Ebony avait une drôle de vie en ce moment. Depuis son passage à Londres qui s'était terminé en une petite séance de torture, la jeune femme était sur les nerfs, ce qui ne surprendrait probablement personne. Elle tremblait. Elle s'agaçait. Elle ne parlait plus comme avant. Ses proches remarqueraient rapidement que la chaleur humaine qui se dégageait de la jeune femme en avait pris un coup. La différence était flagrante. Ce jour-là, Bony essayait de se montrer plus souriante, aussi humaine que d'habitude. Mais difficile à faire tout de même. Les élèves allaient et venaient, passant seulement quelques minutes. La plupart était en cours. Heureusement. Elle pouvait donc se poser dans son bureau. Il n'y avait personne dans l'infirmerie. Sauf elle. Et des animaux peut être. Un chat était venu se réfugier ici. Le calme devait lui apporter quelque chose. Elle ne pouvait pas l'en blâmer. Elle-même cherchait le silence depuis quelques temps. Elle sentait assez seule ces derniers temps. Et pour cause, elle ne savait pas comment réagir, à qui le dire. C'était inédit pour elle. Et dire qu'elle avait été sauvée par un quasi inconnu. Elle s'en voulait de ne pas avoir fait plus attention à Mickey durant sa scolarité. Quand elle vit les quelques potions sur la table de nuit, Ebony les attrapa pour les ranger avec les autres. Elle avança donc, sur plusieurs mètres environ, avant de se figer. Elle se pose cette question... cette question simple "pourquoi ?" Elle regarda un instant le sol et hésita durant de longues secondes. Elle serra donc les dents, ferma les yeux, inspira profondément. C'est alors que sans s'en rendre compte, elle lâcha une première fiole qui tomba juste à côté d'elle. Quand elle réalisa ce qu'elle venait de faire, elle ne s'en inquiéta même pas. Pour tout dire, elle avait envie de briser les autres fioles. Entendre le son du verre lui avait donné une sensation étrange, certes superficielle et fugace... mais ça lui avait fait du bien. Bizarre n'est-ce pas ? Pour ressentir ce bien fou, elle lança donc volontairement la deuxième à côté de la première. Puis les autres suivirent sans plus attendre. Elle était frustrée la petite Ebony. Et cela s'en ressentait. C'est quand elle lança violemment la cinquième sur le sol qu'elle entendit le bruit de la lourde porte lui annonçant que quelqu'un avait besoin d'aide. Elle ne leva pas la tête, fixant les résidus. Elle n'en était malheureusement pas plus sereine. Elle se trouvait bête finalement, tellement bête d'avoir fait ça. Mais elle ne pouvait plus reculer. Elle soupira, se mordit la lèvre inférieure et secoua la tête. Tandis qu'elle essayait de recouvrer ses esprits, elle sentit le regard de quelqu'un peser sur elle. Qui ? Une élève peut être. Ou alors un professeur. Elle ne saurait le dire. Mais la voix qui retentit l'étonna. Zephir Yaxley. Qu'est-ce que cette gosse pouvait bien faire là ? Elle écouta donc la blondinette sans lui apporter plus d'attention. Elle n'avait pas envie de se justifier et le ferait pas. Encore moins en présence de cette enfant. Parce qu'elle la voyait un peu ainsi finalement. Comme une enfant seule et terriblement paumée.

Elle porta son regard lentement sur Zephir. L'adolescente venait donc pour une potion contre les brûlures. Pour quelles raisons ? Bonne question. Pour tout dire, elle doutait que ce soit pour elle qu'elle se trouvait là. Elle avait bien compris que Zephir avait l'intention de se soigner toute seule. Elle jeta un œil aux cadavres des fioles et des restes de potions sur le sol et déglutit légèrement. Elle aurait quand même pu éviter de faire ça. Légèrement agacée par ce triste spectacle qu'elle offrait, Ebony resta silencieuse encore un instant avant de se tourner vers l'un de ses meubles qui se trouvait plus loin. Heureusement tout le reste de la pièce était parfaitement rangé. L'infirmière de Poudlard était ordonnée, voire presque maniaque.  « Oui, dans l'armoire, juste là.   » Dit-elle en pointant la réservé de potions du menton. Il était inutile de préciser l'endroit. Zephir connaissait déjà les lieux, mieux que n'importe quel autre élève d'ailleurs. A leur dernière rencontre, la serpentard avait volé sans scrupule une potion de régénération sanguine. « C'est un professeur qui t'envoie ?   » ce qui lui semblait être plus évident d'ailleurs. Elle doutait que Zephir vienne lui demander l'autorisation suite à l'heure de colle qu'elle lui avait donnée. Bony n'avait pas du tout aimé l'idée qu'on vienne chaparder dans ses affaires, même si c'était pour se soigner. Elle avait l'esprit assez ouvert pour donner sans trop de discussion quelque chose d'utile. Elle enjamba alors la rangée de résidus de verre avant de parcourir la distance qui la séparait de sa destination. « Fais attention à ne pas marcher dedans, ce serait bête d'abimer tes chaussures. » Le pensait-elle seulement vraiment ? Elle avait beaucoup de mal avec l'adolescente. La jeune femme était loup garou et devait donc souvent venir à l'infirmerie. Seulement, elle ne le faisait pas ça, préférant se gérer toute seule. Ebony était prête à aider la terre entière si elle le pouvait. Mais si on ne se montrait pas un peu de coopération, forcément, elle n'y arrivait pas. Zephir semblait seule et solitaire, en colère après la terre entière pour des erreurs commises par peu de personnes. Dans un sens, la jeune serpentard était plutôt naïve de se méfier de tout le monde, en ne comptant que sur elle. Une naïveté qui ressemblait aussi à de l'arrogance. Ah ces jeunes. Elle tira la porte de l'armoire, regarda longuement chaque étiquette, ne voulant pas faire une bêtise de plus. Elle s'en voulait un peu d'avoir été ainsi surprise. Mais tant pis. Ce n'était qu'une gosse après tout. Elle pouvait bien le dire à tout le monde. Qu'est-ce ça pouvait bien faire ? Qui en aurait quelque chose à faire après tout ? Une infirmière qui a cassé ses petites fioles sans défense... Quel gros titre ! Non sérieusement, elle ne risquait pas grand-chose. « C'est le professeur McCarthy qui t'envoie ? Des élèves n'ont pas su faire leurs potions ?  » Pour le moment, elle ne voyait pas vraiment dans quel autre cours, cela aurait pu être le cas. Elle imaginait aisément des élèves se brûler les doigts en les posant sur le chaudron brûlant ou alors la potion aurait pu exploser venant se poser sur la peau de quelques malins... En sortilèges, cela aurait été possible aussi. Quelques sorts, en effet, créaient des brûlures. Elle tenait tant bien que mal de faire la conversation, tout en se disant que bavasser avec l'infirmière n'intéressait pas le moins du monde la pauvre Zephir qui n'était là que pour un flacon. Elle l'attrapa d'ailleurs à cet instant. « En voilà une ! Tu en as besoin de plusieurs ?  » Ne savait-on jamais.