Leslie frissonnait. Pré au Lard était balayé par une vague de froid que la demoiselle ne supportait pas. Elle n'aimait pas non plus la chaleur, cela dit. Leslie était une jeune demoiselle difficile et exigeante qui n'appréciait pas grand chose d'autre que le calme et les livres. Ce n'était pas pour rien si le seul endroit qu'elle aimait réellement, lorsqu'elle était à Poudlard, restait la bibliothèque. Mais lors des dernières vacances de Noël, Emily, sa mère, avait été formelle : Leslie devait sortir d'avantage. Prendre l'air. Voir du monde. Parler. Parler ! La bonne blague. Elle n'avait jamais du aligner plus de quatre ou cinq mots à la suite, alors se mettre à parler … Mais sa maman avait, comme toutes les mamans, toujours raison, n'est ce pas ? Aussi Leslie avait décidé de mettre en place les – bons ? – conseils de sa mère. Elle était un petit peu déboussolée, seule dans le village sorcier. Elle n'y avait été qu'une ou deux fois, toujours en compagnie de sa cousine. Alors forcément …

Forcément, Leslie rasait les murs en tentant de ne pas se faire remarquer. Elle ne savait pas vraiment ou aller. Ou allaient les élèves de Poudlard ? A la confiserie ? Leslie n'aimait pas les bonbons. Aux abords de la cabane hurlante ? Elle avait trop peur d'avoir peur. A la tête de sanglier ? Mais ! Par les chaussettes de Dumbledore, c'était interdit ! Quant à l'établissement de Miss Rosmerta, Leslie n'était pas sure de le trouver très correct. Pourquoi ? La jeune fille n'en avait elle même aucune idée. Et en admettant qu'elle trouverait ses camarades, qu'allait-t-elle bien pouvoir faire ? Les regarder en rasant les murs ? Faire un tarot en langue des signes ? Danser la polka avec eux ? Non, tout cela lui paraissait être une fort mauvaise idée. Elle n'aurait pas du venir. Les autres élèves parlaient trop, et Leslie n'avait jamais été à l'aise avec les gens qui parlaient trop. Sauf sa maman. Et sa cousine. Mais les autres …
C'était comme ce jeune homme sûrement pas très recommandable que Leslie et sa famille avaient rencontrés en France, l'été passé. Un sorcier, anglais, voisin de vacances par surcroît ! Le bougre avait fait exploser un chaudron par inadvertance, ce qui avait valu un soupir désaprobateur de la part de Leslie. Après tout, ce n'était pas si compliqué de ne pas faire exploser son matériel de potion ! Il aurait pu faire un petit effort … Mais c'était sans compter sur François, le père de Leslie, qui avait proposé au voisin et sorcier de venir manger chez eux. « Il faut vraiment fêter ça, un voisin sorcier dans un coin moldu, c'est extraordinaire ! » Bin voyons. Et ce jeune homme de se mettre à parler, parler, encore parler …

Leslie en avait la tête qui tournait rien que d'y repenser.

Toute à ses pensées, Leslie n'avait pas remarqué l'homme qui se tenait quelques mètres plus loin devant elle. Alors, bien sur, la jeune demoiselle toute de bleu vêtue le percuta de plein fouet. ET BAAAAAM !

Le contact, trop soudain, parfaitement inattendu, la terrifia sur le champ. Ni une, ni deux, Leslie se débattit et bien vite, se mit à hurler. Elle voulut repousser son assaillant, s'acharna, hurla de plus belle … jusqu'à plaquer l'homme contre le mur le plus proche – parce qu'un' grande sage à dit un jour qu'il y avait toujours des murs quand on en avait besoin, dans les rp, que c'était pratique – avant d'ouvrir un peu les yeux et de dévisager le mystérieux homme qui l'avait presque torturé. Leslie fronça bien vite les sourcils.

Oups. Le voisin de vacances.

Ah le mercredi. Outre le fait que ce soit le jour de la soupe de pois cassé au Chaudron, c’est avant tout le jour de congé de Nathan. Alors autant dire que pour une demie feignasse comme lui, c’est le plus beau jour de la semaine ! Parce que pour lui, pas de week-end canapé tranquille, non m’sieurs-dames, c’est au charbon comme si c’était un lundi ! Malheur, mais le gallois faisait avec. Il avait pas tellement le choix de toute manière. Malgré le temps maussade (pour pas dire déprimant) au dehors, Nathan ne supportait pas trop d’être enfermé. Mais il n’avait pas envie d’arpenter pour la énième fois le Chemin de Traverse, merci bien. Après avoir passé une bonne heure sur son lit, la tête dans l’oreiller pour décider de l’endroit où il allait traîner ses guêtres, le brun avait finalement opté pour Pré-au-Lard. Par nostalgie probablement, après tout, il en avait de bons souvenirs de moments de beuverie en plein après-midi avec les copains. C’est donc tout guilleret que Nathan avait transplané en début d’après-midi et il se baladait dans le village sorcier, un peu envieux des élèves qui s’y promenaient. Eux, au moins, ils n’avaient pas de problème de thunes ! Juste des petits problèmes d’ado genre « MON DIEU, mais j’ai un spot de ouf sur le front, je ne peux PAS me montrer en public ! ». Il avait déjà flingué la moitié de son salaire chez Derviche et Bang mais il lui fallait ABSOLUMENT cet encrier à réservoir inépuisable, pour écrire pleins de lettres à son petit frère chéri ! Il ne jeta même pas un œil à la vitre de Honeydukes, toutes ces sucreries lui soulevaient le cœur. Une petite pluie fine tombait maintenant sur le village, rendait le temps encore plus froid qu’il n’était déjà. Le gallois grimaça pendant que le vent lui soufflait sur le visage (et même que ça faisait mal au z’noeils) et il grommela dans sa barbe de trois jours que « grmblrg pays de merde où il fait jamais beau ».

Tout en passant devant les Trois Balais, il se dit qu’il serait peut-être opportun d’aller boire un petit verre de Whisky Pur-Feu, histoire de se réchauffer, en tout bien tout honneur. Et puis qui sait, il y avait peut-être des étudiantes de 7ème année à mater, hinhinhin. Que voulez-vous, il ne perd pas le nord ce garçon. Mais au moment où il allait faire demi-tour, il remarqua un phénomène étrange. Une jeune fille avec une épaisse chevelure rousse s’avançait à pas tremblant dans Pré-au-Lard, semblant avoir une affection particulière pour le crépi des murs des maisons alentours. Un peu intrigué, il resta fixement à sa place tout en suivant du regard la jeune fille. Elle avait son bonnet bien enfoncé sur son crâne comme si elle voulait se cacher en dessous. Autant mettre une cagoule dans ce cas-là o/ Elle continuait d’avancer vers la gallois, sans se rendre compte qu’elle était en train de lui foncer dessus. Bon, elle allait bien relever la tête à un moment et s’apercevoir qu’il était là, planté comme un piquet en pleine rue ! Oui, et comme Nathan n’est pas un être des plus subtils et intelligents, il ne bougea pas de là où il était. Faut dire, il était complètement abasourdi par le comportement de la rouquine. Elle était autiste ou quoi ?! Ah bah tiens, en y réfléchissant bien, ce n’était pas impossible. Il avait rencontré une fille de ce genre là pendant son séjour en France. Il faisait son savant fou avec son chaudron, avec un ricanement diabolique, lorsqu’il avait tout fait explosé. Bien sûr, il avait rameuté la moitié du quartier. Il avait rapidement rassuré tout le monde « tout va bien, ce n’est rien » (avec un français SUPER approximatif). Il s’avère que la mère de famille de l’appartement d’à côté était une sorcière et il s’est embrigadé dans un diner sans avoir eu le temps de dire « scroutt à pétard ».

Pendant qu’il se remémorait ces instants, la rousse avait continué son petit bonhomme de chemin et lui était rentré dedans de plein fouet. Et elle se mit à hurler et à se débattre. Okaaaaaay, ouate de phoque !!!? Le brun était parfaitement sur le cul de la réaction de la rousse et son cerveau ne parvint pas à lui donner d’ordre concret pour stopper la furie qui était parvenue à lui faire manger le mur de brique derrière lui. Bon, finit les conneries !

- Mais ARRÊTE ! Qu’est-ce que t’as à gueuler comme un VEAU là ?! Ho, calme-toi Wolverine, tu vas finir par m’arracher un œil !

Nathan exagérait à peine, si si, je vous jure ! Finalement, il ne savait pas si c’était parce qu’il avait un peu haussé la voix ou parce qu’elle son accès de folie était passé, mais la rousse s’apaisa et leva finalement les yeux vers lui. Elle n’avait vraiment pas l’air farouche, au premier abord. Mais maintenant, Nathan allait se méfier. Sont toutes cinglées ces filles. Il ouvrir la bouche puis la referma dans une très belle imitation de la carpe lorsqu’un doute submergea son esprit. Ce n’était pas une totale inconnue cette rousse, où est-ce qu’il…

- Aaaah mais c’est euuh c’est toi euuuh Kelly c’est ça ? Hé merde, pourquoi c’est toujours pour moi les cas sociaux…

Oups, il avait dit ça à voix haute ? Pas grave, elle n’avait surement rien entendu. La pauvre enfant, ce n’était pas de sa faute ! Après tout, ce serait peut-être pas plus mal si lui aussi il la bouclait de temps à autre, ça lui éviterait pas mal d’ennuis. Avec toute la délicatesse dont il savait faire preuve (c’est-à-dire, AUCUNE)(oui j’aime beaucoup mettre des mots en majuscule)(et les parenthèses aussi, j’aime bien), il prit la rousse par les poignets, en espérant qu’elle n’allait pas se débattre une fois de plus et lui mettre un gnon. La faisant reculer de quelques pas, il s’essaya à un petit sourire tandis qu’il mettait un espace vital suffisamment raisonnable entre eux. Et comme le gallois n’aimait pas, mais alors vraiment pas les silences gênants, il décida d’engager la conversation avec un sujet, il faut bien le dire, de merde.

- Aloooors euh… comment tu vas ? Les cours et euh tout ça ? Hm, t’as… t’as l’air en forme hein héhé et euh, oui.

Oui voilà, tais-toi Nathan.

Leslie se sentait soudainement bien idiote. Pourtant, il n'y avait pas de quoi – facile de s'en rendre compte. La demoiselle n'était pas exactement maîtresse de ses actes et le jeune homme semblait bien … avoir un grain. Wolverine ? Lui arracher un œil ? Nathan – elle se souvenait de son prénom, elle – parlait un dialecte bien étrange que la Serdaigle ne comprenait pas. Et pourquoi la dévisageait-on, un petit peu plus loin dans la rue ? Hein ?! Leslie haussa les épaules, se contentant de planter son regard dans celui de Nathan, rougissante au plus haut point. Elle s'était calmée, était-il content ?

Apparemment non. A présent, Nathan avait l'air d'être aussi, sinon plus, embarrassé que Leslie. Il imitait parfaitement bien la carpe et Leslie eu bien vite la sensation que la conversation était plutôt mal engagée. La demoiselle était capable de prendre des initiatives – ne venait-elle pas de plaquer un mec plus âgé qu'elle contre le mur ? – mais pour ce qui était de parler, il ne fallait pas compter sur elle.
Et puis le craquage commença.

Leslie secoua la tête dès qu'il prononça un prénom. Kelly ? C'était quoi, ça ? Un prénom de fille facile, au moins. Milles excuses à toutes les Kelly du coin. Avait-elle réellement une tête à porter ce prénom ? Leslie soupira. Elle articula son prénom sans parler, ouvrant grand la bouche pour lui donner une idée mais déjà, Nathan était parti dans son délire. Cas sociaux ? Elle inclina la tête. Ces quelques mots ne lui semblaient pas être de très bons augures. La Serdaigle se promit de vérifier ce que cela voulait dire. Cas sociaux … Elle fronça néanmoins les sourcils, histoire de lui montrer qu'elle était peut être un petit peu fragile (c'est le moins que l'on puisse dire …) mais pas complètement stupide pour autant et qu'il n'était pas vraiment nécessaire de la prendre pour une cruche. Namého.

Et puis le jeune homme l'attrapa par les poignets et ce fut – presque – le drame. Leslie sursauta, se débattit un instant. De quel droit ?! De quel droit faisait-il … Minute, minute. C'était simplement pour l'éloigner du mur ? Il aurait pu la pousser délicatement, tout de même … Elle lui lança un énième regard neutre avant de dégager son poignet rapidement. Répondit à sa question par un hochement de tête. Elle allait bien, même si Leslie doutait d'avoir véritablement l'air en forme. La demoiselle avait simplement envie de fuir mais l'espace d'un bref instant, le visage souriant de sa mère s'imposa à son visage. Emily serait fière et rassurée de savoir que sa fille voyait du monde – même si c'était très rare et totalement hasardeux. Leslie soupira discrètement et se força donc à sourire.

Oui, elle allait bien, donc. Un nouveau hochement de tête devait en convaincre le jeune homme – pas sur néanmoins qu'il comprenne ce qu'elle voulait dire. Comme à son habitude, Leslie le pointa du doigt pour lui renvoyer la question. Et toi ? Tu vas bien ? Encore une fois, Nathan le prendrai comme il voulait. Par contre …

Par contre, elle allait devoir lui apprendre qu'elle ne s'appelait pas Kelly. Sans trop savoir ce qu'elle allait faire, Leslie s'empara de sa baguette magique, la pointa dans le vide, devant elle. Humm … Peut être qu'elle pourrait trouver un sortilège pour faire apparaître des lettres lumineuses dans les airs ? L'idée, bien que pas mauvaise, lui semblait complexe. Dans l'immédiat, elle n'avait aucun sortilège en tête qui permettrait de faire cela.

Alors Leslie dessina tout bêtement un L dans le vide avec la pointe de sa baguette.

Toute cette affaire semblait être bien engagée, ma foi. Ahah mais non GROSSE BLAGUE, Nathan avait juste envie de faire demi-tour et d’aller se boire un bon godet. Mais bon, il ne pouvait tout de même pas abandonner cette pauvre enfant en pleine rue sans passer pour le dernier des malotrus. Mais après tout, peut-être que la Serdaigle n’en serait pas vexée, vu sa tendance à la solitude. Le gallois n’était pas sûr de l’avoir appelé par le bon prénom, impression qui se confirma lorsque la rouquine secoua la tête. Le rouge aux joues, elle le regardait en articulant quelque chose que le brun ne parvint pas à deviner. Par Merlin, comment pouvait-on être aussi expressive qu’une bouteille de Badoit ? Faisant preuve d’une concentration toute relative, Nathan plissa les yeux pour essayer de mieux discerner les syllabes articulées par la jeune fille, mais non rien à faire. Tant pis, ça lui reviendrait sûrement plus tard. La petite pluie qui tombait depuis maintenant quelques minutes se transforma en neige, rendant le temps plus maussade encore. Les quelques personnes présentes dans la rue marchaient d’un pas vif pour rentrer se réchauffer dans les magasins. Nathan frissonna, se disant qu’il ne serait pas contre faire de même. En tout cas, la rousse en face de lui semblait calme, bien qu’elle ne paraissait pas très à l’aise. Bon, au moins il était deux.

D’un hochement de tête, la Serdaigle répondit muettement à sa question. Oui elle allait bien, mais évidemment, il n’aurait pas plus de détails. Ce n’était peut-être pas plus mal, la pauvre enfant ne devait pas avoir une vie des plus trépidantes. Nathan se sentait désolé pour elle, mais elle ne semblait pas malheureuse. Il fronça les sourcils lorsque la Serdaigle pointa son doigt sur lui. Oui toutafé. Il n’avait pas pris option autiste à l’école, comment pouvait-il comprendre ce que la jeune fille voulait lui signifier. Peut-être était-ce sa façon de lui retourner la question. Et si ce n’était pas ça, il passerait pour un con, pour ce que ça changerait.

- Oui, je vais bien, dit-il avec un sourire rassurant. La routine.

Il eut un mal fou à ne pas commencer à papoter dans le vide, histoire de combler le silence. C’était bien là un de ses défauts majeurs, raconter tout et n’importe quoi, à presque n’importe qui. Ses amis faisaient semblant de s’intéresser dans la plupart des cas, mais avec des gens moins proches de lui, il devait être catalogué comme un chiantus maximus. Nathan eut un coup de stress lorsque la rousse sortit sa baguette magique et il la regarda d’un air surpris. Allait-elle lui casser la gueule @_@ ? Elle se mit simplement à dessiner un signe dans les airs. Un L ? Pourquoi un L ? Cette fille était véritablement un extraterrestre. Allons Nathan, réfléchis, à quoi peut-elle faire allusion ? Le gallois se passa une main dans les cheveux, faisant chauffer ses neurones. Essayait-elle de le guider pour retrouver son prénom dans les tréfonds de sa mémoire ? Lou ? Lila ? Non, ça finissait en « i » il en était sûr. Lucie ? Et puis soudain, ce fut l’illumination.

- Ah ! Leslie ! Putain, c’est ça ton prénom, je m’étais trompé, pardon, j’suis désolé. Tu sais, moi et les prénoms héhé, en plus j’ai vraiment une mémoire de… de euh, bah de merde.

Nathan émit un petit rire de soulagement et adressa un clin d’œil à Leslie. Bon, elle devait sans doute penser qu’il n’était qu’un mufle sans cervelle et qui disait un peu trop de jurons. C’était un autre de ses nombreux problèmes. Il croisait souvent des mères outrées, protégeant les chastes oreilles de leurs bambins lorsque le gallois passait dans le coin et qu’il venait de se cogner le tibia dans un meuble par exemple. Pendant que Nathan et Leslie se regardaient en chien de faïence, le brun distingua les reliefs d’un livre sous le manteau de la Serdaigle. S’il s’en souvenait bien, la jeune fille était en 5ème année et devait donc préparer les examens. Pour sa part, il était bien content que tout ça soit derrière lui !

- Tu passes les BUSEs cette année c’est ça ? Si tu as des soucis en potions, je pourrais t’aider, c’est la seule matière qui m’intéressait vraiment. Enfin, c’est surtout la seule où j’avais de bonnes notes, lança-t-il mi-amusé mi-pensif, en espérant détendre l’atmosphère.

Leslie ne pouvait s'empêcher de trouver la situation amusante. Elle, presque muette. Lui, parlant encore et toujours. Nathan faisait attention à ne pas trop en dire, la Serdaigle le voyait bien. Elle avait apprit à reconnaître ces signes, avec le temps. A identifier les petites manies, les petits gestes, les petits riens que mettaient en place les gens, lorsqu'ils tentaient de communiquer avec elle. Surtout les bavards, en vérité. Ils étaient vite mal à l'aise. Ils souriaient pour se donner une contenance, faisaient parfois les réponses à leurs propres questions, comme si Leslie ne pouvait pas avoir d'idée sur le sujet. Elle n'échangeait pas avec les gens de la même manière, c'était tout – tout, rien et énorme à la fois.

Toujours était-il que Nathan essayait de faire attention et que c'était touchant. Leslie lui sourit timidement, tapota doucement son bras. La routine ? Il allait bien ? C'était sa façon à elle de lui dire qu'elle était heureuse de l'apprendre. Lorsqu'on ne parle pas, on développe d'autres façons pour faire comprendre aux gens ce que l'on ressent, ce que l'on pense. On devient vite plus tactile, et Leslie n'avait pas échappé à cette règle. Timide, oui. Silencieuse et bien souvent effacée, mais tactile tout de même. Elle ne pouvait pas se contenter d'être là et de se faire oublier, de ne pas penser, de ne pas faire comprendre !

Et puis Nathan finit par retrouver son prénom et elle eu un nouveau sourire, accompagné d'un léger hochement de tête. Elle rit silencieusement lorsque le jeune homme lui avoua avoir une mémoire de merde avant de tapoter son bras du bout de sa baguette magique. Doucement, elle dessina un N dans les airs, bien vite suivit d'un A. Rapidement, Leslie écrivit Nathan dans les airs.

Un courant d'air la fit s'enrouler un petit peu plus dans sa cape, dévoilant au passage le livre de potion qu'elle avait apporté avec elle. Leslie avait eu la vague idée que peut être, changer d'air pourrait l'aider à se concentrer sur cette fichue potion avec la quelle elle ne parvenait à rien. Nathan aperçu l'ouvrage et bien vite, repris la parole. C'était étrange, mais Leslie se surprit bien vite à s'habituer à cette situation qui l'aurait terrifié quelques années plus tôt.

Si elle passait es buses ? La Serdaigle hocha bien vite la tête, laissant ses cheveux roux danser autour de son visage. Oh que oui, elle passait ses examens à la fin du mois de juin ! Cette perspective l'effrayait un petit peu, bien qu'elle n'avait jamais douté de ses capacités. Mais Nathan avait une nouvelle surprenante à lui apprendre …
L'aider en potions ? Les yeux de Leslie se mirent à scintiller. C'était peut être exactement ce dont elle avait besoin. La Serdaigle était une très bonne élève, mais les potions n'étaient pas son fort. Elle appréciait la matière sans toutefois y exceller, et un petit peu d'aide serait plus que bienvenue. En entendant Nathan lui avouer que c'était là la seule matière qui l'avait vraiment intéressé, elle sursauta presque et ouvrit aussitôt le livre à la page qui l'intéressait. La potion de Régénération sanguine la tracassait depuis quelques jours maintenant, depuis qu'elle avait tenté de travailler dessus à la bibliothèque avec Olivier. Ni Leslie ni le jeune homme ne s'en étaient sortis. Elle montra la page à Nathan …

et resta sans savoir quoi faire. Si elle avait été comme n'importe quel autre élève, Leslie aurait ouvert la bouche pour expliquer à Nathan qu'elle était perdue, qu'elle ne comprenait pas cette potion, qu'elle ne parvenait pas à avoir le bon résultat, à faire les mélanges comme il le fallait.

Mais Leslie n'était pas comme les autres élèves, aussi se contenta-t-elle de hausser les épaules. Elle semblait triste, tout à coup, et une expression penaude s'afficha sur son visage.

Cela faisait déjà quelques minutes que Leslie et Nathan étaient plantés comme des piquets, à bavarder dans le froid. Enfin, bavarder pour le gallois et faire la carpe pour Leslie. Le corps de Nathan s’était peu à peu habitué au froid ambiant et à la neige qui lui tombait de temps à autre sur le visage. Il espérait d’ailleurs qu’un flocon de neige ne lui tomberait pas pile dans l’œil, bonjour l’angoisse. Il ne grelottait plus et se contentait de se dandiner très légèrement d’un pied sur l’autre. Leslie ne prononçait pas un mot, mais le brun commençait à comprendre comment communiquer avec elle (ça fait beaucoup de m) et surtout il apprenait doucement à déchiffrer les réactions de la rousse pour comprendre ce qu’elle avait à dire. Après tout, elle n’était pas une poupée de chiffon et elle pouvait faire passer ses émotions et ses pensées autre que par la parole. C’était juste bizarre mais Nathan faisait des efforts pour que la jeune fille se sente bien. Par contre le jour où elle devra passer un oral ou un entretien, elle serait pas dans la dèche !  

Si le gallois fut surpris lorsque Leslie lui tapota doucement le bras, il n’en montra rien. Elle qui avait piqué une crise lorsqu’elle lui avait foncé dedans et qu’il n’avait rien fait du tout, c’était surprenant. Peut-être y avait-il besoin que ce contact vienne directement d’elle. Il n’empêche que Nathan trouvait cette petite rousse attachante et il espérait ne pas avoir l’air d’un gros blaireau à ses yeux. Le brun jeta un coup d’œil à la couverture du livre que la Serdaigle avait apporté avec elle. Une reliure noire, classique au possible. Il espérait que ce n’était pas des runes, quelle matière horrible ! Nathan n’avait jamais rien compris et le prof avait fini par abandonné tout espoir ; il lui ordonnait même de rester au fond de la classe et de faire du coloriage. Lorsque Nathan avait suggérer de lui filer un coup de main en potions, le visage de Leslie s’était illuminé. Apparemment, il était en passe d’être son sauveur. Et le brun n’était jamais aussi sérieux que lorsqu’il s’agissait de potions. Avec une petite touche de savant fou, aussi. La preuve, il avait arrêté de compter le nombre de chaudron qu’il avait explosé à partir du 30ième. Mais pour sa défense, c’était dû à ses nombreuses expérimentations et mélange de potions et philtres différents. Quand il était question de préparer une potion classique, c’était la perfection.

Alors que la Serdaigle ouvrait son livre à une page spécifique, Nathan pu voir qu’il s’agissait de la potion de Régénération sanguine et il faillit être ému aux larmes (oui, il lui faut pas grand-chose). Ce n’était pas quelque chose de difficile mais il fallait être méticuleux. Sans rien demander, Nathan lui prit délicatement le livre des mains avant de parcourir la page, lisant la liste des ingrédients et les instructions, essayant de deviner là où la jeune fille pouvait bien avoir des difficultés. Ce n’était pas maintenant qu’elle allait lui faire la conversation pour lui dire ce qui n’allait pas avec cette potion. Le gallois fronça les sourcils. C’était bien un livre scolaire, la potion de Régénération sanguine spéciale étudiant, qui était bien moins efficace que la vraie. Nathan n'avait même pas envie de protester sur le nombre insuffisant de graines de Sanguinole. Il avait lui-même tenté de l’améliorer, avec un petit succès. Vocation ratée à Ste Mangouste. Aux ingrédients initiaux, il avait rajouté quelques larmes de phénix, dont les propriétés de guérison n’étaient plus à prouver. Mais c’était quelque chose d’assez rare et surtout, ça coutait la peau du derche ! Une note en bas de la page signalait en gros, rouge et limite clignotant que la potion ne devait surtout pas se mettre à faire de grosses bulles, à cause de la température à laquelle elle était chauffée.

- Tiens, j’ai un conseil pour toi. Il retourna le livre de sorte que Leslie puisse suivre sans avoir à lire à l’envers. C’est marqué qu’il faut seulement tourner la potion toutes les 5 minutes, mais laisse tomber, c’est pourri. Une fois que tu as mis tous les ingrédients, remue doucement sans t’arrêter jusqu’à la bonne texture, c’est comme ça que tu éviteras les bulles. Et de rater ta potion, accessoirement.

Le Jedi qui dispensait son savoir. Obi-Wan Kenobi, sort de ce corps ! Une potion de Régénération sanguine mal faite est moins efficace. Mais quand elle est ratée, elle peut carrément vous faire passer l’arme à gauche ! Il espérait que c’était ce sur quoi la jeune fille butait, sinon il allait passer pour un gland avec son air professoral. Un petit sourire apparut sur ses lèvres et il décida de taquiner la rousse.

- J’espère t’avoir aidé ! Mais si tu as d’autres questions… il faut me le dire, lança-t-il avec un clin d’œil.

D’accord, c’était d’une bassesse affreuse mais peut-être que Leslie accepterait de jouer le jeu. Ou pas.