L’air crisse dans ses cheveux ; c’est grisant. Elle accélère. Sang-de-Bourbe. Quelques insultes encore, des clapets à fermer, toujours. Moa soupire. Ce racisme la fatigue. Il ne l’attriste pas, il ne l’attriste plus. Ses parents sont moldus. Et puis quoi, alors ? Elle aime son père, aimerait aimer sa mère. Et puis elle est fière, Moa. Fière de son père, fière de son frère. Alors pourquoi se chagriner de cette origine qu’elle ne juge pas moins noble qu’une autre. Jamais elle n’a douté de l’amour que son paternel avait pour elle et pour Marcus ; il les aime, c’est évident. Et ça lui suffit. C’est déjà bien plus que tout ce qu’on reçu ces sangs-purs impétueux. Elle a appris le respect, et le sourire. Parce qu’elle sait sourire, Moa, et elle sourit beaucoup. C’est important d’être heureux et le bonheur est volatile. La stabilité ? Elle ne connaît pas. C’est l’ascenseur émotionnel. Ses mains se font plus légères sur le manche de ce balai qu’elle a reçu à Noël par ses amies. Elle en est fière. L’effervescence du parc l’a excitée et elle ressent alors ce foudroyant besoin d’aller se dépenser. Courir en pleines heures libres n’est pas la bonne idée : trop de monde. Alors, elle a pris son balai et s’est envolée. Elle touche les nuages qui, sous le bout de ses doigts, s’évaporent, se métamorphosent. Leur humidité dépose quelques gouttes sur ses ongles pendant qu’elle continue sa course. C’est un entraînement à blanc ; elle n’a pas libéré le vif d’or. Elle vole. Elle vole et c’est tout, poursuit un but qui n’existe pas. La carotte et l’âne. Un peu plus haut, puis, elle redescend. Le soleil brille et ça lui fait du bien après ce froid hiver que de sentir quelques rayons caresser sa peau. Et sur son balai, elle pourrait en oublier le temps, la rotation quotidienne de la Terre, car plus rien n’a d’importance. Un sourire caresse l’embrasure de ses lèvres quand elle aperçoit quelqu’un appuyé contre les gradins du terrain. Entre mille ; elle saurait le reconnaître. A sa posture, peut-être, sa carrure, ses cheveux qui ne semblent jamais vraiment coiffés, son regard bienveillant qui la regarde d’un air protecteur et ses bras généreusement dessinés. Magnus Ljungström. Il est seul ; elle en profite. Elle fuse vite, un peu trop peut-être et ralentit, arrivée à sa hauteur. Agilement, elle se saisit de la cigarette qu’il tient entre son majeur et son index. Sa nuque se plisse un peu pour qu’elle puisse atteindre son oreille et, non sans chuchoter ni crier, elle prononce distinctement : « Viens la chercher, que tu fasses au moins un effort, pour te pourrir la santé. » Elle rigole et s’envole un peu plus haut. D’un certain côté, elle espère qu’il va la suivre, qu’il va tâcher de l’attraper et de récupérer sa cigarette. Les moments qu’elle passe avec le lion sont de ceux qu’elle n’oublie pas, de ceux qui lui font du bien. Et elle apprécie ce manège qui doucement s’est installé entre eux. Elle murmure. « Souris Magnus, souris. » Un ami. Un véritable ami. Une personne peu à peu devenue essentielle pour elle. Chacune de ses attentions envers elle la rassure. Car elle n’est pas sûre, Moa, elle a peur de s’attacher aux gens trop vite, de s’attacher trop fort. Parce que quand elle aime, c’est toujours trop fort ; elle ne sait pas aimer. Elle aime mal et elle s’entaille le cœur sur les rochers de la cupidité. Elle se relève toujours, c’est une battante. Mais Magnus n’est pas les autres. Quelque chose est différent. Il n’est pas facile à cerner, il est imprévisible. Parfois, elle a peur de l’agacer, mais elle continue. Juste parce qu’elle n’aime pas s’avouer vaincue et qu’elle aimerait qu’il sourisse plus souvent. Le vent se lève un peu plus fort, il dicte chaque battement de son myocarde qui s’enflamme par l’adrénaline. Parce que titiller Magnus Ljungström n’est pas sans danger et elle devra voler vite pour lui échapper. Très vite. Mais il ne lui fait pas peur bien que pourtant il soit intimidant. Elle se tourne en sa direction pour tâcher de deviner sa réaction. Elle comprend. Un sourire malicieux déforme son visage taquin. Elle ne l’aura pas volé.
Dernière édition par Moa Keegan le Ven 5 Sep - 7:23, édité 1 fois
Véritable boule de nerfs, il n’y avait guère que l’air pur et l’exercice qui permettait à Magnus de garder son calme à longueur de journée et surtout, s’endormir la nuit car il fallait bien l’avouer, il ne parvenait jamais à trouver le sommeil avant des heures tardives la nuit et c’est bien souvent la tête sur son pupitre qu’il terminait ses nuits, au grand damn de ses professeurs qui finalement, préféraient encore lorsqu’il dormait que ses jours de grande forme où il ne pouvait s’empêcher de chercher les ennuis. Une vraie grande gueule. Mais en cette fin d’après-midi, Magnus se fichait bien de ce qu’ils pouvaient penser et lessivé par tout ces cours qui l’ennuyaient à mourir, il avait attrapé son balai avant de se diriger à grands pas vers le terrain de Quidditch. A vrai dire, il n’était pas encore certain d’avoir envie de voler et l’idée d’aller courir plutôt lui semblait assez séduisante jusqu’à ce qu’il vit le nombre d’élèves dans le parc. Merde ! On ne pouvait pas dire que le suédois se gênait à courir parmi eux mais il n’était pas franchement d’humeur à se mêler aux autres et encore moins alors qu’il digérait encore son échec aux sélections. Poursuiveur les années précédentes, il avait réellement voulu changer pour le rôle de batteur mais il avait été recalé une nouvelle fois. Trop dangereux pour les autres avaient-ils dit. Certes il avait tendance à user de la violence plutôt que des mots mais merde quoi, il était civilisé : il irait quand même pas tuer un adversaire sous les yeux de tous les spectateurs ! Non, s’il devait casser la gueule à quelqu’un, il le ferait au détour d’un couloir ! Autant dire que l’humeur de Magnus n’était pas au plus beau fixe ces derniers jours et c’est d’autant plus assombri qu’il s’approcha du terrain, le balai posé à travers son épaule tandis qu’il s’adossa contre le mur des vestiaires. C’était con mais cet échec ne lui donnait même pas envie de se remettre sur son balai et encore moins voler après un stupide souafle. Poussant un petit soupire, il s’alluma une cigarette préparée plus tôt dans la journée. Alors qu’il savoura la première inspiration, quelqu’un l’en déroba soudainement et avant même qu’il ne comprenne qui avait osé, il reconnu Moa devant lui, à cheval sur son balai et visiblement d’humeur très joueuse. « Moa… » Il savait pourtant que rouspéter ne servirait à rien, lorsque cette dernière avait une idée en tête, il était difficile de lui en faire démordre et Magnus l’avait constaté à ses frais alors qu’elle était entrée dans sa vie quand qu’il ne demande rien à personne et d’une manière où d’une autre, elle s’était décrétée être son amie, sa sauveuse et parfois même, sa bouffonne, toujours prête à tout pour lui arracher un sourire. Il n’avait aucune idée d’où lui venait cet attachement pour lui mais il avait rapidement comprit qu’il ne servait à rien de lutter contre elle, elle était faite du même bois que Vilhelm, ces gens trop souriants et trop joyeux pour ne pas en faire profiter les autres, les infestant de leur bonne humeur. Moa avait pourtant longuement bataillé avant de parvenir à quoique ce soit avec lui mais d’une certaine manière, sa candeur, sa maladresse et sa persévérance avaient eu raison de lui. Que pouvait-il faire contre une pareille tornade si ce n’est y succomber ? Poussant un petit soupire en comprenant qu’il ne lui servait donc rien d’attendre qu’elle redescende d’elle-même, il finit par enfourcher son balai tout en essayant d’effacer les stigmates de sa mauvaise humeur de son visage mais de toute évidence, il n’avait pas franchement réussi quand elle reprit la parole, lui disant de sourire. Prenant son envol, il se laissa quelques instants afin de savourer l’air frais fouettant son visage mais bien vite, il porta son attention à Moa. Okay, au fond il s’en fichait bien de cette clope mais l’enjeu ? Non. Puis peut-être bien que s’amuser un peu le détendrait ? Virant cette fois de sa direction, il se tourna vers Moa qui avait déjà pris de la distance et qui jetait un coup d’œil pour voir où ce qu’il en était. A présent, il s’agissait de se montrer stratégique parce qu’il le savait, Moa était rapide, plus que lui sans aucun doute car bien plus légère là où lui se montrait plus brutal voir agressif. Ce qui était évidemment exclu pour lui. Non, il n’avait pas l’intention de jouer comme à son habitude en revanche, il connaissait le point faible de Moa : son manque d’attention. Un papillon passait devant elle et elle perdait de vue son objectif premier ! Il fallait donc se montrer rusé s’il voulait la rattraper sans la brusquer, sans risquer de la faire tomber…quoique…Dessinant un petit sourire sur son visage, il s’élança cette fois à sa poursuite, non pas pour l’attraper mais juste pour faire monter sa pression. « Tu sais très bien que je vais t’attraper Moa, et tu sais tout aussi bien que tu devras répondre de tes actes jeune fille ! » lui lança-t-il, avec un plan très précis en tête mais pour le moment, il n’était pas encore question de lui dévoiler sa stratégie, et puis si elle se rendait sans se battre, cela ne serait vraiment pas drôle et puis, ce serait mal connaître sa jeune amie.
Quand la fatigue se fait trop lourde, que la lassitude l’emporte sur les fracas de son émerveillement, Moa n’a d’autre choix que de bouger. Bouger à s’en exploser les artères par le sang propulsé en masse grâce à un myocarde qui bat trop fort, qui bat trop vide. C’est ce qu’elle fait quand elle vient ici et que, pendant des heures, elle vole sans véritable but, plus par habitude que par un besoin rationnel de s’entrainer pour la prochaine rencontre de Quidditch. Pourtant, ça ne lui ferait très certainement pas de mal de s’entraîner à se focaliser car, pour elle, tout vacille une fois que son attention est perdue : une aubaine pour ses adversaires qui tâchent souvent d’en profiter. Elle y travaille, quand elle y pense, mais elle n’y pense pas beaucoup, Moa. Trop d’événements marquent sa mémoire, accaparent son subconscient pour qu’elle n’ait le temps, ni l’envie, de penser à quoi que ce soit d’autre. Le pire dans l’histoire, c’est que même si elle le veut profondément, elle a beaucoup de peine à s’y mettre, et ce, même à l’entrainement. Après tout, comment pourrait-elle seulement se focaliser sur un point précis, un unique point, aussi minuscule soit-il, alors que sa complicité avec Vilhelm la pousse, la plupart du temps, à tenter toutes les singeries imaginables ? Non. Ce n’est pas si évident que ça en a l’air et, si ça l’était vraiment, elle saurait déjà dicter à son subconscient d’être moins dispersé. Quand elle aperçoit Magnus au loin, il n’y a plus aucune espérance quant à la longue vie de sa rude focalisation, elle ne voit que lui, au loin. Elle le sait déçu des derniers résultats -ceux tombés lors des sélections pour les équipes- mais elle ne lui en parlera pas. Maladroitement, elle préfère qu’il digère un peu sa déception avant d’évoquer le sujet car dans tous les cas, il viendra lui en parler de lui-même s’il en a vraiment besoin. Il sait bien qu’elle sera toujours là, Moa. Au détour d’un couloir, à scruter le moindre de ses sourires, combler le moindre de ses soupirs. Parce qu’ils servent à ça, les amis, et que la jaune et noir considère Magnus comme elle ne considère personne d’autre, en vérité. Tout est si spécial quand il s’en touche au fauve charmé. Parce que même s’il fait semblant parfois, pour voir sa moue boudeuse, pour la piquer un peu dans sa susceptibilité, elle espère bien que ses remarques ne soient pas de la même graine que celles qu’il lance aux autres ; elles sont plus douces, sonnent parfois faux. Du moins, c’est ce qu’elle ressent quand elle se penche sur le sujet. Quand enfin elle le voit monter sur son balai –oui, car en minute Moa, le temps passe bien plus vite qu’il ne passe dans le monde réel, donc E-N-F-I-N- elle savoure le sourire qui se dessine sur son propre visage. C’est difficile à expliquer mais, à sa manière, lui aussi lui fait un bien fou. Il la ramène à la réalité, parfois un peu brusquement certes, mais il lui a donné la possibilité de grandir sans craindre ce qui se cache derrière les murs de la maturité. Elle essaie de faire ressortir le meilleur en lui et, à sa manière, il en fait de même. Son balai fuse, claque l’air dans un léger cliquetis qui la berce. Elle n’est pas douée pour les stratégies et apparemment, à sa moue interrogatrice, on remarque bien qu’elle n’a constitué aucun plan pour échapper à la fougue du lion. Elle n’a malheureusement pas le temps de réfléchir que déjà il se lance à sa poursuite. Ses mains se font plus fermes sur le manche de son balai et elle tire dessus afin de grimper un peu plus haut, prendre de l’altitude pour mieux lui échapper, pour mieux qu’il la rattrape : « Bouhouu j’ai peur. » Elle tâche d’accélérer un peu mais la gêne occasionnée par la cigarette entre ses doigts la rend quelque peu malhabile. Avec la vitesse, elle a certainement dû s’éteindre, mais elle ne s’en soucie pas. La taquine n’a jamais eu la moindre arrière-pensée quant au sort de cette cigarette ; elle ne la fumerait pas, Magnus certainement non plus. « Je risque quoi, si tu m’attrapes ? » Elle fait volte face pour lui adresser un sourire taquin, malicieux, avant de s’apercevoir qu’elle ne peut pas se permettre ce genre de folie. Son ami a déjà gagné bien du terrain et, en cherchant à le distraire, à s’amuser un peu, elle aussi, elle perd quelques précieuses secondes qui lui permettraient de maintenir son avance. En même temps, elle est curieuse, Moa. Elle pense à quel genre de châtiment il pourrait bien lui imposer lui qu’à tord elle juge doux comme un agneau. Elle est naïve, Moa, elle ne changera pas malgré les quelques conseils désabusés glissés par ses proches pour la protéger. Et en Magnus elle ne voit pas d’ombre. A sa manière, elle l’admire, l’idéalise tout en étant convaincue de ne pas se tromper. Docile, elle devient l’agneau prêt à être mangé. Volontaire. Son balai pique du nez et elle perd un peu d’altitude avant de se redresser et de tâcher d’accélérer ; chose qui serait évidemment plus évidente si elle disposait pleinement de l’usage de ses deux mains. Fichue cigarette. Elle n’a pas la taille d’un vif-d-or. Ni la forme. Mais personne ne lui demande d’être rapide, le vif-d-or en main ; on lui demande d’être rapide du moment qu’elle le poursuit. Une fois attrapé, le match se termine. Or, aujourd’hui, il ne fait que de commencer.
C’était étrange l’effet que pouvait avoir Moa sur Magnus. Il avait beau faire la gueule, pester et maudire la Terre entière, depuis qu’elle était entrée dans sa vie elle avait acquis un véritable pouvoir sur lui, à croire qu’elle était capable de jouer avec ses humeurs comme on pouvait jouer du piano. La tâche n’avait pourtant pas été aisée pour Moa qui s’était imposée à lui non sans se prendre de nombreuses réflexions acides de la part de son aîné mais malgré les nombreuses provocations de ce dernier, elle était restée, acceptant son mauvais comportement jusqu’à ce qu’il s’en lasse en premier. Et de la patience, elle en avait eu avec lui, pire qu’avec un gamin. Oubliant donc un instant de faire la gueule, Magnus empoigna son balai et fit un piqué dans les airs, prenant son temps de se réapproprier les sensations du vol avant de se mettre à la poursuite de son amie qui avait déjà pris une bonne distance. Au fond, il se moquait pas mal de la cigarette qu’elle lui avait volé, si cela ne tenait qu’à ça, il pourrait tout aussi bien en rallumer une autre et fin de l’histoire seulement voilà, il ne voulait pas mettre un point final au chapitre de cette rencontre. Volant donc à travers le stade sans trop se préoccuper de Moa, il réfléchissait pourtant à un plan d’attaque acceptable lui permettant d’intercepter Moa sans lui faire mal ce qui n’était pas forcément le plus facile pour lui qui avait l’habitude de jouer tout en violence. Lançant une petite pique à son amie, il dessina un petit sourire sur le coin de ses lèvres alors qu’elle lui répondait déjà ne pas avoir peur. Peut-être pas peur mais il était certain que son petit cœur battait sacrément vite dans sa poitrine en cet instant. La voyant s’arrêter brutalement en pleine course, il redressa son propre balai pour s’arrêter lui-même à distance de la jeune femme, l’observant avec un air presque ahuri qu’elle se pose la question. « Ce que tu risques ? Mais mourir dans d’atroces souffrances, quoi d’autres ? » Il n’était pas sérieux évidemment mais il se garda bien de répondre pour autant bien qu’il avait déjà une idée bien précise en tête. Cette dernière reprit pourtant sa course, ne s’attendant probablement pas à ce qu’il soit déjà si proche d’elle. Et en effet, il l’était déjà trop pour qu’elle puisse le distancer, se penchant donc en avant, il accéléra sa course avant de prendre de l’altitude, toujours plus haut jusqu’à se retrouver une bonne dizaine de mètres au dessus d’elle, volant quasiment à sa hauteur de sorte à ce qu’elle ne puisse plus le voir en jetant de furtifs coups d’œil par dessus son épaule et au moment même où elle s’y attendait le moins, il fondit sur elle comme aurait pu le faire un aigle sur une souris vue au sol. Prenant un léger virage de sorte de l’attaquer légèrement sur le côté, d’un geste vif il enroula son bras autour de sa taille avant de refaire un piqué vers le haut pour ainsi l’éjecter de son balai, la portant ainsi au dessus du vide comme il aurait pu le faire avec un simple souafle. Pauvre Moa, les sensations devaient être bien étrange ainsi portée au dessus du vide aussi en profita-t-il pour la laisser poireauter un peu ainsi, admirer la vue ou encore regretter son geste, comme elle préférait. « Alors, suffisamment punie ? » lui demanda-t-il en ralentissant son allure jusqu’à s’immobiliser dans le ciel et l’aider à prendre place sur son propre balai de sorte à ce qu’elle soit installée juste devant lui tandis qu’il l’entourait de ses bras. Ça restait son balai après tout, il n’avait jamais tenté l’expérience et ignorait complètement les potentielles réactions de ce dernier bien qu’il le pensait assez puissant pour les supporter tous les deux, vu l’argent qu’il avait claqué dans ce dernier. Reprenant son vol, il prit cette fois une allure plus douce, histoire de mieux s’habituer aux sensations provoquées par ce vol en tandem. « Et maintenant, comment tu vas te sortir de ce mauvais pas ? » Finit-il par lui demander, un petit sourire au coin des lèvres alors qu’il lâchait le manche pour aller retirer les cheveux de Moa qui lui volaient dans le visage, les plaçant sur le côté.
Le plus amusant dans cette rencontre inopportune c’est qu’à aucun moment elle n’avait pensé le trouver là, appuyé contre ce gradin, le regard sombre comme à son habitude. Moa n’avait jamais rien cherché de particulier ; elle n’en cherchait pas plus à présent. Car, avec Magnus, elle en oubliait le temps et se faisait souvent avoir lorsque l’heure tournait, inlassablement, et qu’elle ne s’en rendait pas compte. Il avait le don d’être toujours là où personne ne l’attendait. Imprévisible. Ensembles, ils oubliaient qu’ils ne venaient pas du même monde, qu’ils n’avaient pas été taillés dans le même bois. Tout les opposait et pourtant tout l’attirait à lui. Attirée, sûrement l’était-elle plus qu’il ne l’était, lui. Car là où le faire sourire avait été un jeu pour elle au début, cette mission était bien vite devenu son leitmotiv dès l’instant même où elle l’apercevait –et ce même au loin- tirer la moue. Les rares fois où le cafard s’était emparé d’elle, il lui avait suffi de faire irruption dans la pièce où elle se trouvait pour voir sur son visage s’afficher le plus beau des sourires. Une drogue un peu trop brute, certainement. Son addiction au lion n’était pas mortelle mais assez forte pour qu’il ne serve plus à rien que d’essayer de s’en immuniser. Et parfois elle avait peur, Moa. Peur qu’il ne se lasse de sa bonne humeur et qu’il ne juge ses enfantillages comme immatures et futiles. Car là où il la faisait grandir petit à petit, ils avançaient à petits pas. Les paroles de l’aîné broyèrent l’air mais ne parvinrent pas avec la même signification aux oreilles de la benjamine qui trouva cette course-poursuite plus excitante encore. Ses menaces ne la firent pas sourciller. Non, non. Elle en fût plutôt galvanisée et prête à accélérer encore ; toujours plus haut, toujours plus vite. Allons toucher les étoiles, Magnus. Quand enfin elle se retourna ; elle comprit bien vite. Elle était fichue. Fichue et ce avec un grand F. Il avait suffi qu’il entrouvre les lèvres pour qu’elle boive ses paroles et en oublie le monde extérieur. Oh, Magnus n’était pas un tricheur, il n’y était pour rien. Mais jamais elle n’aurait souffert de s’avouer vaincue, Moa, alors dans une dernière accélération, elle tacha néanmoins de lui échapper. Elle se permit un dernier coup d’œil en arrière mais elle ne le vit point. Son sang ne fit qu’un tour, l’avait-il bernée ? Sa course ralentit inconsciemment et elle le chercha discrètement du regard. « Mag ? » Sa respiration se figea quand un vrai missile la percuta. En moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, elle se retrouvait pendre dans le vide, n’était plus assurée que par une étreinte assuré du rouge et or. « Lâche moi, Magnus lâche moooooi ! » Quand elle compris sa bêtise, en regardant au sol, elle se ressaisit bien vite et se serra un peu plus fort contre son flanc en empoignant de ses mains ses côtes pour ne pas risquer une chute qui lui aurait évidemment été fatale : « Non me lâche pas enfaite. Surtout pas. Je préfère que tu me tiennes comme ça plutôt que tu me lâches et ce même si là je ressemble à un gros sac à patate. » Mais il ne mit pas fin de suite à son calvaire. Elle flaira le coup tordu : « Me lâche pas je te dis, n’y pense même pas !!!! » Pourtant, Moa n’était pas véritablement peureuse, loin de là. Mais elle mettait au défi n’importe qui de pendre plus de dix secondes dans le vide tout en n’ayant pour sécurité qu’un bras entourant son bassin. Ce n’était pas le moins du monde rassurant. Oh, elle faisait confiance à Magnus. Cependant, elle le savait joueur et n’était pas convaincue qu’il ne serait point tenter de s’amuser à la lâcher pour la récupérer quelques mètres plus bas. Malgré l’adrénaline qui se saisit d’elle, et l’appréhension qui l’empêcha quelque peu d’en profiter, la vue n’en était pas moins magnifique. L’instant pas moins magique. Quand il mit fin à son calvaire en la questionnant, elle se contenta de secouer la tête de bas en haut afin qu’il fasse quelque chose. Tout mais qu’il ne la laisse plus pendre ainsi dans le vide. Quand enfin il la remonta, elle se permit de souffler un instant et bouda quelques secondes pour qu’il comprenne qu’il lui avait fichu sacrément la frousse. Une fois qu’elle jugea le temps bien trop long, elle déposa ses mains sur celles du lion déjà posées sur le manche du balai. Ses mains étaient chaudes. Joueur, il murmura quelques mots à son oreille. Elle sourit lorsqu’il libéra l’une de ses mains pour replacer une de ses mèches de cheveux derrière son oreille. « C’est vraiment un mauvais pas ? Et moi qui pensais que tu m’amenais en voyage. » Elle éclata de rire. Un rire léger, un peu timide. Heureusement qu’il ne voyait pas son sourire béat car ici, elle était bien. Voler avait longtemps été son plus grand rêve, le faire avec Magnus était encore tellement plus beau. Un silence plana quelques instants avant qu’elle ne reprenne enfin : « Tu sais que t’es un grand malade ? Imagines si tu avais raté ton coup, je serais tombée. Non mais t’aurais eu l’air fin si je m’écrasais au sol, je… » A son manque de réaction ; elle comprit. C’était Magnus et il ne pensait pas comme les autres : « Je dois te remercier de ne pas m’avoir lâchée, c’est ça ? » Et, habilement, elle tâcha de se tourner en sa direction. Elle ne se mit pas totalement à califourchon sur lui mais ses cuisses étaient posées sur les siennes et, avec un sourire taquin, elle ajouta : « C’est bête, avec tout ça… ta cigarette est tombée. » Mais la cigarette n’avait jamais été l’enjeu au fond, pas vrai Moa ? Elle n’était qu’un prétexte bancale pour venir voler quelques minutes au lion farouche. Car ces minutes volées au monde comptaient pour elle bien plus que toutes celles qu’elle aurait pu passer à réaliser ses rêves, seule. A deux, tout était tellement plus beau, tout était tellement plus grand.
Des conneries, Magnus en faisait souvent tout comme les risques qu’il prenait bien trop fréquemment aux périls même de sa vie mais impliquer Moa dans ses conneries ? Voilà une grande première ! Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il jouait réellement avec le feu et même s’il se faisait confiance, l’action qu’il avait jouée contre son amie aurait cent fois pu mal tourner et prendre des dimensions dramatiques. Il aurait pu rater sa prise, manquer de fermeté dans sa poigne, la faire glisser par mégarde ou pire, la laisser tomber tout simplement et tout aurait basculé dans le cauchemar : la seule idée de blesser Moa lui filait la nausées mais ça, il n’y avait pas réellement pensé avant de se jeter sur elle comme un prédateur sur sa proie. Vis à vis de la jeune Poufsouffle, le Lion ne se comportait pourtant jamais comme tel, jamais il n’agissait vis à vis d’elle comme il avait pu le faire avec d’autre, comme il l’avait fait auprès de Shaé par exemple, non Moa n’était pas une proie à ses yeux, encore moins une case à cocher dans sa check-list, elle était beaucoup plus que cela à ses yeux bien qu’il était incapable de définir sa réelle place à ses yeux. Etait-elle une amie ? Etait-elle plus ? Il n’en savait rien mais ce qu’il aimait par dessus tout avec elle, c’est qu’il n’était jamais amené à se poser la question, il n’y avait pas de réflexions à son sujet, pas de doutes : il agissait simplement avec naturel, de manière brutale bien souvent mais peu à peu, elle était parvenue à l’apprivoiser jusqu’à ce qu’il vienne sagement manger dans sa main et si elle l’ignorait probablement encore, elle était bien la seule à savoir tout obtenir de lui. Même qu’il se tienne sage. Mais ce n’était pas ce qu’elle souhaitait réellement, n’est-ce pas ? Toutes ces pensées étaient pourtant loin de lui en cet instant alors que son bras s’était fermement soudé autour de sa taille, la portant ainsi au dessus du vide, ravi d’avoir réussi son coup. La réaction de Moa lui arracha d’ailleurs un rire. « Tu es suuuuuure de ce que tu veux ? » lui demanda-t-il d’une voix innocence alors qu’elle se tortillait nerveusement sans qu’il ne desserre pour autant sa prise après tout, il pouvait bien jouer avec elle mais pas prendre de risques inutiles pour autant et maintenant qu’il la tenait, il ne comptait plus la lâcher. Quand elle comprit sa méprise, il put la sentir se raccrocher un peu davantage, comme s’il risquait de céder. Quand elle reprit de plus belle, il ne put s’empêcher de rire davantage encore : « Faudrait savoir ce que tu veux à la fin ! » finit-il par dire, amusé par la réaction de son amie bien qu’il se doutait qu’il lui avait faite une belle frayeur et que plus d’une risqueraient de lui coller une claque une fois retournée sur la Terre ferme mais pas Moa, du moins il était presque certain qu’elle ne lui en voudrait pas de trop et qu’une fois passée l’angoisse de la chute, elle demanderait presque un second tour. La remontant cependant avant que son bras ne s’ankylose, il s’arrangea pour la placer en équilibre sur le balai et ne la lâcha qu’une fois assuré qu’elle soit bien installée, l’encadrant néanmoins de ses bras, par simple précaution bien que Moa savait très bien y tenir toute seule. Chevaucher ainsi à deux n’était finalement pas dans leurs habitudes, n’est-ce pas ? Longuement silencieuse, Moa ne réagit pourtant pas immédiatement mais cela ne fit pas perdre son sourire au Lion, qu’elle reprenne ses esprits et que cela lui serve de leçon : on ne provoquait jamais impunément un crétin comme lui. Elle devrait pourtant le savoir à force, non ? Sans attendre qu’elle dise quoique ce soit, il dégagea ses longs cheveux, histoire de mieux voir devant lui avant de ralentir la course du balai jusqu’à l’immobiliser totalement. Quand enfin elle reprit la parole, il sourit du coin des lèvres. « Ben voyons, tu faisais moins la maline avant ! » se moqua-t-il gentiment mais il ne tarda pas hausser les épaules. Un voyage ? L’idée n’était pas déplaisante d’autant plus qu’ils avaient tous deux un penchant pour le monde des moldus. « Quelle destination ? » finit-il par demander, curieux de savoir où se portent les rêves de Moa, quels pays elle aimerait visiter après tout, il ne connaissait pas encore tout d’elle. Quand elle reprit en le sermonnant sur son action, il ne put s’empêcher de rire à nouveau, satisfait d’avoir sur la surprendre et surtout, réussir son action. Les conséquences ? Déjà oubliées. Il ne se fondit d’ailleurs pas en excuses pour cela, au fond il était certain qu’elle avait apprécié, enfin peut-être pas mais quand même. « Maintenant que tu le dis, j’aurais pu te laisser tomber et te rattraper un peu plus bas. Je peux recommencer si tu veux ? » Il provoquait un peu là mais de toute évidence, des deux il n’y en avait aucun vraiment sain d’esprit à en juger Moa qui s’arrangea pour changer de direction et lui faire face sur le balai. Voilà qui ne serait pas pratique pour voler mais plus convenable pour discuter après tout, il fallait bien être Moa et Magnus pour se taper la discussion perchés sur un balai à trente mètres du sol. Enroulant son bras autour de sa taille afin de lui assurer davantage de stabilité alors qu’elle se retournait, il la relâcha mollement une fois qu’elle se fut installée, sur lui quasiment. Quand elle reprit sur le ton taquin, il sourit de coin, ben voyons elle était tombée. Elle ne l’avait pas plutôt jetée ? Ou laissée tomber volontairement ? Il savait qu’elle n’appréciait pas spécialement cette mauvaise habitude qu’il avait prise mais il n’allait pas s’en défaire si facilement ! « Tout ça pour rien ? Non je proteste. Je veux ma récompense de t’avoir rattrapée. » Rien que ça. Magnus ne doutait jamais de rien et voilà qu’il décrétait qu’il méritait quelque chose pour son exploit, façon de parler.
Sur ce balai, là où ses mains venaient s’agripper à celle de son aîné avec une douceur déconcertante, elle se sentait bien mieux que lorsque –quelques instants précédemment- elle pendait dans le vide. Moa était adepte de sensations fortes et faisait souvent des choses insensées. Cependant, elle n’avait pas franchement l’habitude que ce soient les autres qui fassent les bêtises qu’elle s’accordait, et ce encore bien moins quand elle devenait l’objet de leurs folies. Pourtant, elle aurait certainement du s’y attendre ; Magnus était imprévisible et ce côté mystérieux qu’il arborait fièrement l’avait poussée à vouloir en savoir plus, toujours plus et plus elle en découvrait, plus elle voulait en découvrir. S’il avait été sirène et elle marin, sa mélopée depuis déjà longtemps aurait su l’enchanter. Quelque part, il l’avait séduite sans même chercher à le faire. Elle buvait chacune de ses paroles et jurait ses dires comme les plus grandes des vérités. Si certains parfois étaient surpris de leur profonde amitié ; Moa ne s’en étonnait même plus. Tout était devenu tellement simple dès lors même qu’il était là, tellement naturel. Plus aucun faux semblant ; ils se permettaient d’exister, d’exister vraiment, tout simplement. Et le ciel devenait plus beau, l’air plus clair, la mer semblait plus proche et l’impossible ne savait plus traverser l’embrasure de leurs lèvres. Leur relation était si chère à la candide que pour rien au monde elle ne souhaitait la voir prendre fin. Jamais elle n’aurait pris le risque de le perdre parce qu’elle avait semé en lui quelques graines de son humanité et lorsqu’elles germaient, c’était bien en elle qu’opéraient les changements. Des changements certains, certains mais discrets. Oh, on pouvait bien dire ; ils s’étaient bien trouvés. D’ailleurs c’est bien ce que Vilhelm ne cessait de leur répéter. Parfois, elle en rougissait, Moa, elle ne comprenait pas vraiment pourquoi. Là où son ami chez les jaunes la poussait dans les bras de son cousin, elle n’y voyait qu’une plaisanterie de bien mauvais goût. Car jamais elle n’y pensait, y penser trop fort n’aurait été pour elle que trop peu naturel. Moa suivait son destin, celui qui un jour peut-être l’avait amenée à faiblir les murailles du lion à coup de spontanéité. Là où certains auraient pu admirer sa patience, elle la jugeait nécessaire. Le jeu en valait la chandelle et bien plus encore. Elle avait gagné bien plus que ce qu’elle n’avait eu à y perdre. Doucement, elle se remettait de ses émotions. Elle se garda bien de dire à Magnus qu’elle était prête à recommencer pour –cette fois-ci- profiter de la vue qu’offrait ce vol inopportun. Mais malgré ses efforts, un sourire satisfait et rêveur vint briser les traits figés de son visage. La retenue dont elle dût faire preuve alors fût des plus honorable. Il aurait été bien trop heureux qu’elle ne lui demande de recommencer. Du moins, elle était convaincue qu’il s’était délecté de la lueur de frayeur qui avait éclairé son regard lorsque, par surprise, il était venu se saisir de son corps. A présent, elle était convaincue que jamais il ne l’aurait lâchée car en lui elle plaçait une confiance aveugle, mais tout était bien moins évident quelques secondes auparavant, là où toute sa lucidité avait du se frayer un passage jusqu’à des terres de son subconscient qu’encore elle ne connaissait pas. Non, elle ne recommencerait finalement pas ; elle était bien plus confortable lorsqu’un balai se trouvait sous ses fesses. D’ailleurs, elle fût relativement surprise que le balai du Gryffondor puisse ainsi les porter tous les deux mais finalement, en y repensant, elle jugea l’exploit anodin. Après tout, certaines personnes bien plus lourdes qu’elle avait joué au Quidditch sur les même balai et elle était persuadée que même tous les deux, ils ne devaient pas dépasser le poids maximal que pouvait porter ce balai. Et même si tel avait été le cas ; Moa aimait prendre des risques. Quand encore il la nargua, elle secoua la tête en souriant, en soupirant ; jamais il ne changerait et c’était tant mieux. Elle se permit à son tour une remarque taquine mais elle ne s’attendait cependant pas à ce qu’il n’y réponde. « Paris et ses boutiques qui brillent de mille feux ? Amsterdam et ses immeubles dont l’architecture est à tomber ? Oh non, l’Egypte et ses contes des mille et unes nuits. » Une lueur de malice apparût alors sur son minois : « On pourrait même faire le tour du monde… dormir à la belle étoile. Sac à dos parés à la plus belle des aventures. » Elle réfléchit un instant et reprit alors ; « Tu vas peut-être trouver ça bête mais si je devais choisir une destination, une seule et unique destination, je choisirais l’Egypte. J’ai toujours rêvé de monter à dos de… » Sa voix trembla quelque peu et se fit moins audible. C’était un rêve d’enfant un peu stupide, elle en avait bien conscience et très certainement en aurait-il rit, mais ça n’en était pas moins le sien « chameau. » Le temps s’envolait mais ils se fichaient des secondes. La blairelle aurait pu passer la journée perchée dans les airs en sa compagnie, et ce peu importe les courbatures au fessier qui les auraient sûrement punis le lendemain. Comme seule réponse à sa question, elle fit un demi-tour sur le balai. Ok, elle savait pertinemment que ce n’était certainement pas la chose la plus maline à faire mais elle s’en contrefichait. Après tout, elle avait appris à être relativement agile sur un balai et, pour l’impressionner peut-être un peu plus et lui faire payer la frayeur qu’il lui avait infligée, elle avait déjà une idée en tête. Pour ce qui est de l’agilité – et de la folie dont elle faisait preuve, également – le poste d’attrapeur ne laissait que guère le choix ; elle avait peu à peu du apprendre à devenir une sorte d’acrobate sur balai. Debout, couchée, assise, sauter, sur un pied ; les positions dans lesquelles elle devait parfois se mettre pour se saisir du vif d’or étaient multiples et parfois relativement dangereuses. C’était un poste à être fou car celui qui ne l’était pas n’y avait pas sa place. Et Moa était folle, elle aussi, folle des sensations fortes. Elle fronça un peu les sourcils et rabattit sa lèvre inférieure pour montrer son mécontentement et le pousser à ne pas recommencer. La proximité qu’ils se devaient de tenir, perchés sur l’objet volatil, aurait pu être inconfortable ; elle ne l’était pas le moins du monde pour Moa. Mais elle se méfiait, là où elle souhaitait d’arroser Magnus, elle risquait de se transformer en arroseur arrosé. Elle le provoqua volontairement au sujet de sa cigarette. Et oui, il avait fait tout ça pour rien. Elle posa ses mains sur les hanches de son camarade et le laissa tenir le balai –et le guider- à lui seul. Elle vint déposer un baiser sur sa joue et tout en s’éloignant un peu de lui, elle se redressa sur le balai pour être plus à l’aise. « Si tu en veux plus, je t’accorde un gage. Un seul et unique gage. Tu peux me demander tout ce que tu veux. » Prenant un ton plus solennel tout en gardant son ironie, elle ajouta : « Ainsi je balaierai mon teeeerrible pêché et nous recommencerons à table rase. » Il voulut parler mais elle déposa son index devant ses lèvres en le toisant du regard : « Attention, Magnus, juste un. Un seul. Ne te trompe pas. » Regrettant déjà sa proposition, elle se mordit la lèvre inférieure pour cacher son inquiétude. Car donner carte blanche à Magnus Ljungström était toujours risqué et elle plongeait dans son piège à gorge déployée et ce, tête la première.