Quel sacré farceur ce facteur !
Mai 1981
AAprès le dernier cours de la journée et après avoir passé quelques longues minutes à jacasser avec mes camarades de classe, j’avais finalement laissé Christopher se rendre à son entraînement de Quidditch. J’avais ensuite fait un bout de chemin avec Clarence qui m’avait quitté au troisième étage pour aller étudier à la bibliothèque. Je lui avais promis de le rejoindre après avoir fait
quelque chose d’important. C’était sur ces mots évasifs que je m’étais éclipsé rapidement sans demander mon reste.
J’avais gravis les marches quatre à quatre et arrivais en haut complètement essoufflé. C’était malin !
L’ambiance, dans la salle commune de Serdaigle, à cette heure était studieuse et je devinais, aux regards de certains, qu’ils étaient sans doute soulagés que je sois seul. Ni Clarence, ni Nocturnus en vue, je n’avais pas mon auditoire préféré pour m’étendre en palabres inutiles. Ce qui ne m’empêchait pas pour autant de faire des exposés à d’autres élèves, mais là n’était pas le but de ma venue.
Je remontai dans mon dortoir, me débarrassai aussitôt de ma robe de sorcier estampillée Serdaigle, récupérais le courrier que j’avais écris à monsieur Hamilton et quittai aussitôt les lieux en gratifiant Owen, un autre septième année occupant le dortoir, de mon plus beau sourire.
En sortant de la tour de Serdaigle, je gravis les escaliers ascendants menant jusqu’à la volière. Je ralentis le pas à l’approche du seuil, guettant le moindre signe d’agitation à l’intérieur. Les facteurs avaient l’air plutôt calmes. J’entrai.
J’avais beau venir ici régulièrement, je n’étais jamais très à l’aise en présence de tous ces volatiles. C’était toujours avec une certaine appréhension que j’avançai lentement, à la recherche de
Tiplume. Ce hibou Petit-duc mesurait moins de vingt centimètres et il aimait particulièrement se percher sur les poutres les plus hautes, ou encore, se cacher derrière ses congénères les plus gros.
« Tiplume ! J’ai une lettre pour toi ! » dis-je d’une voix mal assurée, n’osant pas trop crier, de peur que les autres hiboux ne s’agitent. Mais en plus d’être facétieux, il n’était pas non plus très obéissant. Je grimaçai.
« Allez ! Viens-là ! Tu ne vas pas m’obliger à te supplier ? » Je balayai la volière du regard, mais je ne le voyais toujours pas. La barbe !
« Tiplume ! »Au bout d’une minute qui me sembla durer une éternité, je vis le minuscule hibou changer de perchoir et aller se poser à côté d’une chouette effraie, à l’air très… effrayant.
« Il se fiche de moi ma parole ! » marmonnai-je dans ma barbe.
« Allez ! J’ai pas toute la soirée ! Il faut que j’aille réviser ! Viens-ici tout de suite ! » J’avais beau prendre le ton le plus autoritaire que je voulais, il n’était pas décidé à m’obéir. Mais je ne pouvais pas me résoudre à hausser la voix.
« Bon ! Très bien ! Puisque tu le prends comme ça, je vais prendre un hibou de l’école. Il m’obéira, lui ! » Les menaces fonctionnaient parfois.
Je cherchai du regard un des hiboux Grand-duc de l’école. Igor se trouvait sur un perchoir, non loin de là. Je sortis l’enveloppe de ma poche et je sentis aussitôt quelque chose me frôler les cheveux dans un bruissement d’ailes précipitées. Je sursautai, puis me retournais vivement en maugréant à voix basse :
« Imbécile ! Tu me le p… » le ton et l’intonation y étaient, mais pas le volume. J’accrochai un regard bleu sombre. Et non ! Ce n’était pas celui,
constellé, de mon hibou, qui venait de se poser sur l’épaule d’un autre Serdaigle.
« Heu… Salut ! » dis-je avec un sourire niais.
« Le prends pas mal. C’était pas contre toi. C’est juste que…heu… » Oserais-je avouer que je n’avais aucune autorité sur mon familier ? Non ! Ça jamais. J’étais bien trop fier pour ça.
« Ce hibou ! Quel sacré farceur ! Tu as la cote avec lui on dirait ! » Oui, j’étais parfaitement conscient d’être en train de m’adresser à Dolohov. Et après ?