NOM : Hailey, du nom de sa mère moldue. PRÉNOMS : Cleora Sophia, le premier provenant de la passion de sa mère pour la Grèce antique et le second de sa grand-mère maternelle, plus communément appelée Cleo. AGE : 23 ans.  POSTE : Couturière chez Gaichiffon, à Pré-au-Lard. ÉTAT CIVIL : Célibataire. PURETÉ DU SANG : Sang-mêlé. ANCIENNE MAISON : Griffondor. ORIENTATION SEXUELLE : Bisexuelle. CAMP : Neutre. PARTICULARITÉ : Possède une faible magie mais également une mémoire photographique.

✎ Votre personnage trouve par hasard la pierre de résurrection, l'une des reliques de la mort ! Que décide t-il de faire ? Si Cleo tombait sur une relique magique, quelle qu'elle soit, même la plus rare de toute, elle passerait son chemin. La magie, moins elle en voit, mieux elle se porte. De toute façon, elle ne s'intéresse pas assez au monde magique pour savoir ce qu'est la pierre de résurrection et ne la reconnaîtrait pas, pensant qu'il s'agit d'un vulgaire caillou abandonné là. Et dans l'hypothèse farfelue où elle la reconnaîtrait et aurait conscience de son importance, elle ferait sans doute la chose la plus logique au monde : elle contacterait son meilleur ami Auror pour qu'il s'en occupe et que l'objet soit placé en sécurité au Ministère de la Magie.

✎ Votre personnage tombe sur un moldu malmenée par des sorciers au détour d'une rue, que fait-il ? Cleo a toujours été une jeune fille intelligente. Mais qui dit intelligente ne veut pas dire réfléchie. Ce qui qualifierait le mieux Cleo serait son caractère impulsif. C'est une jeune femme qui n'hésite pas à foncer tête baissée, quitte à réfléchir ensuite à un moyen de se sortir des ennuis dans lesquels elle se fourre. Le fait de ne pas avoir de grandes capacités magiques ne l'a jamais empêchée de s'opposer à des sorciers, au contraire ! Elle se sent bien plus proche des moldus et n'hésitera jamais à en protéger un, quoi qu'il en coûte. Elle n'a pas froid aux yeux, et c'est certainement ce qui finira par causer sa perte.

✎ Le Ministre de la magie propose à votre personnage de tout quitter pour devenir son conseiller personnel. Accepteriez-vous la proposition ? Non. Si Cleo a décidé de s'éloigner au maximum du monde magique, ce n'est clairement pas pour y revenir, qui plus est au Ministère de la Magie. Elle ne se sentirait pas à sa place au milieu de ces sorciers pompeux et serait persuadée que le poste de conseiller personnel ne serait qu'une excuse pour qu'on lui fasse faire le café et les basses besognes. Elle les trouve tous hypocrites et détestables, le Ministère et ses employés, elle les évite comme la peste. Non, elle préfère franchement vivre sa vie tranquillement sans se mêler de ce qui peut bien se passer dans les hautes sphères. Elle n'est pas bête, elle sait bien qui sont les premiers visés dans les rivalités de pouvoir.

✎ Amour, richesse, célébrité ou sagesse : qu'est ce qui intéresse le plus votre personnage ? Pour faire court, aucun des quatre. L'amour, Cleo n'y croit pas. Si c'était si bien, alors sa mère ne se laisserait pas dépérir depuis des années, se noyant dans le souvenir d'un homme qui ne l'a jamais aimée et l'a laissée seule avec un enfant sans jamais prendre de nouvelles. L'amour, ça détruit plus que ça ne construit, alors ce sera sans Cleo. La richesse, elle n'en a pas besoin non plus, préférant mériter ce qu'elle gagne et ne pas se laisser vivre dans l'opulence. Quant à la célébrité, comme mentionné plus haut, c'était le meilleur moyen d'attirer la haine et les fous furieux, chose que Cleo ne désirait pas le moins du monde. Enfin, la sagesse n'avait jamais été son fort et elle aimait son caractère de feu. Non, ce que Cleo souhaite, c'est la liberté, celle d'être qui elle veut et de faire ce qui lui plaît sans que la magie ne puisse lui dicter quoi que ce soit.

PSEUDO : M. AGE : 23 ans. PRÉSENCE : 7/7 (peut-être moins à la rentrée). AVATAR : Shelley Hennig. COMMENT AS TU DÉCOUVERT LE FORUM : On cherchait un contexte sympa pour accueillir une grande bande et on a trouvé DP qui a conquit tout le monde   . UN PETIT MOT POUR LA FIN : Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises   .

Cleora poussa son premier cri le neuvième jour du mois d'avril 1958, à Brixton, dans la banlieue londonienne. Elle fut accueillie par le sourire heureux mais fatigué de sa mère qui la prit dans ses bras avant de sombrer dans un sommeil bien mérité. Ce sourire, Cleora n'aura pas besoin de s'en rappeler pour le connaitre : c'est celui qui orne encore aujourd'hui les lèvres de celle qui lui a donné la vie. L'enfant sut, dès qu'elle fut en âge de le comprendre, que ces traits tirés et ces yeux éteints se languissaient d'amour pour un homme qui n'était plus dans leur vie et ne l'avait même jamais été. Sa mère n'en parlait pas, mais Cleo savait que son père n'était pas décédé : il avait simplement pris la fuite, comme un lâche.

Ne pas avoir de père ne manqua pas à la vie de la petite fille qui se contentait très bien de l'amour que sa mère pouvait lui porter. Elles étaient proches, affrontant ensemble les problèmes que pouvait leur réserver la vie. Pour subvenir à leurs besoins dans une ville aussi chère que Londres, la mère de Cleo cumulait deux emplois en remplissant les rayons d'un supermarché avant même que le soleil ne se lève, puis en allant nettoyer les chambres d'un hôtel pour les préparer à la venue de nouveaux clients. Heureusement, sa fille ne lui causait jamais de problèmes quand elle rentrait éreintée de ses journées, et elles finissaient toutes deux dans le lit qu'elles partageaient, à raconter des histoires de mythologie grecque, une véritable passion de la mère qui avait valu à Cleo de porter un prénom grec.

Cleo fit sa scolarité dans l'école puis le collège du quartier, s'imposant très rapidement comme une enfant très cultivée. Il aurait fallu quelques tests chez un médecin spécialisé pour comprendre qu'elle était dotée d'une mémoire photographique et retenait donc tout ce qu'elle lisait, mais les Hailey n'avaient jamais eu les moyens de financer de tels tests. Néanmoins, elle comprirent très vite qu'il y avait quelque chose de différent chez l'enfant, et pas seulement son intelligence un peu plus développée que la moyenne. Mais ni la mère, ni la fille ne surent mettre le doigt sur ce qui clochait.

Pour ses quatorze ans, Cleo avait eu droit à un véritable gâteau et non pas au traditionnel cupcake d'anniversaire - sa mère avait reçu une petite prime au supermarché. Elle en savourait une petite part, souhaitant le faire durer le plus longtemps possible, quand une lettre passa par la fenêtre pour atterrir sur la table. L'adolescente, seule, ne comprit pas vraiment comment cela pouvait être possible puisqu'elles vivaient au troisième étage, mais elle ne se posa pas plus de questions quand elle vit son nom écrit en encre verte sur la lourde enveloppe. Elle analysa longuement le sceau en cire rouge qui cachetait l'enveloppe avant de se résoudre à le briser pour voir qui pouvait bien lui écrire. L'espace d'un instant, elle eut l'espoir qu'il s'agissait de ce père invisible.

Quand elle lut sa lettre d'admission à Poudlard, Cleora ricana et jeta le papier à la poubelle, se faisant la réflexion que les farces étaient de plus en plus inventives. De la magie, quelle idée ! Elle n'en parla même pas à sa mère lorsque celle-ci rentra le soir-même. La pauvre était trop fatiguée pour écouter de telles sornettes. Elle en fut néanmoins obligée quand le lendemain, trois lettres identiques furent glissées dans le courrier que récupéra sa mère. Notamment quand, lorsque Cleo demanda en plaisantant quel hibou elles pourraient bien renvoyer pour confirmer son inscription, une large chouette effraie vint frapper à leur carreau. À la fois curieuses et effrayées, les deux femmes écrivirent un petit mot pour féliciter l'auteur de la farce et le confièrent à l'oiseau qui prit son envol. Le lendemain, un délégué du soit-disant Ministère de la Magie vint leur prouver que cette histoire n'était en aucun cas une farce.

Cleora fit sa rentrée à Poudlard en étant à la fois excitée et perplexe. Elle avait bien trop la tête sur les épaules pour réaliser ce qui se passait mais ne pouvait pas nier l'attrait que toute cette histoire avait. Quand sa mère et elle s'étaient rendues sur le Chemin de Traverse, elle en avait profité pour lire quelques livres supplémentaires, et les mots restaient à présent dans un coin de sa tête. Elle savait qu'il était courant que des sorciers soient détectés chez des familles non sorcières - ou Moldues. Elle n'était pas un cas unique et ça la rassurait dans un sens. Mais elle ne savait tout de même pas si elle saurait faire quelque chose du bout de bois qui l'avait soit-disant choisie.

Lors de la cérémonie de répartition, l'adolescente fut sans grande surprise envoyée à Gryffondor, la maison des hardis. Après sa lecture, elle savait que c'était la seule qui pouvait lui convenir : elle n'était pas suffisamment ambitieuse et rusée pour être à Serpentard, ni mordue des études et égoïste pour Serdaigle, et encore moins dévouée et patiente pour intégrer Poufsouffle. Elle avait en revanche un caractère de feu et avait tendance à agir avant de réfléchir, faisant passer ses principes avant tout le reste. Elle était prête à tout pour défendre ses convictions. La maison rouge et or était pour elle.

Tout se passa à merveille pour Cleora durant les trois premières années de sa scolarité à Poudlard. Elle rentrait chez sa mère à chaque vacances scolaires et était intarissable sur tout ce qu'elle vivait et accomplissait à l'école. Sa mère était fière, ses yeux brillaient un peu même si son sourire gardait cette tristesse. Elle semblait aussi avoir repris un peu de poids et de couleurs maintenant qu'un seul emploi lui suffisait pour vivre et qu'elle se contentait d'en prendre un second sur la période estivale pour nourrir Cleo et payer ses fournitures scolaires. L'adolescente lui envoyait un hibou tous les deux jours pour que sa mère ne se sente pas trop seule, mais elle savait que ce n'était pas toujours suffisant et s'en voulait parfois d'avoir égoïstement choisi de partir.

La cause de cette tristesse qu'elle avait toujours connue était liée à son père, elle le savait. Sa mère lui avait une fois avoué avoir eu un véritable coup de foudre pour cet homme. Ils ne s'étaient fréquentés qu'une petite semaine avant qu'il ne disparaisse sans laisser de traces. Elle avait bien essayé de le retrouver, surtout lorsqu'elle s'était rendue compte qu'elle était enceinte, en vain. Cleora n'en avait plus jamais reparlé avant ces vacances de Noël en troisième année. Dans un soupir triste, sa mère lui avait avoué le nom de son géniteur : Selwyn. Cleo l'avait cherché dans le bottin, sans succès. Mais elle n'allait pas laisser tomber comme ça. De retour à Poudlard, elle se renseigna sur les sortilèges pour retrouver une personne à partir de son nom et se noya dans les livres de la bibliothèque jusqu'à ce qu'elle trouve enfin ce qu'elle cherchait.

Là, au milieu d'un chapitre d'histoire de la magie, brillait le nom de celui qui devait être son père. Le coeur de Cleo se fit soudain lourd quand elle réalisa la vérité. Elle chercha frénétiquement dans d'autres livres et finit par trouver son père dans un ouvrage dédié aux grandes familles de sang pur. Son père était un sorcier. Il était même un sang pur. Et à en croire ces ouvrages, pas l'une des familles les plus respectables : ils avaient plusieurs fois été accusés de crimes affreux au cours des siècles et prônaient une haine claire envers les Moldus. Les Moldus comme sa mère.

Ce soir-là, Cleo alla vomir son dégoût d'elle-même, de ce patrimoine génétique qui coulait dans ses veines. Elle qui avait enfin réussi à accepter et être fière de sa magie en était maintenant dégoûtée. Cette magie, c'était de lui qu'elle la tenait. Elle n'était sorcière que parce que ce monstre qui avait le sang de ses ancêtres sur les mains avait brisé le coeur de sa Moldue de mère, sans doute en voulant simplement prendre plaisir avec elle comme il l'aurait fait avec une prostituée de bas étage. Cleo ne voulait pas être associée à un tel homme, jamais.

Il ne s'était passé qu'une dizaine de jours après sa découverte quand Cleora rencontra Ethan pour la première fois. Perdue dans ses pensées, elle divaguait dans le parc du château, le visage livide et les yeux vides. Elle ne remarqua pas qu'elle s'était approchée d'un peu trop près d'un buisson câlineur, pas avant que celui-ci n'étende ses branches pour venir l'enlacer. L'adolescente tomba à la renverse dans un petit cri de surprise. Même si elle avait bien besoin de réconfort, elle n'avait nullement envie de se faire chouchouter par un morceau de végétation. Et bien sûr, elle avait laissé sa baguette dans sa chambre, s'en approchant le moins possible depuis qu'elle savait pourquoi elle était dotée de magie.

Elle se débattit un petit moment avant que le buisson ne finisse par lâcher prise et qu'une main n'apparaisse devant ses yeux. Agacée, vexée et sur le point d'exploser après des jours à ressasser son ressentiment, Cleora se remit sur ses pieds et commença à insulter de tous les noms le garçon qui venait juste de la sortir du pétrin, l'accusant sans retenue de n'être qu'un lâche qui utilisait la magie même lorsque ce n'était pas nécessaire et prétextant qu'elle aurait pu se débrouiller toute seule, merci bien ! Elle ne s'attendait pas à voir le garçon se mettre à pleurer devant son discours assassin et fut aussitôt prise de remords : le pauvre n'avait rien à voir avec ses problèmes. Elle lui tapota doucement le dos et lui donna un Chocogrenouille qui traînait dans une poche de sa cape d'hiver en guise d'excuse : Cleo ne s'excusait jamais avec des mots.

C'est ainsi qu'Ethan devint le meilleur ami de Cleo, de la façon la plus ridicule et pathétique qui soit. Le jeune homme avait un an de plus qu'elle et était à Serdaigle. Il s'appelait en réalité Aaron mais préférait son deuxième prénom, alors Cleo se faisait un plaisir de l'appeler Ethan. Elle lui confia être perturbée, sans pour autant rentrer dans les détails, et il s'avéra que cet handicapé social était plutôt doué pour lui remonter le moral. Il fut la seule personne que Cleo toléra jusqu'à la fin de la troisième année.

La découverte de la jeune femme ne fut pas sans séquelles. Cleo se rendit tellement malade et accumula tellement de dégoût envers elle-même et ses origines sorcières que sa magie en fut ébranlée. À chaque fois qu'elle réussissait un sort, elle augmentait son ressentiment, si bien que sa baguette finit par ne plus vouloir obéir à un maître aux émotions si complexes. Petit à petit, Cleo devint incapable de jeter de nouveaux sortilèges, ce qui frustrait ses professeurs mais la rassurait elle. Elle ne voulait pas être comme son père, elle le refusait. Elle voulait que tout en elle soit un héritage de sa mère. Or, sa mère n'avait jamais fait la moindre magie. De toute façon, Cleo ne voulait plus de ce monde qui la dégoûtait. Elle voulait pouvoir choisir, que sa génétique ne l'oblige pas à suivre une voie qu'elle ne désirait pas emprunter. Si c'était pour finir comme les Selwyn, non merci. D'autant plus que l'un des professeurs de Poudlard était, elle le savait, son demi-frère. Elle s'abstint bien de divulguer cette information, mais développa une haine sans précédent pour cet homme qu'elle ne connaissait pas. Elle ne voulait plus le voir, lui non plus.

Alors l'été qui suivit sa troisième année, Cleo annonça à sa mère qu'elle ne voulait plus retourner à Poudlard. La scolarité n'y était pas obligatoire et elle n'avait de toute manière eu son année que grâce à ses notes de début d'année. Elle rangea sa baguette, ses grimoires et son chaudron pliable sous leur lit où ils prirent la poussière pendant des années. La seule chose qu'elle conserva fut sa chouette hulotte, Muse, pour continuer d'écrire à Ethan et quelques amis avec qui elle avait gardé contact. Elle ne pouvait pas se résoudre à tout abandonner.

De ce fait, Cleo reprit des études Moldues, rattrapant son retard très rapidement grâce à sa mémoire photographique. Elle décida de se lancer dans le stylisme, un milieu qui l'avait toujours attirée alors que toute petite elle faisait preuve d'ingéniosité pour sublimer les vieux vêtements que sa mère ramenait des associations. Elle ne pouvait pas se permettre de faire de grandes études en plus : non seulement elle n'aimait pas étudier - seulement découvrir - mais sa mère ne pourrait jamais lui payer une université. De plus, son retour à la maison impliquait que sa mère reprenne ses deux emplois et Cleo ne voulait pas que cette situation s'éternise.

Elle eut son diplôme de stylisme haut la main, essayant de ne pas penser à ces petites touches de magie qui s'ajoutaient parfois à ses créations et les sublimaient, créant l'admiration de ses professeurs. Qu'elle le veuille ou non, la magie ne la quittait pas, même si elle s'interdisait de l'utiliser consciemment. Une fois son diplôme en poche, Cleo réussit à décrocher un stage d'apprentissage chez Chanel, à Paris, et elle abandonna une nouvelle fois sa mère pour aller vivre dans une chambre de bonne et poursuivre une vie loin de toute magie. Elle était enfin heureuse, ou presque.

Avec le recul, Cleora finit par réaliser l'immaturité de sa réaction. Certes, elle n'aimait pas l'idée qu'être sorcière l'oblige à suivre une scolarité puis une vie magique. Mais au fond, bien au fond, elle devait admettre qu'elle aimait un peu ce monde-là. Elle y avait des amis après tout, alors qu'elle n'avait que sa mère dans le monde Moldu. Seulement, elle aurait l'impression de la trahir en choisissant le monde de son père. Et d'un autre côté... elle voulait découvrir qui elle était. Elle en avait besoin.

Il était hors de question que Cleo prenne contact avec son père, cet être infâme qui s'était servi de sa mère. En revanche, elle connaissait quelqu'un d'autre : Dorian Selwyn, son demi-frère. La vérité était qu'elle l'avait toujours trouvé agréable comme professeur et bienveillant. Sa haine envers lui était peut-être injustifiée, il était peut-être différent de son père. Cela valait bien la peine d'essayer non ? Alors elle lui envoya une lettre, puis deux, puis des dizaines. Elle ne reçut jamais aucune réponse mais savait qu'elles arrivaient à bon port. Sans doute son frère ne voulait-il pas croire quelqu'un qui proclamait sans preuves être sa soeur. Il pensait peut-être qu'elle voulait s'approprier la renommée d'un nom de sang pur. Si il savait...

Alors Cleora prit une décision qui fut un nouveau tournant dans sa vie. Chanel venait de lui proposer un emploi permanent à la fin de son apprentissage, mais la jeune femme refusa. À 22 ans, elle décida de plier bagages et passa chez elle à Londres pour récupérer sa baguette et ses affaires avant de continuer plus au nord. Rapidement, elle trouva un emploi chez Gaichiffon, une boutique de prêt-à-porter à Pré-au-Lard. C'était bien moins valorisant qu'une maison de haute couture, mais c'était ce qu'elle voulait : ainsi, elle se trouvait juste aux portes de Poudlard, au plus près de son frère. Il ne pourrait pas fuir cette fois.

Cela faisait maintenant un an que Cleo avait repris place dans le monde magique, et elle ne le regrettait pas. Elle avait, avec ses économies, déménagé dans un petit appartement de Londres pour soulager sa mère et y rentrait chaque soir grâce au réseau de cheminées - l'agent immobilier n'avait pas compris sa ferveur de cheminée lors des visites. De ce fait, elle continuait de voir sa mère et ne l'abandonnait pas totalement. De plus, Cleo devait avouer que la magie lui avait manqué. Elle réussissait petit à petit à se défaire de son blocage et sa baguette recommençait à lui obéir. Mais il fallait se rendre à l'évidence : elle n'avait étudié que trois ans à Poudlard et n'aurait jamais un grand niveau de magie, quand bien même elle essayerait d'apprendre par elle-même. Cela lui convenait puisqu'elle réussissait à maîtriser les sorts du quotidien à force de persévérance : tout ce qui pouvait l'aider dans son travail. Plus qu'une troisième main, sa baguette était un outil de travail au même titre que ses aiguilles et son ruban mesureur pour Cleo.

Elle continuait en vain à envoyer des lettres à son frère, guettant le moment où elle pourrait croiser son chemin et le confronter directement à la réalité. Parfois, elle entendait les élèves de l'école parler de lui quand ils venaient en sortie au village, et les retours positifs qu'elle en avait lui redonnaient espoir. Tout se passerait bien, elle en était persuadée.

D'un autre côté, sa mère se lamentait de la voir encore seule à son âge, chose qui ne dérangeait pas Cleora le moins du monde. L'amour, elle se le refusait. Sa mère était tombée amoureuse et ça l'avait détruite. Elle ne voulait pas d'un sentiment pareil, pas quand il y avait le risque de tomber sur quelqu'un comme son père. Des aventures, d'accord, elle en avait eu, mais l'amour ? Merci, mais non merci. C'était un sentiment banni.

Enfin, durant son année à Pré-au-Lard, Cleo fut bien forcée de constater que les choses allaient mal dans le monde magique. Les Moldus ne se rendaient compte de rien, mais quelque chose de mauvais se préparait. Comme beaucoup de sorciers, elle suivait les informations inquiétantes dans la Gazette du Sorcier. Elle avait notamment peur pour Ethan qui était maintenant Auror et donc en première ligne en cas de problème. Elle savait qu'il ne lui disait pas tout quand ils se voyaient, il lui cachait des choses et elle n'aimait pas ça. Mais elle avait une confiance totale en lui. C'est pourquoi elle le contacta immédiatement lors de l'attaque du marché nocturne. Elle y était, vendant des articles de la boutique ce soir-là, quand les mangemorts avaient pris d'assaut les rues. Son caractère de Gryffondor avait refait surface alors et elle avait attiré des élèves dans sa boutique pour les y cacher avant de prévenir Ethan via le réseau de cheminées. Elle avait eu peur ce soir-là, mais d'une peur qui vous décuple les forces et vous pousse à agir en héros. Heureusement, Cleo n'eut pas à défendre la boutique où se cachaient une vingtaine d'adolescents : les mangemorts n'arrivèrent jamais jusqu'à eux.

À présent, elle essaye de vivre sa vie le plus normalement possible sans se mêler du conflit qui commence à grossir, même si elle sait qu'elle finira bien par y prendre part, qu'elle le veuille ou non. Ce n'est pas encore sa priorité.