Alors que la cloche sonnait l'heure du prochain cours, c'était sans précipitation qu'Hélios se dirigeait à l'extérieur du château. Il resserra son écharpe autour du cou, un petit vent mordant venait s'ajouter à la morosité que la pluie dispensait quasi quotidiennement.
Quelques groupes d'élèves ici et là allaient dans la même direction que lui, chacun avec l'entrain que le cours de botanique leur procurait.
Hélios ne mésestimait pas cette matière, car avoir une connaissance des plantes pouvait se révéler utile en milieu sauvage. Cela dit, d'ici que cela arrive à Hélios, de jouer les survivants de l'extrême, éloigné de toute civilisation et dans l'incapacité de transplaner, il avait un peu de marge devant lui.
S'agissant pour autant d'un cours obligatoire, hors de question d'y déroger, il ne tenait pas à faire perdre des points à sa maison, surtout qu'il n'aurait aucune excuse valable à donner pour justifier de son absence. A chaque jour sa peine, il y a pire de toute façon, comme étudier dans une école moldue l'histoire d'un roi mort depuis plus d'un millénaire et qui a du se laver dans toute sa vie autant que les doigts d'un manchot.
Il était arrivé dans les derniers, aussi s'installa-t-il à la "moins pire" des places restantes. Apparemment, le professeur avait déjà du indiquer qu'il s'agissait d'un exercice en binôme, car Hélios voyait tous les Serpentards divisés par mini groupes de deux. Et pas de bol pour lui, ceux de sa maison était en nombre impair.
Aussi se trouva-t-il à côté d'une Serdaigle, Leslie, avec qui il avait déjà du échanger quelques banalités sur la vie, la mort, et les oiseaux. Ou quelque chose de ce style là. Il n'était pas bavard de base, et elle le lui rendait bien. Mais Hélios avait déjà pu constater son application et ses compétences dans une matière où il était plus que perfectible.
- Salut, se contenta-t-il de dire en guise de "bonjour"en sa direction, avant de poser avec la délicatesse d'un troll des bois son sac sous son tabouret. Tu sais ce qu'on doit faire aujourd'hui ?
Fruit du hasard, il n'aurait su le dire, l'arithmancie restait encore trop obscur pour lui, mais le professeur lui donna la solution.
- Pour les retardataires et les têtes en l'air, le cours d'aujourd'hui est un peu spécial, car nous allons étudier les Tissetout. Quelqu'un sait de quoi il s'agit ?
Entre les lèches bottes et les désireux de montrer qu'ils connaissaient la réponse, plusieurs doigts se levèrent, et c'est une Serdaigle qui donna la bonne réponse.
- En effet, c'est une plante dite parasite, qui ne vit que grâce aux autres plantes ou végétaux, en pompant la sève de l'hôte jusqu'à la mort de ce dernier, ou que le Tissetout ait suffisamment de quoi aller se coller à une proie plus nourrissante.
Hélios regarda le pot que le professeur montrait au parterre d'élèves, et on pouvait y apercevoir une plante des plus lambda, où une masse filiforme noirâtre se dessinait. Une sorte de tumeur végétale, un cancer qui aspirait la vie.
Même si la comparaison hasardeuse, Hélios se dit finalement que cette plante n'avait rien d'extraordinaire. Il y avait la même chose chez les animaux, les insectes, et les humains. Ceux qui vivaient aux crochets des autres, ceux qui tiraient vers le bas par ignorance, fainéantise, stupidité. Aussi voir cette plante s'accrocher comme une sangsue à une autre pour couler des beaux jours à ne rien faire que manger, ce n'était que la version végétale des assistés chez les humains. Les moldus étaient nombreux dans ce genre-là. Sans trop y prendre gare, Hélios murmura pour lui-même.
- Ca me rappellerait presque ma famille tiens ...
- Monsieur Oldwood, qui a l'air captivé par ce cours, pourrait-il redire à l'assemblée ici présente les caractéristiques principales du choix de la plante hôte du Tissetout ?
Hélios sursauta légèrement de surprise en entendant son nom, et regarda l'air incrédule le professeur. Depuis combien de temps avait-il vogué dans ses pensées ? Il n'avait pas la moindre idée de quoi il parlait, et regarda autour de lui l'ensemble des regards tournés vers lui ...