes camarades. Nous savions tous plus ou moins à quoi nous en tenir et ici, peu d’entre nous avaient grand-chose à craindre.
Dans les jours qui suivirent, l’annonce du cambriolage de la banque Gringotts jeta une nouvelle vague de terreur sur l’école. Certains membre de l’Alliance que notre petit coup d’éclat avait revigoré, avaient suggérer une autre action plus musclée pour imposer notre suprématie. Mais nous étions encore trop inférieurs en nombre pour agir, et les forces en présence ne nous étaient pas favorables. J’entendais par là, Dumbledore. Et je tenais bien trop à ma couverture pour prendre ce genre de risque. Alors j’avais intimé à tout le monde de faire profil bas, je leur avais interdit de parler de nos projets à quiconque et surtout de mesurer leur liesse. Ce n’était que le début et nous ne devions pas nous réjouir trop vite au risque de commettre un impair. Et moi, j’avais besoin de réfléchir à la suite des événements.
Cependant, je n’avais pas l’esprit à la fête ces jours-ci et j’étais facilement irritable. Amadeus avait respecté mon vœu de silence et de discrétion, comme tous les autres. Ils savaient tous qu’il valait mieux éviter de me contredire ou de me désobéir. Mais toi Amadeus, je pensais que tu savais mieux que quiconque que cette mesure ne s’appliquait pas à toi. J’avais plus que jamais besoin de toi, en ce moment ! Quelque chose n’allait pas. J’en étais plus que sûr. Il n’était pas dans son état normal. Il aurait du se réjouir et je m’étais attendu à ce qu’il vienne lui-même me trouver pour me féliciter et pour me soutirer le vers du nez sur ce que l’Alliance allait faire ensuite. Je m’attendais à ce qu’il partage la liesse des autres ou au moins qu’il tombe le masque avec moi, qu’il m’adresse un signe de reconnaissance. Mais il avait réagit mesurément, comme il le faisait souvent. La discrétion était tout à son honneur dans toutes les circonstances qu’il voulait mais pas avec moi ! Je savais qu’il était puéril de me prendre la tête avec ce genre de futilité, mais je ne pouvais pas m’en empêcher. Son regard et son avis comptaient trop pour moi. Je voulais qu’il soit aussi fier que je l’étais. Mais je n’avais pas l’impression qu’il le soit. L’avais-je déçu ?
O bien-sûr, je ne lui en avais encore rien dit, mais cela me rongeait. Il fallait que je lui parle. Seul à seul. Loin de cette harpie d’Orléans. Quand bien même je devais lui reconnaître certaines qualités et un parfait alibi pour se rallier à notre cause, elle m’insupportait. Et penser à elle m’agaçait et me donnait des envies de meurtre. Je m’agaçai tout seul en vérité et j’avais un peu honte. Je ne pouvais pas m’en prendre à elle parce que Amadeus l’aimait. L’aimait-il d’ailleurs ?
Je me senti envahir par un cocktail explosif d’émotions violentes et je dus prendre une profonde inspiration pour ne pas prendre mon nécessaire de toilette et l’envoyer valdinguer à travers l’immense salle de bain. Au lieu de ça, je me laissai glisser lentement sur le fond de l’immense baignoire des préfets, disparaissant sous l'épaisse couche de mousse, jusqu’à être complètement immergé. Et si j’arrêtai de respirer, ici et maintenant, Amadeus, qu’est ce que tu ferais ?
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Amadeus H. Windsor
PREFET
+ SORCIER DEPUIS LE : 16/06/2016 + PARCHEMINS : 103 + LOCALISATION : Dans ton ombre...
Pouvais-je seulement avoir confiance en toi ? Avais-je surestimé tes capacités, ton point de vue et toutes ces choses auxquelles je te pensais prêt à atteindre ?
Mes prunelles, éclats de puretés, caressaient les teintures de la salle commune de ma maison. Des couleurs chatoyantes : du bois et de rouge et or si caractéristiques que l'on retrouvait à divers endroits... La question s'imposait alors : le scénario aurait-il été différent si je portais les couleurs de ta maison ? Aurais-je eu plus de facilité à te faire dévorer par mes démons ? Aurais-je un autre avis sur le monde, sur ce qui se trame au sein de Poudlard ? Pire encore, en quoi suis-je fondamentalement différent d'un Serpentard ? Ma mère m'avait-elle modelé pour n'être qu'un mensonge vivant et se nourrissant de ces idéaux extrémistes et des rêves d'autrui ?
J'étais figé.
Mon regard était fixé depuis quelques longues secondes dans les flammes dansantes, dans l'antre de la cheminée.
La chaleur du feu ne semblait avoir aucune emprise sur la froideur de mon visage.
Les ombres des flammes léchaient mon visage.
Soudain, je me levais : geste souple et précis. Je disparaissais quelques secondes dans mon dortoir avant de pousser la lourde de porte de la Grosse Dame et disparaître derrière.
J'étais quasiment une âme errante dans le château, le regard dans le vide. Mes pas étaient silencieux. Ma cape se soulevait parfois dans certains de mes mouvements. Plus que jamais, j'avais besoin de chaleurs et de sécurités, loin des yeux, loin des avis, loin des voix, loin de Vesper, loin de tout. Si j'avais vu naître en moi une fascination morbide pour le feu, ma crainte n'en était que plus décuplée dans mes rêves. Les flammes, bien qu'envoûtantes étaient si dangereuses et redoutées. Depuis l'attaque des insectes non-magiques en Suède, l'eau avait acquis un attrait tout particulier : le repos, la sécurité. L'onde chaleureuse, l'onde tentatrice : capable de vous rassurer et vous supporter, vous englober jusqu'en vous engloutir. C'était probablement pour cela que mes pas me conduisirent à l'étage de la salle de bain des préfets. Un privilège que je profitais avec grand plaisir bien qu'il pouvait arriver régulièrement que j'y croise quelqu'un d'autre... Ce que j'appréciais nettement moins.
Sauf lorsque c'était toi.
Loin de tout, loin de rien. Capable de retirer quelques un de mes masques pour me faire vipère avoir toi. Un rôle pour les autres, un rôle pour toi, un autre pour mes parents. Qui étais-je au fond ? Personne et tout à la fois. La question m'effleurait parfois... Il n'y avait que l'angoisse pour m'étreindre. J'avais un but, un objectif, des valeurs à défendre... Mais mon être n'était qu'un prisme qui laissait vos regardes le transpercer et le déformer. Déformé, j'étais. Quelqu'un d'autre, toujours.
Loin de tout, loin de rien.
Un mot de passe soufflé et j'en poussais la porte de la salle d'eau.
Chaleur.
Vapeur d'eau.
Tout me prit soudainement à la gorge.
L'odeur du savon planait.
Quelques regards vers l'uniforme abandonné, sur les affaires présentes avant de reconnaître l'identité de la personne probablement immergée dans le bassin. Je verrouillais la pièce, ne voulant pas prendre le risque une fois de plus d'être surpris avec l'étudiant qui était censé me mépriser.
Avais-je envie de te voir ? Pas spécialement. Mais je devais bien avouer qu'une partie de moi se délectait déjà de notre futur échange.
Sans gêne - ou par habitude - j'abandonnais mes vêtements, souplement. Bientôt l'eau chaud vint agresser mon derme, lécher mes hanches.
Depuis que j'étais entré, je comptais. Je comptais ces secondes qui s'écoulaient avant que ton visage ne surgisse des tréfonds de la mousse parfumée. Et je comptais encore et encore, presque inconscient de ce besoin de savoir, de contrôle. Seconde après seconde.
Figé, je restais un instant à fixer le bassin. Puis doucement, je partis à ta rencontre. Mes doigts frôlèrent sans réellement le désirer ton corps avant de trouver ton bras. Presque par inquiétude, je vins y tirer dessus pour te faire remonter. Le mâle qui émergeait des eaux troubles... Agacement et inquiétude semblaient se mêler dans mes prunelles et mon être. Te tirer de l'eau parce que je jugeais l'attente trop longue. Te sous-estimer, parfois. Et pourtant j'avais l'intime conviction de t'avoir surestimé jusqu'à présent.
« Tu tentais d'établir un nouveau record... ? »
La voix rauque, la voix basse. Je ne souriais pas, comme si souvent loin de l'intimité. Mon regard était bien plus sombre, mon attitude probablement trop différente que le reste de la journée. Mais j'étais en train de tout laisser s'effriter, tomber. Parce que c'était toi.
Gale Rosier-Nott
+ SORCIER DEPUIS LE : 22/09/2016 + PARCHEMINS : 95 + LOCALISATION : Serpentard, 6ème année
La température de l’eau était élevée. Je l’augmentais toujours d’un ou deux degrés lorsque j’étais seul dans le bassin. Ce qui était le cas ici. Du moins, jusqu’à ce que tu arrives. Je ne t’attendais pas spécialement. Pas consciemment du moins, même si j’avais hésité à verrouiller la porte de la salle de bain des préfets derrière moi. Et puis finalement, je ne l’avais pas fait. Une omission de ma part ? C’était peu probable. Il était rare que je me laisse distraire à ce point. Surtout lorsque je souhaitais être seul.
Mon immersion donnait à cette garce de colère qui m’avait envahi sans crier gare, un bon alibi pour s’exprimer en jouant de la concurrence avec l’eau trop chaude du bassin. Mon visage me brûlait. Qu’à cela ne tienne ! Les poumons pleins, je retenais mon souffle tout en recherchant le calme et l’apaisement que me procuraient parfois ces moments de détente passés ici. Mais mes pensées honteuses, elles, refluaient et refusaient de me lâcher. Elles s’envolaient vers toi et se mélangeaient à la noirceur de mon âme. Je me sentais si pitoyable que je me laissai gagner par cette vieille catin insidieuse de mélancolie. Ma gorge se noua et je fus pris d’un spasme, lâchant une nuée de bulles. Puis, j’entendis un bruit sourd, répétitif. Des pas sur le carrelage de la salle de bain. Quelqu’un était entré. Non barre-toi ! Je regrettais à présent de ne pas avoir verrouillé la porte.
Puis le silence s’installa de nouveau. L’abattement dont j’étais saisi sembla s’être mis en standby tandis que je tendais l’oreille, à l’affut d’un indice pouvant m’indiquer l’identité de l’importun. Des bruits sourds et légers se mêlaient au clapotis de l’eau et ne me permettaient pas de reconnaître qui avait osé venir troubler ma pseudo recherche de quiétude. Je commençai à suffoquer lorsqu’il daigna enfin rentrer dans l’eau. Non ! J’espérais qu’il ne se soucie pas de moi, qu’il ne me cherche pas, qu’il m’ignore. J’étais résigné. Je ne voulais voir personne. La colère revint au pas de charge à mesure qu’il se rapprochait et fendait l’eau et la mousse. L’air me manquait et que je sentis quelque chose m’effleurer. Je laissai échapper les dernières bulles et me redressai d’un bond, le regard furibond, retirais mon bras des mains de l’impudent qui avait osé me toucher, d’un geste brusque avant même de chercher à savoir de qui il s’agissait et je le repoussai dans le même temps avec force.
Lancé de dé Réussite : Je le repoussai suffisamment fort pour lui faire perdre l’équilibre. Echec: Il était sur ses gardes et résista au choc.
Mon autre main s’était aussitôt portée sur le rebord de la baignoire où j’avais laissé ma baguette. L’eau ruisselait sur mon visage et le temps sembla s’arrêter lorsque je discernais enfin ton regard de glace, tes cheveux immaculés et ton absence de sourire. Mon cœur manqua un battement quand je me rendis compte de qui je venais de bousculer. « Mais t’es dingue ! » lâchai-je, furieux. Je regrettais déjà. Ma main se fit plus molle et mon regard s’arrondit de stupeur. Je laissai finalement ma baguette à sa place.
« Un nouveau record… non. Je me détendais figure-toi ! » Au vu de mon intonation et de ma réaction, c’était flagrant , non ?
Ma voix était encore emprunte d'une colère qui peinait à pleinement se dissiper et j’avais lâché cela plus froidement qu’escompté : « Je ne pensais pas te voir ici ce soir. » L’amabilité ne m’avait jamais étouffé, excepté lorsqu’il s’agissait de toi. Là, j’étais encore un peu à cran et en réalité, le seul à qui j’avais envie de parler ce soir c’était toi. C’était à croire que tu avais entendu le fond de mes pensées et c’était plutôt perturbant. Ce fut à mon tour de te tendre la main cette fois-ci. « Désolé. » dis-je en détournant le regard. « Prévient la prochaine fois ! »
Je n’avais entendu que ses pas à lui, mais je ne pu m’empêcher de jeter un regard au reste de la salle de bain. Je n’avais pas spécialement envie de voir débarquer quelqu’un d’autre. « Tu es seul ? » J’avais envie d’être moi-même, de laisser tomber le masque et de t’avoir pour moi tout seul, pour une fois.
Dernière édition par Gale Rosier-Nott le Dim 20 Nov - 23:23, édité 3 fois
Daily Prophet
LE MAITRE DU JEU
+ SORCIER DEPUIS LE : 13/11/2009 + PARCHEMINS : 1569
Le monstre surgissait de l'eau, prêt à attaquer, rugissant silencieusement sa colère. Il n'y avait que ton geste pour condamner tes émotions, punir mon comportement déplacé, ma curiosité saisissante... Ou une fois de plus, mon envie de contrôler, tout contrôler, te contrôler : avoir l'aval sur ta personne. Alors que je perdais l'équilibre, reculant, glissant, l'onde me soutenant, me retrouvant soudainement bien plus immergé que je ne l'étais ; je devinais ton geste vif à trouver ta baguette entre les éclats d'eau. Prêt à me prendre à la gorge, ou me noyer. Tes réactions ne pouvaient que me ravir. Alors pourquoi n'avais-tu pas fait autant preuve de détermination avec cette mascarade ?
Puis le calme retomba.
Tu me reconnaissais alors. Des goutes d'eau glissaient sur mon visage et mon regard sombre était simplement ancré sur le tien. « Mais t'es dingue ! » Ce n'était guère une nouveauté. Mais je ne répondais rien. Dans l'eau, ma main trouva un appuie sur une assise, silencieusement. Tu étais vivant, beaucoup plus que je ne pouvais l'être. Je t'avais probablement toujours envié ta passion, ta vivacité, ton humanité déchirée par tes convictions. Tu étais probablement tout ce que je n'étais pas. « Je me détendais figure-toi ! » J'avais peiné ta quiétude, honte à moi... Je violais une fois de plus ton inimité sans crier gare, sans te prévenir. N'était-ce pas ce qu'il y avait de plus délicieux ? Me faufiler dans ton intimité, sans même en avoir réellement conscience ? Tu étais visiblement énervé et j'ignorais pourquoi. L'idée que tu puisses être atteints par l'une de ces bécasses me désespérait d'avance. Tu ne pouvais pas être aussi faible que cela. Je ne pouvais pas te perdre aussi simplement. « Désolé. » Un mot à peine soufflé, alors que mes yeux ne te quittaient pas. « Je ne pensais pas te voir ici ce soir. » J'haussais légèrement un sourcil. J'ignorais ce qui te tracassait, et de toute évidence je serais incapable de ne pas m'en soucier. Il fallait me faire violence pour me retenir si souvent, pour te laisser ta liberté. J'étais incapable de l'envisager autrement que de contrôler jusqu'à la moindre pulsation de ton coeur. « Tu attendais donc, quelqu'un d'autre... » La porte était pas verrouillée. J'eus un léger sourire alors que mon regard se détournait enfin. Etais-je réellement en train de feinter cette déception qui glissa sur mes traits l'espace d'une infime seconde ? Peut-être. Peut-être pas. Rien n'était aussi sûr avec toi. Mais cette moue me conduit à me redresser lentement échappant un léger soupir. « Désolé. Préviens la prochaine fois ! » Mais il y avait cette main que tu me tendais. Je n'ai pas pour habitude d'accepter de l'aide. Comme je ne me confie jamais sur ce qui me préoccupe. J'ai été éduqué pour être seul, pour gagner seul. Pour m'entourer, déchirer, manipuler, façonner, mais définitivement seul. Pourtant, une part de moi espère toujours trouver une compagne à mon image, sur laquelle je pourrais me reposer. Quant à toi, ou mes éventuels amis... Je ne pourrais que me souvenir le nombre de fois que ma mère a pu me souffler de me méfier des amitiés. Dois-je totalement te faire confiance ? Je suis bien plus vrai avec toi que les autres, à priori.
J'attrapais ta main, non sans mettre quelques secondes à réagir. « Ne t'excuses pas. » Manière de dire que ce n'était pas grave, qu'une telle chose ne méritait de tels mots venant de ta part ; soufflé pourtant avec une telle fermeté, incapable de réellement ouvrir le dialogue, leader dans l'âme, dominateur dans la moindre de mes paroles. « C'est moi qui ai été bien trop familier... » Par habitude. Par envie. Par dépit. L'observatoire, la salle sur demande, la salle de bain des préfets, trop peu de lieu où nous avons prit l'habitude de nous réunir pour comploter. Des mois de murmures pour te convaincre lentement, laissé naître ton envie de créer quelque chose ici, trouver une solution pour m'emporter à moi dans tes plans diaboliques. « Je peux m'en aller. » Simplicité. Te laisser le choix. Te laisser l'aval. Te laisser croire que tu contrôles notre relation, mes allées-et-venues. Mais je saurais distiller bien plus dans ton coeur : un poison saisissant. Et pourtant, je me demandais encore qui tu pouvais attendre. Avais-tu donné rendez-vous à ton idiote de promise ? L'idée ne m'enchantait guère. Je relâchais ta main pour reculer un peu, prêt à partir, probablement. « Tu es seul ? » J'haussais de nouveau un sourcil, la surprise se lisant sur mon visage... La surprise ou de l'agacement. Ce fut à mon tour d'être un brin moins désagréable : « Je n'ai pas pour l'habitude de prendre mes bains accompagnés. » L'air glissait entre mes lèvres. « Et je n'ai croisé personne, si telle est ta véritable question... » Je te fixais sans rien dire. Ose me faire partir pour une autre... Ose m'avouer que quelque chose d'autre à plus d'importance que ce que nous formons ensemble. Ton futur, c'est nous qui allions le construire. Pas l'une de ces demoiselles qui ne sont que des accessoires à nos parures.
Je te fixais encore. Pourtant ces derniers jours je n'avais que si peu porté attention à toi. Ni même à Vesper qui avait trouvé le moyen de me reprocher de la délaisser pour toi... N'était-ce donc pas ironique ? Et là, tu avais une fois de plus toute mon attention. Mon regard était sombre, je ne souriais pas, je ne souriais que très peu loin de ces insectes à manipuler. Prends donc conscience de ce que je fais pour donner un peu plus de réalité à ton Alliance. Le silence était là. Apposé avec délice, pour donner un peu plus de vie à ce qui t'animais. Il sortit enfin, ce souffle si bas, qui s'échappa de mes lèvres : « Qu'est-ce qu'il y a... ? »
Gale Rosier-Nott
+ SORCIER DEPUIS LE : 22/09/2016 + PARCHEMINS : 95 + LOCALISATION : Serpentard, 6ème année
Ma mauvaise foi était flagrante. Qui croyais-je duper ? Certainement pas toi. Tu m’avais pris de court, tu m’avais dérangé, mais tu étais bien le seul à qui j’étais déjà à même de pardonner. Le temps que je me remette de mes émotions et que je me calme ; je me justifiais bêtement, comme pour te faire oublier l’excès de ma réaction à ton égard. Je me sentais gauche et faible. J’avais horreur de ça. Même si tu étais le seul à qui je me montrais tel que j’étais vraiment. Mon incapacité à interpréter ton regard à cet instant me déstabilisait et je n’aimais pas ton silence. Il m’était insoutenable.
Rendu sourd par ma colère et par cette insupportable attente, je devinais plus que je n’entendis tes excuses à peine murmurées, au mouvement de tes lèvres. J’avais parlé trop vite, impulsivement et à en juger par ta réaction, tu te méprenais sur mes paroles et cette déception que je lisais sur tes traits alimenta cette colère latente que je n’avais pas réussie à évacuer… Mais je n’en avais pas après toi. J’en avais plutôt après moi. Ou peut-être que si. Je t’en voulais de t’être montré distant avec moi ces derniers temps. Non ! Je ne sais pas ce que tu t’imagines mais… Ne me regarde pas comme ça. « Je n’attendais personne. » Mensonge ! Quel imbécile ! Pouvais-je seulement avouer que j’avais souhaité au plus profond de mon être, que tu me rejoignes ? Etait-ce une forme de faiblesse ? De dépendance ? Non ! Biensûr que non ! C’était inconvenant !
Je t’avais tendu la main, voyant que tu cherchais à te redresser. Dans quel but ? Je l’ignorais. C’était ma manière à moi de me faire pardonner, d’établir le contact. Et j’étais même allé jusqu’à vraiment m’excuser, en toute sincérité. Ce qui était un phénomène assez rare pour être soulevé. Il n’y avait que toi qui jouissais de ce privilège, car je te considérais comme mon égal, comme mon meilleur ami. Le seul que je n’ai jamais eu. Tu étais le seul à me comprendre, à qui j’ose me confier, le seul qui partageait mes idées, le seul à m’encourager, le seul qui avait de l’importance à mes yeux. Alors pourquoi tant de tensions entre nous ? Tu refusais mes excuses et j’en fus d’abord piqué au vif avant que l’ascenseur émotionnel ne fasse une chute vertigineuse dans l’autre sens. Je restai stoïque quelques secondes, surpris. Agréablement surpris. Donc, tu ne m’en voulais pas ? Me voilà soulagé. Le temps que je réagisse, tu t’apprêtais à disposer. « Tu plaisantes ! » dis-je avec un sourire en coin. C’était d’une telle évidence que j’étais presque soufflé que tu le pris comme cela et que tu eus pu penser une seconde que je puisse vouloir que tu parte. Je ne te suppliais pas de rester, mais je n’en pensais pas moins.
Je n’avais pu m’empêcher de poser la question. Simple question, voulant tout et ne rien dire. Nous étions préfets, disposant du privilège d’une salle de main qui nous était réservée. Il n’y avait pas cinquante personnes autorisées à venir ici. Et ce n’était pas aux préfets des autres maisons que j’avais fait allusion. Subtile allusion. Ou non. Ta…petite amie… était préfète elle aussi… Et rien que l’idée de vous imaginer ici ensemble me filait la nausée et elle était bien la dernière personne que j’avais envie de voir débarquer quand bien-même il y avait un bain réservé aux filles. Cependant, mes appréhensions furent vite balayées et je m’autorisai même à sourire de soulagement en entendant ta réponse. « Ah oui ? » demandais-je avec ironie. Pourtant nous étions là, juste toi et moi. Ce n’était pas la première fois que nous nous retrouvions ici, ou ailleurs. L’intimité étant plus propice à la libre discussion et à l’élaboration des stratégies de l’Alliance. L’idée avait par ailleurs commencé à germer dans mon esprit ici-même, suite à l’une de nos si nombreuses discussions passionnées. Nous étions faits pour nous entendre, en parfaite symbiose.
« Tant mieux. » lui concédai-je finalement. Tu avais à peu près compris où je voulais en venir. Si tu m’affirmais que tu n’avais croisé personne, je pouvais te faire confiance. Toujours debout, je me saisi de ma baguette. « Je vais aller fermer la porte. » Mais je n’avais pas besoin de me donner cette peine puisque tu l’avais déjà fait, à mon insu, ce qui ne manquerait pas de me ravir. Ainsi, tu savais que j’étais là et tu ne souhaitais pas non plus que nous soyons dérangés.
Je repris place sur un autre rebord immergé, non loin de toi. J’accrochai ton regard mais je craignais ton jugement et je redoutais ce que tu avais à me dire. Ces quelques secondes de silence me parurent durer une éternité durant laquelle j’observais malgré moi le crépitement de la mousse qui flottait à la surface du bain, sans vraiment savoir par où commencer, réfléchissant au ton à adopter pour ne pas me montrer trop rustre avec toi. Mais tu pris les devants. Te souciais-tu vraiment de moi ? M’en voulais-tu ? M’étais-je montré à la hauteur de tes attentes ?
« Non n’avons pas eu le temps de beaucoup parler ces derniers temps… Tu étais… occupé, j’imagine. » A faire bonne figure et à te pavaner avec ta petite… je chassais cette pensée nocive, me reconcentrant sur le sujet qui nous incombait. Certes, j’avais dit à tout le monde de limiter les contacts entre les membres de l’Alliance suite à l’explosion de la Salle des Trophées, mais cela ne s’appliquait pas à toi. « Je ne sais pas, je pensais que tu… aurais un avis sur la question ? » Sue tu m’aurais félicité, encouragé ? C’était notre projet qui prenait vie, notre avenir. N’avais-tu donc rien à me dire ? « Peut-être as-tu remarqué des choses ? Des changements dans les comportements des gens ? Je ne parle pas des profs, bien-sûr… » Etait-ce bien, mal ? « Je m’attendais à ce que la réponse des adultes soit un peu… comment-dirais-je… » Je cherchais mes mots pour qualifier la réplique de Dumbledore. J’avais besoin de sentir de nouveau cette symbiose entre nous, que je pouvais compter sur toi, que tu étais là que tu me soutenais. J’avais plus que jamais besoin de toi.