Tranquillement installé dans la salle commune des Serpentard, j’étais plongé dans mon livre de Sortilèges. Je ne lisais pas souvent les livres scolaires sauf l’été parce que je m’ennuyais mais j’avais besoin de quelques renseignements pour un devoir alors je m’y étais mis sans broncher. Le roman posé sur ma table de chevet m’appelait à grands cris mais pour l’instant j’avais résisté. J’avais été mangé très tôt aujourd’hui pour avoir le temps de lire ce fichu manuel avant de partir en retenue. Je détestais les retenues. Pas parce qu’elles étaient notées dans mon dossier scolaire mais plutôt parce que les professeurs et le concierge avaient toujours peu d’imagination et les tâches que nous faisions étaient d’une lassitude pas possible. Pourquoi ne nous laissaient-ils pas faire un petit tour dans la forêt interdite pour changer ? Mais bien sûr elle était interdite donc bon … Vu l’endroit où je devais me rendre ce soir, je savais déjà ce qui m’attendait et j’en avais pour toute la soirée. La salle commune était presque vide et cela me permettait de réfléchir en silence. Une fois mes notes prises sur mon sortilège, je m’allongeais sur le canapé et fermais les yeux pour me plonger dans un monde à part, dans mon monde. Je ne savais plus quoi faire, je ne savais plus qui être, en gros j’étais complètement perdu. Là c’est le moment où tout le monde rigole parce que bien entendu qu’à dix-huit ans on est toujours en train de se chercher mais ce que vous ne comprenez pas c’était que le choix que j’allais faire aujourd’hui aurait une influence sur toute ma vie. Je ne devais pas le louper, je devais prendre toutes les options en compte comme je le faisais tout le temps. J’étais quelqu’un de réfléchis qui ne faisait pas vraiment les choses de manière impulsive, du moins les choses de ce genre sinon je suivais mes instincts la plupart du temps. Depuis mes dix ans j’avais voulu redonner à mon nom l’honneur qu’il méritait et j’y étais si proche, la réussite m’attendait au bout du chemin et pourtant, devant cette lumière aveuglante était arrivée une ombre. Minuscule au début mais maintenant elle ne laissait échapper que de fins petits rayons de lumière. Je la détestais pour me faire reculer de ce but mais en réalité j’étais bien incapable de la détester. Amaryllis Ginzburg, Gryffondor et née-moldue. Avec toute les filles que je pouvais avoir à Poudlard j’avais réussis à tomber amoureux de la seule que je ne pouvais pas vraiment avoir. Enfin je l’avais eue mais c’était compliqué, maintenant tout était terminé. Toujours plongé dans mes pensées, je n’entendis pas mon meilleur ami qui passait la porte de la salle commune pour venir se mettre en face de moi et me dire : « Black ? Mais qu’est-ce que tu fous là ? » J’ouvris les yeux pour rencontrer les siens surpris. Je ne comprenais pas vraiment ce qu’il reprochait à ma présence en ces lieux … « J’attends l’heure de ma retenue idiot ! » Des fois je me disais que les gens n’avaient aucun sens des choses, vraiment. Il me regarda un sourire en coin sur les lèvres avant de me dire : « A ta place je me mettrai à courir, ta retenue commence dans deux minutes. » Je regardais ma montre d’un air horrifié. Pourquoi est-ce que le temps passait deux fois plus vite quand je réfléchissais ? Il fallait que je trouve un sortilège pour que ma montre sonne et me rappelle mes rendez-vous comme un réveil, ce serait plus pratique. Je ne perdis donc pas une minute sachant pertinemment que de toute manière j’arriverai en retard.
Sur le chemin, j’essayais de me rappeler pourquoi j’étais en retenue cette fois-ci. C’était le prof de métamorphose qui me l’avait collée. J’adore vraiment ce sujet mais ces derniers temps, je n’avais pas la tête à ça et j’ai oublié de rendre mon devoir. Apparemment ce n’était pas ce prof qui allait s’occuper de moi mais le concierge, il n’y avait que lui qui demandait d’aller astiquer la salle des Trophées. Cela voulait donc dire que nous serions plusieurs sinon le prof m’aurait fait copier des lignes ou fait faire un devoir supplémentaire. J’approchais de la salle et ouvrit la porte à bout de souffle. Le concierge me vit arriver avec un sourire démoniaque sur les lèvres. « En retard Black ? Donnez-moi votre baguette, vous n’en aurez pas besoin. Et vous resterez plus longtemps que votre camarade. » Je soupirais en lui tendant ma baguette. J’étais là pour de nombreuses heures … Le concierge dit alors : « Je viendrai vérifier que vous êtes toujours là toutes les trente minutes, je vous ai à l’œil. » Quand il faisait des trucs comme ça, je vous jure ça vous fout la trouille. Ne voyant personne, je me demandais s’il était devenu complètement fou ce qui aurait été une raison suffisante pour le renvoyer à notre plus grand plaisir ! Alors que j’avançais dans la salle à la recherche de matériel pour astiquer, je finis par voir une petite silhouette avec une coupe à la main. Je l’aurais reconnue entre n’importe quelle personne de ce château, mais j’avais du mal à me dire que c’était elle. D’un air incrédule je dis : « Amaryllis ? »
DETENTION ? REALLY ? “ envoie-moi une armée de cœurs en acier. ”
« Ginzburg ! Une heure de retenue! » Le coup a fusé tout seul. Je ne sais même pas si je souhaitais réellement lancer ce sortilège stupide. Je voulais simplement me défendre. Indignée, je me retourne vers le professeur qui m'interpelle. « Mais Monsieur... » « Deux heures ! » Je m’apprête à ouvrir la bouche une nouvelle fois, mais Poppy me tire par la manche. « Arrête, Bliss. Arrête je te dis! Ça sert à rien. » Je la suis en tremblant. Le cours de défense contre les forces du mal est terminé. Plus loin dans les toilettes des filles, de colère, je fonds en larmes. Difficile de montrer à son ennemi que l'on est puissant avec ce genre de réaction. Zack, cet idiot de Serpentard, profitait comme à son habitude de notre cours commun pour me mitrailler d'insultes. Mais aujourd'hui, je me suis retrouvée dans le même groupe que lui pour nous entraîner à un sortilège de protection. Cet idiot a utilisé ce prétexte pour m'attaquer. « Je n'ai fait que me défendre! » Je finis ma pensée à voix haute sous le regard désolée de ma meilleure amie. Elle hausse les épaules. Bien sur que je me défendais. Seulement, les nés-moldus sont toujours en tord dans ce genre d'histoire. « C'est tellement injuste Poppy! » Je me prends soudain à détester le monde entier. Si même les profs se rangent de leur côté...! Je traîne des pieds jusqu'au cours suivant, puis jusqu'au repas et ainsi de suite toute l'après-midi. Je ne parle à personne, me contente de raser les murs pour me faire oublier. J'aimerais pouvoir parler, me défendre, aller m'expliquer avec quelqu'un mais il n'y a personne pour écouter. Mes paroles se jetteraient dans l'air, rebondirait sur les murs pour finalement me revenir dans les oreilles. Je ne rencontrerais personne qui acceptera de voir justifier une telle chose. Je n'ai pas fait exprès de faire exploser cette table près de lui, je n'ai même pas réussi à la casser correctement en plus!
C'est toujours en ronchonnant que je franchis la porte de la salle des trophées. Je ne prends pas la peine de frapper, qui pourrait bien avoir plaisir à s'enfermer ici ? Le concierge me le fait remarquer. Je réplique par un haussement d'épaules. Franchement, qu'est-ce que ça peut faire ? Il s'attendait bien à me voir venir. Il me parle. J'ai l'impression que cela dure des jours entiers. Je n'arrive pas à démêler le flot de ses paroles entre les bafouilles et les fautes de langue. Finalement, je distingue “ coupe ” et “ baguette ”. Rien de nouveau sous le soleil. Docile, je tends ma baguette avec un pincement au cœur, comment vais-je faire en cas d'attaques ? Puis finalement, je me rappelle que personne ne viendra m'attaquer, ici je suis à l'abri. Je tourne donc les talons et m'active à ma tâche. Plus tôt j'aurais commencé, plus vite les deux heures fileront. Absorbée dans mon travail, je coupe court aux flux de pensées qui se cognent dans ma tête depuis quelques jours. Je ne pense plus qu'à l'action de mes mains sur le métal. J'oublie Rowan, les cours, les batailles, les insultes; ma tête se vide petit à petit. C'est plaisant. Cette sensation de légèreté qui vous envahi lorsque vous parvenez à faire le vide. Occupée avec ma coupe, j'entends à peine la porte qui s'ouvre. Deux personnes parlent. Je n'entends pas, je n'entends rien. Puis, brusquement, je sursaute. Un idiot m'appelle par mon prénom complet. Personne n'a le droit de m'appeler ainsi. Personne! Plus jamais, même pas... « Ne.... » Je lève finalement les yeux. «... m'appelle pas comme ça.. » Ma voix se casse. Rowan! Le sol va s'ouvrir. Je suis persuadée que le sol va finir par s'ouvrir, m'avaler toute crue et ne jamais me recracher. Alors j'attends. Je ne réponds, je ne bouge pas, je ne respire pas. Le sol va s'ouvrir... n'est-ce pas ? Mais pourquoi le sol ne s'éventre pas ? Pourquoi je tiens toujours sur mes deux jambes ? Pourquoi je dois encore supporter sa vue, sa voix, son odeur, sa présence ? Je secoue la tête. Une fois. Deux fois. Non, il ne disparaît pas. C'est alors que mon cœur s'affole. J'essaie de mesurer l’accélération, de compter les pulsations. Impossible. Je ne m'entends plus réfléchir, le bruit devient assourdissant. J'ai l'impression que mon cœur bondit hors de ma poitrine. Gênée, je suppose que je rougis légèrement à cette réaction. Pour le sang froid, c'est rappé. Par moment, il loupe un battement. Ça me fait tanguer un peu sur mes pieds. Je dois avoir l'air stupide, mais pour le moment le plus important est surtout de ne pas faire une syncope. Je m'astreins à reprendre ma respiration, évitons le petit air poisson hors de l'eau. Lentement, mon corps s'habitue, le choc passe et les émotions reprennent le dessus. J'hésite cruellement entre la tristesse et la colère. Le voir là, avec son air arrogant encore accroché au visage, me donne envie de hurler. Je ne le fais pas, le cri resterait coincé dans ma gorge de toute façon, avec les larmes que je retiens. Je le regarde. C'est douloureux. Chaque partie de mon corps souffre, comme s'il m'avait martelé de coups d'un simple regard. Il ne s'avance pas. On dirait bien que lui aussi est sonné. Je me demande ce que je suis supposée faire. J'aimerais faire une sortie dramatique sans lui adresser la parole, comme une vraie femme avec qui on ne joue pas, mais je suis coincée en retenue, sans autre issue que la porte qui se trouve derrière lui et qui est sans doute gardée par le concierge. Je voudrais aussi le sommer de ne pas m'adresser la parole, comme une vraie femme mystérieuse et blessée, mais les mots restent coincés dans ma gorge, j'aurais sûrement du mal à sortir une phrase complète, avec verbe et complément. Alors, au lieu de tout cela, je me tais, comme la fille maladroite et incertaine que je suis. Je reste là, à le regarder en clignant des yeux. J'ai l'air d'un poisson hors de l'eau finalement. Quelques minutes s'écoulent, le temps me paraît long et la coupe que je tiens dans la main commencent à faire souffrir mon poignet endolori. Je cherche ce que je pourrais faire. Il me faut en premier lieu trouver un moyen de ne plus avoir à le voir, je ne tiendrais pas deux heures comme cela. Ensuite, il faut que je trouve quelque chose à répliquer pour ne pas me montrer faible. Je réfléchis, fronce les sourcils. Peut-être que... « Occupe-toi de la partie gauche. Je pars à droite. » que je finis tant bien que mal par bafouiller, sans même tourner les talons. Je reste plantée là à attendre qu'il fasse le premier pas. Peut-être que quand il aura tourné les talons, je serais à nouveau capable de mettre un pied devant l'autre. Faible, Bliss; tu es tellement faible.
J’arrivais à peine à le croire et pourtant elle était bien là. Si près de moi et pourtant je pouvais voir dans ses yeux qu’elle cherchait à s’éloigner. Si on m’avait dis que cette heure de retenue était en sa compagnie, j’aurais sans doute loupé celle-ci quitte à m’en prendre plusieurs autres car elle ne se ferait pas punir deux fois de suite. Ce n’était pas vraiment le fait que je n’aimais pas sa présence car c’était tout le contraire mais j’avais toujours honte de la manière dont j’avais arrêté notre relation quelques semaines plus tôt. Je savais que tout était de ma faute, personne n’avait besoin de me le dire, je savais parfaitement bien éprouver des remords sans qu’on ait besoin de me les mettre devant les yeux. Moi qui pensait que la soirée allait être longue, je ne savais pas à quel point j’avais raison … Je détestais cette situation et ne put m’empêcher de penser que quelques semaines plus tôt passer deux heures avec Amaryllis dans la salle des trophées aurait été la plus belle récompense que j’aurais pu avoir. A cette heure-ci et avec le concierge pas loin, personne ne serait jamais venu les déranger et ils auraient pu passer du temps rien que tous les deux comme ils s’arrangeaient pour le faire toutes les semaines. Mais là ils ne s’étaient pas vus depuis un moment et n’étant pas dans la même année, c’était facile de s’éviter. Mais cela ne voulait pas dire qu’ils ne se voyaient pas car mon groupe d’amis aimait bien s’en prendre à la jeune fille dans les couloirs. Je ne prenais jamais pars à ces activités, sur elle du moins sinon j’éveillerai les soupçons à mon sujet mais la voir souffrir de cette manière sous la baguette de mes amis me donnait envi de leur donner une bonne leçon. Et voilà qu’une nouvelle fois je me retrouvais au milieu du dilemme qui sembler représenter toute ma vie désormais. Je détestais ça, j’avais horreur de tout ça. A cet instant, je détestais tout le monde. Mon meilleur ami pour ne pas être arrivé plus tard dans la salle commune pour me rendre compte de l’heure, le prof de métamorphose pour m’avoir donné cette retenue, le concierge pour ne pas avoir l’idée de nous mettre dans deux pièces différentes et tout le château parce que j’avais besoin de blâmer du monde. Je n’avais pas eu droit à un tête à tête depuis notre dispute et franchement je n’étais pas prêt à cette étape maintenant que j’y étais confronté. Je l’avais regardée de loin bien entendu car quoi qu’elle pense, quoi qu’elle en dise je tenais à elle plus que je ne le pensais moi-même. Me voir devant elle ne sembla pas lui faire très plaisir mais pour une fois ce n’était pas de ma faute. « Ne m'appelle pas comme ça. » Je ne sais pas pourquoi mais je ne pus m’empêcher de faire apparaître sur mes lèvres un petit sourire en coin. Sérieusement ? Je n’allais pas l’appeler Bliss aujourd’hui, elle aurait dû savoir cela et puis j’aimais le fait de savoir qu’il n’y avait que moi qui l’appelait de cette manière. C’était un peu comme si nous avions toujours ce lien qui ne disparaîtrait jamais. « Tu sais très bien que je ne pourrais jamais t’appeler autrement. » Lui dis-je très calmement et sans aucune animosité dans la voix. Je ne comptais pas me disputer avec elle, cela n’avait jamais été le cas d’ailleurs. Des fois, j’avais du mal à réaliser que nous en étions où nous en étions aujourd’hui.
Je gardais mon attitude de Serpentard, celle que tout le monde connaissait parce que je ne savais plus comment agir autour d’elle désormais. Nous ne nous étions pas quittés en bons termes c’est le moins que l’on puisse dire et quand je plongeais mes yeux dans les siens pour m’y perdre quelques instants, je n’y retrouvais plus cette étincelle de malice mais à la place un sentiment de colère et une grande souffrance. C’était ma faute toute ça et je m’en voulais plus que jamais. Pendant qu’elle semblait prise dans ses pensées, j’en profitais pour la regarder, absorber chaque détail de son corps, de son visage parce que je savais que j’en aurais besoin. Il n’y avait qu’elle qui me comprenait complètement avant, elle et mon meilleur ami bien entendu qui en ce moment devait faire face à toutes mes interrogations et je peux vous dire qu’il en avait plus que marre. Je savais que j’étais amoureux de la brunette, je n’étais pas du genre à le nier alors que ça me bouffait de l’intérieur et savoir que je l’avais perdue pour que mes potes ne se retournent pas contre moi me rendait malade. Je me sentais surtout pathétique. Je repensais à mon père et à tout ce qu’il m’avait appris quand j’étais enfant. Que le sang n’avait pas d’importance et toutes ces choses là. Je le pensais réellement, ce n’était pas le problème avec Amaryllis. Le problème avec elle était surtout que c’était la cible préférée de mes amis et que je n’avais pas envi de salir mon nom de famille. Mais quand je la voyais avec ses beaux yeux marrons, je me demandais vraiment pourquoi je trouvais cela plus important. C’est sa voix qui me sortis de ma contemplation et je vis que du rouge était apparut sur ses joues. Oui, elle avait légèrement rougi certainement sous mon regard peu discret. « Occupe-toi de la partie gauche. Je pars à droite. » Je n’avais pas envi de partir vers la gauche parce que j’avais envi de passer du temps avec elle mais je me rendis compte que je ne savais pas vraiment comment agir autour d’elle alors je décidais de suivre son conseil. Je partis donc vers la gauche équipé d’un chiffon pour frotter ces coupes décernées à des élèves inconnus. Pourtant ils avaient tous fait de grandes choses mais cela ne les rendait pas connus pour autant des futures générations. Après avoir frotté plusieurs coupes, je commençais sérieusement à m’ennuyer. J’en pris une dans les mains et revenais vers Amaryllis à qui je demandais : « Pourquoi tu es en retenue ? » Une question qui revenait toujours quand on se retrouvait en retenue avec quelqu’un.
DETENTION ? REALLY ? “ envoie-moi une armée de cœurs en acier. ”
Finalement, je n'ai aucune envie de partir à droite. Tourner le dos à son ennemi peut se révéler très dangereux, ce n'est pas ça qu'on apprend en cours ? Cependant, il finit par tourner les talons. J'imagine que je peux donc en faire de même. Je pose la coupe que je tenais pour en prendre une autre et continue ma corvée en silence. Ne pas parler ne me dérange pas. Je peux rester des heures sans prononcer un mot, même pendant une punition aussi ennuyeuse que celle-ci. La seule chose qui me chiffonne c'est que mon regard n'a de cesse de se jeter sur la gauche. Comme s'il ne pouvait pas laisser Rowan sans surveillance... ou comme si j'avais vraiment besoin de le voir. Du coup, toutes sortes de pensées me passent par la tête. Je n'arrive plus à faire le vide, je ne pense plus qu'à la situation présente. En clair : je ne pense plus qu'à lui. Le voir me rappelle les bons moments que nous avons passé ensemble, l'entendre me rappelle ce moment horrible où il m'a annoncé que tout était fini. Le pire, c'est que dans le fond je crois que je ne lui en veux même pas vraiment. J'essaie de me dire que ce n'est pas de ma faute, que c'est lui qui a raté quelque part, mais souvent j'en reviens à la même conclusion. C'est moi qui me suis faite avoir. Je savais très bien qui il était, je connaissais sa réputation, ses façons. Je n'étais pas obligée de l'aider, et encore moins obligée de continuer à le voir après ça. Alors je cherchais ce qui m'avait fait craquer, pourquoi je n'avais pas tenu parole à mes principes ? Je ne trouvais jamais la réponse. Encore aujourd'hui, je ne parviens pas à mettre de mots sur le sentiment qui m'a poussé à rester proche de lui. De l'amitié ? De l'amour ? De l'envie ? Les trois à la fois ? Je n'en sais rien. Quand j'y pense, je me mets à revoir de drôles de choses : l'image de ses yeux, de son sourire, de ses blagues, la sensation de ses mains dans les miennes, la couleur de ses cheveux et tout un tas de petits détails qui devraient m'être insignifiant mais qui ont l'air tellement important dans mon esprit. Alors j'arrête de réfléchir, ces images sont douloureuses, et je fais ce que je sais faire de mieux : ignorer mes propres sentiments et éviter tout ce qui pourrait me faire penser à lui. Encore une fois je fuis, et me demande ce que diable je fiche à Gryffondor. Il parle. Encore. J'ai l'impression que se voix résonne dans la pièce alors qu'elle est bondée d'objets de toute part. Je n'ai pas envie de lui répondre. Je n'ai pas envie de faire la conversation, de supporter sa voix. Ce n'est pas à lui de décider pour moi. Si j'avais envie de lui parler, je l'aurais déjà fait depuis longtemps. Il m’énerve, il m'exaspère. À moins que ce ne soit moi-même qui me tape sur le système, car il sait que je vais lui répondre. Il sait que je n'aurais pas la force, le courage ou la mauvaise foi de ne pas lui répondre, de ne pas rentrer dans son jeu. Je ne sais même pas pourquoi je me sens obligée de répondre. Après tout, je ne lui dois rien et j'ai parfaitement le droit d'être en colère contre lui. Mais il est là le soucis : je n'arrive pas à lui montrer que je suis en colère. La seule chose dont je sois à peine capable est de l'éviter, de ne pas croiser son regard... mais seuls dans la même pièce et coincés pendant deux heures, ce n'est plus la même chose. Son regard, je ne peux rien faire pour l'éviter. Je suis forcée de sentir ses yeux posés sur mon visage, et je sens que mon regard ne cesse de dévier vers lui depuis tout à l'heure. J'ai beau lutter, fermer mon esprit à la tristesse et le laisser en proie à la colère... rien n'y fait, mes yeux ne m'obéissent pas et reviennent systématiquement vers sa silhouette sur la gauche. Tout en lui semble m'appeler. Je me demande comment il fait avant de me souvenir que justement, il ne fait rien. Il se contente d'être et de se laisser flotter et tout l'univers agit pour lui. Tout lui appartient, tout est fait pour que sa vie soit facile et agréable. Décidément, il m'exaspère vraiment, on dirait qu'il ne se rend pas compte de l'effet qu'il a sur les gens, on dirait qu'il ne voit pas à quel point il est chanceux. Il n'a qu'à se donner la peine d'exister pour que tout lui réussissent. « J'ai fait exploser une table. Au nez d'un de tes amis. Pendant un cours. » que je lui réplique. Il n'a pas besoin de plus pour se faire un tableau de la situation. Ses seuls amis sont les Serpentards et j'imagine qu'ils se fréquentent tous puisque ce se sont tous les mêmes. Et puis je ne fais pas exploser des choses pour le plaisir, je réplique aux coups qu'on me porte mais ne commence jamais à les porter la première. Sauf si le Serpentard en question est trop lent pour sortir sa baguette et que je le vois faire. Ce qui arrive de plus en plus souvent, c'est vrai. Je m'apprête à retourner à ma besogne, je commence même à faire quelques pas pour m'attaquer aux coups suivantes. Puis je tourne à nouveau la tête. Je le regarde un instant avant de lui lancer calmement « Pourquoi tu te sens obligé de faire la conversation ? » Je ne l'agresse pas, je ne bafouille pas, je ne tremble pas. Seule de la lassitude s'échappe de ma question, ainsi qu'un regard curieux j'imagine.
Qui aurait cru que je retrouverai Amaryllis lors d’une de mes retenues ? Quand j’allais raconter ça à mon meilleur ami, il allait simplement exploser de rire. Il m’arrivait une fois sur deux d’oublier que j’en avais une en plus et c’était de sa faute, il allait falloir que je trouve un moyen de le faire payer. Personne dans le château ne se doutait une seule seconde de ce qui s’était passé entre la demoiselle et moi. On nous avait vu travailler à la bibliothèque mais vu que l’on ne peut pas faire grand chose d’autre sans se faire agresser par la bibliothécaire ou alors se faire voir par des yeux curieux, ce n’était pas l’endroit préféré de nos rencontres. Je savais que cette année je devais travailler plus que les autres et pourtant, je laissais de côté mon travail scolaire ces derniers temps. Je savais que cela ne pourrait pas durer longtemps vu que j’étais dans l’équipe de Quidditch et que je devais maintenir mon niveau scolaire et ne pas partir en vrille mais bon, en ce moment je n’en avais pas grand chose à faire de ce que j’apprenais en cours de Divination, d’Astronomie ou de Métamorphose. Ce n’était pas de ma faute si Amaryllis prenaient énormément de place dans mon esprit ces derniers temps et que je n’arrivais pas à l’en faire sortir, même pendant les cours. Oui parce que j’essayais quand même un peu de sortir de cette situation sans issue. Elle ne devait pas s’en douter une seconde, j’avais toujours été un expert pour cacher ce que je ressentais aux autres et c’était certainement ce qui faisait que tout mon groupe de Serpentard ne s’était pas encore retourné contre moi. Ils ne se doutaient pas une seconde que je puisse avoir une vision différente sur la valeur du sang ou les choses de ce genre même si un gars de mon dortoir commence à se douter d’un truc bizarre. Il va falloir que je trouve quelque chose sur son compte au cas où mon secret serait dévoilé. Et oui, je ne suis pas à Serpentard non plus, il faut anticiper les actions de ses ennemis ou dirons-nous de ses amis. S’il y avait une chose que j’avais apprise en la côtoyant c’était qu’elle n’était pas une habituée des retenues. Voilà pourquoi je ne m’étais pas vraiment attendu à la voir présente dans la salle et que je lui demandais comment elle s’était retrouvée dans cette pièce. A vrai dire, je ne savais pas vraiment comment agir. Cette situation était de ma faute donc c’était de ce fait certainement à moi de donner la ligne de conduite mais je ne savais pas vraiment laquelle donner. J’étais là comme un idiot à la regarder comme si c’était la dernière fois que j’aurais la chance de le faire. J’avais envi que tout redevienne comme avant mais je savais qu’après mes paroles cela ne serait pas possible. En plus elle devait m’en vouloir plus que jamais et me détester ce qui était certainement normal, mon comportement avait été celui d’un salaud. J’attrapais la première coupe et sans en regarder l’inscription, je me mis à l’astiquer. « J'ai fait exploser une table. Au nez d'un de tes amis. Pendant un cours. » Ah effectivement, ça méritait une retenue … Mais ce n’était pas sur ce détail que je m’attardais parce que je savais très bien le sens caché que prenait ces paroles. Un cours commun avec les Serpentard qui leur donnait l’occasion parfaite pour s’en prendre à leurs victimes préférées et je n’avais jamais compris ce qu’Amaryllis avait bien pu faire pour mériter cette place mais elle se trouvait être dans la première ligne de ces victimes. Si elle avait fait exploser une table, c’était sans doute pour se protéger, je ne voyais pas autre chose. Je lui lançais un regard désolé avant de dire : « Je suis désolé de l’entendre vraiment … Enfin, nettoyer les trophées c’est pas pire que de copier des lignes. » Je trouvais cela plus distrayant d’ailleurs car une fois j’avais copié des lignes pendant trois heures avec mon prof de potions et les trois heures étaient passées aussi vite que trois jours entier. Ici au moins le concierge ne vérifiait pas vraiment la propreté parfaite des trophées et surtout il n’était pas sans cesse derrière votre dos.
« Pourquoi tu te sens obligé de faire la conversation ? » Très bonne question. Je voyais bien que ma réponse l’intriguait et je doutais que si je lui donnais la véritable réponse elle soit très heureuse. Quoi qu’elle en pense, j’adorais discuter avec elle, entendre le son de sa voix que je n’avais pas entendue depuis longtemps. Je n’étais pas quelqu’un qui parlait pour ne rien dire, du moins c’était l’apparence que je donnais aux autres, avec Amaryllis, je racontais des conneries pas possibles des fois ça faisait vraiment peur. Mais je n’avais pas envi que nous passions cette heure de retenue dans le silence comme deux étrangers. Cela me rendait mal à l’aise. Peu importait notre sujet de conversation, si elle s’énervait contre moi pour une quelconque raison, si elle me répondait c’était l’essentiel parce qu’après tout elle pouvait m’obliger à me taire car si elle ne me répondait pas, je n’allais pas parler tout seul. Je posais la coupe astiquée devant moi avant d’en prendre une autre tout en réfléchissant à la meilleure réponse à donner dans cette situation. Finalement, je finis par dire : « Parce que j’aime t’entendre parler et puis passer deux heures dans cette salle sans rien dire me donne envi de me pendre. Mais tu n’es pas obligée de la continuer si cela te gêne vraiment, je ne voudrais pas te mettre en colère. » On ne sait jamais, elle pourrait être en colère contre moi qu’après ce que je lui ai fais je veuille faire la conversation …
DETENTION ? REALLY ? “ envoie-moi une armée de cœurs en acier. ”
Pas pire que de copier des lignes ? Personnellement, je donnerais n'importe quoi pour être en train de copier quelque chose. Tout plutôt que de me retrouver seule enfermée dans une pièce avec Rowan en train de me tenir la jambe. Copier des lignes m'aurait au moins garanti un silence total et l'absence de son regard sur moi. Je hausse les épaules. Des fois, j'ai l'impression qu'il ne me comprend vraiment pas. C'est vrai quoi ? Après tout nos moments, tous les souvenirs que j'ai avec lui, il ne sait toujours pas comment je fonctionne ? Pourtant il m'a vu des tas de fois avec les Serpentard, à les ignorer, ne pas leur parler (bon, il a sans doute du me voir en attaquer un ou deux au passage aussi mais bref..). Ça ne se voit pas que tout en moi a envie de fuir cette pièce ? Que lui parler est un supplice ? Moi je viens bien qu'il a envie de briser la glace, qu'il me regarde comme s'il avait peur que j'explose à chaque réplique. Comme si j'allais répliquer quoi que ce soit de méchant ou lui faire exploser quelque chose à la figure. Je laisserais passer n'importe quoi tant que ça vient de lui, peut-être qu'il ne le sait pas remarque... et j'aimerais mieux que cela reste ainsi. Ce serait dommage qu'il ait encore un avantage de plus sur moi. Je m'approche de lui, un peu. Pas trop non plus. Je jauge d'un regard la distance qui nous sépare encore et je me dis que ce n'est quand même pas beaucoup. J'ignore pourquoi j'ai fait un pas en avant. Sûrement par pure politesse, pour ne pas lui tourner le dos, écouter au moins ce qu'il a à me dire avant de battre en retraite. Je continue de nettoyer la coupe que j'ai à la main, ça me défoule à défaut de me détendre vraiment. J'attends sa réponse, on dirait qu'il hésite. De quoi il a peur ? Sa réponse sera sûrement un de ces trucs préfabriqués à la Black. Une réponse formaté avec un sourire de papier glacé pour amadouer le public. J'ai l'impression qu'il ne peut pas s'en empêcher : agir comme s'il y avait un million d'yeux braqué sur lui, prêt à bondir en cas de faux pas, ou de sourire froissé. Alors j'attends patiemment qu'il se décide. Vu que la coupe est propre, je la pose et fixe mon regard sur lui. Il décide de se mettre à parler. J'essaie de capter son regard, j'ai un peu de mal au début mais je finis par l'accrocher. Je ne le lâche plus. J'y savoure les instants gâchés depuis notre séparation, je rattrape le temps perdu intérieurement mais je me donne aussi un peu de courage. Rowan n'est pas une bête sauvage, son regard n'a aucun pouvoir surnaturel et je suis persuadée de finir par le déstabilisé avec ce genre de réaction. « Parce que j’aime t’entendre parler et puis passer deux heures dans cette salle sans rien dire me donne envie de me pendre. Mais tu n’es pas obligée de la continuer si cela te gêne vraiment, je ne voudrais pas te mettre en colère. » Je pose la coupe, un peu brutalement et croise les bras. Je me retiens de taper du pied, j'ai très envie de le faire mais j'aurais l'air d'une petite fille qui boude. Je prend ma respiration pour ne pas m'énerver. « Moi en colère ? Non bien sur, je ne vois vraiment pas pourquoi je serais en colère ! » Je prends une inspiration pour rajouter quelque chose, puis je me retiens. J'arrête même de respirer pendant quelques secondes. Calme toi, Bliss, ne te donne pas en spectacle, c'est trop facile pour lui de t'atteindre. J'essaie de passer mes nerfs sur une nouvelle coupe mais je n'y arrive pas, les mains me tremblent. Je relève les yeux vers lui, laisse échapper ma coupe un peu brutalement. Elle se cogne contre une autre dans un éclat bruyant. Elles tombent sur l'étagère. « Pour qui tu te prends Black ? Qui es-tu pour te donner le droit de décider à la place de tout le monde ? T'es peut-être le roi de ta petite bande, de ton petit monde mais ici, avec moi, tu seras toujours juste Rowan. Alors tu vas arrêter ton cinéma. Tu arrêtes d'être gentil avec moi puisque tu ne m'aimes pas ! Tu arrêtes de jouer avec moi et avec les autres ! Et puis tu redescends sur terre aussi : pour ne pas me mettre en colère, il ne fallait pas te comporter comme le dernier des salauds! Maintenant, c'est un peu trop tard. » Je reprends ma respiration. J'ignore s'il comprend l'insulte que je viens de lui lancer, après tout une née-moldue et un sang-pur ne communiquent pas avec les même mots... forcément! Je dois encore avoir les joues en feux, c'est agaçant à la fin mais ça fait du bien, de vider son sac, de lui faire baisser son regard de petit prince que je trouvais tellement magnifique quelques jours plus tôt. Sans le regarder, sans attendre sa réponse, ni même sa réaction, je tourne les talons pour retourner à mes coups à quelques mètres de là. Je n'ai plus envie de le voir, car après la colère viendra forcément la tristesse et je ne veux pas qu'il puisse en être témoin, je ne veux pas lui donner cette chance.
Mon père me manquait ces derniers temps. Je l’avais toujours pris comme exemple, je l’avais toujours pris comme celui qui avait réponse à toutes mes questions et il ne m’avait jamais déçu. De mon côté, j’étais certain que je le décevais à chaque fois que je m’en prenais à des nés-moldus mais lui ne comprenait pas. Mon père n’avait jamais cherché à reprendre contact avec sa famille depuis qu’il avait été renié et il ne le ferait jamais. Là où nous habitions dans le Nord, nous étions sûr de n’en rencontrer aucune mais à Poudlard, il y avait plusieurs Black et tout le monde avait rapidement su qui découlait de la branche de Marius. D’ailleurs, cela avait étonné tout le monde que des enfants d’un cracmol fassent leur entrée à Poudlard … Je voulais montrer à tout le monde que ce n’était pas parce que mon père était cracmol que je ne pouvais pas être comme eux mais après avoir été comme eux, je commençais sérieusement à me demander si cela valait le coup. Je me souvenais tous les jours de la promesse que j’avais fait à mon père lorsqu’il m’avait raconté l’histoire de sa famille et s’il savait que c’était une histoire de nom et de sang qui m’avait conduit à cette histoire avec Amaryllis, il risquait de me tuer. Mon frère était certainement la personne qui me connaissait le mieux et j’espérais qu’il ne parlerait pas de cela à mes parents lors des vacances ou dans des lettres mais en général je pouvais lui faire confiance. J’avais peur de compter sur les Serpentard et je m’accrochais le plus souvent à des personnes qui ne croyaient pas non plus aux valeurs du sang, du moins dans mes amis proches. Je n’avais jamais confié à personne que le Choixpeau avait bien faillis m’envoyer chez les Rouges et Ors parce que là je pense que j’aurais de suite perdu toute crédibilité. J’avais donc réussis à répondre à la question d’Amaryllis mais quand je vis le regard qu’elle me lançait, je me dis que je venais de donner la mauvaise réponse. Peut-être qu’il aurait été plus facile que je me taise mais j’en étais incapable quitte à raconter les pires conneries du monde. Je ne voulais pas la mettre en colère et cependant, je pense que c’était ce que je venais de faire. Elle s’approche le regard remplit de flammes et elle me dit : « Moi en colère ? Non bien sur, je ne vois vraiment pas pourquoi je serais en colère ! » Si elle n’était pas aussi sérieuse, j’aurais certainement explosé de rire. Rien que cette phrase prouvait qu’elle était en colère que j’essaye de faire la conversation. C’est vrai que d’habitude je comptais mes mots avec mes camarades Serpentards mais je n’avais pas envi de devenir pour elle un étranger, elle ne comprenait pas … Elle ne comprenait pas à quel point elle comptait pour moi malheureusement … « Je disais ça comme ça … » Je préférais ne rien ajouter de plus au cas où elle me saute à la gorge. Au moins nous n’avions pas de baguettes, c’était la première fois que je trouvais que c’était une excellente idée. Enfin bon, vu le regard qu’elle me lançait, je commençais à me douter que ce ne serait pas fini, qu’elle allait ajouter quelque chose. Je reposais la seconde coupe et en prenais une troisième tranquillement, un peu comme si de rien n’était. Je n’y pouvais rien, mon attitude désintéressée était devenue une habitude maintenant.
« Pour qui tu te prends Black ? Qui es-tu pour te donner le droit de décider à la place de tout le monde ? T'es peut-être le roi de ta petite bande, de ton petit monde mais ici, avec moi, tu seras toujours juste Rowan. Alors tu vas arrêter ton cinéma. Tu arrêtes d'être gentil avec moi puisque tu ne m'aimes pas ! Tu arrêtes de jouer avec moi et avec les autres ! Et puis tu redescends sur terre aussi : pour ne pas me mettre en colère, il ne fallait pas te comporter comme le dernier des salauds! Maintenant, c'est un peu trop tard. » Et voilà ! C’était sorti. Remarque, je commençais à me dire que c’était une bonne chose en fait vu qu’au moins je savais ce qu’elle pensait. Vous voyez dans les films le gars qui est excédé parce que sa copine a toujours raison ? Ouais ben ce rôle me conviendrait parfaitement dans cette situation parce qu’elle avait raison. Bon, après elle n’avait pas tout le temps raison non plus. Par exemple quand elle disait que je ne l’aimais pas, elle n’avait pas idée du mensonge qu’elle venait de me sortir. Et puis ça faisait un peu mal aussi de savoir qu’elle pensait cela de moi. Que ce soit n’importe qui d’autre, cela n’aurait pas eu vraiment d’importance mais venant d’Amaryllis, les mots prenaient un tout autre sens. Je comprenais ses insultes moldues, contrairement à ce que tout le monde pensait, j’avais eu une éducation sur ce monde qui n’était pas le mien. Mon père y avait tenu vu qu’il est plus proche d’eux que de n’importe qui dans notre monde à nous. Enfin, elle l’ignorait, ce n’était pas quelque chose dont je faisais la publicité non plus. Je la laissais partir plus loin laissant le silence prendre place dans la salle en réfléchissant à ce que je devais faire. Me taire ou parler ? Et si je décidais de parler que dire ? Je frottais mon trophée avant de le reposer et prendre le suivant. Et puis finalement je poussais un soupir. Elle dut se demander pourquoi mais je devais lui expliquer. « Depuis que j’ai dix ans, je me suis promis de redonner à mon nom sa véritable valeur. Mon père étant un cracmol, autant dire que la tâche était rude. Sauf qu’à dix ans, j’ignorais ce que cela me demanderait. J’étais ravi de rentrer à Serpentard, c’était la première marche. Et la deuxième était toutes ces histoires de sang. » Peut-être qu’elle ne voulait pas parler mais moi j’avais des choses à dire, des tonnes de choses à lui dire et j’espérais qu’elle comprenne un peu. Je ne la voyais pas se jeter dans mes bras mais au moins comprendre. « Franchement, pour moi ça n’a pas d’importance. Mon père est presque un moldu, j’ai été élevé là dedans mais lui a été renié de sa famille et on habite loin de Londres pour ne jamais les voir. Je sais que ce ne sera jamais une excuse mais c’est pour ça que j’ai agis comme ça la dernière fois. Parce que ça fait cinq ans que je travaille plus dur que les autres pour leur montrer que je peux être meilleur qu’eux et avoir les mêmes idées. » Je laissais de nouveau le silence gonfler la salle. J’avais besoin de remettre mes idées en place. De réfléchir à ce qui pourrait venir après. « Tu as raison, je suis peut-être un lâche mais c’est dur de lâcher prise, de se dire que tous ses efforts peuvent partir en fumée en quelques secondes. Mais tu as tord aussi, je pensais que tu aurais compris que je tenais à toi plus que je n’aurais dû. Enfin, comme tu le dis c’est trop tard … » Je me tus dans aucune envie de parler davantage. J’avais à mon tour vidé mon sac et franchement je ne savais pas du tout comment Amaryllis allait réagir.