« Maman ? » la jeune femme se retourna brusquement, bousculant au passage le galant jeune homme qui était affalé sur elle.
« Merde ! » cria-t-elle en rajustant la bretelle de son soutien-gorge.
« Prim, qu’est-ce que tu fous là ? » la petite fille blonde se tortilla sur place.
« J’arrive pas à dormir, tu m’as pas lu d’histoire. » Dahlia se redressa et sortit du lit, non sans avoir enfilé un pantalon et une chemise avant.
« C’est qui ? » Grommela le jeune homme qui était précédemment ‘ occupé’ avec Dahlia et qui n’appréciais visiblement pas trop qu’elle le quitte.
« C’est ma… euh…ma sœur, bouge pas, je reviens. » Elle sortit de la chambre, prenant sa fille dans ses bras au passage. Sa fille oui. Elle avait mentit à ce charmant jeune homme, prétendant qu’elle était sa petite sœur. Ce n’était pas que Dahlia avait honte de sa fille, mais en général, les jeunes mères faisaient fuir les hommes !
« Bordel Prim, je t’ai déjà dit de ne pas ma déranger quand j’étais dans ma chambre ». Dahlia la coucha dans son petit lit et observa le mignon petit visage de sa fille de trois ans.
« Mais tu m’avais pas lu d’histoire. » Geignit la gamine, aux bords des larmes.
« Bon ok, ok. Pleure pas, c’est ma faute. Tu veux quelle histoire ? » « Celle de ma princesse aux longs cheveux. » « Prim, Je déteste te raconter des histoires de moldus. Tu le sais bien en plus. » « T’es méchante Maman ! Tatie Maggie elle était plus gentille que toi !» Dahlia soupira et se radoucit. Marguerite était sa sœur, décédée quelques semaines plus tôt
« D’accord, je vais te la lire cette histoire, mais en vitesse hein ! Parce que il y ace mec super canon qui… Mmmmh enfin bref. C’était une princesse et…» « C’est pas ça » Rétorqua Prim.
« Tatie commençait toujours par il était une fois. » Dit-elle d’un ton boudeur.
« Très bien… Il était une fois, dans un pays très lointain, peuplé de chevaux magiques à cornes… » « Ce sont des licornes » « …ouais, de licornes, j’ai jamais été très douée en soin aux créatures magiques… » Dahlia arborait un air rêveur tandis que sa fille affichait une moue dubitative.
« T’es trop nulle !! » S’exclama-t-elle, boudeuse. Dahlia caressa doucement les boucles blondes de sa fille en souriant maigrement.
« Désolée mon ange… Je ne fais jamais rien comme il le faut. » C’avait été le refrain préféré de la mère de Dahlia. Cette dernière n’était qu’une bonne à rien, une ratée qui n’avait aucun avenir dans la vie, contrairement à sa grande sœur, Marguerite. Et finalement les propos d’Amaryllis n’avaient pas mentit. Dahlia était tombée enceinte à 16 ans et avait arrêté ses études pour travailler dans un bar mal famé dans un quartier peu recommendable de Paris. Néanmoins Dahlia n’avait jamais détesté Primrose. Depuis sa naissance elle avait arrêté de grandir, se figeant –mentalement parlant- dans l’adolescence. C’était Amaryllis, sa mère qui l’avait aidé à s’occuper de Prim au début. Elle avait choisit son prénom - que Dahlia haïssait- prétextant qu’il était normal de préserver la tradition familiale. Un prénom de fleur puisqu'Amaryllis, Dahlia et Marguerite l'étaient. Elle choisit Primrose donc. Dahlia elle avait souhaité prénommer sa fille Giulia, comme sa meilleure amie. Mais comme toujours, elle n’avait pas eu son mot à dire et Amaryllis s’était chargée de tout, privant presque la jeune mère de voir sa fille. Le cauchemar de Dahlia s’arrêta un an après la naissance de Prim, lors de la mort de la vieille femme. Puis Marguerite s’en était allée également. Restait Dahlia et Prim.
« Laissez-moi, je veux ma maman. » Psalmodiait Prim en se débattant, essayant tant bien que mal de se libérer de l’étreinte froide de l’inconnue qui l’arrachait ainsi à sa génitrice. Elle pleurait de tout son soul, laissant sa détresse paraître au grand jour.
« S’il vous plaît… » Sanglota-t-elle. Dahlia lui avait toujours dit que ce mot était magique. Que si on le prononçait, tout devenait possible, que tous nos soucis s’envolaient. Mais rien n’y faisait. L’inconnue la serrait davantage et Primrose hurlait de désespoir, ses larmes roulant sur ses joues, humidifiant le tissu de son-t-shirt. Sa peau était devenue rouge pivoine, irritée par le déversement incessant de ses sanglots. La peur se lisait sur ses traits délicats, elle était tel un animal tourmenté.
« Désolée ma petite… » Murmura l’inconnue d’une voix affligée. Elles arrivèrent devant une porte de chêne, tout ce qui a de plus banal. Une belle et grande femme attendait sur le perron. Elle se tenait de façon raide, imposant à son corps un maintient sévère.
« Voici Primrose Duchannes, Mrs Whitefield, encore merci de la recueillir. » « Il n’y a pas de quoi. » Répliqua-t-elle sèchement en prenant Prim des bras de l’inconnue et en tournant les talons. Elles marchèrent longtemps. Prim ne voyait même plus les murs d’un gris lugubre de l’orphelinat. Cela faisait maintenant un peu plus d’un an que Dahlia avait été contrainte d’abandonner sa fille. La gamine croyait qu’on lui avait arrachée sa mère alors que celle-ci avait délibérément décidé de confier sa fille à un orphelinat magique. Elles arrivèrent devant un bâtiment prestigieux. Les lourdes portes de chênes s’ouvrirent et Jane Whitefield l’entraina dans le hall.
« Vous allez me rendre à ma maman ? » s’écria Primrose. Jane s’agenouilla.
« Mais trésor, c’est moi ta maman. » Rétorqua-t-elle avant de sortir sa baguette magique.
Oubliette fut le dernier mot que Prim entendit avant de commencer sa nouvelle vie.
« Il parait qu’une brésilienne est arrivée hier à Poudlard. » Confia Eden à Primrose.
« Ça doit être vachement compliqué de parler le brésilien. » continua-t-elle, rêveuse. Prim rigola bruyamment, ce qui lui valut un regard interrogateur de la part de son amie.
« Les Brésiliens parlent le portugais. Pas le ‘Brésilien.’ C’est bien connu !» Eden eut un rictus agacé.
« Tout le monde n’a pas la chance d’avoir des parents ambassadeurs qui parcourent le monde et qui… » « C’est clair. » La coupa Prim.
« Tout le monde n’a pas la chance de ne pas avoir de véritable chez soi, de devoir déménager tout les huit mois. » Répliqua-t-elle, sèche. Sa compagne resta bouche bée, comme si elle n’avait jamais envisagé les choses sous cet angle.
« Je te laisse, je vais retrouver Alfie. » « Franchement je ne sais pas comment tu peux rester avec cette vermine de né-moldu. » Primrose resta stoïque quant à cette remarque tout à fait déplacée. Certes d’habitude elle n’aurait pas relevé, mais cette critique s’appliquait à son Alfie.
« Tout le monde n’a pas la chance d’être de sang-pur. Par contre si tous tes semblables sont comme toi, ils débitent un nombre impressionnant de conneries par minutes. » Elle laissa son ‘amie’ coite de stupeur.
Bonjour Chérie,
J’espère que tu te plais toujours autant à Poudlard. Ton père et moi sommes actuellement en Allemagne, à Berlin afin de préserver les bonnes relations entre nos deux nations. Il ne fait aussi chaud qu’à Marrakech mais nous nous accoutumons. Contrairement aux idées reçues les Allemands sont d’une nature très accueillants, pas comme les Roumains mais mieux que les Russes.
Nous avons apprit, lors d’une visite éclair chez les parents d’Eden que tu fréquentais un né-moldu répondant au nom d’Alfred Wingfield. Tu imagines bien notre surprise. Nous te demandons de mettre fin expressément à cette amourette. De par le contexte politique actuel nous ne pouvons pas nous permettre d’actes qui pourraient nuire à notre réputation. Il n’y a pas de choix à faire, nous t’avons élevé dans l’optique d’un valeur exprimant clairement que la famille passe avant tout.
Bon dernier trimestre,
Maman« Je suis désolée Alfie. » Conclu Primrose d’une voix monocorde. Elle le regarda une dernière fois, ayant une ultime occasion de détailler son visage avant de tourner les talons et de disparaître dans les ténèbres du couloir. Voilà elle l’avait fait. Elle avait rompu avec son petit ami. Le premier, l’unique jusqu’à maintenant. Elle l’aimait bien entendu, elle n’avait rompu que par contrainte et le regrettait déjà amèrement. Mais voilà, elle n’avait pas eu le choix,
les apparences primaient sur les sentiments.