Dawn s'assura une dernière fois que ses caches-oreilles étaient bien en place, elle n'entendait plus un son de ce qu'il se passait autours d'elle ce qui était bon signe. Et un soulagement aussi, de cette manière elle n'avait plus à entendre les piaillements terriblement agaçants de certaines de ses camarades. Cela lui évitait de devoir les faire taire elle même. Une fois que tout le monde fut prêt le professeur de botanique leur fit signe qu'ils pouvaient commencer. La Serpentarde lança un regard à sa meilleure amie, Nika, celle-ci lui faisait face et son expression laissait percevoir que la perspective de ce cours ne l'enchantait pas elle non plus. Elles échangèrent un sourire complice, elles étaient sur la même longueur d'onde, comme toujours. Dawn pris une profonde inspiration et saisit d'un geste sûr les feuilles de la plante posée devant elle avant de la tirer fermement hors de son pot. Au lieu de dévoiler des racines les feuilles laissaient place à une sorte de petit être marron, joufflus et couvert de terre. Sa bouche grande ouverte laissait supposer qu'elle devait hurler à plein poumons. L'héritière Blackwood lança un regard dégouté à l'horrible plante qu'elle tenait à la main, une grimace passa sur son visage habituellement froid et hautain alors qu'elle éloignait le plus possible l'affreuse chose d'elle. La botanique faisait partie des cours qu'elle appréciait, du moins, qu'elle appréciait assez pour faire des efforts, mais la Mandragore ne faisait pas partie de cette liste. Elle ne niait pas qu'il s'agissait là d'une plante particulièrement utile, un filtre de mandragore bien préparé était redoutablement efficace, mais par Merlin, ce que cette plante était laide. Ignorant les hurlements silencieux de la bête Dawn la déposa sur sa table et elle se saisit des petites chaussettes en laine colorées que le professeur leur avait fourni. A l'image des êtres humains les mandragores vieillissaient et étaient sensibles au froid. Cette ressemblance avec les hommes était assez perturbante lorsque l'on savait que ces plantes étaient ensuite découpées en morceaux pour en faire des filtres et potions. Mais en attendant c'était aux élèves que revenait la délicate -et désagréable- tâche d'enfiler des chaussettes à ces enfants de la terre. Celui de Dawn remuait en tous sens, la forçant à s'y reprendre à plusieurs fois pour la chausser correctement. L'envie de stupefixier la plante montait sournoisement en la verte et argent mais elle résista, elle n'avait aucune envie de faire perdre des points à sa maison pour une raison aussi stupide. Bien que toujours laide à voir la mandragore devenait aussi passablement ridicule une fois qu'elle était pourvue de ses chaussettes dépareillées. A sa droite un jeune Poufsouffle tituba, apparemment sur le point de s'évanouir, de toute évidence il avait mal placé ses caches-oreilles et les cris des plantes commençaient à faire effet sur lui. Dawn leva les yeux au ciel devant tant de bêtise, elle ne fit pas un geste pour l'aider, elle n'en avait aucune envie et elle estimait qu'un petit évanouissement n'était pas bien chère payé pour une telle négligence, si les plantes avaient été au stade adulte il serait mort. La princesse des glaces préféra détourner les yeux pour se concentrer sur sa tâche, laissant le professeur s'occuper de son élève inconscient, et désormais il l'était dans tous les sens du terme. Totalement détachée de ce qui se déroulait auprès d'elle elle plaça sa mandragore dans un pot en terre cuite qu'elle entreprit de remplir de terre sans ressentir la moindre pointe de culpabilité à la vue de ce bébé qu'elle était en train d'enterrer. Une expression de soulagement passa sur son visage une fois le pot rempli, autours d'elle les élèves finissaient aussi leur tâche et le Poufsouffle avait été amené à l'infirmerie. Du plat de la main elle tapota pensivement la terre de son pot pour s'assurer que la mandragore ne parviendrait pas à s'en extraire avec ses mouvements saccadés. La fin du cours arriva rapidement, peu mécontente d'en avoir fini avec cet exercice ingrat et salissant Dawn se débarrassa avec empressement de ses caches-oreilles. Elle ôta ses gants de protections et passa ses mains sur sa robe de sorcière pour en détacher la terre qui s'y était déposée avant de sortir de la serre sans un regard en arrière.
Resserrant son écharpe aux couleurs de Serpentard autours de son cou la sorcière jeta un coup d’œil autours d'elle pour tenter d'apercevoir Nika. Elle ne vit la poupée de porcelaine nulle part, surement s'étaient-elles perdues dans le flot des élèves. Tous les cours se finissaient et les étudiants suivaient tous les chemin de la grande salle pour prendre leur déjeuner. Dawn se détacha des élèves autours d'elle, ceux qui assistaient au cours de soins aux créatures magiques venaient de les rejoindre et elle n'avait aucune envie de devoir subir leurs discussions ennuyeuses. Elle traversa le parc d'un pas vif, certaine qu'elle allait retrouver sa meilleure amie à la table des verts. Elle ne desserra son écharpe qu'une fois à l'intérieur du château, trop heureuse d'avoir enfin échappé au vent glacial qui s'était abattu sur la région récemment et qui s'infiltrait sournoisement entre les pans de ses vêtements. Comme tous les élèves elle pris la direction de la grande salle, elle marqua une pause une fois la porte franchie pour essayer de repérer sa meilleure amie parmi le flot d'élèves grouillant et bruyant. Réalisant finalement que Nika se trouvait peut être encore derrière elle. Après quelques instants elle la vit enfin, elle s'apprêta à la rejoindre mais elle arrêta brusquement son mouvement, manquant de peu une collision avec une jeune sorcière brune aux yeux étonnement clairs. « Oh. » Lâcha-t-elle le plus naturellement du monde. Elle s'étonna elle même, habituellement elle se serait mise à pester contre cette Gryffondor qui se trouvait sur son chemin. Elle lui aurait hurler de bouger et de cesser de jouer les statues devant elle. Mais elle n'en fit rien. Son visage l'avait interpellé et elle n'avait pas vraiment réagit à cet impact manqué. Elle connaissait cette rouge et or, il s'agissait de Lumen Macmillan, une des enfants de sang-pur qui lui était arrivé de croiser dans les réceptions des grandes familles sorcières puis à Poudlard une fois leurs études commencées. Bien trop différentes les deux sorcières ne s'étaient jamais véritablement liées mais elles se connaissaient de vue et avaient déjà entendues parler l'une de l'autre. Maintenant qu'elle y réfléchissait Dawn avait entendu une discussion récemment sur la jeune Macmillan. Il était question d'un anniversaire, d'une date quelque peu funeste et de sa sœur jumelle, aujourd'hui décédée depuis plusieurs années. Mais la Serpentarde ne parvenait pas à se souvenir si il s'agissait là de l'anniversaire de Lumen ou de l'anniversaire de la mort de sa jumelle. A vrai dire, Dawn n'avait jamais présenté ses condoléances à la lionne, elles s'étaient rarement vue depuis ce jour sombre et elles n'avaient jamais été assez proches pour que Dawn ne la trouve par elle même. Elles n'étaient pas amies, certes, mais Dawn n'avait rien contre Lumen et elle respectait sa douleur et son deuil. Un peu mal à l'aise elle se sentit obligée de dire quelque chose. « Au fait. » Elle hésita, puis pensant que cela n'avait peut être pas vraiment d'importance pour elle mais que cela pouvait en avoir pour Lumen elle se lança. Je n'ai jamais eu l'occasion de de te le dire mais je suis désolée, pour ta sœur. » Ajouta-t-elle d'une voix calme et presque douce. Elle haussa vaguement les épaules, un peu mal à l'aise. Elle ne savait pas vraiment ce qui l'avait poussée à prononcer de telles paroles. C'était peut être une histoire de respect ou de compréhension. Dawn n'avait jamais été très douée au jeu des sentiments, elle s'y perdait souvent. Elle ne savait pas gérer ses propres émotions et les exprimer correctement relevait tellement d'une épreuve pour elle qu'elle ne préférait ne pas se l'imposer habituellement. Alors elle préférait les cacher et agir comme si rien ne la touchait, comme si elle était insensible aux autres. Elle ne savait jamais quoi dire, ni comment le dire. Apprendre à mettre des mots sur ses émotions n'avait jamais fait partie de l'éducation puriste que ses parents avaient voulu pour elle et en vérité elle pensait aussi que ses sentiments ne regardait personne. Les dévoiler reviendrait à exposer une faille, à donner les armes suffisantes aux autres pour la blesser. Et elle refusait que cela arrive. Alors elle se cachait sans cesse, sous son masque de froideur et d'arrogance, son armure hautaine qu'elle avait fabriquée de ses propres mains pour se protéger des autres mais qui l'étouffait parfois à petit feu. Il n'y avait que face à Nika qu'elle osait s'exprimer librement et lui parler de ce qu'elle ressentait. Parce qu'elle avait une totale confiance en l'héritière des Black et qu'elle savait que seule elle pouvait la comprendre à la perfection, même si ses mots ne savaient exprimer exactement ce qu'elle ressentait. Elle lança un dernier coup d’œil en direction de la Gryffondor avant de s'apprêter à rejoindre la table des vipères.
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Lumen Macmillan
CŒUR DE LIONNE
+ SORCIER DEPUIS LE : 23/08/2012 + PARCHEMINS : 5770
Elle ne suivait plus le cours d'études des runes depuis bien longtemps. Elle relisait cette fichue lettre, toujours la même, à chaque anniversaire de la mort de sa sœur jumelle. Sauf que celle-ci se faisait plus dure, le ton était plus acide, plus agressif. Perdue dans les lignes de cette lettre, elle n'écoutait même pas un traite mot de son voisin qui souhaitait savoir ce qu'elle avait. Les larmes lui montaient aux yeux, ce qu'elle ne pouvait plus contrôle depuis le matin malheureusement. Le professeur se figea devant sa table et lut les quelques mots qu'il pouvait voir de cette lettre. Il crut bon d'envoyer la gryffondor à l'infirmerie, comme si cela pouvait changer quoique ce soit. Mais une larme coula ensuite sur sa joue gauche et elle s'exécuta. Elle rangea ses affaires et sortit du cours comme demander. Il ne restait plus très longtemps avant que la cloche ne sonne, peut être dix minutes. Elle se dit que c'était pour cela que l'enseignant l'avait laissée partir. Elle traina dans les couloirs, véritable errance, si bien qu'elle ne rejoignit ni la grande salle, ni quoique ce soit d'autre et qu'elle se retrouva dans une horde d'élèves dans les escaliers. Elle ne parvenait pas vraiment à se frayer un chemin et finalement ça ne la dérangeait pas tant que cela. Elle avançait sans but. Et ses pas la conduisirent alors dans la grande salle où elle percuta quelqu'un. Lumen ferma les yeux avant de soupirer et de porter son attention sur la personne. Elle fut quelque peu surprise de sa réaction, un simple oh. Tant mieux dans le fond. Comme ça, elle n'aurait pas un nouveau problème sur les bras. Mais alors pourquoi ne bougea t-elle pas ? Peut être parce qu'elle attendait sa sentence. Peut être aussi parce qu'elle avait envie de gueuler un bon coup. Elle n'en savait trop bien, mais dans ce cas-là, elle s'imaginait que Dawn ne laisserait pas passer ça. Elle n'avait rien d'une grande persécutrice, mais elle ne se laissait pas faire, ça Lumen le savait bien. Surtout qu'elle ne s'était pas excusée. En vérité, elle ne saurait dire laquelle avait bousculé l'autre, elle peut être vue comment elle avait fait attention. Et tandis que Dawn semblait réfléchir, Lumen pensa qu'elle pouvait très bien aller s’asseoir à la table de gryffondor en compagnie de ses quelques amis s'y trouvant. Pourtant elle avait cette drôle d'impression que la serpentard voulait dire quelque chose. Cette scène lui paraissait être une véritable mascarade, tellement improbable et irréaliste. Jamais, elle ne serait imaginée à une telle place, tétanisée par cette lettre, tellement te tétanisée que n'importe quel événement un peu trop surprenant la laissait sans voix. Elle serra des gents, c'en était assez. « Si t'attends des excuses, suffit de demander... » Mais Dawn la coupa dans son élan. Elle haussa un sourcil à ce "au fait" et choisit donc d'attendre qu'elle finisse sa phrase. Elle inspira profondément à l'idée que tout cela prenne fin. Peut être échangeraient-elles seulement deux ou trois banalités et iraient toutes les deux de leur côté. Mais ce ne fut pas le cas et Lumen recula d'un pas quand elle reprit la parole pour lui présenter des condoléances. Huit ans. Huit ans qui avaient passé et jamais Dawn n'avait trouvé le temps de lui dire ça. Immédiatement, elle pensa que Dawn se foutait royalement d'elle et que son but était seulement de se moquer de sa réaction après. Après tout quel intérêt de dire ça ? Surtout après tout ce temps... « Tu peux répéter ce que tu viens de dire ? » Finit-elle par lui demander comme si elle n'avait pas bien entendu. C'était la troisième fois depuis la rentrée des vacances qu'on lui rappelait la mort de sa sœur, la première de manière assez maladroite, sans vraiment le faire exprès, Lumen ne lui en avait pas tenu rigueur. Auprès de Lullaby, Lumen n’éprouvait aucune difficulté à se confier, à se livrer un peu. Mais finalement, même si elles s'étaient rencontrées durant leur enfance à plusieurs reprises, Dawn et Lumen ne se connaissaient ni d'Eve ni d'Adam. Elles ne se parlaient pas ou très peu. Et c'est ce qui choquait le plus la gryffondor qui ne comprenait pas pourquoi maintenant. « Pourquoi, ça semble hypocrite venant de toi ? C'est ironique, tu ne crois pas ? » Plus, elle grandissait, plus Lumen trouvait que la vie était une belle garce. Dawn... elle la respectait un minimum. Mais là, ça en devenait ridicule. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien en faire de ses excuses ? Elle n'allait tout de même pas la remercie, acquiescer la tête comme si de rien n'était ou tout simplement l'ignorer. Ça lui passait au dessus de la tête ce genre de réaction. Elle savait que certaines personnes prenaient pas mal de temps pour exprimer leurs sentiments, mais là, elle avait huit années de retards. Ainsi donc, Lumen était particulièrement sceptique et ne voyait pas quelque chose de positif là dedans. « Huit ans, Dawn, huit ans. » Elle répétait cela comme pour lui faire entrer cela dans le crâne. « T'as un train de retard. » Ajouta t-elle.
Alors qu'elle allait se retourner, elle se figea dans son mouvement, se rendant compte qu'elle ressentait besoin de dire tout ce qu'elle avait sur le cœur. « Tu sais quoi ? Tes excuse de merde, j'en veux pas. Elles n'ont pas d'importance à mes yeux. T'arrive en retard. Ce n'est pas aujourd'hui que j'ai besoin de ça. C'était il y a huit ans. T'étais où à cette époque ? Te n'as pensé que c'était le moment quand tu l'as appris ? Non tu n'as pas réfléchi j'imagine. » Elle se retint de l'insulter d'un quelconque nom d'oiseau. Elle ne voulait pas la traiter d'idiote. On ne pouvait pas dire ça. De plus, elle ne le pensait pas. Pour le moment, elle ne faisait pas très agressive, mais le ton pouvait rapidement montait, surtout que la lettre envoyée par ses parents avait toujours un gout amer. L'optique de se mener en spectacle devant tout le monde ne la dérangeait pas. Après ça, tout le monde la jugerait, tant pis. Cela ne durait que quelques jours. Peut être qu'elle avait aussi besoin que tout le monde sache que sa sœur était morte aussi. « Et t'arrive la bouche en coeur dans l'espoir que je les accepte. T'es sérieuse ? Rassure moi... c'est une blague n'est-ce pas ? Pourtant, je sais que tu n'es pas idiote, alors qu'est-ce qui t'es passée par la tête pour penser que j'aurais besoin d'entendre ça ? » Elle était agacée, tellement qu'elle disait tout haut ce qu'elle pensait si bas. La colère lui monta aux joues et une ou deux larmes de rage coulèrent sur ses deux joues rougissant légèrement. Plus elle regardait Dawn, plus elle s'agaçait. Cette serpentard restait stoïque, à tel point que cela ennuierait quiconque. « Tu ne pouvais pas juste te taire, rester la parfait glaçon que tu es ? Juste être toi, comme tu le fais si bien d'habitude. » C'était cruel de lui coller une étiquette pareille, mais elle avait dit ça sur un ton plein de reproches. Que lui reprochait-elle au final ? De rester muette comme un carpe ou d'avoir été capable de dire quelque chose. Mais le pire n'était pas tant qu'elle le dise, mais ça sonnait tellement faux à ses oreilles. « Tu ne peux pas comprendre, tu ne peux pas. Il aurait suffit que tu te la fermes et passes ton chemin. C'était si compliqué ? Si difficile ? » Son ton était monté, mais elle ne criait pas, toutefois un tas de personne pouvait entendre et de quoi il s'agissait. Elle ne hurlait que très rarement voire jamais, et là c'était l'une des premières fois où elle était pas loin. Et elle chiffonna cette lettre sur un ton rageur alors que Dawn ne connaissait pas son existence et elle balança la boule formée aux pieds de la serpentarde, comme si elle voulait qu'elle la lise. Pourtant elle n'espérait rien, rien du tout, juste qu'elle s'en aille, que tout disparaisse. Si elle avait pu, elle se serait creusée un trou dans le sol de la grande salle et s'y serait terrée jusqu'à ce que tout redevienne calme. Quoique, elle n'aurait sans pas tenu très longtemps à cause de sa claustrophobie, mais vous saisissez la métaphore. « De plus, je doute que tu sois désolée. Tu ne la connaissais pas et tu ignores totalement qui je suis. Alors pourquoi t'as sorti ça ? Pourquoi ? » La pauvre Dawn, elle qui avait pensé que ça se terminerait là. Mais elle était mal tombée, très mal tombée. On disait que le hasard faisait bien les choses, eh bien là, pour le coup, on comprenait que c'était tout le contraire. Le hasard faisait très mal les choses. Et ce fut la pensée de Lumen qui s'agaçait davantage, à chaque seconde qui passait. La pire journée qui soit. Une journée déjà terrible en soit, mais quand on additionnait la lettre puis les paroles de Dawn... cela donnait un horrible feu d'artifice. Elle inspira profondément dans l'espoir de ne pas dire une autre chose 'méchante' dans le genre. Elle n'avait pas voulu dire tout ça, mais elle était profondément désespérée. Et la réalité lui revenait en plein face juste à cause de Dawn...
BY .TITANIUMWAY
Dawn R. Blackwood
LA PRINCESSE DES GLACES
+ SORCIER DEPUIS LE : 18/08/2012 + PARCHEMINS : 6731 + LOCALISATION : Poudlard, la tanière des verts ou le terrain de quidditch
Les relations humaines n'avaient jamais été le point fort de Dawn. Elle avait pourtant appris par cœur comment se comporter en société, quelle manière elle devait réagir ou entamer une conversation. Elle pouvait se faufiler avec aisance parmi les invités de marque que ses parents invitaient à chaque réception. Elle jouait sans mal le jeu de l'hypocrisie et des mensonges à peine voilée que le monde sorcier lui imposait sans cesse. Elle était parfaite dans son rôle de jeune héritière des Blackwood, elle composait avec les masques et les faux semblants avec une facilité qui la déconcertait elle même tant son caractère était à l'opposée de ce qu'elle montrait dans ces moments là. Si elle savait comment se comporter et ce qu'on attendait d'elle Dawn ne s'embarrassait que rarement à déchiffrer la complexité des rapports humains. C'était quelque chose que personne ne s'était donné la peine de lui apprendre et maintenant qu'elle évoluait seule dans le château ce manque se faisait souvent sentir. Mais peut lui importait, elle n'avait besoin de personne. Elle avait Nika alors à quoi bon tenter de comprendre les comportements et réactions irrationnelles des autres élèves? Habituées aux relations superficielles elle avait tendance à fuir dès que les choses se complexifiaient. C'était exactement ce qu'il se passait avec Elwan, sauf que cette fois c'était d'elle que venaient ces sentiments trop compliqués pour elle. Alors elle ne s'était pas donné la peine de la réflexion avant de présenter ses condoléances à Lumen, que ce soit une semaine ou huit ans plus tard elle estimait que ses sentiments étaient suffisamment sincères pour qu'elle en fasse part à la première intéressée. Mais déchiffrer les relations humaines et les réactions n'avaient jamais fait partie de ses capacités. Elle était plus habituée à la froideur, au mensonge et à l'arrogance. Alors l'éclat de haine qui envahit brutalement les yeux de Lumen la prit totalement au dépourvu. « Tu peux répéter ce que tu viens de dire ? » Dawn s'arrêta brusquement dans son mouvement avant de se tourner lentement vers la Gryffondor. Son regard brulait désormais d'une flamme aussi ardente que dévastatrice. Soudainement le temps sembla ralentir sa course, les secondes s'étirèrent, comme pour montrer qu'en cet instant tout pouvait basculer. La Serpentarde haussa un sourcil, elle sentait bien ce que Lumen insinuait par ces paroles qui cachaient une agressivité qui ne demandait qu'à sortir, mais elle espérait encore se tromper. Aussi bien pour elle que pour la rouge. Elles étaient à un tournant, il était encore temps que la Gryffondor face demi-tour en acceptant ces condoléances, même si elles n'étaient pas à son goût, mais Dawn se doutait bien qu'elle ne serait jamais aussi raisonnable. Elle ne se doutait simplement pas que les choses étaient sur le point de tourner aussi mal. « Pourquoi, ça semble hypocrite venant de toi ? C'est ironique, tu ne crois pas ? » L'héritière des Blackwood pris une profonde inspiration pour s’exhorter à rester calme et maitresse d'elle même. Elle avait bien envie de s'en aller la tête haute, de planter la rouge au beau milieu de la salle pour la laisser parler au vide si elle le souhaitait et lui montrer que au fonds son avis elle s'en fichait pas mal. Elle avait dit ce qu'elle avait à dire, si elle ne pouvait l'accepter tant pis pour elle, ça n'empêcherait pas la verte de trouver le sommeil. Les états d'âmes de Lumen étaient le moindre de ses soucis. Pourtant quelque chose dans la regard implacable de la Macmillan la forçait à rester où elle était, faisant d'elle une cible presque idéale. « Huit ans, Dawn, huit ans. » La jeune femme se retint au dernier moment de lui asséner que, effectivement elle savait compter c'était un grand progrès. Mais elle sentait que Lumen venait tout juste de commencer, ce n'était pas le moment de jeter de rajouter des flammes sous le chaudron. La situation allait exploser d'elle même, la Gryffondor semblait bien partie pour attiser sa colère toute seule. En profitant dans le même temps pour se défouler sur la Serpentarde qui, pour une fois, n'avait absolument rien cherché. « T'as un train de retard. » Dawn pencha légèrement la tête sur le côté, fixant sans ciller sa camarade de son regard aussi froid que la glace. « Oh une lionne qui essaye de rugir. Comme c'est mignon. » Siffla-t-elle avec ce mépris qui la caractérisait tant. Son petit sourire auparavant posé et compréhensif se transforma rapidement en un rictus mauvais et menaçant. Elle n'aimait pas du tout la tournure que prenait la situation et elle n'hésiterait pas à le faire comprendre à Lumen si celle-ci continuait sur ce terrain aussi glissant que dangereux. Dawn ne constituait pas la victime idéale pour la petite agression verbale à laquelle Lumen était en train de s'adonner.
Pendant une seconde la jeune femme crut que la rouge et or retrouvait un semblant de raison, elle s'apprêtait à faire enfin demi-tour. Mais il n'en fut rien. Presque brutalement elle refis face à la Serpentarde, prête à s'enterrer sous les ennuis qu'elle se créait d'elle même. « Tu sais quoi ? Tes excuse de merde, j'en veux pas. Elles n'ont pas d'importance à mes yeux. T'arrive en retard. Ce n'est pas aujourd'hui que j'ai besoin de ça. C'était il y a huit ans. T'étais où à cette époque ? Tu n'as pensé que c'était le moment quand tu l'as appris ? Non tu n'as pas réfléchi j'imagine. »Dawn la fixa en silence, presque choquée par ces attaques qu'elle jugeait aussi surprenantes que injustifiées. Certes, cela faisait huit ans que la sœur jumelle de Lumen avait été emportée par une maladie incurable, certes elle aurait pu lui présenter ces condoléances bien avant. Mais cela ne les rendait pas moins sincères pour autant. La Serpentarde avait du mal à se souvenir de cette époque, huit ans auparavant elle n'était qu'une enfant. Déjà façonnée et manipulée par sa famille mais toujours une gamine. Ses parents étaient si peu enclins à l'empathie envers les autres que le sujet de la mort d'une des filles Macmillan n'avait jamais été abordé chez eux. Ce qui ne servait pas leurs intérêt ne les intéressait pas et la famille Macmillan se tenait trop à l'écart de la haute société pour qu'ils leur prêtent la moindre attention. Dawn ignorait si ils s'étaient rendu à l'enterrement de la jeune Aileen. A vrai dire ils ne lui avaient jamais annoncé sa mort, à force de ne plus la voir aux côtés de la sœur jumelle pendant les soirées mondaines des sangs-purs elle avait fini par en conclure que quelque chose lui était arrivé. Ce n'était qu'en entendant des adultes en discuter près d'elle quelques mois plus tard qu'elle avait compris ce qu'il s'était véritablement passé. Alors non, Dawn ne lui avait pas présenter ses condoléance à cette époque, ni les années suivantes, car déjà elle ne savait pas poser des mots sur ses sentiments et voir les autres comprendre ce qu'elle ressentait lui paraissait déjà bien trop difficile. « Et t'arrive la bouche en cœur dans l'espoir que je les accepte. T'es sérieuse ? Rassure moi... c'est une blague n'est-ce pas ? Pourtant, je sais que tu n'es pas idiote, alors qu'est-ce qui t'es passée par la tête pour penser que j'aurais besoin d'entendre ça ? » La voix de Lumen la fit sortir de ses pensées brutalement, insinuant en elle une exaspération croissante. Autours d'elles le silence se faisait petit à petit, les élèves comprenant que quelque chose se passaient entre les deux brunes. Deux larmes roulèrent sur les joues rougies de la jeune femme, mais c'était une vision face à laquelle Dawn resta stoïque, Lumen avait dépassé la ligne. Dawn ne ressentit aucune pitié face à ses larmes que sa camarade avait elle même provoquées. « Tu ne pouvais pas juste te taire, rester la parfait glaçon que tu es ? Juste être toi, comme tu le fais si bien d'habitude. » Ses ongles s'enfoncèrent avec rage dans ses paumes alors que sur son visage l'expression de la colère commençait à se peindre. Elle en avait assez et elle devait maintenant prendre sur elle pour ne pas se jeter sur la Gryffondor pour lui faire ravaler ses mots. Pour qui se prenait-elle? Si elle avait su Dawn n'aurait jamais prononcer ces quelques mots, elle regrettait désormais d'avoir exprimé ces sentiments qu'elle avait toujours caché. Maintenant elle aurait préféré laisser la Gryffondor se noyer seule dans sa colère et sa douleur. Rien de tout cela n'était de sa faute, elle ne payerait pas pour la peine d'une autre. « Tu ne peux pas comprendre, tu ne peux pas. Il aurait suffit que tu te la fermes et passes ton chemin. C'était si compliqué ? Si difficile ? » D'un geste rageur, presque menaçant, Lumen froissa la lettre qu'elle tenait à la main depuis le début avant de la jeter aux pieds de la princesse des glaces. Une nouvelle provocation qui attisa la rage que son visage exprimait désormais. Un rictus de colère froissa la ligne de ses lèvres. « De plus, je doute que tu sois désolée. Tu ne la connaissais pas et tu ignores totalement qui je suis. Alors pourquoi t'as sorti ça ? Pourquoi ? »
Enfin elle se tût, cessant enfin cette mise en scène grotesque qui ne servait qu'à la ridiculiser et à provoquer la haine de sa camarade verte. D'ailleurs tout le monde se taisait autours d'elle maintenant. Le silence était lourd, palpable et menaçant, tous les élèves attendaient la réaction de Dawn. Chacun connaissait son caractère impulsif et violent et attendait de voir de quelle manière elle allait s'occuper de la pauvre Lumen. De toute évidence celle-ci avait oublier à qui elle avait affaire. C'était une erreur que Dawn s'appliquerait à en plus laisser passer. « Tu devrais faire gaffe à ce que tu dis Lumen. A qui tu t'adresses. » Lâcha-t-elle brutalement, ses mots claquant avec violence dans le silence. Elle cracha littéralement son prénom, y mettant tout le mépris qu'elle lui inspirait en cet instant. Elle fit un pas vers elle, tremblante de colère et de l'envie de la voir s'effondrer devant ses yeux. Elle voulait lui faire payer cet affront. Pour une fois qu'elle agissait avec sincérité voilà comment elle en était remercié, ça lui apprendra à laisser échapper ses émotions. Redevenue la princesse des glaces elle fixait Lumen avec une rage non dissimulée. « T'as beau être une rouge, il faut savoir à qui on parle avant de jouer les grandes gueules. Ce serait dommage d'abimer un si joli visage. » Elle laissa un petit rire sinistre s'échapper de ses lèvres. Les élèves commencèrent à chuchoter auprès d'elle mais elle ne leur prêta pas la moindre attention. Elle fit un nouveau pas vers la sorcière, à la fois sûre d'elle et inquiétante elle menaçait de submerger la Gryffondor à chaque instant. A la place elle préféra envahir son espace vital, jouant délibérément avec son malaise. D'un geste elle attrapa avec une douceur presque douloureuse une des mèches de cheveux qui encadraient le visage de Lumen, laissant par la même occasion ses ongles longs érafler sans une trace la peau de porcelaine de cette lionne trop téméraire à son goût. « La prochaine fois c'est toi qui risque d'être désolée. » Au contraire de la rouge elle n'avait pas besoin d'élever la voix pour se faire respecter. Prête à lui faire ravaler sa superbe par un quelconque tour de force Dawn plongea son regard dans le sien.
C'est là qu'elle le vit. Un appel à l'aide, un cri de douleur, une plainte si déchirante qu'elle réussi à ébranler la confiance et la froideur de la Serpentarde. Cachée derrière la fureur et la rancœur se trouvait une désolation plus forte que tout. Un puits sans fonds, un hurlement perpétuel qui ne trouvait jamais de repos. Dans le fonds de ses yeux verts se trouvait une peine si destructrice que Dawn se demandait comment Lumen pouvait vivre en la supportant tous les jours. Elle fronça les sourcils, soudainement déboussolée par cette découverte. Lumen avait si mal que ça lui crevait le cœur. Elle qui se protégeait de tout comprit brusquement que la lionne vivait son plus grand cauchemar, celui de vivre avec une blessure qui ne se refermait jamais et qui chaque jour vous faisait souffrir un peu plus. Sans réfléchir elle attrapa le poignet de la sorcière. « Viens avec moi. » Sous les regard abasourdis de tous les élèves présents elle entraina Lumen à sa suite en dehors de la Grande Salle. Elle savait que tous penserait qu'elle avait emmenée Lumen au dehors pour pouvoir se venger sans témoin mais ce n'était pas son problème. Au moins cela dissuaderait quiconque de lui refaire une telle scène au beau milieu d'un repas. Au lieu de conduire Lumen dans le hall pour pouvoir lui faire comprendre sa manière de penser elle l'entraina derrière le grand escalier, près de l'entrée des cachots. Là où personne ne pouvait les apercevoir ou les entendre depuis la grande salle. Elle lâcha le poignet de sa camarade et recula d'un pas. Poussant un long soupir destiné à effacer les dernières traces de sa colère elle passa une main dans ses longs cheveux avant de se décider à regarder de nouveau la sorcière. « Ça y est? Tu as terminé? » Maintenant qu'elle n'était plus emplit de menaces sa voix lui paraissait un peu frêle et hésitante. Elle était encore perturbée par la douleur qui habitait la jeune Macmillan. « Tu as recraché tout ce que tu as sur le cœur ou tu as encore des choses à hurler? » Expliqua-t-elle finalement d'une voix plus assurée. Ce qu'elle avait lu dans son regard était si noir et si désespéré que à sa place elle serait certainement en train de hurler à s'en briser la voix, à s'en déchirer les cordes vocales. Elle qui ne savait pas gérer ses propres sentiments ignorait comment Lumen pouvait trouver la force de vivre ainsi. Elle fit quelques pas sur le côté pour s'assurer qu'aucun curieux ou qu'aucun professeur ayant assisté à la scène ne les avaient suivit. Elles étaient seules. « Si c'est le cas vas-y. Défoule toi. Lâche-toi. Profites-en je ne serais pas toujours aussi généreuse. » Qu'elle n'hésite pas. Qu'elle continue de lui hurler dessus, de l'accuser de toutes les peines du monde. Qu'elle la prenne pour responsable de tous ces malheurs qui lui tombaient dessus si tel était son désir. Dawn était prête à encaisser, à accuser le coup en silence si cela pouvait aider Lumen. Si cela pouvait adoucir cette désolation qui l’asphyxiait petit à petit. Peut être qu'elle avait raviver cette douleur, avec ses mots maladroits et son attitude distante, mais maintenant elle lui offrait son aide. Peut importait la manière dont elle lui tendait la main. C'était l'offre la plus généreuse que la princesse des glaces pouvait lui faire compte tenu des circonstances. « Pas de représailles. Promis. » Elle écarta les bras, les mains loin de sa ceinture où était coincée sa baguette magique, en guise de bonne foi.
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CŒUR DE LIONNE
+ SORCIER DEPUIS LE : 23/08/2012 + PARCHEMINS : 5770
Lumen savait pertinemment dans quoi elle mettait les pieds et ce même si elle n'avait pas tendance à chercher les ennuis. Mais ce n'était pas Dawn Blackwood qui l'effraierait. A dire vrai, seul Mr Macmillan, un homme bien plus imposant que la batteuse des serpentards, pouvait seulement créer un sentiment de frayeur dans le cœur de la gryffondor. Pour le moment, la quatrième année n'inspirait que colère et rien d'autre. Plus elle restait plantée là à rien dire, plus elle donnait envie à Lumen de l'accuser de tous les maux de la terre. Elle aurait tellement aimé qu'elle s'en aille, qu'elle passe son chemin. Pourtant, elle l'écoutait, tout en serrant les poings, essayant sans doute de ne pas lui sauter dessus pour la massacrer. Car il fallait reconnaître que la cinquième année n'y allait pas avec le dos de la cuillère. Mais elle tombait mal, au mauvais moment. Ça arrivait souvent. Elle aurait du se taire... Lumen maniait l'ironie, mais son ton se faisait plutôt agressif. Elle supportait mal les airs hypocrites de sa camarade, encore plus dans un moment pareil. Elle décrivait Dawn comme un glaçon et visiblement ce n'était pas elle qui allait la contredire. Elle arqua un sourcil à la réplique de la lionne.Elle éclata d'un rire méprisant et si faux. « Que tu es pathétique. » Oh oui, ça Dawn l'était et depuis toujours. Retenir ses sentiments, être la parfaite héritière alors qu'on ne semblait pas le vouloir, c'était pathétique. Avoir l'air de péter plus haut que son cul, c'était pathétique. Et en ce moment, elle ne valait pas mieux que d'habitude. Elle se demanda alors si elle avait vu une seule fois la vraie Dawn, disons celle qui savait faire preuve d'émotions, qui pouvait rire aux éclats. Pour le moment, elle semblait juste coincée dans son monde de perfection qu'elle n'aimait pas forcément. Et ce monde, Lumen le fuyait, voilà ce qui la différenciait tant de la serpentard. Elle avait su être elle.
Quand elle eut fini, Lumen s'abstint de dire quelque chose d'autre. Elle se rendait ridicule. Et après ? Les gens parleraient d'elle durant un temps, mais elle se fichait pas mal d'une quelconque réputation. Elle se menait en spectacle et en avait bien conscience. Et Dawn devait penser la même chose. Se tenant droite, elle avait la tête assez haute pour ne pas perdre totalement la face. Elle ne bougea d'ailleurs pas d'un cil quand la fille Blackwood s'approcha d'elle, profitant de la faille du système qu'était Lumen. Certes, elle allait mal, mais elle retrouvait ses esprits et sa force de conviction. Les menaces... Elle y était tellement habituée. Le ton menaçant, le regard méprisant. Tout ça, elle connaissait. Elle avait vécut avec. D'ailleurs, c'était une chose que Dawn ignorait et tant mieux pour elle, car elle était persuadée qu'elle pouvait l'ébranler davantage. Mais la colère bien trop présente ne laissa pas place à de la frayeur. Courageuse, téméraire, on pouvait le dire, mais jamais Lumen ne se laisserait écraser par une gamine qui pensait que tout le monde pouvait s'abaisser devant elle. Parfois, elle se demandait comme Olivier avait suffisamment pu s'entendre avec une fille se cachant sous des faux semblants. Elle ignorait la nature de leurs relations, en soit, elle s'en moquait comme de ses premières chaussettes, mais elle ne comprenait pas. « J'ai connu pire qu'un œil au beurre noir et d'une lèvre écorchée. Je risque quoi ? De finir la soirée à l'infirmerie ? Et après ? Tu ne me fais pas peur et ça ne sera jamais le cas. » Surement aussi confiante que l'était la serpentard. Lumen ne haussait plus le ton, elle se contentait de jouer le même jeu que la verte.Lumen avait connu pire. Et la seule manière d'asservir Lumen serait de l'enfermer dans un placard, mais ça Dawn n'en avait pas connaissance. Alors cela n'arriverait jamais. Elle se fichait bien qu'elle finisse avec une cicatrice au niveau de l'arcade sourcilière, d'avoir un bleu ou une bosse au niveau de son nez. Ou toute autre chose dans le genre. Et même si Lumen se doutait que Dawn étudiait la magie noire, elle n'avait aucun intérêt à en user sur la gryffondor, après tout c'était interdit par le règlement et Lumen prendrait un malin plaisir à la dénoncer si cela serait le cas. Et renvoyée de Poudlard, ça la foutait mal. Alors forcément, elle utiliserait ses poings et à ce niveau là Lumen se défendait bien.
Lumen ne sut jamais ce qu'il se passa derrière la tête de Dawn, ce qui la fit changer d'avis, mais elle en fut étonnamment surprise. Quand elle la prit par le poignet, Lumen se laissa faire et se retint même de dire qu'elle savait marcher toute seule. Pas la peine de lui dire quelque chose dans le genre. Elle laissa échapper un soupir et se mit à sa hauteur, tentant de marcher à la même vitesse qu'elle. Elle l’entraîna près de l'entrée des cachots. Elle haussa un sourcil et balaya du regard le coin que Dawn avait trouvé pour lui parler face à face. Elle détestait ces endroits sombres et froids. Des cachots dans une école, ça lui semblait incohérent avec le reste du château si accueillant. Mais elle montra pas le moindre dégoût pour ces pièces où dormaient les serpentards. « Ça y est? Tu as terminé? » Alors ça, c'était étrange. Où voulait-elle en venir exactement ? Lumen n'avait rien dit d'exceptionnel, juste quelques petites choses montrant la colère qui l'habitait. Mine de rien, Dawn avait été épargnée, car cette violence n'était rien face à l'agressivité dont elle pouvait faire preuve. Pas de représailles ? Vraiment ? Elle pensait sincèrement que Lumen en avait quelque chose à faire de ça ? Surtout dans une situation pareille... Par la barbe de Merlin, Dawn ne comprenait-elle vraiment pas ce qui se passait ? C'était au delà de la mort de sa sœur, c'était tellement plus que cela. Autour de cette disparition gravitait tellement de choses. « Tu ne saisis donc toujours pas ? Je m'en fiche d’être stupéfixiée, d'avoir des pustules sur ce visage ou d'autres gentillesses dans ce genre. Je m'en moque de tout ça. » Elle appuya sur ce dernier mot comme pour lui montrer que quelque chose de pire planait au dessus de sa tête. Peut être savait-elle ce que c'était d'être ignorée par sa famille, peut être l'avait-on accusée d'être née fille. Mais c'était rien à côté de ce que Lumen vivait au quotidien. La culpabilité du survivant, mais pas seulement. « Que ce soit toi ou une autre, ça ne change rien. » Dit-elle alors en se frottant le front. La colère n'était plus là. L'envie de hurler ne lui passait même plus par la tête. Maintenant, elle entamait une conversation presque normale, une discussion qu'elle aurait pu avoir avec Lullaby sans le moindre souci. Mais Lullaby et Dawn étaient deux personnes radicalement différentes. Mais Lumen éprouvait le besoin de la mettre devant la réalité, aussi violente soit-elle. Elle se laissa glisser le long du mur et regarda fixement la vipère qui s'attendait à ce qu'elle gueule. Mais elle ne crierait pas. Elle n'en ressentait pas l'envie. « Tu sais sans doute ce que c'est d'être ignorée par sa famille... Tu es la seule enfant de ta famille et en plus fille. Pas de chance dans une telle société comme la notre. Donc tu connais sans doute ce que c'est le rejet. Mais imaginer ce que sont les Macmillan, c'est surement au delà de tes forces. » Elle n'allait pas dépeindre un tableau très élogieux de sa famille. Raconter sa vie... c'était bien la dernière chose à laquelle elle aurait pensé, mais voilà, elle ne se voyait pas faire autrement. « Je crois que parler de cela à une inconnue, ça me fera davantage de bien que d'hurler à m'en casser les cordes vocales. » Se confier à une étrangère lui paraissait tellement plus simple, que de raconter mot pour mot cette histoire à Olivier. Jamais elle n'y était arrivée. Elle y parviendrait sans doute jamais et ce qu'elle avait pu lui dire ne se représentait qu'une esquisse de la réalité. Un léger sourire las se dessina sur le visage de la gryffondor, fatiguée de se battre et se taire, de se cacher derrière des grands sourires maîtrisés et une voix suave. Elle en avait assez de garder cela pour elle, fallait que ça sorte. Et pour le coup, c'était une occasion en or. « Un petite vue d'ensemble pour te donner un avant gout... Tout d'abord mes parents qui s'enferment dans leur neutralité légendaire et déconcertante. Plus lâches qu'eux tu meurs. A leur image, il y a le parfait Caleb, se cachant derrière ses bouquins, aussi peureux et lâche qu'eux. Il n'affronte pas la réalité, jamais. Non, lui il préfère se voiler la face et n'adresser la parole qu'à ses gentils et adorables parents. Puis, il y a Freya, une fille de ton année, poufsouffle dans l'âme qui a demandé serpentard pour ne pas être la deuxième honte de la famille. Et enfin écartée de cette famille de demeurés, déjà bien désunie et totalement sans avenir, il y a moi, l'erreur de la nature, le mouton noir dans tous sa splendeur. Je suis comme le cancer de cette famille, à leurs yeux. La nature a voulu que j'ai le même visage d'ange qu'elle. » Elle ne parvenait pas à prononcer son prénom. Décidément bloqué au fond de sa gorge. Aileen était celle qui maintenant un semblant d'équilibre chez les Macmillan, alors forcément quand elle mourut, on chercha un bouc émissaire. Et on tourna toute l’amertume sur la pauvre Lumen. Trois larmes, puis huit ou dix roulèrent sur ses joues rougies par la colère, et la difficulté à formuler ces mots. Et elle les essuya d'un revers de la main. A chaque parole, c'était un nouveau coup de poignard dans le cœur, même si Lumen savait si bien caché qu'elle en souffrait chaque seconde davantage. C'était une habitude, un réflexe, devenu si naturel, qu'on lisait si difficilement la peine qui habitait Lumen. Une peine si conséquente qu'elle vivrait avec toute sa vie.
« Non seulement, ils se demandent pourquoi moi je suis encore là, mais ils aimeraient bien que nos places eussent été échangées. Elle était parfaite en tout point. Parfois, j'ai l'impression qu'ils oublient que c'est moi qui l'ait vue mourir et que je garderais graver à jamais ses derniers instants à jamais là-dedans. » Fit-elle en montrant sa tête de son index pour lui signifier que tout resterait pour toujours dans sa mémoire, qu'elle n'oubliait pas. Mais la chance de pouvoir oublié ne lui fut donnée, comme si toute la souffrance du monde devait peser sur les épaules.« La vie est une belle garce. » Dit-elle en tirant légèrement sur une mèche de ses cheveux. Si elle avait été seule, seule avec sa peine, elle aurait surement été capable de l'arracher. Puis, elle leva la tête, regardant Dawn avec toute la douleur du monde. Les yeux de Lumen étaient tellement expressifs et la serpentard pourrait y voir tout ce qu'elle ressentait. Lumen ne faisait plus attention à ce qu'elle devait ou non faire. Les manières de la haute société, ça lui faisait de belles jambes, tiens. Puis elle prononça cette phrase comme s'il s'agissait d'une des plus grandes banalités du monde : « Il n'y a rien de plus dur pour une enfant que d'être accusée de la mort de sa sœur. » Voilà, c'était dit, à demi mots, certes, mais Dawn le savait maintenant. Elle connaissait une grande partie de l'histoire. Elle se garda de dire que ses parents l'affamaient durant l'été, qu'ils l'enfermaient dans sa chambre à double tours pour la punir et que suite à des heures entières enfermée dans un placard, Lumen avait fini par développer une claustrophobie. Et encore toutes les phases d'ignorance étaient passées à la trappe, du moins plus ou moins. Son discours laissait sans nul doute présager cette réalité là. Mais Lumen ne se plaignait pas d'avoir été ignorée, mais qu'on lui ait reprochée un acte sur lequel elle n'avait eu aucune influence. Puis sans s'en rendre compte, les larmes lui montèrent aux yeux. Elle plia ses jambes et rapprocha ses genoux le plus possible de son menton, comme pour se protéger du regard de la serpentard.
Bon, elle ne lui pleure pas dans les bras, mais ça a faillit être le cas.
BY .TITANIUMWAY
Dawn R. Blackwood
LA PRINCESSE DES GLACES
+ SORCIER DEPUIS LE : 18/08/2012 + PARCHEMINS : 6731 + LOCALISATION : Poudlard, la tanière des verts ou le terrain de quidditch
Dans son habituelle impulsivité Dawn n'avait absolument pas réfléchi à ce qu'il pourrait se passer, à comment Lumen allait réagir à sa proposition. Elle avait conscience que son brusque revirement de comportement pouvait être déstabilisant mais cela avait été plus fort qu'elle. Elle ne savait pas à quoi elle s'exposait en acceptant que Lumen lui balance tout ce qu'elle avait sur le cœur. Elles ne s'étaient jamais fréquentées et la Serpentarde savait, au final, bien peu de choses sur sa camarade. Sur le coup ce détail lui avait paru futile. Pourtant elles n'étaient pas amies, elles se connaissaient à peine et accepter de recevoir tous les cris et toute la peine que l'on pouvait contenir était loin de faire parti du rôle d'une simple inconnue. Pourtant, Dawn n'avait pas hésité un seul instant, en un clin d’œil elle avait totalement changé d'attitude, ce qu'elle avait lu au fonds des prunelles de la Gryffondor l'avait profondément bouleversé et elle ne pouvait l'ignorer. Les relations humaines avaient beau ne pas être son fort elle ne pouvait rester insensible devant tant de douleur. Les autres en doutaient peut être mais Dawn Blackwood avait un cœur, et parfois il lui arrivait de l'écouter. C'était ce qui la poussait à rester là, immobile face à Lumen à attendre sa réaction. Elle qui se protégeait de tout se mettait volontairement devant la cible, victime toute désignée de la colère de la jeune Macmillan. Pourtant il n'en fut rien. Quelques minutes plus tôt elle semblait prête à lui hurler dessus pendant des heures, à lui déverser au visage toute sa rancœur et sa colère jusqu'à ce qu'enfin elle soit apaisée mais désormais elle paraissait au dessus de tout ça. Assise à même le sol, la main posée sur son front la lionne n'avait plus l'air si menaçante, au contraire une certaine fragilité émanait d'elle, comme si elle pouvait se briser au moindre toucher. Mais elle était déjà brisé, Dawn l'avait lu dans ses yeux. « Tu sais sans doute ce que c'est d'être ignorée par sa famille... Tu es la seule enfant de ta famille et en plus fille. Pas de chance dans une telle société comme la notre. Donc tu connais sans doute ce que c'est le rejet. Mais imaginer ce que sont les Macmillan, c'est surement au delà de tes forces. » Dawn serra les lèvres mais elle ne dit rien, se contentant de baisser les yeux pour ne pas que Lumen, puisse à son tour lire dans ses yeux. Sa famille était un sujet délicat dont elle refusait toujours de parler. Elle laissait les rumeurs aller bon train, elle acceptait sans broncher que les autres voient en elle une de ces héritières détestables, une petit princesse hautaine qui pense que tout lui est dû. Ils étaient loin du compte mais plutôt mourir que d'avouer la vérité. Mais au fonds elle savait que certains élèves avaient des doutes, une fille n'était pas considérée comme une héritière digne de ce nom pour les sangs-purs. Une tradition qui semblait évidente pour la haute société sorcière mais tellement écœurante pour la jeune Blackwood. Sûrement les choses auraient été bien différentes si elle avait pu tenir la place que son père lui avait toujours refusé pour la simple raison d'être née du mauvais sexe. Quelque part ça ne la surprenait pas que Lumen en soit arrivé à cette conclusion. En revanche ces dernière paroles attirèrent davantage la curiosité de la Serpentarde, parmi les sorciers les Macmillan faisaient office de neutres, ils avaient la réputation de ne pas faire de vague et de rester toujours en dehors des conflits peu importe le sujet. Mais maintenant Dawn se doutait que c'était faux, le regard et les paroles de Lumen le lui confirmaient. « Je crois que parler de cela à une inconnue, ça me fera davantage de bien que d'hurler à m'en casser les cordes vocales. » Un fin sourire apparut sur les lèvres de la Gryffondor, un sourire que Dawn reconnu immédiatement, c'était le même qu'elle revêtait parfois. Un sourire cassé, désabusé, qui laissaient sous entendre que tout ceci n'était qu'une mascarade grotesque. Et elle s'apprêtait à en lever le voile.
« Un petite vue d'ensemble pour te donner un avant gout... Tout d'abord mes parents qui s'enferment dans leur neutralité légendaire et déconcertante. Plus lâches qu'eux tu meurs. A leur image, il y a le parfait Caleb, se cachant derrière ses bouquins, aussi peureux et lâche qu'eux. Il n'affronte pas la réalité, jamais. Non, lui il préfère se voiler la face et n'adresser la parole qu'à ses gentils et adorables parents. Puis, il y a Freya, une fille de ton année, poufsouffle dans l'âme qui a demandé serpentard pour ne pas être la deuxième honte de la famille. Et enfin écartée de cette famille de demeurés, déjà bien désunie et totalement sans avenir, il y a moi, l'erreur de la nature, le mouton noir dans tous sa splendeur. Je suis comme le cancer de cette famille, à leurs yeux. La nature a voulu que j'ai le même visage d'ange qu'elle. » En silence la princesse des glaces laissaient ces paroles s'imprégner en elle. En quelques instants elle en avait appris plus sur Lumen qu'elle ne l'avait imaginé et comme elle s'en doutait ce que la rouge et or avait à lui dire n'était pas ce qu'il y avait de plus agréable à entendre. Contrairement à ce que les sangs-purs pensaient les Macmillan n'étaient pas aussi innocent que ça. Ils étaient loin d'être blanc comme neige comme ils voulaient le faire croire. Des larmes apparurent dans les yeux de la Gryffondor, s'épanouissant silencieusement sur ses joues. Peu habituée à faire face à tant de détresse l'héritière Blackwood ne savait comment réagir. Elle aurait aimé pouvoir faire un geste envers Lumen, lui montrer son soutient mais la situation et leur altercation précédente rendait les choses délicates. Lumen lui épargna tout geste maladroit en essuyant ses larmes d'un mouvement vif. Dawn ne réfléchissait que rarement aux enfances que pouvaient avoir eu les autres élèves, la majorité avait passé de belles années et en avaient des souvenirs joyeux et coloré, ça lui faisait trop de mal de voir ce dont elle avait été privée. Ainsi, s'était-elle toujours imaginée que Lumen avait elle aussi eu une enfance douce et animée. Jamais elle ne s'était autant trompée. Elle était bien loin de la réalité. Le portrait que la sorcière lui dépeignait de sa famille était terne et désagréable. Et elle n'avait pas encore tout entendu. « Non seulement, ils se demandent pourquoi moi je suis encore là, mais ils aimeraient bien que nos places eussent été échangées. Elle était parfaite en tout point. Parfois, j'ai l'impression qu'ils oublient que c'est moi qui l'ait vue mourir et que je garderais graver à jamais ses derniers instants à jamais là-dedans. » Si Dawn garda une fois de plus le silence ce ne fut cette fois pas pour les mêmes raisons. Elle ignorait tout de ce que Lumen venait de lui révéler. C'était comme si elle venait d'être touchée par un sort tant elle était surprise. Plus la Gryffondor parlait plus elle comprenait la peine que ses prunelles lui avaient dévoilé. Ce qu'elle avait à lui dire était terrible, même pour le cœur de glace de la sorcière. Elles se connaissaient à peine et pourtant elle pouvait sentir son cœur se serrer à chaque nouvelle révélation de sa camarade. La perte d'un être cher était toujours une épreuve particulièrement difficile alors elle n'essayait pas de s'imaginer ce qu'on pouvait ressentir en perdant une sœur jumelle. Une partie de soit. Elle espérait que Lumen n'avait plus de révélations à lui faire, c'était un tableau déjà bien assez douloureux. « La vie est une belle garce. » Elle ne pouvait qu'approuver. Elles avaient beau avoir des vies et des blessures différentes Lumen et Dawn arrivaient sans mal à la même conclusion. La vie ne les avait pas épargné et ça elles ne l'oublieraient pas. « Il n'y a rien de plus dur pour une enfant que d'être accusée de la mort de sa sœur. » Elle en oublia de respirer. Perdant sa presque gêné Dawn plongea son regard dans celui de sa camarade, comme pour s'assurer qu'elle avait bien comprit ce qu'elle était en train de lui dire. Elle aurait préféré être victime d'un sort plutôt que de comprendre que Lumen était parfaitement sérieuse. Elle était choquée et un peu perdue. Ses parents n'étaient pas des modèles de bienveillances mais elle ne comprenait pas comment ceux de Lumen pouvait en être arrivés là. Et comment ses propres frères et sœurs pouvaient ne pas la soutenir. Elle qui avait toujours regretter d'être enfant unique ne parvenait pas à s'imaginer ce que Lumen devait ressentir. Quelle douleur elle devait traverser à cause de sa propre famille.
Pour calmer les battements de son cœur Dawn passa une main dans ses cheveux et vint s'assoir aux côtés de la Gryffondor, ni trop près, ni trop loin. Même si elle se sentait un peu plus proche de Lumen avec toutes les confidences qu'elle venait de lui faire leur relation n'était pas non plus vraiment définie. Elle laissa son crâne reposer contre la pierre froide et un soupir s'échappa de ses lèvres. « Eh bien, moi qui pensais que les Macmillan étaient une des familles de sangs-purs les plus équilibrée. J'avais faux sur toute la ligne. » lâcha-t-elle presque pensivement. Les dires de Lumen lui faisait voir les Macmillan d'une toute autre manière. « Au final les familles de sangs-purs sont toutes plus désaxées les unes que les autres. » Conclue-t-elle à demi voix. Elle avait conscience que cette simple phrase donnait bien des indications sur sa propre famille mais peut lui importait. Elle avait poussée Lumen à se confier à elle, elle lui devait un peu d’honnêteté en retour. Pendant quelques instants elle ne dit rien, tentant de faire le tri dans tout ce qu'elle venait d'entendre. Puis elle fini par tourner la tête vers la Gryffondor. « Comment est-ce qu'ils peuvent faire ça? Elle était ta sœur jumelle. Ça compte plus que tout. » C'était une simple constatation. Elle ne la comprenait pas, elle était sans cesse confrontée au comportement abject de ses propres parents mais jamais elle n'aurait pensé que des géniteurs soient capable d'accuser leur enfant de la mort de sa sœur jumelle. C'était d'une cruauté rare. C'était le genre de chose qui troublait la Serpentarde malgré le masque qu'elle s'était fabriqué. « Ils n'ont pas le droit de bafouer ta douleur comme ça. Et encore moins de t'accuser de la leur. » Elle ressentait une profonde tristesse pour Lumen et pour ce qu'elle devait subir au quotidien. Mais elle ne le montrait pas. Parce qu'elle savait que Lumen ne voulait pas de la pitié des autres et elle n'était pas là pour ça. Elle lui avait offert un échappatoire, un soutient, pas un regard plein d'apitoiement insupportable et des paroles pleines de clichés inutiles et vides de sens. La Gryffondor valait mieux que ça. Elle était forte, le choixpeau ne s'était pas trompé lors de sa répartition. Elle était assez résistante et courageuse, sinon avec une telle histoire elle ne serait pas face à elle aujourd'hui. Et c'était quelque chose que Dawn savait apprécier à sa juste valeur. Elle eut un nouveau soupir. « Mais tu ne peux rien faire n'est-ce pas? » Pour échapper à sa famille, pour enfin pouvoir tout laisser derrière elle et se reconstruire loin de cet univers empoisonné. Mais Dawn se doutait que cela ne pouvait pas être aussi facile, elle ne pouvait pas juste franchir la porte et ne jamais revenir. Tout était toujours plus compliqué, surtout trouver du soutient. Elle voulait que Lumen la détrompe, qu'elle lui montre qu'elle pouvait se sortir de cette situation qui la détruisait petit à petit. Mais la Serpentarde en doutait, et ce n'était pas à cause de son pessimisme naturel. C'était parce que Lumen avait raison, la vie était une belle garce.
(c) sweet.lips
Lumen Macmillan
CŒUR DE LIONNE
+ SORCIER DEPUIS LE : 23/08/2012 + PARCHEMINS : 5770
Se confier de la sorte à Dawn Blackwood ne plaisait pas du tout à Lumen. Pourtant elle le faisait sans se poser la moindre la question. Elle dépeignait sa vie sans se soucier des conséquences. De toute façon, elle voyait mal la serpentard crier sur tous les toits sa situation. Et Lumen se fiait toujours à son intuition qui ne l'avait jamais trompée jusque là. Alors oui, elle articulait avec facilité, sur un ton quelque peu las, parfois ironique. Car la vie l'avait déchirée, privée de son bien le plus précieux : l'espoir. Elle ne croyait plus qu'un jour elle serait heureuse. Elle ne s'imaginait pas sourire pour de vrai, comme avant. Puis comme le disait Lord Byron, les souvenirs de bonheur n'étaient plus du bonheur. Alors oui, Lumen Macmillan était triste, mélancolique, et le gardait bien pour elle. Parler ainsi, à cœur ouvert, sans penser quel impact cela aurait-il sur Dawn, c'était seulement un dérapage, une erreur de parcours, enfin si on pouvait dire que Lumen avait un but dans sa vie. Elle errait dans la vie, tel un poète maudis qui souffrait du mal de son siècle. Seulement, Lumen souffrait de la folie de ses parents, de l'incompréhension qui habitait son frère, de la distance qu'elle mettait sans cesse avec Freya, mais ce n'était pas forcément récurent dans les autres familles. Les familles tristes le sont toutes à leur façon, avait-elle lu quelque part. Et elle savait que Dawn, quelque part, au fond d'elle, la comprenait plus ou moins. Et pourtant, le rejet dont elle était victime ne ressemblait en rien à celui de Lumen. Alors oui, dans un sens Lumen se sentait proche de cette inconnue, de cette connaissance d'enfance. Et ça elle ne l'aurait jamais cru vingt minutes plus tôt. Elle se sentait faible, pathétique et sans défense. Si Dawn le souhaitait, elle pouvait l'achever, l'enfoncer, l'enterrer six pieds sous terre. Et finalement, Lumen aurait préféré cela, pour la simple et bonne raison que depuis longtemps c'était tout ce dont elle désirait. Cela aurait peut être été une façon de se reconstruire. Mourir dans sa tête. Cela aurait été tellement mieux, tellement moins cruel. Là, elle se détruisait à petit feu. Elle était l'architecte de sa propre destruction. Et elle ne demandait que ça, qu'on l'exécute. Mais au final, Dawn ne méritait pas de tenir ce rôle. Lumen ignorait ce qu'elle pourrait faire, alors elle se tut et accepta sans rien dire qu'elle s'installe à côté d'elle. Elle fut juste un peu surprise. Dawn prouvait l'humanité qui existait en elle, mais arrivait-elle à l'apprivoiser ou la reniait-elle seulement ? Finalement des deux, Dawn n'était pas la seule qui se cachait. Lumen dissimulait derrière ses sourires, ses rires bienveillants, son humour bien à elle et son enthousiasme toute la noirceur de son âme. Elle n'exprimait jamais ses états d'âmes. Et pour cause ? Elle individualisait sa douleur, sa situation. Rien ni personne ne pouvait ressentir avec exactitude de ce qu'elle subissait au quotidien. C'est ce qu'elle se disait toujours pour continuer à survivre. Elle ne discernait aucune menace provenant de Dawn si bien qu'après avoir essuyé les larmes qui brûlaient ses jours d'un revers de la main, elle étendit ses jambes.
Elle fronça les sourcils en écoutant Dawn. Elle haussa alors les épaules. A peu près normalement constituée... La famille Macmillan. Elle laissa échapper elle aussi un petit rire sarcastique à cette idée. Elle aurait aimé lui dire quelque chose de rassurant, mais elle n'était pas en état, ni d'humeur. Plus dépressive que d'habitude, elle ne trouvait la force que de dire des choses négatives. En regardant ses ongles, elle soupira. « J'y ai cru aussi... avant. » Dit-elle avant de relever les yeux et de fixer Dawn. Avant, c'était un mot volontairement vague, mais Dawn en saisirait le sens, Lumen en était persuadée. Elle inclina la tête légèrement sur le côté. La conclusion de Dawn était tellement réaliste, tellement vraie, tellement... cruelle. D'ordinaire, ça dérangerait tout le monde. Mais Lumen s'en moquait. Elle lui fit un sourire légèrement forcé. Rien ne lui venait d'autre. Que pouvait-elle faire d'autre ? Rien surement. Elle sentait un poids en moins peser sur ses frêles épaules. C'était un soulagement que de partager un bout de sa souffrance avec quelqu'un. Mais Dawn révélait aussi ce qui se déguisait derrière la façade Blackwood. Elle avait donc vu juste. Dawn n'était en rien la princesse que tout le monde prétendait. Mais les gens acceptaient de voir que ce qu'il y avait à la surface, sans apporter la moindre importance à ce qu'il y avait derrière. Ces attitudes facilitaient tant la tâche de Lumen et bien sûr celle de la serpentard. Mais Lumen finit par dire quelque chose. Les familles de sang pur toutes désaxées. Oh ça oui. « Après tout, c'est logique. On est tous consanguins alors pourquoi certains d'entres nous pourraient avoir la chance d'être normalement constitués ? Personne. » A dire vrai, ça n'avait rien de très apaisant, mais une fois de plus ce n'était que la stricte vérité. Elle n'en revenait toujours pas d'avoir une conversation presque amicale avec une personne sur laquelle elle avait lâché toute sa fureur, tout son mépris et toute sa tristesse. En un rien de temps, elle était passée de la colère au calme le plus total. Parce que maintenant, sa voix était faible. Elle se sentait presque sereine. La question que lui posait Dawn la fit sortir de ses pensées. Comment ? Combien de fois ce questionnement s'imposait à son esprit ? Combien de fois s'interrogeait-elle à ce sujet ? Et si Aileen avait survécu ? Lumen ne comptait plus le nombre de fois qu'elle avait bien pu imaginer sa vie avec elle. Parfois, elle inventait une vie dans laquelle Aileen et elle vivaient heureuses, encore dans leur monde, à lancer des boules de neige dans la tête de ceux qu'ils aimaient, à lire ensemble et créer des histoires. Mais sans la mort d'Aileen, Lumen n'aurait sans doute jamais rencontré Alisson et ni eu l'occasion de s'entendre avec Olivier. Alisson était sans nul doute la personne la plus proche d'elle. Elle avait l'impression de la connaitre depuis si longtemps qu'elle faisait partie intégrante de son existence tandis qu'elle effaçait petit à petit sa famille du paysage. Lumen eut à nouveau ce sourire désabusé, démontrant encore sa douleur la plus profonde.
Lumen avait du mal à répondre à cette question. Alors elle se contenta de hausser les épaules. Par contre, elle se figea totalement. Elle eut du mal à connecter son cerveau correctement. Elle eut beaucoup de mal à y croire. Elle en oublia presque de respirer. Elle hésita bien une seconde ou deux avant de réagir vraiment. Elle tourna la tête violemment si bien qu'une douleur dans la nuque la stoppa net dans son élan. Elle y avait pensé à tout ça. Elle songeait chaque jour à ses parents et à ce qu'ils lui infligeaient jusqu'à se donner des migraines et ne plus avoir la possibilité de s'endormir le soir. Elle vivait avec ça sur le cœur tous les jours et avançait malgré tout. « Ils n'ont pas le droit ? » Répéta t-elle toujours sur le choc comme si elle avait encore besoin de tout assimiler. Lumen comprenait vite. Mais qu'est-ce qui ne leur permettait pas de faire ça après tout ? La morale ? La justice ? L'égalité ? Les mœurs ? Rien du tout, puisque de toute évidence, les Macmillan se fichaient bien de savoir ce qui était bien, juste ou non. Ils vivaient selon leurs règles. C'était le cas partout, dans toutes les familles. « Pourtant, ils se le donnent. Et ils en jouissent autant qu'il le faut. Ils pensent que vue que j'ai désobéi, cela a forcément causé la mort de Aileen. Ils s'en fichent de ce que la majorité des gens peuvent penser, puisque eux pensent comme ça. Alors forcément, c'est qu'ils ont le droit. C'est écrit nulle part qu'ils ne devraient pas remettre la faute sur quelqu'un. Alors ils font comme bon leur semble. » Cette dernière phrase avait été dite avec tout le mépris du monde. Dans ses expressions, on pouvait tout le dégoût que ses parents lui inspiraient. Puis elle se perdit dans la contemplation du mur qui lui faisait face. Elle n'en cherchait pas les imperfections. Paumée dans son monde, partie loin de la réalité. Rien ne la retenait ici, pourtant elle était là, elle tenait debout, encore, mais pour combien de temps ? Elle l'ignorait. Elle se demandait chaque fois de quoi serait fait le lendemain, sans en voir la beauté. Sa vision sombre des choses la poussait à être révoltée. Elle réglait ses problèmes seule. Elle usait de sa baguette pour mettre fin aux disputes. Elle se montrait parfois violente. Mais jamais elle ne perdait le contrôle comme c'était arrivé précédemment avec Dawn. Elle faisait toujours en sorte d'être ancrée dans ce monde qui ne voulait pas vraiment d'elle, de ce monde qui la répugnait. Elle s'efforçait d'exister pour quoi ? Elle n'en savait trop rien. Mais la dernière interrogation de Dawn lui fit très mal, la giflant de plein fouet. Pourtant cette fois-ci, elle parvint à y répondre sans trop de mal. Si sur la question du comment, elle s'était abstenu, cette fois-là, elle trouva les mots pour formuler un semblant de réaction. D'une voix douce, presque rêveuse, elle reprit la parole : « Bien sûr que si, je peux. » Elle marqua une pause. Rien ne présageait que Lumen ne lui raconte quoique ce soit d'intéressant. « Je pourrais fuir, courir loin et ne plus jamais revenir. » Elle inspira profondément et lui sourit doucement. « J'en rêve. » Ces quelques mots étaient sortis dans un murmure. Quelque chose de presque inaudible que Lumen se persuadait que sa camarade de Poudlard n'avait pas entendu. Elle plaqua sa tête contre le mur et observa le plafond qui lui parut si lointain. Elle étouffa un rire ironique puis montra plus de convictions dans ses propos et ses dires. « Je n'y arrive. Dés que je me dis que je veux partir définitivement, lorsque je franchis le seuil de la porte, son souvenir me revient comme un boomerang. Ça m’assomme. Et en un temps record toute certitude se dissipe. En vérité, je n'ai pas le courage de fuir vraiment. » Elle remua à plusieurs reprises les lèvres, mais plus rien ne sortit de sa bouche. Elle baissa ensuite les yeux et ferma les paupières. Il fallait qu'elle y arrive, qu'elle le dise. Les gens la trouvaient courageuse. Ils le disait. Elle était une parfaite gryffondor, paraissait-il. Mais elle n'y croyait pas. Pour elle, ce n'était qu'une apparence qu'elle se donnait. Elle était faussement sure d'elle. Ce sont elle était certaine pourtant. « Je suis paralysée par la peur de la trahir. » Finit-elle par avouer en reportant son attention sur Dawn. Et l'admettre serait plus difficile encore. Partir loin des Macmillan représentait tant de choses à ses yeux. Les quitter une bonne fois pour toute, cela voulait dire laisser derrière elle le souvenir de sa sœur, accepter réellement qu'elle n'était plus là. Et ça, elle ne le pouvait pas.
BY .TITANIUMWAY
Dawn R. Blackwood
LA PRINCESSE DES GLACES
+ SORCIER DEPUIS LE : 18/08/2012 + PARCHEMINS : 6731 + LOCALISATION : Poudlard, la tanière des verts ou le terrain de quidditch
Dawn ne se serait certainement jamais imaginé se retrouver dans une telle situation. En réalité, la demi-heure qui venait de s'écouler lui paraissait si insolite et inhabituelle qu'elle se demandait encore si elle n'évoluait pas dans un rêve, un rêve bien agité. Elle s'était d'abord sentie poussée à présenter ses condoléances à Lumen, huit ans après la mort de sa sœur jumelle elle parvenait enfin à prononcer ces quelques mots qui, sur le coup, lui avaient paru bien innocents. Elle savait au fonds d'elle que ses paroles venaient trop tard mais elle ne s'était certainement pas attendue à ce que Lumen se mette littéralement à lui hurler dessus, faisant pleuvoir sur la Serpentarde une pluie de reproches, d'insultes à peine dissimulées et de douleur. En fière Gryffondor la sorcière n'avait pas hésité à se dresser contre la verte et argent qui, pour une fois, s'était montrée sincère et sans arrière-pensées. Pire encore, alors que tous les autres élèves auraient chèrement payé cet affront une étrange empathie s'était emparée de la princesse des glaces. Elle qui était peu habituée aux relations humaines complexes et qui ne s'était jamais laissée toucher par les autres avait été ébranlée par cette douleur sans fonds qu'elle avait vu dans les yeux de sa camarade. Alors, au lieu de succomber à son impulsivité naturelle et de mettre sa vengeance en marche, comme elle n'hésitait pas à le faire habituellement, au lieu de lui faire regretter son comportement elle lui avait proposé de passer sa colère sur elle. Et c'était bien quelque chose qui ressemblait peu à la Serpentarde froide et détachée qu'elle était habituellement. Elle ne se souciait que peu des autres, à part Nika qui occupait en permanence une place dans son cœur et son esprit, il était très rare qu'elle porte une telle attention à ses camarades. Bien sûr ses quelques amis pouvaient tout lui dire, elle était toujours d'une oreille attentive et même parfois de bons conseils mais jamais elle ne laissait ceux qui ne faisaient pas partie de son cercle s'appesantir sur leur vie, ceux qui s'y essayaient le regrettaient bien vite. « J'y ai cru aussi... avant. » Dawn sortie de ses pensées en entendant les paroles de sa camarade. C'était une conclusion brutale mais aussi parfaitement lucide. Les Macmillan entretenaient une illusion que peu de personnes avaient percé à jour. Ils semblaient bons et calmes sous leur masque d'éternelle neutralité. Mais en réalité ils ne valaient pas mieux que les autres familles de sang-pur aux mœurs plus sombres. Quelque part, ils étaient plus mauvais encore, tant de cruauté envers leur fille était rare et immoral. Ils n'étaient peut être pas les pires mais ils ne valaient clairement pas mieux que les autres. Dawn en prenait lentement conscience et tout ce qu'elle apprenait allait finir par lui donner la nausée. « Après tout, c'est logique. On est tous consanguins alors pourquoi certains d'entres nous pourraient avoir la chance d'être normalement constitués ? Personne. » Un petit rire amer s'échappa des lèvres de la Serpentarde, Lumen avait tellement raison que s'en était presque douloureux. Toutes les familles de sang-pur étaient liées, de manière plus ou moins proche, quelque part, Lumen et Dawn pouvaient presque dire qu'elles étaient de la même famille. La lionne avait su voir clair dans cette situation tordue. Beaucoup enviaient les familles de sangs-purs et leurs descendants, ils voulaient être à leur place, connaitre leur gloire et leur renommée, profiter de leurs richesses. Mais ils ignoraient le revers de la médaille. Ils ne savaient pas à quel point le monde fermé de la haute société sorcière était en réalité tordu et malsain. Tout n'y était que faux-semblants, coups-bas, manipulation et trahison. Un seul faux pas vous menait à votre perte. Dans cette société où rien ne vous est pardonné penser par soi-même était perçu comme une tare. Si vous êtes différent vous êtes rejeté, vous perdez votre place. Cette triste réalité Dawn la connaissait sur le bout des doigts, elle y était née et elle évoluait dans ces eaux sombres et traitresses depuis plus de 17 ans, parfois convaincue que sa survie et sa santé mentale ne tenaient que du miracle. Mais au fonds elle savait que cette société avait déteint sur elle. Trop froide, trop hautaine, incapable de faire confiance ou de gérer ses sentiments elle était cruellement consciente que quelque chose n'allait pas dans son comportement. Sa famille l'avait rendue comme ça, c'était de leur faute à eux et leurs idéaux intolérables. Merlin seul savait quelle personne Dawn aurait été si elle avait pu naitre avec un autre nom que celui des Blackwood.
Elle laissa doucement sa tête reposer contre le mur en pierre, c'était la première fois qu'elle avait une conversation aussi calme avec quelqu'un qui venait de lui hurler dessus et c'était un peu déroutant. « Ils n'ont pas le droit ? » Lumen venait de tourner la tête si brusquement dans sa direction que durant une seconde Dawn eut peur d'avoir encore dit un mot de travers. Mais dans le regard de la Gryffondor sa colère et son mépris précédents s'étaient éteints. Désormais elle paraissait lasse, bien trop pour quelqu'un d'aussi jeune qu'elle. « Pourtant, ils se le donnent. Et ils en jouissent autant qu'il le faut. Ils pensent que vue que j'ai désobéi, cela a forcément causé la mort de Aileen. Ils s'en fichent de ce que la majorité des gens peuvent penser, puisque eux pensent comme ça. Alors forcément, c'est qu'ils ont le droit. C'est écrit nulle part qu'ils ne devraient pas remettre la faute sur quelqu'un. Alors ils font comme bon leur semble. » Dawn laissa son regard se perdre dans le vide alors qu'elle écoutait les paroles de sa camarade Gryffondor. Elle avait presque envie de la prier de se taire tant le tableau qu'elle lui peignait de sa famille était pénible à entendre. La jeune Blackwood était parfaitement consciente du comportement malsain de ses propres parents. Mais elle trouvait leur mépris, leur froideur et leur ignorance à son égard presque plus aisé à supporter que les agissements des Macmillan. Du moins c'était moins douloureux à concevoir. Mais peut être était-elle trop habituée au dédain et à l'indifférence de sa famille pour s'en émouvoir. Cela faisait partie intégrante de sa vie et même si cela la faisait souffrir au quotidien elle parvenait à passer outre. La carapace qu'elle avait pris soin de se construire ne servait pas seulement à éloigner les autres élèves, elle était là pour la protéger de ses parents. Sans cette distance elle aurait été perdue. Peut être un peu comme Lumen qui paraissait plus sensible qu'elle à ce genre de comportement. Au moins elle semblait plus abordable, plus humaine, contrairement à Dawn qui passait toujours pour la princesse des glaces, celle qui, inaccessible, regardait les autres de haut. Elle poussa un soupir résignée, penser à tout cela ne servait à rien. « J'ai dit qu'ils n'en avaient pas le droit, pas qu'ils le respectaient. Apparemment ils n'ont pas assez de bon sens pour ça. » Conclu-t-elle en secouant doucement la tête de droite à gauche. Cette société la fatiguait. Ces comportements nocifs, presque empoisonnés que les sorciers adoptaient sans la moindre difficulté la révulsaient au plus haut point. Pourtant, tout comme Lumen, elle devait vivre avec. Elle ne pourrait rien y changer et c'était peut être ça le plus difficile à accepter. Quoi qu'elles fassent elles continueraient d'en souffrir. A cause de leur sang trop pur pour être sain et de leurs noms trop importants pour être oubliés.
Entre les deux sorcières l'ambiance était étrange, il était difficile de croire que quelques minutes auparavant elles avaient été à deux doigts de s'arracher les cheveux et de se lancer des sorts en hurlants des insultes. L'électricité qui avait envahi l'air quelques instants plus tôt s'était dissipée pour laisser place à une atmosphère plus calme et feutrée. Seules dans le hall elles avaient réussies à renverser la tendance de leur rencontre. Mais malgré ça Dawn fut tout de même surprise d'entendre Lumen lui répondre d'une voix si douce et posée, presque résignée. « Bien sûr que si, je peux. » Elle fronça les sourcils, soudainement perdue. « Je pourrais fuir, courir loin et ne plus jamais revenir. » Si Lumen pouvait fuir, si elle pouvait se tenir loin de toute cette douleur alors pourquoi ne le ferait-elle pas? Dawn savait déjà qu'elle n'avait plus assez d'attaches envers sa famille pour rester par amour. Elle était déjà seule et elle souffrait tant qu'un peu de solitude ne lui pèserait pas plus. La verte et argent tourna son regard vers sa camarade, pas sûre de savoir où celle-ci voulait en venir. Elle l'entendit vaguement prononcer quelques paroles mais la Gryffondor parlait trop bas pour qu'elle ne puisse les distinguer. « Je n'y arrive pas. Dès que je me dis que je veux partir définitivement, lorsque je franchis le seuil de la porte, son souvenir me revient comme un boomerang. Ça m’assomme. Et en un temps record toute certitude se dissipe. En vérité, je n'ai pas le courage de fuir vraiment. » Bien sûr, sa sœur jumelle. Elle avait beau être décédée elle ne quitterait jamais les pensées de Lumen. Elle était attachée à elle mais aussi à sa famille. « Je suis paralysée par la peur de la trahir. » Une seconde Dawn ferma les yeux, elle ne pouvait qu'imaginer le calvaire que Lumen vivait au quotidien, tiraillée entre cette envie de fuir pour se protéger et la peur de trahir la mémoire de sa sœur. Elle restait pour ce souvenir mais c'était aussi ce qui la faisait souffrir. Et si elle partait elle se sentirait coupable. Elle était enfermée dans un cercle vicieux particulièrement cruel. « Tu ne l'a trahirais pas. » Lâcha-t-elle sans même sans rendre compte. Les mots avaient franchis la barrière de ses lèvres avant qu'elle n'ait pu réellement y réfléchir. Elle n'avait jamais connu la sœur de Lumen mais ses paroles n'en étaient pas moins sincères. Au fonds d'elle elle sentait que c'était ce que toute sœur digne de ce nom aurait voulu. Il lui semblait que les jumelles Macmillan avaient été très proches alors elle n'aurait pas pu en vouloir à Lumen de fuir le foyer familial, surtout pour son propre bien. Peut être même qu'elle l'y aurait poussé elle même. « Son souvenir n'est pas rattaché à ta maison ou à ta famille. » Continua-t-elle après un peu plus de réflexion. « Enfin, si, en partie. » Elle se reprit, consciente qu'elle était de nouveau un peu maladroite dans ses paroles. Elle fit face à sa camarade, pour qu'elle puisse voir dans ses yeux qu'elle pensait véritablement ce qu'elle disait. « Mais c'est à toi qu'il est véritablement rattaché. Si tu pars tu ne la trahirais pas parce que tu l'emporterais avec toi. » Au fonds la verte et argent ne savait pas si ce qu'elle disait avait véritablement du sens ou si Lumen saurait le saisir tel qu'elle voulait l'expliquer mais elle se sentait obligée d'aller jusqu'au bout de sa pensée. Elle avait du mal à accepter que Lumen se sente à ce point coupable de vouloir se préserver du reste de sa famille. Sa sœur était décédée, c'était absolument tragique, mais ce n'était pas pour autant qu'elle devait se sentir rattachée aux autres Macmillan. Elle devait laisser partir sa sœur, c'était difficile mais c'était pour son bien. « Elle aurait de quoi être fière de toi. Tu es loin d'avoir la vie facile ou cette famille aimante dont on rêve tous. T'es jeune et t'as déjà vécu beaucoup de moments difficiles. Malgré tout tu tiens toujours bon. » Tenta-t-elle d'expliquer. Elle s'arrêta brusquement, prenant conscience qu'elle se laissait emporter et que son avis n'était peut être pas le bienvenue sur un tel sujet. Elles n'avaient pas posés de limites et la princesse des glaces n'avaient pas vraiment envie que la Gryffondor se remette en colère par sa faute. Il y avait déjà assez de peine dans ses prunelles, elle ne voulait pas en rajouter. Elle ne supporterait pas d'en être la cause. L'héritière Blackwood était enfant unique, sa mère n'avait jamais pu avoir un autre descendant après lui avoir donné naissance, et elle aurait tout donné pour avoir un frère ou une sœur. Pour ne plus être seule face à ses parents. Mais ce n'était pas le cas et c'était un vide cruel dans sa vie, quelque chose qu'elle regretterait toujours. C'était pour cette raison qu'elle essayait autant de rapprocher Nika et sa sœur Faye et c'était aussi pour cette raison qu'elle croyait avec ferveur que la jumelle de Lumen serait fière d'elle. « Désolée, je ne voulais pas me permettre de parler en son nom. » Elle fit une petite grimace, craignant d'avoir une nouvelle fois dépassée les bornes avec Lumen. C'était un sujet délicat qu'elles avaient abordé, surtout entre deux presque inconnues. Surtout que la finesse et la subtilité n'étaient pas véritablement les points forts de la Serpentarde. Dawn avait l'impression de marcher sur du verre, elle avait envie d'aider Lumen, de pouvoir la soulager d'un peu de sa douleur, mais elle avait peur de faire de nouveau un faux pas. « Ce que je voulais dire c'est que à ta place beaucoup auraient cessés de lutter. Mais toi t'as beau souffrir tu tiens toujours debout. » Reprit-elle plus calmement. Peu de personne étaient assez fortes pour supporter tant de douleur pendant si longtemps. Dawn elle même ignorait si elle en aurait été capable. Le silence de ses parents était peut être préférable, même si leurs situations ne pouvait pas vraiment être comparées. Chacune avait son fardeau à porter et elle espérait que cette discussion pourrait aider à alléger celui de Lumen. « Tu peux te rabaisser autant que tu veux, moi je trouve ça admirable. » Elle haussa lentement les épaules, soudainement un peu mal à l'aise. Elle lui adressa un petit sourire qu'elle voulait réconfortant. Elles n'étaient que deux inconnues il n'y avait pas si longtemps que cela. Et rien, surtout pas leur altercation dans la grande salle n'avait laissé présager qu'elles en arriveraient là. Dans d'autres circonstances elles ne se seraient certainement jamais approché, encore moins pour discuter de la sorte. Mais partager sa douleur rapprochait apparemment.
(c) sweet.lips
Lumen Macmillan
CŒUR DE LIONNE
+ SORCIER DEPUIS LE : 23/08/2012 + PARCHEMINS : 5770
La demi-heure qui venait de s'écouler était pleine de rebondissement. Jamais Lumen n'avait été aussi changeante en si peu de temps, de la frustration à la rage puis enfin à la tristesse. Tout ses sentiments s'étaient chamboulé en elle, au point qu'elle ne parvenait même plus à crier. Elle parlait si faiblement que Dawn eut surement du mal à l'entendre au moins une ou deux fois. Mais pour le coup, Lumen ne réalisait plus rien, ne se mettait à la place de personne. Elle était concentrée sur sa souffrance. Minutes égoïstes peut être. Dans tous les cas, sa vie ne ressemblait strictement à rien et aujourd'hui Dawn pouvait en témoigner.
Et dans un sens, le fait qu'elle lui ait racontée une bonne partie de son existence faisait de Dawn une de ces personnes peu anodines dans la vie de Lumen. En avouant sa faiblesse principale, Lumen ne se sentit pas vraiment menacée, si bien qu'elle ne réagit même pas à l'idée que Dawn puisse se moquer d'elle. De toute façon, cette conversation ne prenait pas cette tournure là. Et avec l'attitude de la serpentard, Lumen ne voyait pas pourquoi elle changerait du tout au tout. Et même si elle avait du mal à croire en l'humanité, elle sentait qu'elle pouvait lui faire confiance. Toutefois la surprise l'envahit quand sa camarade reprit la parole, la contredisant avec force. Elle en sursauta même pour vous dire à quel point cet encouragement se faisait soudain et surtout si inattendu. Elle avait déjà lu et entendu de tels propos. Elle saurait dire sans trop de mal que Alisson pensait très exactement la même chose. Et pourtant, bizarrement, ces quelques mots sortis de la bouche de la princesse des glaces avaient un impact certain dans son fort intérieur. Cela la confronta dans un sens à cette peur qui la détruisait à petit feu si bien que cela la forçait à rester dans cette maison de fou, cette famille qui la faisait souffrir. Toutefois, Lumen ignorait en quoi elle ne trahirait pas sa sœur. Après tout, c'était auprès de ses parents que se trouvait la dépouille enterrée de sa sœur et non là où elle irait. Elle ne pourrait plus aller la voir, ses parents l'en empêcheraient. Même si Aileen resterait pour toujours dans son coeur, elle ne pouvait s'empêcher de se demander ce qu'elle ferait sans plus jamais voir la maison, la plage, le jardin , les lieux dans lesquels Aileen avait ri et vécu. Mais Dawn ne semblait décidément pas de cet avis. Elle ne critiquait pas la façon de voir les choses de Lumen. Non, elle exposait son jugement tout à fait louable. Car finalement, il fallait pas mal de force de caractère et de courage pour dire ce qu'on pensait à une personne qui avait crié plus tôt, jusqu'à l'insulter sans scrupules. Et Lumen le regrettait quelque peu à présent. Mais est-ce qu'elle aurait pu remarqué que Dawn pouvait être tout aussi humaine et sensible qu'un autre ? Elle en doutait fortement.
Lumen l'écouta alors sans rien dire, sans bouger, laissant chacune de ses tentatives de s'expliquer s’imprégnaient en elle. Son cerveau avait un peu de mal à digérer toutes ces informations, car il restait bloqué sur l'avis tranché de Lumen. Il faisait un blocage sur "Aileen, il ne faut pas la trahir" et jusqu'à maintenant, jamais la gryffondor n'avait cherché à songer autrement. Elle fronça les sourcils quand Dawn évoqua le fait qu'elle emporterait le souvenir de Aileen avec elle. Ca elle le savait, bien sûr, qu'elle le savait. Mais dans la balance du pour ou du contre, ceci n'avait jamais pesé suffisamment. « Ce n'est pas faux. » Dit-elle alors pensive, coupant pour la première fois le discours de la quatrième année qui exprimait son opinion sans trop demander à son interlocutrice si c'était déplacé ou non. Aux yeux de Lumen, c'était seulement étonnant. Mais elle avait l'impression de se prendre une baffe le matin au réveil, qu'on la sortait d'un déni le plus total. Car dans le fond, elle en avait particulièrement besoin. Et maintenant, tout semblait plus clair. Tout s’emboîtait si logiquement que Lumen s'en voulut d'avoir attendu huit années pour comprendre quelque chose de si simple, que même un enfant de cinq ans aurait saisi sans le moindre soucis. Même Dawn qui n'avait jamais vraiment parlé à Aileen paraissait persuadée de la véracité de ses propos. Mais de nouvelles affirmations de Dawn la força à s'immobiliser. Son regard ne disait plus que "hein ?" . Alors là, elle était paumée. On venait de la perdre une bonne fois pour toute. Elle ne comprenait plus rien. Et le peu de discernement qui lui restait l'obligea à se concentrer sur le fait que Aileen serait fière d'elle. C'était une hypothèse certes. Mais c'était la première fois qu'on le lui disait. Ses parents lui rabâchaient sans cesse qu'elle ne méritait pas le cœur qui battait dans sa poitrine. Alors forcément une ébauche de sourire se forma sur son visage. Et enfin elle se permit à penser que c'était le cas, que dans le fond, sa jumelle aurait été fière, que cela ne pouvait pas en être autrement. Cela était tellement ironique tout de même. Il fallait qu'une personne, une totale inconnue au final, lui dise cette possibilité pour qu'elle s'autorise à un peu de repos. Pendant quelques secondes, elle cessa de culpabiliser. Pendant un instant, elle eut l'impression d'être une personne presque normale, avec ses douleurs, mais supportables tout de même. Pendant un court moment, elle crut faire partie de ce monde. Mais le silence qui suivit fut lui aussi une claque immense. Car elle revint amèrement à la réalité. Elle ouvrit la bouche pour dire quoique ce soit, mais rien ne vint. Elle resta muette, réduite au silence. Ce qui ne lui arrivait pour ainsi dire presque jamais.
L'excuse de Dawn la fit sourire. Elle faisait preuve d'une grande sensibilité que Lumen n'aurait jamais pu prévoir. Elle se doutait bien qu'elle dissimulait son véritable caractère derrière ce masque d'indifférence et de méfiance, mais pas à ce point. Pourtant, elle se montrait aussi maladroite. Mais Lumen comprenait où elle voulait en venir, enfin plus ou moins. Car pour le moment son discours était quelque peu dénué de sens, un discours nouveau, auquel elle n'était pas vraiment habituée. Alors forcément, elle avait un peu de mal à suivre et bloquait un peu sur certains détails sans importances. Elle n'avait pas voulu parler en son nom ? La seule chose qu'elle parvint à faire... Hausser les épaules tellement elle était déconnectée de la réalité. Pour elle les deux éléments étaient tellement éloignés l'un de l'autre dans sa tête qu'elle ne se rendait pas spécialement compte de ce que faisait Dawn en essayant de penser comme Aileen. La suite était pourtant tout aussi saugrenue aux yeux de Lumen. Ça sonnait faux et vrai à la fois. Ses lèvres formèrent un sourire ironique quand Dawn dit le mot final : admirable. Oh bah tiens ça. On ne l'utilisait jamais pour la décrire. Il s'agissait d'un mot donc la gryffondor usait avec parcimonie et il ne faisait aucun doute que c'était aussi le cas de la serpentard. Et là, Lumen se sentit quelque peu mal à l'aise. Si elle n'avait pas besoin qu'on la prenne en pitié, elle n'avait pas envie non plus qu'on la complimente. D'habitude autant de mots positifs, c'était pour Aileen, que ce soit de ses parents, de son frère ou de tous les autres. Et même Lumen décrivait sa sœur avec une telle admiration dans la voix que parfois certains se demandaient si la petite brune ne faisait pas preuve trop de zèle pour vanter la douceur, la bonté d'âme et l'humour de la défunte Aileen Macmillan. Peut être que Lumen ne se souvenait que des trucs positifs et pas du revers de la médaille. Peut être qu'à la mort de celle-ci et les conséquences qui s'ensuivirent que les souvenirs malheureux, de douleur et de tristesse d'Aileen s'étaient estompé. Lumen n'y songeait jamais. Peut être que dans le fond, elle mettait sa jumelle sur un piédestal. Elle ne savait plus vraiment. Mais elle préférait se rappeler d'elle ainsi, comme une fille forte et courageuse, une fille qu'on avait envie d'avoir parmi ses proches car parfaite à tout point de vue.
« Merci. » Articula t-elle en tournant légèrement la tête vers sa nouvelle amie (enfin du moins si on pouvait les qualifier d'amies, Lumen l'ignorait encore). Dans tous les cas, voir que Dawn l'avait supporté durant toute cette demi-heure mouvementée avait fait qu'elle était remontée en flèche dans son estime. Lumen respectait les gens malgré son peu de confiance en l'humanité. Mais finalement, Dawn prouvait bel et bien le diction qui disait "les apparences sont trompeuses". Quelque peu perdu et noyée dans cette flopée d'information, Lumen ne trouvait rien d'autre que la remercier purement et simplement. Mais bizarrement, Lumen n'avait plus envie de se morfondre sur son sort. Pas aujourd'hui, et surement pas demain. Alors, elle se redressa, le dos bien droit et plus aussi tordu. Après une réflexion intense, dans le brouillard le plus total, elle trouvait enfin la force de recouvrer un peu de vigueur et d'enthousiasme. Après tout, elle avait bien besoin maintenant. Elle avait été d'une tristesse telle que sourire un peu, vraiment, ne pouvait que lui faire du bien. Au moins, une fois dans la journée, elle chassait ces idées sombres de son esprit. « A Poudlard, il y a plein de rumeurs qui disent que tu es frigide et inhumaine. » Elle haussa les épaules comme si elle disait une chose banale. Ça pouvait faire mal, surtout que c'était tellement soudain. Voilà, pourquoi elle reprit aussitôt, préférant ne pas lui laisser le temps de réagir.« Et je peux dire sans me tromper que tu n'es rien de tout ça. Tu cache bien ton jeu, mais dans le fond, ça peut être une bonne chose. » Elle n'avait pas envie de se prendre une remarque désagréable alors qu'elle venait de lui confier une bonne partie. Elle marqua alors une pause, ignorant si finalement ça avait vraiment un sens. Mais Lumen avait envie de lui dire elle-aussi quelque chose de sympathique, quelque chose qui faisait du bien au moral, quelque chose qui n'était pas pénible à entendre comme toutes les nouvelles qu'elle avait bien pu lui dire jusque là. « Alors sincèrement, merci de m'avoir montré que je ne vis pas dans une société totalement pervertie. Et à mon humble avis, tu es surement la plus équilibrée des sang purs que je ne connaisse. Je dirais même que tu vaux mille fois mieux qu'eux. » Car, Lumen se doutait depuis longtemps que Dawn n'était pas seulement une petite peste, bien plus que ça, sans ne percevoir la réalité, sans essayer de chercher réellement. Elle avait même vu que Dawn ne faisait que se défendre et n'emmerdait pas son monde. « Et pour ce qui est de Aileen, je dois te dire que c'est la première fois que j'entends quelqu'un qui semble se rapprocher le plus d'un discours qu'elle aurait elle-même tenu. » Toutefois, cette fois-ci, elle ne put s'empêcher de réprimander une certaine tristesse à cette idée. Si elle avait été dans un état de léthargie précédemment, elle montrait enfin un peu de vie en songeant à ce que Aileen aurait pu dire. Et étrangement, elle était parvenue à dire son prénom sans tabou. Elle regarda le mur qui lui faisait face, se posant mille et une questions même si tout semblait un peu plus clair. Elle se disait que Dawn affirmait tout cela, peut être était-ce vrai.« Hum... qu'est-ce qu'on fait maintenant ? » Sa question pouvait paraître inutile, voire même idiote. Mais Lumen était surement aussi perdue que Dawn. Les deux se demandaient surement si elles ne se trouvaient pas en plein rêve. Car finalement, cette semblait quelque peu irréaliste. Aucune des deux n'aurait pu douter un seul instant de cette conséquence là. Lumen s'était surprise elle-même de la façon dont elle avait eu de lui parler, de se confier à elle sans une seule seconde penser aux conséquences. Leur altercation dans la grande salle paraissait bien loin à présent.
BY .TITANIUMWAY
Dawn R. Blackwood
LA PRINCESSE DES GLACES
+ SORCIER DEPUIS LE : 18/08/2012 + PARCHEMINS : 6731 + LOCALISATION : Poudlard, la tanière des verts ou le terrain de quidditch
Le choixpeau magique n'avait pas hésité une seule seconde avant de répartir Dawn chez les Serpentards. Et pour cause, l'héritière des Blackwood n'avait pas le caractère assez doux pour trouver sa place dans une des trois autres maisons du château. Malgré ce masque qu'elle s'était créé, cette armure dont elle ne se débarrassait que peu elle était bien consciente qu'elle méritait sa place chez les serpents. Et ça ne la dérangeait pas le moins du monde. Dawn était imprévisible, impulsive, prête à se battre à mains nues pour faire taire les provocations. Elle n'était pas une gentille petite sorcière comme il en existait des centaines dans le château, et elle en était assez fière. Elle se moquait bien des autres, peu étaient ceux qui trouvaient grâce à ses yeux. Elle n'était pas sociable et encore moins adorable, elle était froide, distante et méprisante. Elle s'appliquait à repousser les autres à coup d'arrogance et de mensonges bien ficelés. Pourtant ce n'avait pas été le cas face à Lumen, alors que la situation avait été sur le point de basculer, Dawn avait abandonnée sa façade de glace pour se laisser toucher par le regard douloureux de la jeune Gryffondor. Il était très rare que la Serpentarde se laisse atteindre de la sorte par les sentiments des autres, qu'elle accepte cette forme de partage qui la mettait habituellement mal à l'aise, mais les échanges qu'elle avait avec la lionne lui paraissaient si naturel qu'elle en avait presque le tournis. Elle pouvait sentir que ce qu'il se passait était aussi étrange pour Lumen que pour elle, surement n'avait-elle pas l'habitude de partager ses émotions et son histoire de la sorte. Mais elle sentait que tout ce qu'elles se disaient était sincère, elles avaient dépassé le stade des faux-semblants depuis longtemps pour s'accorder une confiance encore un peu vacillante mais bien réelle. « Ce n'est pas faux. » Dawn releva le regard vers sa camarade, un peu surprise de l'entendre acquiescer aussi facilement. Après leur empoignade précédente elle avait craint d'avoir une nouvelle fois franchi les limites en tentant de parler au nom de sa sœur décédée. Elle avait eu peur de la blesser encore. Bien que maladroite et hésitante Dawn était parfaitement sincère envers Lumen, elle avait toujours eu du mal à gérer ses sentiments et encore plus à les traduire en paroles mais elle sentait que c'était important pour la Gryffondor. Alors elle faisait de son mieux. Mais quelque chose avait changé chez la Gryffondor, son visage s'était adoucie peu à peu, un sourire était même venu flotter discrètement sur ses lèvres alors que son regard s'était illuminé lentement. « Merci. » En silence Dawn lui rendit son sourire, touchée par la reconnaissance qu'elle pouvait maintenant lire dans les prunelles de la jeune femme. Elle n'était pas habituer à voir ce genre de sentiment dans les regards de ceux qu'elle côtoyait et elle devait bien s'avouer que ça lui faisait chaud au cœur.
« A Poudlard, il y a plein de rumeurs qui disent que tu es frigide et inhumaine. » Surprise par ces paroles, Dawn se figea, les sourcils haussés en signe d'incompréhension. Elle se doutait que le but de Lumen n'était pas de l'insulter, le ton de sa voix et son attitude détachée pouvaient le prouver. Mais ces paroles faisaient quand même mal à entendre. C'était l'image que donnait l'héritière des Blackwood, elle en était consciente, elle l'avait créée elle même, mais ça ne l'empêchait pas d'en souffrir. Surtout quand on lui présentait les choses aussi crument. « Merci, je fais de mon mieux. » Lacha-t-elle presque aussitôt avec un sourire ironique pour tenter de cacher son trouble. Toutefois, ses paroles en disait long sur sa manière de penser. Elle savait qu'il ne servait plus à grand chose de tenter de conserver son masque de froideur et de mépris face à Lumen, ses réactions lui avaient permis de voir au travers et elle se fichait bien de savoir que la Gryffondor avait su percer ses défenses. Mais elle s'appliquait tout de même à tenter de lui montrer que rien de tout ça ne la touchait. Mais elle n'eut pas besoin de faire semblant bien longtemps, Lumen repris rapidement la parole, certainement bien consciente de l'effet que ses paroles pouvaient avoir. « Et je peux dire sans me tromper que tu n'es rien de tout ça. Tu cache bien ton jeu, mais dans le fond, ça peut être une bonne chose. » Les doutes et la tension s'évanouirent alors que Lumen reprenait son explication. Un petit sourire aux lèvres la Serpentarde lui lança un regard reconnaissant. « Alors sincèrement, merci de m'avoir montré que je ne vis pas dans une société totalement pervertie. Et à mon humble avis, tu es surement la plus équilibrée des sang purs que je ne connaisse. Je dirais même que tu vaux mille fois mieux qu'eux. » Dawn ouvrit la bouche avant de la refermer lentement, sans avoir prononcé un seul mot. Elle ne savait pas trop comment réagir aux paroles de la jeune femme, c'était la première fois que quelqu'un qu'elle ne connaissait encore que peux lui parlait de la sorte. Et ça la touchait vraiment. Lumen était une des rares à avoir su voir clair dans son jeu et surtout à avoir su le comprendre et l'accepter. Elle n'était pas ainsi par plaisir, mais par nécessité. Les faibles ne survivaient pas et Dawn avait un instinct de survie particulièrement développé. Elle cligna des yeux pour reprendre pied avec la réalité. « Tu es bien la première qui me dit ça. » Son ton était à la fois rieur et sérieux. Ca lui faisait un bien fou d'entendre ces paroles mais elle ne savait pas vraiment quelle était la marche à suivre. Elle était tellement habituée au mépris des autres élèves que ce moment de bonté la désarçonnait. « Merci. » Fini-t-elle par souffler à mi-voix. L'atmosphère avait de nouveau changé entre elles. Ce n'était plus de la colère, ni de la tristesse, c'était un étrange mélange de nostalgie et de reconnaissance. Le silence qui s'installa entre elle ne dura pas bien longtemps. « Et pour ce qui est de Aileen, je dois te dire que c'est la première fois que j'entends quelqu'un qui semble se rapprocher le plus d'un discours qu'elle aurait elle-même tenu. » Pendant de longues seconde la princesse des glaces ne dit rien, elle sentait que ce n'était pas le moment. Elle s'étaient comprises et c'était là l'essentiel. C'était la première fois que Lumen prononçait le prénom de sa sœur, mais alors qu'elle le faisait elle semblait plus apaisée, comme libérée d'un poids et Dawn se réjouissait de voir qu'elle avait pu avoir un impact positif sur la Gryffondor. Au moins toute cette histoire n'aurait pas été vaine. Ce ne fut qu'après un long instant qu'elle repris la parole. « Finalement on a bien fait de pas se jeter l'une sur l'autre. » Un petit rire accompagna ses paroles, elle qui était habituée à son impulsivité naturelle était pour une fois bien contente d'y avoir cédé et d'avoir poussé Lumen à lui parler. D'autant plus qu'elle avait été surprise devant le caractère de feu et la combativité de la lionne et qu'elle n'aurait su deviner à l'avance quel aurait été le résultat d'une bagarre entre elles. Au final, elles avaient appris à se connaitre et c'était surement là la meilleure chose qu'elles pouvaient faire. Au lieu de gagner une ennemie elle avait gagné une alliée et c'était bien mieux ainsi.
« Hum... qu'est-ce qu'on fait maintenant ? » Dawn la fixa un instant sans réagir. Elle n'avait pas réfléchit quelques minutes plus tôt en lui proposant de décharger toute sa colère sur elle tout comme elle n'avait pas réfléchit à ce qui allait se passer par la suite. Et apparemment la rouge et or n'y avait pas songé non plus. Avec une moue Dawn haussa les épaules. « On retourne manger? Cette petite rencontre nous a un peu détourné du repas. » Proposa-t-elle, comme si elles n'avaient pas failli se battre quelques minutes plus tôt et que leur relation allait de soit. « Mais pas dans la grande salle, tout le monde doit s'attendre à ce qu'on se soit arraché mutuellement les cheveux. Autant les laisser mijoter un peu et se demander ce qu'il a pu se passer. » Elle ne doutait pas une seconde que tous ceux qui avaient assistés à leur altercation étaient maintenant bien impatient de savoir comment les choses avaient tournées entre elles. Elle était même surprise que personne ne soit venu les interrompre ou les espionner. Mais c'était bien mieux ainsi, leur conversation ne les regardaient pas. Dawn éprouvait un malin plaisir à savoir qu'ils faisaient tous les efforts du monde pour essayer de deviner ce qu'il avait pu se passer dans le hall entre la lionne et la vipère et qu'ils seraient toujours loin de la vérité. Elle avait toujours trouvé que la curiosité était un vilain défaut, mais quand elle la touchait personnellement ça avait tendance à l'horripiler. « On file aux cuisines ? » Fini-t-elle par lui proposer le plus naturellement du monde. Un léger sourire flottant sur ses lèvres. Toute tension était définitivement retombée entre elles et Dawn se surprenait à penser que cette étrange situation qu'elles venaient de partager pouvait les avoir rapprochées plus qu'elle ne le pensait. Sans attendre elle se leva et se tourna vers sa camarade, qu'elle pouvait surement maintenant désigner comme une amie, pour lui tendre la main.
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Mer 10 Sep - 21:06
Dawn & Lumen